Avant-propos

Ma démarche

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En lisant ces pages, vous cher­chez peut-être un anti­dote à des choix insa­tis­fai­sants en matière de soin du corps, hygiène de vie, ou « philo­so­phie de l’exis­tence »… Au fil du texte, vous rencon­tre­rez un large éven­tail de liens vers des articles de synthèse ou des recommandations.

Ce serait toute­fois une erreur d’en attendre des recettes à collec­tion­ner pour aller mieux. Du style : « Vous dormez mal ? Prenez du magné­sium ! » avec un lien vers un service de vente en ligne… Ce que proposent, ad nauseam, de nombreux sites « de santé ». Or je n’ai rien à vendre !

Je suis de ceux qui déplorent l’en­va­his­se­ment d’un discours New-AgeN1 hostile à la méde­cine scien­ti­fique, bien que porteur d’un consu­mé­risme de thérapies.

Cette obses­sion du bien-être est nour­rie par la crainte du vieillis­se­ment et de la mala­die, para­doxa­le­ment asso­ciée chez beau­coup à une hygiène de vie approximative.

Quel que soit votre problème — ou celui de vos proches — une inter­ven­tion ponc­tuelle a de fortes chances de se réduire à son effet placeboN2. Au début, tout va mieux, le remède semble tenir ses promesses, et cela peut durer des jours ou des semaines. Puis il perd son effi­ca­cité et on passe à autre chose…

Sommaire

Feuille de route

Health Tools400

Il existe, bien entendu, des médi­ca­ments et inter­ven­tions peu effi­caces. J’en distingue trois caté­go­ries en ordre crois­sant d’uti­lité. La première : les arnaques, qui sont légion. La seconde, des pratiques qui permettent une amélio­ra­tion tempo­raire, par exemple un régime amai­gris­santN3 suivi d’une rechute — l’effet « yo-yo »N4. La troi­sième caté­go­rie, et la plus inté­res­sante à mes yeux, est celle d’in­ter­ven­tions qui ne s’avèrent effi­caces qu’une fois inté­grées à nos condi­tions d’exis­tence.

➡ En clair, ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier…

Exemples :

  • Consommer « assez » de viande pour couvrir ses besoins en fer hémi­nique (voir N5) et en protéines offre peu d’in­té­rêt si l’on néglige d’in­clure aux repas suffi­sam­ment de vita­mine C permet­tant l’ab­sorp­tion du fer (voir l’étudeN6), ou encore si des facteurs anti­nu­tri­tion­nels empêchent l’as­si­mi­la­tion des protéines (voir l’étudeN7).
  • Se dépen­ser en jogging ou à bicy­clette le dimanche matin ne sert pas à grand chose si l’ef­fort est récom­pensé par des sucre­ries ou un festin fami­lial… L’entraînement peut d’ailleurs s’avé­rer dange­reux s’il se pola­rise sur la perfor­mance — voir mon article Overdose d’exercice ➜ danger.
  • Modifier son régime alimentaire ne produit pas d’ef­fet durable sur la santé, à moins d’in­ter­ve­nir simul­ta­né­ment sur la boisson, l’exercice physique, la restriction calorique, le sommeil, le stress… et j’en oublie certainement.

➡ Les textes de couleur orange sont des liens vers les articles de ce site.

Après quelques années de lecture et de mise à l’es­sai de multiples recom­man­da­tions, j’en suis venu à consti­tuer une liste mini­male d’amé­lio­ra­tions de l’hy­giène de vie, une feuille de route que chacun peut adap­ter à son âge et à sa condi­tion physique :

  1. Nutrition, hydratation, protéines, glucides et lipides, compléments alimentaires etc.
  2. Exercice physique d'endurance
  3. Entraînement fractionné de haute intensité et entraînement musculaire MAF
  4. Gymnastique involontaire
  5. Demi-jeûne fractionné
  6. Sommeil
  7. Position assise et debout etc.

La rédac­tion de ce site est un travail docu­men­taire person­nel, donc certai­ne­ment pas une « exper­tise scien­ti­fique » : « Il n’y a de vérité scien­ti­fique que comme visée collec­tive, jamais comme dévoi­le­ment indi­vi­duel d’une vérité préexis­tante » (Andreotti B & C Noûs, 2020N8).

