Connue depuis un siècle pour le traitement de certaines épilepsies, la diète cétogèneN1 est proposée sur certains sites en prévention ou traitement de troubles neurologiques graves, entre autres AlzheimerN2,N3 grâce à la réduction de mécanismes inflammatoiresN4 et l’augmentation du facteur neurotrophique issu du cerveau (brain-derived neurotrophic factor, BDNFN5). Pour un exposé historique détaillé, lire l’article The invention of the ketogenic diet : a short, critical history from Hippocrates to Abrahams (Bass K, 2019N6).
Cette diète est souvent recommandée en complément de traitements du cancer — moyennant précautions, voir mon article Cancer - approche métabolique. Il n’est pas question ici d’un usage thérapeutique mais plutôt d’une pratique intermittente proposée à des personnes bien-portantes.
Cet article relate une expérience de trois semaines de diète (supposément) cétogène menée par mon couple — d’où l’attribut « n = 2 », clin d’œil aux statisticiens pour rappeler que toute généralisation à partir de cas particuliers serait abusive.
Depuis quelques années, notre équilibre nutritionnel se situe dans la catégorie dénommée low-carb high-fat (LCHF) qui consiste à puiser les calories dans les lipides (graisses) de bonne qualité plutôt que dans les glucides (sucres) et les protéines — voir mon article Glucides ou Lipides ?. Notre régime quotidien est toujours resté proche de la chrono-nutrition™N7. Il est associé à d’autres choix de vie comme la pratique régulière d’exercice d'endurance et de haute intensité de courte durée, ainsi qu’une attention particulière à la qualité du sommeil. Enfin, nous nous sommes approprié une variante du jeûne fractionné — voir mon article Jeûne et restriction calorique.
Sommaire
⇪ Notre expérience (21 août – 14 sept 2017)
Le projet d’essayer une diète cétogène s’est concrétisé à notre retour d’Auvergne. Un séjour de deux semaines en camping sauvage pour la continuation d’une enquête sur les rebouteux, avec de belles rencontres mais un certain laxisme au niveau des repas… Ceux qui connaissent les deux meilleures pâtisseries de Langeac et les petits restaurants des environs comprendront que nous soyons tous deux rentrés avec l’envie de perdre quelques kilos et retrouver de saines habitudes !
Le problème de la consommation d’aliments sucrés est qu’on tombe vite dans l’addiction, même pour de faibles quantités ingérées. On n’y prête guère attention car ces aliments sont disponibles à tout moment de la journée, et le grignotage sucré n’est pas perçu aussi négativement que la consommation d’alcool ou de tabac. Il fait même partie de tous les événements sociaux : petits gâteaux, boissons à bulles, jus de fruits… Nous sentions que le seul moyen d’y échapper serait l’abstinence totale jusqu’à ce que la sensation de manque n’ait plus lieu.
⇪ Principe de la diète cétogène
La diète cétogène répondait exactement à notre besoin. Dans les grandes lignes, elle consiste à s’abstenir le plus possible de glucides. Pas seulement des sucres « rapides », mais aussi des féculents, céréales, légumineuses, fruits, produits de boulangerie etc.
À première vue, un régime très restrictif si l’on en juge par tous les articles qu’il faudrait retirer du chariot de clients ordinaires de supermarché… Toutefois, pour nous qui étions déjà adeptes du low-carb high-fat (LCHF) la différence était de moindre importance.
J’utilise le mot « diète » plutôt que « régime » car le changement reste isocalorique : l’énergie qu’on ne puise plus dans les sucres doit être compensée par celle fournie par les graisses, et dans une moindre proportion par les protéines.
L’hôpital Johns Hopkins parle de « diète 4:1 » pour le traitement des épilepsies, ce qui signifie que la quantité en poids des glucides et protéines serait un quart de celle des lipidesN1. Ce n’est qu’un choix parmi d’autres : en puisant des graisses dans les fromages nous avons inévitablement augmenté la ration de protéines.
L’efficacité de la diète cétogène dans le traitement des épilepsies est connue depuis longtemps, mais elle dépend fortement de l’adhérence au régime sur le long terme. Selon une étude (Lopes Neri LC et al., 2024N8), après 6 mois le taux était de 79.7 %, chutant à 66.7 % au bout de 24 mois pour finir à 37.7 % au 36e mois de suivi.
Une version ovo-lacto-végétarienne de diète cétogène a été envisagée (Yamu TJ, 2020N9) mais c’est quasiment une plaisanterie : les (pseudo-)céréales et légumineuses riches en protéines sont aussi chargés en glucides : 21.3 % dans le quinoa et 36 % dans le soja, par exemple. Pour la même raison, il faut aussi éviter les substituts de viande de fabrication industrielle destinés aux végétaliens. Les sources de protéines à privilégier seraient donc les viandes et poissons, les œufs, les fromages affinés et diverses noix — voir mon article Protéines.
Les noix (« fruits en coque ») doivent être trempées pour éliminer une partie de l’acide phytiqueN10 à l’origine de déficits en phosphore, calcium, fer, magnésium, zinc. Enfin, il est prudent de compléter ce régime par des huiles de poisson (DHA) pour assurer l’équilibre oméga 3 sur oméga 6N11 ; les huiles végétales (noix, colza et cameline) apportent des oméga 3 sous forme d’ALAN12 dont la transformation en DHAN13 est très incomplète chez la plupart des individus, surtout âgés — voir mon article Glucides ou lipides ? La surconsommation d’huiles végétales riches en oméga 6 (ou de viandes d’animaux nourris au maïs) contribue à l’insulinorésistanceN14 qui est une source d’obésité. Ce pourrait être une raison pour laquelle certaines personnes pratiquant une diète cétogène ou pauvre en glucides ne perdent pas de poids.
La privation de glucides induit un mécanisme appelé cétoseN15 par lequel le foie utilise les graisses pour fabriquer des corps cétoniquesN16 qui se substituent au glucose dans l’apport d’énergie aux organes, au cerveau et à la masse musculaire. Les lactatesN17 produits par les muscles pendant l’exercice contribuent à ce transport d’énergie. Par ailleurs, le foie, les reins et l’intestin maintiennent la glycémieN18 au niveau vital — pour la survie des globules rouges — en trois étapes selon la durée de la restriction en glucides :
- Le foie libère du glucose en brisant les molécules de glycogène (un polymère du glucose, N19) qui constituent sa réserve de glucose. Cette étape dure une douzaine d’heures, jusqu’à épuisement du glycogène.
