Les trois principales sources alimentaires d’énergie de notre organisme sont les glucidesN1 autrefois appelés « hydrates de carbone » — ‘carbs’ en anglais abrégé —, les lipidesN2 (graisses — ‘fats’) et les protidesN3 (protéines).
Le choix du « carburant préférentiel » peut être quantifié par les pourcentages de calories en provenance de ces trois sources. Par exemple, le Département de santé et de médecine (Health and Medicine DivisionN4) des Académies nationales des sciences, de l’ingénierie et de médecine aux USA, recommande une répartition de 45 à 65 % de calories dans les glucides, 20 à 35 % dans les lipides et 10 à 30 % dans les protides (voir pageN5).
Sur une page du site LaNutrition.frN6, la proportion de glucides est légèrement diminuée :
En réalité, on peut diminuer la part des glucides jusqu’à « seulement » 40 % des calories tout en respectant les grands équilibres métaboliques. Mais, selon le niveau de votre activité physique (travailleur de force, sportif), les glucides peuvent représenter jusqu’à 55 % de votre apport énergétique. Nous avons donc retenu pour les glucides une plage large allant de 40 à 55 % des calories, l’essentiel étant de choisir les bons glucides, c’est-à-dire ceux dont la densité nutritionnelle est la plus élevée, dont la densité calorique est la plus basse, dont l’index glycémiqueN7 est bas. Cela revient à puiser en priorité ses glucides dans légumes, fruits, tubercules (autres que pommes de terre), puis dans les céréales.
Sommaire
⇪ Que choisir ?
Nos besoins en protéines étant évalués sur d’autres critères (voir mon article Protéines), la différence la plus visible entre plusieurs pratiques nutritionnelles est la préférence que l’on accorde aux glucides ou aux lipides comme principale source de « calories ». Chaque option est critiquable si elle conduit à un excès : une surconsommation de glucides est susceptible d’élever la concentration de glucose dans le sang (glycémieN9) et de favoriser des pathologies comme l’obésité et le diabète ; à l’opposé, les graisses alimentaires, particulièrement les graisses saturéesN10 ou hydrogénées (transN11), ont été longtemps rendues exclusivement responsables de maladies cardiovasculaires. Aujourd’hui, toutefois, seule la consommation de graisses trans est reconnue dangereuse, entre autres comme facteur de risque de maladies neurodégénérativesN12.
Après plusieurs décennies de diabolisation du gras — au bénéfice de l’agro-industrie sucrière et céréalière — la tendance « pauvre en glucides et riche en graisses » (LCHF – Low Carb High Fat) est en train de gagner du terrain. Le compte-rendu historique de Kearns K et al. (2016N13) révèle que la Sugar Research FoundationN14 a manipulé les chercheurs pour qu’ils dissimulent le lien causal entre consommation de sucre et maladies cardiovasculaires (voir articleN15).
Le projet PURE (Prospective Urban Rural Epidemiology) dont les résultats ont été publiés en 2017N16 est une étude de cohorte dans laquelle 135 335 individus de 35 à 70 ans ont été suivis sur une durée de 5 à 9 ans dans 18 pays. Pendant ce suivi, les chercheurs ont constaté 5796 décès et 4784 événements cardiovasculaires (infarctus, AVC). Les participants ont été classés en 5 groupes en fonction de leur consommation (en pourcentage d’énergie) de glucides, de lipides et de protéines. Les résultats confirment le renversement de tendance déjà évoqué à propos de la consommation de lipides, en général, et de graisses saturées en particulier :
- Les sujets qui mangeaient le plus de glucides étaient 28 % plus susceptibles de mourir de toute cause pendant l’étude que ceux qui en consommaient le moins.
- Les sujets qui consommaient le plus de graisses — de toutes sortes — étaient environ 23 % moins susceptibles de mourir au cours de l’étude que ceux qui en mangeaient le moins. Résultats cohérents quel que soit le type de graisse consommée.
- Les graisses saturées n’augmentaient pas le risque de maladie vasculaire ou cardiaque et elles diminuaient le risque d’AVC (de 0.64 à 0.98 fois entre le quintile 5 et le quintile 1, IC 95 %).
Une analyse secondaire (Collin J et al., 2019N17) des résultats de l’étude de cohorte REGARDS (Reasons for Geographic And Racial Differences in StrokeN18) a montré une augmentation significative du risque de mort prématurée chez 13 440 participants (de 63 ans en moyenne) suite à une consommation excessive de (purs) jus de fruits. Cette augmentation n’a pas été confirmée pour les décès par maladies cardiovasculaires, bien que REGARDS l’ait établie pour les boissons sucrées en général.
Les résultats chiffrés de ces études sont à prendre avec précaution — voir mon article Faut-il jeter les enquêtes nutritionnelles ? — mais ils indiquent nettement une tendance en rupture totale avec les déclarations de l’épidémiologiste autodéclaré Ancel KeysN19 — surnommé « Monsieur Cholestérol » — qui affirmait, dans les années 1960, avoir trouvé la cause de l’infarctus : les graisses saturées et le cholestérol, sur la base d’une étude biaiséeN20 — voir mon article Pourquoi diminuer le cholestérol ?
Pierre Weill explique pourquoi la diabolisation des graisses animales a sévi pendant un demi-siècle dans les pays industrialisés, au profit de l’industrie agro-alimentaire, avec un revirement récent qui expliquait en partie la « crise du beurre » dans la France de fin 2017N21.
La proposition LCHF figure aujourd’hui dans les recommandations de santé publique de la Suède (voir le rapport d’expertiseN22 et la pageN23) ainsi que dans le rapport Eat Fat, Cut The Carbs and Avoid Snacking To Reverse Obesity and Type 2 DiabetesN24 du National Obesity ForumN25 au Royaume-Uni. Elle s’affichait précédemment dans des régimes amincissants comme AtkinsN26, ainsi que des pratiques nutritionnelles en rupture franche avec le « régime américain standard » (Standard American Diet, SAD), par exemple le « régime paléo »N27 en vogue aux USA, ou la chrono-nutrition®N28 en France.
⇪ Sport
Dans le monde du sport professionnel, la croyance dominante en la nécessité de consommer des glucides (féculents, céréales, barres et boissons « énergétiques » etc.) pour maximiser les performances a été battue en brèche dès les années 1970 par d’anciens athlètes et entraîneurs nord-américains. Ces sportifs avaient eu la désagréable surprise de découvrir que, plus ils vieillissaient, plus ils devenaient dépendants de médicaments, de traitements antidouleurs pour les muscles et les articulations, souffrant d’insulinorésistanceN29 et d’inflammationN30 annonciatrices de maladies chroniques ; alors même qu’en apparence ils étaient « en forme » bien que rendus inaptes à toute compétition.
Ces entraîneurs, pour la plupart des médecins comme Philip Maffetone (2015N31) ou travaillant avec des chercheurs en médecine du sport, ont révisé leurs méthodes d’entraînement — voir mon article Exercice d'endurance — ainsi que les bases de leur nutrition. Au delà de l’abandon du « régime standard américain », ils ont progressivement adopté et fait adopter des modes nutritionnels privilégiant l’apport de graisses de bonne qualité sur les glucides. Autrement dit, des régimes LCHF et même, par intermittence, cétogènes. Mark Sisson et Brad Kearns (2016N32, p. 94) ont écrit :
Malheureusement, un grand nombre d’athlètes d’endurance confirmés marchent, parlent, vivent, respirent comme autant d’exemples d’inflammation et d’hormones de stress hors de contrôle. Ils cumulent les effets d’un entraînement chronique et ceux d’un régime riche en glucides produisant de l’inflammation.
Sisson & Kearns (2016N32, p. 107) reconnaissent toutefois que, pendant les périodes de pratique d’entraînement fractionné de haute intensité, il est normal de s’autoriser quelques glucides (fruits frais, patates douces, quinoa, riz sauvage, chocolat noir…) pour recharger les muscles en glycogèneN33 qui est le carburant du processus anaérobieN34. Plus généralement, ils suggèrent que la quantité de glucides qu’un athlète peut consommer au quotidien dépend de la quantité de graisse en excès dans son organisme. Une discussion détaillée et documentée sur les besoins en glucides est proposée par Chris Kresser : Do You Need to Increase Your Daily Carb Intake ?N35.
Les écrits de Sisson et Maffetone sont en phase avec ce que les lectures — et un peu d’expérience — me font juger « optimal » pour la santé du plus grand nombre. Notre référentiel scientifique est commun. Toutefois, ils peuvent paraître doctrinaires sur certains points, comme par exemple l’assurance que toute graisse en excédent disparaîtra automatiquement avec une pratique correcte et régulière d’exercices (d’endurance ou de haute intensité) associée à l’exclusion des glucides dans l’alimentation. Il convient de relativiser ce propos en rappelant qu’ils s’adressent principalement à des sportifs de haut niveau dotés d’un capital génétique inhabituel !
