Les îles d’OkinawaN1 au Japon (archipel des Ryūkyū) sont réputées pour l’espérance de vie de leurs habitants et un taux exceptionnel de centenaires : cinq fois plus que la moyenne du Japon. L’âge de ces centenaires est certifié car les données sur les dates de naissance (koseki) sont enregistrées officiellement depuis 1872 (Kagawa Y, 1978N2 page 214). L’adéquation entre ces enregistrements et les déclarations des Okinawais a été confirmée par l’examen d’un échantillon de 8% des centenaires (Willcox DC et al., 2008N3).
Yasuo Kagawa (1978N2) précise toutefois que, pour donner une mesure significative de la proportion de centenaires japonais, il convient de diviser leur nombre par celui des personnes âgées de plus de 65 ans, plutôt que de la population totale. En effet, la seconde méthode surévalue les centenaires dans cette région, étant donné le nombre important de jeunes qui l’ont quittée (Kagawa Y, 1978 N2 p. 214–215) — voir figure ci-dessous).
Un taux impressionnant de centenaires et de supercentenairesN4 dans une région ne garantit pas que l’espérance de vie y soit exceptionnelle, ni même plus élevée qu’ailleurs. Par exemple (Willcox DC et al., 2008N3, page 344), l’espérance de vie à la naissance en 2000 à Okinawa était de 77.6 ans pour les hommes et 86 pour les femmes. Or elle était proche — 77.7 et 84.6 ans respectivement — la même année au Japon, contre 75.3 et 82.7 ans en France. L’avantage d’Okinawa était plus marqué en 1970 : 71.1 ans (hommes) et 77.5 (femmes) contre 69.3 ans (hommes) et 74.7 (femmes) au Japon. Il reste que le taux de centenaires ouvre une interrogation passionnante sur les « secrets de longévité » de ces personnes.
L’objet de cet article n’est pas d’alimenter les controverses sur les statistiques démographiques — voir pour cela mon article Supercentenaires : des statistiques dérangeantes — mais de confronter les récits diffusés par les médias grand public aux publications scientifiques auxquelles leurs auteurs font référence.
Ces récits ont en commun d’expliquer la longévité des Okinawais centenaires à partir d’habitudes alimentaires qui, nous le verrons, ont fortement changé au cours de leur longue existence.
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Sommaire
⇪ Okinawa en 1949 : rêve ou cauchemar ?
Une des études les plus citées est celle de Willcox et al. (2007N5, en libre accès). Leur article a pour titre Caloric restriction, the traditional Okinawan diet, and healthy aging : the diet of the world’s longest-lived people and its potential impact on morbidity and life span. L’étude avait pour objet d’évaluer l’incidence d’une restriction calorique temporaire sur la longévité exceptionnelle des habitants d’Okinawa.
À la page 443 figure un tableau comparatif de la consommation des habitants d’Okinawa et autres Japonais aux alentours de 1950. La partie gauche du tableau, qui concerne Okinawa, est tirée de l’enquête menée en 1949 auprès de 2279 adultes (soit environ 2% de la population) à l’aide de questionnaires nutritionnels et d’examens cliniques. L’adresse de l’organisme enquêteur est révélatrice : U.S. Occupation Headquarters, World War II. Autrement dit, ces personnes ont été consultées pendant la période de l’occupation américaine faisant suite à la seconde guerre mondiale. Il est donc certain qu’elles étaient soumises à de sérieuses restrictions alimentaires, de sorte que le tableau ne reflète en rien les pratiques nutritionnelles avant et après cette période dramatique. Pour expliquer le choix de cette étude, les auteurs ont écrit (N5 page 436) :
[…] à notre connaissance, aucune information diététique basée sur la population n’avait été rapportée dans une revue à comité de lecture sur les adultes d’Okinawa avant l’enquête de 1972 sur la nutrition. Sachant que le mode de vie japonais a subi des changements radicaux depuis les années 1950, notamment en ce qui concerne les choix alimentaires, l’apport calorique et les dépenses énergétiques, il est peu probable que l’Enquête nationale sur la nutrition de 1972 au Japon reflète le régime alimentaire traditionnel en restriction calorique qui pourrait expliquer la longévité d’Okinawa.