Je tiens à rappe­ler que ces pratiques ne peuvent pas se substi­tuer à un trai­te­ment médi­cal, bien qu’elles puissent contri­buer à l’ef­fi­ca­cité du soin ou la conso­li­da­tion d’une guéri­son. Seuls des profes­sion­nels de santé peuvent vous guider en présence de patho­lo­gie. Je n’ai aucune compé­tence, ni voca­tion, à donner un avis sur un trai­te­ment.

➡ Les lecteurs sont invi­tés à commen­ter, complé­ter ou contre­dire mes écrits en préci­sant leurs sources documentaires.

Les sources

Source : synthèse sur DALL‑E

Le site LeBonheurEstPossible.org est la partie visible d’un travail de veille scien­ti­fique qui occupe la majeure partie de mon temps depuis avril 2014. Il fait l’ob­jet de mises à jour quasi quoti­diennes. La collecte de données vise en prio­rité les publi­ca­tions de biomé­de­cineN9 porteuses de propo­si­tions que l’on peut mettre en pratique dans sa vie personnelle.

Certaines et certains pour­ront s’éton­ner que de nombreux sujets qui « font le buzz » ne soient pas abor­dés : j’ai choisi de me limi­ter à ceux issus de publi­ca­tions dans la presse scien­ti­fique, ou pour le moins qui font état d’une expé­rience clinique digne d’in­té­rêt. Autrement dit, un éven­tail un peu plus large que celui de la méde­cine fondée sur les preuvesN10 en prenant soin de préci­ser que telle ou telle propo­si­tion n’a pas encore été « vali­dée » (ou ne peut pas l’être) par des études cliniques.

La page Liens vers d'autres sites permet d’élar­gir la recherche dans le web fran­co­phone et anglo­phone. Je ne garan­tis pas la véra­cité des conte­nus de ces sites, mais j’es­saie pour le moins d’évi­ter ceux à voca­tion commerciale.

De nombreuses réfé­rences complètent mes articles pour invi­ter les inter­nautes à une lecture critique. Je veille toute­fois à ce que l’on puisse lire tous les articles « en diago­nale », quitte à reve­nir plus tard sur les liens.

Wikipedia

Les termes tech­niques sont expli­ci­tés, chaque fois que possible, par des liens vers l’en­cy­clo­pé­die coopé­ra­tive WikipediaN11.

Parmi toutes les ressources « grand public » dispo­nibles sur Internet, Wikipedia se reven­dique la plus proche d’un idéal de neutra­lité. Effectivement, comme le déplore Oscar Schwartz (2019N12), Facebook est devenu un réser­voir de désin­for­ma­tion virale, Twitter un espace de défou­le­ment, et YouTube le terrain de jeu des trollsN13 et de leurs théo­ries de conspiration…

De manière para­doxale, la neutra­lité (et la perti­nence) d’une page de Wikipedia pour­rait augmen­ter lorsque ses éditeurs appar­tiennent à des camps oppo­sés. En pratique, cette neutra­lité est suppo­sée être atteinte, non par un renon­ce­ment des « perdants » à leurs convic­tions, mais par des règles d’édi­tion qui obligent les éditeurs à adop­ter un langage respec­tueux et « distan­cié » — c’est une ency­clo­pé­die — tout en citant des sources véri­fiables. À propos de l’étude de Feng Shi et al. (2019N14), Oscar Schwartz écritN12 :

Ils ont constaté que lors­qu’une commu­nauté d’édi­tion est pola­ri­sée poli­ti­que­ment, la profon­deur et la préci­sion de l’in­for­ma­tion s’amé­liorent consi­dé­ra­ble­ment, et inver­se­ment, à mesure que les commu­nau­tés de travail deviennent idéo­lo­gi­que­ment homo­gènes, la qualité de la page se dété­riore de manière spectaculaire.