D’autre part, la préférence d’un régime LCHF pour nourrir les athlètes ne fait pas l’unanimité. L’enquête de Matt Fitzgerald (2016N36) semblerait prouver le contraire, mais elle nous invite à une lecture attentive et critique. Par exemple, le fait qu’un athlète ait remarqué que ses performances chutaient dès qu’il diminuait sa consommation de glucides n’est pas en contradiction avec la proposition de régime LCHF. Les sportifs qui ont changé de nutrition ont tous constaté qu’il leur fallait plusieurs semaines, voire des mois ou des années, pour reconstruire la « capacité explosive » porteuse de victoires en compétition. Lire par exemple le témoignage de Mike Pigg dans mon article Exercice d'endurance. L’avantage se mesure sur le long terme et sur leur état de santé — plus que sur le nombre de médailles avant l’effondrement final…
⇪ Obésité
Pour ce qui concerne la lutte contre l’obésité, une étude randomisée de Cornier MA et al. (2005N37) sur un groupe de femmes obèses montre que la réduction des glucides (LCHF) pendant 16 semaines profitait surtout aux personnes qui font de la résistance à l’insulineN29, alors que celles (en minorité) qui sont sensibles à l’insuline ont plutôt bénéficié d’un régime pauvre en graisses (HCLF). Toutes les personnes ont perdu du poids, mais celles sensibles à l’insuline (IS) ont perdu 80 % plus de poids avec un régime pauvre en graisses (HC/LF), alors que celles résistantes à l’insuline (IR) ont perdu 50 % de plus avec un régime pauvre en glucides (LC/HF). Ce résultat a été commenté par Bill LagakosN38. Il note que dans cette expérimentation les deux régimes ont été efficaces, bien qu’à des degrés divers, parce qu’ils avaient en commun l’élimination de la junk food.
De même, la pratique pendant 3 mois de régimes LCHF et HCLF identiques au niveau des quantités de protéines et du contenu calorique, chez 46 hommes obèses, a fourni des résultats comparables au niveau de la perte de graisse abdominale et des bilans lipidiques (Veum VL et al. 2016N39). L’étude sur une plus longue durée différencierait peut-être les approches.
Un régime vraiment pauvre en glucides n’est pas à lui seul des plus efficaces pour combattre l’obésité chez des personnes insulino-résistantesN29 comme le suggère l’étude de Johnston CS et al. (2006N40), voir discussionN41. Ici encore, je me permets d’insister sur l’inutilité d’un changement limité à la nutrition aux dépens de l’exercice (et d’autres facteurs non-nutritionnels) pour la prévention et le traitement de l’obésité, du diabète de type 2N42 et autres désordres métaboliques.
La tendance croissante LCHF renoue avec des pratiques qui étaient dominantes dans les pays tempérés il y a un siècle. On peut citer les petits-déjeuners des Français à la campagne, ceux de la Grande Bretagne, de l’Allemagne et des pays nordiques, ou encore le régime alimentaire des enfants au début de la diversification alimentaire. L’acquisition de saveurs autres que le sucré demande un temps d’apprentissage, et donc une accoutumance progressive du bébé à ce qui pourra constituer sa principale source d’énergie.
➡ Il y a trois décennies, malgré un discours dominant en faveur des céréales, nous avons suivi les recommandations d’un expert japonais de commencer à nourrir notre enfant, dès la diversification, avec des graisses et protéines d’origine animale — jaune d’œuf cru, beurre, fromages affinés, morceaux de viande rouge grillée à sucer, plutôt que lui « couper la faim » avec des aliments sucrés. Voir l’article Naissance sauvage (Bel A & B, 2010N43).
Sans entrer dans les détails, il est utile de signaler que le choix d’une alimentation végétalienneN44 excluant tout produit et sous-produit d’origine animale, est de manière implicite celui d’un régime dont les glucides constitueraient la principale source de calories. En effet, les végétaux riches en protéines sont en même temps riches en glucides. Dans mon article Cerises, brocoli, protéines, propagande, j’ai rappelé par exemple que la proportion en masse de glucides était de 21 % pour le quinoa et 36 % pour le soja. Il s’ensuit que la ration quotidienne de protéines (voir mon article Protéines) s’obtient au prix d’une absorption considérable de glucides, même si l’on prend soin d’évincer les sucres prétendument « rapides » et autres aliments industriels. Voir mon article Pour les végan·e·s pour une discussion du végétalisme.
Les industriels ne s’embarrassent pas de détails, comme on peut le constater avec la « déclaration nutritionnelle » d’un célèbre « yaourt au soja » (voir l’étiquette ci-dessous) : on se demande de quoi est constituée la masse qui ne contient pas les 9 % de graines de soja. D’autre part, la somme des poids de nutriments (pour 100 g) sur la droite n’atteint que 10.2 grammes, avec miraculeusement zéro grammes de glucides… (D’autres sources admettent 2 grammes de glucides pour le même produit.)
Effectivement, le végétal n’a pas fini de nous surprendre ! 🙂
⇪ Les glucides
Souvent associé au surpoids ou à l’obésité, le mécanisme d’insulinorésistance N29 est au départ protecteur des cellules (voir l’article Insulin Resistance is Good ?N46). Il se manifeste périodiquement chez des animaux (ours, marmottes…) qui se gavent de baies sucrées avant leur hibernation. Une discussion détaillée de ce mécanisme, de ses causes et conséquences, est disponible dans mon article Insulinorésistance.
Un grand nombre d’incohérences circulent, dans la littérature francophone, au sujet du sucre désigné comme un fléau des temps modernes… Jérémy Anso (2023N47) en fait le tour dans son analyse critique d’une vidéo publiée par le Dr Michel Lallement : la « toxicité du sucre » auquel l’attirance serait de nature pathologique, le mythe de la colonisation intestinale par les candida albicansN48, les distinctions désuètes antre sucres « lents » ou « rapides », « naturels » versus « industriels », etc. J’en recommande vivement la lecture, en complément de ce qui va suivre.
Commençons par les risques associés à une surconsommation de glucides…
Dans une étude à large échelle sur une population coréenne (Shin HJ et al., 2014N49), les femmes qui consommaient des nouilles instantanées au minimum 2 fois par semaine avaient un risque accru de 68 % de syndrome métaboliqueN50 : diabète de type 2N42, obésité, hypertension etc., mais aucune différence pour les hommes.
Les sucres (glucoseN51, mais aussi galactoseN52 et fructoseN53) peuvent aussi se combiner avec des protéines pour former des substances glyquéesN54 indestructibles, qui empêchent à leur tour le fonctionnement des récepteurs d’insuline (voir Mestre & Rapin, Time Nutrition, 2012, p. 60–61). La glycation est à l’origine de lésions cellulaires, tissulaires et d’un vieillissement vasculaire.
La consommation simultanée de protéines et de sucre est une invention tardive dans l’évolution de l’humanité. On peut y inclure la popularité récente (fin du 20e siècle) dans les restaurants asiatiques, de plats de viande sucrés-salés qui fidélisent une clientèle occidentale de plus en plus friande de sucre.
Une autre fantaisie moderne est la sacralisation des fruits riches en glucides — bananes, pommes, oranges etc. — supposés « bons pour la santé ». L’étude de Farkhondeh Alami et al. (2022N55) donne un autre son de cloches en comparant l’effet de deux régimes dans un groupe de sujets ayant un début de stéatose hépatiqueN56. Le régime « de contrôle » avec deux fruits par jour, et l’autre « riche en fruits » avec quatre fruits. Alors que la condition des premiers s’est améliorée, les seconds ont vu tous les paramètres de leur pathologie s’aggraver : augmentation de l’indice de masse corporelle (31 contre 25 kg/m2) et du tour de taille (113 contre 100 cm), augmentation des enzymes (ALT, AST, GGT) caractéristiques de la stéatose, de la résistance à l’insuline etc. (Voir The Arrow #161 pour un commentaire de cette étude.) Autrement dit, la formule magique « 5 fruits et légumes par jour » ne convient pas à tout le monde !
Les travaux de Schlotterer A et al. (2007N57) sur le modèle animal caenorhabditis elegansN58, confirmés en août et novembre 2009N59, ont montré que la restriction de glucose améliorait le métabolisme mitochondrialN60 en facilitant la formation de dérivés réactifs de l’oxygène (N61 Reactive Oxygen Species, ROS ou « radicaux libres ») qui augmentent la résistance au stress oxydantN62 et donc l’espérance de vie des sujets, alors que l’administration directe d’antioxydantsN63 (vitamines C ou E par exemple) entraverait ce processus. Les auteurs ont souligné que ces observations sont de celles qui remettent en cause le traitement conventionnel du diabète de type 2N42.
La restriction de glucides dans l’alimentation fait reculer le diabète de type 2N42 parfois jusqu’à rendre inutile la prise de médicaments (Masharani U et al., 2015N64 ; Tay J et al., 2015N65) tout en diminuant le besoin d’insuline dans le diabète de type 1N66 (Feinman RD et al., 2014N67). Ces auteurs signalent aussi que la diminution de la glycémie provoquée par un régime faible en glucides n’a pas les effets secondaires indésirables de celle obtenue par un traitement médicamenteux.
Bien entendu, il faut agir avec prudence et sous surveillance médicale, car supprimer les glucides sans réduire la prescription médicamenteuse pourrait conduire à une très dangereuse hypoglycémieN68. L’étude randomisés de Tay J et al. (2018N69) conduite avec beaucoup de rigueur sur une durée de deux ans a comparé les effets sur 115 patients obèses diabétiques (type 2) d’un régime (relativement) faible en glucides (LCHF) et d’un régime faible en graisses et riche en glucides (HCLF). Les deux régimes étaient hypocaloriques et associés à de l’exercice aérobie et contre résistance d’assez forte intensité (si l’on on juge par les blessures !). Les évolutions de leurs poids (amincissement important) et la baisse d’hémoglobine glyquée (HBa1cN70) ont été identiques. Toutefois, les patients assignés au groupe LCHF ont été plus nombreux à pouvoir se passer de traitement du diabète et à améliorer leur profil sanguin lipidique, sans effet adverse dans les reins.
La parole est à la défense…
Certaines ethnies bénéficient d’une grande longévité tout en ayant un régime relativement riche en glucides. L’étude de Ian Spreadbury (2012N71) apporte une réponse à ce paradoxe en faisant la distinction entre glucides « cellulaires » contenus dans les fibres de fruits et légumes, et « acellulaires » issus de transformations industrielles comme la farine, l’amidon et les sucres divers. L’alimentation moderne basée sur les glucides acellulaires déséquilibre le microbiote intestinalN72 du fait de son action inflammatoire, ce qui serait une cause principale de la résistance à la leptineN73 et donc de l’obésité. La nocivité potentielle des glucides est donc avant tout celle de sucres de mauvaise qualité, notamment le fructose du sirop de maïsN74 omniprésent dans la pâtisserie et la confiserie industrielles.
