Cet article est consacré à l’ouvrage The Carnivore Code de Dr Paul Saladino (2020N1). Ni ce titre, ni les propositions de gens qui se présentent comme « carnivores » sur les réseaux sociaux, ne m’incitaient à en entreprendre la lecture. Une bande d’huluberlus jetant des pavés dans la mare du véganisme ?
L’échange oral entre Paul Saladino et Chris Kresser — Tout sur le régime carnivore — ouvrait toutefois quelques pistes. L’idée m’est venue de lire au minimum la préface de Mark SissonN2. Je sais qu’il arrive que l’auteur d’une préface n’ait pas lu le livre en entier, mais Mark est de ceux pour qui j’ai le plus d’estime. Son ouvrage Primal Endurance (2018N3) a profondément restructuré mon approche de l’exercice physique.
J’ai donc téléchargé la version numérique de The Carnivore Code pour la préface… et poursuivi jusqu’à ce que me paraisse incontournable une étude approfondie de la version papier.
Mon objectif n’est pas de promouvoir un régime « hors-norme » basé (presque) exclusivement sur des aliments d’origine animale, mais plutôt de rendre compte de l’argumentation de Paul Saladino et du travail documentaire à l’appui. Car cet ouvrage cite plus de 700 références dans un format respectant les conventions académiques internationales — dont bien des auteurs francophones gagneraient à s’inspirer !
Le contenu peut inciter à suivre la voie tracée par l’expérience de l’auteur qui raconte son parcours. Au delà de toute adhésion, le lecteur peut jauger ses propres certitudes en matière de nutrition à l’aune des données actuelles des sciences biomédicales. S’il n’est pas convaincu, il devra pour le moins reconnaître que ses convictions ne reposent pas sur une base scientifique univoque.
La qualité éditoriale est telle que cet ouvrage me paraît plus le fruit d’un travail collectif que l’entreprise solitaire du jeune médecin (diplômé en psychiatrie) qui en est l’auteur. Il donne la liste des proches qui l’ont aidé (page 341). Toutefois, la question de l’identité des contributeurs est secondaire à mes yeux.
À celles et ceux qui adopteraient sans hésiter la pratique nutritionnelle de l’auteur, il me paraît utile de signaler d’emblée qu’adopter un « régime carnivore » ne se résume pas à remplacer les cinq fruits et légumes par des saucisses et du steak haché ! Pour la même raison qu’on ne devient pas végétarien en se passant de viande… Rien de tout cela : changer de régime nécessite un bon socle de connaissances pour éviter d’avoir à « payer la note » au bout de quelques mois ou en prenant de l’âge.
Mais oublions la page de couverture : The Carnivore Code s’adresse en priorité à celles et ceux qui sont confrontés à un état de santé réfractaire aux traitements médicaux et qu’aucun ajustement de style de vie n’a pu améliorer sur le long terme. Pourquoi ne pas se rapprocher d’un régime carnivore dans la mesure où, si c’est le bon choix, les effets bénéfiques devraient être visibles sans attendre ? Pour les autres qui ne souffrent pas de maladies chroniques, le regard incisif porté sur les enquêtes nutritionnelles — complétant mon article Faut-il jeter les enquêtes nutritionnelles ? — permettra de revisiter de nombreuses croyances sur les bienfaits proclamés de certains végétaux, sans pour autant renoncer radicalement à leur consommation.
L’étude de ce dossier aboutirait à un nouveau paradigme : si les humains — ainsi que de nombreux animaux — utilisent depuis longtemps les vertus médicinales des plantes, leurs sources nutritionnelles seraient pour l’essentiel de provenance animale. Le végétal n’apparaît que comme substitut en cas de restriction des ressources. Si cette hypothèse est vraie, consommer n’importe quel fruit, légume ou graine « parce que ça ne peut que faire du bien » équivaut donc à se soigner en piochant au hasard, cinq fois par jour, dans une armoire à pharmacie…
Je regrette que la compilation et la traduction de fragments restituent imparfaitement la cohérence de cet ouvrage. Seule la lecture du texte intégral permettrait d’éviter le reproche de cherry pickingN4 (biais de confirmationN5) — voir mon article Cerises, brocoli, protéines, propagande. Merci d’avance aux lecteurs de me signaler les lacunes et les erreurs d’interprétation !
➡ J’ai inscrit en italiques et marqué (comme ce paragraphe) mes commentaires personnels.
Sommaire
➡ Si vous avez des réticences, lisez en premier la Discussion !
⇪ Résumé
➡ Traduction de la présentation (publicitaire) sur Amazon.fr (2020N1)
⚪️ Nous vivons plus longtemps que jamais, mais pas mieux. Des millions de personnes souffrent de maladies comme le diabète, la dépression, les douleurs articulaires, les cardiopathies et les maladies auto-immunesN6. Des millions d’autres ont essayé sans succès de perdre du poids et de ne pas le reprendre. Si cette situation vous semble familière, vous n’êtes pas seul·e. Et vous savez à quel point il est frustrant et décourageant d’enchaîner les régimes, les protocoles de soin et les prescriptions qui n’apportent que peu de soulagement — et peuvent même aggraver votre souffrance.
Il existe une meilleure solution, elle commence par les aliments que vous mangez. Il est scientifiquement prouvé que le régime carnivore réduit l’inflammation, améliore le sommeil, réduit les douleurs articulaires, améliore la clarté mentale et vous aide à perdre du poids. Le Dr Paul Saladino a fait l’expérience directe des avantages incroyables d’un régime à base de viande et a aidé des centaines de patients à transformer leur santé grâce à son programme nutritionnel.
Dans ce livre révolutionnaire, le Dr Saladino révèle la vérité choquante sur les aliments dont on nous dit qu’ils étaient indispensables à une bonne santé, comme les céréales complètes, les plantes et les légumes verts à feuilles. Il démonte ces mythes un par un et révèle le potentiel de guérison d’un régime entièrement carné : celui pour lequel notre corps a été conçu. Avec des conseils étape par étape, des exemples de menus et une foire aux questions, The Carnivore Code est le seul guide dont vous ayez besoin pour expérimenter par vous-même les incroyables bienfaits du régime carnivore. ⚪️
➡ Ce « quatrième de couverture » a été rédigé pour vendre le livre… Il peut dissuader une personne hostile à ces idées, bien qu’elle ait peu de chances d’extraire le livre du rayonnage !
⇪ Introduction
(Page XV) Si vous deviez élaborer le régime alimentaire idéal pour l’homme, quels types de paramètres utiliseriez-vous pour définir cette sélection d’aliments ? Je voudrais que ce régime comprenne (1) tous les nutriments dont nous avons besoin pour fonctionner de manière optimale (2) sous les formes les plus biodisponibles, et (3) avec la plus petite quantité de toxines. Il devrait contenir toutes les vitamines, tous les minéraux, tous les acides aminés et autres éléments constitutifs dont nous avons besoin pour nous épanouir, mais aucune des substances qui perturbent notre biochimie ou provoquent des inflammations et des dommages cellulaires. Cela paraît raisonnable, non ? C’est ce que j’appelle l’énigme du régime optimal.
(Page XV) Ce livre va hérisser quelques plumes, il sera controversé, il aura de nombreux détracteurs et remettra en question de nombreuses croyances ancrées depuis longtemps et acceptées à tort comme des canons. Mais je suis bienveillant avec ces réactions car il va aussi aider un grand nombre de personnes.
(Pages XV-XVI) Ce livre est l’histoire de la façon dont nous pouvons tous atteindre notre potentiel complet. Ces objectifs sont réalisables pour chacun d’entre nous, et je crois que le facteur le plus important pour les atteindre est ce que nous consommons dans notre alimentation. La nourriture que nous ingérons est le facteur déterminant pour savoir si nous prenons le chemin de l’obésité, du brouillard cérébral et de la fatigue, ou le chemin de l’optimisation.
➡ Ici, Paul Saladino fait l’impasse sur l’exercice physique, qui « va de soi » car il occupe une place centrale dans sa vie quotidienne de jeune sportif.
(Page XVI) Tout au long de ma formation médicale et de ma pratique de la médecine allopathique traditionnelle, j’en suis arrivé à une conclusion très décevante : le système dans lequel j’ai été formé n’aide pas les gens à vivre mieux. Bien sûr, il peut corriger des problèmes aigus comme une rupture d’appendice ou une jambe cassée, mais lorsqu’il s’agit de maladie chronique et de corriger la cause profonde de la maladie, il échoue lamentablement.
Ce n’est cependant pas un livre sur ce qui ne va pas dans le système médical. De tels livres ont été écrits et ce n’est pas mon objectif ici. Il s’agit d’un livre sur la façon de reprendre en main votre propre santé en faisant attention à ce que vous mangez et, ce faisant, en manifestant le super-héros qui est en vous et qui peut vous botter plus de fesses que vous ne l’auriez jamais cru possible.
➡ Invitation très nord-américaine à « se bouger le c… » !
(Page XVII) Je pense que la solution à l’énigme de ce que nous devrions manger réside dans notre « manuel de l’utilisateur », la méthode que nous devrions suivre pour une nutrition correcte. Malheureusement, ce manuel n’est pas un véritable livre qui aurait été livré à nos familles extatiques, en même temps que nos corps glissants, le jour où nous sommes venus au monde. Ce serait formidable et cela rendrait beaucoup plus facile la réponse à cette question. Hélas, l’univers ne fonctionne pas de cette façon. Notre mode d’emploi est en fait un code inscrit dans nos gènes. Il se trouve dans notre ADN et il est là depuis que nous sommes devenus « humains », il y a 3 ou 4 millions d’années.
Alors, comment sommes-nous censés redécouvrir ce code afin de devenir les êtres surhumains que nous sommes censés être ?
(Page XVII) En grandissant, quand je perdais mes Transformers ou mes GI Joes, ma mère me demandait toujours où je les avais vus la dernière fois. Il y a beaucoup de sagesse là-dedans. Je pense que nous devrions commencer notre recherche du manuel d’utilisation là où nous l’avons vu la dernière fois. Nos ancêtres connaissaient la réponse à cette énigme, et cet ensemble particulier de connaissances a été transmis de génération en génération, tissé dans notre être avant même notre naissance.
(Page XVII) Mon père est médecin et ma mère est infirmière praticienne. J’ai donc été très exposé à la médecine en grandissant. Les conversations à table portaient sur des sujets comme la fibrillation auriculaire, l’hypertension et le cholestérol. Lorsque j’accompagnais mon père à l’hôpital, je voyais la maladie de très près à un jeune âge, ce qui a créé une fascination en moi. Je voulais savoir ce qui n’allait pas chez les patients de mon père et comment ils pourraient retrouver la santé.
(Page XVIII) Bien que mes parents soient des professionnels de la santé, nous ne mettions pas beaucoup l’accent sur une alimentation saine à la maison. Nous avions un régime alimentaire américain assez standard qui comprenait des dîners devant la télévision, des fast foods, du pain, des pâtes et des glucides transformés. J’ai également grandi à une époque où les graisses étaient l’ennemi, car elles étaient diabolisées à tort depuis les années 1950 par les industries des céréales et des aliments transformés. Après l’école, je me souviens d’avoir dévoré avec voracité plusieurs bols de céréales sans jamais me sentir rassasié. J’ai également souffert d’irritabilité, d’obésité infantile, d’asthme et d’eczéma. J’étais un enfant de l’ère des produits allégés en graisse, et cela se voyait.
Ma santé s’est un peu améliorée à l’université, mais ce n’était certainement pas l’idéal. J’ai étudié la chimie au College of William and Mary avec l’intention initiale de faire des études de médecine. Pendant mes quatre années d’université, j’ai eu de nombreuses poussées d’eczéma sévères et j’ai souvent dû prendre des stéroïdes par voie orale, comme la prednisone. Ces médicaments ont permis d’enrayer le processus auto-immun en cours, mais ils ont également provoqué d’horribles insomnies, des sautes d’humeur et une prise de poids. Les choses étaient encore très déséquilibrées, mais je n’avais aucune idée que ces symptômes pouvaient être causés par les aliments que je mangeais.
(Page XIX) Le travail d’assistant médical en cardiologie m’a donné un avant-goût de ce qu’était la vie dans les tranchées de la médecine occidentale. C’était nul. J’ai été immédiatement désillusionné et déçu par ce que j’y ai rencontré, mais ce n’était pas dû à un manque de médecins intelligents ni gentils et bien intentionnés. J’ai eu la chance d’être encadré par de nombreuses personnes incroyablement talentueuses qui m’ont beaucoup appris sur la façon dont la médecine est pratiquée. Ma plus grande déception concernait le paradigme médical global et le système médical lui-même. Ni à l’hôpital ni à la clinique, les patients ne s’amélioraient, et la progression vers l’aggravation de la maladie était constante. Parfois, leur déclin était ralenti par des médicaments, mais la marche vers la morbidité était implacable.
J’ai commencé à m’interroger sur mon rôle dans tout cela. Est-ce que j’aidais vraiment les gens à mener des vies plus complètes et de meilleure qualité avec les statines, les médicaments contre la tension artérielle, l’insuline et les anticoagulants, ou est-ce que je ne faisais que retarder l’inévitable ? N’y avait-il vraiment aucun moyen d’inverser des maladies comme les cardiopathies, l’hypertension artérielle ou le diabète en les traitant à la racine ? Nos ancêtres souffraient-ils des mêmes cruelles maladies chroniques que celles auxquelles nous sommes confrontés aujourd’hui ? Ou bien y a‑t-il eu une sorte de changement fondamental dans notre façon de vivre qui pourrait être à l’origine de ces écarts observés en matière de clarté mentale, de force, de composition corporelle saine et de vitalité ?
(Page XIX) Après avoir passé quelques années en tant qu’assistant médical, j’ai réalisé que je ne pouvais pas continuer à travailler dans un système auquel je ne croyais pas, alors que des questions aussi fondamentales que celles-ci restaient sans réponse.
(Pages XIX-XX) Peu de gens ont la chance de faire deux fois leurs études de médecine, mais à bien des égards, c’est ce que j’ai fait. Pendant mes quatre années d’école de médecine à l’université d’Arizona et mes quatre années suivantes de résidence en psychiatrie à l’université de Washington, j’ai tout vu sous un angle différent de celui de l’école d’assistanat. Les six années que j’avais déjà passées en médecine (deux à l’école d’assistanat et quatre à exercer en tant qu’assistant en cardiologie) m’ont permis d’avoir une approche différente la deuxième fois. J’ai posé beaucoup de questions. Je pense que j’ai énervé plus d’un professeur, d’un médecin traitant et d’un résident avec mes demandes incessantes de connaissances plus approfondies sur les causes des maladies que nous rencontrions. Il en a été de même en résidence. Depuis l’époque où je suivais mon père à l’hôpital, j’ai toujours voulu savoir « pourquoi », et j’espérais que ces occasions de questionner se présentent.
(Page XX) Comme mon bon ami le Dr Ken Berry aime à le dire, l’école de médecine et l’internat ont pour but de vous enseigner quelle pilule donner. Ils ne servent pas à comprendre ce qui cause la maladie. J’ai donc fait ce que j’étais censé faire et j’ai appris, encore et encore, quelle pilule donner. À la fin de tout cela, j’ai réussi mes examens pour le diplôme, mais je n’avais toujours pas l’impression de savoir comment aider mes patients à se rétablir, ce qui était profondément décevant. J’avais étudié aussi dur que possible et appris toutes les réponses aux questions standard, mais mes patients souffraient toujours. Ce n’était pas censé être comme ça.
Pour ajouter l’insulte à la blessure, je n’avais pas non plus été capable de me guérir moi-même. Lorsque j’étais médecin assistant, j’ai découvert le régime paléo et le concept m’a plu. Pendant la décennie qui a suivi, j’ai évité les céréales, les légumineuses et les produits laitiers et j’ai suivi un régime strictement biologique basé sur des aliments d’origine animale et végétale. Ce changement m’a permis de constater une amélioration de la composition corporelle et de la clarté mentale, mais mon eczéma tenace persistait et devenait parfois très grave. Pendant mes études de médecine, j’avais commencé à apprendre le jiu-jitsu, mais la pratique de cet art marital m’a handicapé d’une manière que je n’avais jamais connue auparavant dans ma vie. Elle s’est avérée être à la fois la source d’une grande souffrance et d’une profonde satisfaction. Malheureusement, tout ce temps passé sur les tapis avec les coudes et les genoux exposés a provoqué une forte poussée d’eczéma, qui a fini par s’infecter avec une souche de bactérie streptococcique. J’ai donc développé un impétigo, suivi d’une cellulite, puis d’un épisode de septicémie. Je souffrais de fièvre et de frissons et j’ai dû recevoir des antibiotiques par voie intraveineuse. Ce n’était pas exactement le scénario idéal pour un étudiant en troisième année de médecine au milieu de la partie la plus éprouvante de sa formation.
(Pages XX-XXI) À ce stade, je savais que l’alimentation était un facteur important de santé et de maladie. J’avais déjà essayé d’éliminer certains aliments : les aliments à forte teneur en histamineN7, en oxalatesN8 et en lectinesN9, les noix, les graines et le chocolat. Finalement, j’ai essayé d’éliminer tout ce à quoi je pouvais penser pendant plusieurs mois. Je mangeais essentiellement des avocats, des salades et de la viande nourrie à l’herbe, ainsi que quelques suppléments dont je pensais avoir besoin en raison de ma génétique. Pourtant, mon corps s’est attaqué à lui-même et l’eczéma a continué à m’assaillir.
➡ Le témoignage de ce qui a précédé l’adhésion de Paul Saladino au régime carnivore est important : il n’a pas transité subitement du « régime standard américain » à celui qui lui a permis de retrouver la santé. Pendant des années il a tenté diverses solutions, incluant le végétalisme… Le mot-clé de cette démarche est, rappelons le, « l’optimisation ».
(Page XXI) Je n’oublierai jamais le jour où j’ai écouté Jordan Peterson sur le podcast de Joe Rogan alors que je conduisais vers la côte de Washington pour aller surfer. Je suis sûr que le temps était pluvieux et froid et que les vagues étaient médiocres, mais ce voyage en valait vraiment la peine. À la fin du podcast, j’ai entendu Jordan parler de son régime à base de viande. Il a raconté comment il avait aidé sa fille, Mikhaila, à surmonter une maladie auto-immuneN6 grave et comment il l’avait aidé à perdre du poids et à résoudre son apnée du sommeilN10 et des problèmes auto-immuns similaires. Soudain, j’ai eu une idée qui a changé le cours de ma vie à partir de ce moment-là. Et si mes propres problèmes auto-immuns et tant de problèmes inflammatoires qui se manifestent aujourd’hui sous forme de maladies chroniquesN11 pouvaient être déclenchés par les plantes que nous mangeons ?
➡ La mention de Jordan PetersonN12 peut susciter de l’émotion dans le monde binaire qui gouverne les réseaux sociaux. Cet intellectuel canadien qui dit « ne pas faire de politique » s’identifie comme un « libéral classique », critique entre autres du « gauchisme radical » et du féminisme moderne — voir article et le dossier sur les transgenres. Il serait donc facile de conclure que le carnivorisme — vilipendé comme « carnisme » par les végétaliens — est une idéologie « de droite », par contraste avec la détestation de la viande, marqueur de « gauche écologiste ». Or toutes ces catégories sont inopérantes parce que le récit de Peterson était celui du combat contre la maladie de sa fille Mikhaila (2017N13).
(Page XXI) J’ai immédiatement rejeté cette idée, l’enterrant sous une montagne de décennies d’endoctrinement selon lequel les plantes, les fibres et les phytonutriments étaient essentiels à la santé humaine. Comment ferais-je caca sans manger de fibres ? Qu’en est-il de tous les avantages de ces soi-disant composés polyphénoliquesN14 ? Qu’en est-il de mon microbiomeN15 ? Tous les bons microbes qui vivent dans mon intestin ne mourraient-ils pas de faim sans amidon prébiotique ?
➡ La lecture de ce dernier paragraphe a pu vous plonger dans un état de dissonance cognitiveN16. Tenez bon, ce n’est qu’un début ! 😀
(Page XXI) […] après des mois d’étude de la littérature et un examen attentif des idées qui sous-tendent le régime carnivore, j’ai décidé d’essayer. Je savais que si je ne changeais rien, mon eczéma n’allait probablement pas s’améliorer, et je n’étais pas satisfait de l’utilisation de médicaments pour le traiter à long terme.
Dès les trois premiers jours, j’ai su que ce mode d’alimentation avait quelque chose de spécial. J’ai commencé à ressentir un certain calme émotionnel et une vision de plus en plus positive de la vie, comme je n’en avais jamais connu auparavant. Je ne m’attendais pas à ce sentiment, mais ce fut une agréable surprise. J’avais l’impression qu’une sorte de papier de verre avait été enroulé autour de mon cerveau et qu’on l’enlevait lentement. Tout à coup, les choses étaient plus douces et plus fluides dans ma psyché. Je crois maintenant que c’était dû à la résolution progressive d’une inflammation de bas niveau dans mon corps, qui a commencé dans mon intestin et s’est transmise à mon cerveau.
➡ Effet placebo ?
(Page XXI) Certains ont décrit des améliorations similaires de la clarté mentale avec des états de cétoseN17, et cela a sans doute joué un rôle plus tard dans mon voyage carnivore, mais lorsque j’avais commencé à explorer ce mode d’alimentation, j’incluais du miel dans mon régime et je consommais beaucoup de glucose. C’est l’élimination des plantes qui avait entraîné ce profond changement dans mon expérience de la vie, et j’étais profondément intrigué par les autres avantages qu’un régime carnivore pourrait avoir.
(Page XXII) Depuis lors, je ne mange que des aliments d’origine animale et je m’épanouis comme jamais auparavant. Ma vision de la vie reste extrêmement positive, mes émotions sont stables, mon sommeil est réparateur, et mon corps est fort, mon énergie est pleine, ma libido robuste, et oui, je fais caca tous les jours et c’est beau.
(Page XXII) Ça vous semble trop beau pour être vrai ? C’était le cas pour moi aussi ! Cela me paraissait complètement fou lorsque j’en ai entendu parler pour la première fois, alors si vous avez de telles pensées vous êtes en bonne compagnie. L’expérience que j’ai vécue avec ce mode d’alimentation a eu un tel impact que j’ai plongé tête baissée dans la recherche afin de comprendre les avantages, les mécanismes qui sous-tendent ces avantages et les pièges potentiels. Ce livre est l’histoire de ce que j’ai appris en cours de route et comment j’en suis venu à l’idée que tant de nos croyances nutritionnelles de longue date sont tout à fait erronées et nous empêchent souvent de réaliser notre véritable potentiel. La majorité des maladies dont nous souffrons aujourd’hui sont de nature auto-immune et inflammatoire, et je crois qu’en nous concentrant sur les aliments d’origine animale riches en nutriments en évitant les toxines présentes dans les plantes qui déclenchent ces processus, nous retrouverons rapidement notre droit ancestral à une santé et une vitalité optimales.
(Page XXIV) Je suis bien conscient que de nombreux concepts dont je vais parler dans ce livre s’éloignent brutalement des normes sociétales et que beaucoup d’entre vous se demandent peut-être : « Est-ce qu’il suggère vraiment que je ne devrais manger que de la viande pour le reste de ma vie ? Je ne pourrais jamais faire ça ! »
Ce livre n’a pas pour but de vous limiter, mais plutôt de vous donner les connaissances nécessaires pour faire des choix qui auront un impact positif sur votre qualité de vie. Il a également pour but de vous aider dans votre cheminement personnel afin que vous puissiez profiter au maximum de la vie, chaque jour. En fin de compte, c’est votre aventure. En partageant avec vous ce que j’ai appris, j’espère vous donner les outils nécessaires pour vous lancer dans votre propre quête, plutôt que de simplement imiter la mienne.
L’un de ces outils est l’équation de la Qualité de vie. En termes simples, lorsqu’on suit cette équation, l’objectif est de toujours trouver la meilleure qualité de vie possible, et pour ce faire, nous devons savoir quels sont nos objectifs. Chaque personne a des expériences uniques et des objectifs différents en fonction du stade où elle se trouve dans son parcours, et ces facteurs se traduiront par une qualité de vie supérieure différente pour chaque personne à un moment donné.
(Page XXV) L’équation de la Qualité de vie n’est pas censée être une carte de sortie de prison ou une excuse pour manger du gâteau. Il s’agit d’un encouragement à toujours être conscient de ce qui nourrit le plus votre âme au moment présent. Il vous donne la liberté de suspendre tout effort visant à modifier votre mode de vie si votre qualité de vie la plus élevée change temporairement. Comme je l’ai mentionné précédemment, pour certaines personnes, la meilleure qualité de vie sera toujours l’amélioration de leur santé personnelle. Les personnes atteintes d’une maladie auto-immuneN6 ou présentant des signes importants d’inflammation peuvent entrer dans cette catégorie. Pour les personnes qui vont généralement bien et qui cherchent à optimiser leur santé, cependant, il peut y avoir un peu plus de flexibilité.
C’est votre vie. C’est votre aventure. Vous décidez de vos objectifs.
⇪ Section I
⇪ 1) Nos commencements
➡ Le contenu des observations sur l’époque paléolithique est en accord, pour l’essentiel, avec la série de cours dispensés en 2017 au Collège de France par le paléo-anthropologue Jean-Jacques Hublin, plus particulièrement les épisodes 3, 4 et 5 (Hublin JJ, 2017N18). Lire aussi sa leçon inaugurale “Biologie de la culture : Paléoanthropologie du genre Homo” (Hublin JJ, 2017N19) et écouter sur France Culture les trois premières émissions “Depuis Lucy, 3 millions d’années d’Humanité” (2021N20). Voir aussi l’article “The evolution of the human trophic level during the Pleistocene” (Ben-Dor M et al., 2021N21).
(Pages 6–7) […] Il est clair que la consommation d’aliments d’origine animale a été un élément vital de notre évolution depuis le début. Katherine Milton, chercheuse à l’Université de Berkeley, est arrivée à la même conclusion dans son article intitulé The Critical Role Played by Animal Source Foods in Human Evolution [Milton K, 2003N22] :
Sans un accès systématique à des aliments d’origine animale, il est hautement improbable que les humains en évolution aient pu atteindre leur cerveau exceptionnellement grand et complexe tout en poursuivant leur trajectoire évolutive de primates grands, actifs et très sociaux. Au fur et à mesure de l’évolution humaine, les jeunes enfants en particulier, avec leur gros cerveau en pleine expansion et leurs besoins métaboliques et nutritionnels élevés par rapport aux adultes, auraient bénéficié d’aliments de haute qualité concentrés en volume, comme la viande.
(Page 7) Afin de déterminer la proportion d’aliments d’origine animale dans le régime alimentaire de nos prédécesseurs, on peut mesurer la quantité d’azote ∂15N23 dans leurs os fossilisés. En examinant les niveaux de cet isotope, les chercheurs sont capables de déduire où se situent les animaux dans la chaîne alimentaire en identifiant leurs sources de protéines. Les herbivores présentent généralement des niveaux de ∂15 de 3 à 7 %, les carnivores des niveaux de 6 à 12 % et les omnivores des niveaux intermédiaires. L’analyse d’échantillons provenant d’Hommes de NéandertalN24 et des premiers humains modernes a révélé des taux de 12 % et 13,5 % respectivement, soit des taux encore plus élevés que ceux d’autres animaux carnivores connus comme la hyène et le loup.
(Page 7) Que peut-on en déduire ? Ces niveaux extrêmement élevés d’isotopes ∂15N suggèrent qu’il y a 40 000 ans, l’Homo sapiensN25 et les NéandertaliensN24 concurrents étaient des carnivores de haut niveau trophique. Ils consommaient la grande majorité de leurs protéines à partir de grands mammifères comme les mammouths, plutôt qu’à partir de sources végétales.
➡ Cette observation, corrélée avec la comparaison de dosages de l’isotope de carbone C15, fait débat chez les paléo-anthropologues (Hublin JJ, 2017N18). Non pas le fait que les premiers humains modernes et les Néandertaliens aient été majoritairement consommateurs de viande, mais que leur carnivorisme aurait été encore plus radical que celui des loups et des hyènes. Diverses hypothèses ont été formulées pour expliquer cette anomalie : les taux sont influencés par d’autres facteurs, entre autres le fait que ces humains auraient consommé de la viande en décomposition ou/et qu’ils auraient été victimes de périodes de famine.
(Page 7) Comme le ∂15N dans les os, les niveaux de strontium, de baryum et de calcium dans les dents fossilisées peuvent également être utilisés pour indiquer les habitudes alimentaires de nos ancêtres. Des études comparant les ratios de ces éléments suggèrent que si les AustralopithèquesN26 mangeaient un mélange de plantes et d’aliments d’origine animale, le régime de l’Homo habilisN27 comportait beaucoup plus d’aliments d’origine animale [Balter V et al., 2012N28], un changement qui coïncide avec la croissance rapide du cerveau observée à cette époque de notre histoire. Le ParanthropusN29, en revanche, semble s’être davantage nourri d’aliments végétaux, une préférence qui a probablement causé sa perte.
➡ Cette hypothèse appartient à l’auteur.
(Page 8) De nombreux anthropologues étudiant des peuples indigènes disparates ont noté une prédilection pour les animaux les plus gras. Dans son livre The Paleoanthropology of and Archaeology of Big-Game Hunting, Speth déclare : « … la graisse, et non les protéines, semblait jouer un rôle très important dans les décisions des chasseurs quant aux animaux (mâles ou femelles) à tuer et aux parties du corps à jeter ou à emporter. » [Speth JD, 2010N30]
(Page 8) Pourquoi nos ancêtres et les populations indigènes plus récentes étaient-ils si déterminés à trouver de la graisse ? À un niveau très basique, c’était probablement une pure question de calories. À poids égal, les graisses fournissent plus de deux fois plus de calories que les protéines ou les glucides. De plus, le métabolisme humain fait de la graisse un aliment unique, précieux et nécessaire. […] Bien que nous puissions utiliser les protéines comme source d’énergie en cas de besoin grâce à un processus appelé gluconéogenèse, elles ne constituent pas une source d’énergie primaire.
(Page 9) Les récits historiques des explorateurs de l’Arctique nous parlent des dangers de la « famine du lapin », un état qui se produit lorsque nous mangeons trop de protéines maigres sans glucides ni graisses [Spath JD & Spielman KA, 1983N31]. Notre foie a une capacité limitée à transformer l’azote des acides aminés en urée, un composé hydrosoluble que nous excrétons dans notre urine [Bilsborough S & Mann N, 2006N32]. Lorsque la capacité du foie à transformer l’azote des protéines en urée est dépassée, l’excès peut entraîner une augmentation du taux d’ammoniac, ce qui provoque toutes sortes de stress dans l’organisme.
(Page 9) La limite supérieure pour les protéines dans notre régime alimentaire semble être d’environ 40 % de notre apport calorique total, seuil au-delà duquel nous risquons de dépasser la capacité du foie à traiter ce macronutriment. Cela signifie que 60 % de nos besoins caloriques doivent être satisfaits par des graisses ou des glucides. Avez-vous déjà essayé de chercher des glucides digestibles dans la nature ? Ils sont plutôt rares ! Selon la latitude, les fruits pourraient être disponibles quelques fois par an pendant une très courte période de temps, mais nous devrions également entrer en compétition avec d’autres animaux, des insectes et des moisissures. De plus, bien que certaines plantes aient des portions de racines qui pourraient être comestibles et contenir des hydrates de carbone, elles sont rares et beaucoup sont toxiques.
➡ On parle ici d’époques qui précèdent la domestication du feuN33 il y a 400 000 ans. La cuisson contribue fortement à la détoxification et la digestibilité des végétaux, mais l’accroissement de la taille du cerveau ne saurait lui être associé car il est corrélé à la consommation de viande il y a plus de 2 millions d’années (Choi C, 2012N34).
(Page 9) Comme nous le verrons dans les chapitres suivants, à part les fruits et tubercules occasionnels, les tiges et les feuilles des plantes ne contiennent pas beaucoup de glucides et elles sont souvent truffées de produits chimiques de défense des plantes. La vaste gamme d’aliments végétaux riches en glucides que l’on trouve aujourd’hui dans les magasins d’alimentation n’a rien à voir avec la sélection de plantes dans la nature ou avec celles que nos ancêtres devaient choisir.