L’intention de Willcox et al. (2007N5) n’était pas d’associer la longévité des habitants d’Okinawa à leurs pratiques nutritionnelles, mais plutôt à leur consommation calorique quotidienne en comparaison avec les autres Japonais de la même époque : 1785 kcal au lieu de 2068 kcal. La répartition calorique qu’ils ont tirée de l’enquête de 1949 est la suivante : 69% des calories proviennent de la patate douce, 12% du riz, 7% du blé, de l’orge et autres céréales, 6% des légumineuses (dont le soja), 3% des légumes, 2% des huiles. Tous les autres pourcentages (en calories) sont inférieurs à 1% : noix et graines, sucre, poisson, viande, produits laitiers, pommes de terre, fruits, algues et alcool.
En 1949, les Okinawais affichaient un déficit calorique de 218 kcal/jour, mais en 1972 leur équilibre calorique s’était inversé avec un excédent de 212 kcal/jour (page 441). Ce changement de 1949 à 1972 avait augmenté leur indice de masse corporelleN6 moyen de 21.2 à 23.3 kg/m2.
La longévité était aussi conditionnée à la consommation adéquate de micro-nutriments. Les auteurs ont observé, toujours dans les données de 1949 :
[…] les vitamines antioxydantes C et E, ainsi que les folates et la vitamine B6, étaient très élevés, à 289 %, 190 %, 295 % et 221 % des apports recommandés, respectivement, alors que les vitamines D, B2 et B12 étaient assez faibles, respectivement à 2 %, 45 % et 27 % de l’apport recommandé.
Les déficiences expliqueraient la prévalence de symptômes lors de l’examen clinique (Willcox et al., 2007N5 page 441) :
Il convient de noter la prévalence relativement élevée de chéilose (lèvres et bouche sèches, gercées) dans 10,7 % de la population. Ceci est cohérent avec la faible consommation de vitamine B2 (riboflavine) rapportée dans le tableau 2. Il est également intéressant de noter la prévalence relativement élevée de retard de menstruation et de lactation déficiente, compatible avec un faible apport calorique et/ou un faible taux de graisse corporelle chez les femmes.
En résumé, la restriction calorique pendant les années d’occupation a pu induire un vieillissement retardé chez les Okinawais, conformément à un mécanisme étudié en expérimentation animale, mais au prix d’une santé médiocre provoquée par des carences dans une partie de la population.
⇪ Le rêve végétalien
L’hypothèse principale de Willcox et collègues — la restriction calorique — est oubliée dans les citations de leur étude qui se contentent du sous-titre de l’article : The diet of the world’s longest-lived people etc. C’est le cas d’une page de propagande végétalienneN7 dont l’auteur a tiré le graphe suivant, illustration exacte des données de 1949 :
Le commentaire sous cette image, copié sur de nombreux sites militants, est à l’origine d’un fantasme sur le « régime des centenaires d’Okinawa » assimilé à du végétalismeN8. En effet, les chiffres indiquent que les sujets de cette enquête apparaissent comme ne consommant aucun produit d’origine animale.
Le régime de ces futurs centenaires — et donc le nôtre si nous souhaitons le devenir — était composé de 85 % de glucides, 9 % de protéines et 6 % de corps gras. Bon appétit, et surtout pas de souci pour les carences — voir mon article Pour les végan·e·s !
Exploiter les données collectées par l’armée d’occupation en 1949 en les présentant comme représentatives du modèle nutritionnel des okinawais est un biais comparable à celui des visiteurs du Hunza, qui, ayant séjourné en été, ont ignoré l’existence des pâturages qui fournissent la population en viande et produits laitiers — voir mon article Hunza à perte de vue.
⇪ Cochons cachés
Selon les promoteurs de l’extrapolation végétalienne des données de 1949, il serait mensonger d’afficher des données nutritionnelles différentes de celles fournies par l’article de Willcox et al. (2007N5). Or on peut lire sur Wikipedia :
La quantité de viande de porc consommée par personne et par an à Okinawa en 1979 était de 7,9 kg (17 lb), soit environ 50 % de plus que la moyenne nationale japonaise (Okinawa dietN9).