La consommation de glucides avant de dormir facilite le sommeil, par un processus que je laisse Dr Michael Eades expliquer (The Arrow #91, 2022) :
De nombreuses personnes s’endorment le soir en mangeant des glucides. Et cela fonctionne. Cela fonctionne parce que la consommation de glucides stimule la libération d’insuline. L’insuline est une hormone anabolique, c’est-à-dire qu’elle stocke et construit. Elle fait passer les graisses du sang vers les cellules graisseuses. Et elle fait entrer les acides aminés, les éléments constitutifs des protéines, dans les cellules également. Tous sauf le tryptophaneN75. L’insuline n’affecte pas beaucoup le tryptophane.
Le tryptophane est un précurseur de la synthèse de la sérotonine. La sérotonine rend les gens somnolents. Donc manger des glucides, surtout des glucides transformés, fait monter l’insuline et fait entrer tous les acides aminés, sauf le tryptophane, dans les cellules, laissant une abondance relative de tryptophane dans la circulation. Qui est converti en sérotonine, ce qui vous fait dormir. […]
Il existe un complément que nous prescrivons aux patients de notre cabinet qui ont des problèmes de sommeil lorsqu’ils mangent peu de glucides. Il s’agit du 5‑HTP, qui signifie 5‑hydroxytryptophane, un intermédiaire dans la voie de synthèse de la sérotonine.
Des détails sur le rôle du tryptophaneN75 dans la régulation du sommeil se trouvent sur ma page Compléments alimentaires, qui met aussi en garde contre la toxicité de cet acide aminé.
Le terme générique « sucre » désigne des substances distincts qui ont des impacts divers sur notre santé. La lecture de l’ouvrage du Pr André Marette (2018N76) est utile pour bien en saisir la réalité multiple.
L’inflammation pourrait avoir pour effet une forme de porosité intestinale (intestinal permeabilityN78) permettant à des bactéries du microbiote intestinalN72 de migrer vers des sites où elles deviennent pathogènes. La découverte de bactéries intestinales ayant colonisé les poumons, ayant pour effet (ou pour cause ?) de graves problèmes respiratoires, vient à l’appui d’un modèle (voir figureN77) associant dans un « cercle vicieux » une dysbioseN79 à l’inflammation et l’endommagement des tissus, ce qui entraînerait une aggravation de cette dysbiose (University of Michigan, 2016N77).
Le remplacement du sucre par des édulcorants (comme l’aspartameN80) n’est pas suffisant pour se libérer de l’insulinorésistanceN29 (voir page en anglaisN81). L’étude de Qin Yang (2010) Gain weight by “going diet?” Artificial sweeteners and the neurobiology of sugar cravingsN82, menée pendant 8 ans sur 3682 adultes américains, montre par exemple que les aliments sucrés artificiellement ont un effet contraire à celui espéré, en accentuant la dépendance au goût sucré. L’auteur explique :
L’absence de satisfaction complète, due à l’échec de l’activation de la composante post-ingestive, accentue le comportement de recherche de nourriture. La réduction du mécanisme de récompense peut contribuer à l’obésité.
L’injonction « consommer beaucoup de fibres » devrait être écoutée avec prudence : contrairement à une idée reçue, un régime trop riche en glucides cellulaires peut entraîner une surcharge du côlonN84 qui se traduit par des fermentations (gaz intestinaux) et de la constipation. Les auteurs Kok-Sun Ho et al. (2012N85) expliquent ce processus :
L’effet des fibres alimentaires sur la constipation est analogue à celui des automobiles dans un embouteillage. La seule manière de fluidifier un trafic trop lent consiste à diminuer le nombre de voitures tout en évacuant rapidement celles qui restent. Si l’on ajoute encore des voitures, la congestion ne fait qu’augmenter.
La surconsommation de fibres est-elle une « menace » pour la santé ? C’est la thèse d’un ouvrage de Dr Konstantin MonastyrskyN86 qui expose ce risque en termes de constipation, échec des régimes amincissants, diverticuloseN87, syndrome de l’intestin irritableN88, maladie de CrohnN89 et même cancer du côlon. Voir aussi un entretien avec Lucy Mailing (25:22) : Exercice et santé intestinale.
De nombreuses personnes font cuire des pommes de terre et les refroidissent pour créer de l’amidon résistantN90, un « sucre lent » qui n’est pas digéré par l’intestin grêle et apporte donc des fibres alimentaires au côlon. D’autres consomment de l’avoine mi-crue ou des fruits pas mûrs, pour la même raison. Mais cela pose problème si leur intestin est colonisé par des bactéries pathogènes (dysbioseN79 intestinale), car l’amidon nourrit ces bactéries. Georgi Dinkov précise (2023N91 0:28:16) :
Si vous souffrez d’une prolifération bactérienne dans l’intestin grêle ou SIBO, la consommation d’aliments riches en amidon sera probablement problématique, même s’il s’agit de glucides simples comme le riz blanc et les pommes de terre. Mais si votre intestin grêle est propre, je connais beaucoup de personnes qui peuvent en fait se nourrir de féculents s’ils sont bien cuits et consommés avec un peu de beurre ou de fromage, un peu de graisses saturées.
Selon Dr Kaayla T DanielN92, l’injonction de consommer une grande quantité d’aliments riches en fibres remonterait au 19e siècle, en Amérique du Nord, lorsque des leaders d’opinion comme Sylvester Graham et John Harvey Kellogg ont promu avec succès la consommation de céréales — ce dernier au petit-déjeuner :
Comment la fibre est-elle devenue un aliment de santé ? C’est arrivé au dix-neuvième siècle quand les céréales de petit déjeuner et d’autres aliments riches en fibres ont été inventés pour construire la fibre morale, éradiquer la luxure et sauver les âmes. Sylvester Graham (1794–1851) s’est construit une renommée et une fortune par ses conférences, prêchant contre la viande et autres aliments qui favorisaient la connaissance charnelle. L’acte sexuel, selon lui, devrait être pratiqué une fois par an au maximum, et seulement dans le but de la reproduction. À cette fin, il a inventé le craquelin Graham, puis un objet misérable, difficile à mâcher et à haute teneur en fibres destiné à tuer les joies de la nourriture ainsi que du sexe. Le Dr John Harvey Kellogg (1852–1943), guérisseur et célibataire à vie, prêchait contre le sexe même dans le mariage. De fait il s’enorgueillissait de savoir que ses céréales riches en fibres combattaient les maux jumeaux de la constipation et de la sexualité.
⇪ La diète cétogène, une panacée ?
Dans les régimes LCHF les glucides ne sont pas totalement évincés. On ne cherche pas à déclencher un mécanisme de cétoseN93 comme dans une diète cétogèneN94. Lorsque l’apport en glucides alimentaires est très faible, les cellules se nourrissent principalement de corps cétoniquesN95 produits dans le foie à partir de la dégradation des lipides.
La diète cétogèneN94 joue un rôle dans le traitement de maladies neurodégénératives et peut-être en complément du traitement du cancer (voir mon article sur ce sujet). Certaines personnes l’adoptent comme régime alimentaire en dehors de ces cas de figure. Ce choix n’est pas sans danger pour des patients de diabète de type 1 ou de type 2 en phase avancée, chez qui le pancréas a perdu sa faculté de produire de l’insuline, car dans ce cas il peut provoquer une acidocétoseN96 qui peut être fatale (O’Neill M, 2012N97).
L’étude de Kevin D Hall et al. (2016N98, voir commentaireN99) conclut que l’adoption d’une diète cétogèneN94 pendant 4 semaines ne produirait pas un meilleur amincissement de personnes en surpoids qu’un régime « américain standard » avec le même apport calorique quotidien les 4 semaines précédentes. Toutefois, cette conclusion reflète une interprétation biaisée du résultat statistique (voir discussionN100). Notamment, les données affichent (en contradiction avec le résumé) que la dépense d’énergie a augmenté au moment du passage à un régime pauvre en glucides, ce qui suggère que la perte de poids pourrait se confirmer. À l’inverse, les régimes amincissants « basses calories » entraînent une diminution de dépense d’énergie (une adaptation du métabolisme de baseN101) qui se traduit finalement par un effet yo-yoN102 — voir la discussion des régimes hyperprotéinés dans mon article Protéines.
Dans un article répondant aux personnes qui « veulent faire baisser leur cholestérol », le Dr Michael Eades (2017N103) recommande un régime LCHF (cétogène) tout en montrant que certaines personnes qui ont fortement réduit la proportion de glucides ont aussi diminué, en valeur absolue, la quantité de graisses, ce qui aboutit en fait à un régime LCLF faible en graisses — très faible en calories — qui peut se traduire paradoxalement par une élévation du taux sanguin de cholestérol. Voir à ce sujet le site Cholesterol CodeN104 de Dave Feldman et les explications sur son Lipid Energy ModelN105.
La thèse de Gregory RM (2017N106) fait état d’une expérimentation avec 27 adeptes de CrossFit (N107 entraînement croisé combinant l’exercice d’endurance à un entraînement de haute intensité) bien portants et âgés de 35 ans en moyenne. Douze sujets tirés au hasard ont pratiqué pendant 6 semaines une diète cétogèneN94 (moins de 50 g de glucides par jour). Ce groupe a perdu du poids (3.5 kg en moyenne, dont 2.8 kg de graisse) et son indice de masse grasse a diminué en moyenne de 2.6 %, mais l’accroissement des performances n’était pas significatif — voir le commentaire de Bill Lagakos (2016N108).
