Climat

Discours sur le climat

• Bookmarks: 11392


Il s’est écoulé plusieurs années avant que je me décide à docu­men­ter un sujet qui, pour­tant, inté­resse notre santé, notre style de vie et notre « vivre ensemble »… La survie de l’es­pèce humaine serait en jeu, à en croire certains messages des médias. Je m’étais long­temps contenté de garder sous le coude des articles, des liens vers des blogs, et quelques volu­mi­neux ouvrages taxés de « climato-scepticisme ». C’est préci­sé­ment de cette litté­ra­ture qu’il sera ques­tion ici, en faisant fi de toute disso­nance cogni­tiveN1. Les écrits sérieux et docu­men­tés permettent d’en­ga­ger un examen critique dédra­ma­tisé du « discours sur le climat ».

Avertissement : toute prise de parole sur « le climat » s’ex­pose à une tenta­tive de disqua­li­fi­ca­tion enten­due des centaines de fois dans les débats fran­co­phones : « Mais vous n’êtes pas clima­to­logue ! » Je me demande si les auteurs de tels commen­taires savent en quoi consiste le métier de clima­to­logue… Le physi­cien François Gervais remarque (Moranne JM, 2020A89 p. 4) :

Le mot-clé « clima­to­lo­gie » est l’un des 55 qui défi­nissent le champ de l’en­sei­gne­ment et de la recherche dans le cadre de la section 23, Géographie physique, humaine, écono­mique et régio­nale, du Conseil National des Universités. De même que les univer­si­tés savent défi­nir les compé­tences d’un mathé­ma­ti­cien, d’un physi­cien, d’un chimiste, d’un biolo­giste, d’un géographe pour éven­tuel­le­ment les recru­ter, de même la clima­to­lo­gie appa­raît à sa juste place, une sous-discipline de la géogra­phie parmi 54 autres. Combien d’au­teurs des rapports du GIEC, le Groupe d’ex­perts inter­gou­ver­ne­men­tal sur l’évo­lu­tion du climat, ont-ils soutenu une thèse en climatologie ?

Mais, après tout, c’est sans impor­tance : quand des jour­na­listes, des poli­ti­ciens ou des mili­tants (souvent très jeunes) relaient avec fougue un propos alar­miste sur la « crise clima­tique », personne ne s’au­to­rise à les ques­tion­ner sur leur culture scien­ti­fique et tech­nique. En tout cas, pas moi.

Les argu­ments d’au­to­ritéN2 servent à inter­dire tout débat avec les réfrac­taires à une doctrine, expo­sée avec passion, qui s’im­pose à la manière d’un embri­ga­de­ment. Chacun accuse le camp opposé de complo­tisme, un autre verrou de l’es­prit critique.

Le terme « embri­ga­de­ment » peut choquer. Mais je le crois appro­prié, et certai­ne­ment dans la conti­nuité du « Nous sommes en guerre » déclaré par le Président Macron en mars 2020, au début de la crise sani­taire causée par la circu­la­tion du virus SARS-CoV‑2. Car, si l’on fait face à une crise clima­tique, il est légi­time de se mobi­li­ser pour entrer en rébel­lion

Documenter le discours sur le climat s’est avéré bien plus diffi­cile que de suivre au jour le jour la crise sani­taire — voir mon article Coronavirus — discussion. Le sujet est plus vaste, plus tech­nique, plus étendu histo­ri­que­ment, et poten­tiel­le­ment porteur d’en­jeux à très long terme. Malheureusement, les jour­na­listes se contentent de surfer sur l’im­mé­diat, solli­ci­tant les éléments de langage des porte-voix de « La Science » à l’oc­ca­sion d’évé­ne­ments météo­ro­lo­giques extrêmes qui sont presque deve­nus quoti­diens en été 2023…

Les articles et ouvrages qui ont retenu mon atten­tion ne sont pas de simples « billets d’hu­meur ». Les opinions des experts — qu’il est convenu d’ac­cu­ser d’être « auto-proclamés » — ne m’in­té­ressent pas. Ce sont pour la plupart de maigres extraits, inter­pré­tés et extra­po­lés de manière invé­ri­fiable, de Résumés pour les déci­deurs (SPM) de rapports du GIEC (Gervais F, 2022A47 p. 145). L’absence de sources, dans ces articles de presse, exclut toute analyse critique. Quant à la lecture inté­grale d’un rapport du GIEC — 2408 pages pour l’AR6 du Groupe 1 (2021N3) —, elle exige­rait beau­coup de temps, et surtout des compé­tences dans l’in­té­gra­lité des domaines couverts par la litté­ra­ture dont ils proposent une synthèse. Mes infor­ma­teurs n’ont pas peur de mani­pu­ler des formules chimiques ou des équa­tions diffé­ren­tielles… Je n’irai pas aussi loin ! 😀

Je me suis inté­ressé à des ouvrages ou des articles dont les conte­nus sont étayés par des liens vers des sources primaires — autre­ment dit, des publi­ca­tions de revues scien­ti­fiques à comité de lecture. Exit Wikipedia et son culte des données secon­daires, comme expli­qué dans ma présentation

Surprise agréable : les pages de plusieurs blogs fran­co­phones climato-réalistes sont ouvertes aux commen­taires. Mais surtout, leurs auteurs veillent à répondre aux ques­tions et aux avis contra­dic­toires avec des argu­ments soli­de­ment docu­men­tés. On apprend parfois plus à lire les commen­taires que les articles qui les ont moti­vés ! Après tout, « faire de la science » c’est, entre autres, dialo­guer avec celles et ceux qui expriment des avis diver­gents, pourvu qu’ils s’ap­puient sur des faits.

J’invite les lecteurs de cette page à faire de même : suivre les liens, consul­ter les articles, lire (en entier) les ouvrages cités, pour ensuite reve­nir s’ex­pri­mer en public dans les commentaires.

➡ La suite de cet article n’est pas trans­crite orale­ment. Il n’est pas possible d’abor­der ce sujet sans avoir sous les yeux toutes les données, les images et les liens vers les sources !

Sommaire

Le GIEC et Al Gore, Prix Nobel 2007

En 1988 a été fondé le Groupe d’ex­perts inter­gou­ver­ne­men­tal sur l’évo­lu­tion du climat (GIEC). Le terme anglais Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) ne contient pas le mot « expert », qui en fran­çais peut prêter à confu­sion. En effet, cet orga­nisme ne dirige pas des travaux scien­ti­fiques. Il est chargé de docu­men­ter et synthé­ti­ser toute la litté­ra­ture ayant trait au chan­ge­ment climatique.

À l’ori­gine, le docu­ment “Principles Governing IPCC Work” préci­sait que le GIEC (IPCC) avait pour mission d’étu­dier le risque du chan­ge­ment clima­tique causé par l’ac­ti­vité humaine. Ce lien de causa­lité a disparu par la suite, une fois établi « par consen­sus » que l’ac­ti­vité humaine — compre­nez, les « gaz à effet de serre » — était la prin­ci­pale cause du réchauf­fe­ment de la Planète. À tout le moins, en atten­dant la preuve de ce lien causa­tif, on pouvait accu­ser le « réchauf­fe­ment » d’aug­men­ter la fréquence et l’am­pli­tude des événe­ments météo­ro­lo­giques extrêmesN4 : cyclones, séche­resses, inon­da­tions, cani­cules, vagues de froid, etc.

Le GIEC regroupe 195 États dont les repré­sen­tants ont un droit de vote iden­tique. Le mode de fonc­tion­ne­ment fait appa­raître les déci­sions comme autant de consen­sus dans l’in­ter­pré­ta­tion d’ar­ticles scien­ti­fiques sélec­tion­nés par des groupes d’experts.

Le terme « consen­sus » s’est imposé dans le discours sur ce qui a été appelé, succes­si­ve­ment, « réchauf­fe­ment clima­tique », « chan­ge­ment clima­tique », puis « dérè­gle­ment clima­tique », « crise clima­tique » et enfin « urgence clima­tique ». Cette dérive du voca­bu­laire reflète la convic­tion crois­sante de l’in­fluence sur le climat de l’ac­ti­vité humaine : indus­trie, agri­cul­ture, trans­ports, chauf­fage urbain, etc. Une influence néfaste que les humains ont le pouvoir (et le devoir) de contre­car­rer, dans une lutte achar­née contre le réchauf­fe­ment climatique.

Aux yeux du public — et des déci­deurs poli­tiques — le consen­sus est un gage de vérité, bien qu’il soit aux anti­podes d’une démarche scien­ti­fique, laquelle consiste à soumettre toute hypo­thèse à l’épreuve du réel. Cet examen procède d’une démarche critique, consi­dé­rant avec une atten­tion parti­cu­lière les faits qui paraissent contre­dire l’hy­po­thèse. La recherche de consen­sus a poussé le GIEC à privi­lé­gier les « scéna­rios de climat » produits par les modèles mathé­ma­tiques des clima­to­logues, balayant du revers du coude ses détrac­teurs et ses propres contra­dic­tions (Masson H, 2019A83) :

En infé­rence statis­tique, quand après un calcul de courbe de régres­sion, les rési­dus ne sont pas constants et négli­geables, on conclut que le modèle est impar­fait et l’on change de modèle. Le GIEC, lui, inter­prète la non-constance des anoma­lies de tempé­ra­ture en clamant que c’est le système clima­tique qui dérive, tout en gardant une confiance aveugle dans ses modèles.

L’ouvrage Impasses Climatiques (Gervais F, 2022A47) expose clai­re­ment les dysfonc­tion­ne­ments qui révèlent une approche pseu­dos­cien­ti­fique du sujet. L’auteur a été accré­dité par le GIEC comme expert revie­wer des deux plus récents rapports AR5 (en 2013) et AR6 (en 2021) dont il a signalé — sans effet — les erreurs et contra­dic­tions (2022A47 p. 145–158). Depuis cette « muti­ne­rie », Gervais est cata­lo­gué « clima­tos­cep­tique », alors que ce profes­seur émérite à l’Université de Tours a dirigé un labo­ra­toire du CNRS (UMR 6157). Ancien conseiller scien­ti­fique du Pôle de compé­ti­ti­vité Sciences et Systèmes de l’Énergie Électrique, il est médaillé du CNRS en ther­mo­dy­na­mique, et lauréat du prix Ivan Peyches de l’Académie de sciences. Excusez du peu !

Un autre person­nage déran­geant, récem­ment mis sur la touche, est l’un des trois lauréats du Prix Nobel 2022, John Clauser, président de la CO2 coali­tionN5. Lire à son sujet un article de Mattias Desmet, sans oublier les complé­ments de lecture au bas de la page.

En 2007, le prix Nobel de la paix avait été conjoin­te­ment attri­bué au GIEC et à l’an­cien vice-président des États-Unis d’Amérique, Al Gore, suite à la diffu­sion de son film An Inconvenient Truth (Une vérité qui dérange), un docu­men­taire aler­tant sur les effets drama­tiques du réchauf­fe­ment de la Planète causé par l’ac­ti­vité humaine. Selon cette « vérité », le chan­ge­ment clima­tique serait attri­bué prin­ci­pa­le­ment aux gaz à effet de serre, savam­ment dési­gné comme forçage radia­tifN6.

On peut rire des prédic­tions farfe­lues d’Al Gore, mais la France aussi a eu des clowns tristes de l’alar­misme clima­tique au sommet de l’État : le 28 septembre 2015, le Président François Hollande avait déclaré, à la 70e session de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, que les tsuna­mis et les trem­ble­ments de terre étaient un effet du réchauf­fe­ment climatique !

L’année 2007 était aussi celle du rapport AR4N7 du GIEC, dont les erreurs ont par la suite été recon­nues publi­que­ment (Gervais F, 2022A47 page 146) :

Répété à l’envi par le président du GIEC et par le secré­taire géné­ral des Nations Unies, l’AR4 a affirmé que le réchauf­fe­ment clima­tique pour­rait réduire la produc­tion agri­cole afri­caine de 50 % d’ici 2020. Le problème est qu’il n’y avait aucune preuve à l’ap­pui de cette affir­ma­tion. Le GIEC avait simple­ment réitéré une affir­ma­tion douteuse issue, non d’un article publié dans une revue inter­na­tio­nale à comité de lecture, mais d’une brochure publiée par une ONG. Le respon­sable du groupe de travail du GIEC a été contraint d’ad­mettre en 2010 que l’af­fir­ma­tion n’était nulle­ment étayée.

Le dioxyde de carbone (CO2) était seul dans le viseur, et par chance (pour les diri­geants) le bilan carboneN8 de toutes les acti­vi­tés humaines peut être calculé, puis inscrit dans le circuit écono­mique sous la forme de taxes carboneN9 et de quotas d’émis­sionN10. Ce n’est pas le cas, par contre, du protoxyde d’azote N2ON11 jugé 298 fois plus « polluant » que le CO2, dont une source impor­tante, bien que non mesu­rable en quan­tité, serait la culture du riz sous inon­da­tions inter­mit­tentesN12 (Kritee K et al., 2018A74).

Enfin et surtout, les calculs faisaient abstrac­tion de l’eau, sous forme de vapeur et de nuages, prin­ci­pal gaz « à effet de serre » (Lindzen R, 2018A77 p. 5). François Gervais écrit à ce sujet (2022A47 p. 79–80) :

Après une nuit sous une couver­ture nuageuse, la tempé­ra­ture mati­nale reste proche de celle de la veille au soir. En revanche, après une nuit sans nuages, elle est géné­ra­le­ment beau­coup plus fraîche que celle de la veille au soir. L’écart d’éner­gie asso­cié à ces chan­ge­ments de tempé­ra­ture est consi­dé­rable, beau­coup plus que la contri­bu­tion raison­na­ble­ment attri­buable aux émis­sions de CO2. C’est le cycle de l’eau et ses compo­santes vapeur et nuages qui régulent le climat de la Terre. Un chan­ge­ment de la couver­ture nuageuse ou de la distri­bu­tion de types de nuages, ou de la propor­tion de vapeur d’eau, est capable de contre­ba­lan­cer l’ef­fet du CO2 comme l’ont montré Dübal et Vahrenholt (2021A35).

Ces méca­nismes sont décrits en détail par Patrice Poyet (2022A108 p. 124–127). Extrait (p. 125) :

On pour­rait même dire que le climat est déter­miné par la quan­tité de pluie reçue, mois après mois, par n’im­porte quelle région de la Terre, et ni la théo­rie CAGW [catas­tro­phic anthro­po­ge­nic global warming] ni les modèles de circu­la­tion géné­raleN13 (GCM) asso­ciés ne sont bons pour faire des prévi­sions à cet égard (Koutsoyiannis, 2008A73). Le régime spatial et tempo­rel des préci­pi­ta­tions est une consé­quence de l’or­ga­ni­sa­tion de la circu­la­tion atmo­sphé­rique, dont le « but » est le trans­fert de la vapeur d’eau des zones tropi­cales vers les hautes lati­tudes où elle se condense et alimente le rayon­ne­ment de l’air vers le cosmos dans l’in­fra­rouge ther­mique (OLR, Outgoing Long-wave Radiation), de manière à compen­ser exac­te­ment, « en moyenne » sur l’en­semble du globe et sur quelques semaines, le flux solaire absorbé par le globe.

La vapeur d’eau, qui se préci­pite sous forme de pluie ou de neige, ne provient souvent pas de l’en­droit où il pleut ; elle provient du balayage par les alizés de milliers de kilo­mètres vers le nord et vers le sud : ces alizés convergent dans la « chemi­née équa­to­riale » ; pour les averses des fronts froids de nos lati­tudes, la vapeur d’eau vient de milliers de kilo­mètres au sud-ouest, et elle est trans­fé­rée vers le nord-est dans le couloir dépres­sion­naire qui précède les Anticyclones Mobiles Polaires (AMPA146) qui se déplacent, eux, vers le sud-est.

Veyres (2020) [commu­ni­ca­tion person­nelle] conclut « que les histoires de “forçage radia­tif par les gaz à effet de serre” sont un non-sens, et que c’est le contenu en vapeur d’eau de la haute tropo­sphèreN14, et non un réchauf­fe­ment de cette haute tropo­sphère, qui déter­mine et régule le flux ther­mique infra­rouge émis par le globe vers le cosmos. Rappelons encore une fois que c’est la quan­tité de vapeur d’eau autour de 9 km qui assure en quelques heures et quelques jours la régu­la­tion du rayon­ne­ment du globe vers le cosmos. » Par ailleurs, l’ef­fet régu­la­teur de la vapeur d’eau n’a été correc­te­ment évalué par aucun des modèles. La plupart de ses effets sont dus à son opacité dans les régions spec­trales des ondes longues. Les contri­bu­tions rela­tives de H2O, CO2 et O3 à la réduc­tion du flux sortant d’ondes longues sont très diffé­rentes, et l’ef­fet de H2O sur les ondes longues est telle­ment plus impor­tant que les effets de CO2 et O3 qu’il ne laisse aucune chance à d’autres gaz de jouer un rôle réel.

Deux articles de Brigitte Van Vliet-Lanoë et Jean Van Vliet (2022A145 ; 2022A146) dressent un bilan de l’in­fluence sur la météo et le climat de phéno­mènes très impor­tants — pour la plupart non modé­li­sés sur le long terme, et sans lien signi­fi­ca­tif avec l’ac­ti­vité humaine : circu­la­tion ther­mo­ha­line des océans (ther­mal conveyor belt), irra­diance solaire, jet streamsN15, vent solaire, etc. Conclusion en quelques mots :

L’évolution météo­ro­lo­gique est une image à très court terme du système clima­tique : elle n’a de valeur que si on l’intègre dans un contexte au mini­mum décen­nal. Madame Soleil (F) et Monsieur Météo (B) ne peuvent pas prédire l’évolution du climat. Encore moins les médias.

Représentation des données

Une première faiblesse du discours sur le climat réside dans l’in­ter­pré­ta­tion arbi­traire, voire tendan­cieuse, de données statis­tiques s’ap­puyant sur des modes de repré­sen­ta­tion simplistes.

Le mathé­ma­ti­cien Henri Masson (2023A84), par exemple, critique la méthode qui consiste à réduire une série tempo­relle de mesures à des droites de régres­sion. Le simple choix de l’in­ter­valle tempo­rel permet d’en modi­fier la pente, et donc la signi­fi­ca­tion en termes d’augmen­ta­tion ou de dimi­nu­tion. Sur l’image ci-dessous, la régres­sion linéaire des tempé­ra­tures de 1979 à 2009 fait appa­raître un réchauf­fe­ment global alors que, de 1998 à 2009, on assis­te­rait à un refroi­dis­se­ment. En divi­sant l’in­ter­valle en deux sections, on peut faire appa­raître une absence de varia­tion entre 1979 et 1997, ainsi qu’entre 1999 et 2009, avec un saut de 0.3 degrés en 1997–1998, résul­tat d’un événe­ment El NiñoN16. Aucune de ces trois repré­sen­ta­tions n’est réaliste…

Une méthode plus avan­cée d’ana­lyse d’une série tempo­relle consiste à déter­mi­ner en premier lieu ses compo­santes pério­diques en faisant appel à la trans­for­mée de Fourier de la fonc­tion d’autocorrélation (Masson H, 2023A84 figure 28). Dans l’exemple consi­déré, quatre compo­santes présentent une magni­tude supé­rieure à la compo­sante conti­nue (fréquence zéro) qui est de 0.15° C. On peut donc réduire la série à une somme de quatre sinu­soïdes et une compo­sante conti­nue : la courbe en rouge ci-dessous. La prolon­ga­tion de cette courbe suggère un passage par un maxi­mum proche de 0.8°C, qui serait suivi d’un refroi­dis­se­ment : une mauvaise farce pour ceux qui affirment qu’il suffit de prolon­ger (linéai­re­ment) les obser­va­tions pour prédire la conti­nua­tion, ou une accé­lé­ra­tion, du réchauf­fe­ment ! Voir à ce sujet le graphique en crosse de hockey de Michael E Mann (1998N17).

En l’ab­sence de modèle, cette hypo­thèse empi­rique (courbe en rouge) serait envi­sa­geable, et certai­ne­ment plus que celle d’une droite de régres­sion (en poin­tillés verts), car le coef­fi­cient de déter­mi­na­tionN18 est de 0.907 pour les sinu­soïdes et seule­ment 0.647 pour la droite.

Ajustement des données Hadcrut 5.0.1 par la droite de régres­sion (en traits poin­tillés) et une somme de 4 sinu­soïdes (courbe rouge). Source : Henri Masson (2023A84 figure 29)

La courbe rouge est en réalité proche de celle de l’Oscillation Atlantique Multidécennale (AMON19) qui corres­pond à un cycle d’en­vi­ron 60 à 70 ans (Schlesinger ME & N Ramankutty, 1994A127). François Gervais écrit à ce sujet (2022A47 p. 109) :

Le refroi­dis­se­ment de la Terre observé de 1945 à 1975 […] a prin­ci­pa­le­ment concerné l’hé­mi­sphère nord, comme le montrent de nombreuses études […]. L’AMO est juste­ment obser­vée dans l’Atlantique Nord, et l’os­cil­la­tion était en phase de refroi­dis­se­ment durant cette période. Elle n’est pas la seule. La compa­rai­son avec l’Oscillation [multi­dé­cen­nale du] Pacifique (PDON20) est confon­dante, dans la mesure où une phase froide est égale­ment obser­vée de 1947 à 1976 (figure 2.10).

Plus globa­le­ment, les indices AMO et PDO appa­raissent synchrones avec la série de tempé­ra­tures HadCRUT4N21. Tous trois confirment une phase montante récente. Si ces cycles se pour­suivent, ils devraient être suivis par une phase descen­dante dans les quelque trente ans à venir.

Gervais (2022A47 p. 110–111) :

Scafetta (2021aA124) iden­ti­fie plusieurs cycles supplé­men­taires d’am­pli­tudes toute­fois moindres. Il montre surtout, par une analyse de Fourier, que le cycle d’en­vi­ron 60 ans et les autres sont remar­qua­ble­ment corré­lés à la vitesse du soleil par rapport au centre de masse du système solaire (Scafetta N, 2009A121). Le cycle prin­ci­pal d’en­vi­ron 60 ans implique les deux planètes les plus massives, Jupiter et Saturne, selon que leurs orbites respec­tives autour du soleil les amènent ou non proches, avec des consé­quences gravi­ta­tion­nelles sur la boule de gaz défor­mable qu’est notre étoile, qui s’ajoutent si elles sont proches, ou non. Scafetta et al. (2020A126) consi­dèrent toute­fois d’autres expli­ca­tions possibles à ces obser­va­tions, toutes plus natu­relles les unes que les autres, du moins sans aucun lien avec les émis­sions de CO2.

Source : figure 2.23 (CSSR, 2014N22 p. 42)

La réduc­tion d’une série tempo­relle à une droite de régres­sion dans le sens souhaité — en choi­sis­sant pour cela les dates de début et de fin — révèle un tel amateu­risme qu’on est en droit de douter que des « experts du climat » y aient recours. Or cette mani­pu­la­tion des données a été utili­sée pour repré­sen­ter l’in­dice de puis­sance dissi­pée par les oura­gans dans l’Atlantique Nord, de 1981 à 2005. Ceci afin d’étayer, dans les rapports de la science du climat aux États-Unis (CSSR, 2014N22 p. 20), la prédic­tion d’un accrois­se­ment du nombre et l’in­ten­sité des oura­gans en Atlantique Nord (Koonin SE, 2021A70 p. 116–121). Cette prédic­tion n’était pas celle, entre autres, de James B Eisner et collègues (2006A37 page 92).

Un autre exemple de régres­sion sinu­soï­dale faisant appa­raître une pério­di­cité a été présenté par Gervais (2016A45). La figure ci-contre repré­sente l’évo­lu­tion de l’in­cer­ti­tude sur les valeurs supé­rieures et infé­rieures de la hausse du niveau des océans rappor­tées par les maré­graphes, selon la figure 3.14 du rapport AR5 (2013) du GIEC. La courbe en trait gras est une régres­sion par une sinu­soïde de période 62 ans. Elle fait appa­raître, sur la période 1900 à 2000, une hausse annuelle moyenne variant entre 1 et 3 millimètres.

Cette oscil­la­tion a été confir­mée par T Frederikse et al (2020A42), rappor­tant toute­fois une hausse moyenne de 1.52 ± 0.33 mm par an de 1900 à 2018, donc plus faible que la moyenne de la figure de Gervais qui était basée sur seule­ment 240 maré­graphes (2022A47 p. 118).

Un exemple d’in­ter­pré­ta­tion tendan­cieuse des données — pour parler vrai, une fraude scien­ti­fique — était la « recons­truc­tion » des tempé­ra­tures du deuxième millé­naire dans le troi­sième rapport du GIEC (2001). L’explication suivante a été four­nie par Christopher Walter (2013A148 p. 8) :

La période chaude médiévale et le petit âge glaciaire avaient été clairement illustrés par un schéma (image de gauche) dans le premier rapport d'évaluation du GIEC en 1990. Mais en 1995, David Deming, qui venait de publier un article reconstituant 1000 ans de températures mondiales grâce à des milliers de mesures effectuées dans des trous de forage à travers le monde et démontrant clairement l'existence de la période chaude médiévale, a reçu un courriel de Jonathan Overpeck, un auteur du GIEC, disant : "Nous devons effacer la période chaude médiévale." Ainsi, dans le troisième rapport d'évaluation du GIEC, publié en 2001, la période chaude médiévale et le petit âge glaciaire ont été abolis et, en limitant ingénieusement le nouveau graphique à l'hémisphère nord (image de droite), le réchauffement climatique du 20e siècle a été exagéré de 50 %.
Source : Christopher Walter
Monckton of Brenchley (2013A148 p. 8)

Précision des mesures

Elle est rare­ment discu­tée sur les plateaux des médias, en dépit des fortes marges d’in­cer­ti­tudes affi­chées sur les graphiques des météo­ro­logues. Le public a tendance à croire que les mesures par satel­lite de tempé­ra­tures de la surface terrestre sont les plus précises. Or il n’en est rien (SCM, 2015A119 p. 9) :

La tempé­ra­ture ne peut pas être mesu­rée direc­te­ment par les satel­lites. Dans le cas d’un satel­lite géosta­tion­naire et d’un temps dégagé, la tempé­ra­ture est obte­nue par appli­ca­tion de la loi de Planck, qui lie le rayon­ne­ment d’un corps noir (en surface — terre et océans) à la tempé­ra­ture.

Pour déter­mi­ner la tempé­ra­ture en alti­tude, les satel­lites à défi­le­ment (en orbite plus basse) utilisent la bande d’ab­sorp­tion du gaz carbo­nique, ou celle de l’oxy­gène dans le cas d’un temps nuageux. Dans les deux cas, il s’agit de mesures indi­rectes.

Les mesures par satel­lites sont impré­cises : des para­mètres comme la pres­sion ou la vitesse des vents sont diffi­ciles à esti­mer par satel­lite, et l’in­te­rac­tion des nuages avec le rayon­ne­ment est encore mal comprise. Les radars infra­rouges détectent les nuages les plus élevés, mais pas ceux situés en-dessous. Les capteurs micro-ondes voient à travers les nuages, mais évaluent mal les distances.

Ainsi, les mesures par satel­lites ne sont fiables qu’en temps dégagé, et la tempé­ra­ture ainsi esti­mée doit prendre en compte les incer­ti­tudes liées aux autres para­mètres, qui sont mal évalués.

➡ Il est certes discu­table de citer un docu­ment datant de 2015, sachant que les données et les connais­sances ont évolué. Mais la qualité péda­go­gique de ce texte de la Société de Calcul Mathématique m’oblige à le faire, en atten­dant une mise à jour de son contenu et de ses arguments.

Organigramme montrant les diffé­rentes étapes de trai­te­ment utili­sées pour construire l’en­semble de données TLT fusion­nées MSU (Microwave Sounding Unit) / AMSU (Advanced Microwave Sounding Unit). Source : Mears, CA & FJ Wentz (2017A88)

Les données satel­li­taires font donc l’ob­jet d’ajus­te­ments. Patrice Poyet écrit (2022A108 p. 389) :

Par exemple, les données de tempé­ra­ture (T) sur le graphique de la figure 45 [Poyet P, 2022A108 p. 118] ont été révi­sées par Mears et Wentz (2017A88) à la suite d’un nombre décon­cer­tant d’opé­ra­tions, comme le montre la figure 1, p. 7697 de leur article [voir ci-contre]. Après une augmen­ta­tion de 30 % des ajus­te­ments à la hausse, le dernier para­graphe de leur article four­nit une longue liste d’ex­cuses pour les futurs ajus­te­ments à la hausse. Avec chaque étude, la liste des excuses pour procé­der à de nouveaux ajus­te­ments à la hausse ne cesse de s’al­lon­ger. Et par pure coïn­ci­dence, il se trouve que tous les ajus­te­ments sont à la hausse. Cela clôture dix années de recherche finan­cée par le contri­buable, dont le seul but est de trou­ver des excuses qui paraissent légi­times, pour procé­der à des ajus­te­ments à la hausse des données de tempé­ra­ture satel­li­taires afin de les rendre compa­tibles avec la théo­rie du réchauf­fe­ment clima­tique causé par l’Homme.

En mer, les bouées météo­ro­lo­giques les plus utili­sées (depuis 1970) étaient déri­vantes et trans­met­taient leurs mesures par radio. Elles suivaient les courants marins et ne mesu­raient donc jamais deux fois la tempé­ra­ture en un même point (SCM, 2015A119 p. 9). D’autres bouées ont été fixées par une ancre au fond de l’océan, mesu­rant la tempé­ra­ture à une profon­deur. de 3 mètres, et permettent d’éta­lon­ner et vali­der les données satel­li­taires. En raison de leur coût, ces dernières ne sont pas répar­ties sur un réseau mondial — voir figure 4 (SCM, 2015A119 p. 14).

Les navires de recherche ont égale­ment été utili­sés pour des mesures de tempé­ra­tures, toute­fois avec des erreurs de l’ordre de 0.6 degrés, du fait que le capteur était situé à proxi­mité de la salle des machines (SCM, 2015A119 p. 10).