(Page 10) À ce stade du livre, je souhaite partager avec vous mon hypothèse sur le code carnivore : Je crois que tout au long de notre évolution, nos ancêtres ont chassé de préférence les animaux et n’ont mangé des aliments végétaux qu’en période de pénurie ou de famine. Je fonde mon hypothèse sur les facteurs suivants :
- Les données anthropologiques, notamment la taille du cerveau, les données sur les isotopes stables des os et des dents, et les exemples des peuples autochtones dont nous venons de parler ;
- La disponibilité nettement plus élevée de l’énergie provenant des animaux par rapport aux aliments végétaux […] ;
- La teneur en nutriments largement supérieure des aliments d’origine animale […].
(Page 10) Je ne suggère pas que nos ancêtres ne mangeaient jamais d’aliments végétaux, mais qu’ils privilégiaient les aliments d’origine animale en raison de leur supériorité calorique et nutritionnelle. Quand nous ne pouvions pas trouver d’aliments d’origine animale, nous pouvions manger des plantes comme solution de rechange, mais elles ne semblent pas avoir constitué une part importante du régime alimentaire de nos ancêtres.
➡ L’exposé “The Vegetal Diet of Pleistocene Hominins” (2014N35) par Amanda G. Henry (Max-Planck Institute for Evolutionary Anthropology, Leipzig) présente un panorama complet de l’évolution des régimes alimentaires, notamment de l’importance trop ignorée de la contribution végétale à l’alimentation des ancêtres de l’Homme moderne. D’autre part, il a été observé que les chasseurs se nourrissaient aussi du contenu (végétal) des entrailles de certains animaux.
Le biais inverse apparaît dans les commentaires de reportages destinés au grand public, par exemple (France 2 le 13 juin 2021) : « [Les habitants de la grotte Chauvet] se nourrissaient de champignons et de fruits sauvages ; ils chassaient le renne. »
➡ Lawrence A David et al. (2014N36) ont observé la flexibilité métabolique du microbiomeN15 intestinal — l’ensemble des gènes présents dans le microbioteN37 — en réponse à un changement radical de régime alimentaire, concluant : « Notre constat que le microbiome intestinal humain est capable de passer rapidement d’un profil fonctionnel de consommateur de plantes à un profil fonctionnel carnivore peut refléter les pressions sélectives qui se sont exercées au cours de l’évolution humaine. »
(Page 11) Nos estomacs sont en réalité des chaudrons d’acide, attendant avec impatience que les aliments arrivent de l’œsophage pour ensuite les digérer en composants plus basiques. C’est dans l’estomac que nous décomposons les protéines, les graisses et les glucides complexes qui composent notre nourriture. Lorsque cette bouchée de steak de mammouth quitte votre estomac, elle n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était au départ. Le pH d’un estomac humain sain est d’environ 1.5, ce qui est très acide sur l’échelle de pH qui va de 0 à 14 (plus il est bas, plus il est acide, plus il est haut plus il est alcalin). Si le contenu de votre estomac, dont le pH est de 1.5, se répandait dans le reste de votre abdomen, vous fondriez littéralement de l’intérieur.
Comment l’acidité de l’estomac humain se compare-t-elle à celle du chimpanzé ? Nos lointains ancêtres primates avaient un pH stomacal de 4 à 5, ce qui est beaucoup moins acide. Le pH est une échelle logarithmique, et chaque augmentation de 1 se traduit par une solution 10 fois moins acide [Beasley DAE et al., 2015N38]. Nos estomacs sont environ 1000 fois plus acides que celui d’un chimpanzé. 1000x n’est pas une blague, et ce n’est certainement pas un accident. Notre estomac est devenu beaucoup plus acide parce que, il y a 3 ou 4 millions d’années, notre régime alimentaire est passé d’une alimentation essentiellement végétale à une alimentation comprenant de nombreux aliments d’origine animale, puis, il y a 2 millions d’années, à une alimentation essentiellement animale.
(Page 12) Vous vous souvenez de LucyN39 et de la taille de son cerveau ? On pense que les premiers « pré-humains » (généralement considérés comme des australopithèques) étaient principalement des charognards, se nourrissant de viande moins fraîche. Un estomac extrêmement acide aurait été très utile pour une telle activité. Aujourd’hui encore, le faible pH de notre estomac nous protège des agents pathogènes présents dans l’environnement et décompose les aliments si intensément qu’ils ne sont pas considérés comme étrangers par le système immunitaire résidant dans les parois de notre tractus intestinal. Des médicaments pharmaceutiques comme les inhibiteurs de pompe à protons augmentent le pH et, par conséquent, le risque de contracter une pneumonie, des infections et de nombreuses allergies [Fohl AL & Regal RE, 2011N40 ; Jordakieva G et al., 2019N41]. De plus, avec une acidité moindre dans l’estomac, les particules alimentaires non digérées pourraient passer dans l’intestin grêle et interagir avec les armées de cellules immunitaires qui se trouvent à une seule couche cellulaire de lumen dans la paroi intestinale. Il est clair que le maintien d’un faible pH de l’estomac était, et continue d’être, essentiel pour une santé humaine optimale. Le fait qu’il soit beaucoup plus bas que celui de nos ancêtres primates n’est pas un accident. Il indique directement un changement radical de régime alimentaire au début de notre évolution en tant qu’HominidésN42 [ou plutôt HomininaN43, NDT] et révèle des pressions sélectives pour les personnes les mieux adaptées à la consommation de viandes animales fraîches et moins fraîches.
(Page 12) La comparaison de la structure de notre tube digestif avec celle d’un primate révèle une divergence importante, probablement due à l’évolution des préférences alimentaires il y a 2 à 3 millions d’années. Nous possédons un intestin grêle beaucoup plus long, tandis que nos côlons ont considérablement rétréci.
Les primates doivent passer la majeure partie de leurs journées à mâcher des feuilles et d’autres matières végétales pour obtenir suffisamment de calories, principalement sous la forme de glucides d’origine végétale. Ceux-ci traversent rapidement leur intestin grêle, plus court, avant d’arriver au volumineux cæcum (la première partie du gros intestin) et au côlon. Chez les primates, la matière végétale traîne dans l’énorme gros intestin où elle subit une fermentation et entraîne la production de grandes quantités d’acides gras à chaîne courte, qui sont ensuite utilisés comme source principale de leurs calories. Même si les primates mangent des montagnes de matières végétales à base de glucides, ils se nourrissent en fait de graisses ! Ils ont besoin d’un côlon aussi large pour abriter les bactéries qui transforment par fermentation toutes les fibres végétales qu’ils mangent en ces graisses qui leur fournissent de l’énergie. Si vous avez vu des singes ou des singes anthropoïdes, vous aurez remarqué que leur cage thoracique est inclinée vers l’extérieur et que leur ventre est protubérant pour accueillir leurs côlons volumineux.
(Page 13) En commençant par Lucy et en progressant vers l’Homo erectusN44 puis au-delà, nos intestins ont commencé à changer à mesure que nous mangions de plus en plus d’aliments d’origine animale. Vous vous rappelez que nos cerveaux ont commencé à se développer à la même époque ? Une théorie convaincante appelée « l’hypothèse du tissu coûteux » relie tout cela [Aiello LC, 1997N45]. Le cerveau et l’intestin sont des tissus très actifs sur le plan métabolique qui ont besoin de beaucoup d’énergie pour fonctionner correctement par rapport à leur masse. Un gramme de tissu cérébral nécessite vingt-deux fois plus d’énergie pour fonctionner qu’un gramme de tissu musculaire. Nos intestins sont tout aussi gourmands.
Selon l’hypothèse du tissu coûteux, pour que notre cerveau puisse croître en taille sans augmenter de manière significative nos besoins caloriques globaux (l’augmentation des besoins caloriques aurait fait l’objet d’une forte sélection dans le contexte de l’évolution), un autre tissu du corps devrait diminuer en taille et en demande d’énergie. Des systèmes organiques distincts devaient faire un compromis énergétique, et c’est exactement ce qui semble s’être produit avec le cerveau et les intestins. Il semble que notre intestin grêle se soit légèrement agrandi pour pouvoir mieux absorber les nouvelles protéines et graisses de notre alimentation à base d’animaux, ce qui a permis au côlon et à la taille globale du tractus gastro-intestinal de diminuer considérablement. Le côlon et le tractus gastro-intestinal ont ainsi pu rétrécir de manière substantielle. Alors que la taille de l’intestin et les besoins énergétiques diminuaient, le cerveau a pu se développer progressivement au fil des générations pour devenir l’instrument stellaire que nous possédons aujourd’hui. Le rétrécissement de l’intestin a également permis de redresser la cage thoracique et d’aplatir le ventre.
(Page 14) Certains ont avancé que l’augmentation frappante de la taille du cerveau observée chez nos ancêtres pourrait être due à une consommation importante de tubercules riches en amidon, mais cette théorie présente deux problèmes majeurs. Le premier est que nos ancêtres ne semblent pas avoir commencé à utiliser le feu avant 1.5 million d’années après le changement brutal de la taille de la voûte crânienne, et pour que les tubercules fournissent des glucides et des calories accessibles, ils doivent être cuits. Le timing semble être incorrect.
(Page 15) Avec ce que nous avons appris jusqu’à présent, nous pouvons maintenant ajouter à mon hypothèse précédente : manger des animaux nous a rendus humains en nous fournissant des aliments de meilleure qualité et riches en nutriments. Ces aliments nécessitaient un tube digestif moins énergivore et moins axé sur la fermentation, ce qui a ouvert les portes énergétiques à une augmentation de la taille et de la complexité du cerveau. En outre, l’accès à des nutriments tels que les acides gras oméga 3N46 sous des formes hautement biodisponibles a probablement joué un rôle ici aussi. Des études sur le développement du cerveau des nourrissons nous ont appris que le cerveau humain a besoin de beaucoup de DHAN47 et d’EPAN48 [Coletta JM et al. 2010N49]. Plus les mères enceintes et les nourrissons ont accès à ces nutriments, mieux c’est. En effet, on a dit que le DHA jouait un « rôle unique et indispensable dans la signalisation neuronale essentielle à une intelligence supérieure » [Dyall SC, 2015N50]. […] Le DHA n’est pas présent dans les plantes, et les humains ne parviennent pas à convertir la forme précurseur de l’oméga 3 en ce précieux élément de construction du cerveau.
➡ La consommation d’animaux aquatiques a joué un rôle essentiel, bien que les traces en soient moins visibles sur les sites archéologiques : il est plus difficile de détecter des restes de poissons que des ossements. Jean-Jacques Hublin (2017N18) a toutefois signalé qu’on retrouve beaucoup de traces de groupes humains autour des lacs, ce qui paraît indiquer que la faune aquatique contribuait fortement à l’alimentation. On a retrouvé des outils spécifiques de la pêche datant d’il y a 90 000 ans.
➡ Dans « La naissance d’Homo, le chimpanzé marin », Michel Odent remarque que les fossiles d’anciennes populations côtières sont inaccessibles (2017N51 page 21) : « Rappelons […] qu’il y a vingt mille ans, du fait du volume des glaces, le niveau des mers était approximativement 130 mètres plus bas qu’au début de la révolution néolithique, il y a environ dix mille ans. Cela implique que si la plupart des êtres humains vivaient le long des côtes pendant la dernière période glaciaire, seuls les fossiles de la minorité qui vivait à l’intérieur des terres peuvent être trouvés. »
⇪ 2) Notre pire erreur
(Page 20) Et si je vous disais qu’à un moment donné de notre histoire évolutive, notre santé est passée d’une apparence plutôt bonne à une santé exécrable presque du jour au lendemain ? Eh bien, c’est exactement ce qui s’est passé il y a environ 12 000 ans, pendant la révolution néolithique, lorsque nous avons commencé à cultiver la terre et rejoint « le culte de la graine ». Ce surnom a été donné à l’avènement de l’agriculture par Jared Diamond, auteur de nombreux ouvrages examinant notre voyage humain à travers le temps. Il a déclaré [1987N52] :
L’archéologie est en train de démolir une autre croyance sacrée : l’histoire de l’humanité au cours du dernier million d’années aurait été une longue histoire de progrès. En particulier, des découvertes récentes suggèrent que l’adoption de l’agriculture, censée être notre étape la plus décisive vers une vie meilleure, a été à bien des égards une catastrophe dont nous ne nous sommes jamais remis. Avec l’agriculture sont apparues les inégalités sociales et sexuelles flagrantes, les maladies et le despotisme, qui empoisonnent notre existence.
➡ Spécialiste de l’identification de fragments d’alimentation végétale sur les dents des HomininaN43, Amanda Henry signale qu’à l’époque de l’invention de l’agriculture et de l’élevage, la population humaine avait dramatiquement diminué pour atteindre son niveau le plus bas (2014N35). Quelles qu’aient été les raisons de cette diminution, l’agriculture — donc implicitement la consommation de plantes — a contribué à l’expansion exponentielle de la population. C’est surtout l’augmentation de la taille des groupes humains, de la tribu d’environ 150 personnes au village, puis du village à la ville, qui serait à l’origine des transformations sociales « catastrophiques » signalées par Jared Diamond.
➡ Dans la dernière minute de son exposé, Henry (2014N35) fait apparaître un biais personnel de préférence pour un régime végétal en tentant (sans conviction) de réhabiliter la consommation de céréales dans l’alimentation moderne, ce qui était hors-sujet !
(Page 20) Affirmer que l’avènement de l’agriculture est responsable de bon nombre des commodités dont nous jouissons aujourd’hui est un saut intellectuel trop audacieux qui repose sur de nombreuses hypothèses non examinées.
(Page 21) La plus importante de ces hypothèses est peut-être la notion selon laquelle, avant l’agriculture, nos vies étaient cruelles, brutales et courtes. Le mode de vie observé dans les groupes indigènes actuels indique le contraire. Les chasseurs-cueilleurs d’aujourd’hui, comme les !Kung, les Hadza, les Inuits et les Maasai, jouissent d’une grande vigueur tard dans leur vie et sont généralement épargnés par les épidémies de maladies chroniques qui frappent la société occidentale moderne.
Ne nous a‑t-on pas dit que l’espérance de vie de ces groupes est bien pauvre en comparaison de la nôtre ? Il est important de noter que cette affirmation ne mentionne pas le facteur de risque de mortalité dans les sociétés de chasseurs-cueilleurs. Au cours des quinze premières années de leur vie, ils ont 75 à 199 fois plus de risque de mourir que les individus des sociétés occidentales [Gurven M & Kaplan H, 2007N53]. Autrement dit, de la naissance à l’âge de quinze ans, vous avez beaucoup plus de risque de mourir en tant que chasseur-cueilleur qu’en tant qu’occidental. Les facteurs qui contribuent à ce risque de mortalité sont notamment un accès moindre à l’eau potable, le manque d’installations sanitaires pour les déchets, les maladies infectieuses et les blessures traumatiques.
Les comparaisons de l’espérance de vie entre ces groupes sont brouillées par ces taux de mortalité infantile gonflés. Lorsque nous comparons la santé, la vitalité et la qualité de vie des groupes indigènes âgés à celles des Occidentaux, les premiers sont clairement supérieurs à tous égards.
J’imagine que vous vous dites : l’assainissement n’est-il pas le résultat de notre évolution depuis l’agriculture ? Bravo à vous, lecteur avisé, c’est une excellente question. L’objectif de cette partie du livre n’est pas de dire que la progression de notre société par rapport à l’époque des chasseurs-cueilleurs (l’accent est mis sur les chasseurs) a été entièrement mauvaise, mais plutôt de souligner que si certaines choses bénéfiques ont été acquises au cours de ce voyage, de nombreuses choses négatives, comme les maladies chroniques, l’ont également été [Araújo J et al., 2019N54]. Selon les estimations actuelles, 88 % de la population occidentale souffre d’une forme de maladie métabolique, de pré-diabète et de résistance à l’insulineN55. Je reviendrai sur la résistance à l’insuline au chapitre 11, mais pour l’instant, il suffit de dire que cet état est à l’origine de la majorité des maladies chroniques qui paralysent notre société actuelle, notamment le diabète, les maladies cardiaques, l’hypertension et l’infertilité.
(Page 22) À quoi ressemblait notre vie quotidienne avant l’avènement de l’agriculture (également connue sous le nom de Révolution Néolithique) ? Personne ne le sait avec certitude, mais l’étude des chasseurs-cueilleurs actuels nous donne quelques indications. Notes de Diamond [1987N52] :
Dispersés dans le monde, plusieurs dizaines de groupes de personnes dites primitives, comme les Bushmen du Kalahari, continuent de subvenir à leurs besoins de cette manière. Il s’avère que ces gens ont beaucoup de temps libre, dorment beaucoup et travaillent moins dur que leurs voisins agriculteurs. Par exemple, le temps moyen consacré chaque semaine à l’obtention de nourriture n’est que de 12 à 19 heures pour un groupe de Bushmen, et de 14 heures ou moins pour les nomades Hadza de Tanzanie.
➡ Ce tableau idyllique (malheureusement fortement dégradé dans les récentes décennies) tend à projeter des chasseurs-cueilleurs du paléolithique une image d’êtres vivant en « parfait accord avec la nature », autrement dit intrinsèquement « respectueux de leur environnement ». Des recherches plus poussées ont montré que, déjà à cette époque, l’accroissement de la population humaine exerçait une forte pression de sélection sur les espèces animales et la végétation : disparition de grands félins dans l’est de l’Afrique, taille décroissante des animaux exposés à la prédation humaine, ou encore destruction de forêts par des incendies destinés à augmenter le périmètre des terrains de chasse (Hublin JJ, 2017N18 épisode 6).
(Pages 23–24) De nombreuses études sur des populations variées montrent une forte corrélation entre la taille adulte et la qualité nutritionnelle. Une étude portant sur la taille des hommes dans 105 pays a abouti à la conclusion suivante [Grasgruber P et al., 2016N56] :
Dans les nations de grande taille … la consommation de protéines végétales diminue nettement au détriment des protéines animales, notamment celles issues des produits laitiers. Les taux de consommation les plus élevés se trouvent en Europe du Nord et en Europe centrale, le pic mondial de la taille masculine étant atteint aux Pays-Bas (184 cm).
Dans cette vaste étude sur la qualité nutritionnelle, il est intriguant de constater que la consommation d’aliments d’origine animale est directement corrélée à une plus grande taille chez les hommes. Les auteurs soulignent que même dans des conditions d’équivalence calorique entre les cultures à forte consommation de plantes et celles à forte consommation d’animaux, les niveaux de taille étaient plus élevés dans ces dernières. D’autres études sont arrivées à des conclusions similaires concernant le rôle clé que joue la qualité nutritionnelle dans la détermination de la taille adulte [Perkins JM et al., 2016N57] :
Les résultats des études indiquent qu’une petite taille des adultes (reflétant un retard de croissance) dans les pays à revenu faible et moyen est déterminée par les conditions environnementales, en particulier la nutrition au cours des premières années … Cette revue suggère que la taille adulte est un marqueur utile de la variation de la nutrition cumulative, de la privation biologique et du niveau de vie entre et au sein des populations, et qu’elle devrait être mesurée systématiquement.
(Page 24) Un autre type de lésion osseuse, connu sous le nom d’hyperostosie porotiqueN58, se produit dans le crâne et les os les plus minces du corps et évoque des carences en nutriments tels que le zinc et le fer. Ces lésions remarquables donnent aux os minces un aspect « spongiforme », car la moelle se dilate et les autres couches s’érodent. Aux Dickson Mounds [un cimetière d’Améridiens], les orbites et les crânes présentaient une hyperostose porotique, avec là encore des marques qui montrent une augmentation d’occurrence et de gravité après la disparition des pratiques de chasse au profit de l’agriculture. L’incidence de la dégénérescence arthritique des articulations et de la colonne vertébraleN59 semble également avoir doublé entre ces deux périodes. Les défauts de l’émail des dents, qui suggèrent un apport insuffisant en vitamines liposolubles propres aux aliments d’origine animale, ont également augmenté au cours de cette période. Il est clair que le fait de manger moins d’animaux et plus de plantes cultivées a été un désastre pour la santé de ces peuples. Malgré une augmentation de la population, leur état de santé général s’est fortement dégradé.
(Page 25) Ce type d’évolution négative de la santé n’est toutefois pas produit uniquement chez les chasseurs-cueilleurs de l’Illinois. Dans l’ouvrage Paleopathology at the Origins of Agriculture, les auteurs décrivent cette tendance dans 19 des 21 cultures ayant connu la transformation agricole [Cohen MN et al., 1984N60]. De même, dans Nutrition and Physical Degeneration, Weston A. Price a observé un contraste frappant dans la santé physique et dentaire des populations du monde entier lorsqu’elles consommaient des régimes traditionnels et des aliments transformés occidentaux [Price WA, 2003N61].
(Page 25) Lorsque les populations du monde entier ont commencé à se tourner vers l’agriculture, il y a environ 10 000 ans, quels que soient l’endroit et le type de culture, une tendance similaire s’est produite : la taille et la santé des personnes ont diminué. L’analyse des squelettes suggère que ces peuples néolithiques ont subi « un stress physiologique plus important dû à la sous-nutrition et aux maladies infectieuses » [Ulijaszek S, 1991N62].
➡ Stanley Ulijaszek écrit plus précisément (1991N62) : « Certaines pathologies trouvées dans les restes de squelettes humains de cette époque sont indicatives d’anémie et d’ostéoporose, bien qu’il ne soit pas clair qu’elles aient eu des étiologies nutritionnelles manifestes. […] Les résultats suggèrent que la carence en protéines n’était probable que si les sujets souffraient d’une carence énergétique chronique (CED) et que leur régime ne contenait pas de viande. Une carence en calcium alimentaire était envisageable après le passage à la culture et à l’élevage, en présence d’une CED modérée ou sévère. Les anémies, bien que présentes après la transition, étaient peu susceptibles d’avoir des étiologies alimentaires, quelle que soit la sévérité de la CED. »
➡ On retrouve ces observations dans la publication plus récente “Stature and robusticity during the agricultural transition : evidence from the bioarchaeological record” (Mummert A et al., 2011N63 page 284) : « On a observé que l’impact de l’agriculture, accompagné d’une augmentation de la densité de population et d’un accroissement des maladies infectieuses, diminuait la stature des populations du monde entier, quelle que soit la période pendant laquelle l’agriculture a été adoptée, notamment en Europe, en Afrique, au Moyen-Orient, en Asie, en Amérique du Sud et en Amérique du Nord. » Les auteurs ne se prononcent toutefois pas sur les causes (multifactorielles) de cette diminution de taille des individus adultes.
➡ D’autres chercheurs ont suggéré que cette diminution transitoire du volume cérébral a pu être causée par la « domestication » des hommes modernes, en parallèle avec ce qu’on observe « chez des mammifères comme les porcs, les moutons, les chameaux, les furets et les visons […] les animaux domestiqués [ayant] peu d’occasions d’être dans un état d’initiative, d’être en compétition et de lutter pour la vie. Ils ont moins d’occasions que les animaux sauvages d’activer leur cerveau » (Odent M, 2017N51 page 46).
➡ Toutefois, poursuit Odent (2017N51 page 46), « Cette discrète tendance vers une réduction du volume cérébral était aussi probablement liée à l’avènement de l’agriculture et à une alimentation à base de céréales. » Il cite, parmi les facteurs nutritionnels, l’influence sur le périmètre crânien des nouveau-nés de la consommation d’animaux marins pendant la grossesse, vérifiée par des études interventionnelles en Angleterre et sujet de la thèse de Lesley F Meeson (2007N64). Un autre facteur nutritionnel lié à une diète riche en glucides serait l’augmentation significative des quantités d’acrylamidesN65 « dans les aliments de consommation courante tels que les frites, les biscuits, les céréales pour petit déjeuner et le café. […] Une étude prospective européenne mère-enfant [Pedersen M et al., 2012N66] a mis en évidence les effets de l’exposition à l’acrylamide sur des paramètres qui incluaient le périmètre crânien à la naissance » (Odent M, 2017N51 page 48).
(Page 28) Sur la base de la supériorité énergétique et nutritionnelle, nos ancêtres ont toujours privilégié les aliments d’origine animale par rapport à ceux d’origine végétale lorsque les aliments d’origine animale étaient disponibles. Les estimations actuelles du rapport entre la consommation de végétaux et d’animaux chez les chasseurs-cueilleurs d’aujourd’hui suggèrent une répartition approximative de 50–50 [Cordain L et al., 2002N67]. Mais, comme beaucoup l’ont souligné, ces populations n’ont plus accès au gros gibier et sont contraintes de s’adapter aux changements de leur environnement en récoltant davantage d’aliments végétaux. Ainsi, les populations de chasseurs-cueilleurs vivant actuellement sont une mauvaise indication des quantités relatives d’aliments animaux et végétaux consommés par leurs plus lointains prédécesseurs.
➡ Par exemple, les chasseurs-cueilleurs HadzaN68, en Afrique orientale, ont perdu les trois quarts de leur territoire de chasse au cours des cinquante dernières années. Les Bushmen du Botswana n’ont plus le droit de chasser.
➡ Le résumé de l’article de Cordain L et al. (2002N67) reflète les préjugés en vogue concernant les causes de maladies cardiovasculaires : « L’augmentation de la consommation de viande dans les régimes alimentaires occidentaux étant fréquemment associée à un risque accru de mortalité par maladies cardiovasculaires, il est apparemment paradoxal que les sociétés de chasseurs-cueilleurs, qui consomment la majorité de leur énergie à partir d’aliments d’origine animale, se soient révélées relativement exemptes de signes et de symptômes de maladies cardiovasculaires. » — La solution de l’énigme se trouve dans mon article : Pourquoi diminuer le cholestérol ?
⇪ Section II
➡ Il faut se souvenir de la démarche de l’auteur avant de lire ce long réquisitoire sur la toxicité des plantes. Paul Saladino a écrit (page XV) qu’il recherchait, aux fins de détoxificationN69, un régime restreint aux nutriments nécessaires pour fonctionner de manière « optimale », sous les formes les plus biodisponibles avec la plus petite quantité de toxines. Il montre dans la suite de l’ouvrage qu’un éventail suffisamment diversifié de produits d’origine animale satisferait ces conditions. Dans cette approche qui met en jeu la balance bénéfice-risqueN70, les plantes ne sont plus utilisées pour leur valeur nutritionnelle mais plutôt — le cas échéant — pour leur valeur médicinale. Un individu sain pendrait en compte d’autres critères tels que la saveur, l’esthétique et les traditions culinaires. Retenir, par ailleurs, que des transformations comme la cuisson, le trempage et la fermentation réduisent fortement la toxicité des végétaux et augmentent leur biodisponibilitéN71.
⇪ 3) Des armes chimiques
(Page 33) Bienvenue dans le monde des plantes ! Alors que des insectes et autres animaux choisissent d’aller grignoter notre verdure voisine, les plantes ne peuvent pas se sauver, mordre, ni les menacer oralement pour se défendre. […] Elles ont été confrontées à ce dilemme depuis le début de leur histoire évolutive, il y a environ 470 millions d’années et, pendant tout ce temps, elles ont élaboré une solution : s’équiper de mécanismes de défense à large spectre, aussi bien physiques que chimiques.
(Page 34) Je ne comprends pas vraiment ce qui nous a incités à croire que les plantes seraient fondamentalement bienveillantes et que tout ce qui provient d’une plante serait bon pour nous. […] En surface, les plantes paraissent assez amicales, mais si nous y regardons de plus près c’est une autre histoire. La plupart des substances que nous tenons pour des « phytonutriments » sont en réalité des « armes végétales » conçues méticuleusement pour dissuader les insectes, animaux et champignons de les consommer au petit déjeuner. Les plantes ne veulent pas être mangées — certes, les fruits c’est une autre histoire, nous en reparlerons, mais ce n’est pas encore aussi bon pour vous.
(Page 34) L’affirmation « les plantes ne veulent pas être mangées » tient aussi pour les animaux. Mais souvenez-vous que les animaux ont développé d’autres mécanismes pour combattre leurs prédateurs. ➡ Des mécanismes qui ne les rendent pas incomestibles.
(Page 35) Il existe des centaines de milliers de substances chimiques produites par le règne végétal qui peuvent nous faire du mal. On peut grossièrement les classer en deux catégories. La première, et la plus grande, est celle des phytoalexinesN72, directement produites pour repousser les attaques d’insectes, animaux et champignons. Cette catégorie contient de nombreuses substances dont on nous a enseigné qu’elles étaient bonnes pour nous, entre autres les glucosinolatesN73 et de nombreux polyphénolsN14. Le terme « glucosinolate » peut vous paraître étranger, mais vous connaissez probablement un des produits dérivés de cette famille qu’on appelle le sulforaphaneN74, qui se présente en grandes quantités quand nous mangeons des brocolis.
(Page 35) Les polyphénols probablement les plus connus sont le resvératrolN75 et la curcumineN76, et si vous croyez la légende, en les consommant vous allez vivre éternellement, vous débarrasser de toute inflammation, peut-être même il vous poussera des ailes. Voir le chapitre (5) pour la déconstruction de ce mythe.
(Page 36) Les phytoalexinesN72 peuvent être vues comme les pesticides des plantes … ceux qui sont produits par les plantes comme des protections chimiques [Mithöfer A & Maffei ME, 2016N77]. Dans leur article Dietary pesticides (99.99 % all natural) [1990N78] […] Bruce N. Ames écrivait [citation augmentée] :
L’importance toxicologique des expositions aux produits chimiques synthétiques est examinée dans le contexte des expositions aux produits chimiques d’origine naturelle. Nous avons calculé que 99,99 % (en poids) des pesticides présents dans le régime alimentaire américain sont des produits chimiques que les plantes produisent pour se défendre. Seuls 52 pesticides naturels ont été testés dans des essais de cancer à haute dose sur des animaux, et environ la moitié (27) sont cancérigènes pour les rongeurs ; ces 27 sont présents dans de nombreux aliments courants. Nous concluons que les produits chimiques naturels et synthétiques ont la même probabilité d’être positifs dans les tests de cancer sur les animaux. Nous concluons également qu’aux faibles doses de la plupart des expositions humaines, les dangers comparatifs des résidus de pesticides synthétiques sont insignifiants.
[…]
Nous estimons que les Américains consomment environ 1.5 grammes de pesticides naturels par personne et par jour, ce qui est environ 10 000 fois plus que leur consommation de résidus de pesticides synthétiques. Comme indiqué dans le présent document, il existe une très vaste littérature sur les toxines naturelles présentes dans les plantes et leur rôle dans les défenses végétales. L’apport humain de ces toxines varie sensiblement en fonction du régime alimentaire et serait plus élevé chez les végétariens. Notre estimation de 1.5 g de pesticides naturels par personne et par jour est basée sur la teneur en toxines des principaux aliments végétaux (par exemple, 13 g de café torréfié par personne et par jour contiennent environ 765 mg d’acide chlorogéniqueN79, d’acide néochlorogénique, d’acide caféiqueN80 et de caféine). On estime que les substances phénoliques provenant d’autres plantes contribuent à plusieurs centaines de milligrammes de toxines supplémentaires. Les flavonoïdesN81 et les glucosinolatesN73 représentent plusieurs centaines de milligrammes ; les toxines de la pomme de terre et de la tomate peuvent en apporter une centaine, et les saponinesN82 des légumineuses une centaine. Les céréales telles que la farine blanche et le riz blanc contribuent très peu, mais le blé complet, le riz complet et le maïs peuvent contribuer à plusieurs centaines de milligrammes supplémentaires.
➡ Cet article a pu être utilisé pour décrédibiliser l’agriculture biologique il y a trente ans… Il reste que les données sur la toxicité « naturelle » des végétaux n’ont pas changé. Dans un autre article publié la même année (Ames BN et al., 2020N83) les mêmes auteurs écrivaient :
Le constat que, dans les tests à forte dose, une forte proportion de produits chimiques naturels et synthétiques sont cancérigènes, mutagènes [N84], tératogènes [N85] et clastogènes [N86] (30 à 50 % pour chaque groupe) sape les efforts réglementaires actuels visant, sur la base de ces tests, à protéger la santé publique des produits chimiques synthétiques.
(Page 37) Au chapitre (7) je parlerai des lectinesN9 et développerai les idées avancées [par Dr Steven Gundry, auteur de The Plant Paradox] pour montrer que ces molécules omniprésentes dans les plantes peuvent endommager votre intestin et conduire à des maladies auto-immunesN6 et de l’inflammationN87.
