Agroécologie

L’avocat, ami ou ennemi ?

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⚪️ Les avocats sont deve­nus une mode alimen­taire dans le monde occi­den­tal, où les fruits crémeux sont dispo­nibles dans les maga­sins, les cafés et les restau­rants. Les avocats sont riches en calo­ries, contiennent prin­ci­pa­le­ment des graisses mono­in­sa­tu­rées et sont « bons pour le choles­té­rol ». Le fruit est plein de nutri­ments essen­tiels, y compris le potas­sium et la vita­mine C. Mais il existe un côté plus sombre…

Au Chili, l’un des plus grands four­nis­seurs au monde, la culture de l’avo­cat a des consé­quences drama­tiques, liée à des pénu­ries d’eau, des viola­tions des droits de l’homme et des dommages envi­ron­ne­men­taux. La province de Petorca a une longue tradi­tion de culture d’avo­cats. Autrefois culti­vée par de petits agri­cul­teurs, la produc­tion a explosé depuis le boom mondial de l’avo­cat des années 1990. Les grands proprié­taires terriens y dominent désor­mais le marché de l’avo­cat. Et leur acti­vité néces­site de grandes quan­ti­tés d’eau : il faut jusqu’à 1000 litres d’eau pour faire pous­ser un kilo de fruits (envi­ron trois avocats) — beau­coup plus que pour un kilo de tomates ou de pommes de terre. La région souffre d’une grave pénu­rie d’eau aggra­vée par le chan­ge­ment clima­tique. Les lits des rivières se sont assé­chés il y a des années. Les camions apportent des réser­voirs d’eau aux familles dans le besoin, tandis que des milliers d’hec­tares d’avo­cats juste à côté sont arro­sés de réser­voirs artificiels.

Rodrigo Mundaca a fondé l’ONG ModatimaN1. Il se bat pour le droit à l’eau — un droit garanti par l’ONU et pour lequel le Chili s’est engagé. Une enquête aérienne réali­sée en 2012 a révélé que 64 pipe­lines détour­naient l’eau de la rivière sous terre, appa­rem­ment pour irri­guer les champs d’avo­cats. Lorsque les mili­tants de Modatima ont publi­que­ment exprimé leurs critiques, ils ont reçu des menaces de mort.

L’eau est deve­nue une marchan­dise au Chili en 1981 sous la dicta­ture de Pinochet, ce qui signi­fie qu’elle est priva­ti­sée. Ceux qui offrent le plus d’argent obtiennent des permis d’uti­li­sa­tion de l’eau, même à vie, quelles que soient les consé­quences poten­tielles pour l’écosystème.

Les avocats ont égale­ment une empreinte envi­ron­ne­men­tale désas­treuse. Ils sont embal­lés pour éviter les dommages et trans­por­tés en Europe dans des cargos clima­ti­sés. Le fruit mûrit ensuite dans une usine à Rotterdam avant d’être envoyé « prêt à manger » dans les super­mar­chés alle­mands. « L’Europe veut manger saine­ment — à nos frais », explique Mundaca. ⚪️

Versión en español

⚪️ En Europa, el agua­cate se consi­dera un “super­a­li­mento”. Sin embargo, en Chile, los agua­cates son sinó­nimo de esca­sez de agua, viola­ción de los dere­chos huma­nos y una profunda huella ecológica.

En la provin­cia de Petorca, se cultiva agua­cate desde tiem­pos inme­mo­riales. Practicado inicial­mente por pequeños agri­cul­tores, el auge en la popu­la­ri­dad de esta fruta en los 90 provocó un incre­mento expo­nen­cial de la produc­ción. Desde entonces, los grandes terra­te­nientes domi­nan el mercado del agua­cate en Petorca, y consu­men canti­dades ingentes de agua para su cultivo. Para produ­cir un kilo de agua­cates, unas tres piezas, se nece­si­tan hasta mil litros de agua, una canti­dad mucho mayor que para culti­var la misma canti­dad de tomates o pata­tas. La región es presa de una perti­naz esca­sez de agua. Los cauces están secos desde hace años y muchas perso­nas depen­den de camiones aljibe para abas­te­cerse de agua. Mientras tanto, las grandes explo­ta­ciones riegan sus miles de hectá­reas de agua­cates con agua prove­niente de repre­sas artificiales.

Rodrigo Mundaca fundó la ONG ModatimaN1. Lucha por el dere­cho al agua que garan­tiza la ONU, y que Chile también reco­noce. Una inves­ti­ga­ción aérea reveló en 2012 la exis­ten­cia de 64 cañerías subterrá­neas que desvían el agua de los ríos para, supues­ta­mente, regar las plan­ta­ciones de aguacate.

Además, desde 1981, durante la dicta­dura de Pinochet, el agua en Chile es un bien privado. Las licen­cias para explo­tarla se conce­den al mejor postor, con frecuen­cia con carác­ter vitalicio.

A esto se suma el penoso balance ecoló­gico del agua­cate. Las frutas se envían a Europa por barco, cuida­do­sa­mente empa­ca­das en espuma y alma­ce­na­das en conte­ne­dores clima­ti­za­dos. Posteriormente, los agua­cates termi­nan de madu­rar en una factoría de Róterdam, desde donde el “super­a­li­mento” se distri­buye a los super­mer­ca­dos alemanes listo para su consumo. “Europa quiere alimen­tarse de manera salu­dable a nues­tra costa”, dice Mundaca. ⚪️

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  • N1 · dysx · ONG Modatima au Chili

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Article créé le 25/01/2020 - modifié le 1/02/2023 à 10h38

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