Ce résultat souligne quand même qu’une diminution du surpoids serait possible, sous condition d’associer la diète cétogène à un entraînement physique approprié — voire une restriction calorique intermittente (jeûne fractionné) et une limitation bien mesurée des protéines. Je l’ai vérifié dans la pratique, voir mon article Diète cétogène - expérience.
Bien qu’elle permette de « brûler » des graisses, la diète cétogène ne favorise pas pour autant la croissance musculaire car, selon McDaniel SS et al. (2011N109), elle inhibe la cible de la rapamycine chez les mammifères (mTORN110), une enzyme qui régule entre autres la prolifération cellulaire, la croissance cellulaire, la mobilité cellulaire et la biosynthèse des protéines. Cette inhibition pourrait expliquer les effets anticonvulsants et antiépileptiques de la diète. Un apport suffisant de protéines et une pratique régulière d’exercice de haute intensité sont donc recommandés.
Comme le suggère Bill Lagakos dans Keto myths & facts (2016N111), l’exclusion radicale des glucides (y compris les lentilles, haricots etc.) n’est pas une garantie de meilleure santé. La plupart des humains qui atteignent un âge avancé consomment des glucides, et la plupart des athlètes les supportent bien : cela indique pour le moins qu’ils ne sont pas intrinsèquement pathogènes, comme le prétendent les adeptes inconditionnels de la diète cétogène… Lagakos rappelle aussi que la diminution des glucides n’est pas suffisante pour soigner l’insulinorésistanceN29 : elle doit être associée à une perte de poids et à la pratique d’exercice. Il résume, dans un commentaire du même article (2016N111) :
- Guérison du diabète de type 2N42 = glycémieN9 à jeun normale, tolérance au glucose normale — voir le test HGPON112
- Guérison de l’insulinorésistanceN29 = glycémieN9 ET taux d’insuline à jeun normaux
⇪ Mise en garde sur le métabolisme des graisses ?
Les observations qui précèdent paraissent en accord avec les recommandations du chercheur Georgi Dinkov (informaticien et docteur en biologie moléculaire) : le métabolisme des graisses dépend à la fois de la quantité de graisses consommées et du rapport entre masse maigre et masse grasse. Pour un même apport calorique, réduire la quantité de glucides implique augmenter celle des graisses, sachant que les protéines sont peu énergisantes (en termes de calories) : c’est la raison du « HF », high fat, dans l’acronyme « LCHF ».
Dinkov affirme, toutefois, que pratiquer un régime dont plus de 30 % des calories sont apportées par des graisses alimentaires pourrait se traduire, chez certaines personnes, par une prise de poids (Dinkov G & J Mercola, 2023N113) :
[Mercola] : Si vous n’avez pas assez de glucose dans votre circulation sanguine, votre corps fabrique du glucose en sécrétant du cortisol, qui décompose vos muscles maigres, vos os et votre cerveau, pour produire des acides aminés qui se convertissent ensuite en glucose dans votre foie. […]
Le cortisol utilise également les graisses stockées dans un processus appelé lipolyseN114. Bien que cela puisse sembler une bonne chose, le problème est qu’elle ne se débarrasse pas de la graisse viscérale nocive qui se trouve autour de vos organes internes, et qui cause l’inflammation. Elle brûle la bonne graisse, la graisse périphérique et sous-cutanée, qui est utile.
En fin de compte, le cortisol va donc également provoquer l’inflammation et altérer votre fonction immunitaire. Il augmente également les fringales. Il ne faut donc pas que le taux de cortisol soit élevé. Par conséquent, un régime chronique pauvre en glucides n’est pas une bonne idée.
Le cortisol est également l’un des principaux facteurs de vieillissement. Il accélère le processus de vieillissement, ce dont très peu de membres de la communauté des adeptes de la longévité sont conscients. S’il est chroniquement élevé, vous mourrez tout simplement prématurément, car il est hautement catabolique, ce qui signifie qu’il dégrade les tissus de votre corps. […]
[Dinkov] : J’ai remarqué que 15 à 20 % [de graisses alimentaires] est probablement le maximum qui permet à la plupart des gens, dans leur état de santé actuel, de métaboliser les graisses sans causer de problèmes pour le glucose par le biais du cycle de RandleN115. C’est notamment le cas des diabétiques de type 2.
La plupart d’entre eux sont en surpoids ou obèses, ce qui signifie qu’ils ont deux sources de graisses — l’une provenant de l’alimentation et l’autre de leur tissu adipeux, parce qu’il y a toujours une certaine lipolyseN114 en cours. Pour les diabétiques, c’est donc probablement une bonne idée de réduire l’apport de graisses dans l’alimentation, car ils en ont déjà beaucoup en provenance de leur propre corps.
Ce qui fait dire à Joseph Mercola, sur la seule base de son expérience personnelle qui a consisté à réintroduire des glucides sous la forme de fruits mûrs, miel, etc. (20 août 2023) :
Une fois que vous avez résolu votre résistance à l’insuline, ce qui prend généralement quelques mois mais peut prendre plus de temps, et que vous pouvez brûler les graisses de manière optimale, il est très clair pour moi que vous devez réintégrer les glucides dans votre régime alimentaire. De nombreuses questions se posent sur la manière dont cette transition s’effectue, sur le moment de la transition et sur les détails du cycle, auxquelles il convient de répondre. […]
Dans mon cas, il m’a fallu entre trois et six mois pour passer de 100 grammes de glucides à 500 grammes. Les résultats ont été spectaculaires. J’étais déjà en bonne santé, mais ce régime l’a encore améliorée : ma masse graisseuse est passée de 15 % à 12 %, mon inflammation est tombée à des niveaux radicalement bas : ma protéine C‑réactive à haute sensibilité est passée de 0.8 à 0.18 mg/l, ce qui est presque en dessous des niveaux de détection. Enfin, même si je n’étais pas prédiabétique puisque ma glycémie se situait dans les 90 %, elle a chuté de 10 points pour atteindre les 80 %.
La limite de 30 % de graisses alimentaires énoncée par Dinkov repose toutefois sur une théorie appelée cycle de RandleN115, qui selon lui se résume à l’impossibilité, pour les mitochondriesN60, d’utiliser à la fois des corps gras et des glucides pour fabriquer de l’énergie (ATP). Or ce modèle a été réfuté (Sidossis LS & RR Wolfe, 1996N116) comme le signale Michael Eades dans The Arrow #130, plus en détail dans The Arrow #166 et The Arrow #167.
Pour ce qui concerne le métabolisme des graisses, Georgi Dinkov conclut toutefois, avec justesse, qu’il est indispensable d’entretenir une masse musculaire suffisante pour assurer son bon fonctionnement :
Il y a toujours une lipolyse de base en cours. Au repos, les muscles préfèrent oxyder les graisses. Par conséquent, si vous disposez d’une masse musculaire suffisante, vous pouvez brûler la plupart des graisses par le biais de cette lipolyse de base. Le rapport entre la masse musculaire maigre et le poids corporel total est le principal déterminant de votre métabolisme de base. Il est donc très important de ne pas perdre de masse musculaire maigre.
Je pense que beaucoup de gens se retrouvent dans une situation où, par le biais d’un jeûne ou d’un exercice extrême, ils perdent beaucoup de poids, mais ils ne font pas attention à la quantité qu’ils perdent de chacune des deux composantes : masse grasse et masse musculaire maigre.
De nombreuses études ont montré que, lors d’un jeûne de longue durée ou d’un exercice physique intensif de longue durée, les gens perdent beaucoup de poids, mais environ 80 % de ce poids est constitué de masse musculaire maigre. Ces personnes étaient donc beaucoup plus maigres, mais leur métabolisme de base était beaucoup plus faible qu’au départ parce qu’elles avaient perdu la majeure partie de leur masse musculaire.
Lorsqu’elles ont repris une vie normale et ont continué à suivre un régime hypocalorique, elles ont quand même repris tout leur poids et se sont senties désespérées. Elles se sont demandé comment cela était possible.
Et alors, bien sûr, à quoi s’attendre ? Votre métabolisme de base a diminué de 50 %. Par conséquent, si vous ne suivez plus ce régime très restrictif en calories, vous reprendrez tous ces kilos.
L’essentiel est donc de maintenir la masse musculaire, de restreindre un peu l’apport alimentaire et de ne pas pousser la lipolyse. Chaque fois que vous vous stressez, vous augmentez le degré de lipolyse. Et si l’on fait passer trop de graisses dans le sang, on empêche l’oxydation du glucose, ce qui contribue à la formation d’acide lactique et à tous les autres effets secondaires mentionnés.
Les effets secondaires auxquels il est fait allusion sont liés à une inflammation systémiqueN30 causée par l’obésité abdominale. Cette conclusion n’est pas une surprise pour les habitué·e·s de ce site : voir mon article Entraînement fractionné de haute intensité – théorie.
Il faut garder un regard critique sur les avis de ce chercheur : Georgi Dinkov parle à contrecourant de la mode de la diète cétogène, avec pour seul argument des études affirmant qu’elle aggraverait le risque cardiovasculaire en augmentant le taux sanguin de LDL‑C ! — voir mon article Pourquoi diminuer le cholestérol ?
Il m’est difficile de comprendre pourquoi J Mercola s’est à ce point entiché de Dinkov… ?
⇪ Les lipides
La réhabilitation des graisses saturéesN10 fait écho à ce que des épidémiologistes, à la fin des années 1980, ont désigné par « le paradoxe français » (French paradoxN118) mis en évidence par Serge RenaudN119. Alors que les Français consomment plus de graisses saturées que les habitants d’autres pays, leur taux de maladies coronariennesN120 est moins élevé. L’existence d’un lien causal entre un taux élevé de « mauvais cholestérol » (le LDL‑C, transporté par les lipoprotéines de basse densitéN121) et un risque accru d’accident cardiovasculaire est remise en question par de nombreuses études — voir mon article Pourquoi diminuer le cholestérol ?