Ces obser­va­tions sur le trai­te­ment de l’in­for­ma­tion poli­tique s’ap­pliquent à l’in­for­ma­tion médi­cale, sujette elle aussi à des contro­verses et à de la mani­pu­la­tion d’opi­nions, sans oublier la fraude scien­ti­fique. Toutefois, les articles en fran­çais sont de bien moindre qualité que ceux en anglais parce que leurs rédac­teurs s’ef­forcent de gommer toute contra­dic­tion pour parve­nir à « la vérité » — qu’ils croient irré­fu­table car « conforme à la Science ». Selon eux, celle-ci devrait émer­ger d’un consen­sus plutôt que d’un examen critique obéis­sant aux règles de bonne pratique édito­riale. Ainsi, faute de discus­sion, les pages finissent par affi­cher l’opinion majo­ri­taire sur un sujet ; or une opinion n’est pas un fait scientifique…

Une ânerie repro­duite des centaines de fois dans des « sources secon­daires » ne devient pas une vérité ! Sauf peut-être pour la secré­taire perpé­tuelle de l’Académie des sciences, en France, décla­rant à la radio (le 24 avril 2020) que cette auguste insti­tu­tion avait pour objec­tif de rappe­ler des « véri­tés scien­ti­fiques irré­fu­tables » ! La nature même d’un fait scien­ti­fique, en « sciences dures », est qu’on puisse le mettre à l’épreuve de la réfu­ta­tionN15. Une propo­si­tion irré­fu­table ne saurait exis­ter que dans les cadres de la méta­phy­sique, de la reli­gion ou d’une idéo­lo­gie. Mais ce scien­tisme de café du commerce est dans l’air du temps…

Selon Justin Knapp, un contri­bu­teur — bien entendu « mâle et blanc » — très proli­fique de l’en­cy­clo­pé­die, la « bureau­cra­tie robuste » de Wikipedia serait indis­pen­sable pour « culti­ver un espace de désac­cords signi­fiants »N12 :

En raison de leur mission parta­gée [de créer une ency­clo­pé­die], les rédac­teurs de Wikipedia se situent géné­ra­le­ment à un niveau de surplom­be­ment de leur propre système de valeurs. Et les valeurs [à ce niveau] prévalent géné­ra­le­ment sur tout désac­cord sur une ques­tion particulière.

Cette vision idéa­liste n’est pas parta­gée par certains grands noms de Wikipedia, entre autres son co-fondateur Larry SangerN16 qui estime que l’en­cy­clo­pé­die s’est trans­for­mée en champ de bataille de groupes œuvrant à la pour­suite d’agen­das incom­pa­tibles. Toute tenta­tive d’ins­crire un point de vue dissi­dent sur une page contrô­lée par ces groupes donne lieu à une révo­ca­tion. Larry Sanger a écrit (le 14 juillet 2021N17) : « Si une seule version des faits est auto­ri­sée, cela donne une énorme possi­bi­lité aux personnes riches et puis­santes de prendre le contrôle de choses comme Wikipedia afin de renfor­cer leur pouvoir ». Se décri­vant lui-même comme un « conser­va­teur liber­taire », il a rejoint un autre projet d’en­cy­clo­pé­die (EveripediaN18) utili­sant la tech­no­lo­gie block­chainN19 pour assu­rer dans la trans­pa­rence la prise de déci­sion décen­tra­li­sée de modi­fi­ca­tions à partir de votes de « porteurs de jetons ».

La critique de Sanger rejoint celle d’in­tel­lec­tuels qui déplorent que le consen­sus faisant office de « preuve », sur Wikipedia, réclame néces­sai­re­ment l’ap­pui d’une auto­rité (orga­nisme de recherche, publi­ca­tion, personne célèbre…) basée en Occident. Par exemple, l’af­fir­ma­tion de Stephen Hawking selon laquelle une « singu­la­rité » proche du Big Bang échap­pe­rait aux « lois » de la physique et serait donc l’ins­tant de la « créa­tion divine » ne soulève aucune protes­ta­tion, en dépit de son carac­tère reli­gieux qui légi­time un récit créationniste…

Même problème avec les récits mythiques de person­nages comme Euclide, Pythagore, etc., arti­sans d’une science mise au crédit des « anciens Grecs », malgré l’ab­sence de preuve et l’exis­tence de tradi­tions bien anté­rieures en mathé­ma­tiques — par exemple les méthodes de calcul en prove­nance de l’Inde. Pour plus d’in­for­ma­tion, voir les ouvrages de mon collègue C.K. Raju, tels que Is Science Western in Origin ? dont j’ai effec­tué la traduc­tion (Raju 2022N20). Raju écrit dans California, Indian Calculus and the Technology Race (2021, à paraître) :

[…] exac­te­ment la posi­tion de Wikipedia, la vérité de l’his­toire occi­den­tale doit être déci­dée, non pas sur la base de sources primaires, mais seule­ment en réfé­rence aux croyances (ou à la foi) en une « source fiable », et comme chacun le sait (!) seules les sources blanches/occidentales sont fiables !