- Le foie, les reins et l’intestin fabriquent du glucose par un processus appelé néoglucogenèseN20 à partir des réserves de graisse. La durée de cette étape (typiquement un mois) varie fortement en fonction des réserves de graisse stockées dans l’organisme.
- Une fois les réserves de graisse épuisées, la néoglucogenèse peut se poursuivre en puisant dans les acides aminésN21 contenus dans la masse musculaire. C’est une étape risquée qui se traduit par une fonte de la masse musculaire et peut se solder par une défaillance cardiaque.
Des corps cétoniquesN16 sont aussi produits par les cellules glialesN22 du système nerveux central (astrocytesN23) pour fournir de l’énergie aux neurones. Étienne Challet précise que cette production influe sur l’horloge alimentaire (2019N24 page 401) :
En cas d’alimentation riche en graisses, les astrocytes hypothalamiques convertissent également les acides gras en corps cétoniques, qui pourraient être exportés vers les neurones pour produire de l’ATP [N25] […]. De plus, il est significatif que l’augmentation anticipée du β‑hydroxybutyrate plasmatique avant l’accès à la nourriture dans le temps participe aux mécanismes qui contrôlent l’anticipation alimentaire.
La diète cétogène et le jeûne de longue durée se ressemblent par leurs effets bénéfiques : régulation de la glycémie (chez une personne pré-diabétique) et de la tension artérielle, élimination ou réduction du surpoids etc., avec l’avantage qu’elle peut être pratiquée sur une longue durée sans réduire l’activité physique ni se traduire par une fonte musculaire. On ne franchit pas la troisième étape puisqu’on continue à fournir des graisses à l’organisme.
Le régime cétogène a tendance à acidifier les urines et augmente ainsi le risque de formation de calculs rénaux à base d’acide urique. Ce risque peut être réduit grâce à une bonne hydratation et (peut-être) la consommation d’eaux gazeuses riches en bicarbonates à effet alcalinisant.
Les mécanismes de cétose et de néoglucogenèse sont indispensables à la vie dans de bonnes conditions. Leur bon fonctionnement doit être assuré dès le début de la diète. Ils étaient prépondérants dans les populations de chasseurs-cueilleurs vivant dans des régions froides. On les retrouve à l’identique en cas de privation de nourriture. Une expérience positive du jeûne (de longue durée ou fractionné) est donc le meilleur moyen d’évaluer la capacité de l’organisme à s’adapter à une diète cétogène. La baisse du tonus ou une fringale insatiable sont des indicateurs d’incompatibilité.
Travis Christofferson cite Richard (Bud) Veech (1935–2020), découvreur d’une cétone très importante, l’acide bêta-hydroxybutyriqueN26 que produit notre foie pendant la pratique d’une diète cétogène (Christofferson T, 2020N27) :
Selon le Dr Veech, cette caractéristique du bêta-hydroxybutyrate était essentielle à l’évolution de l’homme, car elle a facilité notre survie lors des inévitables pénuries de nourriture qui se sont produites au cours de l’histoire. La capacité de notre corps à passer au métabolisme cétonique lorsque la nourriture n’est pas disponible a permis à une personne de taille moyenne de survivre pendant deux mois, contre deux à trois semaines avec un métabolisme normal (glucides).
Selon le Dr Veech, l’état de cétose est d’une importance vitale pour la santé humaine, mais il a été marginalisé dans le monde occidental simplement en raison de notre accès constant à la nourriture, en particulier aux glucides bon marché. « … la cétose est un état physiologique normal. Je dirais même que c’est l’état normal de l’homme. Il n’est pas normal d’avoir un McDonald’s et une charcuterie à chaque coin de rue. Il est normal de mourir de faim », a‑t-il déclaré dans un article du New York Times de 2002 écrit par Gary Taubes.
La réduction (ou quasi-suppression) des glucides n’est pas la seule manière de produire la cétoseN15 en régulant l’insuline. Chris Masterjohn explique qu’un apport de triglycérides à chaîne moyenneN28 — par exemple de l’huile de coco, de palme ou du beurre — peut produire les mêmes effets sans avoir à diminuer la quantité de glucides (Masterjohn J, 2016N29). D’autre part, l’oxaloacétateN30 est un facteur limitant pour produire de l’énergie dans les mitochondriesN31 ; seuls les glucides et les protéines en sont précurseurs.
⇪ Une journée type…
Notre diète a été programmée de manière à perturber le moins possible les horloges chronobiologiques. La chrono-nutrition, en accord avec des travaux en biologie de la nutrition — voir mon article Chrononutrition - publications — recommande de consommer toutes les graisses saturées dans la période qui suit immédiatement le réveil matinal. Nous avons donc simplement supprimé le pain de notre petit-déjeuner habituel, ainsi limité à des fromages affinés, un peu de beurre et un œuf. Ma dose personnelle de fromage est passée de 65 grammes à 80 pour compenser la perte calorique de la suppression de pain. Nos rations étaient ajustées individuellement de sorte que la faim survienne à nouveau à l’heure du déjeuner.
La suppression totale du pain, des céréales et légumineuses est un facteur important de la réussite de cette expérience. En effet, ne s’agissait pas seulement de « diminuer » l’apport en glucides, mais plutôt de s’abstenir d’une catégorie d’aliments qui entretiennent des proliférations bactériennes indésirables, comme nous avons pu le vérifier (cinq ans plus tard) grâce à un examen ciblant les microbiotes. On ne contribue pas à éliminer ces bactéries (prevotella, fusobacterium, helicobacter pylori etc.) en les nourrissant moins, mais (au minimum) en cessant de les nourrir… Cette remarque ne fait pas partie de la « doxa » cétogène mais elle peut expliquer certains échecs.
Fromages affinés, beurre frais, œufs : ils apportent principalement des protéines animales et des graisses saturéesN32, celles qui se solidifient à la température ambiante. Contrairement à ce qui a été affirmé pendant plusieurs décennies, ces graisses saturées d’origine naturelle ne constituent pas un danger pour la santé cardiovasculaire — voir mon article Pourquoi diminuer le cholestérol ? La communauté scientifique reconnaît aujourd’hui que les principaux coupables sont les graisses artificiellement hydrogénées ou acides gras transN33 et le LDL oxydé (N34, N35) etc. — voir mon article Soigner ses artères. Ce serait donc une grave erreur d’enrichir en graisses la diète cétogène en utilisant, sous prétexte de « légèreté », des acides gras poly-insaturésN36, à savoir des huiles végétales comme celles de soja, colza, tournesol ou maïs, qui s’oxydent rapidement et deviennent toxiques sous cette forme. On peut par contre consommer en quantité raisonnable les huiles d’olive et de noix qui ne sont pas trop riches en acides gras poly-insaturés oméga 6N37 aux dépens des oméga 3N38. De même, pour la cuisson nous utilisons de préférence l’huile de cocoN39 riche en acides gras saturés, ou de la graisse de canard récupérée en début de cuisson des magrets.