Plus loin (ibid.) :
Une autre caractéristique de la cuisine d’Okinawa est sa dépendance à la viande. Les principales sources de protéines de la cuisine d’Okinawa proviennent du bétail, en particulier des porcs. Le bouddhisme s’est moins répandu à Okinawa et les îles ont été moins influencées par les pratiques de non-consommation de viande du shogunat de Tokugawa. Okinawa a une culture d’utilisation du bétail depuis l’époque d’Edo (Okinawan cuisineN10).
L’époque d’Edo (1600–1868) est bien antérieure à la naissance de nos vénérables centenaires okinawais… Hiroko Sho écrit (2008N11 page 162) :
Les cochons ont été introduits dans les Ryukyus pour la première fois par les immigrants chinois en 1392, mais ils ne se sont pas répandus à cause du manque de nourriture dans les fermes de l’époque. Lorsque les patates douces ont été introduites depuis la province de Fukkien en Chine, toutefois, la pratique de l’élevage s’est répandue rapidement, marquant le début de la culture de la consommation de viande.
[…]
À Okinawa, on a des dictons tels que « Mange le cochon entier sans rien laisser » et « Vous pouvez manger toutes les parties d’un cochon en dehors de son grognement ». En d’autres termes, la cuisine du porc se caractérise par une utilisation intelligente de toute la bête, y compris les cuisses et les pattes du porc, les oreilles, la peau du visage, le cœur, les reins, les poumons et d’autres organes.
[…]
C’est très différent du continent japonais où l’on observe un régime végétarien pour les fêtes religieuses. À Okinawa, le porc est même inclus dans les plats servis lors de funérailles.
⇪ Retour sur terre
En 1949 à Okinawa, il fallait avant tout nourrir l’armée d’occupation qui ne devait pas se contenter de patates douces. Cette occupation de l’île a duré 27 ans. Un quart de la population civile avait été tué ou s’était suicidée, refusant toute reddition, pendant la bataille d’avril-juin 1945 qui a été la plus sanglante dans cette région : plus de 65 000 victimes de toutes sortesN12 :
Pendant la bataille, l’armée japonaise est restée indifférente au sort des habitants ; ses soldats ont même utilisé des civils comme boucliers humains, quand ils ne les ont pas simplement assassinés. Les Japonais ont confisqué la nourriture des habitants et exécuté ceux qui en cachaient, provoquant une famine de masse. […] Des milliers de civils portés par la propagande japonaise à croire que les soldats américains étaient des barbares commettant des atrocités horribles, préféraient se tuer avec leur famille pour éviter la capture.
L’armée japonaise avait aussi enrôlé, à Okinawa, des écolières de 15 à 16 ans pour aller au front soigner les blessés. Sur 297 élèves et enseignantes enrôlées, 211 sont mortes en raison d’une grave pénurie de nourriture, d’eau et de médicamentsN13.
Les survivants de cette période dramatique faisaient partie des plus résistants, une sélection « naturelle » qui a pu contribuer au taux exceptionnel de centenaires, 70 ans plus tard…
Willcox et al. (2007N5 page 451) terminent la discussion ainsi :
En conclusion, nous avons observé un faible apport calorique associé à des niveaux d’activité physique élevés, qui semblent avoir contribué à un phénotype de restriction calorique chez les Okinawais plus âgés. Ce phénotype comprend un indice de masse corporelle faible tout au long de la vie, des taux plasmatiques de DHEA [N14] relativement élevés à un âge plus avancé, une réduction de la mortalité due aux maladies associées à l’âge et une survie prolongée moyenne et maximale. Bien que ces conclusions soient de nature tendancielle, une réponse adaptative à la restriction énergétique précoce et à mi-vie dans la cohorte la plus âgée d’Okinawa pourrait être impliquée dans leur faible morbidité et leur survie exceptionnellement longue. Ceci est conforme à la littérature animalière bien connue, qui soutient un effet bénéfique de la restriction calorique sur l’indice de masse corporelle, les biomarqueurs liés à l’âge, la morbidité/mortalité et la durée de vie.
Yasuo Kagawa (1978N2 page 215) était arrivé à une conclusion similaire :
La restriction calorique à un jeune âge, à condition que les éléments nutritifs soient équilibrés, est à l’origine de la lenteur de la croissance et de la longévité. À Okinawa, en plus de la nutrition, le climat chaud, le travail ardu, les facteurs génétiques, etc. doivent être pris en compte.