(Page 37) Les oxalatesN8 sont une autre « épine chimique » rencontrée dans les plantes. Les plantes utilisent ces molécules organiques pour accrocher les minéraux selon leur biochimie unique. Mais les oxalates ne sont pas utilisés par la biochimie humaine et sont au contraire un produit dérivé de la métabolisation d’acides aminés par le corps humain. Cette petite quantité d’oxalates est traitée comme un déchet et éliminée par l’urine. Toutefois, dans les plantes on les trouve en très grandes quantités et elles peuvent contribuer à des pathologies chez les humains. Les calculs dans les reins en oxalate de calcium sont un effet bien connu de la consommation d’oxalates, et au chapitre (6) nous examinerons des travaux de recherche suggérant que le cancer du sein, la maladie de la thyroïde, la vulvodynieN88 et les éruptions cutanées sont aussi en lien avec les oxalates dans notre nourriture.
(Pages 37–39) L’auteur rappelle la distinction entre les règnes végétal, animal, des champignons, qui se sont développés séparément depuis 1.5 milliards d’années. Il les compare à des systèmes d’exploitation incompatibles sur des ordinateurs, ou des marques d’automobiles dont les pièces détachées ne peuvent pas être échangées.
⇪ 4) Brocoli : super héros ou super vilain ?
(Page 43) Peut-être plus que tout autre aliment végétal, le brocoli a été acclamé comme un légume magique. Ces louanges sont-elles fondées, ou George H.W. Bush avait-il raison lorsqu’il a déclaré en 1990 : « Je n’ai jamais aimé ça. Je suis le président des États-Unis et je ne vais pas manger mes brocolis » ?
Le brocoliN89, objet de notre enquête, appartient à la famille de légumes brassicaN90, tous dérivés d’une ancienne variété de moutarde. Les nombreux visages de cette famille, également connue sous le nom de crucifères, comprennent le chou frisé, le chou cavalier, le chou de Bruxelles, le chou-rave, le raifort, le wasabi, la bette à carde, le chou-fleur, le rutabaga, le pak choïN91, le cresson, le radis, la moutarde et le navet. Une caractéristique unique de cette famille est la présence de composés contenant du soufre, connus sous le nom de glucosinolatesN73, qui sont transformés en isothiocyanatesN92 et en composés apparentés lorsqu’ils sont attaqués par l’enzyme myrosinaseN93.
(Page 44) S’il est vrai que lorsque la myrosinase agit sur la glucoraphanine le résultat final est le sulforaphaneN74, cela ne se produit que lorsque les plantes sont attaquées et mises en pièces par des insectes et des animaux prédateurs. Le sulforaphane n’existe pas dans un plant de brocoli sain et vivant. Il n’apparaît comme produit chimique de défense qu’en réponse aux dommages causés aux parois cellulaires de la plante. […] Le sulforaphane est une arme végétale. C’est une phytoalexineN72, une toxine végétale qui ne joue aucun rôle dans la biochimie de la plante, et qui n’est employée pour faire son sale boulot que lorsque le brocoli sans défense est transformé en snack. […] Le sulforaphane est tellement toxique qu’il ne peut pas être présent dans un plant de brocoli sain, sinon il causerait des dommages massifs en raison de sa forte capacité à être un pro-oxydant.
(Page 44) Chez les animaux, y compris l’homme, [le sulforaphane] présente deux mécanismes principaux de toxicité, un lent et un rapide. Le mécanisme rapide de nuisance est accompli en agissant comme un pro-oxydant dangereux, provoquant la formation de radicaux libres qui endommagent les lipides délicats des membranes cellulaires, les protéines et l’ADN.
(Page 45) La détérioration de l’ADN peut entraîner un certain nombre de problèmes dans notre organisme et il est généralement admis qu’elle est le principal événement précurseur de la plupart des types de cancers [Basu AK, 2018N94]. Pour ne rien arranger, le sulforaphane n’est qu’un des dix-sept composés isothiocyanatesN92 connus dans le brocoli. D’autres légumes crucifères en ont encore plus. Le chou, par exemple, présente quarante-deux toxines végétales connues.
(Page 45) Agir comme un pro-oxydant et causer des dommages à l’ADN, aux membranes et aux protéines par la formation de radicaux libres n’est que la façon « rapide » dont le sulforaphane et cette famille de composés cherchent à se défendre contre les animaux qui mangent des plantes du genre brassica [Sharma RS et al., 2010N95]. Il existe également un mécanisme « lent », qui vaut à cette famille de plantes le surnom ignominieux de « goitrogènes », signifiant leur capacité à produire une hypertrophie de la glande thyroïde connue sous le nom de goitreN96.
(Page 45) Lorsque nous mangeons du brocoli, ou toute autre plante de la famille des brassica, une partie du sulforaphaneN74 absorbé est immédiatement détoxifiée car notre organisme sait qu’il s’agit d’une toxine et n’en veut pas. Ce qui n’est pas dégradé s’accumule dans la circulation sanguine et entre en compétition avec l’iode pour être absorbé par la thyroïde, empêchant cette glande de recevoir l’un des minéraux dont elle a besoin pour fabriquer des hormones thyroïdiennes. Des cas d’hypothyroïdieN97 induite par une surconsommation de crucifères ont été signalés même dans les populations occidentales, mais sont extrêmement fréquents dans les pays sous-développés [Bajaj JK et al., 2016N98 ; Felker P et al., 2016N99 ; Eastman CJ & MB Zimmermann, 2018N100 ; Lamberg BA, 2009N101].
(Pages 46–47) De nombreux lauriers jetés sur le sulforaphane proviennent de chercheurs vantant son potentiel en tant qu’agent chimioprotecteur du cancer et affirmant qu’il agit comme un antioxydantN102 [Jiang X et al., 2018N103 ; de Figueiredo SM et al., 2015N104]. Je suis tout à fait favorable aux composés végétaux en tant qu’agents thérapeutiques potentiels contre le cancer, et bon nombre des chimiothérapies que nous utilisons aujourd’hui en médecine sont dérivées de plantes. Mais ce n’est pas parce qu’un composé a montré des avantages contre le cancer qu’il est bon pour la population générale.
(Page 47) Prendriez-vous une chimiothérapie comme une multivitamine tous les jours ? Bien sûr que non ! Les agents de chimiothérapie sont des produits chimiques malicieux qui tuent à la fois les cellules cancéreuses et les cellules saines, ce qui conduit souvent les patients atteints de cancer au bord de la mort. Le sulforaphane s’est avéré avoir un avantage potentiel dans les modèles de lutte contre le cancer, car il endommage les cellules et peut induire la mort cellulaire progammée, ou apoptoseN105. Mais lorsqu’il est introduit dans notre corps, il va également cibler nos cellules saines. […] Une molécule comme le sulforaphane ne sera certainement pas spécifique, et comme vous le verrez dans le chapitre suivant, ce n’est pas non plus le cas de nombreuses molécules polyphénoliques, comme la curcumine, qui se sont également révélées toxiques pour les tissus humains cancéreux et naturels [Glaser J & Holzgrabe U, 2016N106].
(Page 47) Les composés chimiothérapeutiques ne fonctionnent pas comme agents chimiopréventifs. Ils sont tout simplement trop toxiques. Si nous voulons prévenir la formation du cancer dans notre corps, la solution n’est pas de prendre des molécules végétales toxiques comme le sulforaphaneN74. Au contraire, notre objectif est de vivre de la manière la plus saine possible et de permettre aux mécanismes de surveillance naturels de notre système immunitaire d’agir comme ils ont été conçus. Je pense que c’est par le biais de notre alimentation que nous pouvons le mieux atteindre cet objectif.
➡ Explication technique sur le facteur de transmission Nrf2N107 — voir mon article Detoxination.
(Page 48) […] Lorsque le Nrf2 détecte le stress oxydatif causé par le sulforaphaneN74, il active un grand nombre de gènes impliqués dans la lutte contre ces dommages. Ce groupe comprend des enzymes qui participent à la production et à l’utilisation du glutathionN108, comme la glutamate cystéine ligaseN109 et la glutathion s‑transféraseN110.
(Page 49) S’il est vrai que le sulforaphane agit comme un pro-oxydant, en activant le système Nrf2, il induit la formation de nos propres antioxydantsN102 endogènes, comme le glutathionN108. Certaines études montrent que l’administration de sulforaphane améliore à court terme le statut antioxydant, mais cela est lié à une production accrue de glutathion et non à une quelconque capacité antioxydante spécifique du sulforaphane. Aucune des autres molécules végétales, comme les polyphénolsN14, n’agit directement comme antioxydant non plus — elles agissent également comme pro-oxydant et activent le système Nrf2.
➡ D’autres publications temporisent ces affirmations, par exemple Houghton CA et al. (2016N111) : « De nouvelles preuves suggèrent que les polyphénols ou leurs métabolites exercent leurs effets intracellulaires systémiques non pas en tant qu’“antioxydants” directs en soi, mais en tant que modulateurs de voies de signalisation. »
(Page 49) Personne ne suggérerait que nous pourrions être en meilleure santé en prenant une petite dose de plomb chaque jour ou en fumant quelques cigarettes quotidiennement, mais c’est essentiellement ce qui se passe lorsque nous ingérons du sulforaphaneN74 et d’autres isothiocyanatesN92. Ce sont des armes chimiques utilisées par les plantes pour décourager la prédation, et non des molécules qui créent la santé chez les humains.
(Pages 49–50) « Mais attendez ! » vous allez dire. « N’est-ce pas le processus d’hormèseN112, par lequel une petite quantité d’une toxine peut être bonne pour nous ? ». À quoi je répondrai ceci : considérons-nous la cigarette comme une substance hormétique ? Le plomb ? Le mercure ? L’alcool ? Pourquoi croyons-nous que, parce que le sulforaphane provient d’une plante, il doit être une molécule magique aux propriétés chimiques uniques qui ne peut pas être mauvaise pour nous, alors qu’en réalité, il agit exactement de la même manière que ces autres toxines oxydantes ?
(Page 50) Si vous voulez encore croire que le brocoli est vraiment bon pour la santé, vous pouvez le rendre encore plus sain en le plongeant dans de l’huile de colza oxydée tout en fumant une cigarette et en inhalant des gaz d’échappement diesel. Cela semble absurde, n’est-ce pas ? Mais tous ces composés activent la voie Nrf2N107, tout comme le sulforaphaneN74. Ils font tous partie de la même bande, mais je vous laisse le soin de décider si ce sont tous des héros ou des méchants.
(Page 50) Le concept de xénohormèse [hormèse étrangère] suppose que nous aurions besoin des composés présents dans les légumes pour atteindre un statut antioxydant optimal, et que la consommation de crucifères élèverait en quelque sorte notre glutathionN108 au-dessus des niveaux de base à long terme, nous rendant ainsi surhumains. Malheureusement, ces hypothèses ne sont pas fondées. De nombreuses études interventionnelles ont comparé des régimes riches en fruits et légumes, y compris les crucifères, à des régimes contenant des quantités faibles ou nulles de ces aliments végétaux, et les résultats ont montré que la consommation de ces aliments ne présentait aucun avantage [Crane TE et al., 2011N113 ; Møller P et al., 2003N114 ; Peluso I et al., 2018N115].
(Page 51) Dans l’ensemble, les résultats ont montré qu’il n’y avait absolument aucun avantage à consommer une quantité massive de fruits et de légumes. Bien que les études à court terme sur le sulforaphaneN74 montrent une augmentation temporaire de la production de glutathion, celle-ci ne semble pas durer plus de quelques jours et, comme le montrent ces études, les composés végétaux ne présentent aucun avantage hormétique appréciable quatre semaines après leur consommation.
Pour la cerise sur le gâteau, il existe même une étude de dix semaines de ce type qui a montré des améliorations des marqueurs de stress oxydatif et d’inflammation dans le groupe sans fruits et légumes, concluant que :
L’objectif de la présente étude était d’examiner l’effet d’un extrait de thé vert utilisé comme antioxydant alimentaire sur les marqueurs du statut oxydatif après une déplétion alimentaire en flavonoïdesN81 et catéchinesN116. […] Comme aucun effet à long terme de l’extrait de thé vert n’a été observé, l’étude a essentiellement servi d’étude de privation des fruits et légumes. L’effet global de la période de 10 semaines sans fruits ni légumes alimentaires a été une diminution des dommages oxydatifs sur l’ADN, des protéines du sang et des lipides plasmatiques, concomitamment à des changements marqués dans la défense antioxydante [Young JF et al., 2002N117].
Bien que nous soyons bombardés de messages grand public dans le domaine de la santé qui nous disent que les fruits et les légumes sont bons pour nous et que nous bénéficions des « antioxydantsN102 » et des « composés phytochimiques », la littérature scientifique ne cesse d’affirmer le contraire.
➡ Il est généralement admis que les antioxydants ne peuvent être obtenus qu’à partir des plantes, mais l’étude de Somei Komae et al. (2022N118) suggère que la viande, en particulier élevée en pâturage, peut être une bonne source d’antioxydants et d’autres phytonutriments.
(Pages 51–52) Ma critique de la xénohormèse ne signifie pas que je ne crois pas que l’hormèseN112 existe chez les humains, mais seulement que la consommation de produits chimiques de défense des plantes n’est pas la meilleure façon de tirer parti de ce processus. En ce qui concerne l’hormèse, on dit souvent que c’est la dose qui fait le poison. Je crois que c’est vrai pour l’hormèse environnementale mais pas pour l’hormèse moléculaire comme les isothiocyanatesN92, les polyphénolsN14, le tabagisme, etc. En raison des effets secondaires souvent ignorés de ces molécules sur l’organisme dans son ensemble, elles sont toxiques dès le départ, même à petites doses. L’hormèse environnementale et l’hormèse moléculaire ne fonctionnent pas de la même manière et ne doivent pas être confondues.
Il existe de nombreux exemples d’hormèses environnementales — la chaleur, le froid, la lumière du soleil, l’exercice — et si nous les exerçons dans le cadre d’une alimentation riche en nutriments, c’est tout ce dont nous avons besoin pour obtenir des niveaux robustes de défense antioxydante. Une exposition trop importante à l’un de ces éléments sera certainement préjudiciable à notre organisme, mais de petites quantités agissent comme des facteurs de stress qui provoquent temporairement un stress oxydatif avec épuisement du glutathionN108, suivi peu après par un rebond à des niveaux supérieurs à la ligne de base.
➡ Saladino fait clairement allusion aux mécanismes bénéfiques de l’exercice physique décrits dans mon article Entraînement fractionné de haute intensité. Changer de régime est inutile si l’on n’accorde pas de place à un programme d’exercice lui aussi « optimisé ». Cette nécessité est une urgence vitale chez les personnes âgées qui ont tendance à réduire leur mobilité.
➡ La suite du chapitre est un exposé sur la distinction entre les études observationnelles, qui ne mesurent que des corrélations, et les études interventionnelles dans lesquelles une causalité peut être inférée par la comparaison entre des groupes (tirés au sort) dont certains ont bénéficié de l’intervention et les autres d’une absence d’intervention masquée par un placebo. Lire à ce sujet mon article Faut-il jeter les enquêtes nutritionnelles ?
(Page 55) Tout au long de l’histoire de l’humanité, lorsque les animaux se sont fait rares ou que nos chasses ont été infructueuses, nous avons dû consommer des plantes comme celles de la famille brassicaN90 pour survivre. Il est toutefois intéressant de noter que, lorsque les cultures indigènes consomment principalement des plantes, elles utilisent des méthodes de préparation spéciales pour les détoxifier. Bien que la cuisson ne dégrade pas les glucosinolatesN73, la fermentation le fait. C’est probablement l’origine d’aliments comme le kimchi et la choucroute […] La fermentation dégrade également la plupart des polyphénolsN14 présents dans les aliments végétaux [Albertini B et al., 2015N119]. […] Nos ancêtres étaient beaucoup plus intelligents que ce que nous leur accordons souvent, et ils étaient manifestement très ingénieux en période de pénurie de nourriture animale. La façon dont ils recherchaient et consommaient les aliments est empreinte d’une grande sagesse, et je pense que le retour à des modes d’alimentation qui imitent les leurs nous rapprochera rapidement d’une santé optimale.
⇪ 5) À propos des licornes et autres contes de fées
(Page 57) Peut-être plus que toute autre molécule végétale, les polyphénolsN14 sont associés à l’expression « super-aliments ». Ils sont souvent surnommés « antioxydants »N102 et on nous dit d’en consommer le plus possible. Il semble que chaque jour, une nouvelle entreprise propose un supplément, un jus ou une poudre soi-disant magique, avec des affirmations audacieuses sur la réduction des inflammations et la longévité, tout en vantant sa forte teneur en polyphénols.
(Page 58) Dans le règne végétal, les polyphénols jouent des rôles uniques en tant que phytoalexinesN72 et en tant que pigments végétaux. Vous vous souviendrez que […] les phytoalexines sont des armes que les plantes utilisent contre les organismes qui les attaquent, comme les champignons, les insectes ou les animaux. Le resvératrolN75, par exemple, est produit comme une molécule de défense dans la peau des raisins et d’autres plantes lorsqu’ils sont attaqués par des champignons nuisibles. De manière intrigante, mais non surprenante, les humains et les animaux ne produisent pas de molécules de structure polyphénolique dans leur biochimie.
(Pages 58–59) Par ailleurs, l’hypothèse selon laquelle les molécules qui ont évolué indépendamment dans les plantes seraient en quelque sorte bénéfiques pour les humains me semble un peu exagérée. Il serait hautement improbable qu’une molécule, sans parler de milliers de molécules, produites au cours de l’évolution des plantes, soit réellement bénéfique pour l’homme après que notre évolution ait divergé de celle des plantes il y a 1.5 milliard d’années, alors que nous n’étions guère plus qu’une masse unicellulaire. Imaginez les chances de réussite !
Si les polyphénolsN14 sont fabriqués par les plantes, pour les plantes, pourquoi sommes-nous imprégnés de la croyance que ce sont des produits magiques ? La grande majorité des données suggérant les bienfaits des polyphénols sont issues de la recherche épidémiologique. Mais l’épidémiologie n’implique en fait aucune sorte d’intervention. Les études ne sont rien de plus que des enquêtes sur le régime alimentaire de la population, suivies d’observations des résultats en matière de santé. Bien que de nombreuses études épidémiologiques montrent un certain degré de corrélation entre la consommation de fruits et légumes contenant des polyphénols et l’amélioration de l’état de santé [Bellavia A et al., 2013N120], de nombreuses études interventionnelles ne révèlent pas le moindre avantage [Crane TE et al., 2011N113 ; Møller P et al., 2003N114 ; Peluso I et al., 2018N115]. Nous ne devons pas commettre l’erreur de confondre corrélation et causalité. Les études épidémiologiques ne nous apprennent rien sur la causalité, mais nous laissent émettre des hypothèses sur les liens de causalité possibles. Dans un monde parfait, les études épidémiologiques serviraient à formuler des hypothèses sur la façon dont l’alimentation et les résultats de santé pourraient être liés, hypothèses qui seraient ensuite validées par des études interventionnelles.
Malheureusement, les études interventionnelles dans le monde de la nutrition sont rarement réalisées. Elles sont assez coûteuses et demandent beaucoup de travail, et qui va profiter du fait de dire aux gens de manger différemment ?
(Pages 59–60) Comment de nombreuses études épidémiologiques peuvent-elles montrer une corrélation entre la consommation de fruits et légumes et l’amélioration de la santé, alors que les essais interventionnels suggèrent clairement le contraire ? Ce scénario est en fait assez courant. Lorsqu’elles sont mises à l’épreuve dans des études interventionnelles, les hypothèses générées par les études épidémiologiques sont plus souvent fausses que justes. Dans le cas des fruits et légumes et des résultats en matière de santé, il existe un gros problème appelé « confusion » qui invalide une grande partie de ces données. Les facteurs de confusion se présentent sous de nombreuses formes, mais dans ce cas, les facteurs de confusion les plus probables sont le biais du consommateur sain et le biais du consommateur malsain.
(Page 60) Songez au récit entourant les aliments végétaux et animaux dans le monde occidental au cours des soixante-dix dernières années pendant lesquelles ces études épidémiologiques ont été menées. Dans les années 1930 et 1940, la viande, la graisse et les autres aliments d’origine animale étaient considérés comme des choix alimentaires sains, capables de vous rendre fort et vital. Puis, soudainement, vers les années 1950, ce discours a commencé à changer radicalement. On nous a dit que le beurre était mauvais pour la santé, que les graisses saturées d’origine animale provoquaient des crises cardiaques et que nous devions consommer davantage d’aliments végétaux et d’huiles végétales. Dans l’ensemble, c’est le discours dominant depuis cette époque.
➡ Voir mon article Glucides ou lipides ?
(Page 60) Au cours des soixante-dix dernières années, quelles catégories de personnes mangeaient beaucoup de légumes ? C’étaient celles qui écoutaient les conseils nutritionnels classiques et tentaient de mener une vie saine ! Ces personnes étaient également beaucoup plus susceptibles de pratiquer d’autres types de comportements sains, comme la méditation, la réduction du stress, l’attention portée au sommeil, l’exercice physique et l’évitement de la malbouffe. Les fruits et légumes n’étant pas bon marché, ils étaient également beaucoup plus susceptibles d’être consommés par les personnes de statut socio-économique élevé ayant accès à de bons soins médicaux.
➡ Illustration du biais du consommateur sain
Et si c’étaient ces comportements sains qui donnaient de meilleurs résultats en matière de santé plutôt que les fruits et légumes suggérés par ces études épidémiologiques ? Et si nous pouvions trouver un endroit dans le monde où le récit des soixante-dix dernières années n’est pas que les fruits et légumes sont le salut et que les aliments d’origine animale sont la damnation ? Que trouverions-nous si nous faisions des études épidémiologiques sur une telle population mythique ?
(Page 61) En Asie, l’histoire des aliments d’origine végétale et animale au cours des sept dernières décennies a été très différente de la perspective occidentale. Dans les cultures orientales, la viande et les aliments d’origine animale ont toujours été considérés comme des éléments essentiels du régime alimentaire et sont idéologiquement associés à la richesse et à la vigueur. Il n’est pas surprenant que les études épidémiologiques réalisées sur les populations asiatiques dressent un tableau très différent de celui des populations occidentales. Dans une étude, 112 310 hommes et 184 411 femmes du Bangladesh, de Chine, du Japon et de Corée ont été suivis pendant onze ans en moyenne, tandis que les chercheurs examinaient toutes les causes de mortalité, y compris les maladies cardiovasculaires et le cancer. Les auteurs ont résumé les conclusions de cette très vaste étude comme suit :
Notre analyse agrégée n’a pas fourni la preuve d’un risque de mortalité plus élevé pour la consommation totale de viande et a fourni la preuve d’une association inverse avec la viande rouge, la volaille et le poisson/les fruits de mer. La consommation de viande rouge était inversement associée à la mortalité par maladie cardiovasculaire chez les hommes et à la mortalité par cancer chez les femmes dans les pays asiatiques [Lee JE et al., 2013N121].
➡ Une corrélation ne permet que de faire l’hypothèse d’un lien de causalité. Par contre, elle permet d’invalider l’hypothèse inverse. Ici, par exemple, l’association inverse entre mortalité par maladie cardiovasculaire plus élevée et consommation de viande rouge prouve que la consommation de viande rouge n’est pas cause de mortalité par maladie cardiovasculaire, sous réserve qu’une variable cachée vienne à justifier ce paradoxe.
(Page 61) Une autre étude réalisée sur 3 731 hommes et femmes au Japon entre 1984 et 2001 a examiné les taux d’accidents vasculaires cérébraux et a étudié le régime alimentaire des participants pendant cette période. Elle a révélé qu’ « une consommation élevée de graisses animales et de cholestérol était associée à un risque réduit de décès par infarctus cérébral » [Sauvaget C et al., 2004N122].
(Pages 61–62) Une fois de plus, nous constatons que dans une population asiatique, la consommation d’aliments d’origine animale est associée à de meilleurs résultats en matière de santé, dans ce cas-ci pour les accidents vasculaires cérébraux. Ces deux études sont épidémiologiques, ce qui comporte toujours des limites, mais, à l’instar de nombreuses autres enquêtes, elles dressent un tableau très différent de celui des études réalisées en Occident. Ce contraste remet en question la validité des résultats de ces dernières et suggère fortement que le biais du consommateur sain est un facteur de confusion.
Le problème du biais du consommateur sain est que, malgré tous les efforts des statisticiens super intelligents qui font des recherches épidémiologiques, ces comportements sains ne peuvent pas tous être pris en compte même dans les modèles statistiques les plus sophistiqués [Shrank WH et al., 2011N123]. La meilleure illustration de ce phénomène et de la façon dont il peut rendre les études épidémiologiques difficiles est tirée d’une étude portant sur 21 000 citoyens du Royaume-Uni qui ont été caractérisés comme « soucieux de leur santé ». Dans ce groupe, 8 000 étaient végétariens, et les 13 000 autres mangeaient à la fois des aliments d’origine animale et végétale.
➡ Les végétariens étaient des sujets de la cohorte de l’Oxford Vegetarian Study qui déclaraient ne manger ni viande ni poisson.
(Page 62) Bien que les végétariens britanniques de cette étude aient un faible taux de mortalité par rapport à la population générale, leur taux de mortalité était similaire à celui des non-végétariens qui adoptaient également d’autres comportements sains. Cette étude a révélé que :
Les végétariens britanniques ont un faible taux de mortalité par rapport à la population générale. Leur taux de mortalité est similaire à celui des non-végétariens comparables, ce qui suggère qu’une grande partie de cet avantage peut être attribuée à des facteurs de style de vie non alimentaires tels qu’une faible prévalence du tabagisme et un statut socio-économique généralement élevé, ou à d’autres aspects du régime alimentaire plutôt qu’à l’éviction de la viande et du poisson [Appleby PN et al., 2002N124].
Ainsi, les auteurs de cette étude sont arrivés à la conclusion que ce sont probablement les comportements sains des deux groupes de personnes qui ont conduit à une amélioration des taux de mortalité, plutôt que l’évitement de la viande et du poisson par le groupe végétarien. Si les chercheurs n’avaient comparé ce groupe de végétariens qu’à la population britannique générale, on aurait pu croire que c’étaient leurs choix alimentaires qui amélioraient la longévité, et c’est exactement de cette manière que le biais du consommateur sain peut être trompeur. Il est maintenant assez courant que ce type d’étude soit partagé dans les médias sans explication claire des méthodes expérimentales utilisées et sans aucune précision sur les facteurs de confusion potentiels ou les limites de la recherche.
(Page 63) Le principe de ce livre est que le régime alimentaire est le facteur le plus important pour déterminer si nous sommes en bonne santé ou malades, mais indépendamment de la nourriture que nous mangeons, d’autres comportements sains jouent également un rôle important. Des études épidémiologiques réalisées en Orient et au Royaume-Uni suggèrent que ces comportements sont le facteur bénéfique pour les végétariens plutôt que leur régime alimentaire. En outre, de nombreuses études épidémiologiques qui suggèrent une corrélation entre la consommation de viande et une mauvaise santé reflètent probablement l’absence de comportements sains et la présence de comportements malsains plutôt que les effets négatifs de la consommation de viande. En d’autres termes, nous ne devons pas blâmer la viande pour ce que le soda, le pain, la malbouffe, le tabagisme et un mode de vie sédentaire ont fait ! C’est le biais du consommateur malsain qui entre en jeu.
(Page 63) Vous connaissez, ces racines à l’allure extraterrestre que l’on trouve à l’épicerie et dont l’intérieur est orange vif ? Oui, il s’agit du curcuma, un cousin du gingembre qui contient la curcumineN76, un composé polyphénolique dont les activités biologiques ont fait l’objet de nombreuses études. On prétend qu’elle est précieuse en tant qu’agent anti-inflammatoire et qu’elle permet de traiter toutes sortes de maladies, de la maladie d’Alzheimer aux troubles de l’érection, et pratiquement tout le reste. Mais ces affirmations sont-elles valables ? Que montre réellement la recherche ? En examinant le potentiel thérapeutique et les risques de la curcumine, les chercheurs ont noté que la plupart des avantages perçus de cette molécule proviennent d’études en éprouvette utilisant des doses beaucoup plus élevées que celles que l’on trouve dans le corps humain lors de l’ingestion normale de curcuma [Burgos-Morón E et al., 2010N125 ; Fang J et al., 2005N126].
(Page 64) Avec la curcumine, une partie du stress oxydatif peut se produire en raison de ses actions visant à modifier de manière irréversible des enzymes, comme la thiorédoxineN127 réductase, impliquées dans notre système de défense antioxydant [Fang J et al., 2005N126]. Il a également été démontré que la curcumine induit des dommages à l’ADN par l’inhibition d’une enzyme appelée topoisomérase IIN128, qui aide à dérouler et à réparer l’ADN. En ce qui concerne le cancer, il a également été démontré qu’elle inactive le p53N129, un gène suppresseur de tumeur très puissant [Collins HM et al., 2013N130 ; Hallman K et al., 2017N131].
(Page 65) Avant de poursuivre, examinons certains des systèmes de détoxificationN69 des molécules étrangères à notre foie, qui peuvent être divisés en deux groupes principaux de réactions chimiques connus sous le nom de voies de phase I et de phase II. Les voies de la phase I sont constituées d’un grand groupe d’enzymes, connues sous le nom de famille du cytochrome p450N132, qui convertissent généralement les molécules liposolubles en formes hydrosolubles par oxydation, réduction, hydrolyse et cyclisation (formation de structures cycliques). Une fois modifiées, les molécules étrangères et les produits de dégradation de notre organisme subissent ensuite une détoxification de phase II au cours de laquelle elles sont conjuguées à l’acide glucuroniqueN133, au glutathionN108, au sulfate [?] ou à la glycineN134. Grâce à ce processus en deux étapes, notre organisme transforme les déchets et les toxines en des formes prêtes à être évacuées dans les fèces ou l’urine — processus parfois appelé phase III de la détoxication.
En passant, le lecteur avisé remarquera peut-être que, contrairement à la croyance populaire, le foie ne stocke pas les toxines, mais fonctionne plutôt comme l’épicentre de la modification et de l’excrétion des toxines.
(Page 65) Lorsque vous mangez du poivre noir ou que vous prenez un supplément de curcumine contenant de la pipérine, l’enzyme UDP glucuronosyltransféraseN135 est inhibée et ne peut pas détoxifier la curcumine en la conjuguant à l’acide glucuronique. Elle ne peut pas non plus détoxifier tout ce à quoi notre foie veut ajouter une molécule d’acide glucuroniqueN133. Pour ajouter l’insulte à la blessure, la curcumine elle-même est également connue pour inhiber les enzymes CYP 450N132 qui font partie de la phase I [Singh J et al., 1986N136]. C’est un double coup dur pour le travail délicat de notre système de détoxificationN69.
(Page 66) Vous avez probablement compris que je ne pense pas que nous devions laisser entrer des molécules végétales comme la curcumine ou la pipérine dans la salle de contrôle, mais n’y a‑t-il pas au moins quelques études qui montrent les avantages de la curcumine ? Certes, il y a des preuves de possibles propriétés anti-inflammatoires, mais j’ai deux gros problèmes avec l’utilisation de la curcumine à cette fin. La première est que les composés végétaux et les produits pharmaceutiques ne sont que des molécules, et que toutes les molécules étrangères peuvent avoir des effets secondaires négatifs sur le corps humain. Ce concept est bien connu lorsqu’il s’agit de médicaments, mais nous semblons l’oublier lorsqu’il s’agit de molécules végétales. Même si la curcumine présente des avantages sur le plan anti-inflammatoire, elle semble également avoir des effets secondaires désagréables. Nous ne prendrions pas de l’ibuprofène (Motrin) ou du naproxène (Aleve) pour traiter une inflammation en pensant que ces molécules n’ont pas d’effets secondaires, et nous ne devrions pas faire la même erreur avec la curcumine ou d’autres molécules végétales.
(Page 66) Le deuxième problème, plus important encore, concerne la rapidité avec laquelle nous nous tournons vers la curcumine ou d’autres composés végétaux « anti-inflammatoires » comme moyen principal de traiter l’inflammation. Bien que l’inflammation ne soit généralement pas une bonne chose pour notre corps, c’est un signal précieux qui indique que les choses sont déséquilibrées. Plutôt que de chercher par réflexe à lui jeter des tas de molécules anti-inflammatoires, qu’elles soient d’origine végétale ou synthétique, nous devrions d’abord chercher à comprendre d’où elle vient. Trop souvent, je vois des cliniciens, qu’ils soient conventionnels ou alternatifs, traiter l’inflammation à l’aide de molécules anti-inflammatoires sans en chercher les racines.