Repas de midi avec des protéines animales (viande ou poisson) et des légumes cuits ou crus, à l’exclusion de ceux riches en glucides comme les carottes ou les betteraves. Pas d’ajout de graisses saturées hormis celles inclues dans les viandes. C’est donc à peu près un repas « chrono » de diabétique dans lequel on remplace les féculents par des légumes. Pièce manquante : les protéines végétales des légumineuses, aliments évités parce qu’ils contiennent des glucides.
Les protéines doivent être soigneusement calibrées. De nombreux articles recommandent une « restriction » de protéines parce qu’ils s’adressent à des Nord-Américains qui consomment en moyenne plus de viande que les Européens. En réalité, la restriction en question aboutit aux quantités calculées dans mon article Protéines. Un régime sous-protéiné pourrait entraîner une fonte musculaire, le foie allant puiser les acides aminés dans les muscles pour accomplir la néoglucogenèseN20.
À l’inverse, de nombreux auteurs affirment que les protéines en excès pourraient être stockées en graisse, une affirmation qualifiée de « dogme » (Klein D, 2014N40) mais infirmée par Bray GA et al. (2012N41) dont l’étude conclut : « Parmi les personnes vivant dans un environnement contrôlé, les calories représentent à elles seules l’augmentation des graisses ; la dépense énergétique affectée par les protéines et le stockage de la masse maigre, mais pas le stockage des graisses. » Il me paraît raisonnable de régler la quantité de protéines en fonction de l’activité physique, autrement dit la production de masse musculaire (et osseuse). Une discussion détaillée se trouve dans mon article Protéines.
Surtout ne pas faire l’impasse sur les graisses. Paul Saladino écrit (2020N42 page 9) :
Les récits historiques des explorateurs de l’Arctique nous parlent des dangers de la « famine de lapin »N43, un état qui se produit lorsque nous mangeons trop de protéines maigres sans glucides ni graisses [Spath JD & Spielman KA, 1983N44]. Notre foie a une capacité limitée à transformer l’azote des acides aminés en urée, un composé hydrosoluble que nous excrétons dans notre urine [Bilsborough S & Mann N, 2006N45]. Lorsque la capacité du foie à transformer l’azote des protéines en urée est dépassée, l’excès peut entraîner une augmentation du taux d’ammoniac, ce qui provoque toutes sortes de stress dans l’organisme.
J’insiste de nouveau sur l’importance d’être suffisamment hydraté pendant les repas — voir mon article Boisson. C’est encore plus critique pour l’assimilation des graisses dans une diète cétogène. Concrètement, poser trois verres remplis d’eau sur la table, à consommer pendant le repas.
Une quantité suffisante de sel (sodium) est aussi nécessaire. En effet, comme le signale Paul Saladino dans The Carnivore Code (2020N42 page 259), une diète cétogène bien conduite induit une chute de la production d’insuline — ce qui a pour effet bénéfique de restaurer la sensibilité à l’insuline. Mais cette insuline sert aussi à signaler à nos reins de retenir le sodium. La baisse du taux de sodium entraîne à son tour des carences en magnésium et potassium. Selon James DiNicolantionio (2017N46) — voir aussi mon article Le sel est-il notre ami ? :
La plupart des gens perdent 1 à 2 grammes de sodium supplémentaires par jour lorsqu’ils réduisent leur consommation de glucides pendant environ deux semaines. Mais l’autre problème est que la perte de glucose exogène réduit désormais l’absorption du sodium. Le glucose nous aide à absorber le sodium. Lorsque vous ne consommez plus de grandes quantités de glucose, vous n’absorbez plus autant de sodium.
Lorsque nous réduisons notre consommation d’hydrates de carbone, il se passe certaines choses qui expliquent pourquoi les gens ont ces crampes invalidantes, surtout dans les jambes. Ce qui est vraiment intéressant, c’est que votre consommation de sel contrôle directement vos niveaux de magnésium et de calcium dans votre corps. En effet, si vous ne consommez pas suffisamment de sel, l’organisme commence à extraire le sodium des os, mais il les prive également de magnésium et de calcium afin de maintenir des niveaux de sodium normaux.
Il est donc fondamental de préserver l’équilibre des électrolytes sanguinsN47 : sodium, potassium, calcium, magnésium. La consommation de fromages affinés au lait cru et des graisses contenues dans les abats y contribuent, mais il est recommandé aussi, comme pour un entraînement sportif, de consommer de l’eau additionnée de ces électrolytes — sans sucre ajouté bien entendu !
Au début nous avons essayé des « goûters », mais la suppression de tout sucre rapide nous conduisait à des mélanges un peu bizarres comme des avocats avec des noix (riches en acide phytiqueN10) etc. On peut quand même consommer quelques fruits en se limitant à des baies sauvages peu glycémiantes.
Nous ressentions nettement moins la faim à l’heure du thé. Nous avons souvent remplacé le goûter par un dîner vers 18h basé sur des aliments riches en oméga 3 (poisson fumé, sardines, maquereaux, salade de poisson cru…) et quelques crudités. Ce qui veut dire qu’après ce dîner avancé nous entamions une période de jeûne au minimum de 12 heures, nous rapprochant de l’expérience de nutrition restreinte dans le temps (TRF, Time-Restricted Feeding) réputée augmenter l’efficacité de la diète cétogène.
Après quelques jours, l’envie même de dîner s’est atténuée. Il nous est arrivé de plus en plus souvent de faire un véritable jeûne fractionné — voir mon article Jeûne et restriction calorique — en ne consommant aucun aliment entre la fin du repas de midi et le petit-déjeuner suivant. Le soir nous buvions de l’eau, du thé etc., et prenions des capsules d’huile de krill comme source d’oméga 3N38 et d’astaxanthineN49.