Une diffé­rence radi­cale entre les pages de mon site et celles de Wikipedia est donc la cita­tion de sources primaires, par exemple un article sur le site d’une revue scien­ti­fique à comité de lectureN21, là où Wikipedia n’ac­cepte que des sources secon­daires, par exemple ce que tel jour­nal ou tel ouvrage dit du même article (WikipediaN22) :

La présence d’une infor­ma­tion dans une source secon­daire donne un certain degré d’ob­jec­ti­vité et de neutra­lité aux choix des infor­ma­tions rete­nues dans un article, car cette sélec­tion a été faite par des tiers, et non par les wikipédiens.

Le problème est que ces sources secon­daires reflètent, au mieux, le consen­sus sur une ques­tion contro­ver­sée, les sources diver­gentes étant déli­bé­ré­ment écar­tées — aujourd’­hui étique­tées « complo­tistes ». Wikipedia apporte plus d’im­por­tance à la « perti­nence » qu’à la fiabi­lité d’une source. Par exemple, une infor­ma­tion publiée au Journal Officiel fran­çais ne peut être citée que par l’in­ter­mé­diaire de sources secondaires ! 🙁

Le monde des médias conven­tion­nels et des réseaux sociaux est devenu le terrain de jeu d’ex­perts qui ont réponse à tout, au détri­ment des scien­ti­fiques qui savent poser des ques­tions. Experts qui s’ar­rogent le droit de parler « au nom de la Science » ! La situa­tion risque d’empirer avec la popu­la­ri­sa­tion de robots conver­sa­tion­nels comme ChatGPTN23 ou GoogleBardN24, entraî­nés à la resti­tu­tion de théo­ries, croyances et expli­ca­tions majo­ri­taires : reflets de ce consen­sus tyran­nique des sources secon­daires, supposé satis­faire toutes les requêtes, encensé par Wikipedia…

La bataille fait rage dans le domaine des méde­cines « non conven­tion­nelles », car des moteurs de recherche (comme Google) ou des héber­geurs de conte­nus (comme Pinterest) modi­fient leurs algo­rithmes pour masquer des conte­nus quali­fiés de « désin­for­ma­tion » par des agences d’éva­lua­tion. Ces agences signalent tout désac­cord avec les infor­ma­tions four­nies par les orga­nismes offi­ciels ou les socié­tés (dites) savantes. Leurs détrac­teurs les accusent de compli­cité avec les indus­triels de la phar­ma­cie ou de l’agro-alimentaire. Dans le camp d’en face, on dénonce les conflits d’in­té­rêt entre auteurs « déviants » et une indus­trie qui tient le marché de « produits natu­rels » ou de « trai­te­ments alternatifs ».

Théâtre de nombreuses confron­ta­tions et contro­verses, la page Wikipedia en fran­çais dédiée à Gilles-Éric SéraliniN25 et son onglet de discus­sion (quoi qu’on en pense) illus­trent bien ce dilemme et l’im­pos­si­bi­lité d’en four­nir un compte-rendu neutre et « distancié ».

Page Wikipedia Michel de Lorgeril
captée le 14 décembre 2021 (N26)

Autre exemple cari­ca­tu­ral de rédac­tion de pages biogra­phiques par des personnes incultes qui ne prennent pas la peine d’étu­dier les objets qu’ils décrivent : la biogra­phie de Michel de LorgerilN26 où l’on apprend qu’il affirme[rait] que les statines sont inutiles dans le trai­te­ment de l’hy­per­cho­les­té­ro­lé­mie. Interprétation d’une inson­dable idio­tie : personne n’a jamais contesté que les statines font « bais­ser le choles­té­rol » ; c’est unique­ment la preuve d’une rela­tion causale entre le niveau de choles­té­rol et le risque d’ac­ci­dent cardio­vas­cu­laire qui est discu­tée dans les ouvrages de ce cher­cheur — voir mon article Pourquoi diminuer le cholestérol ? et une version de la page anté­rieure à cette mani­pu­la­tion (Wikipedia avant 2017N27).