(Pages 66–67) Au niveau biologique, l’inflammation est une activation du système immunitaire, qui est incroyablement complexe et composé de nombreux types de cellules. Lorsqu’elles sont activées, ces différentes cellules se signalent les unes aux autres que quelque chose ne va pas, au moyen de molécules appelées cytokinesN137 qui se propagent dans tout l’organisme et traversent la barrière hémato-encéphaliqueN138. En termes simples, l’inflammation survient lorsque notre système immunitaire est activé et en pétard. Plutôt que de se détendre sur une plage, un Topo Chico à la main, en regardant les vagues, notre système immunitaire se trouve dans une salle de sport puante, avec de la musique heavy metal à fond, et frappe un sac de boxe aussi fort que possible.
(Page 67) Tout comme le stress oxydantN139, l’inflammation n’est pas toujours mauvaise. Elle est un élément essentiel de la physiologie humaine depuis toujours. Lorsque vous vous coupez, tombez malade ou vous cassez un os, le système immunitaire doit intervenir pour réparer ces blessures et combattre les envahisseurs. C’est pour cela qu’il a été conçu. Mais ce ne sont généralement plus les blessures qui nous tuent ou diminuent notre qualité de vie. Au cours de l’histoire récente, les humains ont été de plus en plus touchés par des maladies chroniques causées par l’inflammation. Je crois fermement que la plupart, sinon la totalité, des maladies chroniques dont nous souffrons aujourd’hui sont de nature inflammatoire et auto-immuneN6. L’auto-immunité se produit lorsque le système immunitaire commence à considérer notre propre corps comme étranger et l’attaque comme il le ferait face à un envahisseur. Dans ces deux conditions, le système immunitaire joue un rôle central. En fait, je dirais que dans l’apparition d’une maladie chronique, l’inflammation et l’auto-immunité décrivent essentiellement le même processus d’activation inappropriée du système immunitaire.
Les maladies chroniques qui sévissent dans la civilisation occidentale sont de nature inflammatoire, et pour les corriger, nous devons comprendre ce qui déclenche le système immunitaire plutôt que d’utiliser des suppléments et des médicaments pour masquer son activation. L’utilisation de la curcumine pour « réduire l’inflammation » ne fera que masquer la réponse naturelle de notre corps à un déséquilibre et constitue une intervention peu judicieuse tant que nous ne connaissons pas les racines du problème. En outre, les dérivés réactifs de l’oxygèneN140 jouent un rôle de signalisation inestimable dans le corps humain, et les efforts visant à éliminer tous les radicaux libres aboutissent invariablement à un résultat négatif plutôt que positif. L’état de santé optimal suppose un équilibre entre les processus d’oxydation et de réduction, et non une abolition complète de ces réactions dans notre corps. Il n’est pas surprenant que de nombreuses études utilisant des interventions antioxydantes révèlent une aggravation des résultats en matière de mortalité [Bjelakovic G et al., 2007N141 ; Vivekananthan DP et al., 2003N142].
(Page 67) À ce stade, je parie que vous avez déjà commencé à vous poser la prochaine question logique. Vous avez suivi mes explications sur l’inflammation et l’auto-immunité et vous êtes prêt à accepter qu’elles puissent être à l’origine des maladies chroniques, mais qu’est-ce qui est à l’origine de l’inflammation et de l’auto-immunité ? Félicitations à vous, cher lecteur. Vous venez de découvrir la question la plus importante à laquelle ce livre cherche à répondre. En fait, je crois que c’est la question la plus importante à laquelle la médecine occidentale devrait également chercher à répondre, et c’est pour cela qu’elle a été conçue à l’origine.
(Page 68) De nombreux facteurs peuvent être à l’origine d’une inflammation, mais les aliments que nous ingérons sont ceux qui y contribuent le plus. Des facteurs tels que le stress, un sommeil insuffisant et les toxines environnementales peuvent y contribuer, mais l’impact de ce que nous mangeons l’emporte largement. Des quantités aussi faibles qu’un milligramme (un millième de gramme) ou même un microgramme (un millionième de gramme) d’une molécule pharmaceutique peuvent avoir un impact significatif sur notre physiologie. Alors comment notre physiologie pourrait-elle être profondément affectée par des quantités de nourriture de l’ordre du kilogramme, qui sont plus d’un million de fois supérieures à celles-ci ? C’est pourquoi notre recherche du mode d’emploi humain est si importante.
(Page 68) Lorsque les aliments provoquent une inflammation, la principale voie par laquelle ils le font est d’endommager l’intestin, ce qui entraîne l’activation de l’armée de notre système immunitaire qui réside de l’autre côté de la délicate couche de cellules épithéliales intestinalesN143. Les antigènes alimentaires ne sont pas censés traverser la paroi intestinale, mais lorsqu’ils le font, ils ressemblent à des envahisseurs et mettent le système immunitaire en état d’alerte. Il en résulte une perte de la fonction de barrière gastro-intestinale ainsi qu’une activation immunitaire ultérieure, que l’on appelle familièrement « perméabilité intestinale » (N144) et qui semble être à l’origine de la majorité des maladies chroniques que nous connaissons aujourd’hui.
Quels sont donc les aliments qui endommagent l’épithélium gastro-intestinal et provoquent des porosités intestinales avec le potentiel d’activation du système immunitaire en aval ? Quels aliments sont pleins de toxines, d’armes chimiques et d’antinutriments conçus pour faire exactement cela ? Vous l’avez deviné : les aliments végétaux ! Les aliments d’origine animale contiennent-ils les mêmes types de toxines et d’armes ? Non, pas du tout.
➡ La thèse de la perméabilité intestinaleN144 est sujette à controverse en recherche biomédicale, mais c’est surtout à l’encontre de thérapies « alternatives » supposées soigner ce syndrome. Or ce n’est pas le sujet ici puisqu’au contraire l’approche thérapeutique est remise en question.
(Page 69) L’un des principaux problèmes des flavonoïdesN81 est leur capacité à agir comme des perturbateurs endocriniensN145. Comme leur structure imite celle des œstrogènesN146, on a constaté que toute cette famille de molécules activait le récepteur 17B de l’estradiolN147 [Micsicek R, 1993N148 ; Collins-Burow B et al., 2000N149].
(Page 70) Dans une étude sur la liaison des récepteurs d’œstrogènes par les molécules flavonoïdes, les auteurs déclarent :
De nombreux rapports ont impliqué les substances phytochimiques flavonoïdes comme possédant une activité de perturbation hormonale, en particulier agissant comme des œstrogènes environnementaux. Les effets de perturbation endocrinienne des flavonoïdes sont observés dans des exemples de moutons broutant du trèfle riche en flavonoïdes, et des guépards nourris avec des régimes riches en soja ont été frappés d’infertilité, d’anomalies de la reproduction et de tumeurs [Collins-Burow B et al., 2000N149].
Oups !
Les isoflavones contenues dans le soja sont également des perturbateurs endocriniens bien connus, tant chez l’homme que chez l’animal [Messina M, 2016N150 ; Dadon SB‑E & Reifen R, 2010N151 ; Habito RC et al., 2000N152 ; Dinsdale EC & Ward WE, 2010N153]. Chez les hommes, la consommation de soja est associée à une augmentation des taux d’infertilité et à une mauvaise qualité de sperme [Chavarro JE et al., 2008N154]. Les auteurs d’un document de synthèse examinant les risques potentiels des polyphénolsN14 notent ce qui suit :
Des apports élevés [d’isoflavones] ont été associés à une réduction de la fertilité chez les animaux et à des effets anti-hormones lutéinisantes chez les femmes avant ménopause. En outre, des préoccupations ont été exprimées concernant la maturation sexuelle des nourrissons recevant des niveaux très élevés d’isoflavones dans les préparations pour nourrissons à base de soja. Ceci est particulièrement important pour les bébés garçons, qui présentent normalement une sécrétion d’hormone lutéinisante entre la naissance et l’âge de 6 mois [Mennen LI et al., 2005N155].
(Page 70) Le soja est ici un très mauvais acteur, et les isoflavones comme la génistéineN156 qu’il contient ont également un effet négatif sur les processus hormonaux au niveau de la thyroïde :
De plus, une réduction de l’activité de la peroxydaseN157 thyroïdienne a été observée chez des rats nourris avec un régime supplémenté en génistéine. Ces effets de la génistéine sur la fonction thyroïdienne sont plus prononcés en cas de carence en iode. Ceci est particulièrement préoccupant pour les bébés exposés à des doses particulièrement élevées d’isoflavones par l’alimentation au soja [Mennen LI et al., 2005N155].
(Page 71) La thyroïde peroxydase est l’une des enzymes nécessaires à la fabrication des hormones thyroïdiennes actives. La réduction ou l’inhibition de son activité entraîne une baisse de ces hormones et d’autres effets négatifs dans tout l’organisme. Les catéchinesN116 contenues dans le thé ont également été mises en relation avec des anomalies de la thyroïde, ainsi qu’avec la diminution des niveaux de peroxydase thyroïdienne et d’autres enzymes nécessaires à la synthèse des hormones thyroïdiennes dans des modèles animaux [Chandra AK & De N, 2013N158]. Des niveaux inadéquats d’hormones thyroïdiennes provoquent la fatigue, la dépression, la prise de poids, l’intolérance au froid, le brouillard cérébral et de nombreux autres symptômes qui rendent impossible une vie saine.
Le soja et les composés flavonoïdesN81 qu’il contient semblent également aggraver notre réponse inflammatoire aux agents pathogènes. Dans une étude récente, 250 personnes ont reçu un composant de la paroi cellulaire d’une bactérie connu pour déclencher le système immunitaire. Les marqueurs inflammatoires qui en résultent, notamment l’IL‑1N159, l’IL‑6N160 et le TNF-alphaN161, étaient tous plus élevés chez ceux qui consommaient le plus d’aliments contenant du soja [Ferguson JF et al., 2014N162]. Des recherches supplémentaires sont nécessaires, mais des études comme celle-ci suggèrent que les flavonoïdes et d’autres composés du soja ne jouent pas franc jeu avec notre système immunitaire.
(Page 71) La quercétineN163, une molécule présente dans les oignons, les baies, les raisins et les poivrons, est également connue pour déclencher la signalisation œstrogénique et agir comme un perturbateur endocrinienN145. Elle y parvient à la fois en se liant au récepteur des œstrogènes et en interférant avec la dégradation des œstrogènes par l’inhibition de l’enzyme catécholamine-O-méthyltransféraseN164 […]
(Page 72) Les tanins sont une autre catégorie de molécules polyphénoliquesN14 largement répandues dans les aliments végétaux. Ce sont des molécules de défense qui inhibent les enzymes digestives des animaux qui tentent de les manger, ce qui les rend plus difficiles à digérer. J’ai mentionné précédemment que de nombreux ruminants herbivores, comme les élans et les moutons, ont développé des protéines dans leur salive qui se lient aux tanins et les inactivent. Les animaux qui ont évolué en mangeant des plantes comme principale source de nourriture doivent avoir développé de multiples mécanismes de ce type pour les aider à faire face aux toxines des plantes, mais les humains sont dépourvus dans ce domaine. Sans cette protection, ces molécules inhibent nos enzymes digestives lorsqu’elles sont ingérées et altèrent le processus de digestion [Gilani GS et al., 2012N165 ; Griffiths DW, 1986N166].
(Page 73) Les flavonoïdesN81 peuvent également agir comme des inhibiteurs digestifs, entravant l’absorption de la vitamine C et entraînant une diminution significative de l’utilisation nette des protéines [Song J et al., 2002N167 ; Hussein L & Abbas H, 1986 (sans lien)]. Si nous voulons absorber tous les nutriments de nos aliments, nous devons être en mesure de les digérer correctement, et les polyphénolsN14 inhibent ce processus.
(Page 73) Nous ne pouvons pas changer nos gènes, mais nous pouvons absolument changer la façon dont ils sont activés et désactivés. Comment ? Grâce à l’alimentation et au mode de vie ! Ce sont les outils les plus puissants dont nous disposons pour favoriser la santé dans nos vies.
(Page 74) Bien que les salicylatesN168 ne soient pas techniquement des polyphénolsN14, ces molécules contiennent un cycle aromatique et sont utilisées par les plantes comme moyen de défense en réponse à une attaque [Van Huijsduijnen RAMH et al., 1986N169].
(Page 74) Ces molécules ne sont pas présentes dans les aliments d’origine animale, et l’on sait que les taux sanguins en sont plus élevés chez les végétariens [Lawrence JR et al., 2003N170]. Les symptômes courants liés à la sensibilité aux salicylates sont les maux de tête, l’asthme, les éruptions cutanées et les bourdonnements d’oreilles. Il a été démontré que l’élimination de ces toxines du régime alimentaire était bénéfique pour les personnes sensibles souffrant d’asthme et d’autres affections allergiques [Sommer DD et al., 2016N171].
Les aliments riches en salicylatesN168 comprennent les asperges, les amandes, les avocats, les cerises, les nectarines, les dattes, les mûres, les noix de coco et l’huile de coco, le miel, les tomates, les pommes de terre et les aubergines, bien que cette liste ne soit pas exhaustive.
➡ Liste en effet très incomplète, comme le signale Taty Lauwers (2022N172).
(Page 74) Après la curcumine, le resvératrolN75 est probablement le composé végétal dont on parle le plus en ce moment. Il faut toutefois se rappeler que cette molécule, et la plupart des polyphénolsN14, sont des substances chimiques de défense des plantes produites en cas d’attaque. […] Les médias voudraient pourtant nous faire croire le contraire, en présentant le resvératrol comme une « fontaine de jouvence » qui favorise la vitalité et la longévité. En prenant du resvératrol, prétendent-ils, vous pouvez devenir un vampire top model — toujours jeune et plein de vitalité. Malheureusement, ces affirmations ont été faites prématurément et sont entièrement basées sur des études sur les animaux. Pour être honnête, les résultats obtenus sur des vers, des mouches à fruits et des souris étaient impressionnants. Ils ont montré des améliorations dans des modèles de diabète et une longévité accrue. Le mécanisme du resvératrol, qui semble activer une famille de gènes appelés sirtuinesN173 impliqués dans la longévité, est intriguant. Quoi qu’il en soit, dans les essais sur l’homme, le resvératrol a été un échec massif et a également montré de nombreux effets secondaires potentiellement dommageables.
Lors d’une étude randomisée et contrôlée par placebo sur des patients atteints du syndrome métabolique, le resvératrolN75 n’a démontré aucun avantage et a même aggravé les marqueurs du contrôle glycémique [Kjær TN et al., 2017N174]. Dans un essai sur la stéatose hépatique non alcooliqueN175, les résultats du resvératrol ont été tout aussi décevants, ne montrant aucun avantage clinique ou un bénéfice histopathologique (microscopique) [Heebøll S et al., 2016N176]. Une autre étude interventionnelle de quatre mois chez des hommes d’âge moyen atteints du syndrome métabolique n’a pas non plus montré de bénéfice et a révélé une diminution des précurseurs de la testostéroneN177, l’androsténédioneN178, la DHEAN179 et la DHEA‑SN180 [Kjaer TN et al., 2015N181]. Cela ne me semble pas si magique.
(Pages 75–76) Un autre aspect intéressant de l’histoire du resvératrol est que nous n’avons pas besoin de cette molécule pour activer les sirtuinesN173, qui améliorent potentiellement la longévité. Devinez ce qui active aussi ces gènes ? La cétose ! Les cétonesN182, comme le bêta-hydroxy butyrateN183, activent les sirtuines et de nombreux autres gènes associés à la longévité. Vous vous souvenez qu’à la fin du chapitre précédent, j’ai dit que nous n’avions pas besoin de molécules végétales pour activer les mécanismes cellulaires qui nous aident à atteindre une santé optimale ?
Dans ce chapitre, j’ai donné l’exemple de la formation du glutathionN108 et d’un statut antioxydant optimal, et je décris maintenant le contrôle épigénétique des gènes de longévité — deux objectifs qui peuvent être atteints sans molécules végétales, simplement en menant une vie saine.
Nous n’avons pas besoin des promesses vides des molécules végétales pour être au mieux de la forme. Sauter dans l’eau froide, faire de l’exercice et jeûner ou pratiquer un régime cétogène comme le régime carnivore nous permet d’atteindre une santé optimale et d’éviter les effets secondaires négatifs qui accompagnent les molécules végétales non compatibles avec notre « système d’exploitation » humain.
(Page 76) Je ne suggère certainement pas ici que les molécules végétales n’ont pas de valeur thérapeutique ou que nous ne devrions pas les étudier en tant qu’agents possibles du cancer ou d’autres maladies, mais il y a une différence entre l’utilisation des plantes et des composés végétaux comme aliments et comme médicaments. La première application suggère que nous avons, d’une manière ou d’une autre, besoin de ces molécules pour fonctionner de manière optimale, une prémisse que je désapprouve fortement.
(Page 76) Dans le cas de la maladie, je reste ouvert à la possibilité que des produits pharmaceutiques d’origine naturelle ou synthétique puissent offrir des thérapies efficaces, mais comme je l’ai indiqué précédemment, nous devons rester vigilants dans notre recherche de la cause profonde des maladies et ne pas être trop rapides à améliorer ou à masquer les symptômes par des interventions moléculaires.
⇪ 6) Les oxalates à l’attaque
(Page 78) Chez l’homme, l’acide oxaliqueN184 est produit comme un déchet et excrété dans l’urine. Il résulte de la dégradation des acides aminés glycineN134 et hydroxyprolineN185 et d’une molécule appelée glyoxalateN186 dans un processus appelé la voie du glyoxalate.
(Page 79) […] certaines plantes largement considérées comme saines contiennent des quantités énormes d’oxalatesN8 par rapport à ce que nous pourrions trouver naturellement dans notre corps. Normalement, l’homme produit 10 à 30 mg d’oxalates par jour par la voie du glyoxalate et la dégradation des acides aminésN187. En avalant simplement un smoothie vert « sain » le matin, nous pourrions nous exposer à plus de deux cents fois cette quantité ! Peut-on arrêter la folie des smoothies verts ? On devrait plutôt appeler ces boissons des bombes vertes à l’oxalate.
(Page 80) Que mettent la plupart des gens dans leurs smoothies verts ? Une concoction d’épinards, de lait d’amande et de mûres, avec une cuillerée de curcuma pour faire bonne mesure, peut facilement créer une boisson contenant plus de mille milligrammes d’oxalates hautement absorbables. C’est beaucoup ? Bien sûr que oui ! Il y a eu des cas documentés de décès liés à la consommation d’aussi peu que cinq mille milligrammes d’oxalates [Sippy JJ, 1919N188 ; James LF, 2008N189 ; Sanz P & Reig R, 1992N190 ; Farré M et al., 1989N191], une dose que l’on peut atteindre en une journée avec quelque chose comme un « smoothie vert nettoyant ».
« Non », dites-vous, « vous êtes fou ! Un smoothie vert purificateur ne peut pas faire de mal à quelqu’un ! » Oh si, cela pourrait, et il existe des rapports de cas documentant exactement cette occurrence avec une telle entreprise malavisée, résultant en des dommages rénaux permanents :
Nous rapportons un cas de néphropathieN192 aiguë à l’oxalateN8 chez une femme de 65 ans, associé temporellement à la consommation d’un smoothie vert riche en oxalate « nettoyant » préparé à partir de jus de légumes à feuilles vertes et de fruits riches en oxalate. … La consommation de tels jus nettoyants augmente l’absorption d’oxalate, provoquant une hyperoxalurie et une néphropathie aiguë à oxalate chez les patients présentant des facteurs de risque prédisposants. Compte tenu de la popularité croissante des jus nettoyants, il est important que les patients autant que les médecins soient davantage sensibilisés au risque de néphropathie aiguë à l’oxalate chez les personnes sensibles présentant des facteurs de risque tels qu’une maladie rénale chronique, un pontage gastrique et l’utilisation d’antibiotiques [Makkapati S et al., 2018N193].
La patiente dont il est question dans ce cas présent présentait les facteurs de risque prédisposants d’un pontage gastrique et d’une utilisation récente d’antibiotiques, mais avant cette « purification « , sa fonction rénale était normale. Elle a consommé en moyenne 1300 mg d’oxalates par jour, ce qui a entraîné une insuffisance rénale aiguë et lui a laissé des lésions rénales permanentes nécessitant une dialyse continue.
Dans des cas extrêmes, des lésions rénales dues aux oxalatesN8 ont également été signalées suite à une consommation excessive de cacahuètes [Park H et al., 2014N194]. La toxicité des oxalates est bien connue dans la littérature médicale, et les néphrologues qui ont rédigé le rapport de cas sur le smoothie vert poursuivent : « Une hyperoxalurieN195 induite par le régime alimentaire a été rapportée avec les carambolesN196, les noix (arachides et amandes), la rhubarbe, le thé glacé, le champignon chagaN197, les jus de fruits et de légumes et la vitamine C. »
En outre, chez les enfants souffrant de problèmes génito-urinaires allant de saignements dans l’urine aux calculs rénaux, il a été démontré que l’élimination du lait d’amande permettait de résoudre ces problèmes [Ellis D & Lieb J, 2015N198].
(Page 81) Les champignons sont l’un des aliments que l’on me demande souvent d’inclure dans le régime des carnivores. Techniquement, les champignons font partie d’une famille différente de celle des plantes, mais il semble qu’ils aient fréquemment évolué vers des mécanismes de défense qui pourraient nous faire réfléchir avant de les consommer.
Il est pertinent de signaler une étude de cas montrant une insuffisance rénale nécessitant une dialyse en cas de consommation fréquente de poudre de champignon chagaN197 :
Une femme japonaise de 72 ans avait reçu un diagnostic de cancer du foie un an avant de se présenter dans notre service. … La poudre de champignon chaga (quatre à cinq cuillères à café par jour) avait été ingérée au cours des six derniers mois pour le cancer du foie. La fonction rénale a diminué et l’hémodialyse a été initiée. Les échantillons de biopsie rénale ont montré une atrophie tubulaire diffuse et une fibrose interstitielle. Des cristaux d’oxalateN8 ont été détectés dans le lumen tubulaire et dans le sédiment urinaire et une néphropathieN192 à oxalate a été diagnostiquée. Les champignons chaga contiennent des concentrations extrêmement élevées d’oxalate [Beug MW, 2019N199 – PDF].
(Page 82) Chez des personnes en bonne santé, des cristaux d’oxalateN8 microscopiques et macroscopiques (de grande taille) ont été observés de manière pathologique dans le thymus, les reins, les vaisseaux sanguins, les testicules, le cerveau, les yeux, la thyroïde et les seins [Wahl R et al., 1993N200]. Les oxalates n’ont pas d’utilité dans ces tissus mais semblent s’y déposer au cours de notre vie, ce qui est probablement lié à l’augmentation des niveaux dans le sang résultant de la consommation d’aliments à forte teneur en oxalate. Dans des autopsies, une étude de 103 glandes thyroïdiennes a montré que 79 % d’entre elles contenaient des cristaux d’oxalate. Un composé toxique se trouve dans la grande majorité des glandes thyroïdiennes ? Les gens doivent manger des tonnes de ces trucs tout au long de leur vie… Oh attendez, c’est exactement ce qui se passe !
(Page 83) Cette étude d’autopsie et d’autres ont montré que les taux d’oxalate chez les personnes atteintes de maladies thyroïdiennes, comme la thyroïdite de HashimotoN201 ou la maladie de GravesN202, étaient inférieurs à ceux des personnes ayant une thyroïde normale. Une hypothèse convaincante est que ces maladies auto-immunesN6 ont pu être déclenchées en réponse au dépôt d’oxalate, dans une tentative d’éliminer ces cristaux. Il y a probablement beaucoup de choses qui déclenchent des lésions auto-immunes de la thyroïde conduisant à des états d’hypothyroïdieN97 et d’hyperthyroïdieN203, mais les oxalatesN8 peuvent certainement être un facteur pour certaines personnes.
(Page 83) Bien que ce ne soit pas reconnu par le corps médical officiel comme étant lié aux oxalatesN8, de nombreuses femmes souffrant du syndrome de douleur vulvovaginale, ou vulvodynieN88 connaissent un soulagement significatif lorsque les oxalates sont supprimés de leur alimentation. Les femmes qui souffrent de cette affection éprouvent des douleurs lors des rapports sexuels, de la miction et de la position assise prolongée, ce qui entraîne une diminution significative de leur qualité de vie globale. Les données recueillies par la Vulvar Pain Foundation suggèrent qu’un régime pauvre en oxalates est l’intervention la plus efficace pour les femmes qui souffrent de ces problèmes.
(Pages 83–84) Une étude de 2011 a révélé que les enfants autistes présentaient des taux d’oxalateN8 trois fois plus élevés dans le sang et deux fois et demie plus élevés dans leurs urines [Konstantynowicz J et al., 2012N204]. Ces chercheurs ont conclu :
L’hyperoxaliémieN205 et l’hyperoxalurieN195 peuvent être impliquées dans la pathogenèse du trouble du spectre autistiqueN206 chez l’enfant. On ne sait pas encore si cela résulte d’une excrétion rénale déficiente ou d’une absorption intestinale importante, ou des deux, ou si les oxalatesN8 peuvent traverser la barrière hémato-encéphalique et perturber le fonctionnement du système nerveux central chez les enfants autistes.
Des recherches supplémentaires sont évidemment nécessaires pour élucider le rôle de l’oxalate chez les enfants autistes, mais il semble que quelque chose d’important se passe ici et que l’évitement des aliments contenant de l’oxalate pourrait être une stratégie raisonnable pour la gestion de ce trouble.
Le dépôt de cristaux d’oxalateN8 dans le tissu mammaire a également été documenté dans de nombreuses études et est associé à des lésions précancéreuses connues sous le nom de carcinome lobulaire in situN207 [Gonzalez JE et al., 1991N208].
(Page 85) Plus de 75 % des calculs rénaux sont constitués d’oxalate de calcium. Cela signifie qu’environ trois quarts de tous les calculs rénaux pourraient être évités en évitant les aliments contenant de l’oxalate.
(Page 85) Les aliments à forte teneur en oxalate provoquent une augmentation de l’excrétion urinaire d’oxalate observée deux à quatre heures après leur consommation. Dans des études portant sur le chocolat et le curcuma, les niveaux postprandiaux d’oxalate urinaire ont fait un bond substantiel jusqu’à des niveaux reflétant ceux observés chez les patients atteints d’hyperoxalurie primitiveN209 [d’origine génétique] :
Chez six sujets masculins … l’ingestion de chocolat a provoqué une augmentation frappante mais transitoire de l’excrétion urinaire d’acide oxalique due à son absorption dans le tractus gastro-intestinal supérieur. Les taux d’excrétion maximaux sont survenus 2 à 4 heures après l’ingestion du chocolat. Les valeurs maximales étaient de 235 % du taux d’excrétion à jeun dans l’essai avec 50 g de chocolat et de 289 % dans l’essai avec 100 g de chocolat et ont atteint les quantités trouvées dans les cas d’hyperoxalurie primitiveN209. L’hyperoxalurie transitoire observée semble être un facteur important pour la formation de calculs d’oxalate de calcium chez les patients présentant un risque de calculs.
⇪ 7) Haricots rouges et maladie de Parkinson
(Pages 90–91) Qu’elle soit inhalée dans une lettre sous forme de poudre ou injectée sous forme de granulés par un agent de la police secrète, la ricineN210 tue ses victimes en quelques heures douloureuses en inhibant la fonction des ribosomesN211 — organites cellulaires où les fragments d’ARN sont transformés en protéines [Montarano L et al., 1973N212]. En fait, elle entrave nos usines cellulaires, les faisant s’arrêter net et mettant lentement fin à la vie de tout organisme qui a la malchance de l’ingérer. Il n’est donc pas surprenant que le ricin ne soit pas un bon aliment, et la consommation de cinq à vingt graines de ricin s’avère fatale pour l’homme [Hayes AW & Kruger CL, 2014N213].
Le concept de lectineN9 peut être un peu déroutant, mais pour faire simple, il s’agit d’un type particulier de protéine qui se lie aux glycoprotéines à la surface ou à l’intérieur de nos cellules. Dans le cas de la ricine, cette lectine se lie à une partie glucidique du ribosome et l’empêche d’effectuer le travail crucial de formation des protéines.
Les lectines sont présentes dans tous les règnes de la vie, mais les lectines des plantes ne se comportent souvent pas bien chez l’homme. C’est un autre exemple des « systèmes d’exploitation » disparates qui existent entre ces deux règnes de la vie. De manière générale, les lectines ont tendance à être plus nombreuses dans les racines et les graines des plantes, et les aliments les plus riches en protéines perturbatrices sont généralement les légumineuses, les céréales, les graines, les noix et les tubercules.
(Page 91) Des nausées aiguës, des vomissements et des diarrhées sont survenus chez des personnes ayant consommé des haricots rouges insuffisamment cuits, qui contiennent une lectine connue sous le nom de phytohémagglutinineN214, ou PHA. Des centaines de cas d’intoxication alimentaire liés à ce haricot apparemment inoffensif et à sa puissante lectine ont été enregistrés.
(Page 91) D’autres expériences menées sur plusieurs espèces animales, dont les souris, les cailles et les poulets, ont montré des effets négatifs similaires :
La PHA, la lectineN9 dérivée des haricots rouges (Phaseolus vulgaris), entraîne une réduction des taux de croissance chez plusieurs espèces animales, lorsqu’elle est incorporée à 0.5 – 5 % des protéines alimentaires. L’alimentation à base de lectine entraîne des diarrhées, une mauvaise absorption des nutriments, une inhibition du taux de croissance et peut même conduire à la mort des animaux nourris à la PHA [Ceri H et al., 1998N215].
(Pages 91–92) L’une des façons dont les PHA semblent causer ces effets graves est en affectant négativement l’équilibre des microbes dans l’intestin, et les animaux élevés sans flore intestinale (connus sous le nom d’animaux gnotobiotiques) ne connaissent pas les mêmes problèmes lorsqu’ils sont exposés à cette lectine :
Il est établi que ces effets indésirables sont le résultat de changements induits par les PHAN214 dans la flore [bactérienne] endogène normale et ne sont pas dus à la sélection par la lectine de bactéries pathogènes spécifiques. Le principal changement apparaît dans les niveaux d’aérobes facultatifsN216, qui augmentent chez les animaux nourris au PHA sans augmentation des anaérobes obligatoiresN217 [Ceri H et al., 1998N215].
➡ Explication sur les bactéries à gram positif ou négatif
(Page 92) La présence d’un ensemble diversifié de microbes dans notre microbiome gastro-intestinal est cruciale pour une santé optimale, et une faible diversité a été associée à diverses maladies chroniques, notamment le diabète et les maladies inflammatoires de l’intestin. Les PHAN214 et de nombreuses autres lectines végétales semblent être nuisibles à notre tractus gastro-intestinal en diminuant la diversité des organismes qui s’y trouvent par le biais d’une interaction avec nos cellules épithéliales gastro-intestinales [Shen H et al., 2017N218 ; Dicker AJ et al., 2018N219].
➡ Voir Physiologie gastro-intestinaleN220
(Page 95) […] Les chercheurs ont observé des changements dans les populations de bactéries aérobies, comme Escherichia coliN221, en raison des altérations de la couche de mucus qui permettent à ces organismes de se développer. Ils ont également noté que les PHAN214 sont capables de se lier directement à l’épithélium gastro-intestinal d’une manière qui induit ces changements. Il semble que les PHA se lient directement à la muqueuse intestinale et endommagent les cellules qui s’y trouvent, notamment les cellules caliciformesN222 qui contribuent à créer et à maintenir une couche de mucus saine. Lorsque cette couche de mucus est érodée par l’action des PHA, les bactéries entrent en contact direct avec l’épithélium de l’intestin, ce qui incite notre organisme à déclencher une réponse immunitaire.
Pour ce faire, notre organisme libère une protéine appelée zonulineN223, qui déclenche l’ouverture des jonctions étroites entre les cellules épithéliales [Kong S et al., 2018N224] […] Cela permet aux cellules immunitaires de la lamina propriaN225 de se déplacer dans l’intestin et de combattre les envahisseurs, de sorte que la couche de mucus peut être rétablie et que la paix peut être restaurée dans les terres de notre tractus gastro-intestinal. Chez l’animal et l’homme, les lectinesN9 comme le PHAN214 semblent causer des dommages en altérant l’intégrité de l’épithélium gastro-intestinal et en créant des porosités intestinales. Le chercheur qui a découvert la zonuline, le Dr Alessio Fasano, note que l’on a constaté une forte corrélation entre les niveaux élevés de cette molécule et les maladies auto-immunes :
L’expression de la zonulineN223 est augmentée dans les maladies auto-immunesN6 associées à un dysfonctionnement de la jonction étroite, notamment la maladie cœliaqueN226 et le diabète de type 1N227. Les études animales et les essais sur l’homme utilisant l’inhibiteur peptidique synthétique de la zonuline ont établi que la zonuline est intégralement impliquée dans la pathogenèse des maladies auto-immunes [Fasano A, 2012N228].