À partir de 1990, la NOAA a intro­duit un ajus­te­ment appli­qué aux données des bouées, ajou­tant envi­ron +0.12°C aux rele­vés des bouées lors de la construc­tion de la série ERSSTv4. John R Christy commente (2016A24 p. 7, 8) :

En 1980, seuls 10 % envi­ron des rapports de données prove­naient de bouées, alors qu’en 2000, 90 % envi­ron étaient des données de bouées. Ainsi, étant donné que l’in­fluence des données des bouées s’est consi­dé­ra­ble­ment accrue au fil du temps, le simple ajout d’un biais à toutes les bouées depuis le début a créé une tendance au réchauf­fe­ment à mesure qu’elles deve­naient la prin­ci­pale source d’in­for­ma­tion. […]

La NOAA a utilisé une curieuse variable de réfé­rence pour étalon­ner les tempé­ra­tures de l’eau mesu­rées à partir des prises d’eau des navires : la tempé­ra­ture de l’air marin nocturne (NMAT). Cette curio­sité s’ex­plique par le fait que des ajus­te­ments consi­dé­rables sont néces­saires pour les NMAT elles-mêmes, c’est-à-dire des correc­tions pour la hauteur du pont du navire, etc. Quoi qu’il en soit, les données des bouées ont ensuite été ajus­tées pour corres­pondre aux données des navires. Il semble donc que le proces­sus d’ajus­te­ment fonda­men­tal dépende des NMAT pour ajus­ter les données des navires afin d’ajus­ter ensuite les données des bouées.

Les stations de mesure de la tempé­ra­ture terrestre sont très irré­gu­liè­re­ment répar­ties sur le globe. De plus, la NOAA n’uti­li­sait (en 2015) qu’en­vi­ron un quart des 6000 stations, ce qui rendait encore plus problé­ma­tique le sous-échantillonnage. À cela s’ajoute le fait que les stations de météo sont de plus en plus souvent situées en zone urbaine, ou près des aéro­ports, ce qui donne des mesures plus élevées que celles autre­fois préle­vées dans des zones rurales. Cela rend problé­ma­tique la construc­tion de séries tempo­relles cohérentes.

Patrice Poyet écrit (2022A108 p. 388) :

Spencer (2016A135) a calculé l’ef­fet moyen de l’Îlot de chaleur urbain (ICUN23) dans les données météo­ro­lo­giques quoti­diennes de surface qu’il a calcu­lées à partir des stations météo­ro­lo­giques du monde entier au cours de l’an­née 2000, sur la base des diffé­rences de tempé­ra­ture quoti­diennes entre les stations de tempé­ra­ture voisines, et en déduit que « comme on peut le voir, même à des densi­tés de popu­la­tion aussi faibles que 10 personnes par kilo­mètre carré, il y a un réchauf­fe­ment moyen de 0,6 C (1° F), qui est presque aussi impor­tant que le signal de réchauf­fe­ment global au cours du siècle dernier » et peut aller jusqu’à 2.2°C pour des densi­tés de popu­la­tion allant jusqu’à 7000 personnes par km2.

Roy W Spencer ajoute (2016A135 p. 10) :

Dans le cas des mesures effec­tuées à l’aide de ther­mo­mètres, ces chan­ge­ments n’ont pas eu d’in­ci­dence sur les prévi­sions météo­ro­lo­giques, car ils sont minimes (géné­ra­le­ment un degré ou moins) par rapport à l’am­pleur des chan­ge­ments météo­ro­lo­giques quoti­diens. En revanche, ils sont consé­quents et préju­di­ciables pour la surveillance de la tempé­ra­ture à long terme.

Mototaka Nakamura écrit (2018A95 p. 14, cité par Jean-Claude Pont, 2020A106) :

Pour les périodes anté­rieures les données de tempé­ra­ture recueillies ne valent que pour de très petites surfaces (par rapport à la surface totale de la Terre) et présentent donc un biais spatial impor­tant. Nous ne dispo­sons pas d’une quan­tité suffi­sante de données pour calcu­ler la tendance de la tempé­ra­ture moyenne globale de surface pour la période présa­tel­lite. En réalité, ce biais spatial impor­tant fait planer une grande incer­ti­tude sur la signi­fi­ca­tion (ou l’absence de signi­fi­ca­tion) de la « tendance de la tempé­ra­ture moyenne globale de surface » avant 1980.

Répartition mondiale des stations de mesure terrestres en 2010

Les méthodes de calcul des moyennes sont expli­quées en détail sur le docu­ment de la SCM (2015A119 p. 19–23). La moyenne arith­mé­tique, la plus souvent utili­sée, n’au­rait aucun sens pour la Terre entière, du fait de l’iné­ga­lité de répar­ti­tion des capteurs. Elle est donc réser­vée à des terri­toires homo­gènes comme les États-Unis.

Des correc­tions de tempé­ra­tures ont été effec­tuées sur des données anciennes, comme celles induites en 2001 par les chan­ge­ments des analyses du GISS (Goddard Institute for Space Studies) et du USHCN (United States Historical Climatology Network). Les mathé­ma­ti­ciens protestent (SCM, 2015A119 p. 27, 29) :

Notons encore une fois qu’ap­por­ter des correc­tions à une série de données n’est légi­time que si l’on apporte ces correc­tions à toutes les données ; si on ne le fait qu’à partir d’une certaine date, cela fausse les compa­rai­sons. […]

L’ensemble de l’in­for­ma­tion rela­tive aux tempé­ra­tures mondiales est entiè­re­ment dépourvu de valeur scien­ti­fique, et ne devrait servir de base à aucune déci­sion poli­tique. On constate, de manière parfai­te­ment claire, que :

• Les capteurs de tempé­ra­ture sont en nombre beau­coup trop faible pour donner une idée de la tempé­ra­ture du globe ;
• On ne sait pas, par prin­cipe, ce qu’une telle tempé­ra­ture pour­rait signi­fier. On ne parvient pas à lui donner un sens physique précis ;
• On constate de nombreuses dissi­mu­la­tions et mani­pu­la­tions dans les données ; il y a une volonté affi­chée de passer sous silence ce qui pour­rait passer pour rassu­rant, et de mettre en évidence ce qui est présenté comme inquié­tant ;
• Malgré cela, l’uti­li­sa­tion la plus directe des chiffres dispo­nibles ne montre pas de vraie tendance au réchauffement !

Dans la pratique, ce ne sont pas des « tempé­ra­tures » qui sont moyen­nées, mais les « anoma­lies de tempé­ra­tures » (Poyet P, 2022A108 p. 385) :

La première chose à comprendre est qu’il ne s’agit pas de tempé­ra­tures. Comme l’ex­plique Hausfather (2014A58) : « La façon dont le NCDC, le GISS, Hadley, calculent les soi-disant tempé­ra­tures consiste à prendre les données des stations, à les traduire en anoma­lies en sous­trayant la moyenne à long terme pour chaque mois de chaque station (par exemple la moyenne 1961–1990), à assi­gner chaque station à une cellule de la grille, à faire la moyenne des anoma­lies de toutes les stations dans chaque cellule de la grille pour chaque mois, et à faire la moyenne de toutes les cellules de la grille chaque mois, pondé­rée par leur super­fi­cie respec­tive. » Les détails diffèrent légè­re­ment d’un groupe à l’autre, mais c’est ainsi qu’ils produisent des données, appe­lées anoma­lies et présen­tées sous forme de tempé­ra­tures. Non seule­ment cette méthode “Gridded Anomalies” refroi­dit le passé et augmente la tendance, et toutes les personnes honnêtes impli­quées dans un tel proces­sus l’ad­met­tront, mais elle conduit égale­ment à remettre en ques­tion l’in­té­grité, l’ho­mo­gé­néité et la stabi­lité à long terme du proces­sus, étant donné que de nombreux chan­ge­ments se produisent au fil du temps, comme nous le verrons. […]

[…] les chan­ge­ments appor­tés au GHCN [Global Historical Climatology Network] au fil du temps et les métho­do­lo­gies utili­sées intro­duisent certains biais qui sont encore aggra­vés par le fait que le réseau mondial d’ob­ser­va­tion du NCDC, le cœur et l’âme de la mesure des condi­tions météo­ro­lo­giques de surface, est confronté à de sérieux défis. L’urbanisation a placé de nombreux sites dans des endroits inap­pro­priés, sur de l’as­phalte noir et chaud, à côté de barils d’or­dures ména­gères, à côté de conduits d’éva­cua­tion de la chaleur, et même atta­chés à des chemi­nées chaudes et au-dessus de grils exté­rieurs ! Les données et l’ap­proche adop­tées par de nombreux alar­mistes du réchauf­fe­ment clima­tique sont grave­ment erro­nées. Si les données mondiales étaient correc­te­ment ajus­tées pour tenir compte de l’ur­ba­ni­sa­tion et de l’emplacement des stations, et si les ques­tions liées aux chan­ge­ments d’uti­li­sa­tion des sols étaient abor­dées, il en ressor­ti­rait un schéma cyclique de hausses et de baisses, avec une tendance de fond beau­coup moins marquée. […]

Ces séries tempo­relles sont construites par certains proces­sus — et non simple­ment mesu­rées — et […] leur qualité dépend de la confiance que l’on place en elles et dans les proces­sus qui les ont générées.

Artéfacts

Steven E Koonin a montré (2021A70 p. 100–110) comment le Climate Science Special Report (CSSR), aux USA, affi­chait les données de tempé­ra­tures extrêmes sous un format conci­liable avec une conclu­sion alar­miste (CSSR, 2017N24 p. 19) :

Les tempé­ra­tures extrêmes ont connu des chan­ge­ments marqués dans l’en­semble des États-Unis conti­nen­taux. Le nombre de records de tempé­ra­tures élevées établis au cours des deux dernières décen­nies dépasse de loin celui des records de tempé­ra­tures basses.

La figure suivante sert de justificatif :

Figure 6.5. Changements observés dans l'occurrence des températures quotidiennes record dans les États contigus des États-Unis. Les barres rouges indiquent une année au cours de laquelle les records quotidiens de température maximale ont été plus nombreux que les records quotidiens de température minimale, tandis que les barres bleues indiquent une année au cours de laquelle les records de température minimale ont été plus nombreux que les records de température maximale. La hauteur de la barre indique le rapport entre les maxima et les minima (rouge) ou entre les minima et les maxima (bleu). Par exemple, un rapport de 2:1 pour une barre bleue signifie qu'il y a eu deux fois plus de minima quotidiens que de maxima quotidiens cette année-là. Les estimations sont issues de stations à long terme avec un minimum de données manquantes dans le Global Historical Climatology Network-Daily dataset. Source : Climate Science Special Report: Fourth National Climate Assessment (NCA4), Volume I (CSSR, 2017N24 p. 192)

Steven Koonin commente (2021A70 p. 102) :

J’ai été trou­blé par une inco­hé­rence appa­rente entre ce graphique et d’autres, plus bas dans le rapport, en parti­cu­lier [la figure 6.3]. Elle montre que la tempé­ra­ture moyenne la plus froide de chaque année a clai­re­ment augmenté depuis 1900, alors que la tempé­ra­ture moyenne la plus chaude n’a prati­que­ment pas changé au cours des soixante dernières années, étant à peu près la même aujourd’­hui qu’en 1900.

Figure 6.3. Source : CSSR (2017N24 p. 190)

[…] il me semblait possible que le rapport entre les records de chaleur et les records de froid illus­tré par [la figure 6.5] augmente, non pas parce que les records de chaleur deviennent plus fréquents, mais parce que, à mesure que les tempé­ra­tures les plus froides se réchauffent, le déno­mi­na­teur du rapport (nombre de records quoti­diens de froid) dimi­nue, tandis que son numé­ra­teur (nombre de records quoti­diens de chaleur) n’a prati­que­ment pas changé au cours des dernières décennies.

Koonin explique ensuite (2021A70 p. 103–105) que les records de tempé­ra­tures comp­ta­bi­li­sés par le CSSR sont des running records (records en continu), autre­ment dit lorsque la tempé­ra­ture maxi­male d’un jour de l’an­née, pour une station météo, excède celles de toutes les années précé­dentes. Pour la période étudiée (1930–2017), le nombre de running records était logi­que­ment au plus haut les premières années — démar­rant à 365 la première année — puis il dimi­nuait les années suivantes pour atteindre quelques unités au final. Au début de la période, le rapport entre maxima et minima était proche de 1, puis il prenait une valeur de plus en plus incer­taine à mesure que le numé­ra­teur et le déno­mi­na­teur dimi­nuaient. C’est pour ces raisons (un simple arté­fact mathé­ma­tique) que les hauteurs des barres de la figure 6.5 appa­raissent, au cours du temps, de plus en plus chao­tiques — et dénuées de signi­fi­ca­tion. Et non en raison d’un sous-entendu « dérè­gle­ment du climat ». Steven Koonin ajoute (2021A70 p. 106) :

Ayant compris que la présen­ta­tion par le CSSR des tempé­ra­tures quoti­diennes enre­gis­trées aux États-Unis était très trom­peuse, j’ai natu­rel­le­ment voulu savoir ce qu’une analyse correcte — utili­sant des records abso­lus — montre­rait. J’ai égale­ment voulu savoir ce qu’il en était des tempé­ra­tures extrêmes avant 1930…

L’analyse a donc été refaite par le profes­seur John Christy, de l’Université de l’Alabama, avec le résul­tat suivant (Koonin SE, 2021A70 p. 107) :

Nombres d'extrêmes de température quotidiens enregistrés aux États-Unis pour 725 stations américaines de 1895 à 2018, calculés par la méthode « absolue». Source : Steven E Koonin (2021A70 p. 107)

Présentées ainsi, les données sont nette­ment moins inquié­tantes… Steven Koonin ajoute (2021A70 p. 106–110) :

Les records de tempé­ra­ture montrent clai­re­ment que les années 1930 ont été chaudes, mais il n’y a pas de tendance signi­fi­ca­tive sur les 120 années d’ob­ser­va­tion, ni même depuis 1980, lorsque l’in­fluence humaine sur le climat s’est forte­ment accrue. En revanche, le nombre de records abso­lus quoti­diens de froid dimi­nue sur plus d’un siècle, cette tendance s’ac­cé­lé­rant après 1985. Ces deux graphiques montrent une chose qui va tota­le­ment à l’en­contre de la percep­tion commune, à savoir que les tempé­ra­tures extrêmes dans la zone conti­nen­tale des États-Unis sont deve­nues moins fréquentes et un peu plus douces depuis la fin du 19e siècle.

Malgré cela, le résumé de la CSSR met en exergue le graphique de rapports erro­nés [figure 6.5] avec la légende : « Les records de chaleur jour­na­lière sont plus fréquents. » […]

Voilà donc les raisons pour lesquelles j’ai une “Very High Confidence” (confiance très élevée) à iden­ti­fier et corri­ger une fausse repré­sen­ta­tion de la science clima­tique dans un rapport offi­ciel du gouver­ne­ment. Il ne s’agit pas d’un pinaillage, c’est vrai­ment impor­tant. La notion erro­née d’une augmen­ta­tion de la fréquence des records de tempé­ra­ture aux États-Unis est suscep­tible de se réper­cu­ter dans les rapports d’éva­lua­tion ulté­rieurs, qui citent imman­qua­ble­ment les rapports précé­dents. […] Il en est de même pour les repré­sen­ta­tions média­tiques de la science du climat, qui donnent voix à de telles « conclu­sions » trom­peuses. […]

Il se trouve que les preuves d’une augmen­ta­tion des tempé­ra­tures les plus froides sont parfai­te­ment cohé­rentes avec un réchauf­fe­ment du globe — mais pas une « planète en feu » qui donne à voir des graphiques d’ex­plo­sion des températures.

➡ Steven Koonin parle ici de « réchauf­fe­ment du globe ». Certes, son analyse des données s’écarte du discours d’ur­gence clima­tique, mais dans son ouvrage (2021A70) il fait l’éco­no­mie d’un examen métho­dique du lien de causa­lité affirmé entre ce réchauf­fe­ment et la produc­tion humaine de gaz à effet de serre. Est-ce par prudence ? La deuxième partie de son livre (p. 207–255) désa­morce les critiques, étant consa­crée à des « réponses » dans l’air du temps : dimi­nuer les produc­tions de CO2, de méthane et de CFC, déve­lop­per les tech­no­lo­gies de produc­tion d’éner­gie « décar­bo­née », les petites centrales nucléaires, la fusion… ainsi que s’adap­ter au chan­ge­ment clima­tique et lutter direc­te­ment contre le réchauf­fe­ment par des tech­niques de géo-ingénierie. Il écrit (p. 249) :

Le climat est en train de chan­ger, les humains y jouent un rôle, et pour­tant notre besoin global d’éner­gie augmente en même temps ; nous devons prendre conscience de ce que cela pour­rait impli­quer dans l’avenir.

Un autre exemple d’ar­té­fact signalé par Koonin (2021A70 p. 121–126) est le décompte des tornades aux USA. Il appa­raît comme crois­sant sur le site du NCEI (2022N25), lais­sant suppo­ser que cette augmen­ta­tion du nombre de tornades serait un effet du réchauf­fe­ment climatique :

Source : NCEI (2022N25)

Toutefois, Steven Koonin précise (2021A70 p. 123) :

La violence des tornades est mesu­rée selon l’échelle Fujita amélio­rée […] Les caté­go­ries de violence vont de EF0, pour des tempêtes très faibles, à EF5, pour des tempêtes dont les vents dépassent les 260 mph [420 km/h]. Aujourd’hui, aux États-Unis, 60 % des tornades enre­gis­trées sont de caté­go­rie EF0, alors qu’en 1950, ces tempêtes ne repré­sen­taient qu’en­vi­ron 20 % du total enre­gis­tré. Cela suggère que l’aug­men­ta­tion du nombre de tornades enre­gis­trées est due à la prise en compte d’un plus grand nombre de tempêtes faibles au cours des dernières décen­nies, ce qui, selon la NOAA, est effec­ti­ve­ment le cas.

Nous pouvons corri­ger le biais d’ob­ser­va­tion ancien qui empêche de recen­ser les tempêtes faibles en ne prenant en compte que celles de caté­go­ries EF1 et plus — les plus suscep­tibles de causer des destructions.

Le graphe obtenu sur cette base ne montre aucune augmen­ta­tion du nombre de tornades dans la période 1954–2014 (2021A70 p. 124) :

Source : figure 6.6 (Koonin SE, 2021A70 p. 124)

Un autre graphe (Koonin SE, 2021A70 p. 124) montre que le nombre de tornades de caté­go­rie égale ou supé­rieure à EF3 a dimi­nué pendant la même période, alors que l’in­fluence humaine sur le climat allait croissante.

Fiabilité des modèles prédictifs

Parler de « dérè­gle­ment » du climat présup­pose qu’il ait pu exis­ter, dans un Eden pré-industriel, une régu­la­rité des événe­ments météo­ro­lo­giques. Or ils sont le résul­tat de l’évo­lu­tion de systèmes dyna­miques complexes non linéaires, tels que théo­ri­sés en 1963 par le mathé­ma­ti­cien Edward Lorenz (Masson H, 2019A83).

Les modèles mathé­ma­tiques servant à simu­ler de tels systèmes, dans l’es­poir de prédire certains aspects de leur évolu­tion, sont sensibles à d’in­fimes varia­tions des para­mètres à l’état initial. Une telle incer­ti­tude — signa­ture d’un compor­te­ment chao­tique — était déjà visible sur le modèle ultra-simplifié de Lorenz, qui dépen­dait seule­ment de trois variables.

Imaginé aussi par Lorenz, le moulin à eau chao­tique est une illus­tra­tion graphique de l’ex­trême sensi­bi­lité aux condi­tions initiales d’un système dyna­mique complexe non-linéaire. Alors que son mouve­ment est parfai­te­ment déter­mi­niste — régi par les lois de la physique — il appa­raît impré­dic­tible aux yeux d’un physi­cien qui n’est pas en mesure de mesu­rer chaque para­mètre, ni de calcu­ler ses varia­tions, avec une préci­sion abso­lue. Étienne Ghys (2009A53) a montré sa « dépen­dance sensible aux condi­tions initiales » en program­mant une simu­la­tion de deux moulins en tous points iden­tiques et rece­vant le même débit d’eau, mais dont la roue, au départ, est tour­née de 2 degrés sur celui de gauche, et 1.9996 degrés sur celui de droite. Cette infime diffé­rence (de 2 pour mille) sur un seul para­mètre suffit à faire diver­ger les trajec­toires des moulins, malgré leur appa­rente synchro­ni­sa­tion juste après leur démarrage.

Deux moulins à eau de Lorenz avec des condi­tions initiales légè­re­ment diffé­rentes. Source : Étienne Ghys (2009A53)

Si les modèles de systèmes dyna­miques complexes non-linéaires ne permettent pas de faire des prédic­tions à long terme — la thèse avan­cée par Edward Lorenz pour ce qui concerne la météo­ro­lo­gie — ils peuvent affi­cher certaines « régu­la­ri­tés ». Par exemple, ici, la distri­bu­tion statis­tique de la vitesse de rota­tion est indé­pen­dante de la posi­tion initiale de la roue (Ghys E, 2009A53). Mais cela ne vaut ici que pour une variable — dont l’étude statis­tique n’est pas forcé­ment inté­res­sante — et de manière géné­rale que lors­qu’un seul para­mètre initial a été modi­fié. L’invariabilité de la distri­bu­tion statis­tique des vitesses de rota­tion par rapport à la posi­tion angu­laire initiale est même un résul­tat trivial…

Peut-on obser­ver une telle régu­la­rité sur des variables jugées perti­nentes avec des condi­tions initiales qui dépendent d’une multi­tude de para­mètres ? C’est le cas des « modèles de climat » dont les para­mètres se comptent par centaines ou par milliers.

La prévi­sion d’évé­ne­ments clima­tiques est aujourd’­hui possible sur une durée d’une quin­zaine de jours — la « fron­tière du chaos » — au prix du trai­te­ment d’une grande masse de données : c’est le travail des météo­ro­logues. Les prédic­tions saison­nières (à six mois), surtout dans l’hé­mi­sphère nord, restent par contre très incer­taines (Poyet P, 2022A108 p. 347–349). Dans ces condi­tions, comment peut-on envi­sa­ger saine­ment — à partir du même bagage théo­rique — une modé­li­sa­tion réaliste couvrant plusieurs décennies ?

Sans surprise, les prévi­sions des modèles de climat s’écartent des obser­va­tions chaque fois que le calcul est lancé à partir d’une date anté­rieure pour véri­fier la qualité prédic­tive du modèle. Certes, on peut brico­ler jusqu’à ce que cette « prévi­sion rétros­pec­tive » repro­duise au mieux les données réelles, mais aucun « réglage » (tuning ou fudge) ayant satis­fait cette condi­tion ne garan­tit que l’ex­tra­po­la­tion aux années futures restera réaliste. Patrice Poyet écrit (op.cit. p. 327) :

La science repose sur des preuves et, à moins que des critères mini­maux ne soient respec­tés, nous restons dans le cadre d’une narra­tion à des fins poli­tiques, et non dans celui d’une méthode scien­ti­fique adéquate.

Dans leur article Are gene­ral circu­la­tion models obso­lete ? (les modèles de circu­la­tion géné­raleN13 [GCM] sont-ils obso­lètes ?), Venkatramani Balaji et ses collègues écrivent (2022A6):

Une deuxième critique à l’égard des MCG porte sur la ques­tion de la « mise au point » ou de l’éta­lon­nage des modèles clima­tiques. Comme indi­qué ci-dessus, la physique non réso­lue (U + P) est repré­sen­tée à l’aide d’équa­tions dont les para­mètres sont contraints dans une certaine four­chette par les obser­va­tions ou la théo­rie. Le système couplé est ensuite soumis à des contraintes globales, telles que le bilan éner­gé­tique au sommet de l’at­mo­sphère (Hourdin F et al., 2017A60). Le fait que les modèles soient réglés pour repro­duire certaines carac­té­ris­tiques de la planète obser­vée est consi­déré par certains comme rendant les résul­tats suspects.

Les auteurs de l’ar­ticle The Art and Science of Climate Model Tuning (L’art et la science du réglage des modèles clima­tiques) recon­naissent (Hourdin F et al., 2017A60) :

Les choix et les compro­mis effec­tués au cours de l’exer­cice de réglage peuvent affec­ter de manière signi­fi­ca­tive les résul­tats du modèle et influen­cer les évalua­tions qui mesurent une distance statis­tique entre le climat simulé et le climat observé. Bien que le besoin de réglage des para­mètres ait été reconnu dans des travaux de modé­li­sa­tion… Il est souvent ignoré lors de l’examen des perfor­mances des modèles clima­tiques… En fait, la stra­té­gie de réglage ne faisait même pas partie de la docu­men­ta­tion requise des simu­la­tions CMIP phase 5… Pourquoi un tel manque de trans­pa­rence ? Cela peut être dû au fait que le réglage est souvent consi­déré comme une partie inévi­table mais sale de la modé­li­sa­tion du climat, plus d’ingénierie que de science, un acte de brico­lage qui ne mérite pas d’être enre­gis­tré dans la litté­ra­ture scien­ti­fique… Le réglage peut en effet être consi­déré comme un moyen indes­crip­tible de compen­ser les erreurs de modèle…

Pascal Blamet ajoute (2021A15) :

Ces pratiques traduisent une grande faiblesse face à la complexité du sujet, car les numé­ri­ciens le savent bien : on peut toujours parve­nir à des ajus­te­ments numé­riques, mais si les fonc­tions ou para­mètres ne sont pas repré­sen­ta­tifs de la phéno­mé­no­lo­gie modé­li­sée, les calculs ne valent rien ; de la même façon que les corré­la­tions statis­tiques sans causa­lité sont de purs sophismes. […]

Ces points ne sont pas non plus discu­tés publi­que­ment par la commu­nauté scien­ti­fique clima­tique, pour une raison simple : elle n’est globa­le­ment pas compé­tente en matière de modé­li­sa­tion numérique. 

Le mathé­ma­ti­cien John Von Neumann disait : « Si vous me lais­sez quatre para­mètres au choix, je peux construire un modèle mathé­ma­tique qui décrit exac­te­ment tout ce qu’un éléphant peut faire. Si vous m’ac­cor­dez un cinquième para­mètre, le modèle que je construis prévoira que l’élé­phant peut voler. » (Gerlich G & RD Tscheuschner, 2009A43 p. 352)

La modé­li­sa­tion consiste à mettre en équa­tions des modèles du système Terre (Earth System Models, ESM) capables de décrire de manière réaliste les phéno­mènes atmo­sphé­riques récur­rents et d’an­ti­ci­per leur évolu­tion sur de longues périodes. Un des premiers ESM a été proposé par Phillips (1956A104). Les modèles de circu­la­tion géné­rale ont vu le jour à la même époque. Le travail des physi­ciens repo­sait dur une base concep­tuelle simple et solide (Poyet P, 2022A108 p. 331, citant Goosse et al., 2010A52) :

Les équa­tions fonda­men­tales qui régissent l’at­mo­sphère peuvent être formu­lées comme un ensemble de sept équa­tions à sept incon­nues : les trois compo­santes de la vitesse, la pres­sion, la tempé­ra­ture, le pour­cen­tage d’hu­mi­dité et la densité. […]

Malheureusement, ces sept équa­tions ne forment pas un système fermé. Tout d’abord, la force de frot­te­ment et le taux de dissi­pa­tion ther­mique doivent être spéci­fiés. Le calcul du taux de dissi­pa­tion, en parti­cu­lier, néces­site une analyse détaillée du trans­fert radia­tif dans l’at­mo­sphère, prenant en compte à la fois les ondes longues et les ondes courtes dans les colonnes atmo­sphé­riques, ainsi que les trans­ferts de chaleur asso­ciés à l’éva­po­ra­tion, à la conden­sa­tion et à la subli­ma­tion. L’influence des nuages sur ces proces­sus est géné­ra­le­ment une source d’in­cer­ti­tude considérable.

Et plus loin (Poyet P, 2022 p. 378) :

Coupler de manière convain­cante les cases de circu­la­tion océan-atmosphère a été, et reste un défi perma­nent, mais ajou­ter les compo­sants de glace, l’uti­li­sa­tion des terres, la végé­ta­tion, les stocks d’eau douce et tous les proces­sus géochi­miques requiert beau­coup de foi pour penser que cela nous donnera une idée de la manière dont la planète Terre se compor­tera réel­le­ment. Le passage de l’échelle tempo­relle de prédic­tion des systèmes météo­ro­lo­giques, essen­tiel­le­ment une semaine, à un mois ou un peu plus est démon­tré comme un défi majeur par la prévi­sion d’évé­ne­ments excep­tion­nels tels que les vagues de chaleur, par exemple (Weisheimer et al., 2011A151 ; Stéfanon, 2012A139).

François Gervais écrit (2022A47 p. 92) :

Le consor­tium UCAR (University Corporation for Atmospheric Research) regroupe une centaine d’uni­ver­si­tés et écoles en sciences de l’at­mo­sphère. Ils ont fait « tour­ner » un même modèle de climat de l’Amérique du Nord sur 50 ans, avec la même évolu­tion de la concen­tra­tion de CO2, en ne chan­geant que d’un millième de milliar­dième les condi­tions initiales [Kay JE et al., 2015A64]. Le millième de milliar­dième est suffi­sant pour provo­quer 30 évolu­tions diffé­rentes. Il s’avère qu’il était impos­sible de prévoir à l’avance lequel des 30 essais se rappro­che­rait le plus du climat observé, et lequel s’en est éloi­gné le plus. Cette expé­rience conduite sur ordi­na­teur illustre à merveille l’ex­trême sensi­bi­lité d’un système chao­tique aux condi­tions initiales, et la vanité d’es­pé­rer une quel­conque prédic­tion fiable.

Le troi­sième rapport (TAR) du GIEC le recon­nais­sait expli­ci­te­ment : « Dans la modé­li­sa­tion du climat, nous devons recon­naître que nous avons affaire à un système chao­tique non linéaire couplé, et donc que la prédic­tion à long terme des futurs états clima­tiques n’est pas possible. » Même si l’on moyenne des compor­te­ments chao­tiques, on obtient un compor­te­ment chao­tique moyen, pas une meilleure prédiction.