Natalia S. Gavrilova et Leonid A. Gavrilov (2012N15) contestent qu’une restriction nutritionnelle soit toujours nécessaire pour atteindre un âge avancé. Ils ont observé que ce pouvait être le cas de personnes non-obèses, du fait d’un meilleur état cardiovasculaire, mais cette restriction entraîne aussi une plus grande sensibilité aux infections. Ils examinent divers facteurs pouvant influer sur la longévité, et concluent que la diminution de l’espérance de vie à Okinawa est due principalement à l’occidentalisation de son modèle nutritionnel.
Kagawa résume dans un tableau (tableau 11 page 215) les différences de consommation entre les Okinawais et les autres Japonais vingt ans plus tard que 1949 (Nutrition Survey of Okinawa Prefecture, 1972). Elles font apparaître 10% moins de protéines mais 2 fois plus de viande, 3 fois plus de légumes, 12% plus de graisses, 38% plus de vitamine A, 74% moins de sucres et 25% moins de céréales. Les données cliniques de cette même enquête (tableau 10 page 214, ci-contre) attestent de leur bonne santé. Kagawa écrit (page 215) :
Environ 20 % des Japonais âgés en moyenne de plus de 70 ans avaient limité leurs activités quotidiennes, mais la colonne correspondante du tableau pour les Okinawais indique moins de restrictions. Leur tension artérielle, en particulier la pression artérielle minimale, était inférieure à celle du Japonais moyen de plus de 70 ans. […]
Comme le montre le tableau 11, l’apport total en énergie et en sucre était inférieur et celui des légumes verts et de la viande était beaucoup plus élevé pour Okinawa que pour le Japonais moyen. L’apport quotidien total en énergie chez les garçons et les filles de l’école à Okinawa n’était respectivement que de 61,6 % (1 331 kcal) et de 62,7 % (1 297 kcal) de l’apport recommandé, alors que celui des vitamines, des protéines grasses et des protéines animales était suffisant.
Shibata H et al. (1992N16) confirment que la longévité des Japonais âgés est liée à une plus forte proportion de protéines animales dans leur nutrition. Ils écrivent en résumé :
Les apports en nutriments chez 94 centenaires japonais étudiés entre 1972 et 1973 ont montré une proportion plus élevée de protéines animales sur les protéines totales par rapport à la moyenne japonaise actuelle. Des apports élevés en lait, en graisses et en huiles ont eu des effets favorables sur la survie après 10 ans (1976–1986) chez 422 citadins âgés de 69 à 71 ans. Les survivants ont affiché une augmentation longitudinale de l’ingestion d’aliments d’origine animale tels que les œufs, le lait, le poisson et la viande au cours des 10 dernières années. Les apports en nutriments ont été comparés, sur la base d’enregistrements diététiques effectués 24 heures sur 24, entre un échantillon de la préfecture d’Okinawa où les espérances de vie à la naissance et à 65 ans étaient les plus longues au Japon, et un échantillon de la préfecture d’Akita où les espérances de vie était beaucoup plus faibles. Les apports en Ca, Fe, en vitamines A, B1, B2, C, et la proportion d’énergie provenant de protéines et de lipides étaient significativement plus élevés chez les premiers que chez les derniers. Les apports en glucides et en NaCl étaient plus faibles.
⇪ Le rêve de Valter Longo
Dans Le Régime de longévité (N17 pages 106–109), Valter Longo se réfère uniquement à l’étude de BJ Willcox et al. (2007N5) dont il semble ignorer les données et les conclusions.
On peut s’étonner qu’il ait négligé l’hypothèse principale de cette étude, ayant lui-même contribué — avec beaucoup de pertinence — à démontrer l’intérêt de la restriction calorique pour freiner la croissance tumorale et rendre plus efficace les chimiothérapies (Lee C et al., 2012N18), voir mon article Cancer - approche métabolique.
Il reproduit, certes, les remarques de Willcox et al. (N5 page 108) sur l’activité physique intense des Okinawais et leur « vitalité spirituelle »… Mais si l’on peut tirer leçon des travaux de Kagawa, Willcox, et collègues, sur la longévité des Okinawais, c’est bien celle du bénéfice d’une restriction calorique « modérée » qui peut être mise en pratique dans le jeûne intermittent ou dans le régime simulant le jeûne (Fasting Mimicking DietN19) préconisé par Valter Longo — voir mon article Jeûne et restriction calorique.