Dès la deuxième semaine, j’ai ressenti le besoin de pratiquer ce jeûne fractionné au quotidien, autrement dit d’adopter la nutrition restreinte dans le temps avec une fenêtre de nutrition réduite à 6 heures. Pour compenser, nous avons plus fréquemment consommé des produits de la mer au repas de midi.
⇪ Premier constat sur la diète cétogène
Dès le début de l’expérience nous avons observé deux phénomènes intéressants. Le premier était une sensation de satiété très marquée qui entraînait une diminution des quantités sans aucun sentiment de frustration. Il est possible que nos cerveaux aient retrouvé une plus grande sensibilité à la leptineN50 — l’hormone de signal de satiété produite par les cellules graisseuses.
Deuxième phénomène : l’absence de fringale entre deux repas, même pendant la période de jeûne intermittent, et une totale indifférence à l’offre d’aliments sucrés. La tablette de chocolat, les pots de miel ou de confiture de châtaignes n’ont pas excité ma convoitise ! Cette régulation de l’appétit, constatée dans de nombreuses études, pourrait se résumer à « c’est le sucre qui donne faim » par analogie avec « c’est l’alcool qui donne soif ».
La régulation de l’appétit est clairement associée à celle des rythmes chronobiologiques, incluant celui du sommeil comme j’ai pu le constater.
Le passage de notre régime habituel LCHF à la diète cétogène s’est donc fait sans aucune difficulté, et le bien-être n’a cessé d’augmenter. L’expérience initialement prévue pour durer une semaine a donc été prolongée deux fois.
Je suis convaincu que ce qui a facilité ce passage était la pratique régulière du jeûne fractionné tel que décrit dans mon article Jeûne et restriction calorique. Lors de cette transition, l’organisme doit s’adapter à la quasi absence de glucides dans son alimentation. La glycémie baisse mais la néoglucogenèseN20 intervient pour rétablir l’équilibre de glucose dans le sang. Les mitochondries fabriquent des corps cétoniquesN16 qui nourrissent le cerveau (et le cœur) en l’absence de glucose, puisant pour cela dans les corps adipeux.
Cette transition vers une diète cétogène n’est donc pas évidente pour tout individu, surtout à partir du régime riche en glucides le plus répandu chez les Européens et les Nord-Américains.
➡ L’essai en « vol libre » d’une diète cétogène est réservé aux personnes qui ne souffrent d’aucune pathologie répertoriée dans le syndrome métaboliqueN51 : diabète, obésité sévère, forte hypertension etc. Il peut toutefois bénéficier à ces personnes, mais sous réserve d’un suivi médical.
⇪ Quelques effets
Nous n’étions pas équipés pour mesurer de nombreux paramètres métaboliques pendant cette expérience, mais nous l’avons fait pour le poids, la tension artérielle, et de manière qualitative la régulation de l’appétit, la qualité du sommeil, la résistance à l’effort et la capacité de concentration.
Tous ces paramètres se sont améliorés et ont continué de progresser après le retour à un régime LCHF dans lequel la proportion de glucides est devenue plus faible qu’avant notre expérience de diète cétogène. Ma consommation de sucres « rapides », par exemple, se limite aujourd’hui (en 2017) à un carré de chocolat noir avec le café en fin de matinée, et si nécessaire dans l’après-midi une cuillère à café de l’excellente confiture de figues offerte pendant la diète…
Souvent, à midi, nous ne préparons aucun féculent. Plutôt une bonne variété de légumes et crudités. Au goûter, souvent un avocat et un fruit, comme dans la « chrono » officielle.
Personnellement, je continue à me passer très souvent de dîner, et même de goûter, pour bénéficier de la nutrition restreinte dans le temps.
En trois semaines de diète cétogène nous avons perdu chacun la moitié de notre surpoids (voir annexe). La perte de poids a continué après la fin de la diète. Donc pas d’effet « yo-yo » mais pas non plus d’élimination intégrale du surpoids. Confronté au même surpoids quelques années plus tard, je n’ai obtenu aucune amélioration par la simple pratique de diète cétogène : un travail sur l’amélioration du microbiote intestinal s’est imposé, ainsi qu’un meilleur « câlibrage » de l’exercice.
Nous avons ressenti le besoin, pendant cette période, de solliciter la production de graisse bruneN52 en nous exposant au froid de diverses manières : pratiquer de l’exercice nu sur une terrasse, dormir sans être couvert ou s’exposer à des douches froides. La graisse brune doit sa couleur à l’abondance de mitochondriesN31 qu’elle transporte — qui contiennent du fer — et qui participent à l’élimination de la graisse (blanche) viscérale.
Le plus intéressant est que nous nous sommes sentis en plus grande forme pour ce qui est de l’activité physique et intellectuelle. Le sommeil est devenu plus régulier, les réveils nocturnes plus brefs, et je n’ai plus de difficulté à assurer une durée de sommeil minimale de 6 à 7 heures.
Les bilans sanguins que nous avons faits le dernier jour de la diète étaient à peu près identiques à ceux des mois précédents. La glycémie était au même niveau. Quelques paramètres inquiétants — comme un taux élevé de ferritine que j’ai commenté dans l’article Chononutrition - expérience — étaient liés à d’autres causes.
La pression artérielle systolique/diastolique et la fréquence du pouls sont restés inchangés. Ma « réhabilitation » après un syndrome coronarien aigu — voir mon article Je suis à l’hôpital ! — s’est poursuivie normalement, avec un essoufflement de plus en plus tardif lors d’un effort prolongé.
⇪ Démarrer une diète cétogène
Le démarrage d’une diète cétogène n’est pas toujours facile. La consommation régulière de glucides diminue la capacité de l’organisme à brûler des graisses pour fabriquer son énergie. Une sensation de privation de nourriture peut donc se manifester pendant quelques jours, s’additionnant aux frustrations ressenties à la vision d’aliments « interdits »… Il est donc recommandé de s’essayer en premier lieu à un régime low-carb high-fat (LCHF) bien équilibré.
L’état de cétoseN15 peut être vérifié à l’aspect et l’odeur particulière de l’urine, ou en utilisant un lecteur de glycémie — certains mesurent aussi les cétonesN53 — car les bandelettes réactivesN54 ne sont pas fiables. En cétose, la glycémie devrait être comprise entre 60 et 80 mg/dl ou le taux de cétones entre 1,5 et 3 mmol/l. Mais l’idée même d’une mesure est contestée : on ne détecte que des cétones en excès dans le sang, donc inutilisées ; ce qui compte n’est pas les chiffres, mais de se sentir bien, ce que j’appelle la flexibilité métabolique (Sisson M, 2021N55 27:50).