Les acides gras saturésN10 se trouvent essentiellement dans les aliments d’origine animale. Les seuls végétaux qui en contiennent des quantités appréciables sont l’huile de coco, l’huile de palme et le cacao.
De manière générale, l’évitement des corps gras dans le régime draconien que s’infligent certaines personnes — surtout des femmes soucieuses de « leur ligne » — peut conduire à un grave déséquilibre hormonal. Plus particulièrement un dysfonctionnement de la glande thyroïdeN122, alors qu’elle s’avère contre-productive pour l’amincissement.
En ce qui concerne les acides gras insaturésN123, il existe un corpus important de publicationsN124 démontrant, à partie de modèles animaux et humains, une forte association entre un faible taux sanguin d’oméga 3 (N125 sous les formes EPA et DHA) et des pathologies comme la dépression ou le trouble bipolaireN126.
Ces résultats convergent vers l’observation que le plus important, dans le choix des huiles et graisses alimentaires, est d’obtenir un ratio oméga 3 sur oméga 6 le plus élevé possible. En effet, les oméga 6 augmentent l’inflammation alors que les oméga 3 la réduisent. C’est donc le rapport — plus que les quantités — qui déterminerait un bon équilibre (voir articleN127).
Contrairement à une croyance très répandue et appuyée par des médecins et nutritionnistes de la « vieille école », la consommation d’huiles végétales riches en oméga 6 (tournesol, maïs, arachide…) doit impérativement être compensée par celle de corps gras riches en oméga 3 (noix, colza, poissons gras, fromages et beurre…). Or cette compensation est très insuffisante dans l’alimentation moderne (AFFSA, 2001N128).
L’excellent petit ouvrage d’Hélène Altherr-Rischmann (2021N129) apporte des solutions concrètes avec 65 recettes adaptées aux goûts occidentaux.
L’étude de James J DiNicolantonio et James H O’Keefe J (2018N130) a montré l’influence néfaste sur la santé cardiovasculaire de la surconsommation d’huiles végétales polyinsaturées : soja, maïs, arachide, tournesol, canola, carthame… (page 5) :
En résumé, de nombreux éléments de preuve montrent que l’acide linoléiqueN131 gras polyinsaturé oméga 6 favorise le stress oxydatif [N62], l’oxydation du LDL, l’inflammation chronique de faible grade [N132] et l’athérosclérose, et constitue probablement l’un des principaux responsables de la cause des maladies coronariennes, en particulier lors de la consommation d’huiles de graines industrielles communément appelées « huiles végétales ».
Morana Jaganjac et Neven Zarkovic (2022N133) vont plus loin en suggérant que l’oxydation des acides gras polyinsaturés — facilitée par la réactivité de ces molécules, notamment lorsqu’elles sont utilisées en cuisson — contribuerait au développement de cancers chez des personnes diabétiques :
Après avoir résumé les aspects ci-dessus de la pathologie du diabète et du cancer, nous proposons que le principal produit bioactif de la dégradation oxydative des acides gras polyinsaturés (PUFAs), l’aldéhyde réactif 4‑hydroxynonénal (4‑HNEN134), qui est également considéré comme un second messager des radicaux libres, puisse être le facteur pathogène clé reliant le diabète et le cancer.
Le 4‑HNE, produit par le traitement de la plupart des huiles végétales polyinsaturées, est toxique pour le microbiote fécal, une toxicité qui contribue à l’obésité.
Les fritures consommées dans la plupart des restaurants sont les principales sources d’huiles polyinsaturées oxydées.
Je recommande aux anglophones la lecture de l’article très documenté de Chris Masterjohn (2024N135) qui a fait le point sur la controverse autour de la toxicité des acides gras polyinsaturés (PUFA). Il aboutit au résultat suivant :
Les huiles de graines, lorsqu’elles sont contrôlées correctement [il s’agit du contrôle de l’essai clinique], augmentent le taux de maladies cardiaques.
La teneur en vitamine E des huiles de graines peut protéger contre les effets néfastes sur le système cardiovasculaire d’une carence en vitamine E et d’un tabagisme modéré à excessif, mais seulement à court terme.
Les huiles de graines augmentent le risque de cancer et la mortalité totale, mais il faut une population de plus de 60–65 ans pour le constater. […]
[…] le taux renouvellement de la vitamine E est plus important que celui des PUFA et la saturation en PUFA prend quatre ans pour atteindre un plateau ; c’est donc autour de la quatrième année que l’offre et la demande de vitamine E dues aux huiles de graines atteignent un équilibre. […] Cela pourrait expliquer pourquoi […] le bénéfice cardiovasculaire de la vitamine E s’est estompé avec le temps au profit du risque de cancer.
Il est important de ne pas confondre l’acide linoléique (LAN131), un oméga 6 dont il est question ici, avec l’acide alpha-linolénique (ALAN136) qui est un oméga 3 (voir ci-dessous).
Une explication détaillée des dommages causés par la surconsommation d’acide linoléique est illustrée dans une vidéo de Analyze & Optimize (2019N137).
Il ne faudrait pas conclure trop vite que, pour compenser les effets délétères des oméga 6 contenus dans les huiles végétales, il suffit de consommer en grande quantité des oméga 3, par exemple sous la forme de gélules d’huiles de poisson. Sanjoy Gosh et al. (2013N138) avertissent que, si les oméga‑3 peuvent entraîner une réduction de l’inflammation à court terme, celle-ci était due à une suppression immunitaire, ce qui peut finalement causer d’autres problèmes de santé et une augmentation de la mortalité :
Dans l’ensemble, les PUFA [acides gras polyinsaturés] ω‑6 enrichissent les microbes pro-inflammatoires et augmentent la colite, mais préviennent l’inflammation systémique induite par l’infection. En revanche, la supplémentation en PUFA ω‑3 inverse les effets du régime PUFA ω‑6, mais altère les réponses induites par l’infection, ce qui entraîne une septicémie. Nous concluons qu’en tant qu’agent anti-inflammatoire, la supplémentation en PUFA ω‑3 pendant l’infection peut s’avérer préjudiciable lorsque les réponses inflammatoires de l’hôte sont essentielles à la survie.
Dans un message sur Facebook, Renaud Roussel résume les conclusions d’un article de Kandice R Levental et al. (2020N139) :
L’étude ci-jointe nous démontre que lorsque l’alimentation apporte trop d’acides gras polyinsaturés, et que le danger d’une perturbation de la structure de la membrane se fait sentir, un profond remodelage lipidomique s’opère afin de préserver les propriétés physiologiques de la membrane.
Ce remodelage des lipides cellulaires consiste à réguler à la hausse le métabolisme des acides gras saturés et du cholestérol afin de récupérer l’intégrité et la bonne perméabilité de la membrane cellulaire.
L’abrogation, pour diverses raisons (génétique, pharmacologique…), de ce remodelage lipidique induit une dramatique cytotoxicité par excès d’acides gras polyinsaturés.
La complémentation en DHA s’avère être extrêmement toxique, ce qui confirme la dangerosité des compléments alimentaires en huile de poissons.
La consommation d’huiles végétales polyinsaturées date de la révolution industrielle en Occident. Avant 1866, le monde occidental ne consommait pour l’essentiel que des graisses animales : suif, saindoux, beurre, etc. Les pays asiatiques utilisaient des graisses pressées à froid comme l’huile de coco et l’huile de palme. Le plus grand changement dans l’alimentation humaine de toute l’histoire a été l’introduction, aux USA, des huiles de graines transformées industriellement vers 1866 (Nixon HC, 1930N141). À cette époque, Procter & Gamble a utilisé un processus d’hydrogénation pour convertir les graines de coton excédentaires inutilisables en une huile de graine synthétique, vendue aujourd’hui encore sous le nom de Crisco. Plus tard, la margarine fabriquée à partir d’huiles de graines a été introduite (Velt ZV, 2019N142).
Dans sa vidéo « Nouvelle hypothèse concernant l’obésité » (2018N143), Michel Eades affirme, à partir des données sur les pratiques nutritionnelles aux USA, que l’explosion de l’obésité n’est pas due à la seule surconsommation de calories sous la forme de glucides. Deux autres facteurs devraient être pris en compte : la consommation d’huiles végétales polyinsaturées et la diabolisation des graisses saturées qui, selon ses explications, sont protectrices contre l’obésité.
Le transport inversé d’électrons protège les cellules d’un excès de nourriture. Les graisses saturées favorisent ce transport d’électrons, donc ces macronutriments sont bénéfiques. L’acide linoléique empêche le transport d’électrons et engraisse les cellules. Il se comporte comme un glucide superconcentré.
Dans The Arrow #165, Eades commente une publication de Biswajit Khatha et al. (2021N144) qui traite du « paradoxe de l’obésité » : alors que l’obésité viscérale est un facteur de risque de maladies métaboliques — notamment cardiovasculaires — il semble que les personnes gravement malades s’en tirent mieux si elles sont en surpoids. L’explication serait que la graisse accumulée est une réserve d’énergie utile pour la récupération de la santé. Or Khatha et ses collègues ont étudié l’évolution de pancréatites aigües provoquées dans deux populations de souris obèses, l’une nourrie avec des graisses saturées et l’autre avec des graisses polyinsaturées. Ils ont découvert que l’inflammation était nettement plus agressive chez ces dernières (2021N144) :
La saturation a perturbé l’interaction des triglycérides et la lipolyse par la triglycéride lipase pancréatique, qui intervient dans la défaillance des organes. L’insaturation a augmenté les monomères d’acides gras in vivo et dans les milieux aqueux, entraînant des réponses cellulaires lipotoxiques plus importantes et la défaillance des organes. Par conséquent, la saturation en triglycérides viscéraux réduit la lipotoxicité qui s’ensuit malgré une adiposité plus élevée, expliquant ainsi le paradoxe de l’obésité.