Un admi­nis­tra­teur commente sur l’on­glet « discussion » :

Le problème est surtout que nous ne sommes pas là pour recher­cher la Vérité mais pour retrans­crire les articles de presse jugés fiables car prove­nant de sources fiables. Que vous ne soyez pas en accord avec le contenu de ces articles n’y chan­gera donc rien, puisque WP est un simple miroir – synthé­tique – de ces sources de référence.

Les anglo­phones peuvent consul­ter l’on­glet « discus­sion » (talk) de la page consa­crée à Dr John Campbell (suivre ce lien). Ici aussi, les mani­pu­la­teurs se limitent à un petit nombre de crétins dissi­mu­lés derrière leurs pseudonymes.

Wikipedia est en défi­ni­tive la pire source d’in­for­ma­tions sur des person­na­li­tés ou des ouvrages qui vont à l’en­contre d’idées reçues, de par sa dépen­dance exclu­sive de sources secon­daires, à savoir les opinions parta­gées par des articles — voire de simples coupures de presse — produites ou copiées par des gens qui pour la plupart n’ont pas lu les travaux qui en sont à l’origine !

Le plus affli­geant est que les recti­fi­ca­tions suggé­rées dans l’on­glet « discus­sion » sont à leur tour réfu­tées à partir de « sources secon­daires » aussi ridi­cu­le­ment désin­for­mées — allant jusqu’à citer comme « sources indé­pen­dantes » des entre­prises de fact checking comme la sulfu­reuse « Fact & Furious »

Il est donc inutile de s’achar­ner à corri­ger de telles inep­ties. Le mauvais usage de Wikipedia, aujourd’­hui, est en droite ligne de cet effon­dre­ment du profes­sion­na­lisme scien­ti­fique, médi­cal et média­tique, déploré par Michel de Lorgeril (2022N28), qui a atteint son paroxysme pendant la crise sani­taire de CoVID-19.

Pour éviter de repro­duire sur ce site les biais induits (souvent à mon insu) sur les sujets sensibles, je restreins donc, autant que possible, les liens aux pages Wikipedia conçues pour faci­li­ter la compré­hen­sion d’un terme médi­cal, cultu­rel ou tech­nique, qui à première vue ne fait l’ob­jet d’au­cune contro­verse. Malgré les réserves expri­mées, j’ai dès le début soutenu — même finan­ciè­re­ment, par naïveté — ce projet d’en­cy­clo­pé­die coopé­ra­tive dans ses versions anglaise et française… 

Les archives ouvertes

Source : CC BY-SA 4.0

Les publi­ca­tions scien­ti­fiques (en texte inté­gral) peuvent en prin­cipe être télé­char­gées à partir du site de l’or­ga­nisme qui en a assuré la publi­ca­tion. Un lien vers ce télé­char­ge­ment est dans ce cas publié dans des réper­toires comme PubMedN29 pour ce qui concerne la méde­cine et la biolo­gie. Ces liens sont à présent rendus pérennes grâce à l’uti­li­sa­tion d’iden­ti­fiants pérennes (persistent iden­ti­fiers, PIDN30) qui permettent au lien de rester valide si le docu­ment a changé de place. Un autre serveur d’iden­ti­fiants pérennes a été implé­menté sur ce site (voir explications techniques).

Il peut être coûteux d’ac­cé­der aux télé­char­ge­ments si l’on n’y accède pas depuis un site insti­tu­tion­nel béné­fi­ciant d’un abon­ne­ment forfai­taire aux jour­naux concer­nés. En effet, la plupart font payer chaque télé­char­ge­ment — quelques dizaines d’eu­ros — de sorte que le partage des données de recherche n’est pas une opéra­tion ouverte (à tous les citoyens). Ce problème d’éthique de la recherche a fait l’ob­jet de longues négo­cia­tions entre les commu­nau­tés de cher­cheurs, les maisons d’édi­tion et les pouvoirs publics.