La maladie cœliaqueN226 est une maladie dans laquelle une lésion auto-immune des microvillosités de l’intestin grêle est déclenchée par une lectineN9 appelée glutenN229. Dans le cas du diabète de type 1N227, une attaque auto-immune contre le pancréasN230 détruit les cellules qui sécrètent l’insuline. L’élément déclencheur n’est pas connu, mais comme le suggère le Dr Fasano, les porosités intestinales semblent jouer un rôle important dans ces deux pathologies.
(Page 96) Les lectines comme le PHA et le gluten semblent déclencher cet état inflammatoire de l’intestin qui fuit en interférant avec la capacité de notre corps à produire une couche saine de mucus car elles se lient aux cellules caliciformesN222 et inhibent leur fonctionnement.
Il n’est pas surprenant que les « régimes occidentaux » soient associés à un dysfonctionnement de la couche de mucus chez l’homme, association souvent imputée au fait qu’ils sont relativement pauvres en fibres [Wahl R et al., 1993N200]. Mais est-ce vraiment le manque de fibres qui est à l’origine d’une couche de mucus déficiente chez les personnes suivant le régime américain standard ? Ou s’agit-il d’autre chose, comme les fortes doses de lectines et de sucres transformés inhérentes à ce mode d’alimentation ?
(Pages 96–97) Le PHA n’est pas la seule lectineN9 provenant d’aliments végétaux qui est connue pour causer des dommages. Le glutenN229, déjà mentionné, est une autre lectine présente dans le blé, le seigle et l’orge, qui est responsable d’une grande quantité de problèmes. Il est à l’origine de la maladie cœliaqueN226 et de maladies moins connues comme la sensibilité au gluten non cœliaqueN231. Le blé est plein de lectines et possède également de l’agglutinineN232 de germe de blé (AGB). De nombreuses recherches ont été menées sur les effets négatifs que ces deux lectines peuvent avoir sur les animaux et les humains.
(Page 97) La gliadineN233, un fragment de la molécule de gluten, stimule également la libération de zonulineN223 dans des modèles de culture de cellules épithéliales de l’intestin grêle. Elle provoque des dommages au cytosqueletteN234, à l’ADN/ARN et une augmentation du stress oxydantN139, entraînant souvent la mort cellulaire programméeN105 [Elli L et al., 2003N235 ; Clemente MG et al., 2003N236].
(Page 98) Jusqu’à présent, nous avons parlé des lectinesN9 du blé et des haricots rouges, mais il existe de nombreuses autres lectines dans les aliments végétaux qui peuvent être nocives pour l’homme. Il a été démontré qu’une lectine présente dans les arachides, connue sous le nom d’agglutinine d’arachideN237, modifie la croissance de la muqueuse rectale d’une manière compatible avec l’induction possible de lésions précancéreuses [Ryder SD et al., 1998N238].
(Page 98) Les tomates ne sont pas des graines ou des tubercules, mais elles appartiennent à la famille des solanaceaeN239 qui possèdent de nombreuses toxines connues pour être particulièrement nocives. Font également partie de ce groupe les pommes de terre blanches, les aubergines, les poivrons, les piments, le tabac et les baies de goji. Non seulement les membres de cette lignée contiennent le glycoalcaloïdeN240 toxique solanineN241 dans leurs feuilles et leurs racines, mais ils contiennent également de nombreuses lectinesN9 potentiellement dangereuses.
(Page 98) D’autres études portant sur plusieurs aliments, dont le soja, les lentilles, le germe de blé et les haricots rouges, ont montré que de nombreuses lectinesN9 de ces aliments pouvaient se lier aux globules blancs, les incitant à déclencher l’alarme cellulaire en libérant des cytokinesN137 inflammatoires [Haas H et aal., 1999N242].
➡ Explications sur le role hypothétique des lectines dans la survenue de la maladie de ParkinsonN243, via une migration dans le nerf vagueN244, à partir d’une expérimentation sur le ver C. elegans qui concluait :
(Page 100) Ces observations suggèrent que les lectines végétales alimentaires sont transportées vers les neurones dopaminergiques de C. elegans et les affectent, ce qui confirme l’hypothèse de Braak et Hawkes, suggérant une autre étiologie alimentaire potentielle de la maladie de ParkinsonN243 (MP). Une étude danoise récente a montré que la vagotomieN245 entraînait une diminution de 40 % de l’incidence de la MP sur 20 ans. Des différences dans les structures de sucre héritées des surfaces des cellules intestinales et neuronales peuvent rendre certains individus plus sensibles dans ce modèle conceptuel d’étiologie de la maladie [Zheng J et al., 2016N246].
Comme mentionné dans l’extrait précédent, Braak et Hawkes avaient précédemment émis l’hypothèse qu’un « agent pathogène inconnu » ingéré pénètre dans le tractus gastro-intestinal et se transporte via le nerf vagueN244 jusqu’au tronc cérébral, induisant un dysfonctionnement neural généralisé [Goedert M et al., 2013N247]. Les auteurs de cette étude suggèrent, sur la base de la cohorte danoise de vagotomiesN245 et de leurs propres résultats, que les lectinesN9 ingérées peuvent endommager l’intestin et se déplacer par le nerf vagueN244 jusqu’au cerveau, où elles semblent être toxiques pour les neurones dopaminergiquesN248.
➡ Des expériences similaires ont été menées sur des rats :
(Page 101) Ces données démontrent que l’administration conjointe de doses inférieures à un seuil de paraquatN249 et de lectinesN9 induit un parkinsonisme progressif, sensible à la L‑dopa, qui est précédé d’une dysmotilité gastrique. Ce nouveau modèle préclinique de la maladie de ParkinsonN243 déclenchée par l’environnement apporte un soutien fonctionnel à l’hypothèse de Braak sur le stade de la maladie de Parkinson idiopathique [Anselmi L et al., 2018N250].
(Page 101) La possibilité que les lectines végétales contribuent à la pathogenèse de cette maladie est frappante et constitue un changement de paradigme potentiel dans le monde des maladies neurodégénératives. Il est toutefois important de souligner que certaines personnes sont plus susceptibles d’être sensibles à ce type de lésion neuronale. Toutes les personnes qui mangent des haricots, des tomates ou des cacahuètes ne développent pas la maladie de Parkinson, mais chez celles dont la génétique est sensible à ce type de dommages induits par les lectines, la consommation d’aliments végétaux pourrait être un facteur contribuant au développement et à la progression de maladies neurodégénérativesN251.
(Pages 102–103) Sachant que nous avons mangé des tonnes de plantes et vécu dans des environnements toxiques pendant la majeure partie de notre vie, nous avons tous été exposés à des stimuli inflammatoires, mais les résultats se manifestent de différentes manières. Lorsque je suis exposé à de tels stimuli, je fais de l’asthme et de l’eczéma et je deviens un peu irritable. Ce sont mes faiblesses génétiques, pas les vôtres. Lorsque vous êtes exposé à des attaques inflammatoires, vous pouvez développer une maladie thyroïdienne auto-immune, comme la thyroïdite de Hashimoto, ou vous pouvez développer un lupus, une polyarthrite rhumatoïde ou un diabète. La médecine occidentale est désemparée lorsqu’elle essaie de considérer ces maladies comme des milliers d’entités différentes, ce qui la laisse souvent impuissante à apporter un réel changement dans la vie de ceux qui souffrent de ces maladies. L’erreur de jugement critique que commet la médecine occidentale est d’imaginer qu’il existe des milliers de maladies chroniques différentes, alors qu’en fait il n’y en a qu’une seule, l’inflammation.
Alors comment corriger cette cause majeure de maladie chronique ? Nous cherchons ses racines et les éliminons !
(Page 103) L’un des principaux effets positifs du régime carnivore est la perte de poids. Il existe aujourd’hui des milliers d’histoires de personnes qui perdent facilement du poids lorsque les plantes sont éliminées de leur alimentation et que les aliments d’origine animale de haute qualité sont privilégiés. Beaucoup de ces personnes ont commencé par des diètes cétogènesN252, qui incluent toujours quelques plantes, mais elles ont trouvé la perte de poids encore plus facile et ont eu moins de fringales lorsqu’elles ont complètement éliminé toutes les plantes. Cela peut s’expliquer par le fait que les lectinesN9 ont également un effet négatif sur le stockage des graisses et les mécanismes de satiété chez l’homme.
(Page 103) Des études sur la lectine agglutinine de germe de blé ont montré qu’elle peut se lier au récepteur de l’insuline, stimuler la croissance des cellules graisseuses et inhiber la lipolyseN253. Les lectines végétales semblent imiter l’action de l’insulineN254 en stimulant la croissance des cellules graisseuses, ce qui peut entraîner une prise de poids chez les personnes qui en consomment et entraver les efforts visant à obtenir une composition corporelle saine.
Les personnes qui suivent un régime carnivore constatent également une amélioration significative de la satiété et obtiennent souvent des avantages supérieurs à ceux des diètes cétogènesN252, qui comprennent généralement de nombreux aliments à forte teneur en lectines, tels que les noix, les graines et les légumes de la famille des solanaceaeN239. On a également constaté que les lectines affectent négativement la signalisation d’une hormone de satiété appelée leptineN255. Dans un modèle simplifié, la leptine est une hormone qui est libérée lorsque nous mangeons pour indiquer à notre cerveau que nous avons assez mangé et que nous sommes rassasiés. La cascade complète des hormones impliquées dans la réponse de satiété est beaucoup plus complexe que cela, mais à un niveau de base, la leptine annonce la satiété.
(Page 105) Comme toutes les autres molécules végétales dont nous avons parlé, les lectinesN9 sont des armes végétales. Elles sont conçues pour décourager les prédateurs, et l’objectif des plantes est clair dans ce cas. Il est vrai que certaines lectines peuvent être dénaturées par la cuisson, notamment à des pressions et des températures élevées, mais les lectines sont omniprésentes dans le règne végétal et sont présentes dans de nombreux aliments qui sont généralement consommés crus ou légèrement cuits. Il est également vrai que les lectines sont présentes dans les aliments d’origine animale ainsi que dans le corps humain. Renforçant le concept de « systèmes d’exploitation » disparates, la majorité des recherches sur les lectines suggèrent que les lectines végétales ont le potentiel d’endommager notre intestin et de solliciter notre système immunitaire, bien plus que celles provenant de la viande et des organes animaux.
⇪ Section III
⇪ 8) Mythe n°1 : les plantes sont de super aliments
(Page 109) En parcourant les rayonnages de n’importe quelle épicerie, il ne faut pas longtemps avant d’apercevoir des affiches affirmant que des aliments comme le brocoli, les épinards, le chou frisé ou les baies de goji sont des « super aliments ». Les fruits et légumes sont souvent commercialisés de cette manière, mais qu’est-ce que cela signifie vraiment ? D’où viennent ces affirmations et quelles sont les preuves qui les étayent ? Qu’est-ce qui rend ces aliments à ce point « super » ?
(Page 109) En écartant toutes les notions de « phytonutriments » ou licornes magiques qui rendent exceptionnels les fruits et légumes, comment pourrions-nous théoriquement définir un « super aliment » ? […] Je suggère que, pour mériter cette appellation, un aliment doit être riche en micronutriments dont les humains ont besoin pour se développer. De plus, ces micronutriments doivent être sous la forme la plus utilisable pour la biochimie humaine et ils doivent être biodisponibles. Dans ce chapitre, nous examinerons en détail la teneur et la qualité réelles en nutriments des aliments d’origine animale par rapport aux aliments d’origine végétale.
⇪ Nutriments magiques dans les aliments d’origine animale
➡ Ces nutriments sont présentés dans d’autres articles de ce site.
- La créatineN256
- La choline
- La carnitine — voir mon article Soigner ses artères
- La carnosineN257
⇪ Déclin de la santé mentale avec les régimes à base de plantes
(Page 115) Comme nous savons déjà que les végétariens et les végétaliens sont susceptibles de présenter des carences en de nombreux nutriments essentiels à une bonne santé, tels que la créatineN256, la cholineN258 et la carnitineN259, il n’est pas surprenant que l’incidence des troubles mentaux soit beaucoup plus élevée dans les populations végétariennes. Bien que les corrélations dans les études [d’observation] suivantes soient suggestives, il est important de noter que ces recherches relèvent de l’épidémiologie et que nous ne pouvons pas tirer de conclusions causales. Cependant, sur la base de ce que nous savons des déficiences chez les végétariens et les végétaliens de plusieurs nutriments impliqués dans la santé du cerveau, nous pouvons certainement formuler des hypothèses fortes.
(Page 116) Une analyse portant sur plus de 9 000 femmes australiennes a montré que les végétariens avaient beaucoup plus de problèmes de santé mentale, présentaient des niveaux plus élevés de carence en fer et étaient plus susceptibles de prendre des médicaments sur ordonnance ou en vente libre que les non-végétariens [Baines S et al., 2007N260]. Une autre étude australienne a révélé que les végétariens des deux sexes étaient deux fois plus susceptibles de souffrir de dépression, d’anxiété et d’autres problèmes de santé qu’un groupe de non-végétariens appariés en termes d’âge et de sexe. Ces enquêteurs ont déclaré : « Nos résultats ont montré qu’un régime végétarien est associé à une moins bonne santé (incidence plus élevée de cancers, d’allergies et de troubles mentaux), à un besoin accru de soins de santé et à une moins bonne qualité de vie. » [Burkert T et al., 2014N261]
(Page 116) Les mêmes tendances ont été observées dans les populations européennes. Dans une très vaste étude transversale menée en France, les symptômes dépressifs étaient significativement plus fréquents chez les végétariens et chez ceux qui excluent la viande de leur alimentation. Ces chercheurs ont montré que plus les aliments d’origine animale étaient exclus, plus les participants étaient susceptibles de souffrir de dépression [Matta J et al., 2018N262]. Une tendance similaire a été observée en Allemagne, où les végétariens présentaient des taux de troubles mentaux plus élevés que les personnes mangeant de la viande [Michalak J et al., 2012N263]. Enfin, des études menées en Finlande et en Suède ont montré que les végétariens étaient trois à quatre fois plus susceptibles de souffrir de troubles affectifs saisonniers [Meesters AN et al., 2016N264]. Vous vous souvenez que j’ai dit que la viande rouge pourrait bien être le meilleur antidépresseur ?
➡ Ces études observationnelles — méthodologie justement décriée par l’auteur — n’ont mesuré que des corrélations, ce qui incite J Matta et al. à conclure (Matta J et al., 2018N262) : « […] l’association entre les régimes végétariens et la dépression pourrait n’être qu’un exemple particulier d’une association plus large entre les symptômes dépressifs et l’exclusion alimentaire, indépendamment des types d’aliments. » J Michalak et al. concluent aussi (Michalak J et al., 2012N263) : « Toutefois il n’y avait aucune preuve du rôle causal du régime végétarien dans l’étiologie des troubles mentaux. » Enfin, Meesters AN et al. écrivent dans leur discussion [Meesters AN et al., 2016N264] : « Les végétariens sont plus préoccupés par la santé et ont souvent des opinions particulières sur la mise à mort des animaux. De nos jours, les préoccupations de santé semblent également jouer un rôle dans la décision de devenir végétarien. Il se peut que, conformément à ces opinions et préoccupations, les végétariens s’opposent aux antidépresseurs et recherchent donc des traitements non pharmacologiques. C’est peut-être la raison pour laquelle nous avons constaté qu’il y avait un pourcentage élevé de végétariens dans la clinique ambulatoire de trouble affectif saisonnier. »
Il n’est donc pas prouvé que l’exclusion d’aliments d’origine animale était la cause des symptômes dépressifs dans la mesure où l’exclusion d’autres aliments était associée aux mêmes effets.
⇪ Origines de la dépression et de l’anxiété
(Page 117) Tout au long de ma formation [en psychiatrie), j’ai été constamment ennuyé par le fait que les médicaments que nous utilisions ne semblaient pas traiter la cause profonde des maladies. Le paradigme archaïque de la maladie psychiatrique est que les déséquilibres des neurotransmetteurs entraînent la maladie et que nous pouvons les « rééquilibrer » avec des médicaments. Le problème est que ce paradigme est en grande partie incorrect.
(Page 117) De nombreuses recherches ont montré qu’en plus d’être déclenchées par des carences en nutriments, les maladies psychiatriques sont aussi largement de nature inflammatoire. Je n’étais pas informé de ces possibilités, probablement parce qu’il n’existait pas de médicaments pour traiter l’inflammation dans le cerveau et que la formation médicale ne mettait guère l’accent sur la nutrition. Or, dans le cerveau des personnes souffrant de dépression, d’anxiété et de nombreux autres problèmes de santé mentale, le système immunitaire est activé et l’on constate des taux élevés de cytokinesN137 inflammatoires, comme l’IL‑6N160 et le TNF-alphaN265 [Dowlati Y et al., 2010N266 ; Lindqvist D et al., 2009N267 ; Rosenblat JD et al., 2015N268]. Les maladies psychiatriques ne sont pas différentes des maladies chroniques présentes ailleurs dans l’organisme. Toutes deux peuvent être liées à l’inflammation et à l’activation du système immunitaire.
(Page 117) Malheureusement, dans la médecine occidentale, si nous n’avons pas de médicament pour quelque chose, nous l’ignorons le plus souvent. Par conséquent, nous écartons souvent des indices clés sur les racines d’une maladie. C’est exactement ce qui s’est passé en psychiatrie au cours des cinquante dernières années. Depuis l’avènement des médicaments antidépresseurs, nous nous sommes entichés d’un modèle de neurotransmetteur qui ne fonctionne pas, parce que c’est tout ce que nous savons faire. Pourtant, comme nous l’avons déjà découvert, nous disposons d’une arme très puissante pour combattre l’inflammation, mais c’est un élément que la médecine occidentale continue de négliger : la nourriture !
(Page 118) Si nous aspirons à une santé optimale, nous devons nous assurer que nos intestins sont en bonne santé et éviter de consommer des aliments qui peuvent contribuer à les endommager.
⇪ Vitamines et minéraux dans les aliments d’origine animale versus végétale
(Page 118) […] les minéraux comme le zinc, le fer, le magnésium et le sélénium se trouvent dans les aliments végétaux, mais à cause d’une molécule appelée acide phytiqueN269, et de ce personnage inquiétant qu’est l’oxalateN8, notre capacité à les absorber est considérablement réduite par rapport aux aliments d’origine animale (Lönnerdal B, 2000N270). Des études portant sur l’absorption de minéraux lors de la consommation d’aliments avec et sans acide phytique indiquent clairement que la biodisponibilitéN71 des aliments végétaux est considérablement réduite.
Par exemple, les huîtres sont la source alimentaire connue la plus riche en zinc et, lorsqu’elles sont consommées seules, elles produisent une forte augmentation du zinc plasmatique dans les deux ou trois heures suivant l’ingestion. En revanche, lorsque les chercheurs ont ajouté des haricots ou des tortillas, l’absorption du zinc a été considérablement réduite [Solomons NW et al., 1979N271]. Les haricots et les tortillas sont des aliments connus pour leur forte concentration en acide phytique. Lorsque des haricots noirs ont été associés à des huîtres, les niveaux plasmatiques de zinc ont diminué jusqu’à un tiers de la quantité normale, et lorsque des tortillas ont été consommées, elles ont complètement inhibé l’absorption du zinc. Un schéma similaire est observé pour le magnésium et le calcium, avec une absorption significativement réduite de ces minéraux importants lorsqu’ils sont consommés avec des légumes à forte teneur en oxalatesN8 comme les épinards [Bohn T et al., 2017N272 ; Amalraj A et al., 2015N273].
(Page 119) Comme on pouvait s’y attendre, les études portant sur les personnes suivant un régime à base de plantes montrent systématiquement des niveaux inférieurs de minéraux tels que le fer, le zinc et le calcium [Hunt JR, 2003N274 ; de Bortoli MC & Cozzolino SM, 2009N275 ; Craig WJ, 2009N276 ; Gibson RS et al., 2014N277 ; Kadrabová J et al., 1995N278] . Les auteurs d’une étude qui a examiné les niveaux de minéraux des végétariens déclarent :
Les végétariens avaient des niveaux de zinc et de cuivre plasmatiques statistiquement significatifs inférieurs à ceux des non-végétariens, ce qui peut être le résultat d’une biodisponibilitéN71 plus faible du zinc et du cuivre dans ce type de régime. … Le statut en sélénium était significativement plus faible chez les végétariens que chez les non-végétariens. … Un régime végétarien ne fournit pas un apport suffisant en oligo-éléments antioxydants essentiels, comme le zinc, le cuivre et surtout le sélénium (Kadrabová J et al., 1995N278).
(Page 119) Les inquiétudes concernant l’insuffisance nutritionnelle des régimes à base de plantes trouvent un écho dans une étude récente publiée par la Mayo Clinic :
Nous avons constaté que certains de ces nutriments, qui peuvent avoir des répercussions sur les troubles neurologiques, l’anémie, la solidité des os et d’autres problèmes de santé, peuvent être déficients dans les régimes végétaliens mal planifiés. … Les végétaliens peuvent présenter un risque accru de carences en vitamine B12, fer, calcium, vitamine D, acides gras oméga 3 et protéines [Fields H et al., 2016N279].
On a également constaté que les végétaliens présentaient des taux très importants de carence en iode [Krajcovicová-Kudlácková M et al., 2003N280 ; Kristensen NB et al., 2015N281], un problème qui pourrait empêcher la formation correcte des hormones thyroïdiennes.
(Page 119) Le fer est un autre minéral connu pour être beaucoup plus difficile à obtenir à partir des plantes, et de nombreuses études montrent des taux de carence plus élevés chez les végétariens et les végétaliens [Pawlak R et al., 2016N282 ; Young I et al., 2018N283].
⇪ Vitamines et méthylation
➡ Une partie de cet exposé figure dans mon article Compléments alimentaires.
(Page 121) Il est important de noter que les niveaux d’homocystéineN285 sont connus pour être plus fréquemment élevés lorsque l’on s’appuie sur une alimentation à base de plantes, ce qui suggère une altération de la méthylationN286 [Krajc̆ovic̆ová-Kudlác̆ková M. et al., 2000N287]. Des taux élevés [dans le sang] de ce composé peuvent indiquer une carence en plusieurs vitamines B, dont la B12, la B6 et l’acide foliqueN288, et ont été corrélés à une réduction de la taille du cerveau, tant chez les personnes en bonne santé que chez celles atteintes de la maladie d’Alzheimer [Gröber U et al., 2013N289]. Dans un récent article de synthèse sur ce sujet, les auteurs ont déclaré :
Les taux de vitamine B12 dans la fourchette inférieure de la normale (< 250 ρmol/L) sont associés à la maladie d’Alzheimer, à la démence vasculaire et à la maladie de Parkinson. Le végétarisme et l’utilisation de metformine contribuent à la baisse des taux de vitamine B12 et peuvent indépendamment augmenter le risque de troubles cognitifs [Moore E et al., 2012N290].
Discussion sur la rareté des vitamines B6 et B2 (riboflavineN291) dans le monde végétal. Ces substances jouent aussi un rôle important dans la méthylationN286.
(Pages 122–123) De quelle quantité de riboflavine avons-nous besoin pour optimiser la méthylation ? Personne ne le sait avec certitude, mais il semble que ce soit de l’ordre de 2 à 3 milligrammes par jour. […] Il faudrait manger plus d’un kilo et demi d’épinards pour obtenir 3 milligrammes de riboflavine ! Pouvez-vous imaginer les gaz que vous auriez après cela ou la quantité d’oxalatesN8 que vous ingéreriez avec une telle montagne de cette feuille verte ? À l’inverse, un mangeur de viande avisé pourrait obtenir 3 milligrammes de riboflavine dans environ 100 grammes de foie ou de rein !
Dans mon expérience personnelle, en tant que personne homozygote pour le polymorphisme MTHFR 677N292 C->T, mes taux d’homocystéineN285 ont atteint jusqu’à 13 µmol par litre pendant ma période végétalienne et sont maintenant inférieurs à 7 µmol par litre sans supplémentation en L‑méthylfolate lorsque j’obtiens une quantité adéquate de riboflavineN291 à partir de viandes biologiques. J’ai également observé des tendances similaires chez mes patients présentant des polymorphismes du MTHFR.
⇪ Vitamine A
(Page 123–124) La « vitamine A » des plantes n’est pas vraiment une vitamine. C’est un précurseur appelé béta-carotèneN293 qui doit être transformé par l’enzyme BCMON294 en la forme utilisée dans notre biochimie, connue sous le nom de rétinolN295. Le problème est que cette conversion n’est pas très efficace, et chez certaines personnes présentant des polymorphismes de la BCMO, elle est affreusement lente [Lietz G et al., 2012N296 ; Tang G, 2010N297]. Des études suggèrent que, même en l’absence de polymorphismes du BCMO, 21 unités de béta-carotène sont nécessaires pour égaler la valeur biologique d’une unité de vitamine A rétinol (la forme présente dans les aliments d’origine animale). Les carences en ce nutriment sont associées à la cécité nocturne, mais les fonctions de cette vitamine sont nombreuses, et des niveaux sous-optimaux pourraient contribuer à une foule d’effets négatifs dans l’organisme.
En tenant compte de ces facteurs de conversion du béta-carotène en rétinol, pour obtenir le niveau recommandé de rétinol en équivalents béta-carotène il faudrait consommer 19 000 milligrammes de cette molécule végétale. Cela représente presque un demi-kilo par jour de patates douces — qui sont la source la plus riche en béta-carotène — et qui contiennent des oxalatesN8 ! Entre une livre de patates douces pour la vitamine A et trois livres d’épinards pour la riboflavineN291, auriez-vous le temps de manger autre chose, ou même de la place dans votre estomac ?
J’espère que vous pouvez voir un modèle émerger ici. Avec notre tractus gastro-intestinal humain, il est pratiquement impossible de consommer suffisamment d’aliments végétaux pour répondre à tous nos besoins nutritionnels, et si nous essayons de le faire, nous allons recevoir des tonnes de toxines dans le processus.
➡ Des critiques du régime carnivore ont mis en avant le risque de « toxicité » de la vitamine A ingérée en grande quantité dans le foie animal. Paul Saladino répond à cette objection sur une vidéo (2021N298). En résumé, consommer du foie issu de viandes de pâturage nous maintient largement en dessous du niveau de toxicité de la vitamine A. D’autre part, son métabolisme est facilité par d’autres minéraux, tels que le zinc, présents dans cet aliment. La toxicité ne peut être atteinte que par des suppléments fortement dosés qui n’incluent pas les minéraux nécessaires à l’assimilation. Pour atteindre un seuil de toxicité il faudrait, pour une personne déficiente en zinc, consommer chaque jour environ 800 g de foie — 40 000 IU de vitamine A (rétinol) — ce qui correspond à la quantité suggérée (et suffisante) pour une consommation hebdomadaire. Il invite à consulter la littérature au sujet de la toxicité induite par les suppléments administrés à des personnes en malnutrition : “La toxicité chronique résulte de l’ingestion de grandes quantités de vitamine A synthétique pendant des mois ou des années. Une consommation quotidienne de plus de 20 000 IU pendant plus de 6 ans, ou 100 000 IU pendant plus de 6 mois, est estimée toxique, mais on observe une forte variabilité interindividuelle pour le minimum nécessaire à induire cette toxicité” [Penniston KL & Tanumihardjo SA, 2006N299 page 194]. Il cite par ailleurs des études avertissant du risque de toxicité de vitamine A chez des femmes enceintes, signalant que les problèmes apparaissent après ingestion de vitamines ajoutées aux céréales « fortifiées » du petit déjeuner. Voir entre autres Mills JL et al. (1997N300).
Paul Saladino mentionne au début de cette vidéo la coutume des chasseurs-cueilleurs traditionnels — comme les HadzaN68 de Tanzanie — qui consiste à partager et consommer en premier le foie de l’animal abattu.
⇪ Vitamine K
➡ Voir la discussion sur mon article Compléments alimentaires. L’auteur reconnaît que le nattōN301 est une source appréciable de vitamine K2, mais il déclare sa préférence pour les sources d’origine animale comme le jaune d’œuf ou le foie.
⇪ Protéines
➡ Voir mon article Protéines
⇪ Acides gras oméga 3
➡ Voir mon article Glucides ou lipides ?
⇪ Pourquoi les régimes végétaliens aident-ils certaines personnes ?
(Page 130) C’est probablement le bon moment pour un peu d’authenticité et d’honnêteté de ma part. Vous êtes prêts pour une bombe ? J’ai été végétalien ! Et pas n’importe quel végétalien : un végétalien crudivore ! C’est la vie ou la mort, non ? Moi aussi, j’ai été séduit par la propagande à base de plantes. C’était il y a longtemps, quinze ans pour être exact, et ça n’a pas du tout fonctionné pour moi. J’ai perdu 25 kilos de muscles pendant les six mois où je n’ai mangé que des fruits et légumes crus, et je ressemblais à un squelette. Les gens me disaient gentiment que j’étais trop maigre tout le temps, mais j’étais trop ancré dans l’idéologie pour entendre ces avertissements. J’avais également d’horribles effets secondaires gastro-intestinaux, notamment des gaz et des ballonnements constants. Il est amusant de constater que certains partisans du véganisme soutiennent aujourd’hui que nous devrions accepter l’augmentation des flatulences qui accompagne invariablement les régimes à base de plantes. Les pauvres âmes avec lesquelles je partageais un bureau à l’époque où j’étais végétalien me supplieraient de ne pas être de cet avis, tout comme les nombreuses personnes qui ont connu les gaz et les ballonnements qui accompagnent souvent les régimes à base de plantes ou riches en fibres.
Il est important de reconnaître, cependant, que les régimes végétaliens peuvent aider certaines personnes, du moins à court terme. L’une des principales caractéristiques que partagent le régime végétalien et le régime carnivore est l’élimination de certains aliments, et c’est cette élimination qui peut être incroyablement efficace. L’erreur de jugement qui est souvent commise en ce qui concerne les régimes à base de plantes, cependant, est que ce serait l’élimination de la viande qui produit les changements positifs. Des milliers d’histoires de personnes dont la santé s’est considérablement améliorée grâce à des régimes carnivores stricts, ou des régimes paléo et cétogènes incluant de la viande, vont à l’encontre de cette hypothèse. Dans un excès de zèle à diaboliser les aliments d’origine animale, beaucoup négligent le fait qu’un régime végétalien exclut souvent les produits laitiers courants et les aliments transformés. On ne peut pas accuser la viande des dégâts causés par le pain, le sucre et la malbouffe !
(Page 130) Du point de vue de l’évolution, il n’est absolument pas logique que les aliments d’origine animale deviennent soudainement mauvais pour nous, ou mauvais pour certaines personnes et pas pour d’autres. Les régimes à base de plantes fonctionnent à court terme pour certaines personnes, car elles ont éliminé certains aliments qui mobilisaient leur système immunitaire. Cependant, à long terme, les régimes à base de plantes échouent en raison d’un manque de nutriments biodisponibles ou de l’activation du système immunitaire par de nombreuses toxines végétales […].
(Pages 131–132) L’autre question qui se pose souvent est de savoir pourquoi certaines personnes semblent exceller avec un régime à base de plantes. Les médias voudraient nous faire croire que le fait de se débarrasser des aliments d’origine animale a permis à des athlètes d’obtenir de meilleures performances, mais ces affirmations sont incroyablement trompeuses. Les histoires d’amélioration des performances athlétiques suite à l’adoption d’un régime à base de plantes omettent souvent de souligner le fait qu’avant cette transition, la plupart de ces athlètes avaient une alimentation pleine d’aliments transformés. N’importe quel choix alimentaire intentionnel sera meilleur qu’un régime américain standard gorgé de malbouffe !
De nombreux joueurs professionnels affirment suivre un régime « plus végétal », mais il est difficile de savoir exactement ce qu’ils mangent. Le taux de blessures chez les athlètes végétaliens semble être sensiblement plus élevé que chez ceux qui continuent à manger de la viande. Au cours de l’année écoulée, de nombreux athlètes initialement félicités pour avoir adopté un régime à base de plantes ont recommencé à manger de la viande, tandis que d’autres ont subi des blessures qui ont mis fin à leur saison. Parmi eux, la star du tennis Novak Djokovic, les basketteurs Kyrie Irving, DeMarcus Cousins et Lauri Markkanen, les quaterbacks Andrew Luck et Cam Newton, le free runner anglais Tim Shieff et le lanceur de baseball CC Sabathia. Tom Brady est souvent présenté comme se nourrissant « à base de plantes », mais il a clairement indiqué qu’il incluait judicieusement de la viande dans son alimentation. Il existe également de nombreux exemples d’athlètes d’élite qui se sont convertis au végétalisme et ont vu leurs performances diminuer de manière significative, ce qui les a souvent conduits à une retraite anticipée. Aux plus hauts niveaux de compétition, les régimes à base de plantes ne permettent tout simplement pas d’optimiser les performances ou la durabilité des athlètes. Affaire classée.