La mise en garde contre les graisses polyinsaturées concerne aussi le choix préférentiel des viandes consommées dans un régime omnivore. En effet, la mode actuelle est de privilégier les viandes blanches (volaille et porc) au détriment des viandes rouges décrétées « cancérigènes ». Or ces d’animaux sont nourris pour la plupart de graines (maïs, soja etc.) riches en huiles polyinsaturées (oméga 6), de sorte que la consommation de leur viande augmente le rapport oméga 6 sur oméga 3, qui à son tour favorise l’inflammation et augmente l’insulinorésistance (cause parmi d’autres d’obésité) — voir la vidéo Why chicken is killing you (Saladino P, 2020N145).
Le choix devrait donc porter préférentiellement sur la viande rouge ou sur celle d’animaux nourris en plein air : porc « ibérique » etc. Toutefois, la différence est nettement moins significative quand on prend en compte les quantités d’oméga‑6 et d’oméga‑3 dans chaque portion alimentaire. Michael Eades (The Arrow # 203) commente une diapositive de Peter Ballerstedt indiquant ces quantités « par portion » (per serving) :
On constate ici que la différence en valeur absolue entre les portions de bœuf élevé à l’herbe ou industriel, et les morceaux de poulet ou de porc, sont infimes au niveau des quantités d’oméga‑6 (en rouge) par rapport aux contributions des cuisses de poulet, du tofu, ou, pire, de l’huile de soja et des noix. Par contre, l’intérêt des poissons gras (au centre) pour l’apport d’oméga‑3 (en bleu) est évident. Eades conclut :
Vous ne devriez pas vous tourmenter pour savoir si vous devez manger du bœuf nourri à l’herbe ou au grain, car la différence entre les graisses O‑3 et les graisses O‑6 est minuscule. Surtout si vous avez l’intention de manger une salade en accompagnement avec une sorte de vinaigrette préparée dans le commerce. Vous recevrez probablement 30 fois plus d’O‑6 dans la sauce que dans la viande.
L’acide oléïqueN146 (oméga‑9) est le plus abondant des acides gras dans la nature, présent particulièrement dans le tissu adipeux humain. Sa nomenclature est « C18:1 ω‑9 » dans les acides gras mono-insaturésN123. Il se solidifie à 13.4°C. Il constitue 55 à 80 % de l’huile d’olive et contribue à la popularité de la consommation d’avocatsN147. Leur culture et leur exportation posent toutefois de sérieux problèmes environnementaux — voir mon article L'avocat, ami ou ennemi ?
Une discussion plus détaillée se trouve dans mes articles Pourquoi diminuer le cholestérol ? et Statines et médicaments anticholestérol.
⇪ Les produits laitiers
La consommation de produits laitiers (lait, fromage, yaourt) a été associée à une réduction de la mortalité et du risque cardiovasculaire dans l’étude de cohorte multicentrique PURE déjà citée (2017N16) :
Un apport plus élevé de produits laitiers totaux (> 2 portions par jour comparé à l’absence de prise) était associé à un risque moindre de résultat composite (HR 0,84, IC à 95 % : 0,75 à 0,94 ; p = 0,0004), mortalité totale (0,83, 0,72–0,96 ; p = 0,0052), mortalité non cardiovasculaire (0,86, 0,72 à 1,02 ; p = 0,046), mortalité cardiovasculaire (0,77, 0,58–1,01 ; p = 0,029), maladies cardiovasculaires majeures (0,78, 0,67–0,90 ; p = 0,0001) et AVC (0,66, 0,53–0,82 ; p = 0,0003).
L’étude de Ding M et al. (2019N148) qui ont suivi plus de 217 000 femmes et hommes aux USA pendant 32 ans conclut à l’absence de relation entre la mortalité et la consommation de produits laitiers si celle-ci n’excède pas 4 portions par jour. Au delà de ce seuil, on observe une augmentation de 7 % de la mortalité, liée à une forte consommation de lait, les autres produits laitiers n’étant pas concernés. Le remplacement des produits laitiers par des noix ou des légumes et céréales peut réduire la mortalité, mais la viande rouge ou transformée aurait l’effet inverse. Une analyse dose-effet suggère que la consommation de 2 portions de produits laitiers par jour est associée à la mortalité totale et à la mortalité cardiovasculaire les plus faibles.
Les produits laitiers (non-allégés) sont une des rares sources d’acides gras saturés à chaîne impaireN149. Bien que le lait entier n’en contienne qu’environ 1.7 %, cet apport est essentiel. Stephanie Venn-Watson et collègues ont conduit à ce sujet des études in vitro et in vivo en expérimentation animale (2020N150) :
Des concentrations circulantes plus élevées d’acides gras saturés à chaîne impaire (OCFA) — acide pentadécanoïque (C15:0) et d’acide heptadécanoïque (C17:0) — sont associées à des risques plus faibles de maladies cardiométaboliques, et un apport alimentaire plus élevé d’OCFA est associé à une mortalité plus faible.
Les niveaux d’OCFA circulant dans la population ont toutefois diminué au cours des dernières années. Nous montrons ici que le C15:0 est un acide gras alimentaire actif qui atténue l’inflammation, l’anémie, la dyslipidémie et la fibrose in vivo, potentiellement en se liant à des régulateurs métaboliques clés et en réparant la fonction mitochondriale.
Il s’agit de la première démonstration du rôle direct du C15:0 dans l’atténuation de multiples comorbidités en utilisant des mécanismes physiologiques pertinents à des concentrations circulantes établies.
En associant nos résultats aux preuves que (1) le C15:0 n’est pas facilement produit de manière endogène, (2) un apport alimentaire et des concentrations sanguines de C15:0 plus faibles sont associés à une mortalité plus élevée et à un état physiologique plus médiocre, et (3) le C15:0 a démontré des activités et une efficacité qui correspondent aux avantages pour la santé chez l’homme, nous suggérons que le C15:0 soit considéré comme un acide gras essentiel.
Une dose raisonnable d’OCFA pourrait correspondre, chez les humains, à la consommation quotidienne d’une cuillerée à café de beurre.
Une étude menée par le CHU de Besançon et l’INRA a mis en évidence l’intérêt d’une alimentation riche en fromage dès le plus jeune âgeN151. Selon cette étude qui fait suite à la cohorte PASTUREN152, toute consommation de fromage (pressé, semi-pressé, à pâte molle, bleu, frais, de la ferme) entre 12 et 18 mois d’enfants ayant grandi à la campagne était associée à une réduction significative du risque de d’eczéma à 6 ans et d’allergie alimentaire, mais aussi à un risque diminué de rhinite allergiqueN153, d’asthme et de sensibilisation aux allergènes, tant alimentaires qu’inhalésN154.
Il est important de signaler que ces chercheurs poursuivent leurs investigations en étudiant le microbiote intestinalN155 des enfants sujets de l’étude, visant à appuyer l’hypothèse que cette robustesse du système immunitaire serait favorisée par l’exposition de leur microbiote à de multiples populations microbiennes. On sait déjà que vivre à la campagne pendant les jeunes années diminue les risques de désordres immunitaires grâce à l’exposition précoce à des « agressions » microbiennes. L’hypothèse de la consommation de fromage associée à une diversité microbienne bénéfique, si elle est confirmée, ferait aussi pencher la balance en faveur des fromages au lait cru (non pasteurisé).
Un produit « 0 % de matière grasse » (par exemple le yaourt) ne permet pas de perdre du gras… Dans une étude menée en Suède pendant 9 ans sur 19 352 femmes de 40 à 55 ans (Rosell M et al., 2006N157), il a été observé que celles qui consommaient quotidiennement au moins un produit laitier entier prenaient 30 % moins de poids que celles qui choisissaient un produit allégé ou s’abstenaient de tout produit laitier.
Ces résultats démontrent l’ineptie de la croyance que pour rester (ou devenir) mince il suffirait de consommer des aliments « allégés ». L’industrie agro-alimentaire en fait encore ses choux gras — si l’on peut dire !
La question est complexe, et source de controverses liées aux protocoles d’observation. Par exemple, l’étude de Margolis et al. (2011N158) a conclu qu’un régime riche en produits laitiers faiblement gras diminuait le risque de diabète de type 2N42 chez des femmes ménopausées (82 076 sujets suivis pendant 8 ans), surtout chez celles qui étaient en surpoids. Même résultat avec la consommation de yaourt, alors que par ailleurs un régime riche en produits laitiers gras (autres que le yaourt) n’aurait aucune incidence sur le risque de diabète. On serait peut-être parvenu à des conclusions différentes en tenant compte de la présence de lactoseN159 dans les produits laitiers non fermentés, des méthodes de fabrication (lait cru versus lait pasteuriséN160) et, bien sûr, de l’inscription de cette consommation dans un menu et un temps particulier de la journée — hypothèse chronobiologique, voir ma liste de publications sur ce sujet.
L’étude de Drehmer M et al. (2016N161) portant sur 9835 adultes brésiliens de 35 à 74 ans a fait apparaître que la consommation de produits laitiers non-allégés en graisse (mais pas les produits laitiers allégés) était associée à une diminution du syndrome métaboliqueN50 — combinaison de taux défavorables d’insuline, glycémie, cholestérol, d’hypertension et de surpoids. Au Japon (Wang C et al., 2015N162), le suivi pendant 19 ans de 94 980 adultes âgés de 40 à 79 ans a révélé (après ajustement des facteurs de confusion) que la mortalité toutes causes, ainsi que pour cancer et maladies cardiovasculaires, était de 10 % plus faible chez les hommes qui buvaient du lait au moins 1 ou 2 fois par mois. Chez les femmes, la mortalité toutes causes de 10 % plus faible correspondait à une consommation de lait 3 à 4 fois par semaine. Plus récemment, une étude de cohorte italienne n’a pas trouvé de preuve d’association dose-réponse entre la consommation de lait et la mortalité, ni d’association entre la consommation d’autres produits laitiers étudiés et la mortalitéN163 — ce qui contredit la croyance populaire aux « dangers du lait ».