C’est dans ce cadre qu’ont été créés des sites d’ar­chives ouvertes dont le plus connu en France est le site d’ar­chive ouverte pluri­dis­ci­pli­naire « HAL ». Les dépôts sur HAL sont effec­tués par les auteurs de l’ar­ticle, et le dépôt du texte inté­gral — PDF gratui­te­ment télé­char­geable — n’est qu’en option. Pour cette raison, de nombreux dépôts se limitent aux notices biblio­gra­phiques, ce qui permet au mieux un cata­lo­gage de produc­tions scien­ti­fiques. J’ai fait partie des archi­vistes qui militent pour un dépôt inté­gral des publi­ca­tions, et donc pour la gratuité des partages de données, quel que soit le statut du requé­rant (Ha-Duong M & E Daphy, 2010N31).

Entretemps, d’autres systèmes d’ar­chives ouvertes ont été mis en place par des entre­prises privées, qui tirent profit d’abon­ne­ments premium permet­tant un suivi plus détaillé des consul­ta­tions ; c’est le cas d’Academia et de ResearchGate. Pour un auteur inscrit (c’est mon cas), ces plate­formes « mois­sonnent » d’autres archives ou cata­logues en créant auto­ma­ti­que­ment des notices. L’auteur est ensuite contacté pour auto­ri­ser le dépôt du texte inté­gral — par exemple dispo­nible sur HAL. Les auteurs asso­ciés à un même article, ou cités dans un article, sont aussi contac­tés pour vali­der la cita­tion ou l’as­so­cia­tion. Ces dispo­si­tifs favo­risent consi­dé­ra­ble­ment la circu­la­tion des publi­ca­tions scien­ti­fiques et les échanges entre auteurs. L’inconvénient est que des articles non publiés peuvent être dépo­sés sur ces plate­formes, ce qui exclut toute garan­tie de vali­da­tion par des relecteurs.

Autres sources

Quelques sites de litté­ra­ture « para­scien­ti­fique » rédi­gés par des prati­ciens de santé ou des cher­cheurs anglo­phones — Lucie MailingN32, Denise MingerN33, Bill LagakosN34 etc. — ou fran­co­phones tels que Jérémy AnsoN35, contiennent des liens vers des sources fiables (jour­naux à comité de lectureN21) et sont riches en commen­taires. Ils me servent de points d’en­trée vers les publi­ca­tions scien­ti­fiques. Ces auteurs s’af­frontent parfois dans des contro­verses étayées de réfé­rences précises. Des profes­sion­nels de santé, des entraî­neurs spor­tifs et autres « routards de la vie saine » contri­buent aux commen­taires, dont la somme peut dépas­ser la taille de l’ar­ticle. Autant de pistes nouvelles…

Par contre, de nombreux sites de « santé natu­relle », en fran­çais ou en anglais, n’existent que pour promou­voir la vente de produits mira­cu­leux, avec souvent des annonces de « condi­tions excep­tion­nelles » selon un modèle bien rôdé aux USA — voir mon article “Health coaching” : business models en roue libre…

Sans néces­sai­re­ment parta­ger ses opinions poli­tiques, j’adhère plei­ne­ment à la thèse d’Anne-Sophie Chazaud (2020N37) selon laquelle la mission du pouvoir poli­tique est de dire le droit et de défendre la liberté d’ex­pres­sion exer­cée sous la forme de débats contra­dic­toires, indis­pen­sables à une démarche citoyenne ou scien­ti­fique. La vérité est du ressort de la science, pas de la politique…

Vigilance et esprit critique

confusion

La lecture d’une page en ligne me prend parfois plusieurs jours pour consul­ter les sources et suivre les commen­taires qui renvoient à d’autres sites ou à des articles de synthèse.

➡ Différence avec les sites fran­co­phones souvent commen­tés de manière super­fi­cielle, quand ils ne sont pas colo­ni­sés par des trolls…

Je consulte fréquem­ment les avis contraires sur des sites comme skep​dic​.comN38, ratio​nal​wiki​.orgN39, scien​ce​ba​sed​me​di​cine​.orgN40, ou en tapant un nom ou un mot clé avec ‘debun­ked’, ‘quack’ ou ‘hoax’ comme requête d’un moteur de recherche.