➡ Voir aussi mon article Pour les végan·e·s.
⇪ Le problème de la notion de bio-individualité
(Page 132) Une autre façon pour certains de chercher à concilier les preuves que les gens semblent s’améliorer avec des régimes à base de plantes ou d’animaux est de faire appel à la bio-individualité. C’est l’idée que, parce que nous sommes génétiquement uniques, les régimes végétaliens fonctionnent pour certaines personnes et les régimes carnivores, cétogènes ou paléo pour d’autres. Bien que je ne rejette pas d’emblée le concept de bio-individualité, je pense que cette notion a été trop généralisée et mal appliquée. Lorsque nous examinons les variations génétiques entre les humains, nous découvrons que nous sommes tous beaucoup plus semblables que différents.
(Page 132) L’équation de la bio-individualité comporte deux éléments : la biochimie et la tolérance immunitaire. […] Bien qu’il semble exister une certaine variation entre les humains en termes de quantité de micronutriments dont nous avons besoin pour bien fonctionner, ces différences sont assez faibles et la plupart d’entre nous ont besoin d’environ les mêmes quantités de vitamines, de minéraux et d’acides gras pour permettre à nos magnifiques mécanismes internes de fonctionner sans heurts.
(Page 133) Le deuxième élément de cette équation est la tolérance immunitaire, qui semble être très variable d’un individu à l’autre, mais pas de la manière dont la plupart des gens l’imaginent. […] Ce sont nos susceptibilités génétiques individuelles qui déterminent comment nous tombons malades en cas d’inflammation. Nous avons tous notre propre talon d’Achille, qui se révèle lorsque le système immunitaire est déclenché. Je pense qu’un régime carnivore de type « du nez à la queue » est notre régime ancestral fondamental, et que la grande majorité des humains sur la planète s’épanouira en mangeant de cette manière. Je crois également que certaines personnes sont capables de tolérer plus d’aliments végétaux que d’autres, et que différents aliments végétaux peuvent être déclencheurs pour différentes personnes. Pour les personnes atteintes d’une maladie auto-immuneN6 ou d’une autre maladie chronique, un régime entièrement carnivore pourrait être la meilleure option, mais pour celles qui ne semblent pas être déclenchées par certains aliments végétaux moins toxiques, ces végétaux pourraient être inclus dans le régime de temps en temps.
⇪ Notre cerveau ne ment pas — Aliments de source animale versus végétale
(Page 133) Nous avons parlé d’une tonne d’études dans ce chapitre, mais il y en a encore une qui mérite d’être partagée. Dans cette expérience, les chercheurs ont montré des images d’aliments d’origine animale comme la viande et le poisson à des végétariens et à des mangeurs de viande [Giraldo M et al., 2019N302]. Ils ont ensuite évalué les deux groupes à l’aide de mesures subjectives, comme l’envie de manger, et de mesures objectives, comme les réponses neuronales dans le cerveau (ERP). […] Voici ce qu’ils ont trouvé :
Chez les végétariens, les plats de viande et de poisson ont suscité un désir de manger, un caractère agréable et une excitation plus faibles au cours de chaque mise en situation, par rapport aux omnivores et à la nourriture végétarienne. Contrairement aux données subjectives, aucune différence entre les groupes n’a été observée dans les mesures ERP, ce qui suggère que le traitement neuronal des signaux alimentaires est similaire chez les végétariens et les omnivores, tant pendant l’observation passive que pendant la réévaluation cognitive. … Dans l’ensemble, nos résultats suggèrent que, chez les végétariens, l’aversion envers les aliments non-végétariens prévaut au niveau subjectif, en cohérence avec leurs croyances personnelles. En revanche, au niveau neuronal, la saillance motivationnelle intrinsèque de ce type d’aliments est préservée.
En gros, ces chercheurs ont découvert que, si les végétariens ont une aversion pour la viande au niveau subjectif, leur cerveau l’aime toujours et y répond positivement à un niveau plus primaire. Je trouve que c’est une preuve irréfutable qu’à un niveau fondamental, les humains sont programmés pour manger de la viande ! Bien que nous puissions construire des récits autour de cela et nous dire que nous n’aimons pas la viande ou qu’elle n’est pas bonne pour nous, nos cerveaux et nos corps savent toujours qu’elle est incroyablement précieuse et y répondent positivement.
⇪ 9) Mythe n°2 : les fibres sont indispensables à la santé de l’intestin
(Page 135) La première question que l’on me pose généralement quand je dis que je ne mange pas de plantes est « Comment faites-vous pour faire caca sans fibres ? ». Je vous épargne les preuves photographiques de la qualité sublime de mes selles quotidiennes ; vous n’aurez qu’à me croire sur parole. Vous pouvez aussi écouter les milliers de témoignages d’autres carnivores qui ont constaté une amélioration de leur fonction gastro-intestinale grâce à ce mode d’alimentation. Vous n’avez pas besoin de fibres pour faire caca ni pour avoir un intestin sain, croyez-moi. Lors d’une conférence que j’ai donnée récemment, j’ai demandé à plus de 250 personnes qui avaient essayé le régime carnivore si elles avaient constaté des améliorations de leurs fonctions intestinales. Quatre-vingt-dix-neuf pour cent des mains de l’auditoire se sont levées !
(Pages 135–136) L’examen de la littérature concernant les fibres et la constipation montre rapidement que les fibres végétales n’entraînent pas de meilleurs résultats chez les patients souffrant de cette affection.
En examinant ces études, il est important de comprendre que la constipation est plus que des selles peu fréquentes. Bien que ce soit l’un de ses symptômes, la constipation se caractérise également par des selles dures, qui peuvent être douloureuses et difficiles à évacuer et sont souvent associées à la nécessité d’utiliser des laxatifs. Bien que les études sur les fibres puissent montrer une augmentation de la fréquence ou du volume des selles, ce qui entraîne souvent une douleur encore plus grande, elles ne montrent aucun avantage en ce qui concerne la consistance des selles, la facilité de passage, les saignements, l’utilisation de laxatifs ou la gêne lors de la défécation. La consommation de fibres permet aux personnes constipées d’aller à la selle plus souvent car il y a plus de matières à excréter, mais elle n’améliore aucun des symptômes désagréables de la constipation. En fait, elle les aggrave souvent. Aïe !
(Page 136) Une analyse de cinq études portant sur 195 patients a démontré l’absence de bénéfice des fibres dans le soulagement de la douleur ou d’autres symptômes de la constipation :
La prise de fibres alimentaires peut manifestement augmenter la fréquence des selles chez les patients souffrant de constipation. Elle n’améliore pas manifestement la consistance des selles, la réussite du traitement. L’utilisation de laxatifs et les symptômes de défécation douloureuse ont été rapportés par plusieurs études. Comme les données ont été présentées par des méthodes différentes, seule la défécation douloureuse a été analysée, et les résultats ont montré qu’il n’y avait pas de différence significative entre les groupes fibres alimentaires et placebo [Yang J et al., 2012N303].
Souhaitons-nous vraiment provoquer plus de selles douloureuses chez les personnes qui en souffrent ? Cela ne me semble pas être une bonne intervention. Les études sur la supplémentation en fibres chez les enfants ont montré une absence similaire d’amélioration des symptômes de la constipation, et dans une étude, les chercheurs ayant comparé des groupes à forte et à faible teneur en fibres ont conclu : « Le suivi à six et douze mois n’a montré … aucun avantage significatif en termes de réduction de l’utilisation de laxatifs ou d’augmentation de la fréquence des selles associé à un apport supplémentaire en fibres » [Sullivan PB et al., 2012N304].
(Pages 136–137) Ces études vont à l’encontre des idées reçues, mais elles ne sont qu’un début. Non seulement il a été démontré que l’ajout de fibres végétales n’avait aucun effet bénéfique sur la constipation, mais il a été démontré que l’élimination des fibres améliorait la constipation.
(Page 137) Les résultats de cette étude [Ho K et al., 2012N305] ont montré que lorsque les fibres étaient complètement éliminées, 100 % des personnes souffrant de constipation voyaient tous leurs symptômes disparaître. Je ne comprends pas comment on peut prétendre que les fibres végétales sont bénéfiques pour la constipation.
⇪ Colonisation bactérienne chronique de l’intestin grêle (SIBO)
(Pages 137–138) Il existe de multiples mécanismes par lesquels les fibres peuvent aggraver la constipation, mais chez de nombreuses personnes présentant des déséquilibres du microbiome gastro-intestinal, les fibres semblent favoriser la prolifération des mauvais types de bactéries dans l’intestin grêle. […] Ce trouble est souvent associé à la constipation, aux gaz, aux ballonnements, à la diarrhée intermittente et aux selles douloureuses. En pratique clinique, l’intervention la plus efficace contre le SIBON306 consiste souvent à supprimer les fibres du régime alimentaire. D’autres régimes, comme le régime pauvre en FODMAPN307 ou le régime en glucides spécifiquesN308, peuvent aider mais ne sont pas aussi efficaces que l’élimination de toutes les fibres. Les antibiotiques et les herbes [médicinales] antibactériennes sont souvent utilisés pour traiter cette maladie, mais ils échouent la plupart du temps, le taux de rechute du SIBO étant supérieur à 75 % si des changements alimentaires ne sont pas mis en œuvre.
(Page 138) À la base, le SIBO semble être un problème de motilité intestinale. Normalement, des ondes péristaltiquesN309 traversent la longueur de notre intestin grêle et descendent vers le côlon, empêchant ainsi la prolifération des bactéries dans les parties supérieures de notre tube digestif. Ces ondes sont connues sous le nom de complexe moteur migrantN310 et se produisent toutes les 45 à 180 minutes entre les repas. Chez les patients atteints de SIBO, le complexe moteur migrant semble être hypo-actif, ce qui permet aux populations de bactéries du côlon de remonter dans l’intestin grêle, entraînant un déséquilibre et une perte de diversité à cet endroit.
Lorsque ces bactéries envahissantes se développent dans l’intestin grêle, elles peuvent provoquer la fermentation des fibres végétales que nous mangeons, ce qui provoque des gaz et des ballonnements douloureux. Nous pouvons tenter de combattre cette dysbiose à l’aide d’antibiotiques, mais les taux élevés de rechute du SIBO suggèrent que tant que nous n’aurons pas résolu les problèmes de motilité, la prolifération reviendra en quelques semaines.
Dans le cas du SIBO, la suppression des fibres végétales du régime alimentaire est une première étape importante dans le traitement de cette maladie. En n’apportant pas de fibres aux microbes envahissants de l’intestin grêle, ils peuvent progressivement retourner dans le côlon, où ils ont leur place, et la dysbiose observée dans cette affection semble s’améliorer.
(Page 138) Je crois qu’à la base, le SIBO est une maladie auto-immuneN6 dans laquelle les nerfs responsables du complexe moteur migrateur sont endommagés.
(Page 139) Je pense que les plantes déclenchent la plupart des maladies auto-immunesN6 que nous observons aujourd’hui, y compris le SIBO, des maladies psychiatriques et même des problèmes de peau comme l’eczémaN311 et le psoriasisN312.
⇪ Vous ne voulez pas d’une paroi colique défaillante.
(Page 139) Une autre maladie pour laquelle les fibres sont parfois présentées comme bénéfiques est la diverticuloseN313, mais comme nous le verrons, il s’agit encore d’une maladie au sujet de laquelle la pensée dominante est tout à fait erronée. La diverticulose est le processus pathologique qui se produit lorsque la couche la plus interne du côlon (la sous-muqueuse) fait saillie à travers la couche musculaire externe, formant de petites poches qui sortent du gros intestin.
➡ Les diverticules apparaissent en plus ou moins grand nombre chez environ 40 % des personnes de plus de soixante ans.
(Page 139) Les diverticules peuvent également s’infecter et s’obstruer, provoquant une diverticuliteN314. Une telle affection peut entraîner une rupture du côlon avec une septicémieN315 ou des complications plus graves et, par conséquent, nécessiter une résectionN316 intestinale.
(Page 139) Nous pouvons créditer le Dr Denis Burkitt du bon nombre d’idées fausses sur les fibres et leur rôle dans la diverticuloseN313. Dans les années 1970, il a suggéré que les taux élevés de cette maladie dans les populations occidentales étaient dus à un manque de fibres dans l’alimentation — en se basant sur son observation que les taux de cette affection étaient beaucoup plus faibles chez les populations rurales d’Afrique qui consommaient beaucoup de fibres.
➡ L’approche de Painter NS & Burkitt DP (1971N317) n’est pas sans rappeler celle d’Ancel Keys « prouvant » la nocivité des graisses saturées sur la base d’une comparaison entre 7 pays (1978N318). Ayant comparé les incidences de diverticulose dans 7 régions et conclu que les habitants ruraux d’Afrique sub-saharienne étaient les mieux lotis, ils écrivaient (Painter NS & Burkitt DP, 1971N317 pages 452–453) :
Nous suggérons qu’un régime non raffiné contenant suffisamment de fibres peut prévenir la diverticulose pour les raisons suivantes :
1) Le côlon qui arrive avec un grand volume de fèces est d’un large diamètre et ne développe pas de diverticules. Un tel côlon, ayant un large orifice ab initio, se segmente moins efficacement qu’un côlon étroit et est moins sujet à la diverticulose.
2) Dans la plupart des cas, les résidus alimentaires passent dans l’intestin de l’Africain en 48 heures, alors que chez l’Anglais, cela peut prendre plus du double. Ainsi, le côlon de l’Africain absorbe l’eau moins longtemps et doit propulser une masse fécale moins visqueuse. Par conséquent, le côlon africain produit probablement moins de pression, et est moins susceptible de devenir « trabéculé » et de porter des diverticules.
3) Dans les pays occidentaux, la coutume exige souvent la suppression de l’appel à la selle, ce qui favorise le séchage des fèces et la génération d’une pression accrue. En revanche, le Bantou d’Afrique du Sud évacue de grandes quantités de selles humides sans forcer.
[…]
On ne sait pas encore si ce régime prévient la diverticulite, mais les symptômes de la maladie diverticulaire douloureuse sont généralement diminués ou abolis par l’ajout de son au régime.
(Page 139) Comme nous le savons, il est très risqué de déduire un lien de causalité à partir d’une corrélation observée, mais cette notion a été largement acceptée pendant de nombreuses années — et reste à ce jour ancrée dans l’esprit de nombreux cliniciens et patients. Lorsque des études contrôlées ont été réalisées ultérieurement pour examiner cette relation, les fibres n’ont pas démontré un rôle protecteur dans l’apparition de la diverticulose. En outre, comme dans le cas de la constipation, certaines études ont estimé que les fibres pouvaient être nuisibles.
(Page 140) Dans deux de ces études, les résultats de la coloscopie d’un total de 3 950 patients en Asie n’ont montré aucun avantage à consommer un niveau plus élevé de fibres — ou de fruits et légumes — en ce qui concerne l’incidence de la diverticulose [Lin OS et al., 2000N319 ; Song JH et al., 2010N320]. Les résultats d’une étude similaire portant sur 2 014 patients sont encore plus frappants : ils ont montré une augmentation du degré de diverticulose lorsque les patients consommaient davantage de fibres [Peery AF et al., 2013N321 ; Peery AF et al., 2012N322].
(Page 140) Si ce n’est pas un manque de fibres ou la constipation qui est à l’origine de la diverticulose, alors quelle est la cause de cette pathologie ? Certains ont émis l’hypothèse qu’une augmentation de la pression dans le côlon pourrait être à l’origine de cette maladie, mais cela semble peu probable car les diverticules se trouvent sur le côté droit du côlon, où la pression est faible. La théorie la plus convaincante concernant la diverticulose suggère qu’elle pourrait en fait être de nature inflammatoire :
Il existe des preuves de la présence d’une inflammation chronique de bas niveau chez les sujets présentant des diverticules, qui sont les précurseurs de la diverticuliteN314 aiguë. Cette hypothèse est renforcée par les premiers rapports indiquant que des agents anti-inflammatoires de la muqueuse, comme la mésalamineN323, et des régulateurs du processus immunitaire, comme les probiotiques, peuvent améliorer la diverticulite [Floch MH, 2006N324].
(Page 141) La diverticuliteN314 est également une affection complètement différente de la diverticuloseN313, la première étant un processus infectieux aigu et la seconde semblant être liée à une inflammation chronique. Il est également clair que la meilleure façon d’éviter la diverticulite est de ne pas avoir de diverticulose.
⇪ Fibres et cancer du côlon
(Page 141) L’autre idée fausse la plus répandue sur les fibres est qu’elles réduisent le risque de cancer du côlon. Malheureusement, il a été prouvé à plusieurs reprises que ce n’est pas le cas. Certaines études ont même suggéré un risque accru de croissance précancéreuse, connue sous le nom d’adénomesN325, lorsque des suppléments de fibres sont utilisés. Lorsque nous réfléchissons aux recherches effectuées sur les fibres et le cancer, nous devons faire attention à ne pas nous laisser berner une fois de plus par l’épidémiologie. Ce que l’on constate rapidement en comparant les types de recherche, c’est que si les études observationnelles peuvent montrer une association entre la consommation de fibres et de meilleurs résultats, cela est probablement dû à un biais du consommateur sain, alors que les études interventionnelles projettent une image très différente.
(Page 142) En 1999–2000, deux essais interventionnels marquants […] portaient sur l’effet des fibres sur l’incidence de la croissance d’adénomes précancéreux. Dans le premier de ces essais, 1905 hommes et femmes ayant des antécédents connus d’adénomes colorectauxN326 récemment diagnostiqués […] ont été divisés en deux groupes. Le premier groupe a suivi un régime pauvre en graisses et riche en fibres, avec au moins 18 grammes de fibres pour 1000 calories consommées et trois portions et demie de fruits et légumes par jour. L’autre groupe a continué à suivre son régime standard pauvre en fibres. Les deux groupes ont été réévalués pour la récurrence des adénomes coliques lors de leur prochaine coloscopieN327 qui a eu lieu dans les un à quatre ans suivants. J’imagine que les chercheurs étaient persuadés qu’ils verraient une différence entre les deux groupes, mais leurs conclusions étaient tout à fait contraires. Ils ont conclu :
Le taux de récidive des adénomesN325 de grande taille (dont le diamètre maximal est d’au moins 1 cm) et des adénomes avancés ne différait pas significativement entre les deux groupes. L’adoption d’un régime alimentaire pauvre en graisses et riche en fibres, en fruits et en légumes ne modifie pas le risque de récidive des adénomes colorectaux [Schatzkin A et al., 2000N328].
(Pages 142–143) Alors que ces enquêteurs restaient à se gratter la tête, un autre groupe de chercheurs a tenté une expérience similaire avec 1429 hommes et femmes qui avaient également des antécédents récents d’adénomes colorectauxN326. La moitié des participants à cette étude ont reçu un supplément de fibres à haute dose contenant 13.5 grammes de son de blé par jour, et l’autre moitié a reçu une dose plus faible de 2 grammes par jour, avec un contrôle de la récurrence des adénomes par coloscopie après environ trois ans. Les résultats étaient tout aussi désastreux en ce qui concerne les fibres et n’ont fourni aucune preuve d’une quelconque différence entre les deux groupes [Alberts DS et al., 2000N329].
Comme si ces deux études n’étaient pas assez convaincantes, les chercheurs semblaient déterminés à montrer que les régimes à plus forte teneur en fibres pouvaient être bénéfiques pour la prévention du cancer du côlon, et en 2007, une troisième étude a été publiée avec un design similaire [Lanza E et al., 2007N330] […] Cependant, après huit ans d’intervention à plus forte teneur en fibres, les résultats ne révélaient toujours pas de bénéfice des fibres dans la prévention du cancer du côlon :
Il n’y avait pas de différences significatives entre le groupe d’intervention et le groupe témoin en ce qui concerne le risque relatif de récidive d’un adénomeN325 avancé ou de plusieurs adénomes. … Cette étude n’a pas réussi à montrer un quelconque effet d’un mode d’alimentation pauvre en graisses, riche en fibres et en fruits et légumes sur la récurrence des adénomes, même après 8 ans de suivi.
⇪ Les fibres continuent de faire faux
➡ Pour plus de détails sur les dangers des fibres, consulter l’ouvrage “Fiber Menace” (Monastyrsky K, 2008N331).
(Page 144) Dans le cadre de l’essai OptiFit, 180 hommes et femmes atteints de diabète ou de pré-diabète ont reçu pendant un an, soit 15 grammes de fibres insolubles dans le cadre d’un régime riche en fibres, soit un placebo dans le cadre d’un régime standard. À la fin de cette période, de multiples mesures du contrôle de la glycémie et de la gravité du diabète ont été effectuées. Bien que l’hémoglobine glyquée (une mesure de la glycémie moyenne sur les 90 derniers jours), également connue sous le nom de HbA1cN332, ait été légèrement inférieure dans le groupe des fibres, aucune différence significative n’a été notée dans toutes les autres mesures de la sensibilité au glucose et du contrôle du glucose, ce qui a conduit les auteurs à conclure qu’il n’y avait « aucune preuve d’un effet bénéfique des fibres insolubles sur le métabolisme du glucose » [Honsek C et al., 2018N333].
De plus, les fibres végétales sont généralement accompagnées d’une quantité plus importante de glucides, ce qui entraîne presque à coup sûr une dégradation du contrôle glycémique.
(Page 144) Vous vous souvenez de l’acide phytiqueN269 au chapitre précédent ? Les aliments riches en fibres végétales en sont gorgés, et de nombreuses études ont montré que les régimes à base de plantes entraînent souvent des carences dues à une diminution de l’absorption des minéraux. Dans un article de synthèse examinant les effets des fibres alimentaires et de l’acide phytiqueN269 sur la biodisponibilitéN71 des minéraux, les auteurs déclarent :
La tendance des fibres alimentaires à lier les ions minéraux polyvalents [Zn, Ca, Mg, Se, Fe] peut également avoir un effet négatif sur la biodisponibilité de certains nutriments. … En effet, la tendance de différents légumes riches en fibres à lier et retenir les ions métalliques sur leurs surfaces et, ainsi, à modifier l’équilibre de ces cations peut être attribuée à certaines des substances qui composent leurs fibres alimentaires [Torre M et al., 1991N334].
Dans cette revue, l’auteur cite de nombreuses études qui montrent que les fibres solubles et insolubles, ainsi que l’acide phytiqueN269, se lient aux minéraux et affectent négativement leur absorption [Southgate DA, 1987N335 ; Toma RB & Curtis DJ, 1986N336 ; Davies NT, 1982N337 ; Bertin C et al., 1988N338 ; Kelsay J, 1987N339 ; Laszlo JA, 1987N340].
(Pages 144–145) Dans une autre étude épidémiologique portant sur des femmes diabétiques et en bonne santé, on a constaté une forte corrélation entre la consommation de fibres et des taux sanguins plus faibles de zinc, un minéral essentiel au bon équilibre hormonal et au fonctionnement de centaines d’enzymes dans le corps humain. Les chercheurs qui ont mené cette étude ont déclaré :
Les femmes en bonne santé et diabétiques consomment de l’acide phytique dans des quantités susceptibles de diminuer la biodisponibilitéN71 du zinc alimentaire. Les recommandations de consommer de plus grandes quantités de fibres alimentaires, dont une grande partie est associée au phytateN269, augmentent le risque de carence en zinc [Foster M et al., 2012N341].
(Page 145) Les inconvénients des fibres ne s’arrêtent pas là. Une consommation accrue a également été associée à des changements néfastes dans les niveaux d’hormones chez les femmes, ce qui pourrait entraîner un risque accru d’infertilité. Ces associations ont été étudiées dans le cadre d’une étude de cohorte qui a suivi 250 femmes pendant deux cycles menstruels et a examiné leur consommation de fibres pendant cette période. Les chercheurs ont constaté qu’une consommation plus élevée de fibres était associée à des taux plus faibles d’hormones sexuelles multiples, notamment d’œstrogènes, de progestérone et des hormones qui signalent aux ovaires de les produire (FSH et LH). La consommation de fibres était également corrélée à un risque accru de ne pas ovuler pendant un cycle menstruel — un risque d’anovulationN342 1.78 fois plus élevé pour chaque augmentation de 5 grammes par jour de fibres totales. Les auteurs de cette étude ont conclu :
Ces résultats suggèrent qu’un régime riche en fibres est significativement associé à une diminution des concentrations hormonales et à une probabilité plus élevée d’anovulation. Une étude plus approfondie de l’effet des fibres sur la santé reproductive et de l’effet de ces apports chez les femmes en âge de procréer serait nécessaire [Gaskins AJ et al., 2009N343].
Il s’agit d’une étude épidémiologique, nous ne pouvons donc pas tirer de conclusions causales, mais l’hypothèse selon laquelle des quantités accrues de fibres pourraient modifier négativement les niveaux hormonaux chez les femmes en âge de procréer est tout à fait plausible.
⇪ Des fibres pour perdre du poids ?
(Page 146) La perte de poids et le contrôle de l’appétit sont d’autres avantages suggérés des fibres végétales alimentaires, mais là encore, les recherches ne vont pas dans ce sens.
(Page 146) Dans les études contrôlées sur les fibres, ni les fibres solubles ni les fibres insolubles ne se sont avérées bénéfiques pour la perte de poids ou la réduction de la graisse corporelle. Les auteurs d’une étude examinant l’utilisation de pectine, de bêta-glucane ou de méthycellulose à des intervalles de trois semaines ont conclu ce qui suit :
L’utilisation de préparations de [fibres solubles] ou de [fibres insolubles] n’a pas été associée à une perte de poids ni de graisse corporelle. Ces résultats pilotes suggèrent que l’utilisation à court terme de suppléments de fibres ne joue aucun rôle dans la promotion de la perte de poids chez les humains [Howarth NC et al., 2003N344].
Une autre revue de quarante-neuf études a abouti à la même conclusion, à savoir qu’il n’y a pas de preuve cohérente d’un bénéfice des fibres alimentaires en ce qui concerne l’appétit [Poutanen KS et al., 2017N345]. Je ne pense pas que ces résultats doivent nous surprendre. L’appétit, la satiété et la perte de graisse sont bien plus complexes que le simple fait de remplir nos estomacs de fibres végétales non nutritives.
(Page 146) On sait qu’un régime carnivore « du nez à la queue » est associé à une satiété et à une perte de poids nettement améliorées. Ces résultats sont probablement dus à la richesse en nutriments, au potentiel de cétoseN17 et à l’augmentation de la sensibilité à l’insuline obtenus lorsque nous revenons à une alimentation similaire à celle de nos ancêtres en adoptant le régime carnivore.
⇪ La jungle en vous
(Page 147) Le dernier bastion d’espoir auquel s’accrochent de nombreux défenseurs des fibres est la notion qu’elles sont nécessaires à un microbiomeN15 gastro-intestinal « sain ».
Le problème immédiat avec cette affirmation est que notre compréhension du microbiome intestinal en est encore à ses débuts. Quiconque prétend savoir à quoi ressemble l’idéal ne fait que débiter des conjectures fondées sur une opinion personnelle plutôt que des idées reposant sur des données scientifiques solides. Nous avons une idée de ce qui pourrait constituer un microbiome sain et nous savons quelles bactéries sont généralement de mauvais acteurs, mais à un niveau granulaire, nos connaissances sont loin d’être complètes.
⇪ La diversité microbienne
(Page 147) Les défenseurs des fibres affirment souvent que nous devons consommer des plantes afin d’avoir un éventail diversifié d’organismes vivant dans nos intestins, mais ils ne citent que des études épidémiologiques comparant des individus ruraux et urbains. Ils affirment également qu’une faible diversité a été constatée dans des pathologies telles que le diabète de type 2N346 et les maladies inflammatoires de l’intestin, et en concluent qu’en ne consommant pas de fibres végétales, nous augmentons le risque de ces pathologies [Aydin Ö et al., 2018N347 ; Kieler IN et al., 2019N348]. Cependant, ces arguments s’effondrent rapidement lorsque nous les examinons de près.
➡ Consulter le dossier « Microbiote et maladies inflammatoires chroniques de l’intestin » (Marteau P & M Roche, 2020N349).
(Page 147) Certaines études suggèrent qu’un régime occidental est associé à une plus faible diversité microbienne, généralement appelée diversité alphaN350, mais les affirmations selon lesquelles ce serait est lié de manière causale à l’aspect pauvre en fibres d’un tel mode d’alimentation sont hâtives [Davis SC et al., 2017N351]. […] Qui peut dire que c’est le manque de fibres qui en est à l’origine et non les sucres, les huiles végétales oxydées ou les nombreuses toxines végétales dont nous avons déjà parlé ?
(Page 147–148) Les régimes riches en fructose et en glucose ont clairement démontré leur capacité à altérer négativement le microbiomeN15 et sont bien plus susceptibles d’être parmi les coupables du déclin de la diversité alphaN350 observé chez les personnes suivant un régime occidental [Do MH et al., 2018N352].
(Page 148) En outre, les essais interventionnels avec une augmentation des fibres ne révèlent pas une augmentation de la diversité alpha [So D et al., 2018N353], et les essais avec un régime carnivore sans fibres végétales ne montrent pas une diminution de la diversité alpha [David LA et al., 2014N36]. Il a également été démontré que les diètes cétogènesN252 à faible teneur en fibres ne diminuent pas les scores de diversité [Lindefeldt M et al., 2019N354]. Dans un essai suivant des patients de sclérose en plaqueN355 pendant six mois, la diversité alpha a en fait augmenté chez ceux qui ont suivi une diète cétogène pendant cette période [Swidsinski A et al., 2017N356].
⇪ Acides gras à courte chaîne : pas seulement le butyrate
(Page 148) Il existe de bonnes preuves que les acides grasN357 à chaîne courte jouent un rôle important dans le gros intestin en servant de carburant aux cellules épithélialesN358 du côlon []. La fausse idée reçue ici est que le butyrateN359 serait le seul acide gras à chaîne courte utilisé par ces cellules, et que pour l’obtenir, nous devrions nourrir les bactéries de notre intestin avec des fibres végétales.
(Page 148) Outre le butyrateN359, le propionateN360, l’isobutyrateN361, l’isovalérateN362 et l’acétateN363 sont tous des acides gras à chaîne courte produits par la fermentation bactérienne des protéines. Dans une étude portant sur les modifications de la flore intestinale dans le cadre d’un régime à base de plantes et d’un régime à base d’animaux [David LA et al., 2014N36] les chercheurs ont constaté un passage de la prédominance du butyrate et de l’acétate dans le cadre d’un régime à base de plantes à l’isobutyrate et à l’isovalérate dans le cadre d’un régime carnivore.
(Page 149) Il est également à noter que, bien que les régimes de cette étude soient isocaloriques, le régime à base d’animaux a entraîné une perte de poids significative sur cinq jours, alors que le régime à base de plantes ne l’a pas fait. Il n’y a pas eu non plus de changement dans la diversité alpha entre ces deux groupes, ce qui montre à nouveau que les fibres végétales ne sont pas nécessaires à la diversité du microbiome.
Les discussions sur les acides gras à chaîne courte dans l’intestin deviennent rapidement complexes, et il y a ici quelques nuances que j’aimerais clarifier. Les acides gras à chaîne courte se forment dans la lumière du tractus gastro-intestinal et peuvent être absorbés par les cellules épithélialesN358 du côlon pour fournir de l’énergie. Dans ces cellules, ils passent par une série de réactions chimiques qui les transforment en bêta-hydroxy butyrateN183, une molécule que vous reconnaissez peut-être comme l’une des principales cétonesN182 produites dans notre corps lorsque nous sommes en état de cétoseN17. Ainsi, lorsque nous choisissons de suivre une diète cétogèneN252, nos cellules épithéliales coloniques peuvent également utiliser le bêta-hydroxy butyrate présent dans notre circulation comme carburant, ce qui réduit les besoins en acides gras à chaîne courte provenant de la lumière de l’intestin.