Un résumé clair des connaissances nouvelles sur la consommation de produits laitiers est l’article de Gabrielle Tamas : Les 5 erreurs les plus courantes quand on mange sans lactoseN164. L’accusation du lait d’augmenter le taux sanguin d’IGF‑1N165 et par conséquent de favoriser la production de cellules cancéreuses a été examinée à la lumière d’une étude comparant la protéine de soja à la caséine (George KS et al., 2020N166). Cette étude montre indirectement que c’est l’apport d’acide aminés qui déclenche l’élévation de la synthèse endogène d’IGF‑1, et non l’IGF‑1 contenu dans le lait. Laurent Buhler en déduit (2021N167) :
- Il ne semble pas que la protéine de soja et la caséine soient des facteurs d’inflammation, au moins dans le cadre d’une consommation à court terme.
- Une consommation régulière de protéines en quantité adaptée pourrait avoir un effet bénéfique sur certains marqueurs du remodelage osseux.
- Les produits laitiers ne sont pas les seuls aliments susceptibles de déclencher une élévation de l’IGF‑1, puisque la protéine de soja a un effet comparable, voire supérieur dans cette étude.
Le terme « produits laitiers » évoque pour moi ces dizaines de mètres de rayons de supermarché, et ces paniers remplis de yaourts sucrés ou autres entremets qu’on peut stocker au frigo pour les grignoter toute la journée… Aux consommateurs de ces produits industriels — ou prétendument « artisanaux » fabriqués à partir de substances industrielles — je crierais volontiers : « ARRÊTEZ LES PRODUITS LAITIERS ! » Mon panier ne contient que des fromages affinés au lait cru, du beurre bio, éventuellement des yaourts bio au lait entier, etc., bref ce que nos grands-parents consommaient quotidiennement s’ils y avaient accès.
Si les fromages artisanaux sont difficiles d’accès pour des raisons financières ou de disponibilité à la vente, on peut transformer soi-même du lait frais pour créer du yaourt, de la ghee, du mascarpone etc. en suivant les recettes de Taty Lauwers (2019N168).
Il existe une différence entre le lait produit par des vaches de race Holstein (majoritaires dans les élevages industriels d’Amérique du Nord) et celui de vaches de plus petite taille à robe brune et blanche qui pâturent en Europe : Jersey, Guernesey, Suisse… Les premières produisent en majorité de la caséine A1 qui serait associée à des maladies chroniques ou neurodégénératives, et les secondes de la caséine A2 qui serait au contraire bénéfique (Maffetone P, 2015N31). Ce sujet est néanmoins controversé, voir par exemple l’avis de l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA, 2009N169). En cas de doute, il est prudent de préférer les laits de chèvre, de brebis, de bufflesse, d’ânesse ou de chamelle qui contiennent principalement de la caséine A2.
⇪ Le cas particulier des oméga 3
Dans La chrono-diététique (2013, p. 277), Dr Jean-Marie Bourre signale :
Dans les meilleures conditions, en les nourrissant par exemple avec des extraits de graines de lin ou de colza, la teneur en [DHA, oméga 3N170] est multipliée par trois ou quatre dans le lait, par deux dans la viande de bœuf, par six dans celle de porc, par dix dans le poulet, par quarante dans les œufs.
Le choix de sources marines d’oméga 3N125 pose encore plus de problèmes que celui de viandes propres à la consommation. Depuis l’interdiction des farines animales, les poissons d’élevage sont souvent nourris de graisses végétales (riches en oméga 6) qui font chuter leur taux d’oméga 3, induisant un effet négatif sur la santé.
Les poissons sauvages peuvent contenir des polluants dangereux comme des dioxinesN171 ou des métaux lourds, outre leur raréfaction en raison de méthodes de pêche destructrices de leur habitat naturel (Consoglobe, 2006N172). Leur richesse en sélénium compense toutefois la toxicité du mercure : l’étude de Morris MC et al. (2016N173) a montré que l’effet bénéfique des oméga 3N125 surpassait celui des neurotoxiques pour le risque d’apparition de maladies neurodégénératives.
Sachant que les acides gras oméga 3 sont fragiles et résistent mal à la congélation, le meilleur choix (en début de chaîne alimentaire) pourrait être les sardines et maquereaux en conserve. Les capsules d’huile de krillN174 (une crevette de l’Antarctique) sont aussi très prisées en remplacement des huiles de poissons gras — voir mon article Compléments alimentaires.
L’excès d’oméga 3 d’origine marine — par exemple dans une consommation excessive d’huiles de poisson — peut avoir une incidence sur la santé : augmentation de la glycémie chez des diabétiques, saignements, diminution de la pression artérielle, diarrhée, reflux acidique, AVC, insomnies (Link R, 2018N175)… La dose quotidienne à ne pas dépasser serait aux alentours de 5 grammes, et la dose recommandée 250 à 500 mg. En général, 1000 mg d’huile de poisson fournissent environ 300 mg d’EPA et de DHA combinés.
Certains végétaux comestibles sont relativement riches en oméga 3N125 — entre autres les huiles de lin, de colza, de noix, de cameline… — mais il s’agit d’acide alpha-linolénique (ALAN136) avec une chaîne de 18 carbones, différente de celles des oméga 3 d’origine animale — acide eicosapentaénoïque EPAN176 (carbones) et acide docosahexaénoïque DHAN170 (22 carbones).
Notre organisme transforme des ALA en EPA puis en DHA, mais cette transformation reste très partielle. Le taux moyen de conversion pourrait approcher en moyenne 0.4 % (Pawlosky RJ et al., 2001N178). Selon Burdge GC et al. (2005N179), il serait de zéro pour les hommes contre 9 % pour les femmes. Il est nettement plus faible chez les personnes âgées — voir discussionN180.
L’industrie agro-alimentaire n’a pas baissé la garde, comme on peut le constater sur un visuel (voir ci-contre) diffusé par Terres UniviaN177, l’Interprofession des huiles et protéines végétales. Ce document interpellant les médecins et professionnels de santé a été relayé sans le moindre commentaire critique, début mai 2021, par le Journal International de Médecine sous le titre : « Huiles et margarines végétales bienfaits de l’Europe : Une nouvelle étude sur les attentes des Français ! » (2021N181). En l’absence de référentiel scientifique, le lobby s’appuie sur une enquête d’opinion pour passer le message que les graisses végétales seraient les meilleures sources d’oméga 3 (ALA), faisant l’impasse les EPA et DHA de source non-végétale. On appréciera au passage le fait que cette enquête aurait révélé que plus de 50 % des Français sont ignares bien qu’ils soient avides d’en savoir plus sur les « bienfaits des huiles et margarines végétales » !
Retour aux choses sérieuses…
Puisque les seules sources substantielles d’oméga 3 (EPA/DHA) sont des graisses animales, rien ne sert de se ruiner en huiles végétales « de régime »… Pour la même raison, l’apport quantitatif des œufs « enrichis en oméga 3 » reste négligeable — voir discussionN182.
Un essai randomisé mené pendant 12 semaines sur 67 adultes migraineux a montré qu’en augmentant la consommation d’EPA et de DHA et en réduisant celle d’acide linoléiqueN131, on diminuait le nombre de jours de migraine plus efficacement qu’en réduisant la consommation d’acide linoléique seul (Ramsden CE et al., 2021N183).
Toutefois, l’utilité de l’acide alpha-linolénique (ALAN136) — de source végétale — est soulignée par Gwendolin Barceló-Coblijn et Eric J. Murphy (2009N184). Michel de Lorgeril en défend aussi l’intérêt spécifique (2022N185) : l’ALA serait indispensable à la fabrication de cholestérol dans le cerveau, matériau essentiel des axonesN186 de nos neurones [référence absente] ; d’où sa recommandation de consommer de l’huile de colza ou de cameline ou de soja [!], des fromages, des œufs, des noix de Grenoble, etc.
Contrairement aux oméga 3 marins — EPA/DHA, voir ci-dessus — les aliments riches en ALA peuvent être consommés en quantité sans risque de surdosage. Toutefois, ces huiles végétales poly-insaturées s’oxydent rapidement et deviennent toxiques sous cette forme. Hélène Altherr-Rischmann écrit (2021N129 page 26) :
Ces graisses poly-insaturées rancissent et s’oxydent facilement, donnant naissance à des radicaux libres très agressifs pour nos tissus, accélérant le vieillissement, favorisant les troubles chroniques, les maladies neurodégénératives, l’athérosclérose, et certains cancers. Ce phénomène est notamment accéléré lors d’une exposition des graisses à la chaleur.
La mode du « tout végétal » et la recherche de profits des agro-industriels ont conduit à une invasion du marché par un dérivé OGM de l’huile de colzaN187 réputé riche en « oméga 3 » : fritures, vinaigrettes, produits de boulangerie etc. Pour éviter l’oxydation de cette huile, on la désodorise et on la transforme par hydrogénisation, ce qui fait que — sous l’appellation « huile de canola »N188 — elle contient plus de graisses transN11 que toutes les autres huiles végétales. Cette huile a été interdite aux États-Unis en 1985 pour la préparation d’aliments pour nourrissons, mais son intérêt pour les adultes n’a pas encore été contestéeN189. Le fait qu’elle contienne très peu de graisses saturées entretient la croyance qu’elle serait protectrice de maladies cardiovasculaires — contrevérité, voir mon article Pourquoi diminuer le cholestérol ?