Dans ces pages consacrées à Okinawa, Longo paraît poursuivre un autre objectif qui est de promouvoir son modèle nutritionnel pour candidats centenaires… À cet effet, il publie (page 107) un extrait du tableau de Bradley J Willcox et al. (2007N5 page 448, voir figure ci-contre). Le tableau compare les décès pour diverses causes entre les Okinawais, les Japonais en général et les habitants des USA en 1995.
Willcox et al. avaient commenté ainsi (page 445) :
Étant donné que la force de mortalité [N20] intervient le plus fortement aux âges avancés, ces différences de mortalité reflètent principalement l’expérience de mortalité de la cohorte d’Okinawa la plus âgée qui semble avoir été soumise à une légère restriction calorique.
Mais ce n’est pas du tout ce qu’en retient Longo (N17 page 107) :
Résultats : les Américains consomment dix fois plus de viande et trois fois plus de fruits, mais beaucoup moins de poisson, moitié moins de légumes et deux tiers de céréales en moins.
Étrange affirmation sachant que, par exemple pour le poisson, l’enquête nutritionnelle sur les Okinawais en 1949 signalait une consommation nulle — ce qui comble de joie les végétaliens ! — et les enquêtes ultérieures signalent qu’ils en consomment moins que la moyenne des Japonais. Certes, plus que les Américains des USA… Pour les fruits, la consommation américaine devrait être négligeable si elle n’est que trois fois plus que celle — quasi nulle — des Okinawais étudiés par Willcox et al.
Ces décalages laissent entrevoir que Valter Longo attribue aux Okinawais une répartition nutritionnelle radicalement différente de celle du seul article auquel il se réfère. Effectivement, il affiche — page 106, mais sans citer de source — deux « camemberts » de répartition nutritionnelle des habitants d’Okinawa et des Américains âgés (voir ci-contre).
Je n’ai pas réussi à trouver l’origine de ces données. Elles ne proviennent ni de Willcox ni de Kagawa…
Toutefois, miraculeusement, le camembert des Okinawais respecte entièrement les préconisations de son Régime de longévité. Les disciples sont rassurés…
⇪ Fini de rêver, à table !
Cette petite excursion dans la littérature sur Okinawa est révélatrice d’une falsification de données scientifiques à l’appui d’une théorie fantaisiste — les Okinawais strictement végétaliens ou adeptes d’un régime pesco-végétarien — sans lien avec les données des articles cités pour « faire science ». Les blogs et les réseaux sociaux ne font qu’amplifier ces dissonances…
Une description richement documentée des pratiques nutritionnelles à Okinawa a été publiée par Hiroko Sho (2008N11). Pour ce qui concerne la santé et la longévité, il écrit (page 162, ci-contre) :
La nourriture de longue vie à Okinawa présente trois caractéristiques principales. La première est le shingi gusui, ou « médicament infusé », qui consiste en une préparation du produit alimentaire en tant que médicament à base de plantes. Ce n’est pas juste un ingrédient à la fois, mais une combinaison de plusieurs ingrédients, combinés avec une grande attention portée à l’ordre et à la combinaison. Cette combinaison est la deuxième caractéristique, la plus utilisée à ce jour étant le chimu et le shinji, un mélange de foie de porc et de légumes tels que la carotte ou l’ail des îles, dont le bouillon est offert aux personnes malades. Beaucoup croient encore aujourd’hui que cela est efficace contre toutes les maladies et que cela a un sens du point de vue nutritionnel. Les personnes âgées maintiennent toujours que cela doit être fait avec la carotte jaune longue et mince. Une autre combinaison souvent utilisée est celle d’un poisson d’eau douce tel que le kuiyu (carpe) et le taiyu (daurade) et du nigana (un légume amer), infusés ensemble et réputés être efficaces comme antipyrétiques, pour la récupération de la fatigue, sur la lactation et comme compléments nutritionnels. Des emballages de carpes et de niganas sont vendus sur les marchés publics d’Okinawa et deviennent difficiles à obtenir lorsque les rhumes et grippes sont nombreux.