Ici aussi avec prudence, car un scep­ti­cisme de façade semble être le fonds de commerce de certains auteurs. Les uns font preuve d’un confor­misme naïf drapé dans une rhéto­rique de « socio­lo­gie pour les nuls » — exemple typique d’un site anonyme : N41.

D’autres n’existent que pour leur seule acti­vité de quack busting (chasse aux char­la­tans). Une critique de leurs postures a été clai­re­ment expo­sée dans l’ar­ticle Contre l’im­pos­ture et le pseudo-rationalisme (Andreotti B & C Noûs, 2020N8). Lire aussi une série d’ar­ticles consa­crés à une critique des fonde­ments de la zété­tiqueN42, une pratique qui s’af­fiche comme exem­plaire de scep­ti­cisme métho­do­lo­gique (Enthalpiste, 2023N43) :

[…] la zété­tique prétend se fonder sur la recherche et la pratique scien­ti­fique, mais ne fait qu’en singer l’apparence et en récla­mer le pres­tige. Elle n’est qu’un appel à quelques notions de « bon sens » avec un vernis de pseudo-protocoles de recherche alors qu’elle ne se fonde sur rien, et ne rentre dans aucun des critères de carac­té­ri­sa­tions de la recherche acadé­mique. Des aspects qui sont indé­nia­ble­ment propres aux pratiques pseudoscientifiques.

À titre d’exemple de réponse à une mani­pu­la­tion poli­tique, on peut vision­ner l’ex­posé du statis­ti­cien Pierre Chaillot (5 mars 2023N44) répon­dant aux fact checkers (sic) de Conspiracy Watch qui ont tout essayé pour discré­di­ter son ouvrage (2023N45) — sauf d’en exami­ner et criti­quer le contenu !

J’évite aussi de relayer les « révé­la­tions » de personnes qui font étalage de leurs diplômes univer­si­taires, et paraissent de bonne foi, sauf qu’elles ignorent tout des tech­niques numé­riques de recherche docu­men­taire qui leur permet­traient d’étayer leurs propos. Par exemple la recherche dans l’Archive InternetN46 des modi­fi­ca­tions du contenu d’un site… Grisées par un biais de confir­ma­tionN47, elles relaient sans véri­fi­ca­tion tout ce qui va dans leur sens de leurs convictions.

Comme l’ex­plique Marc Girard, « il s’agit d’esquisser une juste voie entre la confiance aveugle d’une part et la défiance systé­ma­tique d’autre part » (Girard M, 2011N48 pièce jointe Pourfendeurs de “hoax” page 4).

Mon but n’est pas de convaincre mais d’in­for­mer. Cela, dans les limites de mes compé­tences et des infor­ma­tions auxquelles j’ai pu avoir accès. N’ayant rien à vendre ni répu­ta­tion à défendre, j’ex­plore tout sujet qui a des impli­ca­tions pratiques sur notre santé et notre style de vie. S’il relève de débats d’ex­perts, je commence par l’abor­der via des articles invités. Mais si je ressens la néces­sité de m’y inves­tir, il fait l’ob­jet d’un travail docu­men­taire de longue haleine, avec d’in­ces­santes correc­tions d’erreurs.

Ultime précau­tion : pour tout ouvrage proposé sur une plate­forme de vente en ligne, je consulte en premier les avis les plus défa­vo­rables — par exemple une seule étoile chez Amazon​.com. Et surtout, contrairement aux wikipédiens, je n’en publie aucun commen­taire avant de l’avoir lu !

Illustration des dispa­ri­tés entre « résumé », « intro­duc­tion » et « résul­tats » d’une publi­ca­tion scientifique

En remon­tant à la source de l’in­for­ma­tion, par exemple le texte inté­gral d’un article de jour­nal scien­ti­fique, on peut en corri­ger une descrip­tion incom­plète, voire erro­née, qui était celle d’au­teurs insuf­fi­sam­ment atten­tifs à la rédac­tion de leur résumé. Ces contre­sens sont repro­duits à l’iden­tique sur une multi­tude de sites. Plus grave pour nous, les cita­tions sont souvent traduites en fran­çais sans aucune mention des sources ! 🙁

La diffé­rence entre le contenu d’un article et les conclu­sions appa­rais­sant dans son résumé ou son titre incite le lecteur peu averti à accor­der de l’im­por­tance à un résul­tat non signi­fi­ca­tif. Les auteurs ont réalisé un “spin” pour trom­per leur vigi­lance. En 2019, des spins ont été déce­lés dans plus de la moitié de 116 articles publiés en psychia­trie (Maisonneuve H, 2019N49).