Le taux de conversion ALA/DHA dépend aussi du génotype et donc de l’ethnie : le rs1535 de FADS2N190 assurerait la meilleure conversion (Lemaitre RN et al., 2011N191). Le génotype favorable à cette transformation serait présent chez 70 % des Sud-asiatiques, contre 53 % des Africains, 29 % des Est-asiatiques et 17 % des Européens (Kothapalli KS et al., 2016N192). D’autre part, Michel de Lorgeril signale dans Prévenir l’infarctus et l’accident vasculaire cérébral (2011N193 p. 306) :
La troisième façon d’avoir des oméga 3 marins est de stimuler nos propres capacités de synthèse. Nous sommes en effet capables de transformer les oméga 3 végétaux en oméga 3 marins mais à une cadence trop faible pour subvenir à nos besoins. Notre équipe a découvert récemment que si on consommait en même temps des oméga 3 végétaux et des polyphénols [N194] — notamment ceux présents dans le raisin et le vin, mais aussi dans d’autres aliments — on devenait des producteurs efficaces d’oméga 3 marins. En d’autres termes, mangez et buvez méditerranéen et vous aurez des oméga 3 sans manger du poisson de mer !
⇪ Questions d’hormones
Une critique de la tendance LCHF consiste à dire que ce qui était autrefois désigné comme « faiblement gras » est un régime dont 30 % des calories seraient puisées dans les lipides, alors que ceux qui ont fait leurs preuves dans certaines populations seraient plutôt aux alentours de 10 %. Denise Minger a écrit un long article In Defense of Low Fat (2015N117) citant des exemples de travaux anciens démontrant l’intérêt des régimes faiblement gras, notamment le régime de riz N195 de Walter Kempner qui guérissait des maladies des reins, l’hypertension, la sclérose multiple, et faisait mincir spectaculairement des obèses. Elle analyse aussi les régimes atypiques de Roy SwankN196, Lester Morrison et Nathan PritikinN197. Elle suggère qu’en dessous d’un seuil de présence des lipides dans un régime (environ 10 % des calories), il pourrait se produire un phénomène (pour lequel elle invente le terme ‘carbosis’) similaire à la cétoseN93 (ketosis) dans un régime très faible en glucides, conduisant « par magie » (faute d’explication) aux mêmes résultats.
Il est important de lire les réponses à ses interprétations réfutant cette idée de carbosis, plus particulièrement les articles de Jason Fung : Thoughts on the Kempner Rice DietN198 et Thoughts on the Pritikin DietN199.
Ce dernier article rappelle que l’excès d’insuline qui conduit à l’obésité a une cause multifactorielle comprenant les glucidesN1 à indice glycémiqueN7 élevé (fattening carbs, « sucres rapides »), les protéines d’origine animale, mais aussi le cortisolN201 (lié au stress, voir pageN202) ainsi que le fructoseN53 qui favorise l’insulinorésistanceN29. Les macronutriments n’ont pas les mêmes effets selon leur origine alimentaire et leur préparation culinaire. Les effets sont réduits par des facteurs protecteurs : incrétinesN203 (voir incretin effectN204), vinaigreN205, fibresN206…
Jason Fung conclut que le problème de l’obésité est l’insuline et non la proportion brute des lipides et glucides. Voir le calcul de l’index insulinique et la thèse de Kirstine BellN207 sur ce sujet. Il défend un régime faible en glucides et riche en graisses (mieux adapté au mode de vie occidental) mais associé à une pratique de jeûne fractionné qui permet de réduire l’insulinorésistance N29.
L’étude de Daniela Jakubowicz et al. (2013N208) sur un groupe de femmes en surpoids ou obèses soumises à des régimes hypocaloriques (1400 Kcal/j) a montré qu’il serait plus avantageux de consommer un petit-déjeuner à fort contenu calorique et un dîner pauvre en calories, que l’inverse. Les taux de glucose et d’insuline étaient nettement inférieurs dans le groupe petit-déjeuner, en même temps que l’indice de satiété était supérieur. La perte de poids s’y est révélée deux fois plus importante. La différence s’explique par le fait que le taux d’insuline était plus élevé le soir que le matin alors que le total journalier des calories était identique. Par conséquent, comme le répète Jason Fung (2016N209), l’obésité serait bien une affaire d’hormones et non de calories.
Pour illustrer simplement le rôle des incrétinesN203, on peut partir de l’observation qu’aucun aliment non transformé — comme ceux trouvés dans la nature — ne contient à la fois des glucides et des lipides. La seule exception serait le lait maternel, qui est destiné à assurer une croissance rapide.
Or, une idée communément répandue est que, si l’on consomme des glucides, la glycémieN9 augmentera moins s’ils sont accompagnés de graisse. De sorte qu’une tartine beurrée serait moins « diabétisante » qu’une simple tranche de pain. C’est exact au niveau de la glycémie, mais pas à celui de l’insulineN29 qui, en définitive, contribue le plus à l’insulinorésistance, et donc au diabète et à l’obésité. Dans The Arrow #148, Michael Eades cite deux études anciennes — W Creutzfeldt (1979N210) et G Collier et al. (1984N211) — qui expliquent ce mécanisme hormonal :
Ces études montrent que la combinaison des graisses et des glucides alimentaires a un effet additif considérable sur l’insuline. Les graisses alimentaires en elles-mêmes n’influencent pas beaucoup le taux d’insuline. Elles l’augmentent légèrement, mais pas suffisamment pour s’en inquiéter.
Comme vous pouvez l’imaginer, les glucides alimentaires font grimper le taux d’insuline en flèche assez rapidement.
Mais si vous ingérez la combinaison, l’insuline monte en flèche. C’est bien plus que la simple combinaison des hausses provoquées par les glucides ou les graisses pris séparément. Le tout est vraiment plus grand que la somme des parties.
Pratiquement tous les aliments transformés que vous pouvez imaginer contiennent cette combinaison concentrée de graisses et de glucides. C’est l’une des raisons pour lesquelles les aliments transformés sont si mauvais. Ils font grimper le taux d’insuline jusqu’à la lune. […]
Le GIP (gastric inhibitory polypeptideN212) est une sorte d’hormone libérée dans la partie supérieure de l’intestin grêle par des cellules appelées « cellules K » ; ces cellules K libèrent le GIP en réponse à l’arrivée d’aliments dans l’intestin grêle. Le GIP alerte le pancréas pour qu’il libère de l’insuline et du glucagon avant l’absorption du sucre dans le sang. Cette libération accrue d’insuline est appelée effet incrétine. Le GIP et le GLP‑1 (glucagon-like peptide‑1N213) sont des incrétinesN203. […]
Le degré de transformation d’un aliment donné est l’un des principaux moteurs de la production de GIP et de l’augmentation de l’effet incrétine.
Suite de cette discussion dans The Arrow #150 :
Ce que je trouve intéressant, c’est que le fait de mâcher la pomme intacte la réduirait en quelque sorte à une sauce, ou à une purée, dans la bouche. Il en va de même pour les haricots mentionnés ci-dessus. On pourrait donc penser que la pomme et la purée, ou les haricots intacts par rapport aux haricots transformés, donneraient la même réponse insulinique, mais ce n’est pas le cas. Cela a‑t-il quelque chose à voir avec le fait que la salive envoie un signal au GIP ? Je n’en sais rien. Mais il se passe quelque chose.
Les études ont montré par ailleurs que l’effet incrétine était plus marqué chez les personnes âgées et celles en surpoids. Les recettes « sucré-salé » devraient donc être réservées aux jeunes gens qui ne souffrent pas de prédiabète (indice HOMA) ni d’obésité.
⇪ De fortes variations individuelles
Sur la page Nutrition, j’ai commenté l’étude Personalized Nutrition by Prediction of Glycemic Responses (Zeevi D. et al., 2015N214) qui montre que la réponse glycémique d’un individu à un aliment donné est extrêmement variable, bien que cette réponse puisse être prédite par l’analyse de son microbiote intestinalN72. Par exemple, un sujet réagit « mal » à la banane et « bien » au sushi — ce qui correspond à l’orthodoxie nutritionnelle — mais un autre réagit exactement à l’inverse, voir vidéo (2015N215)… Il s’ensuit qu’une adaptation individuelle de la palette nutritionnelle est indispensable.
Une personne souffrant de diabète de type 2N42 et/ou d’obésité, sans autre pathologie avérée, a des chances d’améliorer son état en adoptant l’option LCHF (faible en glucides et riche en graisses) comme base calorique, sans négliger les préconisations concernant l’exercice, la boisson, le sommeil etc. exposées sur d’autres pages — voir mon article Vivre bien et longtemps.
Toutefois, ce n’est pas une formule magique qui marche dans tous les cas. Certaines personnes peuvent trouver leur équilibre en faisant un choix différent. Il faut compter une bonne vingtaine d’années pour avoir confirmation de sa pertinence… Les nouveaux convertis ont tendance à se vautrer dans le prosélytisme, incités à cela par les effets bénéfiques d’un abandon de la malbouffe industrielle. Si leur régime est inadapté à leur métabolisme, ils/elles observeront une dégradation — après un temps qui peut être très variable — et s’orienteront vers d’autres pratiques.
D’autres attribueront ces effets à une mauvaise observance des préceptes, voire un besoin de « purification », d’où la tendance à cumuler les tentatives de « détox » — voir mon article sur ce sujet. Le passage de la nutrition à la religion se fait sans garde-fou ! Lire cet article de Leigh Alexander (2016N216) exposant avec humour les aléas de sa recherche d’un régime idéal…
⇪ ▷ Liens
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Article créé le 2/04/2016 - modifié le 12/12/2024 à 08h45