Une présen­ta­tion péda­go­gique des modèles prédic­tifs de climat a été propo­sée par Steven Koonin (2021A70 p. 77–96). En obser­vant les incer­ti­tudes des modèles compa­ra­tifs CMIP3 (2007) et CMIP5 (2013), il constate (p. 87) que les plus récents sont enta­chés de plus d’in­cer­ti­tude que les plus anciens, alors qu’on s’at­ten­dait à l’in­verse, compte tenu des progrès en termes de modé­li­sa­tion et de collec­tion de données. François Gervais (2022A47 p. 54) confirme cette augmen­ta­tion de l’in­cer­ti­tude entre les modèles du CMIP5 (2013) et ceux du CMIP6 (2021).

Une source d’in­cer­ti­tude en modé­li­sa­tion clima­tique est asso­ciée au trai­te­ment des nuages, dont les dimen­sions sont nette­ment plus petites que la trame servant à parti­tion­ner l’at­mo­sphère (Schneider T et al., 2017A129 p. 4) :

Actuellement, nous utili­sons des modèles clima­tiques qui ne sont pas adap­tés à cette tâche : leurs modèles atmo­sphé­riques ont un espa­ce­ment de grille hori­zon­tal d’en­vi­ron 50–100 km et un espa­ce­ment de grille verti­cal d’en­vi­ron 200 mètres dans la basse atmo­sphère. Ceci est beau­coup trop gros­sier pour résoudre les courants ascen­dants turbu­lents de 10 à 100 mètres de large, qui prennent nais­sance dans la couche limite plané­taire et génèrent des nuages bas.

Les physi­ciens Gerhard Gerlich et Ralph D Tscheuschner ont depuis long­temps souli­gné radi­ca­le­ment les inco­hé­rences de cette modé­li­sa­tion (2009A43 p. 350, 351, 353) :

Les équa­tions de Navier-Stokes sont en quelque sorte le Saint-Graal de la physique théo­rique, et une discré­ti­sa­tion brute à l’aide de grilles à mailles très larges conduit à des modèles qui n’ont rien à voir avec le problème origi­nal et n’ont donc aucune valeur prédic­tive.

Dans les problèmes impli­quant des équa­tions diffé­ren­tielles partielles, les condi­tions aux limites déter­minent les solu­tions bien plus que les équa­tions diffé­ren­tielles elles-mêmes. L’introduction d’une discré­ti­sa­tion équi­vaut à l’in­tro­duc­tion de condi­tions aux limites arti­fi­cielles, une procé­dure qui est carac­té­ri­sée par la décla­ra­tion de von Storch : « La discré­ti­sa­tion est le modèle. » Dans ce contexte, une décla­ra­tion correcte d’un mathé­ma­ti­cien ou d’un physi­cien théo­rique serait la suivante : « Une discré­ti­sa­tion est un modèle dont les condi­tions aux limites ne sont pas physiques. » Les discré­ti­sa­tions de problèmes de conti­nuums seront auto­ri­sées s’il existe une stra­té­gie permet­tant de calcu­ler des raffi­ne­ments progres­sifs. […] Au mieux, ces modèles infor­ma­tiques peuvent être consi­dé­rés comme un jeu heuris­tique.

En géné­ral, il est impos­sible de déri­ver des équa­tions diffé­ren­tielles pour les fonc­tions moyen­nées et, par consé­quent, pour les dyna­miques non linéaires moyen­nées. Il n’y a donc tout simple­ment pas de fonde­ment physique aux modèles infor­ma­tiques du climat global, pour lesquels le para­digme du chaos est toujours d’ac­tua­lité. […]

La clima­to­lo­gie globale moderne a confondu et conti­nue de confondre les faits et la fiction en substi­tuant le concept de scéna­rio à celui de modèle. […] En conclu­sion, les décla­ra­tions sur le réchauf­fe­ment clima­tique anthro­pique induit par le CO2 qui sont déduites des simu­la­tions infor­ma­tiques ne relèvent d’au­cune science.

La fiabi­lité des modèles de climat est étudiée depuis une ving­taine d’an­nées par le World Climate Research Programme (WCRP), à l’ori­gine des Coupled Model Intercomparison Projects (CMIP). Elle a été exposé notam­ment par Nicola Scafetta (2021bA125). Chaque modèle de circu­la­tion géné­raleN13 (GCM) possède une valeur spéci­fique de l’Equilibrium Climate Sensitivity (ECS) ou sensi­bi­lité clima­tique à l’équi­libreN26. Il s’agit du réchauf­fe­ment de la surface du globe (à l’équi­libre ther­mique) induit par le double­ment de la concen­tra­tion atmo­sphé­rique de CO2 par rapport à la valeur préin­dus­trielle, autre­ment dit de 280 à 560 ppm.

L’ECS des modèles de circu­la­tion géné­rale du CMIP5 variait de 2.1 à 4.5°C, mais il a été réduit à 1.5 à 4.5°C en 2013 par le GIEC. Paradoxalement, les ECS des nouveaux modèles du CMIP6 affichent une four­chette plus large : de 1.83 à 5.67 °C. Cette ques­tion est préoc­cu­pante, car l’ECS de bon nombre de ces nouveaux modèles dépasse même 4.5°C, qui était la valeur limite supé­rieure précé­dem­ment accep­tée (Scafetta N, 2021bA125 p. 2). Scafetta ajoute :

Le problème de l’ECS est à la fois diffi­cile et crucial, car plusieurs études empi­riques ont conclu que sa valeur devrait être géné­ra­le­ment infé­rieure aux esti­ma­tions du modèle de circu­la­tion géné­rale, c’est-à-dire entre 0.5 et 2.5 °C. […]

Dans cet article, nous testons 38 modèles de CMIP6 dans la simu­la­tion des chan­ge­ments de tempé­ra­ture de surface obser­vés entre les périodes 1980–1990 et 2011–2021, en utili­sant les distri­bu­tions de surface pour mieux iden­ti­fier les régions où les modèles échouent le plus. Cette période a été choi­sie parce qu’elle est couverte par les enre­gis­tre­ments de tempé­ra­tures terrestres et satel­li­taires, et qu’elle est suffi­sam­ment longue (plus de 30 ans) pour permettre l’éva­lua­tion des modèles. […]

La figure [ci-dessous] montre plusieurs simu­la­tions de tempé­ra­ture de surface de modèle sde CMIP6 (courbes rouges, modèles avec ECS > 3 ; courbes bleues, modèles avec ECS ≤ 3) par rapport aux obser­va­tions de tempé­ra­ture (vertes) (ERA5-T2m, ERA5-850mb, et UAH MSU v6.0 Tlt) en utili­sant comme réfé­rence la période 1980–1990. Le point 2021 pour ERA5-T2m et ERA5-850mb est calculé en utili­sant les mois de janvier à juin ; le point 2021 pour UAH MSU v6.0 Tlt est calculé en utili­sant les mois de janvier à août. Les modèles à forte ECS (courbes rouges) prévoient un réchauf­fe­ment nette­ment plus rapide que ceux à faible ECS (courbes bleues).

Source : Nicola Scafetta (2021bA125 p. 6)

De 1980 à 2021, on constate une meilleure concor­dance avec l’en­re­gis­tre­ment ERA5-T2m ; les enre­gis­tre­ments ERA5-850mb et UAH MSU v6.0 Tlt montrent une tendance au réchauf­fe­ment encore plus faible, qui ne concorde guère qu’a­vec les simu­la­tions les moins chaudes. Ainsi, l’im­pres­sion géné­rale est que la plupart des modèles CMIP6, et en parti­cu­lier ceux qui ont des valeurs ECS élevées, sures­timent la tendance au réchauf­fe­ment, comme cela a déjà été constaté pour les modèles CMIP3 (Scafetta N, 2012A122) et CMIP5 (Scafetta N, 2013A123).

François Gervais écrit à ce sujet (2022A47 p. 55) :

McKitrick & Christy (2020A86) se sont penchés sur la ques­tion du pour­quoi certains modèles CMIP6 « chauffent » trop […] — voir aussi Pascal Blamet (2021A15). Par ailleurs, Zhu et al. (2020A154 ; 2021A155) montrent que les valeurs de sensi­bi­lité clima­tiqueN27 les plus élevées sont en désac­cord avec les séries de tempé­ra­ture paléo­cli­ma­tiques. Ils mettent en cause le trai­te­ment douteux des nuages dans les modèles. […]

L’Annexe en fin de chapitre [p. 74] montre qu’en cas de double­ment du CO2, le défi­cit de flux ther­mique émis au sommet de l’at­mo­sphère n’ex­cè­de­rait pas 2.6 W/m2. Au rythme moyen d’ac­crois­se­ment d’en­vi­ron 2 ppm par an observé depuis le début de ce siècle, […] sa contri­bu­tion par décen­nie reste­rait de l’ordre de (20 ppm / 414 ppm) x 2.6 W/m2 = 0.13 W/m2. C’est 100 fois moins que les ordres de gran­deur des écarts entre modèles, illus­trant à quel point ces derniers peinent à convaincre.

Pascal Blamet (2021A15) écrit :

Dans les cas complexes, et en parti­cu­lier dans le cas de la modé­li­sa­tion de la géosphère, les équa­tions sont pour partie des approxi­ma­tions, et surtout les para­mètres direc­teurs ne sont pas mesu­rables. On tente de les ajus­ter comme on peut : c’est le « réglage » du modèle, passage obligé, très loin d’être simple. C’est ce qui a fait défaut dans le cas du Covid car cet ajus­te­ment des para­mètres direc­teurs est d’autant plus incer­tain que l’objet modé­lisé est complexe.

Or c’est bien le cas de l’atmosphère qui est un milieu très vola­til avec de la convec­tion hori­zon­tale et verti­cale, des échanges avec d’autres milieux (terre, eau, glace), de la ther­mo­dy­na­mique complexe, des chan­ge­ments de phase, du rayon­ne­ment et des inter­ac­tions de toutes natures !

Sans comp­ter des éléments spéci­fiques, comme par exemple les nuages, qui jouent un rôle majeur sur l’équilibre ther­mique de l’atmosphère, et dont il est très diffi­cile de rendre compte numériquement.

Voici un exemple souvent cité des inco­hé­rences des modèles clima­tiques, en ce qui concerne leurs prévi­sions de la fonte de glace de mer dans l’Arctique jusqu’en 2100 (Eisenman I & T Schneider, 2011A36 p. 5328) :

Différences entre les projections des MCG (modèles de circulation généraleN13) sur le taux de perte de glace de mer dans l'Arctique
(a) Chronologie des conditions saisonnières d'absence de glace dans l'océan Arctique, indiquée par l'étendue de la glace de mer de septembre dans l'hémisphère Nord au cours du 21e siècle, mise à l'échelle par la valeur moyenne de septembre 1980-2000 pour chaque modèle. Dans la moyenne de l'ensemble, 32 % de la couverture de glace de mer de septembre subsistera à la fin du siècle, mais les projections varient considérablement d'un MCG à l'autre, un modèle conservant plus de 85 % de la couverture de glace et quatre modèles en conservant moins de 1 %.
(b) Sensibilité de l'étendue de la glace de mer, définie comme le changement annuel moyen de l'étendue de la glace hémisphérique par changement de la température moyenne mondiale (Winton 2011A152), dans les deux hémisphères, dans les modèles et dans les observations — voir Appendix C.

Dans l’Appendix C il est précisé (Eisenman I & T Schneider, 2011A36 p. 5334) :

La sensi­bi­lité de l’éten­due de la glace de mer pour chaque modèle est calcu­lée en utili­sant une régres­sion totale des moindres carrés de l’éten­due hémi­sphé­rique moyenne annuelle de la glace de mer sur la tempé­ra­ture moyenne mondiale annuelle, suivant la métho­do­lo­gie de Winton (2011A152). Les tempé­ra­tures obser­vées proviennent de l’en­semble de données combi­nées terre-océan de la tempé­ra­ture de surface du GISS (GISTEMP).

Richard Lindzen commente cette image (2018A77 p. 8) :

Comme vous pouvez le consta­ter, il existe un modèle pour chaque résul­tat. C’est un peu comme la formule pour deve­nir un tireur d’élite : tirez en premier et décla­rez que ce que vous touchez est la cible.

Steven Koonin montre par ailleurs que les prédic­tions dépendent forte­ment du réglage des para­mètres mettant en concur­rence le réchauf­fe­ment causé par les gaz à effet de serre, et le refroi­dis­se­ment dû aux aéro­sols — eux aussi partiel­le­ment liés à l’ac­ti­vité humaine (2021A70 p. 93) :

En d’autres termes, les cher­cheurs ont ajusté leur modèle pour que sa sensi­bi­lité aux gaz à effet de serre corres­ponde à ce qu’ils pensaient qu’elle devrait être. C’est ce que l’on appelle faire de la comptabilité.

Patrice Poyet commente (2022A108 p. 336) :

Lorsque ces phéno­mènes de sous-échelle sont trai­tés avec des para­mé­trages qui n’ont rien à voir avec la physique et les lois fonda­men­tales que l’on nous rappelle constam­ment pour justi­fier la crédi­bi­lité que nous devrions accor­der au modèle, nous saisis­sons soudain le sens de cette simple cita­tion de Freeman Dyson : « Ces gens-là ne regardent pas les obser­va­tions. Ils sont dans un monde à eux. »

Pierre Morel, physi­cien théo­riste en méca­nique quan­tique statis­tique, fonda­teur du Laboratoire de météo­ro­lo­gie dyna­mique (CNRS) et ancien secré­taire du Programme mondial de recherche sur le climat (1982–1994), décla­rait en confé­rence au Bureau des Longitudes (2009A90) :

En termes d’in­ter­pré­ta­tion des signaux clima­tiques, l’exa­men inten­sif (et passionné) des données globales s’ap­pa­rente au test de Rorschach : on y trouve ce que l’on veut, il est impos­sible de parve­nir à une conclu­sion scien­ti­fi­que­ment indis­cu­table sur la seule base des quan­ti­tés moyennes globales déduites des obser­va­tions archi­vées (a fortiori des recons­truc­tions histo­riques ou paléoclimatiques).

Syukuro Manabe, un des trois lauréats du Prix Nobel 2021, récom­pensé pour ses travaux de pion­nier dans la modé­li­sa­tion du chan­ge­ment clima­tique, confiait en 2016 à Freeman Dyson, lui aussi Prix Nobel de physique : « Un modèle de climat est un très bon outil pour la compré­hen­sion du climat, mais c’est un très mauvais outil pour le prévoir. » Dans un entre­tien dont l’en­re­gis­tre­ment a été partiel­le­ment censuré, Freeman Dyson décla­rait à propos des modèles de climat (Poyet P, 2022A108 p. 353) :

C’est bien là le problème ! Il s’agit d’une vérité subven­tion­née, pour les gens qui croient les modèles. Je ne dis pas qu’ils sont malhon­nêtes, mais je crois qu’ils sont inévi­ta­ble­ment influen­cés par le fait qu’ils vivent de la peur du public. S’ils n’ef­frayaient pas le public, ils n’ob­tien­draient pas le soutien du gouver­ne­ment. Les mili­taires font la même chose. Je pense qu’ils ressemblent beau­coup aux militaires.

La modé­li­sa­tion (infor­ma­ti­sée) du climat est une histoire sans fin, à la fois créa­trice d’emplois et consom­ma­trice de ressources finan­cières (Poyet P, 2022A108 p. 318) :

Mais la vérité sur les capa­ci­tés de ces logi­ciels n’est jamais aussi claire que lorsque leurs déve­lop­peurs ont besoin d’énormes sommes d’argent pour prétendre mettre au point une nouvelle géné­ra­tion qui corri­gera tous les défauts des outils précé­dents. Apparaissent alors à la lumière crue toutes les limi­ta­tions, les hypo­thèses irréa­listes, les recons­truc­tions défec­tueuses du passé, et les affir­ma­tions factices de leurs prédic­tions pour l’ave­nir. L’inventaire effrayant de leurs limites réelles appa­raît au fur et à mesure que la liste des nouveaux fonds néces­saires s’al­longe pour rafis­to­ler toutes les capa­ci­tés soi-disant exis­tantes, ou plutôt les anciennes tenta­tives ratées, afin de pouvoir préten­du­ment les trans­for­mer cette fois-ci en boules de cris­tal bien nettes qui révè­le­ront enfin le terrible avenir que le réchauf­fe­ment anthro­pique nous promet. On rince et on recom­mence avec une nouvelle géné­ra­tion, deux milliards de plus dépen­sés, et un ancrage dans la réalité et un respect de la rigueur scien­ti­fique qui ne sont pas meilleurs.

Le réqui­si­toire des physi­ciens Gerlich et Tscheuschner était, quant à lui, sans appel (2009A43 p. 351) :

Il s’agit mani­fes­te­ment d’une descrip­tion d’une méthode pseudo-scientifique (c’est-à-dire non scien­ti­fique) utili­sée par les experts du GIEC. Le prochain niveau méta au-delà de la physique serait un ques­tion­naire auprès des scien­ti­fiques comme celui déjà réalisé par von Storch (2007A19) ou, fina­le­ment, un vote démo­cra­tique sur la vali­dité d’une loi physique. La science exacte va être rempla­cée par une métho­do­lo­gie socio­lo­gique impli­quant une analyse statis­tique de terrain, et par des règles « démo­cra­tiques » de fonc­tion­ne­ment. Cette démarche est en phase avec la défi­ni­tion de la science prônée par le site « scien­ti­fique » RealClimate​.org qui a fait entrer les décla­ra­tions incen­diaires, le recours aux attaques person­nelles et les mises en cause d’au­teurs dans son proces­sus de travail « scientifique ».

Une analyse statis­tique, aussi sophis­ti­quée soit-elle, repose forte­ment sur des modèles sous-jacents, et, si ces derniers sont mani­fes­te­ment erro­nés, l’ana­lyse ne mène à rien. On ne peut pas détec­ter et attri­buer quelque chose qui n’existe pas pour des raisons de prin­cipe, comme l’ef­fet de serre du CO2. Il y a tant de problèmes non réso­lus et inso­lubles dans la non-linéarité, que les clima­to­logues croient les surmon­ter tous en travaillant avec des approxi­ma­tions gros­sières condui­sant à des résul­tats non physiques corri­gés par la suite par des procé­dés mysté­rieux, le contrôle des flux dans le passé, d’obs­cures moyennes globales couvrant les insti­tuts clima­tiques d’au­jourd’­hui, en excluant manuel­le­ment des résul­tats acci­den­tels de refroi­dis­se­ment global (Stainforth DA et al, 2005A137) perpé­tuant une tradi­tion de clima­to­lo­gie globale fondée sur l’ef­fet de serre, de moyennes sans signi­fi­ca­tion physique, et de recours à des statis­tiques mathé­ma­tiques dénuées de sens du point de vue des sciences physiques.

Autres approches

Certains arti­sans des modèles clima­tiques prédic­tifs ont rué dans les bran­cards. Par exemple, le spécia­liste de la dyna­mique clima­tique et docteur en sciences de météo­ro­lo­gie au MIT Mototaka Nakamura, qui a publié (en japo­nais) Confessions of a climate scien­tist : The global warming hypo­the­sis is an unpro­ven hypo­the­sis (2018A95), dont des extraits sont commen­tés par Tony Thomas dans son article A Climate Modeller Spills the Beans (2019A141), ainsi que par Patrice Poyet (2022A108 p. 378–380).

Jean-Claude Pont écrit à son sujet (2020A106) :

Source : Mototaka Nakamura (2018A95)

Dans son ouvrage, Nakamura passe en revue les éléments qui consti­tuent la colonne verté­brale de l’ensemble de la démarche conduite en vue de prédic­tions rela­tives à l’évolution du climat : tempé­ra­ture du globe, nuages de basse alti­tude, niveau des mers et des océans, mouve­ment des glaciers, etc. Dans chaque cas il montre que les parti­cu­la­ri­tés et les complexi­tés du système clima­tique empêchent toute prédic­tion sérieuse quant à son évolution.

Pont cite et commente Nakamura, notam­ment (2020A106) :

Je tiens à souli­gner un fait simple : il est impos­sible de prédire correc­te­ment même le sens ou la direc­tion du chan­ge­ment d’un système lorsque l’outil de prédic­tion n’a pas de repré­sen­ta­tion de proces­sus non-linéaires impor­tants et/ou les déforme gros­siè­re­ment, les rétro­ac­tions en parti­cu­lier, qui sont présentes dans le système réel. […]

On pour­rait se deman­der : « Pourquoi faut-il tant se soucier des océans quand on parle de la tempé­ra­ture de l’atmosphère ? » Les flux océa­niques jouent un rôle extrê­me­ment impor­tant dans le climat. Ils sont beau­coup plus lents que les flux atmo­sphé­riques, mais trans­portent une très grande quan­tité de chaleur en raison de la grande capa­cité de stockage de chaleur de l’eau. La capa­cité de stockage de la chaleur océa­nique est telle­ment plus grande que celle de l’atmosphère qu’on peut dire que l’atmosphère n’emmagasine pas du tout de chaleur par rapport à l’océan. (…) Sans les flux océa­niques, les varia­tions clima­tiques seraient beau­coup plus simples.

Nakamura est cité par Tony Thomas (2020A141) :

Pour le meilleur ou pour le pire, je me suis plus ou moins désin­té­ressé de la science du climat et je ne suis pas ravi de consa­crer autant de temps et d’éner­gie à ce genre d’écrits, au-delà du point qui satis­fait mon propre sens de l’obli­ga­tion envers les contri­buables améri­cains et japo­nais qui ont soutenu finan­ciè­re­ment mes études supé­rieures et mes acti­vi­tés de recherche spon­ta­nées et gratuites. Je vous prie donc de vous attendre à ce que ce soit le seul écrit de ce type que je produise.

Je suis persuadé que certains scien­ti­fiques honnêtes et coura­geux conti­nue­ront à dénon­cer publi­que­ment les affir­ma­tions frau­du­leuses de la commu­nauté scien­ti­fique anglo­phone. Je regrette de devoir le dire, mais je suis égale­ment convaincu que les cher­cheurs japo­nais dociles et/ou incom­pé­tents reste­ront silen­cieux jusqu’à ce que le « courant domi­nant de la science du climat » change de ton, si tant est qu’il le fasse un jour.

Un autre grand clima­to­logue du MIT qui a « viré de bord », faisant de lui la cible d’at­taques ad homi­nem — à défaut d’un débat sur le contenu de ses inter­ven­tions — est Robert Lindzen qui sera présenté plus bas.

Ce qui précède ne devrait toute­fois pas mener à la conclu­sion que toute étude formelle du système clima­tique de la Terre (Earth Climate System, ECS) est condam­née à l’échec ! Nous n’avons évoqué, jusqu’ici, qu’une métho­do­lo­gie visant à produire des scéna­rios (annon­cia­teurs du pire) pour inci­ter à « lutter contre le réchauf­fe­ment climatique »…

D’autres voies de recherche sont explo­rées, comme par exemple l’iden­ti­fi­ca­tion de systèmeN28, une tech­nique de l’au­to­ma­tique consis­tant à obte­nir un modèle mathé­ma­tique d’un système à partir de mesures. Voir par exemple G Bastin (2013A8), Nina Golyandina & Anatoly Zhigljavsky (2013A51), et Philippe de Larminat (2016A31) au sujet duquel Patrice Poyet écrit (2022A108 p. 376) :

De Larminat (2014A30) démontre très clai­re­ment que pour un système aussi complexe que le climat de la Terre, les tech­niques d’iden­ti­fi­ca­tion des systèmes four­nissent des résul­tats objec­tifs et convain­cants tels que :

• la période de réchauf­fe­ment qui a conduit à l’op­ti­mum contem­po­rain est essen­tiel­le­ment due à l’ef­fet combiné de l’ac­ti­vité solaire et de la varia­bi­lité natu­relle (qui se retrouve dans les rési­dus, comme les cycles de 60 ans qui résultent de para­mètres qui ne sont pas pris en compte dans ce modèle de boîte noire) ;
• la contri­bu­tion anthro­pique, si elle existe, ne se distingue pas suffi­sam­ment des effets précé­dents pour qu’on puisse prétendre la voir, et certai­ne­ment pas avec le haut degré de certi­tude affi­ché par le GIEC.

Il est clair que les conclu­sions de ces scien­ti­fiques ne trouvent pas leur place dans les messages alar­mistes dont se nour­rit le discours sur le climat. Les poli­ti­ciens, les médias et le public sont à l’af­fût de “brea­king news”, ces infor­ma­tions « de dernière minute » qui réac­tivent des peurs anciennes et les poussent à « l’ac­tion »… L’incertitude pathé­tique des modèles prédic­tifs permet de recy­cler le même message sous une forme toujours changeante.

À propos des. tech­niques d’iden­ti­fi­ca­tion des systèmes, Patrice Poyet pour­suit (2022A108 p. 377) :

Les calculs de marge d’er­reur et d’in­cer­ti­tude et les tests d’hy­po­thèse four­nissent toutes les vali­da­tions néces­saires d’un point de vue scien­ti­fique. En outre, comme le rapporte Veyres [commu­ni­ca­tion person­nelle, voir aussi 2020A147] : « Une démons­tra­tion plus visuelle de la préci­sion des résul­tats trou­vés est l’ac­cord entre les résul­tats des calculs et les obser­va­tions, et la capa­cité prédic­tive du modèle ; les simu­la­tions à l’aveugle sans aucune infor­ma­tion sur les tempé­ra­tures après l’an­née 2000 montrent avec une préci­sion surpre­nante le “plateau” observé dans le réchauf­fe­ment clima­tique depuis 2000. Pour ces prédic­tions à court terme, des esti­ma­tions d’état par filtres de KalmanN29 sont utili­sées, où l’état reflète l’ac­cu­mu­la­tion de chaleur dans les océans. En plus des sensi­ti­vi­tés, la méthode four­nit une évalua­tion rigou­reuse de la proba­bi­lité qu’un para­mètre se trouve dans un certain inter­valle, sans toutes ces décla­ra­tions très subjec­tives de “confiance” ou de “vrai­sem­blance” ou de « proba­bi­lité subjec­tive » qui ornent chaque para­graphe du rapport du GT1 du GIEC et dont Rittaud (2010A114 ; 2015A115) a souli­gné le carac­tère non scien­ti­fique. » […]

La vérité est que les meilleurs modèles météo­ro­lo­giques et les logi­ciels de simu­la­tion corres­pon­dants doivent être rappe­lés à la réalité en les confron­tant aux données d’ob­ser­va­tion réelles toutes les six heures envi­ron, sinon ils se perdent dans le fossé. Et, par une ironie du sort, pendant l’épi­dé­mie de COVID-19, du fait que la fréquence des vols inter­na­tio­naux a consi­dé­ra­ble­ment dimi­nué, les obser­va­tions faites par les vols commer­ciaux n’étaient plus dispo­nibles comme d’ha­bi­tude et la qualité des prévi­sions météo­ro­lo­giques a consi­dé­ra­ble­ment baissé.

Couplage entre CO2 global et température

On s’in­té­resse ici à la rela­tion possible — corré­la­tion ou causa­lité — entre la teneur globale (d’ori­gine natu­relle et anthro­pique) en dioxyde de carbone de l’at­mo­sphère terrestre et la tempé­ra­ture moyenne de la Planète. Autrement dit, ce qu’on appelle — de manière inap­pro­priée (Gerlich G & RD Tscheuschner, 2009A43 p. 303–309) — « l’ef­fet de serre » ou forçage radia­tifN6. C’est la pierre angu­laire du discours sur le climat dans lequel se sont enga­gés inflexi­ble­ment (de nombreux) gouver­ne­ments, partis poli­tiques, ONG et médias au début du 21e siècle.

Les données sur les carot­tages de glace à Vostok, dans l’Antarctique, sont présen­tées au public comme une preuve irré­fu­table d’un lien causal entre la concen­tra­tion atmo­sphé­rique de gaz carbo­nique (CO2) et la tempé­ra­ture globale de l’at­mo­sphère terrestre. Elles ont été publiées par JR Petit et collègues (1999A103), mais leur inter­pré­ta­tion en termes de causa­lité reste au cœur de contro­verses. François Gervais explique (2022A47 p. 124–125) :

[Les données] sont repro­duites [figure ci-dessous] dans la version publiée par Richet (2021A113), censu­rée par la suite par l’édi­teur sous la pres­sion de l’an­tenne fran­çaise du GIEC, comme relaté au Chapitre premier [2022A47]. La tempé­ra­ture de la Terre a varié selon son enso­leille­ment, en suivant les cycles de MilankovitchN30 dus à l’ex­cen­tri­cité, l’obli­quité et la préces­sion des équi­noxes de notre Planète dans son mouve­ment autour du soleil. Pour chaque tempé­ra­ture, les carot­tages renseignent sur les concen­tra­tions atmo­sphé­riques de gaz carbo­nique et de méthane. Alors qu’une synchro­ni­cité est obser­vée entre méthane et tempé­ra­ture, elle est discu­table et discu­tée en ce qui concerne le CO2.

La synchro­ni­cité a été affir­mée par Parrenin et al. (2013A102). Caillon et al. (2003A22) en revanche notaient un retard d’en­vi­ron 800 ans du CO2 sur la tempé­ra­ture. Pour sa part, repre­nant une méthode usuelle en spec­tro­sco­pie, Pascal Richet (2021A113) s’est inté­ressé à la largeur à mi-hauteur des descentes de tempé­ra­ture et de concen­tra­tion de CO2. Dans la figure [ci-dessous], les traits épais hori­zon­taux soulignent des inter­valles de temps diffé­rents pour la chute des deux gran­deurs. Et c’est toujours le CO2 qui est en retard sur la tempé­ra­ture. Le retard peut atteindre 7000 ans. L’absence de synchro­ni­cité souligne l’ab­sence de corré­la­tion, et donc a fortiori l’ab­sence de causa­lité. Richet (2021A113) conclut : « Interpréter les séries de CO2 et de tempé­ra­ture des carottes de glace à la lumière des modèles clima­tiques s’avère métho­do­lo­gi­que­ment erroné. » […]

Pascal Richet ajoute : « Cela n’a aucun sens de mettre autant l’ac­cent sur les effets du CO2 dans les modèles clima­tiques ou sur les réduc­tions d’émis­sions dans les poli­tiques gouver­ne­men­tales. » On comprend que cela n’ait pas plu aux gardiens du temple, d’où leur achar­ne­ment à censurer.