[…]
La troisième caractéristique principale est que les aliments de longévité d’Okinawa n’utilisent pas les médicaments à base de plantes que l’on trouve dans un dispensaire chinois, mais utilisent plutôt des combinaisons d’aliments se trouvant à portée de main, et les intègrent à l’alimentation quotidienne. Par exemple, l’ichouba (fenouil, antitussif et transpirant en cas de rhume, et pour l’estomac) permet d’éliminer l’odeur de la soupe de poisson. Le choumigusa (herbe à longue durée de vie, efficace contre la paralysie et l’hypertension et antipyrétique en cas de rhume) est consommé en accompagnement de sashimi (poisson cru), et il en existe de nombreux autres exemples. L’objectif principal est de développer la force physique nécessaire pour prévenir les maladies, préserver la santé et prolonger la longévité grâce au maintien et à la promotion d’un mode de vie sain.
Et enfin (Sho H, 2008N11, page 163) :
Du milieu des années 60 au début des années 90, dans mon laboratoire, nous avons expérimenté avec des aliments que nos aînés d’Okinawa mangent chaque jour comme étant « bons pour la santé », sous forme de poudres lyophilisées avec lesquelles nous avons nourri des rats blancs. Dans une de ces expériences, nous avons nourri des rats blancs hyperlipidémiques de pieds, d’oreilles, d’estomac et d’intestin et examiné leurs effets sur le métabolisme des lipides. Les résultats, présentés dans les tableaux 3 et 4 [ci-contre], montrent qu’une réduction statistiquement significative des taux sériques et triglycéridiques hépatiques a été observée chez les rats nourris avec des pieds de porc. Cela indique que la cuisine du porc n’est pas simplement une source de protéines, mais qu’elle a également des effets bénéfiques sur la santé en raison de sa teneur en collagène. Ceci mérite l’attention en tant que partie intégrante de la nourriture de longévité d’Okinawa.
Nous avons tendance à éviter le porc à l’ère actuelle de la suralimentation, mais à Okinawa, il s’agit d’un pilier majeur du régime de longévité.
Nous nous intéressons justement au « Régime de longévité » dans l’article Régime de longévité - cuisine à l'italienne.
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- N1 · 2s5e · Okinawa (archipel) – Wikipedia
- N2 · ge9c · Impact of westernization on the nutrition of Japanese : Changes in physique, cancer, longevity and centenarians
- N3 · wbp9 · They really are that old : A validation study of centenarian prevalence in Okinawa
- N4 · qqsk · Supercentenaire – Wikipedia
- N5 · z2xy · Caloric restriction, the traditional Okinawan diet, and healthy aging : the diet of the world’s longest-lived people and its potential impact on morbidity and life span
- N6 · v9ej · Indice de masse corporelle ‑IMC – Wikipedia
- N7 · 53k9 · Okinawa Diet Centenarian Food List Bar Chart, Potatoes, Starches, Grains, Rice, Soy, Not Pork, Not fish, Not meat, nearly entirely vegetarian – Longevity Study
- N8 · opzr · Végétalisme – Wikipedia
- N9 · zeho · Okinawa diet – Wikipedia
- N10 · xh38 · Okinawan cuisine – Wikipedia
- N11 · vsfv · History and characteristics of Okinawan longevity food
- N12 · j73j · Bataille d’Okinawa – Wikipedia
- N13 · ubyv · Histoire des îles Ryūkyū – Wikipedia
- N14 · 1l4j · Déhydroépiandrostérone (DHEA) – Wikipedia
- N15 · fe47 · Comments on Dietary Restriction, Okinawa Diet and Longevity
- N16 · 9ds8 · Nutrition for the Japanese Elderly
- N17 · xapc · Ouvrage “Le régime de longévité” – Valter Longo
- N18 · xfsb · Lee, C et al. (2012). Fasting Cycles Retard Growth of Tumors and Sensitize a Range of Cancer Cell Types to Chemotherapy. Sci Transl Med., 4, 124.
- N19 · s94t · The Fasting Mimicking Diet
- N20 · yszr · Force de mortalité – Wikipedia
- N21 · jjvo · Okinawa soba and goya chanpuru – By Blue Lotus – Flickr, CC BY 2.0
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Autrement dit 27315 signes.
Article créé le 8/09/2019 - modifié le 1/04/2024 à 11h37