Le démarrage d’une diète cétogène associée à un traitement pour une maladie grave (cancer, Parkinson, Alzheimer…) nécessite un suivi médical approprié. De plus en plus de médecins connaissent cette approche et peuvent y être favorablesN3. Dans mon article Cancer - traitement métabolique, j’ai décrit la mise en place de cette diète en complément d’un traitement conventionnel contre le cancer.
Le passage brutal d’une diète riche en sucres (et « en tout ») à une diète très faible en glucides peut provoquer une crise de goutte chez certaines personnes. Dr Michael Eades écrit à ce sujet (The Arrow #91) :
Le seul problème d’un régime pauvre en glucides est qu’il est parfois si efficace et rapide pour réduire l’insuline, la glycémie et l’urate (généralement) que la chute rapide du taux d’acide urique au début du régime modifie la solubilité de l’acide urique dans les articulations et peut précipiter une poussée de goutte chez les personnes qui passent d’un régime riche en glucides à un régime pauvre en glucides. Chez les personnes dont les taux d’acide urique sont élevés et qui viennent de commencer le régime, je prescris habituellement de la colchicineN56 au cas où le changement de régime provoquerait une poussée aiguë. Cela n’arrive pas souvent, seulement de temps en temps.
Mais, une fois qu’une personne, même si elle a une prédisposition génétique à la goutte, s’installe dans un régime de bonne qualité, à base d’aliments complets et pauvre en glucides, la goutte ne réapparaît pratiquement jamais. Lorsque les personnes suivent un régime pauvre en glucides et boivent beaucoup de liquide (très important), le taux d’acide urique (urate) diminue généralement.
⇪ Discussion
Cette expérience nous a convaincus d’effectuer de temps en temps des cycles de quelques jours en mode cétogène. Cette alternance entretient la capacité de notre organisme à fonctionner sur deux modes de production d’énergie : directement à partir du glucose ou indirectement à partir des graisses.
Lawrence A David et ses collègues ont été les premiers à observer la flexibilité métabolique du microbiomeN57 intestinal — l’ensemble des gènes présents dans le microbioteN58 — en réponse à un changement radical de régime alimentaire (2014N59) :
Notre constat que le microbiome intestinal humain est capable de passer rapidement d’un profil fonctionnel de consommateur de plantes à un profil fonctionnel carnivore peut refléter les pressions sélectives qui se sont exercées au cours de l’évolution humaine. La consommation d’aliments d’origine animale par nos ancêtres était probablement volatile, dépendant de la saison et du succès hasardeux de la recherche de nourriture, les aliments végétaux facilement disponibles offrant une source de secours de calories et de nutriments […]. Les populations microbiennes capables de modifier rapidement et de manière appropriée leur répertoire fonctionnel en réponse à un changement de régime alimentaire auraient par la suite renforcé la flexibilité alimentaire de l’homme. Des exemples de cette flexibilité peuvent subsister aujourd’hui sous la forme de la grande diversité des régimes alimentaires de l’homme moderne.
Ce que l’on connaît des liens entre régime alimentaire et le microbiome intestinal est exposé en détail dans l’article Diet and the gut microbiome (Mailing L, 2019N60). Lucy Mailing prend soin de préciser par ailleurs (2020N61) :
[…] La vérité est que nous savons très peu de choses sur ce qui constitue un microbiote intestinal « sain ».
Prenez deux personnes et, en moyenne, elles ne partageront qu’un tiers de leur microbiote intestinal. Les deux autres tiers de leur communauté intestinale varieront considérablement en fonction de la génétique, de la situation géographique, de l’historique de l’utilisation d’antibiotiques et de médicaments, du mode de naissance, du régime alimentaire et d’autres facteurs qui restent à découvrir. Nous ne disposons pas de suffisamment d’informations pour affirmer que les « deux tiers » d’une personne sont meilleurs que les « deux tiers » d’une autre, à moins que l’une d’entre elles ne présente une surcroissance ou une infection majeure par un agent pathogène connu.
Vous pourriez dire, eh bien, ne pourrions-nous pas examiner la diversité microbienne ? Ou la stabilité de la communauté ? Bien que l’on pense généralement que la diversité et la stabilité de la communauté sont des éléments clés d’un écosystème intestinal sain, même ces éléments peuvent parfois être associés à des états pathologiques […]. Et certains des microbes « bénéfiques » clés reconnus par beaucoup comme étant essentiels à la santé du microbiome, tels que Bifidobacterium, sont complètement absents des intestins de cultures traditionnelles telles que les Hadza […], alors que ces populations sont pratiquement exemptes de maladies chroniques.
Les sportifs peuvent déplorer une diminution de leurs performances pendant les premiers jours (ou semaines) d’adoption d’une diète cétogène. Ce temps d’adaptation s’explique par le fait que leur organisme n’est pas parvenu à son plein rendement pour produire de l’énergie à partir des corps gras plutôt que du glucose immédiatement disponible. Il a notamment besoin d’ augmenter la population de mitochondriesN31 pour optimiser le processus et améliorer leur santé.
La mise en route est nettement plus facile si l’on est déjà adepte d’un régime faible en glucides (LCHF). C’est d’ailleurs probablement le meilleur moyen de vérifier que notre profil est adapté à ce modèle nutritionnel plutôt que de se lancer tête baissée dans l’expérience… Phil Maffetone signale dans un podcast (2018N62) que, dans le cas contraire, les athlètes ont tendance à éliminer le sucre sans consommer suffisamment par les apports de protéines et de graisses, de sorte qu’ils manquent de calories ; en l’absence de compensation, ils concluent que cette méthode ne leur convient pas…
La diète cétogène est (en théorie) bénéfique aux athlètes puisqu’elle permet d’augmenter le taux de glycogèneN19 dans les muscles. L’entraîneur Mark Sisson recommande d’augmenter fortement la consommation d’eau et de complémenter en électrolytes qui régulent les contractions musculaires, la fonction cardiaque, l’équilibre hydrique intracellulaire et les impulsions nerveuses, à savoir 2 cuillerées à café de sel fin, 300–400 mg de magnésium et 1–2 grammes de potassium quotidiennementN63. Un témoignage intéressant sur trois ans de pratique d’un sportif est celui d’Ulrich Genisson (2018N64).