Évolution de la température de la Terre due aux cycles de Milankovitch à partir des carottages de glace de Vostok dans l'Antarctique (Richet P, 2021A113 — rétracté par l'éditeur, voir PDF)

Ce phéno­mène est-il obser­vable à plus petite échelle ? François Gervais cite des auteurs qui le confirment (2022A47 p. 138) :

La corré­la­tion et le retard du CO2 sur la tempé­ra­ture, l’in­verse de ce à quoi on s’at­ten­drait selon le théo­rie de l’ef­fet de serre atmo­sphé­rique, ont été confir­més et discu­tés par de nombreux auteurs : Kuo et al. (1990A75), Park (2009A100), Quirk (2009A109), Essenhigh (2009A38), Beenstock et al. (2012A10), Salby (2012A120), Gervais (2014A44), Harde (2017A56 ; 2019A57), Berry (2019A13), Stallinga (2020A138), Koutsoyiannis & Zbigniew (2020A72).

Patrice Poyet est parvenu à la même conclu­sion : « Le CO2 suit la tempé­ra­ture » (Poyet P, 2022A108 p. 51–56). Il cite notam­ment Ole Humlum et al. qui concluaient (2013A62 p. 51, 67) :

La corré­la­tion posi­tive maxi­male entre le CO2 et la tempé­ra­ture est obser­vée lorsque le CO2 accuse un retard de 11 à 12 mois par rapport à la tempé­ra­ture de surface de la mer, de 9.5 à 10 mois par rapport à la tempé­ra­ture de l’air de surface, et d’en­vi­ron 9 mois par rapport à la tempé­ra­ture de la tropo­sphèreN14 infé­rieure. […]

En résumé, les données mensuelles depuis janvier 1980 [jusqu’à décembre 2011] sur le CO2 atmo­sphé­rique et les tempé­ra­tures de l’air et de la mer démontrent sans ambi­guïté que la séquence des événe­ments de chan­ge­ment de la tempé­ra­ture globale est 1) la surface de l’océan, 2) l’air de surface, 3) la tropo­sphère infé­rieure, et que les chan­ge­ments du CO2 atmo­sphé­rique sont toujours en retard par rapport aux chan­ge­ments de l’un ou l’autre de ces diffé­rents enre­gis­tre­ments de la température.

François Gervais cite comme exemple, sur une période très courte, la compa­rai­son de l’évo­lu­tion de la tempé­ra­ture de la Terre mesu­rée par satel­lite pendant le pic El Niño de début 2016 à l’évo­lu­tion du taux de CO2 dans l’at­mo­sphère (2022A47 p. 134) :

Retard de l'accroissement mensuel de CO2 (gml.noaa.gov/ccgg/trends) comparé au pic de température El Niño de début 2016, mesuré par satellite à l'Université d'Alabama à Huntsville (UAH TLT), mise à jour de Spencer (2017A136)

Il s’in­ter­roge par ailleurs sur ce qui influence les varia­tions des taux de CO2 et des tempé­ra­tures (Gervais F, 2022A47 p. 134–135, 138) :

L’année 1992 a été froide. L’éruption du volcan Pinatubo en 1991 a envoyé quan­tité d’aé­ro­sols dans la haute atmo­sphère qui ont momen­ta­né­ment voilé le rayon­ne­ment solaire, provo­quant une baisse de tempé­ra­ture, et ce en dépit d’un épisode El Niño cette année-là et le la bouf­fée de CO2 crachée par le volcan. Une évolu­tion d’un facteur 10 du CO2 annuel ne saurait traduire des diffé­rences d’émis­sions anthro­piques, car elles restent assez simi­laires d’une année à l’autre. […] Le lien et le retard du CO2 sur la tempé­ra­ture nous amènent à envi­sa­ger une compo­sante natu­relle de son augmen­ta­tion dans l’at­mo­sphère. D’où viendrait-il ? Des conti­nents ou des océans ? La figure [ci-dessous] compare l’os­cil­la­tion saison­nière du CO2 en 1992, année froide donc, à celle de 1998, année chaude due à un pic El Niño, reca­lée sur la première. Les deux courbes sont quasi­ment super­po­sées. La compo­sante conti­nen­tale de la varia­tion du CO2, ainsi mesu­rée à partir de son inter­ac­tion avec la végé­ta­tion, ne semble pas affec­tée par la tempé­ra­ture de l’an­née. […]

[…] contrai­re­ment à ce que suggèrent Zeng et al. (2005A153), les fluc­tua­tions El Niño/La Niña ne sont pas le seul facteur, puisque l’épi­sode El Niño de 1992 a été contre­carré par le refroi­dis­se­ment dû aux aéro­sols envoyés dans l’at­mo­sphère par le volcan Pinatubo, et la chute de tempé­ra­ture qui a suivi, y compris celle des océans.

Comparaison des oscillations saisonnières de 1992 et 1998 décalée de 6 ans. Les données de la seconde ont été divisées par 1.03 pour partir d'une même origine à l'automne (Gervais 2021A46 p. 84)
La température UAH dans la basse troposphère (TLT), c'est-à-dire les mesures satellitaires de surface (Spencer et al 2017, mis à jour) comparée aux augmentations annuelles de CO2 mesurées à Mauna Loa (NOAA 2020), avec un décalage de 6 mois vers la gauche faisant apparaître la cohérence. Ce décalage indique le retard des augmentations de CO2 par rapport aux fluctuations de température. La plus faible augmentation de CO2 correspond à l'année froide 1992, et la plus forte aux années chaudes El Niño 1998 et 2016. Source : François Gervais (2021A46 p. 82)

Patrice Poyet s’at­taque à d’autres mythes (2022A108 p. 55) :

L’étape suivante de cette logique défec­tueuse [du couplage entre CO2 et tempé­ra­ture] consiste à élabo­rer des notions physiques telles que les « forçages » (Myhre G et al., 2013N31), les « rétro­ac­tions » et autres qui sont incon­nues de la physique, comme nous le rappellent Gerlich et Tscheuschner (2009A43) : « La prin­ci­pale stra­té­gie des défen­seurs de l’ef­fet de serre du CO2 semble se cacher derrière de plus en plus de pseudo-explications tirant parti de prin­cipes qui ne sont géné­ra­le­ment pas ensei­gnés en physique. Un exemple est celui des calculs de trans­fert radia­tif que proba­ble­ment peu de gens connaissent. Un autre exemple est celui des rétro­ac­tions utili­sées pour ampli­fier un effet qui n’est même pas margi­nal puis­qu’il n’existe pas du tout. Manifestement, les défen­seurs de la thèse du “CO2-effet de serre” refusent d’ac­cep­ter des calculs repro­duc­tibles pour s’ex­pli­quer et ont recours à des calculs non repro­duc­tibles.« 

Severinghaus (2004A132) ne fait pas excep­tion à la règle en décla­rant : « Ce proces­sus entraîne égale­ment une augmen­ta­tion du CO2, envi­ron 800 ans plus tard. Le CO2 réchauffe alors davan­tage la planète entière, en raison de ses proprié­tés de piégeage de la chaleur. Cela conduit à une libé­ra­tion encore plus impor­tante de CO2. Il faut donc consi­dé­rer le CO2 pendant les périodes glaciaires comme une “rétro­ac­tion”, un peu comme celle qui se produit lors­qu’on place un micro­phone trop près d’un haut-parleur. » Ainsi, le troi­sième auteur d’un article majeur publié dans la prin­ci­pale revue à comité de lecture, à savoir Science, déclare honnê­te­ment et presque candi­de­ment, un an après sa publi­ca­tion, qu’il n’a aucune idée de ce qui commence à réchauf­fer notre monde à partir d’une période glaciaire, mais qu’il sait avec certi­tude ce qui a causé le réchauf­fe­ment des trois dernières décen­nies, invo­quant la pseudo-physique des « rétro­ac­tions ». Ce n’est plus une discus­sion géochi­mique qui prévaut ici, c’est le domaine de la psycho­lo­gie cogni­tive rempli de disso­nances cogni­tives et de biais de confir­ma­tion qui empêchent même les gens intel­li­gents de s’écar­ter de l’as­su­rance dogma­tique et des croyances sécurisantes.

Le résumé de l’ar­ticle de Gerlich et Tscheuschner est expli­cite de leur approche critique en tant que physi­ciens (2009A43) :

L’effet de serre atmo­sphé­rique, une idée que de nombreux auteurs font remon­ter aux travaux tradi­tion­nels de Fourier (1824A41), Tyndall (1861A144) et Arrhenius (1896A4), et qui est toujours soute­nue dans la clima­to­lo­gie mondiale, décrit essen­tiel­le­ment un méca­nisme fictif dans lequel une atmo­sphère plané­taire agit comme une pompe à chaleur action­née par un envi­ron­ne­ment qui inter­agit radia­ti­ve­ment avec le système atmo­sphé­rique, mais qui est équi­li­bré radia­ti­ve­ment par rapport à lui. Selon la deuxième loi de la ther­mo­dy­na­mique, une telle machine plané­taire ne peut jamais exis­ter. Néanmoins, dans presque tous les textes sur la clima­to­lo­gie mondiale et dans une litté­ra­ture secon­daire très répan­due, on tient pour acquis qu’un tel méca­nisme existe et qu’il repose sur une base scien­ti­fique solide.

Dans cet article, la conjec­ture popu­laire est analy­sée et les prin­cipes physiques sous-jacents sont clari­fiés. En montrant que (a) il n’y a pas de lois physiques communes entre le phéno­mène de réchauf­fe­ment dans les serres et les effets de serre atmo­sphé­riques fictifs, (b) il n’y a pas de calculs pour évaluer une tempé­ra­ture moyenne à la surface d’une planète, (c) la diffé­rence de 33° souvent mention­née est un nombre sans signi­fi­ca­tion calculé de manière erro­née, (d) les formules du rayon­ne­ment de cavité sont utili­sées de manière inap­pro­priée, (e) l’hy­po­thèse d’un équi­libre radia­tif est contraire à la physique, (f) la conduc­ti­vité ther­mique et le frot­te­ment ne doivent pas être négli­gés, la conjec­ture de l’ef­fet de serre atmo­sphé­rique est falsifiée.

Et plus loin (op.cit. page 280) :

Les clima­to­logues mondiaux affirment que l’ef­fet de serre natu­rel de la Terre main­tient la Terre à 33° C de plus qu’elle ne le serait sans les gaz à l’état de traces présents dans l’at­mo­sphère. Environ 80 % de ce réchauf­fe­ment est attri­bué à la vapeur d’eau et 20 % aux 0.03 % de volume de CO2. Si un tel effet extrême exis­tait, il se mani­fes­te­rait même dans une expé­rience de labo­ra­toire impli­quant du CO2 concen­tré, sous la forme d’une anoma­lie de conduc­ti­vité ther­mique. Il se mani­fes­te­rait sous la forme d’un nouveau type de « super-isolation » violant l’équa­tion conven­tion­nelle de conduc­tion de la chaleur. Mais de telles anoma­lies de trans­port de chaleur n’ont jamais été obser­vées dans le cas du CO2. C’est pour­quoi, dans cet article, les idées popu­laires sur les effets de serre entre­te­nues par la commu­nauté clima­to­lo­gique mondiale sont réexa­mi­nées dans le cadre de la physique théo­rique et expérimentale.

Les auteurs examinent, une par une, quatorze défi­ni­tions d’un (hypo­thé­tique) « effet de serre radia­tif » du CO2 dans l’at­mo­sphère terrestre, dont ils démontrent la vacuité (Gerlich G & RD Tscheuschner, 2009A43 p. 303–309). Une source d’er­reurs est liée à la confu­sion entre absorption/émission et réflexion (op.cit. p. 312–315). La réflexion sur une couche gazeuse n’est possible que pour des ondes radio de rela­ti­ve­ment faibles fréquences, ce qui est loin d’être le cas de radia­tions situées dans l’infrarouge.

Georges Geuskens explique l’im­pos­si­bi­lité d’un effet de serre radia­tif causé par le CO2, résu­mée ainsi (2019A49) :

1° L’effet de serre, qui résul­te­rait de la désac­ti­va­tion radia­tive (fluo­res­cence) de molé­cules ayant absorbé une frac­tion du rayon­ne­ment ther­mique de la Terre, ne peut exis­ter au niveau des basses couches atmosphériques.

2° Au niveau des basses couches atmo­sphé­riques, les molé­cules ayant absorbé une frac­tion du rayon­ne­ment ther­mique de la Terre se désac­tivent par colli­sions avec les molé­cules envi­ron­nantes, prin­ci­pa­le­ment N2 et O2.

Ce sujet a été traité plus récem­ment dans un exposé de Jean Van Vliet : Pourquoi l’effet du CO2 sur le climat est exclu par la physique (2023 lien:jms4). Il souligne avec justesse (p. 20) :

La physique est une science exacte avec des règles strictes, et diffi­ci­le­ment acces­sible aux médias ; la clima­to­lo­gie est au contraire une science humaine, ouverte à l’appréciation et aux pres­sions politiques.

Durée de vie du CO2 d’origine anthropique

Examinons main­te­nant l’af­fir­ma­tion (du GIEC) selon laquelle le CO2 d’ori­gine anthro­pique — produit par les acti­vi­tés humaines — aurait un temps de rési­dence dans l’at­mo­sphère d’une centaine d’an­nées, contrai­re­ment au CO2 émis natu­rel­le­ment dont le temps de rési­dence est de l’ordre d’une dizaine d’an­nées. Selon cette thèse « réchauf­fiste », il s’en­sui­rait que l’ac­crois­se­ment du taux de CO2, depuis le début de l’ère indus­trielle (1750), serait inté­gra­le­ment causé par les émis­sions anthro­piques. Quelle que soit la vérité du couplage entre CO2 global et température, une telle augmen­ta­tion fini­rait par deve­nir problé­ma­tique pour la biosphère et la survie de l’es­pèce humaine. Les auteurs de romans et films de science fiction sont friands de ce scénario…

Par contre, si — comme plaidé dans le paragraphe précédent — l’ac­crois­se­ment du taux de CO2 dans l’at­mo­sphère est une consé­quence, et non la cause, du réchauf­fe­ment, on peut montrer que le temps de rési­dence du CO2 d’ori­gine anthro­pique n’est pas diffé­rent de celui du CO2 d’ori­gine natu­relle. Dans ce cas, le taux de CO2 global serait simple­ment corrélé aux cycles de varia­tion de la tempé­ra­ture, comme observé les millé­naires précé­dents. Tout projet de « décar­bo­na­tion » serait aussi inef­fi­cace qu’i­nu­tile.

La parole est aux physi­ciens… Seules leurs conclu­sions ont été reprises ici. Il faut suivre les liens pour navi­guer dans les équa­tions et capter les étapes des raisonnements !

Patrice Poyet (voir sa présen­ta­tion) débute ainsi son exposé Anthropic CO2 is 6 % of Tropospheric [CO2] (2022A108 p. 35) :

L’un des prin­ci­paux argu­ments bran­dis par les alar­mistes est que la majeure partie du CO2 émis par l’uti­li­sa­tion de combus­tibles fossiles est restée dans l’at­mo­sphère, qu’elle conti­nuera à le faire pendant plus d’un siècle, et que ses effets néfastes seront diffé­rés et ressen­tis par les géné­ra­tions futures. Essayant ainsi de nous faire porter le chapeau, dès main­te­nant, pour que des mesures immé­diates soient prises afin de réduire les émis­sions au plus vite, quelles que soient les consé­quences écono­miques désas­treuses que cela pour­rait entraî­ner. Cela ne résiste même pas à une véri­fi­ca­tion rapide des faits.

En effet, le flux dégazé par les océans chauds entre les tropiques et par les sols où se décom­pose la matière orga­nique est du même ordre de gran­deur que le flux absorbé par les océans froids des hautes lati­tudes et par la végé­ta­tion, mais jamais tout à fait égal, car ces flux absor­bés et déga­zés dépendent des tempé­ra­tures, des préci­pi­ta­tions et des vents dans les zones corres­pon­dantes, ainsi que du volume de végé­ta­tion qui augmente en fonc­tion de la teneur de l’air en dioxyde de carbone. Le rapport (quan­tité annuelle / flux) entre la quan­tité de carbone atmo­sphé­rique (dans le CO2 de l’air) et le flux absorbé chaque année par la végé­ta­tion et par les océans aux hautes lati­tudes est de l’ordre de quatre à cinq, d’où une durée de séjour moyenne dans l’air d’une molé­cule de CO2 de 4 à 5 ans.

Un cinquième du CO2 de l’air est absorbé chaque année, envi­ron la moitié par la végé­ta­tion et l’autre moitié par les océans froids des hautes lati­tudes à leur surface ; presque autant est dégazé par les sols, où la végé­ta­tion se décom­pose, et par les océans chauds à leur surface. Il appa­raît que les combus­tibles fossiles ne consti­tuent que 6 % du CO2 de l’air (contre 2 % en 1958), les 94 % restants prove­nant du déga­zage natu­rel des océans et des sols, en milliards de tonnes de carbone, Gt‑C ou giga­tonnes de carbone : 10 Gt‑C/an de « fossiles » contre quelque 170 Gt‑C/an de « déga­zage natu­rel » (Moranne JM, 2020A89).

L’auteur conti­nue avec un calcul justi­fi­ca­tif, suivi d’un exposé tech­nique sur le rapport isoto­pique du carbone (pages 35–50)… François Gervais affiche le même résul­tat en résu­mant ainsi (2022A47 p. 139) :

Un autre sujet de contro­verse concerne le temps de rési­dence du CO2 dans l’at­mo­sphère. Un élément de réponse a trait au rapport isoto­pique 13C/12C (Segalstad 1998A131). Le carbone prove­nant des ressources fossiles affiche un rapport entre les isotopes 12 et 13, 13C/12C de ~ 2.1 % alors que le rapport est de seule­ment ~ 0.7 % pour le CO2 natu­rel. Le. rapport a évolué de ~ 0.76 % mesuré en 1982 dans l’at­mo­sphère à ~ 0.85 % en 2017, suggé­rant une frac­tion de seule­ment 6 % de résidu anthro­pique. Ce résul­tat corres­pond à une durée de vie de la pertur­ba­tion des émis­sions anthro­piques d’à peu près 5 ans : Essenhigh (2009A38), Gervais (2014A44), Harde (2019A57), Poyet (2022A108), Harde et Salby (2021A55). La frac­tion rési­duelle du CO2 anthro­pique se situe­rait ainsi au niveau du plus faible ajout observé en 1992 [figure ci-dessus].

Cité par Gervais, Robert H Essenhigh expo­sait déjà (2009A38 p. 2273) :

Si les résul­tats du [temps de rési­dence du CO2 dans l’at­mo­sphère] court (5–15 ans) ont été montrés en quasi-équilibre, cela confirme la conclu­sion (fondée sur des données indé­pen­dantes) selon laquelle l’aug­men­ta­tion de la concen­tra­tion atmo­sphé­rique de CO2 à long terme (∼ 100 ans) ne provient pas de sources anthro­po­gé­niques mais, confor­mé­ment aux conclu­sions d’autres études, très proba­ble­ment de l’aug­men­ta­tion de la tempé­ra­ture atmo­sphé­rique qui est due à d’autres facteurs natu­rels. Cela confirme la conclu­sion selon laquelle le réchauf­fe­ment clima­tique n’est pas d’ori­gine anthro­pique comme un produit de combus­tion. L’importance écono­mique et poli­tique de cette conclu­sion est évidente.

L’article de Hermann Harde présente de manière compré­hen­sible le modèle des physi­ciens et ceux du GIEC basés sur trois groupes d’hy­po­thèses : Constant Airborne frac­tion, Bern Model et Absorption Scales with Concentration. Harde écrit (2019A57 p. 144, accent mis par mes soins) :

Ainsi, avec des para­mètres bien choi­sis, toutes les approches étudiées peuvent très bien repro­duire les obser­va­tions effec­tuées à Mauna Loa. Mais ces modèles sont basés sur des hypo­thèses et des condi­tions limites diffé­rentes, certains d’entre elles étant même en contra­dic­tion mutuelle. Par consé­quent, un seul d’entre eux, voire aucun, pour­rait être correct. Une bonne confor­mité avec les obser­va­tions n’est pas un critère suffi­sant pour tester la vali­dité d’un modèle, celui-ci doit égale­ment être en accord avec les prin­cipes physiques de base. Ces derniers sont les seuls à pouvoir nous four­nir des expli­ca­tions physi­que­ment cohé­rentes pour un cycle du carbone, qui est dominé par plus de 95 % des émis­sions natu­relles, et qui est à l’ori­gine d’im­pacts envi­ron­ne­men­taux conti­nuels. Il est égale­ment évident que ce cycle est régi par les mêmes prin­cipes à l’époque paléo­cli­ma­tique qu’au­jourd’­hui avec les émis­sions humaines.

Il va de soi que les fortes varia­tions de taux atmo­sphé­rique de CO2 à l’époque paléo­cli­ma­tique, déduites de l’ana­lyse des carot­tages de glace, étaient d’ori­gine natu­relle… L’auteur conclut (Harde H, 2019A57 p. 145, 154) :

[…] les molé­cules émises natu­rel­le­ment et celles émises par l’homme ne peuvent pas être trai­tées diffé­rem­ment. Tant qu’au­cune satu­ra­tion de l’ab­sorp­tion n’est obser­vée, ce qui n’est pas le cas […], une émis­sion supplé­men­taire par l’Homme doit sous-tendre le même proces­sus d’ab­sorp­tion que les émis­sions natu­relles. Les sépa­rer serait en contra­dic­tion flagrante avec le prin­cipe d’équi­va­lence. En appli­ca­tion de ce prin­cipe, il ne doit exis­ter qu’un seul temps d’ab­sorp­tion, τR, avec le même compor­te­ment d’ab­sorp­tion, pour les émis­sions humaines et natu­relles. […]

L’augmentation du CO2 au cours des dernières années peut être expli­quée par une seule équa­tion d’équi­libre, la Loi de Conservation (Lüdecke HJ & CO Weiss, 2016A80), qui couvre dans son entier le cycle du CO2 atmo­sphé­rique, compre­nant la tempé­ra­ture et donc des proces­sus d’ab­sorp­tion natu­rels dépen­dant du temps, les acti­vi­tés humaines et un proces­sus d’ab­sorp­tion dépen­dant de la tempé­ra­ture, à une échelle propor­tion­nelle à la concen­tra­tion actuelle. Cette absorp­tion est carac­té­ri­sée par une échelle de temps unique, le temps de rési­dence d’en­vi­ron 3 ans, qui a augmenté légè­re­ment avec la tempé­ra­ture au cours de l’ère indus­trielle. Ce concept est le seul en totale confor­mité avec toutes les obser­va­tions et causa­li­tés naturelles.

Horst-Joachim Lüdecke et Car Otto Weiss sont parve­nus à cette conclu­sion, rassu­rante pour les uns et « démo­bi­li­sa­trice » selon les autres (2016A80) :

Par consé­quent, l’aug­men­ta­tion du CO2 atmo­sphé­rique cessera progres­si­ve­ment […] Après l’apo­gée de la concen­tra­tion de CO2 dans l’at­mo­sphère, ce sont prin­ci­pa­le­ment les océans et la biosphère qui seront les puits des futures émis­sions de CO2 de l’humanité.

Il est ques­tion ici de l’ef­fet de quasi-saturation des spectres d’émis­sion ther­mique du CO2 atmo­sphé­rique. Ce phéno­mène. n’est pris en compte, ni dans les rapports AR5 et AR6 du GIEC, malgré la recom­man­da­tion pres­sante de l’expert revie­wer François Gervais. Il en fait une présen­ta­tion tech­nique dans son ouvrage (2022A47 p. 71–73) complé­tée par une cita­tion ancienne (p. 72) :

Dès 1971, Rasool & Schneider, le second auteur étant le fonda­teur de la revue Climatic Change, écri­vait à propos de la quasi-saturation : « À mesure que plus de CO2 est ajouté à l’at­mo­sphère, l’ac­crois­se­ment de la tempé­ra­ture est propor­tion­nel­le­ment de moins en moins élevé, et l’aug­men­ta­tion finit par se stabi­li­ser. L’emballement de l’ef­fet de serre ne se produit pas, car la bande du CO2 à 15 micro­mètres, qui est la prin­ci­pale source d’ab­sorp­tion, sature, et l’ajout de CO2 n’aug­mente pas substan­tiel­le­ment l’opa­cité infra­rouge de l’atmosphère. »

Réalité de « l’empreinte carbone »

Le Tableau 1.2 (Gervais F, 2022A47 p. 62–63) reproupe les émis­sions de CO2 des prin­ci­paux pays émet­teurs, ainsi que celles de la France et du Royaume-Uni à titre de compa­rai­son. François Gervais explique (2022A47 p. 60) :

La compo­sante anthro­pique au réchauf­fe­ment ressort à 0.2 pico­de­gré par tonne de CO2 (équa­tion 7 page 77) pour l’éva­lua­tion Gieco-compatible, et 0.1 pico­de­gré par tonne de CO2 (équa­tion 5 page 76) avec une sensi­bi­lité clima­tiqueN27 de 0.78°C. Ces résul­tats permettent à toute femme ou homme poli­tique d’éva­luer direc­te­ment l’ef­fet sur le climat d’une réduc­tion chif­frée des émis­sions. Elle est rare­ment préci­sée, au profit de l’an­tienne selon laquelle l’im­por­tant est de réduire, sans s’in­té­res­ser le moins du monde à l’im­pact ther­mique. Ce parti pris permet de cacher sous le tapis un impact infi­ni­té­si­mal. […]

En dépit des 36 milliards de tonnes de CO2 émis en 2019 ou en 2021, et quel que soit le mode d’éva­lua­tion retenu, on restait ainsi dans les millièmes de degrés par an, infi­ni­ment moins que les fluc­tua­tions de tempé­ra­ture autour des moyennes de saison, ou celles entre le jour et la nuit en l’ab­sence de couver­ture nuageuse. […]

Nous adop­tons […] un seuil inter­mé­diaire de 0.07°C pour le seuil de mesu­ra­bi­lité de la tempé­ra­ture moyenne de la Terre. La colonne 8 du Tableau 1.2 [page 62] indique pendant combien d’an­nées la contri­bu­tion du pays au niveau de 2019 reste­rait imper­cep­tible, car en-dessous du seuil de mesu­ra­bi­lité. Ce nombre d’an­nées, qui dépas­se­rait le siècle pour la plupart des pays, s’ins­crit réso­lu­ment en faux contre l’ac­cu­sa­tion de « crime contre l’hu­ma­nité » ou de « trahi­son » des chefs d’États. […]

Le rapport Road to EU climate neutra­lity in 2050 (Brouwer & Bergkamp, 2021N32) confirme le Tableau 1.2. [Il] souligne qu’at­teindre la neutra­lité carbone en 2050 pour l’en­semble de l’Union euro­péenne se tradui­rait par un réchauf­fe­ment évité de seule­ment 0.02°C. C’est, là encore, très en dessous du seuil de mesu­ra­bi­lité de la tempé­ra­ture de la Terre.

L’Union euro­péenne et les Nations Unies ont déclaré l’an­née 2050 « Objectif de la neutra­lité carbone ». Les prin­ci­paux émet­teurs de CO2 peuvent-ils éviter à la Planète le « chaos » annoncé d’ici là ? François Gervais écrit (2022A47 p. 69) :

Le Tableau 1.2 [page 62] four­nit la réponse dans la colonne 10, en extra­po­lant d’ici 2050 les émis­sions de 2019 pour les trois prin­ci­paux pays émet­teurs : Chine 0.04°C, États-Unis 0.02°C, Inde 0.01°C. […] Au rythme actuel, la contri­bu­tion à la tempé­ra­ture mondiale n’ex­cé­de­rait pas 0.14°C d’ici 2050. Ni 1°C, ni 2°C, ni 3°C, encore moins 5°C ou d’avan­tage, comme le répètent à l’envi les médias alar­mistes et les mani­fes­tants pour « sauver le climat », mais seule­ment 0.14°C. […]

Les Nations Unies se sentent-elles capables de convaincre la Chine et l’Inde qu’il faille qu’elles cessent impé­ra­ti­ve­ment leurs émis­sions pour éviter un réchauf­fe­ment, d’ici 2050, de respec­ti­ve­ment 0.04°C et 0.01°C ?

Richard Lindzen a fait un bref histo­rique de la doctrine du CO2 anthro­pique tenu pour. respon­sable du réchauf­fe­ment clima­tique (2018A77 p. 6) :

Bien que plusieurs scien­ti­fiques aient avancé ce point de vue au cours des 200 dernières années, il a été, jusqu’aux années 1980, géné­ra­le­ment rejeté. Lorsqu’en 1988, le scien­ti­fique de la NASA, James Hansen, a déclaré au Sénat améri­cain que la chaleur excep­tion­nelle de l’été reflé­tait l’aug­men­ta­tion du CO2, même le maga­zine Science a rapporté que la commu­nauté des scien­ti­fiques du climat était scep­tique. Le fait que cette posi­tion extrême ait été érigée en dogme au cours de la période actuelle est dû aux acteurs poli­tiques, et à d’autres personnes qui aspirent à exploi­ter les oppor­tu­ni­tés qui abondent dans le secteur de l’éner­gie, d’un montant de plusieurs milliards de dollars.

C’est le cas de Maurice Strong, bureau­crate mondial et affai­riste (qui a passé les dernières années de sa vie en Chine, appa­rem­ment pour éviter d’être pour­suivi pour son rôle dans les scan­dales du programme « Pétrole contre nour­ri­ture » des Nations unies). On attri­bue souvent à M. Strong le mérite d’avoir lancé le mouve­ment en faveur du réchauf­fe­ment clima­tique au début des années 1980, et il a ensuite contri­bué à l’or­ga­ni­sa­tion de la Conférence de Rio qui a débou­ché sur la Convention-cadre des Nations unies sur les chan­ge­ments clima­tiques.