Ce détail de notre physiologie est très important. La prolifération du mauvais type d’organismes dans notre tractus gastro-intestinal peut nuire à l’oxydation des acides gras à chaîne courte, nécessaire à leur absorption par les cellules épithéliales. Si nous souffrons déjà de dysbioseN364, manger plus de fibres ne fera que jouer contre nous, car le butyrateN359 formé ne peut pas être absorbé par les cellules du côlon et celles-ci commencent à mourir de faim, ce qui crée une inflammation et des porosités intestinales [den Besten G et al., 2013N365]. Dans cette situation, l’apport de cétonesN182 par la circulation sanguine à ces cellules affamées peut être très utile, et il n’est pas surprenant que les diètes cétogènesN252 se soient avérés bénéfiques dans les cas de dysbiose et de maladies inflammatoires de l’intestin [Roediger WE et al., 1998N366 ; Lowery RP et al., 2017N367].
(Page 150) Dans le cadre de cette conversation, il y a un autre point qui est assez fascinant. Il semble que les animaux et les humains puissent fermenter les tissus collagènesN368 de la viande en acides gras à chaîne courte. Le collagène est la protéine qui compose la plupart des tissus conjonctifs de notre corps, notamment les os, les ligaments, les tendons et le cartilage. Une étude réalisée sur des guépards, examinant la capacité de leur microbioteN369 à fermenter ces tissus conjonctifs en acides gras à chaîne courte, a abouti à la conclusion suivante :
Le collagèneN368 induit une production d’acétateN363 comparable à celle des [fibres végétales] et un rapport acétate/propionate nettement élevé (8.41:1) par rapport à tous les autres substrats. … Cette étude fournit le premier aperçu du potentiel des tissus animaux à influencer la fermentation du gros intestin chez un carnivore strict, et indique que les tissus animaux ont potentiellement des fonctions similaires aux fibres végétales solubles ou insolubles [Badrin Hanizam Bin Abdul Rahim M, 2016N370].
Un régime carnivore « du nez à la queue » fournit de grandes quantités de collagèneN368 pour la production d’acides gras à chaîne courte. Ainsi, la prochaine fois que quelqu’un vous posera des questions sur les fibres, dites-lui que vous obtenez toutes les « fibres animales » dont vous avez besoin en mangeant de la viande et du tissu conjonctif !
⇪ La magie du mucus
(Page 150) Il est prouvé que la couche [de mucus] est dysfonctionnelle dans les maladies inflammatoires de l’intestin, ainsi que chez les diabétiques [Depauw S et al., 2012N371 ; Johansson ME et al., 2014N372]. Dans les modèles animaux, lorsque les souris sont nourries avec un « régime occidental pauvre en fibres » contenant des huiles végétales oxydées et des sucres simples, on observe également une dégradation de la couche de mucus [Chassaing B et al., 2017N373]. Dans bon nombre de ces cas, on a toujours supposé que c’était la partie « pauvre en fibres » de cette équation qui posait problème. Cependant, tout comme l’histoire de la diversité alphaN350, je crains que la plupart des nutritionnistes ne commettent à nouveau la « grande erreur de Burkitt » — ils semblent trop désireux de rejeter tous nos maux sur un manque de fibres sans examiner d’autres causes plus convaincantes de dysfonctionnement gastro-intestinal présentes dans le mode d’alimentation américain standard.
(Page 151) […] une hypothèse convaincante semble être que les lectinesN9 interagissent avec les cellules caliciformesN222 pour diminuer la production de mucus, ce qui entraîne une prolifération de certaines populations bactériennes luminales et une diminution de la diversité alphaN350 [Martinez-Medina M et al., 2014N374 ; Swidsinski A et al., 2007N375 ; Banwell JG et al., 1988N376]. Il s’agit d’un domaine de recherche complexe où des études supplémentaires sont nécessaires pour démêler les causes et les effets, mais la suggestion selon laquelle les régimes pauvres en fibres entraînent un dysfonctionnement de la couche de mucus n’est tout simplement pas étayée par des données scientifiques solides et néglige de nombreux autres facteurs potentiellement nuisibles dans le régime alimentaire occidental.
⇪ 10) Mythe n°3 : la viande rouge va raccourcir votre vie
(Pages 153–154) La plupart des idées fausses selon lesquelles la viande rouge provoque le cancer proviennent d’un rapport du Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé, publié en 2015. C’est un titre plutôt ronflant, n’est-ce pas ? Il est certain qu’un rapport émanant d’une telle organisation doit être fiable et réputé, non ? Malheureusement, ce rapport a été largement mal interprété par les médias grand public et repose sur des interprétations très discutables de la science qu’il prétend examiner.
Le rapport du CIRC est une déclaration de consensus d’un groupe de 22 scientifiques de dix pays qui se sont réunis en France pendant deux semaines en 2015. Leur objectif était d’examiner les recherches sur la relation entre la consommation de viande et le cancer et de produire une déclaration sommaire sur les risques potentiels. Après avoir examiné 800 études, ils sont arrivés à la conclusion que pour chaque tranche de 100 grammes de viande rouge consommée par jour, il y avait une augmentation [relative] de 17 % du risque de cancer du côlon. Ils ont également conclu que pour chaque tranche de 50 grammes de viande rouge transformée, le risque augmentait de 18 %. Ils ont ensuite classé la viande rouge comme probablement cancérigène pour l’homme dans un rapport accablant qui a provoqué une onde de choc dans les médias lors de sa publication.
Cela semble mauvais, non ? Mais sur quoi ces déclarations étaient-elles réellement fondées ? L’examen d’un rapport plus détaillé de 2018 sur leurs résultats révèle que seules 14 des 800 études ont été prises en compte dans leurs conclusions finales — et chaque étude était une épidémiologie observationnelle. La raison pour laquelle les 786 autres ont été exclues reste un mystère, et dans ce groupe figuraient de nombreuses études interventionnelles sur des animaux qui ne démontraient clairement pas de relation entre la viande rouge et le cancer.
Sur les quatorze études épidémiologiques incluses dans le rapport du CIRC, huit n’ont montré aucun lien entre la consommation de viande et le développement du cancer du côlon. Oui, vous avez bien lu, la majorité des études prises en compte dans ce rapport n’ont pas montré de corrélation entre la consommation de viande rouge et le cancer du côlon.
(Page 154) Dans le cadre de la recherche épidémiologique, outre la recherche d’une corrélation entre deux éléments, nous pouvons également examiner la force de cette corrélation. Lorsque deux éléments sont corrélés, mais pas à un niveau de signification statistique, cela suggère que cette corrélation est le fruit du hasard ou d’erreurs de calcul. En médecine, lorsque la corrélation entre deux ou plusieurs éléments n’atteint pas un niveau de signification statistique, nous ne la prenons pas au sérieux. Nous savons que des recherches plus approfondies sont nécessaires pour clarifier la relation, et nous ne faisons certainement pas de déclaration catégorique sur le fait qu’un produit provoque le cancer si la corrélation n’est pas statistiquement significative.
Ainsi, dans le rapport du CIRC, une seule des quatorze études examinées a montré une corrélation entre la viande rouge et le cancer qui atteignait une signification statistique [Singh PN & Fraser GE, 1998N377]. Il est intéressant de noter qu’il s’agissait d’une étude portant sur les Adventistes du Septième Jour en Amérique — un groupe religieux qui prône un régime à base de plantes. Nous parlerons d’une population d’adventistes du septième jour vivant à Loma Linda, en Californie, plus loin dans ce chapitre, lorsque nous démystifierons la notion de « zones bleues », mais pour l’instant, je mentionnerai que dans cette étude, les personnes qui mangeaient de la viande rouge avaient tendance à adopter d’autres comportements malsains. Il s’agit d’une illustration du concept que nous avons appelé précédemment le biais du consommateur malsain, un facteur de confusion qui entre souvent en jeu dans les études sur les personnes qui mangent de la viande rouge.
Dans les cultures ou les groupes religieux — comme les Adventistes — où le discours sur la viande rouge est négatif, ceux qui choisissent d’ignorer ces idées ont généralement tendance à faire d’autres choses rebelles et malsaines, comme fumer, boire de l’alcool et faire moins d’exercice. Dans les études sur la viande rouge et les résultats en matière de santé, ces comportements « rebelles » peuvent être particulièrement problématiques et faussent souvent les résultats. Si un membre d’un gang de motards fume, boit, ne fait pas d’exercice, est en surpoids et aime manger du steak, comment pouvons-nous conclure que son risque accru de cancer, de maladie cardiaque ou d’espérance de vie plus courte est dû au steak et non à l’un des autres comportements ? Or c’est exactement ce que des études épidémiologiques comme celle-ci tentent de faire. Pour avoir une véritable idée de ce qui se passe, nous devons chercher des études interventionnelles sur des humains ou des animaux qui établissent des mécanismes par lesquels deux choses sont liées de manière causale plutôt que d’être simplement corrélées comme dans les études épidémiologiques.
Dans l’étude des Adventistes, les auteurs notent également que la corrélation la plus forte entre la viande rouge et le cancer du côlon est apparue chez les personnes obèses ayant une propension plus élevée à la résistance à l’insulineN55. Étant donné que l’obésité et le diabète/la résistance à l’insuline sont connus pour être des facteurs de risque importants pour le développement du cancer [Basen-Engquist K & Chang M, 2010N378 ; Giovannucci E et al., 2010N379], ne semble-t-il pas beaucoup plus probable que ces facteurs soient à l’origine de l’augmentation du risque de cancer dans ce groupe d’individus plutôt que la consommation de viande rouge ? Les études épidémiologiques ne peuvent pas répondre à cette question, mais si l’on considère la totalité des études examinées dans le rapport du CIRC, leurs recommandations commencent à paraître plus sombres qu’un après-midi d’hiver à Seattle.
⇪ Ce que le rapport de l’IARC a laissé de côté
(Page 155) Comme nous venons de le voir, un très grand nombre d’études n’ont pas été prises en compte dans le rapport du CIRC, notamment un grand nombre d’études épidémiologiques qui n’ont pas montré de corrélation entre la consommation de viande rouge et des résultats adverses. Nous avons déjà parlé d’une vaste étude sur les Asiatiques, qui comprenait plus de 200 000 participants observés pendant une moyenne de dix ans, et qui a montré une diminution des taux de mortalité cardiovasculaire et de mortalité par cancer chez les hommes et les femmes qui mangeaient le plus de viande [Lee JE et al., 2013N121]. Une autre grande étude épidémiologique portant sur plus de 60 000 végétariens et non-végétariens au Royaume-Uni a révélé que les taux de cancer du côlon étaient en fait plus élevés chez les végétariens [Key TJ et al., 2009N380].
(Pages 156–157) Dans une […] étude de huit semaines, soixante participants ont été divisés en deux groupes. L’un était un groupe témoin qui suivait un régime alimentaire normal, tandis que l’autre groupe chanceux remplaçait les glucides alimentaires à base de plantes par une quantité supplémentaire de viande rouge de 100 g chaque jour — une quantité qui, selon le CIRC, augmenterait le risque de cancer du côlon de 40 %. À la fin de l’étude, de multiples marqueurs de l’inflammation et du stress oxydantN139 ont été mesurés et les résultats suivants ont été rapportés :
Les résultats de notre étude suggèrent une diminution plutôt qu’une augmentation du stress oxydant et de l’inflammation lorsque la consommation de viande rouge maigre est augmentée au détriment des aliments riches en glucides. … Nos résultats n’appuient pas la suggestion selon laquelle une consommation plus élevée de viande rouge entraînerait un risque accru de maladies cardiaques et de diabète de type II par le biais des effets du fer sur l’augmentation du stress oxydant et de l’inflammation [Hodgson JM et al., 2007N381].
⇪ Le mythe de la viande et du cancer démystifié une fois pour toutes
(Page 158) À ce stade, nous avons complètement disséqué le rapport du CIRC de 2015, mais il est toujours utile d’examiner les mécanismes proposés par lesquels la viande rouge est supposée causer le cancer et, ce faisant, d’éliminer complètement cette notion grotesque. Ces mécanismes comprennent le fer héminiqueN382, les composés n‑nitrosoN383 et les amines hétérocycliquesN384 qui peuvent se former pendant le processus de cuisson.
(Page 158) Une partie du mécanisme proposé pour le fer héminique est qu’il peut favoriser la formation de composés n‑nitroso dans le tractus gastro-intestinal. D’une manière générale, ces composés sont formés par l’addition d’un groupe NO à d’autres molécules. Il existe de nombreux types de composés n‑nitroso, mais ce qu’il faut retenir ici, c’est que ceux qui sont associés à la consommation de viande n’ont pas été impliqués dans la formation de cancers du côlon.
(Page 159) Il a également été suggéré que les amines hétérocycliquesN384 (HCA) et les hydrocarbures aromatiques polycycliquesN385 (HAP) seraient des mécanismes par lesquels la viande rouge peut induire la croissance du cancer dans l’intestin. Ces substances peuvent se former lorsque la viande est cuite sur une surface chaude ou exposée à la fumée d’un feu ou d’un gril. Je pense qu’il est important d’être conscient de ces composés et de les limiter autant que possible dans notre alimentation. Tout comme nos vieux ennemis, les isothiocyanatesN92, ces composés activent le système Nrf2N107 dans le foie et doivent être détoxifiés, mais notre corps semble disposer de nombreux mécanismes pour les traiter en quantités modérées [Carvalho AM et al., 2015N386].
Le mot clé ici est modéré. Des études épidémiologiques ont suggéré un risque accru de problèmes avec ces produits de cuisson uniquement lorsqu’ils sont consommés en très grandes quantités [Turesky RJ, 2007N387 ; Rohrmann S et al., 2009N388]. Pensez aux viandes carbonisées, brûlées et massivement trop cuites. Beurk, qui cuisine sa viande de cette façon, de toute façon ? En choisissant des méthodes de cuisson lentes et à basse température, nous pouvons facilement éviter de consommer des quantités importantes de ces composés dans notre alimentation. Je vais briser quelques cœurs ici, mais je ne suis pas un grand fan des viandes grillées et fumées pour cette raison. Ces méthodes sont probablement bonnes avec modération, mais je pense que la majorité de nos aliments devraient être préparés avec des méthodes de cuisson plus douces. […] Il est également important de souligner que chaque fois que quelque chose est cuit à haute température, qu’il s’agisse de café, de céréales, de pain ou d’autres aliments, des composés se forment qui ont été mis en cause dans un éventuel risque de cancer. En fin de compte, nous devons manger quelque chose, et je pense qu’il vaut mieux consommer des produits animaux riches en nutriments et préparés intentionnellement que de fuir ces aliments par crainte de quantités minimes de HCA et de HAP.
⇪ Neu5Gc : pas de souci
(Page 160) Certains prétendent que, puisque les humains ne possèdent pas de Neu5GcN389, alors que les ruminants comme les vaches, les cerfs et les agneaux en possèdent, manger ces animaux pourrait déclencher une réaction immunitaire. Cependant, il n’existe aucune preuve chez l’homme pour étayer cette idée, et ces affirmations sont fondées sur des modèles animaux construits de façon ténue et peu pertinents pour nous. Il semble que nous générions des anticorps contre le Neu5Gc, mais aucune recherche ne suggère que ces anticorps entraînent une inflammation ou des dommages, et certaines études démontrent le contraire.
➡ Suite de la discussion à lire dans l’ouvrage, notamment la comparaison avec « les mustélidés (furets, blaireaux, martres, belettes, etc.) une famille d’animaux carnivores qui ne possèdent pas non plus de Neu5Gc mais qui consomment couramment d’autres animaux possédant cette molécule. »
⇪ mTOR : le commutateur de croissance moléculaire
(Page 161) À un niveau très élémentaire, les cellules de notre corps reçoivent des signaux de l’environnement externe qui leur indiquent comment se comporter. Parfois, elles reçoivent des signaux qui leur indiquent de réparer ou de procéder à une mort cellulaire organisée (apoptoseN105). À d’autres moments, comme lorsque les nutriments sont abondants ou après un exercice physique, nos cellules reçoivent le signal de proliférer et de se développer. Ces deux processus opposés de dégradation et de croissance des cellules sont respectivement appelés catabolismeN390 et anabolismeN391, et tous deux jouent un rôle vital tout au long de notre vie, car notre corps oscille entre des périodes de construction et de recyclage des composants cellulaires tout au long de la journée. Lorsque nous mangeons ou faisons de l’exercice, nous envoyons des signaux anaboliques à nos cellules pour qu’elles se construisent et se développent. Pendant les périodes de jeûne entre les repas, nos cellules reçoivent des signaux leur indiquant que c’est le bon moment pour faire un peu de ménage catabolique, également appelé autophagie.
En d’autres termes, mTORN392 fait partie d’une voie de signalisation qui indique aux cellules qu’elles doivent croître et se diviser.
(Page 162) mTOR participe au processus de signalisation anabolique au sein de nos cellules en réponse à quatre signaux distincts. Il s’agit du facteur de croissance analogue à l’insuline‑1 (IGF‑1N393), de l’insulineN254, des protéines (principalement par l’intermédiaire de l’acide aminé leucineN394) et de l’exercice [Watson K & Baar K, 2014N395]. L’insuline est libérée principalement en réponse aux glucides et aux protéines, bien que la réponse à ces dernières soit moins intense dans le cadre d’un métabolisme cétogène. L’IGF‑1 est produit en réponse à la sécrétion d’hormone de croissance qui se produit lors des repas, du sommeil et de l’exercice. La leucine est un acide aminé présent dans les protéines et particulièrement riche dans la viande animale, mais on la trouve en quantité beaucoup plus faible dans les protéines végétales. Alors que la leucine semble pouvoir se diffuser à travers la membrane cellulaire et activer directement mTOR, l’insuline et l’IGF‑1 se lient aux récepteurs de la surface cellulaire, déclenchant une cascade intracellulaire qui active mTOR [Floyd S et al., 2007N396]. Ainsi, l’exercice de résistance, le sommeil, les glucides et la leucine peuvent tous augmenter la signalisation de mTOR et entraîner une croissance cellulaire.
(Page 162) Si mTOR joue des rôles aussi vitaux dans le corps humain, pourquoi s’agiter au sujet de sa suractivation de nos jours ? Ces préoccupations découlent d’études qui montrent que certains cancers sont porteurs de mutations dans les voies associées à mTOR, ce qui entraîne une croissance et une prolifération cellulaires excessives [Mossmann D et al., 2018N397 ; Paquette M et al., 2018N398].
(Page 162) Compte tenu de ces résultats, certains scientifiques et médecins ont suggéré que la réduction de la signalisation de mTOR pouvait nous aider à prévenir le cancer. Les problèmes liés à cette interprétation sont toutefois immédiatement apparents, car il est tout à fait évident que nous avons besoin de mTOR pour être des humains forts et en bonne santé et pour conserver notre masse musculaire lorsque nous vieillissons.
(Page 163) Ils affirment que le fait de manger autant de protéines va sûrement faire passer mTOR en surrégime et augmenter le risque de cancer. Pour étayer leurs dires, ils ne peuvent qu’évoquer des études épidémiologiques mal construites qui établissent une corrélation entre un apport moindre en protéines et de meilleurs résultats chez les personnes âgées de moins de 65 ans [Levine ME et al., 2014N399]. Ce qu’ils ne vous disent pas, c’est que dans cette même étude, chez les personnes âgées de plus de 65 ans, des apports plus élevés en protéines étaient associés à une meilleure durée de vie et à moins de cancer.
➡ Voir la discussion détaillée dans mon article Régime de longévité — cuisine à l’italienne.
(Page 163) Un autre élément souvent ignoré de l’équation mTOR est que cette voie anabolique peut être stimulée à la fois par les glucides (via l’insulineN254) et par les protéines. Des études comparant le potentiel anabolique montrent que l’activation de mTOR par l’insuline est beaucoup plus robuste, et dure trois à quatre fois plus longtemps que son activation par la leucineN394) [Gran P & Cameron-Smith D, 2011N400]. Les glucides constituent le principal déclencheur de la libération d’insuline. Les protéines peuvent également déclencher la libération de cette hormone, mais dans le cadre d’un régime pauvre en glucides, le degré de cette stimulation est beaucoup plus faible que lorsque les protéines sont consommées avec des glucides.
(Page 163) Pendant les périodes d’abondance, notre corps reçoit des signaux de croissance de la part de la voie mTOR, et pendant les périodes de pénurie, les voies de nettoyage cellulaire dirigées par l’AMPKN401 prennent le relais. Nous avons besoin des deux. mTOR n’est pas mauvais, et nous ne devons pas chercher à abolir complètement ses actions. Nous ne devrions pas non plus jeûner tout le temps, ce qui revient à s’affamer.
⇪ La viande rouge ennemie des os, des kilos ou des gros orteils ?
(Page 164) De nombreuses études ont été menées auprès de personnes suivant un régime hyperprotéiné et, invariablement, elles n’ont pas mis en évidence d’effet néfaste sur la fonction rénale [Friedman AN et al., 2012N402 ; Devries MC et al., 2018N403]. Dans une étude, la fonction rénale s’est améliorée et il n’y a pas eu d’augmentation du risque de calculs rénauxN404 sur deux ans lorsque des adultes obèses ont été soumis à un régime pauvre en glucides et riche en protéines. Dans une autre méta-analyse de 28 études portant sur 1358 participants, rien n’indique qu’un régime hyperprotéiné ait eu un effet négatif sur la fonction rénale.
Comme nous l’avons vu précédemment dans ce livre, la majorité des calculs rénaux sont formés d’oxalate de calcium, et une consommation accrue d’aliments végétaux contenant des oxalatesN8 semble être le principal facteur de risque.
(Page 164) Une autre critique courante adressée aux régimes hyperprotéinés est qu’ils peuvent entraîner une diminution de la densité osseuse, ou ostéoporoseN405, en raison d’une charge acide plus élevée. S’il est vrai que les protéines dans l’alimentation représentent un apport acide, cela peut être compensé par l’obtention de suffisamment de minéraux alcalinisants, tels que le calcium, le magnésium et le potassium [Remer T & Manz F, 1995N406 ; Macdonald HM, 2005N407].
(Page 164) En outre, il a été démontré que les régimes riches en protéines augmentaient l’absorption du calcium dans le tractus gastro-intestinal et étaient corrélés à une augmentation de la densité osseuse et à une diminution du risque de fractures [Cuenca-Sánchez M et al., 2015N408 ; Bonjour JP et al., 2004N409 ; Calvez J et al., 2011N410].
(Pages 165–166) Lorsque nous consommons des purines dans la viande, notre organisme augmente en fait l’excrétion d’acide urique et les niveaux restent essentiellement les mêmes [Maiuolo J et al., 2016N411]. Les véritables coupables de la goutte semblent être le fructose et l’alcool, deux substances qui peuvent créer une résistance à l’insulineN55 et diminuer l’excrétion de l’acide urique par les reins. Dans une vaste étude portant sur plus de 125 000 sujets, on a constaté une forte association entre la consommation de fructose et l’incidence de la goutte [Jamnik J et al., 2016N412].
Comme il s’agit d’épidémiologie, nous ne pouvons pas prétendre à une relation de cause à effet, mais les mécanismes par lesquels le fructose et l’alcool pourraient provoquer la goutte sont bien établis. La prochaine fois que vous entendrez quelqu’un dire que la viande lui a provoqué une crise de goutte, demandez-lui quelle quantité de sucre ou d’alcool il a consommée avec !
⇪ Le mythe des zones bleues
➡ Ce sujet est abordé en détail dans mes articles Supercentenaires : des statistiques dérangeantes, Okinawa, îles de rêve(s), Régime de longévité — cuisine à l’italienne et Hunza à perte de vue.
➡ Les exemples cités par Paul Saladino sont pour la plupart pertinents, bien qu’il manque une analyse critique du concept même de « zone bleue », notamment du fait d’erreurs et de fraudes dans les registres d’état civil. Mais on comprend qu’il veuille répondre à des objections du style : « Les habitants de la vallée de Hunza vivaient plus que centenaires en se nourrissant exclusivement de végétaux ! » La réponse précise à ces affirmations — toutes deux erronées — est dans mon article Hunza à perte de vue.
Saladino s’est efforcé de contredire Dan Buettner, inventeur du terme « zone bleue », mais il interprète comme lui des enquêtes nutritionnelles dont il n’a de cesse de dénoncer l’absence de fiabilité. Ce biais méthodologique a été signalé dans une analyse critique de l’ouvrage (Palmer R, 2011N414). Rob Palmer reprend le cas des habitants de Nicoya au Costa Rica [Rosero-Bixby L et al., 2013N415] où « les hommes ont sept fois plus de chances de devenir centenaires que ceux de la population du Costa Rica dans son ensemble » (Saladino P, 2020N1 page 169). (Le fait que les femmes ne bénéficient pas d’un tel avantage ne semble émouvoir personne, pas plus que chez les Hunzas…) Palmer reproduit avec pertinence la mise en garde des auteurs de l’étude sur Nicoya :
Il convient de mettre en garde contre une surinterprétation des particularités des résidents de Nicoya en matière de régime alimentaire, de biomarqueurs ou d’autres caractéristiques comme preuve de leur rôle causal dans l’explication de l’avantage de survie à Nicoya. Des recherches beaucoup plus approfondies sont nécessaires pour établir de tels liens de causalité.
Pour ce qui est de la communauté adventiste de Loma Linda, au sud de la Californie, l’analyse de Paul Saladino est convaincante (pages 170–171) mais il aurait été encore plus intéressant de comparer cette communauté avec celle des Mormons de la même région qui vivent plus vieux sans adhérer au végétarisme — voir mon article Régime de longévité — cuisine à l’italienne.
⇪ Est-ce que je ne vais pas attraper le scorbut en ne mangeant que des produits animaux ?
(Page 173) Depuis que Linus Pauling s’est fait le champion de la vitamine C il y a cinquante ans, cette molécule fascine et l’espoir est grand qu’elle devienne une panacée. De nombreuses études ont été menées pour tenter de prouver ces hypothèses, et des camions entiers de vitamine C ont été ingérés. Malheureusement, cette vitamine n’a pas été à la hauteur du battage médiatique.
(Pages 173–174) Les récits historiques, à commencer par le rapport de James Lind en 1747 selon lequel le scorbut chez les marins britanniques pouvait être soigné avec des citrons, nous ont amenés à croire que nous devions inclure des plantes dans notre alimentation pour obtenir suffisamment de vitamine C. Mais voulez-vous savoir autre chose d’incroyable ? La viande fraîche et les organes animaux guérissent également le scorbut, un fait historique connu depuis des centaines d’années mais qui semble récemment oublié. Contrairement à la croyance populaire, les aliments d’origine animale contiennent de la vitamine C. Il a été démontré que la viande musculaire contient environ 33 milligrammes de vitamine C par kilo. Les organes tels que les reins, le foie, le thymus et le cerveau sont des sources encore meilleures de cette vitamine, avec 30 à 40 milligrammes par portion de 100 grammes. Comme dans le cas de la vitamine K2, le problème est que l’USDAN416 n’a pas officiellement mesuré ce nutriment dans la viande et les abats, ce qui explique qu’il soit souvent considéré comme inexistant — ce qui n’est certainement pas le cas. La vitamine C semble également être plus stable à la chaleur dans les aliments d’origine animale que dans les aliments d’origine végétale, de sorte que la cuisson de la viande et des organes n’entraînera probablement pas une perte aussi importante de ce nutriment [Clemens Z & Tóth C, 2016N417].
(Page 174) […] de quelle quantité de ce nutriment avons-nous réellement besoin pour fonctionner de manière optimale ?
Une série d’expériences réalisées sur des objecteurs de conscience dans les années 1940 donne une indication de la quantité de vitamine C nécessaire pour permettre une synthèse correcte du collagène et prévenir le scorbut. En supprimant complètement la vitamine C du régime alimentaire, les premiers symptômes du scorbut se sont développés en deux mois chez ces détenus. Lorsque des doses de 10, 30 ou 70 milligrammes de vitamine C ont été fournies, tous les groupes se sont rétablis en quelques jours sans différence clinique notable entre eux. Cette réponse illustre le fait que des doses aussi faibles que 10 milligrammes par jour suffisent à prévenir le scorbut et les signes cliniques de carence — bien moins que les mégadoses de vitamine C que l’on nous recommande souvent de consommer.
➡ Parenthèse : cette expérimentation sur des objecteurs de conscience américains — “The Minnesota Starvation Experiment”, voir Kalm ML & Semba RD (2005N418) — était dirigée par l’épidémiologiste Ancel KeysN419, le même qui affirmait, dans les années 1960, avoir trouvé la cause de l’infarctus : les graisses saturées et le cholestérol, sur la base d’une étude frauduleuse (1978N318). Voir mon article Pourquoi diminuer le cholestérol ?
(Page 174) Bien que la vitamine C joue un rôle dans notre organisme qui va au-delà de la formation correcte du collagène, il n’est pas certain que des doses supérieures à celles qui sont connues pour corriger le scorbut soient encore bénéfiques. Beaucoup d’idées fausses sur les bienfaits de la vitamine C sont basées sur des études épidémiologiques, alors que la recherche interventionnelle raconte une histoire très différente.
Les études interventionnelles portant sur des doses supplémentaires de vitamine C n’ont pas réussi, à plusieurs reprises, à montrer un bénéfice sur les critères de mortalité totale, de maladies cardiovasculaires, de pression artérielle ou d’incidence du rhume [Bjelakovic G et al., 2012N420 ; Sesso HD et al., 2008N421]. La supplémentation en vitamine C n’a pas non plus permis de modifier les biomarqueurs du stress oxydantN139 ou des lésions de l’ADN et ne protège pas contre le cancer colorectal, le cancer de la peau, le cancer du sein ou le lymphome non hodgkinienN422 [Padayatty SJ et al., 2003N423 ; Levine M et al., 2001N424 ; Halliwell B, 2000N425 ; Zhang SM et al., 2000N426]. Cette vitamine n’est pas exactement la fontaine de jouvence qu’on a célébrée !
➡ Les conclusions des deux dernières publications ne confirment pas ce propos.
(Page 175) Pour souligner ces points, examinons en détail une de ces études interventionnelles. Dans cet essai randomisé, dix-neuf hommes et vingt-six femmes consommant moins de trois portions de fruits et légumes par jour ont été répartis en deux groupes. Pendant douze semaines, un groupe a continué à suivre son régime alimentaire précédent, et l’autre a ajouté 450 g de fruits et légumes et 300 millilitres de jus de fruits par jour. À la fin de l’étude, les niveaux sanguins de vitamine C, la capacité antioxydante et les marqueurs de dommages à l’ADN ont été recueillis dans les deux groupes et comparés aux niveaux pré-intervention. Malgré la consommation d’une quantité significativement plus importante de vitamine C dans leur régime alimentaire (70 mg contre 250 mg) et des taux sanguins élevés de ce nutriment, aucune amélioration des marqueurs testés dans le groupe d’intervention n’a été constatée ! Les investigateurs ont déclaré :
Alors que la vitamine C plasmatique [a augmenté] de 35 %, il n’y a pas eu de changements significatifs dans la capacité antioxydante, les dommages à l’ADN et les marqueurs de la santé vasculaire. Conclusion : Une intervention de 12 semaines [avec une augmentation des fruits et légumes] n’a pas été associée à des effets sur le statut antioxydant ni les dommages à l’ADN des lymphocytes [Duthie SJ et al., 2018N427].
(Page 175) Ce qui est encore plus frappant dans cette étude, c’est que les chercheurs ont mesuré l’apport en vitamine C et les taux sanguins avant et après l’intervention, et ont démontré qu’en dépit d’un apport presque quadruplé (70 mg à 250 mg), il n’y avait pas non plus de changement dans les marqueurs antioxydants ou les dommages à l’ADN !
(Page 175) Des quantités de vitamine C comprises entre 10 et 70 milligrammes par jour peuvent facilement être obtenues en mangeant des aliments animaux frais et en consommant des abats en plus de la viande musculaire, comme l’ont toujours fait nos ancêtres.
(Pages 175–176) Contrairement à ce que Linus Pauling et les défenseurs de l’alimentation à base de plantes voudraient vous faire croire, il est également prouvé qu’une trop grande quantité de vitamine C peut être nocive pour l’homme, avec des rapports faisant état d’une incidence accrue de calculs rénaux en oxalatesN8, de nausées, de ballonnements, de reflux acide, de carence en B12 et même d’un stress oxydantN139 accru [Assimos DG, 2004N428 ; Nobile S & Woodhill JH, 1981N428]. Lorsqu’elle est administrée à fortes doses, la vitamine C semble se transformer en un pro-oxydant dans notre organisme, et même les doses modérées de vitamine C que l’on trouve dans les suppléments courants (500 à 1000 mg) ont été associées à une augmentation des taux de calculs rénaux [Kucharski H, 2009N429 ; Thomas LDH et al., 2013N430].