Sur le long terme, l’alternance entre diète cétogène et régime LCHF est souvent recommandée, car le cétogène fait l’impasse sur les légumineuses riches en éléments nutritifs, ainsi qu’en protéines végétales dont l’association avec les protéines animales est réputée bénéfique. On l’accuse aussi d’induire une intolérance au gluten par modification de la flore intestinale — voir la discussion au bas de l’article Jamais sans mon gluten ! et pour plus de détails la page de Lucy Mailing (2018N65). Il a été signalé, enfin, que chez certaines personnes une réduction draconienne des glucides induirait sur le long terme un déséquilibre hormonal qui affecterait notamment le cycle menstruel féminin et le fonctionnement de la thyroïde (Brown MJ, 2022N66). Toutes ces affirmations mériteraient d’être réexaminées avec un regard critique.
Certains auteurs ont annoncé des effets négatifs d’un régime faible en glucides (LCHF) sur le microbiote intestinalN67 : moins de fibres et moins de matières fermentescibles signifierait « moins d’énergie pour les micro-organismes ». Moins de fermentation signifie moins de sous-produits de la fermentation : acides gras à chaîne courte (principalement l’acétate, le butyrate, le propionate), les acides organiques et des gaz comme l’hydrogène ; ce qui peut, et va certainement, modifier le pH du contenu de l’intestin [vers trop d’alcalinité] avec un risque de prolifération des bactéries sensibles aux acides, comme Escherishia coliN68, les salmonellesN69, vibrioN70, helicobacterN71 etc. Selon ces auteurs, de telles modifications pourraient contribuer à une dysbiose intestinaleN72 susceptible d’augmenter la porosité intestinaleN73.
Toutefois, de nombreux adeptes de régime paléolithiqueN74 témoignent à l’inverse en affirmant que plus de fermentation favoriserait d’autres proliférations comme celle de Candida albicansN75 qui aggrave la porosité intestinale. Un article détaillé de Lucy Mailing (2018N76) cite des études démontrant qu’à l’inverse, un régime cétogène contribuerait favorablement à la biodiversité intestinale et permettrait de lutter contre la sclérose en plaquesN77.
Denise Minger suggère que la consommation excessive de corps gras pourrait augmenter la perméabilité intestinale et la diffusion de l’endotoxineN78 des bactéries à Gram négatifN79 dans la circulation sanguine, ce qui induirait de l’inflammation chroniqueN80 et les problèmes de santé qui lui sont liés. Elle rejoint en cela les conclusions (erronées) de Georgi Dinkov : un régime dont plus de 30 % des calories sont apportées par des graisses alimentaires pourrait se traduire, chez certaines personnes, par une prise de poids et de l’inflammation — voir mon article Glucides ou lipides.
Toutes ces propositions prêchent en faveur d’une consommation suffisante, sans être excessive, de fibres alimentairesN81. L’apport d’inulinesN82, une variété de fibres alimentaires contenues dans les oignons, l’ail, les poireaux et topinambours etc., serait aussi favorable à la flore intestinale, ainsi que celle de prébiotiquesN83 qui ne sont pas tous des fibres végétales (Mouw M, 2019N84). La surconsommation de fibres reste cependant préjudiciable, puisqu’elle irrite la paroi intestinale, ce qui peut être à l’origine de complications comme le syndrome de l’intestin irritableN85, une pathologie hémorroïdaireN86, la diverticuloseN87 et la maladie de CrohnN88 — voir Monastyrsky K (2005N89).
Une diète cétogène en continu nous « priverait d’antioxydants » contenus dans les fruits ainsi que du bénéfice de légumes comme les betteraves, carottes, courges etc. Mais est-ce vrai ? D’une part, les adeptes de régimes privatifs répondent que ces nutriments existent dans d’autres aliments qu’ils s’autorisent à consommer. D’autre part, les « antioxydants » tels que le sulforaphaneN90 et autres isothiocyanatesN91 présents dans le brocoli, ne sont rien d’autres que des armes chimiques de défense des végétaux forçant notre organisme à produire les vrais antioxydants comme le glutathionN92, ce que l’activité physique sait faire naturellement — voir mon article Entraînement fractionné de haute intensité – théorie.
Au sujet des polyphénolsN93, par exemple, Paul Saladino écrit dans The Carnivore Code (2020N42 page 59) :
Bien que de nombreuses études épidémiologiques [observationnelles] montrent un certain degré de corrélation entre la consommation de fruits et légumes contenant des polyphénols et l’amélioration de l’état de santé [Bellavia A et al., 2013N94], de nombreuses études interventionnelles ne révèlent pas le moindre avantage [Crane TE et al., 2011N95 ; Møller P et al., 2003N96 ; Peluso I et al., 2018N97].
Les retours d’expérience d’adeptes de diète cétogène signalent chez certains une augmentation des lipoprotéinesN98 en circulation dans le sang — concrètement, les taux de HDL et de LDL. Le taux de LDL (calculé) n’est pas un indicateur pertinent du risque cardiovasculaire — voir mon article Pourquoi diminuer le cholestérol ?. De plus, il augmente, en application de la formule de Friedewald, si les triglycérides diminuent, ce qui est souvent le cas dans une pratique cétogène.
L’ancien champion de triathlon Mark Sisson, âgé de 68 ans et adepte d’un régime cétogène « paléo », révélait dans un podcast (Sisson M, 2021N55 12:17) que son taux de cholestérol global oscille entre 2.45 et 2.55 g/l, autrement dit nettement supérieur à la limite (2 g/L) fixée par les « recommandations », mais proche de la valeur optimale pour minimiser la mortalité toutes causes confondues — voir le graphique de Ricardo Carvalho.
Dans un article répondant aux personnes qui « veulent faire baisser leur cholestérol », Michael Eades (2017N99) recommande un régime LCHF, en montrant que certaines personnes qui ont fortement réduit la proportion de glucides ont aussi diminué, en valeur absolue, la quantité de graisses, ce qui aboutit en réalité à un régime LCLF (très faible en calories) et peut se traduire paradoxalement par une élévation du taux sanguin de cholestérol.
Malheureusement, cette élévation du taux de cholestérol — et, il va de soi, du « mauvais » LDL‑C — est le cheval de bataille d’une campagne contre les régimes cétogènes et LCHF accusés (sur de fausses bases) d’augmenter le risque de maladie cardiovasculaire ! Cet argument fallacieux est aussi relayé par Georgi Dinkov, cité plus haut ; malheureusement, des influenceurs très écoutés comme Joseph Mercola se sont laissé embarquer par Dinkov — voir une critique détaillée de Michael Eades dans The Arrow #166 et The Arrow #167.