C’est cet accord qui a enté­riné la thèse du CO2 et du climat, et qui a lancé la série de réunions inter­na­tio­nales (qui se pour­suivent encore aujourd’­hui) visant à plani­fier le contrôle du climat. Cependant, d’autres personnes, comme le Premier ministre suédois, Olaf Palme, et son ami et conseiller scien­ti­fique, Bert Bolin, premier président du Groupe d’ex­perts inter­gou­ver­ne­men­tal sur l’évo­lu­tion du climat (GIEC), avaient égale­ment commencé à exploi­ter cette ques­tion dès les années 1970. Leur moti­va­tion était de vaincre la résis­tance à l’éner­gie nucléaire en diabo­li­sant le char­bon.

L’enthousiasme poli­tique n’a fait qu’aug­men­ter depuis lors, l’idéo­lo­gie poli­tique jouant un rôle majeur. Il y a quelques années, Christiana Figueres, alors secré­taire exécu­tive de la Convention-cadre des Nations unies sur le chan­ge­ment clima­tique, a déclaré que, pour la première fois dans l’his­toire, l’hu­ma­nité se donnait pour mission de modi­fier inten­tion­nel­le­ment le système écono­mique.

Mme Figueres n’est pas la seule à le penser. Le plus proche conseiller du pape François a fustigé les conser­va­teurs scep­tiques du chan­ge­ment clima­tique aux États-Unis, blâmant le capi­ta­lisme pour leurs opinions. S’adressant aux jour­na­listes, le cardi­nal Oscar Rodríguez Maradiaga a criti­qué les « mouve­ments » aux États-Unis qui s’étaient oppo­sés de manière préven­tive au projet d’en­cy­clique de François sur le chan­ge­ment clima­tique. « L’idéologie qui entoure les ques­tions envi­ron­ne­men­tales est trop liée à un capi­ta­lisme qui ne veut pas cesser de détruire l’en­vi­ron­ne­ment parce qu’il ne veut pas renon­cer à ses profits », a‑t-il déclaré.

Disparition (attendue) des glaciers

Patrice Poyet a présenté ainsi ce sujet (2022A108 p. 242–243) :

Source : VK Raina (2009A110)

Comme cela a été détaillé dans la section « Climats passés » de ce docu­ment (Poyet P, 2022A108) et les sous-sections corres­pon­dantes « Les 2000 dernières années » et « Les 12000 dernières années, bref aperçu de l’Holocène », les glaciers offrent une réponse rapide à tout chan­ge­ment clima­tique.

Les obser­va­tions frap­pantes de [Eugène] Trutat (Annuaire du Club Alpin Français, 1876), effec­tuées bien avant les émis­sions anthro­piques, ont été rappor­tées à plusieurs reprises, et elles n’étaient pas isolées (Nussbaumer et al., 2011A96 fig. 4 et 5). C’est pour­quoi les glaciers ont souvent été une cible facile des manœuvres alar­mistes des fabri­cants de climat, car ils ont géné­ra­le­ment reculé depuis la fin du petit âge glaciaire (Akasofu, 2011A1). En fait, on voit régu­liè­re­ment de tels rapports dans les médias de masse faire la couver­ture ou la première page de jour­naux ou de maga­zines pour créer une sorte de réponse pavlo­vienne des masses condi­tion­nées, où des gens crédules et faciles à influen­cer, parce qu’ils manquent de temps, de volonté ou de moyens pour se forger une opinion éclai­rée, sont persua­dés qu’il n’y a pas à discu­ter, encore moins à « nier » — allu­sion impli­cite à l’ho­lo­causte. Les choses sont écrites, la messe est dite, le réchauf­fe­ment clima­tique causé par l’homme est irré­fu­table, les glaciers dispa­raî­tront.

La réalité déran­geante est que même ce pari facile — oui, des glaciers fondent — a souvent été perdu par les mani­pu­la­teurs. Il a déjà été rapporté que les gestion­naires du Glacier National Park, une vaste zone sauvage située dans les Montagnes rocheuses du Montana, ont dû reti­rer les panneaux indi­quant que « les glaciers auront disparu d’ici à 2020 », car la nature ne voulait pas coopé­rer avec leurs terribles prédic­tions. Ce n’était pas la première fois que les glaciers se montraient sour­nois et contre­di­saient des prévi­sions formu­lées à la légère. La fuite des cour­riels de l’Unité de recherche clima­tique (CRU) “Climategate” de l’Université d’East Anglia (UEA), comme si elle n’était pas assez embar­ras­sante, a coïn­cidé avec l’ex­po­si­tion de certaines erreurs flagrantes dans le rapport AR4 du GIEC (GIEC, 2007N7), plus parti­cu­liè­re­ment une annonce selon laquelle les glaciers de l’Himalaya dispa­raî­traient d’ici 2035, affir­ma­tion qui s’est avérée tota­le­ment dépour­vue de fonde­ment scien­ti­fique, par exemple (Bagla P, 2009A5 ; Cogley, 2011A27) et a conduit à des excuses contor­sion­nées du président et des vice-présidents du GIEC, ainsi que des copré­si­dents des groupes de travail du GIEC (GIEC, 2010).

Le glacio­logue Vijay Kumar Raina, ancien­ne­ment du Geological Survey of India, a dû démen­tir les affir­ma­tions non fondées du GIEC, en reje­tant l’idée que les mesures effec­tuées sur une poignée de glaciers seraient repré­sen­ta­tives du sort des quelque 10 000 glaciers hima­layens de l’Inde, et qu’ils dimi­nue­raient rapi­de­ment en réponse au chan­ge­ment clima­tique (Raina VK, 2009A110). Le docu­ment, “Discussion Paper, Ministry of Environment and Forests”, n’est plus dispo­nible sur son site web d’ori­gine (forme élec­tro­nique du brûlage de livres ?) mais le Heartland Institute l’ar­chive. Dans ce docu­ment, Raina affirme que « les glaciers de l’Himalaya, sur une période de 100 ans, se comportent de manière contras­tée… Il est préma­turé d’af­fir­mer que les glaciers de l’Himalaya reculent anor­ma­le­ment à cause du réchauf­fe­ment clima­tique. Un glacier est affecté par une série de carac­té­ris­tiques physiques et par une inter­ac­tion complexe de facteurs clima­tiques. Il est donc peu probable que l’on puisse affir­mer que le mouve­ment du front glaciaire est le résul­tat de varia­tions clima­tiques pério­diques, tant que l’on ne dispo­sera pas de plusieurs siècles d’ob­ser­va­tions. Alors que les mouve­ments des glaciers sont prin­ci­pa­le­ment dus au climat et aux chutes de neige, les mouve­ments du front semblent être propres à chaque glacier » et, en fait, ils « coopèrent » si peu qu’ « un côté de la langue glacière peut avan­cer tandis que l’autre stagne ou même recule » (Raina VK, 2009A110).

Vijay Kumar Raina est main­te­nant un ex-employé de tous les postes qu’il a occu­pés, iden­ti­fié comme l’au­teur d’un docu­ment de discus­sion contro­versé, et étiqueté par DeSmog comme un membre de la résis­tance clima­tique, un honneur ; imagi­nez qu’il a eu le culot de décla­rer : « Le climat change natu­rel­le­ment tout le temps, parfois de façon drama­tique. L’hypothèse selon laquelle nos émis­sions de CO2 ont provo­qué, ou provo­que­ront, un réchauf­fe­ment dange­reux n’est pas étayée par des preuves. » Se débar­ras­ser de lui n’ac­cé­lé­rera pas la fonte des glaciers de l’Himalaya, mais nombreux sont ceux qui se sont réjoui d’une aussi belle prise.

Le GIEC a reconnu l’er­reur dans une décla­ra­tion en date du 20 janvier 2010, dans laquelle il admet : « Nous avons toute­fois appris récem­ment qu’un para­graphe de la contri­bu­tion de 938 pages du Groupe de travail II à fait réfé­rence à des esti­ma­tions mal étayées du taux de réces­sion et de la date de dispa­ri­tion des glaciers de l’Himalaya. » […]

En fait, Raina (2013A111), compte tenu de sa connais­sance appro­fon­die des glaciers de l’Himalaya depuis des décen­nies, est encore plus prudent que la posi­tion que nous aurions pu défendre. Il n’ob­serve même pas une réponse rapide des glaciers aux chan­ge­ments clima­tiques, et déclare : « Dans la mesure où l’ob­ser­va­tion des glaciers, depuis plus de cinq décen­nies main­te­nant, permet un diag­nos­tic, je n’ai aucune hési­ta­tion à faire une décla­ra­tion selon laquelle un glacier ne répond pas néces­sai­re­ment aux chan­ge­ments clima­tiques immé­diats. Les données présen­tées révèlent que la fluc­tua­tion du museau du glacier n’est pas influen­cée par un seul para­mètre, mais par une combi­nai­son de para­mètres. Le carac­tère physio­gra­phique de la zone d’ac­cu­mu­la­tion et de la pente de la vallée joue proba­ble­ment un rôle plus impor­tant que les préci­pi­ta­tions annuelles et la tempé­ra­ture atmo­sphé­rique en soi » (Raina VK, 2013A111).

Nier l’évi­dence que les glaciers fondaient bien avant toute émis­sion anthro­po­gé­nique depuis la fin du petit âge glaciaire, n’ai­dera pas non plus à cacher que la traver­sée des Alpes par Hannibal avec ses éléphants pendant la deuxième guerre punique, en 218 avant l’ère chré­tienne, n’a été possible que parce qu’il n’y avait pas de glacier sur son chemin ni de glace à l’époque, à la fin du mois d’oc­tobre. La contro­verse sur la route alpine emprun­tée par l’ar­mée d’Hannibal du bassin du Rhône vers l’Italie […] a fait rage pendant plus de deux millé­naires, mais Mahaney et al. (2018A81) y ont récem­ment mis fin, en confir­mant ce que Polybe avait écrit en 311, à savoir qu’Hannibal avait fran­chi le plus haut des cols alpins : le col de la Traversette (2947 mètres !) entre la haute vallée du Guil et le haut Pô est bien le plus haut des cols. […]

Le climat a beau­coup changé, avec ou sans nos ridi­cules émis­sions anthro­piques, et, pour l’ins­tant, même le pari le plus facile des fabri­cants de climat est régu­liè­re­ment perdu. Les glaciers d’Alaska ne coopèrent pas non plus comme prévu et, comme le rapportent Berthier et al. (2010A14), les études précé­dentes ont large­ment sures­timé la perte de masse des glaciers d’Alaska au cours des 40 dernières années. Comme le rappelle Spencer (2007A134), les glaciers réagissent mani­fes­te­ment aux chan­ge­ments de tempé­ra­ture, mais surtout aux chan­ge­ments de préci­pi­ta­tions : « Des remarques simi­laires peuvent être faites au sujet du recul des glaciers. Les glaciers réagissent à diverses influences, en parti­cu­lier aux préci­pi­ta­tions. Seule une poignée des milliers de glaciers de la planète ont été mesu­rés pendant des décen­nies, et encore moins pendant des siècles. Certains des glaciers qui reculent mettent à jour des souches d’arbres, indi­quant des époques anté­rieures où les fluc­tua­tions clima­tiques natu­relles étaient respon­sables d’une éten­due restreinte des champs de glace. » Et, à titre de preuve anec­do­tique, le lecteur se souvien­dra des troncs d’arbres révé­lés par le recul du glacier Tschierva en Engadine, par Joerin et al. (2006A63).

L’auteur expose plus loin le cas du Kilimanjaro comme exemple emblé­ma­tique d’un glacier qui recule sous l’ef­fet de divers facteurs, notam­ment une perte de préci­pi­ta­tions, et certai­ne­ment pas à cause de l’ac­tion néfaste du CO2 (Poyet P, 2022A108 p. 242–243). Les glacio­logues soulignent la diver­sité des facteurs, écar­tant l’hy­po­thèse d’un lien exclu­sif avec la tempé­ra­ture terrestre (Bagla P, 2009A5) :

Pourquoi de nombreux glaciers de l’Himalaya s’écartent-ils de la tendance au recul rapide obser­vée dans les Alpes, par exemple, ou au mont Kilimandjaro, comme l’ont rapporté les Proceedings of the National Academy of Sciences la semaine dernière ? Selon Richard Armstrong, glacio­logue au National Snow and Ice Data Center de Boulder (Colorado), « les glaciers de basse alti­tude réagi­ront plus rapi­de­ment au réchauf­fe­ment clima­tique que les glaciers de haute alti­tude. » « Le régime des chutes de neige est plus impor­tant pour la stabi­lité des glaciers hima­layens que les tempé­ra­tures », ajoute Rajinder Kumar Ganjoo, glacio­logue à l’uni­ver­sité de Jammu, en Inde. « Si la hausse des tempé­ra­tures était la véri­table cause du recul, toutes les masses de glace de l’Himalaya devraient se dégra­der unifor­mé­ment », ajoute-t-il. « La ques­tion qui se pose dans les cercles scien­ti­fiques », note Kargel, « est de savoir quelle est la durée du temps de réponse et comment il varie d’un glacier à l’autre. »

L’eau monte ou le terrain descend ?

Si le niveau de la mer s’est élevé de 120 mètres en 18 000 années (source IFREMER), soit 6.6 mm par an, il ne s’est pas élevé de plus que de 1.2 mm par an (SHOM) depuis l’an 1800. Mesuré par 2133 maré­graphes, il n’ex­cé­dait pas 1.04 mm par an (Parker A & CD Ollier, 2015A101), soit 3 centi­mètres supplé­men­taires d’ici 2050, année décla­rée « objec­tif de neutra­lité carbone » par l’Union euro­péenne et les Nations Unies — ce qui est infé­rieur à l’am­pli­tude de la plus minus­cule vague, et très infé­rieur aux marées quoti­diennes (Gervais F, 2022A47 p. 177)…

Quoi qu’il en soit, on n’ob­serve aucune accé­lé­ra­tion récente de cette lente montée du niveau, ce qui exclut un couplage avec la produc­tion humaine de gaz à effet de serre (J Christy & R Spencer, 2003A23).

Le niveau des océans varie en fonc­tion du lieu de la mesure. Entre autres raisons, la terre n’est pas un solide indé­for­mable. Elle est soumise à l’at­trac­tion de la lune, et de plus ses plaques tecto­niques sont en mouve­ment (SCM, 2015A119 p. 57–66). Ce qui permet de comprendre, par exemple, qu’au voisi­nage de Stockholm, le niveau de la mer de monte pas, il s’abaisse de 3.9 mm par an (Gervais F, 2022A47 p. 120). Détail cocasse signalé par Ole Humlum (Crock M & A May eds., 2023A29 p. 10) : le GIEC a mis à la dispo­si­tion du public un outil de projec­tion des niveaux des mersN33 qui, pour Stockholm, « prédit » à partir de 2000 une éléva­tion du niveau de la mer, en totale contra­dic­tion avec les données !

En Grande Bretagne, le niveau de la mer augmente en Angleterre alors qu’il « dimi­nue » en Écosse, du fait de la colli­sion entre les plaques tecto­niques eurasia­tique et nord-américaine.

Pour ce qui est du lien entre fonte des glaciers et montée des eaux, Nils-Axel Mörner écrit (2016A94 p. 1319–1320) :

L’élévation du niveau de la mer il y a 10 000 à 11 000 ans n’a pas dépassé le taux [de 1 milli­mètre par an], bien que le forçage clima­tique ait été excep­tion­nel­le­ment intense, et que le taux de recul des glaciers ait été très rapide (de l’ordre de 200 à 300 mètres par an dans la région de Stockholm). Ceci est parfai­te­ment vrai, mais peut main­te­nant être illus­tré d’une manière encore plus expres­sive. Les rele­vés de tempé­ra­ture du Groenland GISP2 [4] [5] enre­gistrent un chan­ge­ment de tempé­ra­ture excep­tion­nel­le­ment impor­tant qui s’est produit à la fin du Younger Dryas et au début de l’Holocène (figure 1). Et pour­tant — et c’est ce qui est éton­nant — le niveau de la mer n’a pas augmenté de plus d’en­vi­ron 10 mm/an (c’est-à-dire 1 mètre par siècle), comme cela a été enre­gis­tré avec une grande préci­sion dans le nord-ouest de l’Europe, et testé à l’échelle mondiale [6] [7].

À 11 000 ans avant notre ère, il restait d’énormes quan­ti­tés de glace dans les gigan­tesques calottes glaciaires conti­nen­tales de la dernière période glaciaire. Au Canada, le front glaciaire se trou­vait dans la plaine du Saint-Laurent et en Scandinavie, la marge glaciaire se trou­vait à Stockholm. Lors de l’im­pul­sion de réchauf­fe­ment qui a mis fin au Pléistocène et amorcé l’Holocène, la glace a fondu sous l’ef­fet d’une force excep­tion­nelle. Aujourd’hui, il n’y a ni glace ni forçage clima­tique qui puisse être comparé à ce qui s’est passé entre 11 000 et 10 000 ans avant notre ère.

La conclu­sion est évidente : la fonte des glaces et l’élé­va­tion du niveau de la mer ne pour­ront jamais être aussi fortes — et certai­ne­ment pas plus fortes — que celles qui se sont produites lors de la tran­si­tion entre le Pléistocène et l’Holocène. Par consé­quent, un taux d’élé­va­tion du niveau de la mer de +10 mm/an ou 1 mètre par siècle peut être consi­déré comme la valeur abso­lu­ment limite de toute éléva­tion du niveau de la mer [1]. Toute éléva­tion actuelle du niveau de la mer doit être bien infé­rieure à cette valeur, pour être réaliste, compte tenu des données histo­riques et des facteurs physiques qui contrôlent la fonte des glaces. Par consé­quent, nous pouvons égale­ment reje­ter toute affir­ma­tion selon laquelle l’élé­va­tion du niveau de la mer dépas­se­rait 1 mètre au cours du prochain siècle, en la quali­fiant de pure absur­dité et de déma­go­gie infon­dée. […]

Le taux actuel d’élé­va­tion du niveau de la mer varie globa­le­ment entre ±0.0 et +1.0 mm/an, c’est-à-dire de zéro à 10 cm en un siècle. Cette valeur corres­pond très bien à la propo­si­tion de l’au­teur d’une éléva­tion du niveau de la mer, d’ici 2100, de +5 cm ± 15 cm (Mörner NA, 2015A93 ; 2016A94) .

➡ Le PléistocèneN34 mentionné ici a été marqué par des cycles glaciaires. Des recherches sur les varia­tions géné­tiques des humains ont révélé que le froid (et la séche­resse) avaient menacé l’es­pèce humaine d’ex­tinc­tion il y a 900 000 ans (Wu WJ et al., 2023A61) :

Les résul­tats ont montré que les ancêtres de l’Homme sont passés par un goulot d’étran­gle­ment impor­tant, avec envi­ron 1280 indi­vi­dus repro­duc­teurs, entre 930 000 et 813 000 ans. Ce goulot d’étran­gle­ment a duré envi­ron 117 000 ans et a conduit les ancêtres de l’Homme au bord de l’extinction.

À une époque plus récente, celle de la période chaude médié­vale, le Groenland a été envahi par les Vikings et dési­gné comme « Terre verte » par Erik le RougeN35 pour atti­rer les colons. Les travaux des archéo­logues mettent en évidence les événe­ments asso­ciés au refroi­dis­se­ment clima­tique, à partir du 13e siècle, qui a contraint les colons à aban­don­ner ce terri­toire. Paradoxalement, ce refroi­dis­se­ment s’est traduit par une appa­rente « éléva­tion du niveau de la mer » qui était en réalité une dépres­sion isosta­tiqueN36 du terrain causée par le poids de la glace sur la litho­sphèreN37 (Borreggine M et al., 2023A17) :

La litho­sphère (source)

Les premiers témoi­gnages sur les Vikings du Groenland remontent à 985 de notre ère. Les preuves archéo­lo­giques permettent de mieux comprendre le mode de vie des Vikings, mais les causes de leur dispa­ri­tion, au 15e siècle, restent énig­ma­tiques. La recherche suggère qu’une combi­nai­son de facteurs envi­ron­ne­men­taux et socio-économiques, ainsi que le chan­ge­ment clima­tique entre la période de réchauf­fe­ment médié­val (envi­ron 900 à 1250 de notre ère) et le petit âge glaciaire (envi­ron 1250 à 1900 de notre ère), pour­raient les avoir contraints à aban­don­ner le Groenland. La géomor­pho­lo­gie glaciaire et les recherches sur le paléo­cli­mat suggèrent que l’in­land­sisN38 du sud du Groenland s’est réins­tallé pendant l’oc­cu­pa­tion viking, attei­gnant son apogée au cours du petit âge glaciaire.

De manière contre-intuitive, cette réorien­ta­tion a provo­qué une éléva­tion du niveau de la mer près de la bordure glaciaire, en raison d’une attrac­tion gravi­ta­tion­nelle accrue sur la couche glaciaire et d’un affais­se­ment de la croûte terrestre. Nous évaluons la crois­sance de la glace dans le sud-ouest du Groenland à l’aide d’in­di­ca­teurs géomor­pho­lo­giques et de données de carottes lacustres issues de la litté­ra­ture anté­rieure. Nous calcu­lons l’ef­fet de la crois­sance de la calotte glaciaire sur le niveau régio­nal de la mer, en soumet­tant notre histoire de la glacia­tion à un modèle géophy­sique du niveau de la mer, avec une réso­lu­tion d’en­vi­ron 1 km dans le sud-ouest du Groenland, et nous compa­rons les résul­tats aux données archéo­lo­giques. Les résul­tats indiquent que le niveau de la mer a augmenté jusqu’à envi­ron 3.3 mètres en dehors de la zone de glacia­tion pendant la colo­ni­sa­tion viking, ce qui a entraîné un recul du litto­ral de plusieurs centaines de mètres.

L’élévation du niveau de la mer a été progres­sive, et a touché l’en­semble de la colo­nie orien­tale. De plus, les inon­da­tions géné­ra­li­sées ont dû forcer l’aban­don de nombreux sites côtiers. Ces proces­sus ont proba­ble­ment contri­bué à l’en­semble des vulné­ra­bi­li­tés qui ont conduit à l’aban­don du Groenland par les Vikings. L’évolution du niveau de la mer repré­sente donc un élément inté­gral et manquant de l’his­toire des Vikings.

L’article de Marisa Borreggine M et al. (2023A17) oblige à se deman­der si l’es­ti­ma­tion de l’élé­va­tion du niveau de la mer, telle que quan­ti­fiée par Nils-Axel Mörner (2016A94) — voir ci-dessus — a bien été corri­gée par l’éva­lua­tion du méca­nisme glacio-isostatique d’élé­va­tion du niveau des côtes. Cette compen­sa­tion été prise en compte par Mörner. Au terme d’une étude détaillée, il concluait (1970A92 p. 178) :

Tous ces éléments signi­fient qu’il doit être très diffi­cile de trou­ver une zone vrai­ment « stable », où les chan­ge­ments du niveau de la mer sont de véri­tables chan­ge­ments eusta­tiques [liés au climat]. Cela signi­fie égale­ment qu’une étude détaillée d’une zone soule­vée, où le facteur isosta­tique peut être déter­miné avec préci­sion, et où les facteurs eusta­tiques et isosta­tiques peuvent être sépa­rés, est certai­ne­ment l’un des meilleurs moyens de déter­mi­ner les chan­ge­ments eusta­tiques. Pour de telles études, la Scandinavie méri­dio­nale est parti­cu­liè­re­ment bien adap­tée (Mörner, 1969aA91 p. 8).

La courbe eusta­tique de M/Srner est calcu­lée avec une très grande préci­sion (pour les 12 700 dernières années) et les modi­fi­ca­tions ou ajouts futurs ne concer­ne­ront proba­ble­ment que des détails mineurs. Cependant, il faut se rappe­ler qu’elle donne les chan­ge­ments eusta­tiques dans l’Atlantique Nord-Ouest (55–58° de lati­tude Nord et 10–13° de longi­tude Est), le niveau de l’océan n’ayant pas néces­sai­re­ment été réparti de façon égale dans le temps.

Au sujet de la « montée des eaux » dans d’autres régions du monde, François Gervais écrit (2022A47 p. 119) :

Il ne s’agit pas de nier l’éro­sion du litto­ral à certains endroits. Mais les pouvoirs publics ne sont pas obli­gés d’y déli­vrer des permis de construire. À l’échelle mondiale, Donchyts et al. (2016A34) et Luijendijk et al. (2018A79) rapportent en moyenne un accrois­se­ment de la super­fi­cie des conti­nents en géné­ral, et des plages en parti­cu­lier. La super­fi­cie des îles du Pacifique et de l’océan Indien, y compris les Maldives, s’est accrue de 6 % (Holdaway A et al., 2021A59), celle des Marshall de 4 % (Ford MR et PS Kench, 2015A40).

Un dernier exemple : Jakarta est mena­cée de submer­sion, mais, ici encore, rien à voir avec une « montée de l’eau » et encore moins « le CO2 ». La ville s’en­fonce de plusieurs centi­mètres par an, par effet d’un pompage incon­trôlé de sa nappe phréa­tique. Le vécu de ses habi­tants a été évoqué avec pathos, dans un débat, par une jour­na­liste météo qui y voyait une preuve irré­fu­table de « l’ur­gence clima­tique » (Rittaud B, 2019A116).

Comme le remar­quait Richard Lindzen (2018A77 p. 7–8), « le récit est suffi­sam­ment simple pour que l’élite puisse enfin penser qu’elle “comprend” la science » :

Les scien­ti­fiques ont égale­ment une conscience aiguë et cynique de l’igno­rance des non-scientifiques et de la peur qu’elle engendre. Cette peur rend les élites « vulné­rables » parti­cu­liè­re­ment soula­gées par la certi­tude que la théo­rie sous-jacente à l’alarme est trivia­le­ment simple, et que « tous » les scien­ti­fiques sont d’accord.

Fonte des calottes glaciaires

Dans son film large­ment diffusé et acclamé par les mili­tants du climat, Al Gore avait suscité l’émoi en faisant appa­raître comme immi­nente une éléva­tion catas­tro­phique du niveau des mers, consé­cu­tive à la fonte des glaces de la calotte Arctique, qu’il prédi­sait inté­grale en 2013, et, il va de soi, causée par l’ac­ti­vité humaine (Rittaud B, 2023A118). Cette prophé­tie est sans cesse renou­ve­lée, avec des images de blocs de glace se déta­chant de la banquise chaque été, preuve irré­fu­table d’une destruc­tion immi­nente et irréversible…

On peut véri­fier en temps réel, sur le site du National Snow and Ice Data Center (NSIDC), l’ab­sence de couplage entre l’éten­due moyenne de la glace de mer arctique et le taux crois­sant de CO2 dans l’at­mo­sphère terrestre :

Le graphique ci-dessus montre l'étendue de la glace de mer arctique au 13 septembre 2023, ainsi que les données quotidiennes sur l'étendue de la glace pour les quatre années précédentes et l'année record la plus basse. L'année 2023 est représentée en bleu, l'année 2022 en vert, l'année 2021 en orange, l'année 2020 en marron, l'année 2019 en magenta et l'année 2012 en marron pointillé. La médiane de 1981 à 2010 est en gris foncé. Les zones grises autour de la ligne médiane indiquent les intervalles interquartiles et interdécile des données.
Source : Arctic Sea Ice News and Analysis (NSIDC, 2023N39)

Patrice Poyet commente (2022A108 p. 269) :

Ainsi, non seule­ment les prévi­sions de 2009 du Vice-président Al Gore sont réfu­tées par toutes les preuves, puisque ni en 2014 ni en 2016 l’Arctique n’a été sans glace pendant l’été, mais les études de Dr Maslowski [2013A82] semblent radi­ca­le­ment erro­nées, puis­qu’il y a plus de glace en 2022 qu’en 2021, 2020, 2019 ou 2018, et même beau­coup plus qu’en 2012.

Malgré la rela­tive constance de l’épais­seur de la glace, la banquise arctique dimi­nue en surface depuis les années 1980 comme le montre ce graphique du NSIDC (2023N40) :

Source : NSIDC (2023N40)

Alan Longhurst écrit (2012–2015A78 p. 184, 187) :

Une recons­truc­tion de la tempé­ra­ture de l’air de surface au-dessus du Groenland au cours du dernier millé­naire, déri­vée des bulles d’ar­gon et d’azote dans les carottes de glace préle­vées sur le site GISP au centre du Groenland, montre un long déclin des tempé­ra­tures depuis la période médié­vale et une reprise rela­ti­ve­ment rapide depuis le début du 19e siècle, une tendance qui diffère de celle obser­vée dans les données rela­tives aux dates de la période de gel pour les lacs et les rivières de l’hé­mi­sphère nord. L’ensemble de l’en­re­gis­tre­ment — dans lequel les tempé­ra­tures du 20e siècle sont plutôt simi­laires à celles de la période chaude médié­vale — est marqué par des oscil­la­tions pluri­dé­cen­nales de plus de 2 à 3 °C, de sorte que les chan­ge­ments récents obser­vés ne sont pas inha­bi­tuels, que ce soit en termes d’échelle ou de durée : l’en­re­gis­tre­ment des tempé­ra­tures dans les carottes glaciaires confirme donc les preuves histo­riques (Kobashi T et al., 2009A67). […]

Mais le recul actuel des glaciers n’est pas un phéno­mène uniforme, comme on le décrit géné­ra­le­ment. Sur l’île de Bylot, de l’autre côté de la baie de Baffin depuis la côte du Groenland, à envi­ron 73° Nord, une équipe de géologues cana­diens a constaté, au cours de l’été 2009, que presque tous les glaciers se trou­vaient dans leur moraine termi­nale, ce qui implique une absence de recul des glaciers à l’échelle régio­nale (Annual Review, Bedford Institute of Oceanography, 2009).

Patrice Poyet ajoute (2022A108 p. 263) :

Ainsi, le compor­te­ment du glacier est très diffé­rent, et le concept de CAGW [catas­tro­phic anthro­po­ge­nic global warming] met l’ac­cent sur les glaciers qui reculent, comme le fait l’ar­ticle de Wikipedia, en oubliant tous les autres. Mais […] le compor­te­ment des glaciers régio­naux, et de l’Arctique en géné­ral, coïn­cide avec l’in­fluence des eaux de l’Atlantique à travers les diverses oscil­la­tions connues sous le nom d’AMON19 (Chylek et al., 2011A26). Ou par exemple une phase néga­tive de la NAO [North Atlantic Oscillation], c’est-à-dire une anti-corrélation de (r = ‑0.84 à 0.93) avec les tempé­ra­tures du Groenland (Chylek et al., 2004A25), etc., mais pas avec un quel­conque déséqui­libre radiatif.