⇪ 11) Mythe n°4 : la viande rouge fait exploser le cœur
➡ Ce chapitre couvre les mêmes thèmes (en moins de détails) que mes articles Soigner ses artères, Pourquoi diminuer le cholestérol ?, Statines et médicaments anticholestérol et Je suis à l’hôpital !
Ci-dessous la liste des sous-titres :
⇪ Notions sur les lipoprotéines et le cholestérol
⇪ Le rôle vital du LDL dans notre organisme
⇪ Est-ce que plus de LDL serait protecteur ?
⇪ Le LDL dans la maladie du cœur : criminel ou pompier ?
⇪ L’athérosclérose : rien qu’un problème d’adhérence !
⇪ Plus profond dans le terrier du LDL
⇪ Le détail (ou pas juste un détail) sur la résistance à l’insuline
⇪ Autres causes de résistance à l’insuline
⇪ Pourquoi le LDL augmente-t-il avec une diète cétogène ?
⇪ Est-ce que vous devriez prendre une statine pour diminuer le LDL ?
⇪ TMAO : le mouton habillé en loup
⇪ Graisse saturée : pourquoi les marchands d’huiles végétales disent-ils que c’est mauvais ?
⇪ Section IV
➡ Cette partie ne peut pas être résumée sans dénaturer le propos. Je recommande donc vivement aux personnes désireuses de tenter l’expérience du régime carnivore, selon Paul Saladino, de lire attentivement son ouvrage (2020N1).
Des informations sont accessibles de diverses sources sur Internet, mais il faut veiller à respecter la cohérence de l’approche. Et ne pas oublier de s’hydrater abondamment pendant les repas afin que le foie puisse traiter correctement le bol alimentaire riche en matières grasses. La sous-hydratation est une grave erreur commise par la grande majorité de celles/ceux qui « essaient » une diète cétogène, la chrononutrition ou tout régime pauvre en glucides…
⇪ 12) Que manger dans un régime carnivore « du nez à la queue » ?
➡ Cette expression bizarre veut dire qu’on consomme tous les organes sans craindre la présence des graisses qui sont chargées de vitamines et minéraux essentiels. Il est intéressant de signaler que ces abats et parties grasses coûtent nettement moins cher que les morceaux « sélectionnés » de viande rouge. Éviter toutefois l’oxydation de ces graisses exposées à une chaleur trop vive : le barbecue devrait être remplacé par la traditionnelle cocotte en fonte !
➡ Un récit du géologue anglais Vivian Ernest Fuchs, qui dirigeait en 1934 une mission archéologique au Kenya, illustre l’intérêt porté aux parties à haute valeur nutritionnelle des dépouilles d’animaux. Il décrit un festin qui avait eu lieu à la frontière de l’Éthiopie pour célébrer la réconciliation de deux tribus (Bonnefille R, 2018N431 pages 92–93) :
Fuchs en fait un récit imagé. “Le festin commence par les sacrifices d’un bœuf et d’un mouton de couleur blanche, offerts par la tribu des agresseurs initiaux…” Très impressionné, Fuchs décrit comment les tranches de gras des entrailles du mouton sacrifié sont drapées autour du cou des hommes âgés, les anciens de la tribu des Turkana. Le bœuf blanc est sacrifié devant toute l’assemblée tandis que l’os de la jambe antérieure est brisé à coups de pierre. La moelle osseuse est aspirée par chacun des chefs respectifs des deux tribus, alors que la viande crue de l’animal est servie encore tiède au reste de l’assemblée.
➡ En 1972, l’équipe américaine d’archéologie et de paléontologie dans la vallée de l’Omo , en Éthiopie, est invitée à un festin offert en l’honneur du 80e anniversaire de l’empereur Haïlé Sélassié Ier. Le menu ne manque pas de les surprendre. La géologue et palynologue Raymonde Bonnefille y était (2018N431 page 245) :
Nous ne voyons pas d’endroit faisant office de cuisine, pas de trace de foyer, ce qui nous rend perplexes sur la nature du festin à venir. Vous pouvez imaginer notre surprise et nos grimaces retenues à la vue des assiettes apportées. Elles contiennent de gros morceaux de viande crue, rouge, accompagnés de gros cubes de graisse encore tièdes, tout fraîchement découpés du bœuf encore vivant une heure auparavant. Ce plat traditionnel appelé « tere sega » est servi avec la sauce très pimentée « awasé », mélange de « berberé », piment en poudre, délayé dans un alcool fort, et pour seul complément des morceaux de pain fraîchement cuits.
➡ Les adeptes de régime carnivore insistent avec raison sur la consommation de viandes et graisses animales comme principale source de protéines et de calories chez les chasseurs-cueilleurs observés au 20e siècle. Toutefois leurs données se limitent à ce que les observateurs ont pu identifier : il est plus facile de distinguer une antilope d’un éléphant que d’identifier les végétaux qui complétaient le menu, comme par exemple les épices dans l’exemple précédent. Aucun régime carnivore n’est exempt de plantes !
➡ Les recettes et menus publiés par les adeptes (nord-américains) de régime carnivore n’ont rien d’inspirant ni d’appétissant pour qui sait apprécier la gastronomie européenne… Une « traduction » des directives s’impose ! La plupart font l’impasse sur tous les produits laitiers, ce qui est compréhensible au vu des produits ainsi étiquetés dans un supermarché. Mais il suffit, particulièrement en France, de se rendre au point de vente de fromages affinés au lait cru (garantis d’appellation contrôlée) pour faire provision d’aliments compatibles avec un régime carnivore ou cétogène. Une portion de roquefort remplacera certainement le bacon d’un petit déjeuner chez Saladino. Sans surprise, si vous avez lu le début, ces deux aliments sont étiquetés « E » selon le pitoyable label Nutri-scoreN432 français, produit dérivé d’enquêtes nutritionnelles basées sur des questionnaires — voir mon article !
➡ La consommation en grande quantité de produits de la mer reste problématique : les poissons et crustacés sauvages sont porteurs de substances polluantes, et les poissons d’élevage souvent nourris avec des graisses végétales (notamment de l’huile de palme) qui diminuent leur taux d’oméga 3 au profit des oméga 6. La solution du régime carnivore consiste principalement à réduire la consommation d’oméga 6 en excluant les huiles végétales, de sorte que les oméga 3 présents dans les œufs, les fromages et les viandes suffisent à assurer un rapport oméga 3 sur oméga 6 acceptable. On peut y ajouter sans risque des œufs de saumon vendus à un prix abordable.
➡ Rappelons l’influence néfaste de la surconsommation d’huiles végétales sur la santé cardiovasculaire (DiNicolantonio JJ & O’Keefe J, 2018N433 page 5) :
En résumé, de nombreux éléments de preuve montrent que l’acide linoléique gras polyinsaturé oméga 6 favorise le stress oxydatifN139, l’oxydation du LDL, l’inflammation chronique de faible gradeN434 et l’athérosclérose, et constitue probablement l’un des principaux responsables de la cause des maladies coronariennes, en particulier lors de la consommation d’huiles de graines industrielles communément appelées « huiles végétales ».
Cette mise en garde concerne aussi le choix préférentiel des viandes consommées dans un régime carnivore (ou omnivore). En effet, les consommateurs ont tendance à suivre la mode de privilégier les viandes blanches (volaille et porc) au détriment des viandes rouges qui continuent à être diabolisées. Or ces d’animaux sont nourris pour la plupart de graines (maïs, soja etc.) riches en oméga 6, de sorte que la consommation de leur viande augmente le rapport oméga 6 sur oméga 3 qui favorise l’inflammation et augmente l’insulinorésistance (cause parmi d’autres d’obésité) — voir la vidéo “Why chicken is killing you” (2020N435). Le choix devrait donc se reporter préférentiellement sur la viande rouge ou sur celle d’animaux nourris en plein air : porc « ibérique » etc.
⇪ 13) Les principaux écueils au début d’un régime carnivore
➡ La lecture de ce chapitre (Saladino P, 2020N1 pages 255–271) est indispensable à toute personne désireuse d’adopter le régime carnivore. Étant d’une extrême densité, aucun détail ne peut être mis de côté et une traduction intégrale s’imposerait…
Les principaux sujets traités sont ceux la régulation du transit intestinal dans l’adaptation à une diète cétogène ou un régime carnivore, l’équilibre protéines-graisses, la baisse du niveau d’insuline à compenser par un meilleur apport de sodium, magnésium et potassium, les problèmes de fatigue, les insomnies et les crampes elles aussi liées à un déséquilibre des électrolytes et des carences en zinc et autres minéraux, l’intolérance à l’histamineN7, la difficulté de digérer les graisses et viandes rouges, les calculs biliaires, le polymorphisme de l’APOE4N436 et la mutation du FTON437.
Sur tous ces points, des explications détaillées sont suivies de suggestions sur la manière d’y remédier, en général par un meilleur équilibre nutritionnel — souvent par une consommation suffisante d’abats — ou ponctuellement à l’aide de compléments alimentaires. Des indications sont données sur les situations qui exigent un suivi médical.
⇪ 14) Le bout du chemin et le début d’un nouvel art de vivre [environnement]
➡ Paul Saladino s’intéresse ici à l’impact environnemental de la consommation de viande, motif le plus fréquent de la proposition de régimes « à base de plantes » supposés limiter l’impact des activités humaines sur le réchauffement climatique. La réfutation de cette thèse est exposée et documentée dans mon article Pour les végan·e·s. Les références scientifiques suivantes ont été incluses à ce chapitre :
- White RR & Hall MB (2017N438). Nutritional and greenhouse gas impacts of removing animals from US agriculture
- Rotz CA et al. (2019N439). Environmental footprints of beef cattle production in the United States
- Qiancheng M (2018N440). Greenhouse Gases : Refining the Role of Carbon Dioxide
- Weil R & Brady N (2016N441). The Nature and Properties of Soils
- Swift RS (2001N442). Sequestration of carbon by soil
- Ontl TA & Schulte LA (2012N443). Soil carbon storage
⇪ Foire aux questions
➡ Les réponses complètes, très intéressantes, sont à découvrir dans l’ouvrage. Je me contente ici de les réduire à un mot chaque fois que possible.
- Est-ce que la viande de pâturage est meilleure que celle d’animaux nourris par des céréales ? Oui
- Que faire si j’ai une défaillance ?
- Comment faire cuire ma viande ?
- Comment acquérir du gras ?
- Qu’en est-il de la marijuana ? Toxique
- Est-ce que les protéines ne pourrissent pas dans notre intestin ? N’est-ce pas la plus mauvaise façon de digérer ? Non
- Où nos ancêtres trouvaient-ils leur sodium, et quelle quantité en consommaient-ils ?
- Où nos ancêtres trouvaient-ils leur magnésium et leur potassium ?
- Est-ce que l’huile de noix de coco est convenable ? Et l’huile d’olive ? Moyen
- Où se situent les noix de coco dans le spectre de toxicité des plantes ? Niveau moyen
- Ai-je besoin de compléments alimentaires avec un régime carnivore ? Non
- Est-ce que mon cholestérol LDL va augmenter avec un régime carnivore ? Possible
- Quel bilan sanguin devrais-je faire avant ou après le début d’un régime carnivore ?
- Et si je ne veux pas manger d’abats ?
- Est-ce que je peux faire un régime carnivore après une ablation de la vésicule biliaire ? Oui
- Quelle quantité devrais-je manger dans un régime carnivore ?
- Que pensez-vous du jeûne ?
- Que pensez-vous des repas « joker » ? (cheat meals)
- Qu’en est-il des polluants organiques persistants dans les aliments d’origine animale ?
- Est-ce qu’une diète cétogène est dangereuse ? Non
- Est-il approprié pour un athlète de faire un régime carnivore ? Oui
- Que faire si mes symptômes ne s’améliorent pas avec un régime carnivore ?
- Ai-je besoin de probiotiques avec un régime carnivore ? Non
- Ai-je besoin d’aliments fermentés avec un régime carnivore ? Non
- Est-ce qu’un régime carnivore est vraiment sain sur le long terme ? Oui
- Est-ce qu’une diète cétogène carnivore est différente pour les femmes ? Non
- Est-ce qu’une diète cétogène carnivore convient à la grossesse, l’allaitement et aux enfants ? Oui
- Est-ce qu’un régime carnivore coûte vraiment cher ? Non
- Comment Dr Paul fait-il son régime carnivore ?
- Comment Dr Paul s’exerce-t-il ?
⇪ Discussion
Le régime carnivore de Paul Saladino lui a permis de mettre fin à des symptômes invalidants qu’il associait à un état inflammatoire induit et entretenu par ses habitudes alimentaires. C’est une donnée essentielle, bien qu’elle se limite à son expérience personnelle. Il affirme par ailleurs avoir aidé avec succès « des centaines de patients ».
J’ai quelque difficulté à imaginer qu’un jeune médecin ait vu défiler une telle foule dans son officine, en même temps qu’il s’adonnait au surf, à la chasse en forêt, à l’exercice physique, à sa chaîne YouTube et… à l’écriture ! Je suis plutôt enclin à croire qu’il fait allusion aux followers de ses vidéos et articles proclamant leur réussite dans les commentaires. L’accumulation de commentaires est un exemple typique de biais du survivantN444 — comme pour les guérisons miraculeuses de cancéreux. La popularité d’un « influenceur » n’est pas garante de sa sincérité !
Quelques études et quatre témoignages ont été sélectionnés (pages 247–254), élargissant de manière instructive le champ de l’expérimentation. Le premier récit est celui de Judy Cho que l’on peut lire sur son site (Cho J, 2021N445). Le deuxième de la jeune Alyse Parker, ancienne militante végane qui a créé après sa « conversion » un Institute for Integrative Nutrition (sic). Le troisième est celui de Dave, un Australien de 33 ans qui s’est libéré de l’anxiété et témoigne d’une « amélioration fantastique de sa forme physique ». Enfin Ben, militaire et athlète professionnel diagnostiqué de polynévrite démyélinisante chronique inflammatoireN446 (CIDP) qui a commencé par essayer de se soigner avec des jus de légumes et fruits crus et se sentait mieux au bout de trois semaines, puis a rechuté alors qu’il pratiquait une diète végétalienne crudivore : « Je ne sais pas combien de temps ça a duré, probablement parce que mon cerveau ne fonctionnait plus correctement en raison du manque de la seule chose qui pouvait changer la donne : les graisses animales. » Il est revenu au régime standard américain puis a oscillé pendant plusieurs années entre ce régime et une diète proche du « paléo », constatant que plus il mangeait de fibres plus il se sentait mal. Il a fait la découverte du régime carnivore qu’il a essayé « en espérant que ça raterait » car il adore les fruits et légumes. Mais après dix jours il se sentait « mieux que jamais en 25 ans » ; il pense que le régime contribue à une rémission de sa CIDP.
Ces témoignages rappellent que la guérison de maladies graves ou invalidantes est la motivation première de la démarche de Paul Saladino et de cet ouvrage. Toutefois, l’étendue de la discussion et la qualité de la documentation dépassent largement cet objectif. J’ai considérablement enrichi ma base de données de liens en cataloguant une partie des articles cités !
Le régime carnivore a fait l’objet d’une étude menée à l’Université de Harvard : Behavioral Characteristics and Self-Reported Health Status among 2029 Adults Consuming a “Carnivore Diet” (Lennerz BS et al., 2021N447) qui a conclu :
À notre connaissance, il s’agit du premier rapport moderne sur un grand groupe de personnes consommant habituellement peu d’aliments végétaux, un mode d’alimentation généralement considéré comme incompatible avec une bonne santé.
Contrairement à ce que l’on pourrait croire, les adultes qui suivent un régime carnivore n’éprouvent que peu d’effets indésirables, et font plutôt état de bénéfices pour la santé et d’une grande satisfaction. Les facteurs de risque des maladies cardiovasculaires ont été influencés de manière variable. La généralisation de ces résultats, et les effets à long terme de ce mode d’alimentation, requièrent des études plus approfondies.
Les réserves tiennent principalement au fait qu’il s’agissait d’une étude observationnelle basée sur des questionnaires, donc sujette aux biais signalés dans mon article Faut-il jeter les enquêtes nutritionnelles ? Dans la discussion, les auteurs ne peuvent pas s’empêcher de remettre le couvert sur le mythe du cholestérol !
Une étude plus récente (Norwitz NG & A Soto-Mota, 2024N448) a évalué l’effet de cures carnivores ou cétogènes très faibles en glucides sur des maladies intestinales inflammatoires (IBD). Il s’agit du suivi de 10 patients qui ont tous témoigné d’une nette amélioration.
Le régime carnivore est devenu « à la mode » récemment en raison de l’effet multiplicateur des blogs, vidéos et réseaux sociaux. Ce qui porterait à croire que c’est une invention récente… En réalité, cette approche est connue de très longue date, comme l’a rappelé le médecin Michael Eades en signalant un article ancien (Thorpe LT & K Wichita, 1957N449 – voir PDF) sur le traitement de l’obésité. Les auteurs écrivent :
Le régime hyperprotéiné, riche en graisses et pauvre en glucides le plus simple à préparer et le plus facile à obtenir, et celui qui produira la perte de poids la plus rapide sans faim, faiblesse, léthargie ou constipation, est composé de viande, de graisses et d’eau. La quantité totale consommée n’est pas importante, mais le rapport de trois parts de maigre pour une part de gras doit être maintenu, car toute diminution de la part de gras réduira la perte de poids. Peu de personnes peuvent consommer 340 g de viande maigre et 110 g de graisse trois fois par jour. En général, après deux ou trois jours, la moyenne sera d’environ 170 g de viande maigre et 57 g de graisse trois fois par jour. Je n’ai pas encore trouvé de patient suivant ce régime qui se soit plaint de ne pas avoir assez à manger, d’être fatigué, faible ou constipé. […] Le café noir, le thé clair et l’eau sont utilisés sans restriction. La réduction du sel, bien que non nécessaire, augmentera la vitesse de la perte de poids. D’un point de vue pratique, deux à quatre semaines sont à peu près la limite pour qu’un patient poursuive ce régime, donc, à la première plainte, il est modifié par l’ajout de fruits et légumes à 3 % et 5 % pour la diversité.
Michael Eades est depuis plusieurs décennies un apôtre du low-carb, une diète faible en glucides et riche en graisses de bonne qualité. Il a reconnu que sa pratique personnelle était de plus en plus proche du régime carnivore, dont il rapporte de nombreux exemples de succès dans des témoignages reçus, par exemple sur The Arrow #195 :
Je suis passé à l’alimentation carnivore il y a un peu plus de dix-huit mois et cela m’a sauvé la vie. Parmi les points positifs, citons la fin du syndrome de l’intestin irritable, des maladies rénales, du diabète et du canal carpien. Je n’ai plus de psoriasis, mes graves problèmes cardiaques ont pratiquement disparu. Toutes mes douleurs articulaires ont disparu, de même que cent trente livres, et je n’ai pas encore fini de perdre du poids. Même mes flotteurs dans les yeux ont disparu, ainsi que les taches de vieillesse sur mes mains. J’ai soixante-quatorze ans et je n’ai plus l’impression de mourir.
Au delà de l’effet thérapeutique attendu de cette pratique, il est intéressant de lire les témoignages de personnes en parfaite santé qui s’en réclament dans un parcours « extrême », comme par exemple celui de Kate Ouellette-CretsingerN450 qui a couvert 6700 kilomètres — en course virtuelle sur un vélo d’entraînement — en seulement 17 jours et 14 heures pour s’entraîner à la course cycliste trans-américaine, brûlant environ 10 000 Kcal par jour (Maffetone P, juillet 2021N451). Kate suit une diète strictement carnivore depuis presque deux ans et pratique l’endurance sous les instructions de Phil Maffetone — voir mon article. Son rythme cardiaque était en moyenne de 130 bpm pendant la course, alors que celui prescrit pendant son entraînement était de 135 bpm. Les anglophones gagneront beaucoup à écouter son expérience du « régime ultime d’élimination » qui lui a permis de résoudre de nombreux problèmes de santé (2021N452).
Sur une courte vidéo (2021N453), l’entraîneur Mark Sisson partage la même vision d’un « régime ultime d’élimination » qui peut aider considérablement les personnes souffrant de maladies auto-immunes. Il reconnaît le plaisir de « passer au carnivore » à partir de sa diète habituelle — paléo — tout en revenant à une plus grande diversité lorsqu’il constate que les apports de végétaux n’ont pas d’effet négatif sur sa forme physique.
Sisson a réintroduit la consommation de fruits, notamment des baies sauvages, ainsi que du miel. Paul Saladino a fait de même, et se voit aujourd’hui accusé d’apostasie par les fanatiques inspirés par ses écrits (Saladino P, 2023N454 00:54:20), mais sa tendance à généraliser son expérience personnelle l’installe à son tour dans une forme d’extrémisme. Écouter à ce sujet le commentaire du Dr Eric Westman (2023N455).
Paul Saladino justifie le besoin de « quelques glucides » par une proposition, avancée par Georgi Dinkov, selon laquelle il serait inapproprié de pratiquer un régime dont plus de 30 % des calories sont apportées par des graisses alimentaires. Toutefois, cette proposition s’appuie sur une théorie (cycle de RandleN456) qui s’est avérée fausse chez les humains — voir mon article Glucides ou lipides ? À ce sujet, Michael Eades, répondant à une personne adepte de régime carnivore qui souffre de crampes musculaires, de palpitations, de sommeil irrégulier et d’insuffisance thyroïdienne, et à qui Saladino a suggéré l’ajout de miel et de glucides, précise que ces symptômes sont plutôt marqueurs d’une carence en sel et en iode — voir The Arrow #136 et mon article Le sel est-il notre ami ?
Pour en revenir à Carnivore Code, je craignais, au premier abord, que la référence au mode de vie de nos ancêtres chasseurs-cueilleurs se réduise aux arguments simplistes des adeptes de régimes « paléo ». La bonne surprise est qu’il a pris en compte des données récentes de la paléo-anthropologie.
Toutefois, ce rappel sur l’évolution de l’espèce humaine ne suffit pas à mettre au clou 10 000 années de pratique et de perfectionnement de l’agriculture. On pourrait en effet répondre avec assurance que la « domestication » des plantes a permis d’éradiquer les famines. Le souvenir d’Antoine ParmentierN457 est vivace ! Les hypothèses sont fragiles, car la transition de la chasse-cueillette vers l’agriculture et l’élevage est loin d’être une histoire linéaire et graduelle ; elle s’étend sur plusieurs dizaines de siècles à partir de plusieurs régions du globe terrestre (France Culture, 2021N20 3e émission).
Pour ne pas s’attarder sur le mythe du « sauvage en bonne santé » (Jarvis WT, 1981N458), il convient d’étudier des données scientifiques solides — celles d’essais cliniquesN459 — sur la toxicité « naturelle » des plantes, de prouver l’absence de nocivité des aliments de source animale, et enfin de démontrer que les seconds pourraient remplacer avantageusement les premiers. Les chapitres consacrés à cette démonstration (sections II et III) me paraissent d’une grande utilité, que l’on décide ou non, au final, de modifier ses habitudes alimentaires. Admettre par exemple (comme en paléo) que dans la succulente salade de tomates à la mozzarella, c’est plutôt la mozzarella (de bonne qualité) qui serait l’aliment à haute valeur nutritionnelle, et la tomate un simple accompagnement… Renversement de perspective — et fureur du jardinier ! — même si le menu n’a pas changé.
Quelques points me paraissent importants à souligner :
- L’injonction “one fits all” — le même régime convient à tous — devrait être bannie une fois pour toutes, au vu de la diversité des profils génétiques, épigénétiques et microbiotiques des individus. Les êtres humains ont une capacité adaptative qui leur permet de changer de régime face à des ressources limitées ou dans des circonstances d’éloignement du lieu où ils ont grandi.
- Cette capacité adaptative ne doit pas pour autant être surestimée. Certains aliments sont plus toxiques que d’autres et peuvent nuire à la santé malgré de bonnes dispositions prises par ailleurs : exercice, sommeil régulier, abstinence de substances addictives etc. Seule l’expérience de la suppression de certains aliments ou d’un agencement différent des repas peut à la fois signaler le problème et révéler sa solution.
- Les risques les plus fréquemment associés à une pratique (erronée ?) de régime carnivore, et signalés sur des forums, sont (1) un excès de fer, (2) des carences en vitamine C, magnésium, sélénium, (3) un mauvais transit intestinal par manque de fibres. Tous ces problèmes peuvent être réglés par une pratique moins « radicale ». J’ai parfois constaté aussi une fatigue apparemment associée à de l’hypoglycémie, corrigée par quelques fruits, du miel ou des carrés de chocolat…
- Cet ouvrage, comme d’autres sur le même sujet, insiste sur l’importance d’une consommation « de la tête à la queue » des produits animaux, renouant avec des traditions culinaires oubliées d’une génération engraissée au fast food. Il faudra donc « demander aux vieux de la campagne » comment préparer rognons, foie, cervelle, langue et autres « abats » qui n’étaient pas exclusivement de la nourriture de « pauvres »… Les pauvres Californiens qui ont oublié les recettes de grand-mère devront se satisfaire des abats lyophilisés vendus par une entreprise partenaire de Paul Saladino. 😣
- Toute expérimentation personnelle devrait être guidée par une bonne compréhension de données issues d’études cliniques. Les essais-erreurs ont leurs limites lorsque la survie est en jeu, surtout si l’on a passé l’âge de s’autoriser « n’importe quelle connerie »… 😀
- La démarche de Paul Saladino, comme celle de patients de maladies graves, s’inscrit dans une volonté d’ »optimisation » qui justifie sa radicalité. Mais, dans la « vie réelle », un humain bien dans sa peau recherche plutôt un compromis entre ce qui est bon pour sa santé, adapté à sa culture et sa vie sociale, conforme à ses goûts et son cadre éthique. C’est ce que Saladino présente comme « l’équation personnelle de la Qualité de vie ». On n’a pas besoin de disserter sur les propriétés bénéfiques ou maléfiques des polyphénols pour partager un verre de vin (voire plus) en famille ou avec des amis…
L’essayiste Travis Christofferson a publié un article bien documenté sur la (très récente) vague déferlante du régime carnivore parmi les patients de maladies auto-immunesN6. Il conclut (Christofferson T, 2020N460) :
Si quelque chose peut polariser les gens autant que la politique, c’est bien le débat sur ce qu’ils doivent se mettre dans la bouche. Il est certain que le régime carnivore est le nouveau candidat d’extrême gauche (ou d’extrême droite) dans l’éventail des régimes alimentaires. Les experts le qualifient déjà de « très, très mauvaise idée » à « régime alimentaire optimal pour l’homme », mais ne vous attendez pas de sitôt à un consensus. Ce qu’il y a de bien avec un régime alimentaire, par opposition à la politique, c’est qu’il est démocratisé jusqu’au niveau de l’individu. Chacun de nous, à tout moment, est libre d’essayer le régime de son choix et de voir ce qui se passe.
⇪ Autres échanges
- Discussion avec Taty Lauwers. Extraits de son article extrêmement intéressant (Lauwers T, 2022N172) :
Il m’a fallu quelques mois de croyances dans la piste « végétaux toxiques » pour revenir à plus de sagesse, au principe du poison-remède.
C’est humain, mais ne tombez pas dans le même piège. L’humain a développé des techniques pour inhiber les poisons végétaux, dont la cuisson, la fermentation, etc. Utilisons ces bonnes techniques !
Pour ma part, grande amateur de viande, en carni je suis fort marrie question papilles. Le meilleur steak ne peut concourir face à la symphonie de saveurs que je peux trouver dans des légumes. En outre, les protéines animales me laissent une impression de dense, lourd, qui n’est contrebalancé que par la légèreté et la finesse des végétaux.
Si vous pratiquez la carnivore avec bonheur, sans aucun légume, sans aucun fruit, considérez-la comme une cure de remise à niveau. Le temps de calmer les orages intérieurs, comme on fait une cure de riz pour calmer les inflammations intestinales. Après quelques jours ou semaines, osez réintroduire des végétaux, en commençant par les plus anodins pour les intestins : les fruits, surtout pelés, surtout crus. Puis testez des légumes en commençant par la famille des courges. Si vous n’aimez pas, c’est un cas bien différent, continuez à votre guise.
[…]
La réactivité aux légumes, à leurs principes actifs ou à leurs fibres dures est le signe que l’organisme est fragilisé. La solution : le requinquer, le ressourcer jusqu’à ce qu’il arrive à remanger de tout. J’ai cent et un témoignages de personnes que j’ai aidées en direct. Mes élèves peuvent apporter d’autres histoires de réussites. C’est mon choix éditorial et thérapeutique : utiliser l’alimentaire pour remettre sur pied les moins bien portants, dans l’objectif de pouvoir jouir de son corps. D’autres conseilleurs préfèrent les évictions, ce n’est pas mon choix.
[…]
Depuis la première version de l’article sur fb, j’ai eu l’occasion d’écouter les vidéos de Saladino en tissant. Je suis frappée qu’il prétend avoir « découvert » tant de choses, que j’ai lues bien avant qu’il n’apparaisse sur scène. Je pourrais sourcer quasi toutes ses déclarations, il en change à peine les mots d’ailleurs. Et il ne les cite pas. Pas grave, c’est un petit ego sur pattes et il défend son bifsteck. Ecoutez-le en sachant qu’il est simplement un aggrégateur de données.
[…]
[…] méfions-nous des programmes alimentaires qui tiennent quasiment de l’idéologie et de la bannière identitaire. Comme coach, je garderais ce régime sous le coude pour aider les personnes atypiques (de type « canari » adulte) chez qui aucun autre essai n’a été probant, chez qui certains médicaments font même l’effet inverse à celui qu’on attend. Pour aider les désespérés, quoi. Car le régime carnivore est une excellente diète d’élimination : on ne loupe rien des aliments qui posent souci, on vire tout. Bims ! Bien plus facile. […]
Puis on revient à la juste mesure gastronomique, sociale, nutritionnelle : l’humain est surdoué pour s’adapter à divers environnements alimentaires. Les plus fragiles pratiqueront le “diet cycling”, c’est à dire qu’ils sautilleront de diète en diète. Toute carnivore pure que je sois, il m’arrive de passer des journées entières en quasi végane. Avec bonheur.
Ajout sur Facebook en septembre 2024 : Il est très amusant de noter que le dr Saladino, grand promoteur de la cure carnivore, a tellement rajouté de paramètres adoucissants à la cure initiale que son système ressemble très fort à… Nouvelle flore. Pour l’avoir suivi ainsi que ses fans, il a découvert les limites de la cure carnivore permanente, entre autres avec un profil hormonal qui devenait atterrant. Il a donc peaufiné et a réinventé la roue. 😀 - Débat au sujet du carnivorisme entre Chris Masterjohn et Paul Saladino (2019N461).
- Entretiens (inutiles) de Paul Saladino avec Georgi Dinkov (2023N462 ; 2023N463 ; 2023N464).
- Vidéo “The carnivore diet does what to your blood?” – Dr Eric Westman (2023N465)
- De nombreuses critiques circulent sur Internet au sujet de Paul Saladino, voir notamment le fil de discussion The Problem with Paul Saladino and his “radical” claims (2020N466). Certains lui reprochent des positions trop « radicales » — un régime « optimal » valable pour tous — et d’autres les changements brusques de points de vue, par exemple la consommation de miel, de fruit et de certains légumes. Ces changements font toutefois partie de sa démarche empirique, en accord avec une pratique relativement récente de cette approche nutritionnelle.
Les critiques les plus nombreuses dans ce fil de discussion concernent toutefois sa personnalité et sa tendance à présenter comme siennes les connaissances d’autrui sans en mentionner les sources. Je partage ce scepticisme sur la sincérité de l’auteur, ayant constaté les techniques commercialement agressives dont il fait usage sur Internet. Par exemple, je reçois (le 8 août 2021) un mail m’invitant à remplir un questionnaire, mais au moment de l’enregistrement l’antivirus AVG m’avertit qu’un “tracking cookie” a été installé à mon insu sur le navigateur !
D’autre part, les messages qu’il diffuse sur sa Newsletter sont tous ciblés vers la publicité pour la vente de ses produits : abats désséchés, “meat sticks” de viande de pâturage, etc.
➡ Les extraits de l’ouvrage traduits et commentés sur ce site sont partagés en conformité avec le principe du fair useN467 aux USA : utilisation non-commerciale à caractère pédagogique sans préjudice sur les ventes de l’ouvrage.
⇪ ▷ Liens
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Article créé le 1/05/2021 - modifié le 3/12/2024 à 11h20
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