Il faut rester conscient que nous réagissons tous de manière différente aux apports nutritionnels : le LCHF (comme le LFHC) semble ne pas convenir à certaines personnes et en certaines circonstances… Je conseille vivement aux personnes — surtout celles qui envisagent une diète cétogène pour soigner un cancer — de bénéficier de l’expérience et de la réflexion de Taty Lauwers sur sa vidéo “Les apports de la diététique dans le traitement du cancer” (2017N100) pour déterminer, sans a priori, les choix nutritionnels qui leur conviendront le mieux.
La composition du microbiote intestinal joue un rôle déterminant dans la « flexibilité métabolique », comme exposé par Lucy Mailing (2020N61). L’option « régime carnivore » (Saladino P, 2020N42), qu’on peut voir comme une variante de diète cétogène, pourrait être envisagée chez celles et ceux qui souffrent d’inflammation systémique chroniqueN80 induite ou accentuée par la toxicité « naturelle » des végétaux évoquée plus haut — voir mon article Carnivore Code.
Pour toutes ces raisons, il pourrait s’avérer bénéfique de revenir à une plus grande diversité après une période de diète cétogène. L’alternance entre plusieurs modes d’alimentation, supposée reproduire l’irrégularité des sources alimentaires chez nos ancêtres chasseurs-cueilleurs, n’est toutefois pas recommandée si la pratique d’un régime est destinée à corriger les déséquilibres bactériens (dysbiosesN72) dans le système digestif : à quoi bon « affamer » les bactéries nuisibles si on les nourrit régulièrement ?
Induisant la multiplication de mitochondriesN31 impliquées dans le mécanisme de cétoseN15, la diète cétogène est une des composantes de ce qu’on désigne aujourd’hui par « santé mitochondriale ». Rappelons qu’en plus d’être des « centrales d’énergie », les mitochondries gouvernent la mort cellulaire programmée — apoptoseN101 —, un mécanisme protecteur de la prolifération anarchique de cellules — voir mon article Cancer - sources. Les effets bénéfiques d’une bonne pratique s’étendent donc au-delà de l’élimination (très incertaine) du surpoids.
Contrairement à une interprétation naïve, la santé mitochondriale n’a rien à voir avec l’absence de maladies mitochondrialesN102. Celles-ci sont des maladies génétiques rares dans lesquelles les mitochondries sont dégradées, par exemple au niveau de l’ADN ou de leur capacité à fusionner (Chatre L & A Rötig, 2019N103). La santé mitochondriale serait plutôt un état général de l’organisme qui favorise le fonctionnement des mitochondries (saines). Ce terme est malheureusement exploité par de nombreux charlatans et marchands de suppléments alimentaires… D’autre part, les mitochondries ont le vent en poupe dans la recherche en biologie, ce qui donne lieu à de nombreuses publications frauduleuses — voir “Little Creatures” (Clyde S, 2023N104). À suivre avec vigilance !
Pour prévenir la maladie ou ralentir l’évolution de la sclérose latérale amyotrophique (maladie de Charcot, amyotrophic lateral sclerosis ou Lou Gehrig’s disease en anglaisN105), les travaux sur un modèle animal ont montré l’intérêt d’un régime riche en graisses et particulièrement en cholestérol (Paganoni S & Wills A‑M, 2013N106). Chez les humains, une étude prospective sur 891 920 sujetsN107 a mesuré que la mortalité par cette maladie avait été moindre pour ceux qui consommaient le plus de poulet et de frites, et plus forte chez ceux qui consommaient du riz ou de l’avoine complète…
Dans The Arrow #153, Michael Eades présente l’étude de Thomas Weimbs et al. : Thérapie métabolique cétogène pour les maladies rénales chroniques – la partie pro (2023N108). Ces auteurs écrivent :
La maladie rénale chronique (MRC) étant généralement causée par une suralimentation entraînant une hyperglycémie, une résistance à l’insuline et un diabète sucré, la restriction des hydrates de carbone inhérente à la KMT [thérapie métabolique cétogène] peut constituer une option thérapeutique. De nombreuses études ont montré que les différentes formes de KMT sont sans danger pour les personnes souffrant de CKD [insuffisance rénale chronique] et peuvent conduire à une amélioration de la fonction rénale.
Cela contraste avec l’approche pharmacologique standard actuelle de la CKD qui ne fait que ralentir la progression inexorable vers l’insuffisance rénale. Les prestataires de soins rénaux, y compris les médecins et les diététiciens, ne sont généralement pas au courant des interventions diététiques non standard, y compris la KMT, et critiquent souvent la KMT en raison d’idées fausses et d’incertitudes quant à la science sous-jacente, y compris l’idée fausse selon laquelle la KMT doit impliquer une consommation élevée de protéines ou de viande.
Toutefois, Eades signale qu’un des auteurs est vendeur d’une « boisson cétogène » à base de plantes. Autrement dit, Thomas Weimbs et ses collègues surfent à la fois sur les modes du cétogène et du tout-végétal, au détriment de la santé du système musculaire. Cette version « cétogène tout-végétal » est aussi défendue par Shijam Joshi et al. (2023N109) qui estiment que la diète cétogène (avec viande) serait inadaptée au traitement de maladies rénales chroniques. Ces auteurs recyclent des arguments tels que le risque de maladies cardiovasculaires associé à la consommation de graisses saturées — voir mon article Pourquoi diminuer le cholestérol ?
De nombreuses personnes souffrant d’obésité ont renoncé aux programmes habituels de perte de poids pour adopter une diète cétogène. Cet engouement aurait entraîné par exemple, de juillet 2018 à février 2019, une chute de 80 % des actions de Weight Watchers selon la déclaration de son directeur général Mindy GrossmanN110… Peu après l’annonce de ce résultat, une rumeur orchestrée par une “marketing campaign” a circulé que la diète cétogène serait responsable du “keto crotch”, une invasion malodorante de la flore vaginale (vaginoseN111). Or cette accusation ne repose sur aucune étude épidémiologique (voir discussion, N112). Certains articles ont cité en lien une étude publiée en 2011N113 concernant des femmes qui se nourrissaient selon la Standard American Diet et non selon la diète cétogène : c’est en fait la charge glycémiqueN114 — surconsommation de glucides — qui serait le principal facteur corrélé à la dégradation de leur flore vaginale. Une étude plus ancienne (Neggers YH et al., 2007N115) associait la consommation de lipides à une incidence accrue de vaginose, mais sa définition de “high fat” correspondait à seulement 39 % de l’énergie puisée dans les graisses, impliquant donc une consommation forte de glucides sans comparaison possible avec une diète cétogène ; par ailleurs, l’étude indique que la consommation de vitamine B9N116, vitamine A et calcium diminueraient le risque de vaginose.