Pour ce qui est de l’Antarctique, le graphe des anoma­lies mensuelles de l’éten­due des glaces pour la période 1979–2023, publié par le NSIDC (2023N41), ne rend pas évidente « la phase de recul irré­ver­sible » annon­cée par certains médias alar­mistes. Les faibles fluc­tua­tions obser­vées ne sont en rien liées au réchauf­fe­ment clima­tique ni au CO2 :

Ce graphique montre les anomalies mensuelles de l'étendue des glaces sous la forme d'une série chronologique de la différence en pourcentage entre l'étendue pour le mois en question et la moyenne pour ce mois, sur la base des données de janvier 1981 à décembre 2010. Les points de données d'anomalies sont représentés par des signes plus et la ligne de tendance est représentée par une ligne grise en pointillés.
Source : NSIDC (2023N41)

Le graphique suivant affiche la tempé­ra­ture dans l’Antarctique et le CO2 (en échelle loga­rith­mique) sur deux siècles. Malgré l’aug­men­ta­tion massive de CO2, il n’y a tout simple­ment pas eu de réac­tion de la tempé­ra­ture, pour la simple raison que le climat est très peu sensible au CO2… (Poyet P, 2022A108 p. 256) :

Source : NOAA avec la contri­bu­tion de Bernhard Bereiter et al. (2015A20)

Acidification des océans

François Gervais écrit (2022A47 p. 122–123) :

Autre menace exis­ten­tielle décli­née dans la longue liste risquant de frap­per l’hu­ma­nité selon les médias alar­mistes, l’aci­di­fi­ca­tion des océans. La moyenne du pH des océans a effec­ti­ve­ment évolué de 8.2 à 8.1 ces dernière décen­nies. Le pH, ou poten­tiel hydro­gène, mesure la basi­cité (pH > 7) ou l’aci­dité (pH < 7) d’une solu­tion aqueuse. Les océans sont donc basiques et non pas acides et le reste­ront vrai­sem­bla­ble­ment. « Débasification », en l’oc­cur­rence de 0.1 point de pH, devrait être le terme à employer, au lieu de la trom­peuse « acidi­fi­ca­tion », proba­ble­ment plus vendeuse pour les marchands de peur.

La concen­tra­tion en CO2 est maxi­male dans les eaux froides parce que sa solu­bi­lité augmente à mesure que dimi­nue la tempé­ra­ture […] Les eaux chaudes sous les tropiques ont plus de mal à le rete­nir. La varia­tion annuelle de pH d’ori­gine anthro­pique n’ex­cède pas ‑0.0017 (Byrne RH et al., 2010), valeur reprise par le GIEC, mais restant petite par rapport au pH de 8.1. Ainsi, les varia­tions saison­nières (Wei HZ et al., 2021A150) excèdent-elles large­ment la minus­cule contri­bu­tion anthropique.

Christopher Walter Monckton of Brenchley était un expert évalua­teur du cinquième rapport (AR5) du GIEC (2013). Il résume le problème ainsi (2013A148 p. 12) :

Comme les océans contiennent déjà 70 fois plus de CO2 que l’air, il serait impos­sible de les acidi­fier sensi­ble­ment, même si tout le CO2 de l’air se retrou­vait dans la mer. En outre, les océans sont régu­lés par les bassins rocheux dans lesquels ils se déplacent, et cette régu­la­tion est homéo­sta­tique, ce qui permet de main­te­nir l’équi­libre acido-basique actuel, qui est nette­ment alca­lin. Ainsi, même la posi­tion de repli adop­tée par les profi­teurs du malheur face à l’échec de leurs prédic­tions sur le réchauf­fe­ment clima­tique — l’ »acidi­fi­ca­tion » des océans — ne repose sur aucune base scien­ti­fique rationnelle.

Pour un exposé beau­coup plus détaillé, voir The Myth of the Acidification of the Oceans (Poyet P, 2022A108 p. 275–292).

Coup de froid et positionnement éthique

Dans les années 1970, la majo­rité des spécia­listes s’in­quié­taient d’un refroi­dis­se­ment plané­taire global qui mettait en danger l’exis­tence de l’hu­ma­nité, ajou­tant que les théo­ries nouvelles d’un réchauf­fe­ment induit par le CO2 étaient encore discu­tables et incer­taines. Par exemple, Ichtiaque Rasool et Stephen Schneider (1971A112) aler­taient sur un risque de refroi­dis­se­ment de 3.5 degrés causé par les aéro­sols, et pouvant conduire au déclen­che­ment d’une nouvelle ère glaciaire.

L’historique du « consen­sus » des années 1970 sur le refroi­dis­se­ment global, dont se souviennent ceux qui ont connu cette époque — mes parents disaient « à cause des bombes atomiques » — a été systé­ma­ti­que­ment réécrit (notam­ment sur Wikipedia) pour donner l’illu­sion d’une posi­tion inverse — voir l’ar­ticle Refroidissement global dans les années 1970 : un mythe ?

En 1989, peu après la créa­tion du GIEC, dont il est devenu auteur prin­ci­pal des rapports, le même Schneider décla­rait (Schneider SH, 2011A128, souli­gné par mes soins) :

D’une part, en tant que scien­ti­fiques, nous sommes éthi­que­ment liés à la méthode scien­ti­fique, promet­tant en fait de dire la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité — ce qui signi­fie que nous devons inclure tous les doutes, les mises en garde, les « si », les « et » et les « mais ». D’autre part, nous ne sommes pas seule­ment des scien­ti­fiques, mais aussi des êtres humains. Et comme la plupart des gens, nous aime­rions que le monde soit meilleur, ce qui, dans ce contexte, se traduit par notre travail pour réduire le risque d’un chan­ge­ment clima­tique poten­tiel­le­ment désas­treux. Pour ce faire, nous devons obte­nir un large soutien et capter l’ima­gi­na­tion du public. Cela signi­fie, bien sûr, obte­nir une couver­ture média­tique impor­tante. Nous devons donc propo­ser des scéna­rios effrayants, faire des décla­ra­tions simpli­fiées et drama­tiques, et ne pas faire mention de nos doutes éven­tuels. Cette « double contrainte éthique » dans laquelle nous nous trou­vons fréquem­ment ne peut être réso­lue par aucune formule. Chacun d’entre nous doit déci­der du juste équi­libre entre effi­ca­cité et honnê­teté. J’espère que cela signi­fie être les deux à la fois.

Steven Koonin répond à ce sujet (2021A70 p. 9–10) :

Bien que Schneider ait par la suite abon­dam­ment expli­qué sa décla­ra­tion sur la « double contrainte éthique », je pense que la prémisse sous-jacente est dange­reu­se­ment erro­née. Il ne devrait pas y avoir de ques­tion sur « le juste équi­libre entre l’ef­fi­ca­cité et l’hon­nê­teté ». C’est le comble de l’or­gueil pour un scien­ti­fique que d’en­vi­sa­ger de désin­for­mer déli­bé­ré­ment les discus­sions poli­tiques au service de ce qu’il croit être l’éthique. Cela paraî­trait évident dans d’autres contextes : imagi­nez le tollé si l’on décou­vrait que des scien­ti­fiques déforment des données sur le contrôle des nais­sances en raison de leurs convic­tions reli­gieuses, par exemple. […]

Il n’y a rien de fâcheux à ce que les scien­ti­fiques soient des mili­tants, mais le mili­tan­tisme déguisé en « La Science » est pernicieux.

La posi­tion éthique peut être illus­trée par une décla­ra­tion du célèbre physi­cien Richard Feynman dans son allo­cu­tion Cargo Cult Science (1974A39) :

Les détails qui pour­raient mettre en doute votre inter­pré­ta­tion doivent être donnés, si vous les connais­sez. Vous devez faire de votre mieux — si vous savez quelque chose d’er­roné ou de possi­ble­ment erroné — pour l’ex­pli­quer. Si vous élabo­rez une théo­rie, par exemple, et que vous en faites la publi­cité ou la diffu­sez, vous devez égale­ment indi­quer tous les faits qui sont en désac­cord avec elle, en plus de ceux qui sont en accord avec elle. Il existe égale­ment un problème plus subtil. Lorsque vous avez rassem­blé un grand nombre d’idées pour élabo­rer une théo­rie complexe, il faut vous assu­rer, lorsque vous expli­quez ce à quoi elle corres­pond, que les éléments auxquels elle corres­pond ne sont pas seule­ment ceux qui vous ont donné l’idée de la théo­rie, mais que la théo­rie élabo­rée permet à quelque chose d’autre de s’avé­rer correct, en plus.

En résumé, l’idée est d’es­sayer de donner toutes les infor­ma­tions qui aide­ront les autres à juger de la valeur de votre contri­bu­tion, et pas seule­ment les infor­ma­tions qui conduisent à un juge­ment dans une direc­tion parti­cu­lière ou une autre. […]

Le premier point est que vous ne devez pas vous trom­per vous-même — et vous êtes la personne la plus facile à trom­per. Il faut donc être très prudent à ce sujet. Une fois que l’on ne s’est pas trompé soi-même, il est facile de ne pas trom­per les autres scien­ti­fiques. Il suffit ensuite d’être honnête de manière conventionnelle.

Météo versus climat

Dans son analyse du rapport AR6 du GIEC, dont il était expert revie­wer, François Gervais résume ainsi l’at­tri­bu­tion au réchauf­fe­ment clima­tique des événe­ments météo­ro­lo­giques extrêmesN4 mis en exergue ces dernières années (2022A47 p. 154) :

L’abondance de « probable » qui constellent le Résumé SPM ne reflète pas ce qui serait attendu pour un texte censé être scien­ti­fique. Le corpus de réfé­rences citées dans cet essai [Impasses clima­tiques] rela­ti­vise l’amal­game entre météo et climat qu’a fini par s’ap­pro­prier le GIEC. C’est un peu trop facile et pas fran­che­ment à son honneur. […] Les fluc­tua­tions de tempé­ra­tures […] ne sont ni plus fréquentes ni plus intenses de nos jours qu’elles ne l’étaient il y a un ou près de quatre siècles. L’amplitude de ces fluc­tua­tions, quoti­diennes entre le jour et la nuit, saison­nières, excède très large­ment le minus­cule réchauf­fe­ment annuel anthro­pique de 0.007°C évalué avec les chiffres du GIEC (bien qu’exa­géré compte tenu de la sensi­bi­lité clima­tique trop élevée qu’il reprend), mini­mi­sant jusqu’au ridi­cule l’at­tri­bu­tion anthro­pique des événe­ments météo­ro­lo­giques. Un réchauf­fe­ment annuel anthro­pique (exagéré) de sept millièmes de degrés centi­grades ne peut évidem­ment pas causer de manière signi­fi­ca­tive davan­tage d’in­cen­dies de forêt, d’inon­da­tions, de séche­resses, ou réduire la vitesse du Gulf Stream. […] En raison du coût pharao­nique déclaré par la Banque mondiale, le chan­ge­ment clima­tique induit par l’Homme reste à démon­trer, et ne peut pas seule­ment être supposé probable.

Ce point de vue est aussi celui de Richard Lindzen, titu­laire jusqu’en 2013 de la chaire de météo­ro­lo­gie au Massachussetts Institute of Technology.et membre de l’Académie natio­nale des sciences aux USA. Lors de sa confé­rence à la Global Warming Policy Foundation à Londres (2018A77 p. 8–9) il déclarait :

En ce qui concerne ces extrêmes, les données ne montrent aucune tendance et le GIEC est d’ac­cord. Même Gavin Schmidt, le succes­seur de Jim Hansen à l’ate­lier new-yorkais de la NASA, le GISS, a fait remar­quer que « les décla­ra­tions géné­rales sur les extrêmes sont prati­que­ment absentes de la litté­ra­ture, mais semblent abon­der dans les médias popu­laires ». Il a ajouté qu’il suffit de quelques secondes de réflexion pour se rendre compte que l’idée reçue selon laquelle « le réchauf­fe­ment clima­tique signi­fie que tous les extrêmes doivent augmen­ter en perma­nence » est « absurde ».

Au cœur de cette absur­dité se trouve l’in­ca­pa­cité à distin­guer la météo du climat. Ainsi, le réchauf­fe­ment clima­tique fait réfé­rence à l’aug­men­ta­tion bien­ve­nue de la tempé­ra­ture d’en­vi­ron 1°C depuis la fin du petit âge glaciaire, il y a envi­ron 200 ans. En revanche, les extrêmes météo­ro­lo­giques impliquent des chan­ge­ments de tempé­ra­ture de l’ordre de 20°C. Ces chan­ge­ments impor­tants ont une origine profon­dé­ment diffé­rente de celle du réchauf­fe­ment clima­tique. En termes simples, ils résultent de vents trans­por­tant de l’air chaud et de l’air froid depuis des régions éloi­gnées très chaudes ou très froides. Ces vents se présentent sous la forme de vagues. La force de ces vagues dépend de la diffé­rence de tempé­ra­ture entre les tropiques et l’Arctique (des diffé­rences plus impor­tantes entraî­nant des vagues plus fortes). Or, les modèles utili­sés pour prévoir le réchauf­fe­ment clima­tique prévoient tous que cette diffé­rence de tempé­ra­ture dimi­nuera plutôt qu’elle n’aug­men­tera.

Ainsi, l’aug­men­ta­tion des tempé­ra­tures extrêmes serait plus favo­rable à l’idée d’un refroi­dis­se­ment global qu’à celle d’un réchauf­fe­ment global. Cependant, les anal­pha­bètes scien­ti­fiques semblent inca­pables de faire la distinc­tion entre le réchauf­fe­ment clima­tique et les tempé­ra­tures extrêmes dues aux condi­tions météo­ro­lo­giques. En fait, comme on l’a déjà noté, il ne semble pas y avoir de tendance percep­tible en ce qui concerne les extrêmes clima­tiques. Il n’y a que l’at­ten­tion accrue accor­dée par les médias aux condi­tions météo­ro­lo­giques et l’ex­ploi­ta­tion de cette couver­ture média­tique par des personnes qui se rendent compte que les projec­tions de catas­trophes dans un avenir loin­tain ne sont guère convain­cantes, et qu’elles ont donc besoin d’un moyen de convaincre le public que le danger est immé­diat, même si ce n’est pas le cas.

Halène Arezki résume avec brio (2022A3) :

Les médias nous montrent les preuves du chan­ge­ment clima­tique sur la planète avec les aléas météo­ro­lo­giques comme un ivrogne affirme qu’il est toujours l’heure de l’apéro quelque part sur Terre. Les urbains profonds, y compris ceux qui vivent à la campagne, y voient les premières mani­fes­ta­tions de l’apocalypse ther­mo­car­bo­née qui nous est promise.

Justin Trudeau, premier ministre du Canada, affir­mait en été 2023 : « Nous voyons de plus en plus de ces feux à cause du chan­ge­ment clima­tique. » Les jour­na­listes qui ont diffusé ce message en boucle n’ont pas pris la peine de consul­ter la base de données des nombres d’in­cen­dies et des super­fi­cies fores­tières brûlées au Canada. Celles-ci ne varient pas dans le sens d’une augmen­ta­tion, et certai­ne­ment pas en lien avec la produc­tion de gaz à effet de serre (2021N42) :

Superficie forestière brûlée et nombre d'incendies au Canada (1990-2021)
Source : Base de données nationale sur les forêts (BDNFN42)

La confu­sion entre météo et climat est à la source de géné­ra­li­sa­tions hâtives qui font la une des médias. La longue période de sèche­resse suivie de pluies torren­tielles en Californie est exem­plaire de ces pirouettes rhéto­riques (Koonin SE, 2021A70 p. 178) :

Les incer­ti­tudes clima­tiques sont plus impor­tantes au niveau régio­nal qu’au niveau mondial. Par exemple, pendant les cinq ou six premières années de la récente séche­resse en Californie, de nombreux clima­to­logues ont affirmé que les influences humaines sur le climat augmen­taient le risque de séche­resse (Diffenbaugh NS et al., 2015A33). Pourtant, il n’a fallu qu’un an envi­ron, après la fin drama­tique de la séche­resse en 2016, pour que des articles soient publiés, affir­mant qu’un monde qui se réchauffe signi­fie­rait égale­ment une Californie plus humide (Allen RJ & RG Anderson, 2018A2). Peut-être s’agit-il simple­ment d’un proces­sus d’af­fi­ne­ment des connais­sances scien­ti­fiques. De manière moins chari­table, j’ai la nette impres­sion que la science est suffi­sam­ment incer­taine pour que n’im­porte quel phéno­mène météo­ro­lo­gique inha­bi­tuel puisse être « attri­bué » à des influences humaines.

Le CO2 source de nos malheurs ?

Nous avons vu dans la section Réalité de "l'empreinte carbone" que l’aug­men­ta­tion du taux atmo­sphé­rique de CO2 — dont l’at­tri­bu­tion à l’ac­ti­vité humaine est quan­ti­fiée de manière incer­taine — a une influence négli­geable sur la tempé­ra­ture globale de la Planète, puis, dans Météo versus climat, qu’elle ne pouvait pas plus être tenue pour respon­sable de phéno­mènes météo­ro­lo­giques extrêmes.

Cette augmen­ta­tion du CO2 est en réalité un béné­fice pour la couver­ture végé­tale, notam­ment dans les zones arides. La couver­ture fores­tière de l’Afrique subsa­ha­rienne s’est accrue de 8 % en trois décen­nies (Bastin JF et al., 2017A9 ; voir sept autres réfé­rences dans Gervais F, 2022A47 p. 131). Les jeunes forêts tropi­cales humides peuvent absor­ber onze fois plus de carbone atmo­sphé­rique que les forêts anciennes (Poorter L et al., 2016A107). Le rapport Sécheresse, déser­ti­fi­ca­tion et rever­dis­se­ment au Sahel de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la déser­ti­fi­ca­tion recon­naît (Descroix L, 2021A32) :

[…] un rever­dis­se­ment géné­ral et spon­tané du Sahel, comme si, 25 ans après le retour d’une pluvio­mé­trie « normale » (en quan­tité de pluie tombée mais leur inten­sité a crû sensi­ble­ment), la végé­ta­tion parve­nait à reprendre sa place et ses droits.

Sous le titre Réprimande et rédemp­tion, Benoît Rittaud écrit (2022A117) :

Le chemin de la rédemp­tion […] emprunte à la fois à la reli­gion et au tota­li­ta­risme. La première se lit en fili­grane dans les appels à une sobriété toute fran­cis­caine (« heureuse », rassurons-nous), dans la possi­bi­lité de rache­ter nos péchés par les indul­gences (les compen­sa­tions carbone) ou encore dans les grandes proces­sions (les mani­fes­ta­tions pour « éveiller les consciences »). Quant à la seconde, elle se voit dans le recours constant à la peur et à la menace, mais aussi dans le fait que chaque instant de notre vie doit désor­mais être mesuré à l’aune unique du climat. Il nous faut y penser lorsque nous nous nour­ris­sons, lorsque nous nous habillons, lorsque nous nous dépla­çons, lorsque nous ache­tons, ou même lorsque nous jetons.

Le climat ne se contente pas d’être un sujet parmi d’autres, ni même de dispo­ser du statut de « problème le plus impor­tant ». Non : il doit être le point focal de toute consi­dé­ra­tion, quelle qu’elle soit. Tout doit trou­ver le moyen de s’y rame­ner, qu’il s’agisse d’économie, de défense, des insti­tu­tions, voire du covid. La « justice clima­tique » voisine donc avec la consom­ma­tion « éco-responsable », les « grèves pour le climat » ou encore la Constitution qui, durant le dernier quin­quen­nat, et dans l’indifférence géné­rale, aurait dû se voir affu­blée de « la lutte contre le chan­ge­ment clima­tique » dans son article premier.

Pétitions et déclarations

Le « consen­sus », à l’époque de Gore, était loin de repré­sen­ter la « science établie » (settled science), si l’on en juge par la signa­ture d’une péti­tion sur le réchauf­fe­ment global (2008N43) qui avait rassem­blé pas moins de 31 000 univer­si­taires améri­cains, tout en étant igno­rée par la presse (Bast D, 2008A7) :

« La presse grand public est guidée par l’alar­misme », explique M Taylor. « Si vous avez une bonne nouvelle — 31 000 scien­ti­fiques ne pensent pas que la fin du monde est proche — la presse ne veut pas vrai­ment l’en­tendre, ni la parta­ger avec ses lecteurs et ses auditeurs. »

Une critique radi­cale du fonc­tion­ne­ment du GIEC a été publiée en 2011 par Ross McKitrick, préfa­cée par John Howard, ancien premier ministre de l’Australie qui se décla­rait « agnos­tique » en matière de climat. Les points essen­tiels soule­vés par ce rapport étaient (McKitrick R, 2011A87 p. 29) :

• Le proces­sus opaque de sélec­tion des auteurs prin­ci­paux et le recru­te­ment confi­den­tiel des auteurs colla­bo­ra­teurs ;
• L’absence de toute exigence contrai­gnante permet­tant d’in­té­grer l’en­semble des points de vue ;
• Les failles et les lacunes dans la séquence d’exa­men par les pairs ;
• Les conflits d’in­té­rêts intellectuels.

D’autres décla­ra­tions contre­di­sant les annonces du GIEC ont été publiées par la suite. Voir notam­ment un « Appel au GIEC » (en fran­çais) d’Alain Mathieu et Camille Veyres (2021A85) basé sur une Enquête sur l’ur­gence clima­tique concré­ti­sée par un échange entre les auteurs et François-Marie Bréon, Président de l’Association fran­çaise pour l’in­for­ma­tion scien­ti­fique. En conclu­sion, Mathieu et Veyres soulignent plusieurs décen­nies d’incertitudes (2021A85 p. 26) :

Le prochain rapport du GIEC devra donc four­nir une preuve incon­tes­table et non une croyance, fondée sur des aber­ra­tions scien­ti­fiques, que les émis­sions humaines sont la cause du réchauf­fe­ment. Faute de cette preuve, le scep­ti­cisme grandira.

La CLINTEL Foundation a publié une analyse poin­tilleuse du rapport (AR6N3) du GIEC : The Frozen Climate Views of the IPCC. An analy­sis of AR6 (Crock M & A May eds., 2023A29).

La péti­tion « Il n’y a pas d’ur­gence clima­tique » (2023N44), initiée par John Clauser a été signée par plus de 1000 scien­ti­fiques, univer­si­taires, ingé­nieurs, profes­sion­nels de l’en­vi­ron­ne­ment et de la santé de 37 pays, qu’on peut mettre en balance avec les 234 scien­ti­fiques de 66 pays signa­taires en 2021 du rapport AR6N3 du GIEC (Groupe 1). François Gervais a répondu point par point (2022A47 p. 175–179) aux critiques (non étayées) de cette décla­ra­tion, publiées sur le site Climatefeedback.

Disqualification du scepticisme et loi du silence

Benoît Rittaud décrit la campagne de déni­gre­ment qui frappe les scien­ti­fiques osant porter un regard critique sur les affir­ma­tions du GIEC (2022A117) :

En France, Bruno Latour est effi­ca­ce­ment parvenu à étouf­fer toute pensée véri­ta­ble­ment réflexive sur le climat, au profit d’un bréviaire mili­tant qui ne recule pas devant l’ignominie : quelques jours à peine après les atten­tats de novembre 2015, Latour prenait sa plus belle plume pour écrire que l’indignité des climato-sceptiques était équi­va­lente à celle des terro­ristes du Bataclan.

Le cas de Latour est révé­la­teur, car ce socio­logue des sciences avait au départ tout l’outillage intel­lec­tuel pour étudier intel­li­gem­ment la méca­nique à l’œuvre derrière les procla­ma­tions de « consen­sus scien­ti­fique ». Il fut un analyste impi­toyable des récits un peu trop triom­pha­listes sur la marche irré­sis­tible et désin­té­res­sée de la science vers le progrès. Jadis utile poil à grat­ter pour faire descendre les scien­ti­fiques de leur piédes­tal, Latour, et tant d’autres avec lui, a hélas choisi la faci­lité. Son hémi­plé­gie intel­lec­tuelle lui fait désor­mais réser­ver ses flèches aux épou­van­tails commodes que sont « la droite améri­caine » ou les « lobbys du fossile ».

La répres­sion des réfrac­taires au discours offi­ciel affecte en premier leurs carrières. François Gervais écrit (2022A47 p. 39) :

Certains scien­ti­fiques paient un lourd tribut, châtiés qu’ils sont de ne pas adhé­rer à la pensée unique. Les tous derniers résul­tats sur le blan­chi­ment de la barrière de corail, par exemple, montrent que la situa­tion de 2016 était vrai­sem­bla­ble­ment liée au phéno­mène El Niño d’am­pli­tude majeure cette année-là [lien]. La barrière de corail a depuis complè­te­ment récu­péré [lien]. Peter Ridd [lien], spécia­liste de la barrière austra­lienne qui plai­dait pour le phéno­mène natu­rel, a été abusi­ve­ment licen­cié de son Université, et a été contraint de se lancer dans un recours en justice. Nombre d’autres univer­si­taires affi­chant des posi­tions scep­tiques ont été licen­ciés ou réduits au silence.

De nombreux autres exemples d’at­teintes à la liberté acadé­mique sont cités dans les pages suivantes (Gervais F, 2022A47 p. 39–52) :

Les clima­tos­cep­tiques sont quali­fiés de deniers en anglais. Dénier suppose une vérité établie. Mais juste­ment, le Tableau 1.1 [pages 45–49] recense pas moins de 111 articles qui, dans le contexte, ont eu le mérite d’être passés sous les fourches caudines de la revue par les pairs pour conclure à une sensi­bi­lité clima­tiqueN27 égale ou infé­rieure à 1°C. La four­chette dans le dernier rapport AR6 (2021N3) du GIEC a été resser­rée à 1.3–2.1°C, valeurs supé­rieures à 1°C. Les sensi­bi­li­tés clima­tiques à l’équi­libre, équi­libre qui serait peut-être atteint d’ici deux ou trois siècles, sont encore plus élevées. On reste telle­ment loin d’un consen­sus que le mot perd tout son sens. Il ne saurait donc y avoir déni, encore moins néga­tion­nisme selon le quali­fi­ca­tif d’une rare impu­dence jeté à la face des scep­tiques. L’Holocauste est un fait histo­rique. Les projec­tions de tempé­ra­ture d’ici la fin du siècle se contre­disent. Comment pourrait-on « nier » ou « dénier » ce qui reste trop forte­ment contra­dic­toire, et surtout ce qui n’est pas encore arrivé ?

L’exemple suivant montre le peu de soin apporté par certains experts des groupes de travail du GIEC à l’exa­men scien­ti­fique des données à leur dispo­si­tion. Il s’agit ni plus ni moins de fraude scien­ti­fique : la mise à l’écart des publi­ca­tions qui ne contri­buent pas à renfor­cer le discours alar­miste du GIEC (Gervais F, 2022A47 p. 50–51) :

Les 111 études du Tableau 1.1 [pages 45–49, qui concluent à une sensi­bi­lité clima­tiqueN27 égale ou infé­rieure à 1°C] sont à compa­rer à celles listées par Knutti et al. (2017A66) où 47 sensi­bi­li­tés clima­tiques TCR [réponse clima­tique tran­si­toire], ou inter­valles de TCR, sont citées. Parmi celles-ci, une seule conclut à 1°C et une seule autre à moins de 1°C (Ollila 2014A99). 78 ECS (Equilibrium climate sensi­ti­vityN26) ou inter­valles d’ECS sont égale­ment passés en revue. Seulement 7 études rapportent 1°C ou moins […].

Pourquoi un tel tri sélec­tif si diffé­rent du Tableau 1.1 ? Knutti est auteur prin­ci­pal du rapport AR5 du GIEC (2013), de son Résumé pour déci­deurs et du résumé tech­nique. Il est aussi Coordinating lead author du chapitre 12. Son nom appa­raît pas moins de 201 fois dans le rapport AR5, y compris via 75 auto­ci­ta­tions. Ainsi est-on auto­risé à se poser la ques­tion de la poli­ti­sa­tion des rapports, depuis l’AR4, au vu du tri sélec­tif opéré par le GIEC, de l’au­to­ci­ta­tion très exagé­rée, et de l’ex­clu­sion du vaste corpus de travaux revus par les pairs, listés dans le Tableau 1.1.

Citant les travaux de Nicola Scafetta (voir ci-dessus), François Gervais écrit à ce sujet (2022A47 p. 54) :

Loin de l’af­fir­ma­tion d’une science établie, les incer­ti­tudes des modèles de climat appa­raissent gran­dis­santes, attei­gnant 3.8°C d’écart pour les modèles CMIP6 (Scafetta 2021bA125) comparé à 2.7°C pour les modèles CMIP5. Prendre la moyenne de valeurs fausses, sauf peut-être une, en écar­tant d’au­to­rité celles infé­rieures à 1°C du Tableau 1.1, est haute­ment contestable.

Selon Pascal Blamet (2021A15) :

La simu­la­tion numé­rique est […] une disci­pline scien­ti­fique en soi : le domaine confi­den­tiel, hermé­tique (et inexis­tant sur le plan média­tique) des numé­ri­ciens, infime mino­rité de cher­cheurs discrets, et hyper spécia­li­sés, dont l’objectif est d’abord que leur modèle abou­tisse à des résul­tats stables numé­ri­que­ment et plau­sibles physi­que­ment.

Quant à la « commu­nauté scien­ti­fique clima­tique », elle relève pour l’essentiel d’une juxta­po­si­tion de disci­plines distinctes, souvent natu­ra­listes, et atta­chées à des objets spéci­fiques (glacio­lo­gie, océa­no­gra­phie, météo­ro­lo­gie, ther­mo­dy­na­mique, astro­no­mie, hydro­lo­gie, etc.).

Il est frap­pant de noter que ces scien­ti­fiques observent, mesurent (ce qui n’est déjà pas simple) mais, faute de capa­cité d’interprétation globale, se retranchent derrière le préam­bule rituel du GIEC de la « faute au CO2 » et la néces­sité d’en « sauver la planète ».

C’est tout simple­ment oublier que la recherche ne relève pas des bonnes inten­tions, mais d’une démarche intel­lec­tuelle où la liberté, la contro­verse, et surtout la raison critique (exact inverse du complo­tisme) sont bien sûr primor­diales.

En clima­to­lo­gie, sans que cela heurte qui que ce soit, cette dernière a mani­fes­te­ment disparu de la sphère publique, comme si la ther­mo­dy­na­mique atmo­sphé­rique avait la simpli­cité et la repro­duc­ti­bi­lité de la bille qui tombe sous l’effet de la pesan­teur !

Ce qui explique sans doute que seuls des profes­seurs émérites et des scien­ti­fiques à la retraite se consi­dèrent en situa­tion de pouvoir émettre des avis critiques : ils sont désor­mais quasi­ment les seuls à avoir la liberté de le faire, avec courage d’ailleurs, compte tenu de l’ostracisme dont ils font l’objet, malgré leur expérience.

Un des ouvrages les plus lus dans le monde anglo­phone, au sujet de la modé­li­sa­tion en clima­to­lo­gie — mais, comme nous l’avons vu, sans aller jusqu’à mettre en doute un réchauf­fe­ment clima­tique causé par les gaz à effet de serre d’ori­gine anthro­pique — est celui de Steven E Koonin (2021A70). Ce profes­seur de l’Université de New York a parti­cipé au déve­lop­pe­ment des tous premiers modèles infor­ma­tiques en sciences. Il a étudié leur usage en sciences du climat, à partir de 2004, engagé par la firme pétro­lière British Petroleum pour un travail de recherche sur les éner­gies renou­ve­lables. Le Président Barack Obama l’a par la suite nommé sous-secrétaire aux sciences du dépar­te­ment améri­cain de l’Énergie.

➡ Les prophètes de « l’ef­fon­dre­ment clima­tique » n’ont de cesse de disqua­li­fier les climato-réalistes en les soup­çon­nant de « compli­cité » avec l’in­dus­trie pétro­lière. La tenta­tion est grande d’en faire de même avec un auteur qui a travaillé pour British Petroleum avant de rejoindre le gouver­ne­ment… Sauf que sa mission était d’étu­dier les options des éner­gies renou­ve­lables permet­tant à la compa­gnie d’al­ler « au delà du pétrole » — voir Ron Bousso (2020A18) au sujet des ambi­tions de BP. L’intérêt pour ces indus­triels serait donc plutôt de soute­nir la « tran­si­tion énergétique ».

Après la publi­ca­tion de son édito­rial inti­tulé Climate Science Is Not Settled dans le Wall Street Journal (2014A68), Steven Koonin avait été confronté à des avis miti­gés (2021A70 p. 5) :

Cet article a suscité des milliers de commen­taires en ligne, dont la grande majo­rité était favo­rable. Ma fran­chise sur l’état de la science du climat a cepen­dant été moins popu­laire dans la commu­nauté scien­ti­fique. Comme me l’a dit en privé le président d’un dépar­te­ment de sciences de la terre d’une univer­sité très respec­tée : « Je suis d’ac­cord avec presque tout ce que vous avez écrit, mais je n’ose pas le dire en public.»

De nombreux collègues scien­ti­fiques, dont certains sont mes amis depuis des décen­nies, ont été outrés que je mette en évidence les problèmes de “La Science” et que je donne ainsi, comme l’a dit l’un d’entre eux, « des muni­tions aux néga­tion­nistes ». Un autre a déclaré qu’il aurait été accep­table de publier mon essai dans une obscure revue scien­ti­fique, et m’a repro­ché de l’avoir fait dans un forum comp­tant autant de lecteurs. Enfin, un éminent défen­seur de l’idée que “La Science” est suffi­sam­ment établie a publié une réponse à mon édito­rial, qui commen­çait par deman­der à l’Université de New York de recon­si­dé­rer mon emploi, conti­nuait en défor­mant beau­coup de choses que j’avais écrites, puis, de manière décon­cer­tante, recon­nais­sait que la plupart des incer­ti­tudes que j’avais signa­lées étaient bien connues, et avaient fait l’ob­jet de nombreuses discus­sions parmi les experts (Pierrehumbert RT, 2014A105). Il semble qu’en souli­gnant ces incer­ti­tudes de manière aussi claire et publique, j’avais par inad­ver­tance brisé un certain code du silence, comme l’omerta de la mafia.

Réparer la « science défaillante »

Steven Koonin avait proposé, en 2017, la créa­tion d’une “Red Team” (équipe rouge), un groupe de scien­ti­fiques chargé de véri­fier rigou­reu­se­ment l’un des rapports d’éva­lua­tion, en essayant d’en iden­ti­fier et d’en évaluer les faiblesses (Koonin SE, 2021A70 p. 197) :

En prin­cipe, on deman­de­rait à un groupe contra­dic­toire quali­fié : « Qu’est-ce qui ne va pas avec cet argu­ment ? » Et, bien entendu, la “Blue Team” (vrai­sem­bla­ble­ment les auteurs du rapport) aurait la possi­bi­lité de réfu­ter les conclu­sions de l’équipe rouge. (À noter que l’uti­li­sa­tion de “Red” et “Blue” est tradi­tion­nelle dans l’ar­mée, où ces exer­cices ont vu le jour ; cela n’a rien à voir avec la poli­tique améri­caine.)

L’examen par la Red Team d’un rapport d’éva­lua­tion du climat pour­rait renfor­cer la confiance dans cette évalua­tion et démon­trer la soli­dité (ou l’ab­sence de soli­dité) de ses conclu­sions. Elle souli­gne­rait la fiabi­lité de la science qui se soumet à son examen, et mettrait en évidence, pour les non-spécialistes, les incer­ti­tudes ou les points « gênants » qui ont été occul­tés ou mini­mi­sés. En bref, elle amélio­re­rait et étaye­rait « La Science » par de la science.

Bien entendu, le GIEC des Nations unies et le gouver­ne­ment améri­cain affirment que leurs rapports d’éva­lua­tion respec­tifs font auto­rité, puis­qu’ils ont déjà fait l’ob­jet d’un examen rigou­reux par les pairs avant d’être publiés. Alors pour­quoi exiger un niveau de contrôle supplémentaire ?

La réponse la plus directe à cette objec­tion est que ces rapports présentent d’im­por­tantes failles dues à la manière dont ils ont été synthé­ti­sés et interprétés.

François Gervais résume ainsi les argu­ments de Koonin (Gervais F, 2022A47 p. 95, souli­gné par l’auteur) :

L’une des prin­ci­pales contri­bu­tions du livre est son compte rendu détaillé de la façon dont le message sur le chan­ge­ment clima­tique est déformé au fur et à mesure qu’il passe par des filtres succes­sifs. Les travaux publiés sont traduits en rapports, puis en résu­més de rapports, qui sont ensuite repris par des médias alar­mistes, sans qu’ils se soient évidem­ment donné la peine de lire les travaux originaux.

Steven Koonin précise (2021A70 p. 199) :

Un grand groupe d’ex­perts béné­voles (y compris, [aux USA], pour l’Évaluation natio­nale du climat, un groupe convo­qué par les acadé­mies natio­nales) révise le projet. Mais, contrai­re­ment à l’exa­men par les pairs des articles de recherche, les désac­cords entre les révi­seurs et les auteurs prin­ci­paux ne sont pas réso­lus par un arbitre indé­pen­dant ; l’au­teur prin­ci­pal peut choi­sir de reje­ter une critique en disant simple­ment : « Nous ne sommes pas d’ac­cord. » […] Et — point très impor­tant — les « Résumés à l’in­ten­tion des déci­deurs » du GIEC sont forte­ment influen­cés, si ce n’est rédi­gés, par des gouver­ne­ments qui ont inté­rêt à promou­voir des poli­tiques particulières.

Deux jours avant la March for Science, le Wall Street Journal avait publié un article dans lequel Steven Koonin propo­sait une évalua­tion des décla­ra­tions de la science du climat par une “Red Team” (Koonin SE, 2021A70 p. 200) :

J’ai utilisé la descrip­tion alar­mante et trom­peuse des données sur les oura­gans de l’ANC 2014 pour illus­trer la néces­sité d’un tel examen, et j’ai expli­qué comment il pour­rait être mené à bien (Koonin SE, 2017A69).

Cet article avait reçu 750 commen­taires pour la plupart favo­rables. Mais trois articles y avaient répondu par la néga­tive, arguant que les rapports avaient déjà été révi­sés par les pairs. Steven Koonin commente (2021A70 p. 201) :

Il est révé­la­teur qu’au­cun de ces articles n’ait abordé la défor­ma­tion des données sur les oura­gans du NCA 2014 que j’avais mise en évidence, ni expli­qué comment elle avait survécu à « l’exa­men minu­tieux de plusieurs décen­nies » de « multiples niveaux d’éva­lua­tion formelle et infor­melle par des experts ». […]

Alors que l’in­té­rêt de l’ad­mi­nis­tra­tion pour un examen par la Red Team s’est pour­suivi jusqu’à la mi-2019, d’autres objec­tions ont été émises par des poli­ti­ciens non scien­ti­fiques qui se sont lais­sés induire en erreur en croyant que « la science est établie ». Le 7 mars 2019, le séna­teur Schumer (et d’autres […]) ont soumis un projet de loi séna­to­riale S.729 :

inter­dire l’uti­li­sa­tion de fonds des agences fédé­rales pour établir un groupe d’ex­perts, un groupe de travail, un comité consul­ta­tif ou tout autre effort visant à remettre en ques­tion le consen­sus scien­ti­fique sur le chan­ge­ment clima­tique […].

Bien que ce projet de loi n’ait jamais abouti, ce n’était certai­ne­ment pas la première fois que le Congrès tentait d’empêcher une admi­nis­tra­tion de faire quelque chose. […] En tant qu’é­tu­diant en histoire, j’ai trouvé que ce projet de loi rappe­lait de manière désa­gréable un décret du Concile de Trente, en 1546, qui tentait de suppri­mer toute remise en ques­tion de la doctrine de l’Église. […].

Comment exer­cer un esprit critique construc­tif vis-à-vis des messages émanant de ces rapports relus et révi­sés par des non-scientifiques ? Steven Koonin propose quelques pistes (2021A70 p. 203–204):

Quiconque désigne un scien­ti­fique par les termes péjo­ra­tifs de « néga­tion­niste » ou « alar­miste » fait de la poli­tique ou de la propa­gande.

Tout appel au prétendu « consen­sus de 97% » parmi les scien­ti­fiques est un autre signal d’alarme. L’étude à l’ori­gine de ce chiffre (Cook J et al., 2013A28) a été démys­ti­fiée de manière convain­cante (Johnson, 2016A142). Quoi qu’il en soit, personne n’a jamais précisé ce sur quoi ces 97 % de scien­ti­fiques sont censés s’être accor­dés. Que le climat change ? Bien sûr, je suis d’ac­cord ! Que les humains influencent le climat ? Absolument, j’en suis ! Que nous consta­tons déjà des effets météo­ro­lo­giques désas­treux et que nous sommes confron­tés à un avenir encore plus catas­tro­phique ? Ce n’est pas du tout évident […].

La confu­sion entre météo et climat est un autre signal d’alerte.

L’omission de chiffres est égale­ment un signal d’alarme. Entendre dire que « le niveau de la mer augmente » est alar­mant […].

Une autre tactique courante consiste à citer des chiffres alar­mants hors contexte. Un titre comme « Les océans se réchauffent à la même vitesse que si cinq bombes d’Hiroshima étaient larguées chaque seconde » semble en effet effrayant, d’au­tant plus qu’il fait réfé­rence aux armes nucléaires (Kottasová I, 2020A71). Mais si l’on pour­suit la lecture de cet article, on apprend que la tempé­ra­ture des océans n’aug­mente que de 0.04°C par décen­nie.

Les discus­sions non spécia­li­sées sur la science du climat confondent souvent le climat actuel (obser­va­tions) et le climat possible (projec­tions de modèles selon divers scéna­rios).

Tout le monde peut (et devrait) lire les articles sur la science du climat en gardant à l’es­prit ces signaux d’alerte. […] Les médias audio­vi­suels sont mal adap­tés à cette tâche, car leurs repor­tages sont brefs et se résument à des extraits sonores. (Attention en parti­cu­lier aux présen­ta­teurs météo qui se sont trans­for­més en « présen­ta­teurs climat et météo » — rendre compte de chan­ge­ments sur trente ans n’est pas exac­te­ment un « flash d’information »).

Davis R Legates et collègues ont écrit (2015A76 p. 316) :

Le consen­sus de 97.1 % reven­di­qué par Cook et al. (2013A28) s’avère, après inspec­tion, être non pas 97.1 % mais 0.3 %. Leur affir­ma­tion d’un consen­sus de 97.1 % est donc sans doute l’un des plus grands éléments de désin­for­ma­tion qui ait circulé de chaque côté du débat sur le climat.

D'après Patrice Poyet (2022A108 p. 29). La "méthode scientifique" est schématisée à gauche et devrait prévaloir sur tout consensus, et à droite se trouve la "méthode de la science du climat" telle qu'elle est imposée par les instances politiques et les intérêts du complexe industriel et de recherche sur le climat.

Michael Sidiropoulos a présenté un concept actua­lisé de la méthode scien­ti­fique, avec l’in­clu­sion, dans la vali­da­tion, de deux étapes supplé­men­taires : des critères de démar­ca­tion et un critère de falsi­fi­ca­tion modi­fié. Extraits (2019A133) :

L’accent mis sur le cadre concep­tuel de l’ef­fet de serre a conduit à une théo­rie fonda­men­ta­le­ment sous-déterminée. Nous pouvons égale­ment l’ap­pe­ler « sous-contrainte » ou « sous-spécifiée ». Il y a moins d’in­te­rac­tions et de rétro­ac­tions dans les modèles et trop de variables incon­nues et de degrés de liberté. Un système sous-déterminé a géné­ra­le­ment de nombreuses solu­tions. En d’autres termes, il peut exis­ter d’autres théo­ries compa­tibles avec le même ensemble d’ob­ser­va­tions. […]

Il n’est pas certain que l’in­tro­duc­tion de nouveaux forçages résou­dra le problème de la sous-détermination. Les nouveaux forçages crée­ront de nouvelles incon­nues et de nouvelles inter­ac­tions (équa­tions) et le déséqui­libre entre les incon­nues et les équa­tions sera proba­ble­ment préservé. […]

Les corré­la­tions statis­tiques peuvent conduire à la formu­la­tion d’une théo­rie mais ne consti­tuent pas une preuve de causa­lité. Celle-ci doit être appor­tée par la science théo­rique et expé­ri­men­tale. Les essais et les erreurs permettent d’amé­lio­rer les modèles. Par exemple, les modèles clima­tiques ont récem­ment été modi­fiés pour inclure l’ef­fet des forêts, une variable manquante impor­tante dans les modèles précé­dents.

Les tests de la méthode propo­sée sont appli­qués aux hypo­thèses fonda­men­tales et aux conclu­sions des deux parties de la théo­rie de l’ef­fet de serre : (1) l’aug­men­ta­tion des tempé­ra­tures mondiales, (2) l’an­thro­po­ge­nèse de l’aug­men­ta­tion des tempé­ra­tures mondiales. Plusieurs prémisses de la théo­rie s’avèrent falsi­fiables avec les moyens de la tech­no­lo­gie actuelle et sont donc des théo­ries scien­ti­fiques. D’autres prémisses sont jugées infal­si­fiables et ne peuvent être incluses dans une théo­rie scien­ti­fique. Ces dernières doivent être élimi­nées ou rempla­cées par d’autres propo­si­tions falsifiables.

À quel prix ?

Le remue-méninges à propos du CO2 respon­sable du « dérè­gle­ment du climat » occupe le devant de la scène média­tique, au détri­ment de la lutte contre la pollu­tion des nappes phréa­tiques, cours d’eau et océans, la dégra­da­tion de la biodi­ver­sité par des pratiques agri­coles inadap­tées, la stéri­li­sa­tion des sols, l’ex­trac­tion minière de ressources miné­rales exigeant une consom­ma­tion massive d’eau — entre autres, le lithium servant à la fabri­ca­tion de batte­ries de véhi­cules élec­triques desti­nées à « sauver le climat »…

En 2018, le météo­ro­logue Richard Lindzen réprou­vait la tour­nure des événe­ments (2018A77 p. 7) :

En août dernier, un article a été publié dans les actes de l’Académie natio­nale des sciences. Parsemé de « pour­rait » et de « peut-être », il conclut qu’une « action humaine collec­tive » est néces­saire pour « éviter que le système terrestre n’at­teigne un seuil poten­tiel » et pour qu’il reste encore habi­table. Selon les auteurs, cela impli­que­rait « la gestion de l’en­semble du système terrestre — biosphère, climat et socié­tés », et cela pour­rait impli­quer « la décar­bo­na­tion de l’éco­no­mie mondiale, un renfor­ce­ment des puits de carbone de la biosphère, des chan­ge­ments de compor­te­ment, des inno­va­tions tech­no­lo­giques, de nouvelles dispo­si­tions en matière de gouver­nance, et une trans­for­ma­tion des valeurs sociales ».

N’oublions pas que, dans un monde qui adhère à I’incohérence du « prin­cipe de précau­tion », la simple affir­ma­tion d’une possi­bi­lité loin­taine justi­fie une action radicale.

La pola­ri­sa­tion des esprits sur « l'empreinte carbone » permet aux entre­prises — y compris dans le secteur de l’ex­trac­tion de combus­tibles fossiles — de s’ache­ter une « noto­riété verte » en compen­sant leur contri­bu­tion aux émis­sions de gaz à effet de serre par des opéra­tions appré­ciées du public, comme la plan­ta­tion d’arbres. Mais ce rideau de fumée (verte) masque les problèmes de destruc­tion de l’en­vi­ron­ne­ment liés à la surex­ploi­ta­tion de ressources et à la défi­gu­ra­tion de terri­toires, qu’au­cune « décar­bo­na­tion » ne peut résoudre.

Sans oublier les milliards d’eu­ros englou­tis dans des projets pharao­niques de « séques­tra­tion du carbone » (Webb D, 2023A149), ou encore de disper­sion d’aé­ro­sols pour dimi­nuer l’im­pact des rayons du soleil (CAMS, 2023A21 ; Koonin SE, 2021A70 p. 240–241).

François Gervais évoque un sujet qui fâche : le chif­frage de cette poli­tique envi­ron­ne­men­tale (2022A47 p. 162, 168) :

Nos ancêtres les Gaulois n’avaient qu’une crainte, que le ciel leur tombe sur la tête. Dans le passé, séche­resses ou inon­da­tions étaient attri­buées à l’hu­meur des dieux vengeurs ou des démons. Aujourd’hui, une rhéto­rique instru­men­ta­lise la météo comme prétexte à un chan­ge­ment de para­digme éner­gé­tique, lui-même annon­cia­teur d’un chan­ge­ment d’éco­no­mie, donc de société. […] Faites peur à suffi­sam­ment de monde, en parti­cu­lier les plus jeunes, pour leur faire croire ce que vous souhai­tez qu’ils croient, et vous crée­rez de futurs acti­vistes qui devien­dront les fidèles zélotes de l’idéo­lo­gie de la neutra­lité carbone au nom d’une « justice clima­tique ». Si Machiavel avait voulu plani­fier le plus grand trans­fert de richesse de l’Histoire, la « finance clima­tique » pour préten­du­ment sauver la Terre de l’apo­ca­lypse aurait certai­ne­ment été tout en haut de sa liste. […]

L’objectif de ne pas dépas­ser 0.5°C supplé­men­taire doit être comparé au coût affé­rent. On repren­dra le chif­frage de la Banque Mondiale de 89 000 milliards de dollars d’ici 2030. Au rythme évalué selon les propres chiffres du rapport AR6 (2021N3) du GIEC de 0.07°C par décen­nie, on reste très loin de 0.5°C d’ici là. Si l’argent est dépensé, cela sera donc pour de toutes autres raisons que celles qui servent de prétexte. Certains en profi­te­ront immé­dia­te­ment, tous les autres seront appe­lés à payer sous une forme ou une autre dans un délai plus ou moins long. […]

Les pouvoirs publics ont dépensé sur le dos des contri­buables des milliards pour subven­tion­ner les éner­gies renou­ve­lables sans le moindre impact visible sur l’évo­lu­tion du CO2. […] La varia­tion de tempé­ra­ture, si l’on fait abstrac­tion des pics El Niño, phéno­mènes natu­rels, reste proche de zéro depuis le proto­cole de Kyoto, du moins bien plus faible que les projec­tions alarmistes.

Interrogé (en mai 2023) par un séna­teur sur le coût de la « neutra­lité carbone en 2050 » aux États-Unis, le secré­taire adjoint du minis­tère de l’éner­gie, David Turk, a répondu « 50 milliards de dollars ». Quand le séna­teur lui a demandé quel serait le béné­fice de cette opéra­tion, en termes de dimi­nu­tion du réchauf­fe­ment, il n’a pas su que répondre. On peut en avoir une idée dans la section Réalité de « l'empreinte carbone»

À la fin du ving­tième siècle, les mouve­ments écolo­gistes ont réha­bi­lité le nucléaire comme solu­tion provi­soire jusqu’à une totale tran­si­tion vers les éner­gies renou­ve­lables. Les indus­triels et les déci­deurs poli­tiques se frottent les mains (Topçu S, 2013A143 p. 327) :

Face à la menace clima­tique, et dans la lignée des nouvelles exigences de « bonne gouver­nance », désor­mais centrée sur l’éco­lo­gie et la parti­ci­pa­tion du public, les orga­nismes nucléaires inventent, à partir du milieu des années 1990, le nucléaire « vert », en parfaite contra­dic­tion avec les stig­ma­ti­sa­tions de l’éco­lo­gie faites deux décen­nies auparavant.

L’absence de débat contra­dic­toire, et surtout l’ac­cord de la majo­rité des gens de tous bords sur l’échi­quier poli­tique, sont révé­la­teurs d’un méca­nisme de formation des masses tel que théo­risé par Mattias Desmet. Mais, puisque « nous sommes en guerre », tous les coups ne sont-ils pas permis ? (Kempf H, 2023A65 ; Belaud A, 2023A12 ; Bock-Côté M, 2023A16).

L’hypothèse d’un effet de serre — pour parler chic, d’un forçage radia­tifN6 — causé majo­ri­tai­re­ment par le CO2 et autres molé­cules produites par l’ac­ti­vité humaine, serait-elle un leurre ? Ce méca­nisme n’a jamais été mis en évidence expé­ri­men­ta­le­ment (Gerlich G & RD Tscheuschner, 2009A43 ; Geuskens G, 2020A50 ; 2018A48 ; 2019A49). L’évaluation de son inten­sité relève d’ex­pé­riences de pensée qui font débat. Mais surtout, la part effec­tive de l’ac­ti­vité humaine dans ce méca­nisme se révèle infime, comme signalé ci-dessus et dans d’autres publi­ca­tions (Terre et Climat, 2023A140 ; Happer W & R Lindzen, 2023A54). L’eau, sous toutes ses formes, serait le prin­ci­pal acteur du chan­ge­ment clima­tique (Poyet P, 2022A108 p. 124–127). Par consé­quent, ce chan­ge­ment serait prin­ci­pa­le­ment l’ef­fet de phéno­mènes natu­rels qui échappent au contrôle des humains.

Si l’on osait mettre un point d’in­ter­ro­ga­tion — ou de suspen­sion — sur la compo­sante anthro­pique du chan­ge­ment clima­tique, c’est la pointe d’une pyra­mide érigée à l’en­vers qui se déro­be­rait… Avec elle, la raison d’être d’un inves­tis­se­ment monu­men­tal, finan­cier et poli­tique, des nations (occi­den­tales) dans leur tran­si­tion éner­gé­tique, sous la menace de procès pour « inac­tion clima­tique ».

À l’échelle conti­nen­tale, cet inves­tis­se­ment se maté­ria­lise par le Green Deal euro­péen (Belardo T et al., 2023A11) de 100 milliards d’eu­ros, appuyé par le Forum Économique Mondial. Ce dernier s’est donné pour mission d’exer­cer une pres­sion collec­tive en faveur de la neutra­lité carbone que l’Agence inter­na­tio­nale de l’éner­gie a bapti­sée Zéro émis­sion nette d’ici 2050 (Schwab K & T Malleret, 2021A130 p. 82).

Pendant que le roi Charles III, de visite en France en septembre 2023, plai­dait pour une nouvelle « entente franco-britannique » sur le climat et la biodi­ver­sité — consi­dé­rant que « le plus grand défi de tous [est] le réchauf­fe­ment clima­tique, le chan­ge­ment clima­tique et la destruc­tion catas­tro­phique de la nature » — le Premier ministre britan­nique Rishi Sunak annon­çait le report de plusieurs mesures phare de la poli­tique clima­tique du Royaume-Uni, disant à mi-mot que l’ob­jec­tif de « neutra­lité carbone » en 2050 lui parais­sait irréa­li­sable… Aurait-il une arrière-pensée concer­nant son utilité ?

Les médias fran­co­phones annoncent un recul de l’en­goue­ment pour le projet « Zéro émis­sion nette », souli­gnant son coût écono­mique et socié­tal. Toutefois, sans émettre de doute sur sa néces­sité. La « bulle clima­tique » menace-t-elle d’ex­plo­ser ? Avec quels effets ?

L’enjeu de ces ques­tions est abys­sal… Lisez les sources, puis commen­tez. Mais souvenez-vous : des faits, pas des opinions !

➡ L’ouvrage « Impasses clima­tiques » (Gervais F, 2022A47) a rendu possible la rédac­tion de ce premier essai, de par la perti­nence de ses analyses et la diver­sité des sources auxquelles il fait réfé­rence. Je suis toute­fois déçu par le dernier chapitre consa­cré aux éner­gies dites « propres », instru­ments d’une tran­si­tion éner­gé­tique dont l’au­teur s’est efforcé de démon­trer la préco­cité, si ce n’est l’inu­ti­lité… Ses argu­ments me paraissent réduits aux « éléments de langage » de promo­teurs (ou de détrac­teurs) de solu­tions industrielles.

Notamment (pages 245–249) quand il se fait l’avo­cat d’un renou­veau de l’atome civil avec cet argu­ment éculé : « Pour l’ins­tant, le nombre total de décès dus aux acci­dents de centrales nucléaires civiles reste cepen­dant très infé­rieur à celui lié aux ruptures de barrages [hydro­élec­triques]. » Tout est dans le « pour l’ins­tant » ! Et tant pis pour la Biélorussie, victime en 1986 d’un « inci­dent » nucléaire qui a conta­miné le tiers de son terri­toire et rendu des centaines de milliers d’hec­tares de terres agri­coles défi­ni­ti­ve­ment inter­dites à toute exploi­ta­tion (Topçu S, 2013A143 p. 219)… Sans oublier les suites de Fukushima.

François Gervais mentionne évasi­ve­ment le « problème récur­rent » (sic) de stockage des déchets radio­ac­tifs (p. 247), mais il fait l’im­passe sur le déman­tè­le­ment des anciennes centrales, tout en accor­dant un crédit à l’uti­li­sa­tion du thorium (OdN, 2022aA97) ou à la fusion ther­mo­nu­cléaire (OdN, 2022bA98).

✓ Articles et ouvrages

🔵 Notes pour la version papier :
- Les iden­ti­fiants de liens permettent d’atteindre faci­le­ment les pages web auxquelles ils font réfé­rence.
- Pour visi­ter « 0bim », entrer dans un navi­ga­teur l’adresse « https://​leti​.lt/0bim ».
- On peut aussi consul­ter le serveur de liens https://leti.lt/liens et la liste des pages cibles https://leti.lt/liste.