➡ Je mentionne ces études au conditionnel car elles sont basées sur la collecte de données « basées sur la mémoire » dont la fiabilité est discutable — voir mon article Faut‐il jeter les enquêtes nutritionnelles ?
Un ouvrage important qui traite de la bonne utilisation des graisses alimentaires, incluant de nombreuses recettes pratiques, est Pour qui sonne le Gras ? (Lauwers T, 2016N117).
L’auteure réitère une mise en garde contre la croyance que la diète cétogène conviendrait à tous les profils alimentaires.
J’ai constaté, pour ce qui me concerne, qu’une cure de diète cétogène sur plusieurs jours (voire plusieurs semaines) m’apportait un bénéfice moindre de celui d’une pratique régulière de restriction calorique associée à une séance d’exercice de haute intensité juste avant la rupture du jeûne quotidien, après avoir bu un café pour en accentuer l’efficacité. La restriction calorique est dosée pour que le lendemain matin j’aie vraiment faim. Le plus important est de mettre en place un cycle en accord avec « les hormones » — et peut-être les horloges internes de certaines bactéries du microbiote intestinalN67. Quand cette régularité devient effective, les cycles de faim et de satiété sont parfaitement réglés et on a l’impression de se priver de rien…
Dans la version initiale de cet article (en 2017) j’avais écrit la mise en garde suivante qui avait suscité quelques commentaires critiques : Surtout ne pas insister ! Je rappelle que chez une personne diabétique (de type 1 ou de type 2 dans une phase avancée) ou sujette à un alcoolisme chronique, le pancréas est incapable de sécréter suffisamment d’insuline pour limiter la production de corps cétoniquesN16. Il s’ensuit une acidocétoseN119 qui peut être fatale — voir Michael O’Neill (2012N120).
La lecture de l’ouvrage Rethinking Diabetes (Taubes G, 2024N118 p. 352–387) et de ses nombreuses références m’autorise à écrire que de très nombreux diabétiques de type 2 ont bénéficié de diètes cétogènes pour le contrôle de leur glycémie, et, pour une partie d’entre eux, d’une totale rémission des symptômes les libérant de la dépendance aux médicaments (Unwin D et al., 2020N121). La diète cétogène serait même plus efficace qu’un simple régime faible en glucides (Husain TA et al., 2012N122). Des succès ont par la suite été enregistrés chez des diabétiques de type 1, notamment des enfants. Tous ces résultats ne font pas encore autorité, car les essais cliniques n’étaient pas randomisés. Gary Taubes écrit donc prudemment (p. 385–386), au sujet de l’article de Belinda S Lennerz et al. (2018N123) :
L’un des problèmes majeurs de ce type d’enquête, comme de toutes les preuves anecdotiques, est que ce qui n’est pas observé peut être aussi important, voire plus, que ce qui l’est. Il est concevable que des milliers ou des dizaines de milliers de patients diabétiques aient essayé le protocole Bernstein et que seuls ces trois cents patients l’aient trouvé suffisamment bénéfique pour continuer et témoigner de ses bienfaits. C’est pourquoi les médecins critiquent l’utilisation de « témoignages » à l’appui d’une thérapie particulière, comme l’ont fait trois éminents spécialistes de l’alimentation et du diabète – un nutritionniste et deux diabétologues – en écrivant une lettre à la rédaction en réponse à l’article […]
⇪ Annexe
⇪ Courbe du poids mesuré quotidiennement
Cette courbe montre la diminution rapide de mon surpoids pendant l’expérience de diète cétogène (baisse de 60 %) et sa continuation (un peu moins régulière) pendant la période qui a suivi.
Ce résultat corrobore la thèse de Gregory RM (2017N124) qui fait état d’une expérimentation de diète cétogène avec des adeptes de CrossFit (N125 entraînement croisé combinant l’exercice d’endurance à un entraînement de haute intensité) : il apparaît à ce jour que seule la combinaison diète + exercice permettrait d’évacuer le surpoids, mais les mécanismes en jeu sont complexes et controversés comme suggéré par mon article Manger et bouger.
⇪ Des recettes ?
Voici deux recettes que nous avons inventées pendant l’expérience cétogène… Elles constituaient un repas complet, preuve qu’on peut se nourrir agréablement en supprimant les glucides. Bien entendu, des produits « bio » autant que possible !
⇪ Salade de chou chinoix
➡ Recette inspirée de celle de Gabriella Tamas (voir son site).
- Couper en fines lamelles du chou chinois, un peu de concombre, ajouter du chou fleur gratté en poudre, ainsi que quelques cerneaux de noix en petits morceaux et des copeaux de branches de cébette. On peut inclure des graines de cameline ou de chia en remplacement des noix.
- Dans un bol, mélanger 2 pots de yaourt de brebis ou chèvre au lait entier (pour 2 personnes) à une cuillerée à café de moutarde à l’ancienne, du paprika et le jus d’un citron.
- Mélanger le tout et servir frais…
⇪ Keema
➡ Cette recette s’inspire de la keema préparée traditionnellement dans les familles du nord de l’Inde et du Pakistan. La principale différence est qu’on n’y inclut pas les petits pois ni les succulents chapati ou naan !
- Faire fondre lentement dans une poêle, avec un peu d’huile de noix de coco, un mélange d’oignon, de gingembre râpé, de curcuma frais en fines lamelles, de poivrons et piments (selon le goût), un clou de girofle, de la cannelle, de la noix de muscade, des graines de coriandre et de cumin écrasées, des gousses de cardamone verte.
- Dans un bol, mélanger de la viande hâchée (mouton ou bœuf) à de la sauce tomate.
- Verser la viande dans la poêle, remuer à feu vif, ajouter des feuilles de coriandre hâchée, puis laisser mijoter 5 minutes à feu très doux le mélange couvert.
⇪ ▷ Liens
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Article créé le 25/09/2017 - modifié le 5/11/2024 à 07h34
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