  • A1 · b36q · Akasofu, SI (2011). A Suggestion to Climate Scientists and the Intergovernmental Panel on Climate Change. EOS, Transactions American Geophysical Union 89, 11 : 108.
  • A2 · li2a · Allen, RJ & RG Anderson (2018). 21st century California drought risk linked to model fide­lity of the El Niño tele­con­nec­tion. npj Climate and Atmospheric Science 1, Article number : 21.
  • A3 · nbq4 · Arezki, H (2022). FLOP26 : l’échec des négo­cia­tions clima­tiques ou les victoires du mondia­lisme. Blog La Trogne.
  • A4 · wd96 · Arrhenius, S (1896). On the Influence of Carbonic Acid in the Air upon the Temperature of the Ground. Philosophical Magazine and Journal of Science 5, 41 : 237–276.
  • A5 · b9o5 · Bagla, P (2009). No sign yet of Himalayan melt­down, Indian report finds. Science 326, 5955 : 924–925.
  • A6 · u64d · Balaji, V et al. (2022). Are gene­ral circu­la­tion models obso­lete ? PNAS 119, 47 : e2202075119.
  • A7 · j4z3 · Bast, D (2008). 30,000 Scientists Sign Petition on Global Warming. Opinion paper. The Hearthland Institute.
  • A8 · dob7 · Bastin, G (2013). Modélisation et analyse des systèmes dyna­miques : 216 pages.
  • A9 · nj3m · Bastin, JF et al. (2017). The extent of forest in dryland biomes. Science 356, 6338 : 635–638.
  • A10 · lza1 · Beenstock, M (2012). Polynomial coin­te­gra­tion tests of anthro­po­ge­nic impact on global warming. Earth Syst. Dynam. Discuss., 3 : 561–596.
  • A11 · ur5i · Belardo, T et al. (2023). Innovating for the European Green Deal. White Paper. World Economic Forum.
  • A12 · ywz1 · Belaud, A (2023). Bientôt une nouvelle loi pour muse­ler le clima­tos­cep­ti­cisme dans les médias ? Site de l’Institut de Recherches Economiques et Fiscales.
  • A13 · v4nx · Berry, EX (2019). Human CO2 Emissions Have Little Effect on Atmospheric CO2. International Journal of Atmospheric and Oceanic Sciences 3, 1 : 13–26.
  • A14 · d4bn · Berthier, E et al. (2010). Contribution of Alaskan glaciers to sea-level rise deri­ved from satel­lite imagery. Nature Geoscience 3 : 92–95.
  • A15 · ad4a · Blamet, P (2021). Les modèles clima­tiques : arte­facts trom­peurs ? Site Association des climato-réalistes.
  • A16 · na2d · Bock-Côté, M (2023). Proposition de loi inter­di­sant le clima­tos­cep­ti­cisme : la radi­ca­li­sa­tion de l’extrême centre. Le Figaro, 22 septembre.
  • A17 · yu3g · Borreggine, M et al. (2023). Sea-level rise in Southwest Greenland as a contri­bu­tor to Viking aban­don­ment. PNAS 120, 17 : e2209615120.
  • A18 · f5mu · Bousso, R (2021). BP gambles big on fast tran­si­tion from oil to rene­wables. Special Report. Reuters.
  • A19 · w83a · Bray, D & H von Storch (2007). Climate scien­tists : Perceptions of climate change science. GKSS — Forschungszentrum Geesthacht GmbH, Geesthacht.
  • A20 · xs5j · Breiter, B et al. (2014). Revision of the EPICA Dome C CO2 record from 800 to 600 kyr before present. Geophysical Research Letters 42, 2 : 542–549.
  • A21 · anm3 · CAMS (2023). Aérosols : la réduc­tion des émis­sions de SO₂ contribue-t-elle au réchauf­fe­ment clima­tique ? Site Association des climato-réalistes.
  • A22 · jg63 · Caillon, N et al. (2023). Timing of Atmospheric CO2 and Antarctic Temperature Changes Across Termination III. Science 299, 5613 : 1728–1731.
  • A23 · lr4w · Christy, J & R Spencer (2003). Global tempe­ra­ture report, 1978–2003. Earth System Science Center. The University of Alabama in Huntsville : 18 pages.
  • A24 · d78r · Christy, JR (2016). Testimony on 2 Feb 2016 of John R. Christy, University of Alabama in Huntsville. U.S. House Committee on Science, Space & Technology : 23 pages.
  • A25 · z4qa · Chylek, P et al. (2004). Global Warming and the Greenland Ice Sheet. Climatic Change 63 : 201–221.
  • A26 · kg4f · Chylek, P et al. (2011). Ice-core data evidence for a prominent near 20 year time-scale of the Atlantic Multidecadal Oscillation. Geophysical Research Letters 38, 13.
  • A27 · if3g · Cogley, JG (2011). Himalayan Glaciers in 2010 and 2035. In : Singh, V.P., Singh, P., Haritashya, U.K. (eds) Encyclopedia of Snow, Ice and Glaciers. Encyclopedia of Earth Sciences Series. Springer, Dordrecht.
  • A28 · cxa3 · Cook, J et al. (2013). Quantifying the consen­sus on anthro­po­ge­nic global warming in the scien­ti­fic lite­ra­ture. Environ. Res. Lett. 8 : 024024.
  • A29 · lz4n · Crock, M & A May eds. (2023). The Frozen Climate Views of the IPCC. An analy­sis of AR6. Site de Clintel Foundation : 172 pages.
  • A30 · txl4 · De Larminat, P (2014). Climate Change : Identification and Projections. London : Wiley-ISTE. ISBN : 978–1‑848–21777‑5.
  • A31 · mv3c · De Larminat, P (2016). Earth climate iden­ti­fi­ca­tion vs. anthro­pic global warming attri­bu­tion. Annual Reviews in Control, 42 : 114–125.
  • A32 · uo74 · Descroix, L (2021). Rapport “Sécheresse, déser­ti­fi­ca­tion et rever­dis­se­ment au Sahel”. Convention des Nations Unies sur la lutte contre la déser­ti­fi­ca­tion : 19 pages.
  • A33 · s7bi · Diffenbaugh, NS et al. (2015). Anthropogenic warming has increa­sed drought risk in California. PNAS 112, 13 : 3931–3936.
  • A34 · e8a7 · Donchyts, G et al. (2016). Earth’s surface water change over the past 30 years. Nature Climate Change 6 : 810–813.
  • A35 · b1zy · Dübal, HR & F Vahrenholt (2021). Radiative energy flux varia­tion from 2001–2020. Atmosphere 12, 10 : 1297.
  • A36 · m86v · Eisenman, I et al. (2011). Consistent Changes in the Sea Ice Seasonal Cycle in Response to Global Warming. Journal of Climate 24, 20 : 5325–5335.
  • A37 · m13f · Elsner, JB et al. (2008). The increa­sing inten­sity of the stron­gest tropi­cal cyclones. Nature 455 : 92–95.
  • A38 · vkr6 · Essenhigh, RH (2009). Potential Dependence of Global Warming on the Residence Time (RT) in the Atmosphere of Anthropogenically Sourced Carbon Dioxide. Energy Fuels 23, 5 : 2773–2784.
  • A39 · o6mp · Feynman, R (1974). Cargo Cult Science. Some remarks on science, pseu­dos­cience, and lear­ning how to not fool your­self. Caltech’s 1974 commen­ce­ment address.
  • A40 · k6e7 · Ford, MR & PS Kench (2015). Multi-decadal shore­line changes in response to sea level rise in the Marshall Islands. Anthropocene 11 : 14–24.
  • A41 · w65c · Fourier, JBJ (1824). Mémoire sur les tempé­ra­tures du globe terrestre et des espaces plané­taires. Cambridge University Press.
  • A42 · r61s · Frederikse, T et al. (2020). The causes of sea-level rise since 1900. Nature 584 : 393–397.
  • A43 · u3qw · Gerlich, G & RD Tscheuschner (2009). Falsification of the Atmospheric CO2 Greenhouse Effects Within The Frame Of Physics. International Journal of Modern Physics 23, 03 : 275–364.
  • A44 · f33m · Gervais, F (2014). Tiny warming of resi­dual anthro­po­ge­nic CO2. International Journal of Modern Physics 28, 13 : 1450095.
  • A45 · b9m3 · Gervais, F (2016). Anthropogenic CO2 warming chal­len­ged by 60-year cycle. Earth-Science Reviews, 155 : 129–135.
  • A46 · o3hw · Gervais, F (2021). Climate Sensitivity and Carbon Footprint. Science of Climate Change : 70–97.
  • A47 · o85p · Gervais, F (2022). Impasses clima­tiques : les contra­dic­tions du discours alar­miste sur le climat. Paris : Le Toucan.
  • A48 · hx2u · Geuskens, G (2018). Forçage radia­tif, sensi­bi­lité clima­tique et rétro­ac­tions posi­tives. Site Science, climat et énergie.
  • A49 · lk5o · Geuskens, G (2019). Le réchauf­fe­ment clima­tique d’origine anthro­pique. Site Science, climat et énergie.
  • A50 · f5cw · Geuskens, G (2020). L’effet de serre et le bilan éner­gé­tique de la Terre. Site Science, climat et énergie.
  • A51 · vp6n · Golyandina, N & A Zhigljavsky (2013). Singular Spectrum Analysis for Time Series. Chapter 2, 61 p., Basic SSA. Springer, ISBN 978–3‑642–34913‑3.
  • A52 · jc67 · Goosse, H et al. (2010). Introduction to climate dyna­mics and climate model­ling. Cambridge University Press. ISBN 9781107445833.
  • A53 · umh5 · Gys, E (2009). Le moulin à eau de Lorenz. Site Images des Mathématiques.
  • A54 · ybt3 · Happer, W & R Lindzen (2013). Comment on the Environmental Protection Agency’s (“EPA”) Proposed Rule. U.S. Environmental Protection Agency.
  • A55 · q5ng · Harde, H & ML Salby (2021). What Controls the Atmospheric CO2 Level ? Science of Climate Change : 54–69.
  • A56 · iw9k · Harde, H (2017). Scrutinizing the carbon cycle and CO2 resi­dence time in the atmos­phere. Global and Planetary Change 152 : 19–26.
  • A57 · j70o · Harde, H (2019). What Humans Contribute to Atmospheric CO2 : Comparison of Carbon Cycle Models with Observations. Earth Sciences 8, 3 : 139–159.
  • A58 · oxh8 · Hausfather, Z (2014). How not to calcu­late tempe­ra­ture. Site The Blackboard, June 5.
  • A59 · k55g · Holdaway, A et al. (2021). Global-scale changes in the area of atoll islands during the 21st century. Anthropocene 33 : 100282.
  • A60 · nf5w · Hourdin, F et al. (2017). The Art and Science of Climate Model Tuning. Bulletin of the American Meteorological Society 98, 3 : 589–602.
  • A61 · d2cd · Hu, W et al. (2023). Genomic infe­rence of a severe human bottle­neck during the Early to Middle Pleistocene tran­si­tion. Science 381, 6661 : 979–984.
  • A62 · la5o · Humlum, O et al. (2013). The phase rela­tion between atmos­phe­ric carbon dioxide and global tempe­ra­ture. Global and Planetary Change 100 : 51–69.
  • A63 · y425 · Joerin, UE et al. (2008). Holocene opti­mum events infer­red from subgla­cial sedi­ments at Tschierva glacier, Eastern Swiss Alps. Quaternary Science Reviews 27, 3–4 : 337–350.
  • A64 · ujw5 · Kay, JE et al. (2015). The Community Earth System Model (CESM) Large Ensemble Project : A Community Resource for Studying Climate Change in the Presence of Internal Climate Variability. Bulletin of the American Meteorological Society 96, 8 : 1333–1349.
  • A65 · l36s · Kempf, H (2023). Climatoscepticisme dans les médias : des dépu­tés planchent sur une loi. Site Reporterre.
  • A66 · ld22 · Knutti, R et al. (2017). Beyond equi­li­brium climate sensi­ti­vity. Nature Geoscience 10 : 727–736.
  • A67 · t2nc · Kobashi, T et al. (2009). Persistent multi-decadal Greenland tempe­ra­ture fluc­tua­tion through the last millen­nium. Climatic Change 100 : 733–756.
  • A68 · c7oa · Koonin, SE (2014). Climate Science Is Not Settled. The Wall Street Journal, 19 September.
  • A69 · u128 · Koonin, SE (2017). A ‘Red Team’ Exercise Would Strengthen Climate Science. The Wall Street Journal, 20 April.
  • A70 · jr03 · Koonin, SE (2021). Unsettled : What Climate Science Tells Us, What It Doesn’t, and Why It Matters. Dallas : BenBella Books.
  • A71 · b0ts · Kottasová, I (2020). Oceans are warming at the same rate as if five Hiroshima bombs were drop­ped in every second. CNN, 13 January.
  • A72 · z47o · Koutsoyiannis, D & ZW Kundzewicz (2020). Atmospheric Temperature and CO2 : Hen-or-Egg Causality ? Sci 2, 4 : 83.
  • A73 · qk56 · Koutsoyiannis, D (2010). HESS Opinions “A random walk on water”. Hydrology and Earth System Sciences 14, 3 : 585–601.
  • A74 · xysb · Kritee, K et al. (2018). High nitrous oxide fluxes from rice indi­cate the need to manage water for both long- and short-term climate impacts. PNAS 115, 39 : 9720–9725.
  • A75 · m9xo · Kuo, C et al. (1990). Coherence esta­bli­shed between atmos­phe­ric carbon dioxide and global tempe­ra­ture. Nature 343 : 709–714.
  • A76 · c7me · Legates, D et al. (2015). Climate Consensus and ‘Misinformation’: A Rejoinder to Agnotology, Scientific Consensus, and the Teaching and Learning of Climate Change. Science & Education, 24 : 299–318.
  • A77 · zzw8 · Lindzen, R (2018). Global Warming For The Two Cultures. London : Annual GWPF Lecture.
  • A78 · wg1i · Longhurst, A (2012–2015). Doubt and Certainty in Climate Science. E‑book.
  • A79 · nu4p · Luijendijk, A et al. (2018). The State of the World’s Beaches. Scientific Reports 8, Article number : 6641.
  • A80 · p0qj · Lüdecke, HJ (2016). Simple Model for the Antropogenically Forced CO2 Cycle Tested on Measured Quantities. Journal of Geography, Environment and Earth Science International 8, 4 : 1–12.
  • A81 · ob6l · Mahaney, WC et al.(2018). Reconnaissance of the Hannibalic Route in the Upper Po Valley, Italy : Correlation with Biostratigraphic Historical Archaeological Evidence in the Upper Guil Valley, France. Archaeometry 61, 1 : 242–258.
  • A82 · aya1 · Maslowski, W et al. (2012). The Future of Arctic Sea Ice. Annual Review of Earth and Planetary Sciences 40 : 625–654.
  • A83 · zmo0 · Masson, H (2019). La science clas­sique s’arrête où commence le chaos… Site Science, climat et énergie.
  • A84 · s94q · Masson, H (2023). Mathématiquement, le GIEC a tout faux ! Site Science, climat et énergie.
  • A85 · hbe6 · Mathieu, A, & C Veyres (2021). Enquête sur l’urgence clima­tique. Site de l’Institut de Recherches Economiques et Fiscales : 36 pages.
  • A86 · leb1 · McKitrick, R & J Christy (2020). Pervasive Warming Bias in CMIP6 Tropospheric Layers. Earth and Space Science 7, 9 : e2020EA001281.
  • A87 · l25u · McKitrick, R (2011). What is Wrong With the IPCC ? Proposals for a Radical Reform. ISBN 978–0‑9566875–4‑8.
  • A88 · hc9y · Mears, CA & FJ Wentz (2017). A Satellite-Derived Lower-Tropospheric Atmospheric Temperature Dataset Using an Optimized Adjustment for Diurnal Effects. Journal of Climate 30, 19 : 7695–7718.
  • A89 · nx80 · Moranne, JM (2020). Climate Physics, Forget the “Greenhouse Effect” and return to the Fundamentals. E‑book.
  • A90 · onn3 · Morel, P (2009). Réchauffement plané­taire et science du climat. Conférence au Bureau des Longitudes, 7 octobre.
  • A91 · r93q · Mörner, NA (1969). The late Quaternary history of the Kattegatt Sea and the Swedish West Coast. Sveriges geolo­giska undersökning.
  • A92 · mw5k · Mörner, NA (1971). Eustatic changes during the last 20,000 years and a method of sepa­ra­ting the isosta­tic and eusta­tic factors in an uplif­ted area. Palaeogeography, Palaeoclimatology, Palaeoecology 9, 3 : 153–181.
  • A93 · u8lb · Mörner, NA (2015). Glacial Isostasy : Regional — Not Global. International Journal of Geosciences 6 : 577–592.
  • A94 · wp9g · Mörner, NA (2016). Sea Level Changes as Observed in Nature. Evidence-Based Climate Science (Second Edition). Data Opposing CO2 Emissions as the Primary Source of Global Warming : 215–229.
  • A95 · m8h9 · Nakamura, M (2018). Confessions of a climate scien­tist : The global warming hypo­the­sis is an unpro­ven hypo­the­sis. Édition Kindle en japonais.
  • A96 · oh2y · Nussbaumer, SU (2011). Alpine climate during the Holocene : a compa­ri­son between records of glaciers, lake sedi­ments and solar acti­vity. Journal of Quaternary Science 26, 7 : 703–713.
  • A97 · f0yc · OdN (2022a). La fable des réac­teurs “au THORIUM”. Site Observatoire du Nucléaire.
  • A98 · x63x · OdN (2022b). Fusion nucléaire : une énième “avan­cée déci­sive” pour abuser les gogos… et décro­cher de nouveaux budgets. Site Observatoire du Nucléaire.
  • A99 · c0s1 · Ollila, A. (2014). The potency of carbon dioxide (CO2) as a green­house gas. Development in Earth Science 2 : 20–30.
  • A100 · e4uk · Park, J (2009). A re-evaluation of the cohe­rence between global-average atmos­phe­ric CO2 and tempe­ra­tures at inter­an­nual time scales. Geophysical Research Letters 36, 22 : L22704.
  • A101 · i45p · Parker, A & CD Ollier (2015). Discussion of Foster & Brown’s Time and Tide : Analysis of Sea Level Time Series. Physical Science International Journal 6, 2 : 119–130.
  • A102 · p26v · Parrenin, F et al. (2013). Synchronous Change of Atmospheric CO2 and Antarctic Temperature During the Last Deglacial Warming. Science 339, 6123 : 1060–1063.
  • A103 · i8qw · Petit, JR et al. (1999). Climate and atmos­phe­ric history of the past 420,000 years from the Vostok ice core. Nature 399 : 429–436.
  • A104 · i68u · Phillips, NA (1956). The gene­ral circu­la­tion of the atmos­phere : A nume­ri­cal expe­riment. Quarterly Journal of the Royal Meteorological Society 82, 352 : 123–164.
  • A105 · bvz8 · Pierrehumbert, R (2014). Climate Science Is Settled Enough. Slate, October 1.
  • A106 · qp21 · Pont, JC (2020). “Confessions d’un clima­to­logue : l’hypothèse du réchauf­fe­ment clima­tique est une hypo­thèse non prou­vée”. Lettre d’information sur le climat n°13. Site de l’Association des climato-réalistes.
  • A107 · ppk1 · Poorter, L et al. (2016). Biomass resi­lience of neotro­pi­cal secon­dary forests. Nature 530 : 211–214.
  • A108 · ky5g · Poyet, P (2022). The Rational Climate e‑Book, 2nd edition. e‑ISBN 978–99957‑1–929‑6.
  • A109 · p7fd · Quirk, T (2009). Sources and Sinks of Carbon Dioxide. Energy & Environment 20, 1 : 105–121.
  • A110 · ty4q · Raina, VK (2009). Himalayan glaciers : A state-of-art review of glacial studies, glacial retreat and climate change. Ministry of Environment and Forests, Government of India (MoEF).
  • A111 · va2d · Raina, VK (2012). Global Warming and the Glacier Retreat : An Overview. In : Sinha, R., Ravindra, R. (eds) Earth System Processes and Disaster Management. Society of Earth Scientists Series. Springer, Berlin, Heidelberg : 9–23.
  • A112 · pib3 · Rasool, SI & SH Schneider (1971). Atmospheric carbon dioxide and aero­sols : effects of large increases on global climate. Science 173, 3992 : 138–141.
  • A113 · x9pm · Richet, P (2021). The tempe­ra­ture – CO2 climate connec­tion : an epis­te­mo­lo­gi­cal reap­prai­sal of ice-core messages. History of Geo- and Space Sciences 12 : 97–110. (Removed)
  • A114 · yqi5 · Rittaud, B (2010). Le mythe clima­tique. Paris : éd. du Seuil. ISBN 978–2021011326.
  • A115 · zr4t · Rittaud, B (2015). La peur expo­nen­tielle. Presses Universitaires de France. ISBN 978–2130633693.
  • A116 · klj4 · Rittaud, B (2019). Débat entre Chloé Nabédian et Benoît Rittaud sur Sud Radio. Site Association des climato-réalistes.
  • A117 · f9pi · Rittaud, B (2022). La seule urgence sur le climat est de cesser d’en avoir peur. Site Association des climato-réalistes.
  • A118 · l08r · Rittaud, B (2023). Arctique, encore une mauvaise bonne nouvelle. Site Association des climato-réalistes.
  • A119 · srl3 · SCM (2015). La lutte contre le Réchauffement Climatique : une croi­sade absurde, coûteuse et inutile. Livre Blanc rédigé par la Société de Calcul Mathématique SA.
  • A120 · l5p9 · Salby, ML (2012). Physics of the Atmosphere and Climate. Cambridge University Press. ISBN 978–0521767187.
  • A121 · bon1 · Scafetta, N (2009). Empirical analy­sis of the solar contri­bu­tion to global mean air surface tempe­ra­ture change. Journal of Atmospheric and Solar-Terrestrial Physics 71 : 1916–1923.
  • A122 · jqr4 · Scafetta, N (2012). Testing an astro­no­mi­cally based decadal-scale empi­ri­cal harmo­nic climate model versus the IPCC (2007) gene­ral circu­la­tion climate models. Journal of Atmospheric and Solar-Terrestrial Physics 80 : 124–137.
  • A123 · qc23 · Scafetta, N (2013). Discussion on climate oscil­la­tions : CMIP5 gene­ral circu­la­tion models versus a semi-empirical harmo­nic model based on astro­no­mi­cal cycles. Earth-Sci. 126 : 321–357.
  • A124 · qm64 · Scafetta, N (2021a). Reconstruction of the Interannual to Millennial Scale Patterns of the Global Surface Temperature. Atmosphere 12, 2 : 147.
  • A125 · guh2 · Scafetta, N (2021b). Testing the CMIP6 GCM Simulations versus Surface Temperature Records from 1980–1990 to 2011–2021 : High ECS Is Not Supported. Climate 9, 11 : 161.
  • A126 · s5vv · Scafetta, N et al. (2020). A 60-Year Cycle in the Meteorite Fall Frequency Suggests a Possible Interplanetary Dust Forcing of the Earth’s Climate Driven by Planetary Oscillations. Geophysical Research Letter 47, 18 : e2020GL089954.
  • A127 · p39v · Schlesinger, ME & N Ramankutty (1994). An oscil­la­tion in the global climate system of period 65–70 years. Nature 367 : 723–726.
  • A128 · k4pk · Schneider, SH (2011). The Roles of Citizens, Journalists, and Scientists in Debunking Climate Change Myths. Site ClimateChange​.net.
  • A129 · lkv9 · Schneider, T et al. (2017). Climate goals and compu­ting the future of clouds. Nature Climate Change 7 : 3–5.
  • A130 · tt6z · Schwab, K & T Malleret (2022). Le Grand récit : Pour un avenir meilleur. Forum Publishing.
  • A131 · ss57 · Segalstad, T (1998). Carbon cycle model­ling and the resi­dence time of natu­ral and anthro­po­ge­nic atmos­phe­ric CO 2 : on the construc­tion of the « Greenhouse Effect Global Warming » dogma. In Bate, R (ed.) Global warming : the conti­nuing debate. Cambridge (UK) : European Science and Environment Forum (ESEF).
  • A132 · a5sa · Severinghaus, J (2004). What does the lag of CO2 behind tempe­ra­ture in ice cores tell us about global warming ? Site RealClimate.
  • A133 · dzn5 · Sidiropoulos, M (2019). Demarcation Aspects of Global Warming Theory. Online preprint : 15 pages. (Preprint)
  • A134 · bl2w · Spencer, RW (2007). How Serious is the Global Warming Threat ? Society 44 : 45–50.
  • A135 · qi25 · Spencer, RW (2016). A Guide to Understanding Global Temperature Data. Texas Public Policy Foundation : 22 pages.
  • A136 · jm83 · Spencer, RW et al. (2017). UAH Version 6 global satel­lite tempe­ra­ture products : Methodology and results. Asia-Pacific Journal of Atmospheric Sciences 53 : 121–130.
  • A137 · i0ox · Stainforth, DA et al. (2005). Uncertainty in predic­tions of the climate responses to rising levels of green­house gases, Nature 433 : 403–406.
  • A138 · ex76 · Stallinga, P (2020). Comprehensive Analytical Study of the Greenhouse Effect of the Atmosphere. Atmospheric and Climate Sciences, 10 : 40–80.
  • A139 · ley5 · Stéfanon, M (2012). Heat waves and droughts in Mediterranean : contri­bu­tions of land-atmosphere coupled processes on mesos­cale. Thèse prépa­rée au Laboratoire de Météorologie Dynamique, Institut Pierre Simon Laplace, 123 pages.
  • A140 · hmw5 · Terre et Climat (2023). Le consen­sus scien­ti­fique sur le rôle néfaste du CO2 n’existe pas. Site La ques­tion climatique.
  • A141 · pu7u · Thomas, T (2019). A Climate Modeller Spills the Beans. Quadrant on line, 23 septembre.
  • A142 · n6gk · Tol, RSJ (2016). Comment on “Quantifying the consen­sus on anthro­po­ge­nic global warming in the scien­ti­fic lite­ra­ture”. Environ. Res. Lett. 11 : 048001
  • A143 · jb5t · Topçu, S (2013). La France nucléaire : l’art de gouver­ner une tech­no­lo­gie contes­tée. Paris : éditions du Seuil.
  • A144 · wth3 · Tyndall, J (1871). Contributions to Molecular Physics in the Domain of Radiant Heat. London : Longmans, Green, and co.
  • Van Vliet, J (2023 lien:jms4). Pourquoi l’effet du CO2 sur le climat est exclu par la physique. Site Science, climat et énergie.
  • A145 · d8os · Van Vliet-Lanoë, B & J Van Vliet (2022a). Changements météo­ro­lo­giques et chan­ge­ment clima­tique : un refroi­dis­se­ment en marche sur l’Atlantique Nord (1/2). Site Science, climat et énergie.
  • A146 · cc6s · Van Vliet-Lanoë, B & J Van Vliet (2022b). Les Anticyclones Mobiles Polaires ou AMP, méca­nismes logiques de forçage de la météo (2/2). Site Science, climat et énergie.
  • A147 · k5kr · Veyres, C (2020). Mise en ligne de docu­ments rela­tifs au “chan­ge­ment clima­tique attri­bué au CO2 des combus­tibles fossiles”. Site web.
  • A148 · nkw8 · Walter, C (2013). Written evidence submit­ted by Christopher Walter Viscount Monckton of Brenchley (IPCC0005).
  • A149 · uqz9 · Webb, D (2023). Achieving net zero : Why costs of direct air capture need to drop for large-scale adop­tion. Opinion Paper. World Economic Forum.
  • A150 · vj0y · Wei, HZ et al. (2021). Evolution of paleo-climate and seawa­ter pH from the late Permian to post­in­dus­trial periods recor­ded by boron isotopes and B/Ca in bioge­nic carbo­nates. Earth-Science Reviews 215 : 103546.
  • A151 · sn0c · Weisheimer, A et al. (2011). On the predic­ta­bi­lity of the extreme summer 2003 over Europe. Geophysical Research Letters, 38, 5 : L05704.
  • A152 · o3o9 · Winton, M (2011). Do Climate Models Underestimate the Sensitivity of Northern Hemisphere Sea Ice Cover ? Journal of Climate 24, 15 : 3924–3934.
  • A153 · vm5m · Zeng, N et al. (2005). Terrestrial mecha­nisms of inter­an­nual CO2 varia­bi­lity. Global Biogeochemical Cycles 19, 1 : GB1016.
  • A154 · rv7s · Zhu, J et al. (2020). High climate sensi­ti­vity in CMIP6 model not suppor­ted by paleo­cli­mate. Nature Climate Change 10 : 378–379.
  • A155 · y35k · Zhu, J et al. (2021). Assessment of Equilibrium Climate Sensitivity of the Community Earth System Model Version 2 Through Simulation of the Last Glacial Maximum. Geophysical Research Letters 48, 3 : e2020GL091220.

▷ Liens

  • N1 · i5rs · Dissonance cogni­tive – Wikipedia
  • N2 · ja6i · Argument d’au­to­rité – Wikipedia
  • N3 · xt4q · Sixth Assessment Report – IPCC
  • N4 · nv1g · Événement météo­ro­lo­gique extrême – Wikipedia
  • N5 · abs3 · Providing the facts about CO2 and climate change – CO2 Coalition
  • N6 · w7wd · Forçage radia­tif – Wikipedia
  • N7 · q0f1 · AR4 Climate Change 2007 : Synthesis Report (IPCC/GIEC)
  • N8 · xc27 · Bilan carbone – Wikipedia
  • N9 · dky1 · Taxe carbone – Wikipedia
  • N10 · z4iv · Bourse du carbone – quotas – Wikipedia
  • N11 · 6hea · Protoxyde d’azote – Wikipedia
  • N12 · sijz · Alternate wetting and drying – Wikipedia
  • N13 · iz0f · Modèle de circu­la­tion géné­rale – Wikipedia
  • N14 · ec6h · Troposphère – Wikipedia
  • N15 · tjv8 · Jet stream – Wikipedia
  • N16 · t2u5 · El Niño – Wikipedia
  • N17 · d04a · Graphique en crosse de hockey – Wikipedia
  • N18 · hnf7 · Coefficient of deter­mi­na­tion – Wikipedia
  • N19 · a3ff · Oscillation atlan­tique multi­dé­cen­nale – Wikipedia
  • N20 · vqg0 · Oscillation décen­nale du Pacifique – Wikipedia
  • N21 · nw53 · HadCRUT – Wikipedia
  • N22 · s1x4 · Climate Change Impacts in the United States : The Third National Climate Assessment
  • N23 · q0ht · Îlot de chaleur urbain – Wikipedia
  • N24 · nt0p · Climate Science Special Report : Fourth National Climate Assessment (NCA4), Volume I
  • N25 · z325 · Annual 2022 Tornadoes Report
  • N26 · bu2j · Sensibilité clima­tique à l’équi­libre – Wikipedia
  • N27 · t0ck · Sensibilité clima­tique – Wikipedia
  • N28 · u06r · Identification de système – Wikipedia
  • N29 · iy8m · Filtre de Kalman – Wikipedia
  • N30 · hvp4 · Cycles de Milankovitch – Wikipedia
  • N31 · k0vv · Anthropogenic and Natural Radiative Forcing. Chapter 8, In : Climate Change 2013 : The Physical Science Basis. Contribution of Working Group I to the Fifth Assessment Report of the Intergovernmental Panel on Climate Change
  • N32 · moh7 · Rapport “Parvenir à la neutra­lité clima­tique d’ici à 2050”
  • N33 · nn6d · IPCC AR6 Sea Level Projection Tool
  • N34 · ihn0 · Pléistocène – Wikipedia
  • N35 · g13b · Erik le Rouge – Wikipedia
  • N36 · o1ux · Isostatic depres­sion – Wikipedia
  • N37 · f669 · Lithosphère – Wikipedia
  • N38 · a54a · Inlandsis – Wikipedia
  • N39 · rz7f · Arctic Sea Ice News and Analysis
  • N40 · mrb7 · Northern Hemisphere Extent Anomalies August 1979 – 2023
  • N41 · pm8t · Southern Hemisphere Extent Anomalies August 1979 – 2023
  • N42 · r73p · Superficie fores­tière brûlée et nombre d’in­cen­dies (Canada)
  • N43 · p74c · Global Warming Petition Project
  • N44 · p7k0 · There is no climate emer­gency (Il n’y a pas d’ur­gence clima­tique) – World Climate Declaration

Cet article contient 34782 mots.
Autrement dit 218269 signes.

Article créé le 28/08/2023 - modifié le 26/09/2023 à 08h28

11 recommended
0 commentaires
392 visites
bookmark icon

Écrire un commentaire...

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.