L’effondrement du profes­sion­na­lisme scien­ti­fique n’est pas un phéno­mène récent, bien qu’il ait été dénoncé avec plus de véhé­mence depuis la « crise sani­taire » asso­ciée à la pandé­mie CoVID. Un thème plus ancien, porteur d’en­jeux à long terme pour la santé et (peut-être) la survie de l’es­pèce humaine, est celui de la « crise clima­tique ». Sa média­ti­sa­tion abusive m’a convaincu d’ou­vrir ce dossier — voir mon article Discours sur le climat.

De l’erreur involontaire à la fraude

« Suivez la science » est l’énoncé le plus anti­scien­ti­fique qui soit.
Le prin­cipe scien­ti­fique est de poser des ques­tions.

Source : Dave Smith @dss66

Certaines études scien­ti­fiques font l’ob­jet de rétrac­ta­tions suite à la décou­verte d’in­co­hé­rences, voire de fraudesN50 qui avaient échappé aux relec­teurs. Un édito­rial du rédac­teur en chef du pres­ti­gieux jour­nal The Lancet affir­mait en 2015 que près de la moitié des études biomé­di­cales seraient fausses (Verschoore V, 2015N51). Il s’agit surtout de biais métho­do­lo­giques qu’Alexis Clapin a décrits dans son excellent ouvrage Enquêtes médi­cales & évalua­tion des médi­ca­ments : de l’er­reur invo­lon­taire à l’art de la fraude (2018N52).

H Edmund Pigott et al. ont par exemple refait les calculs de l’étude Sequenced Treatment Alternatives to Relieve Depression (STAR*D) (NIMH, 2006N53) qui mesu­rait les effets de 14 trai­te­ments anti­dé­pres­seurs. Ils ont montré que le proto­cole annoncé n’avait pas été suivi scru­pu­leu­se­ment. Selon les inves­ti­ga­teurs de STAR*D, près de 70 % des patients trai­tés n’au­raient plus de symp­tômes. Ce résul­tat est impor­tant, compte tenu de l’énorme publi­cité accor­dée à STAR*D pour justi­fier la pres­crip­tion de médi­ca­ments anti­dé­pres­seurs. La réalité est bien diffé­rente (Pigott HE et al., 2022N54) :

Les cher­cheurs de STAR*D n’ont pas utilisé le HRSD [Hamilton Rating Scale for Depression] prévu par le proto­cole pour rappor­ter les taux cumu­lés de rémis­sion et de réponse dans leur article de synthèse, et ont plutôt utilisé une évalua­tion clinique non aveugle. Cela a gonflé leur rapport sur les résul­tats, tout comme l’in­clu­sion de 99 patients qui avaient atteint un score posi­tif de rémis­sion selon le HRSD au début de l’étude, ainsi que 125 qui ont atteint un score posi­tif de rémis­sion selon le HRSD lors­qu’ils ont commencé leur trai­te­ment de niveau suivant. Ces patients auraient dû être exclus de l’ana­lyse des données. Contrairement au taux de rémis­sion cumu­la­tif de 67 % rapporté par STAR*D après un maxi­mum de quatre essais de trai­te­ment anti­dé­pres­seur, le taux était de 35.0 % lorsque l’on utili­sait le HRSD stipulé dans le proto­cole et les critères d’in­clu­sion dans l’ana­lyse des données.

Ed Pigott et al. ont mené cette étude critique à partir des données de l’es­sai STAR*D, gardées secrètes par le NIMH, mais rendues publiques par leur requête de Freedom of Information Act. Un autre résul­tat signi­fi­ca­tif est que seuls 3 % des 4041 parti­ci­pants à cet essai, qui étaient « entrés en rémis­sion », l’étaient encore à la fin de leur suivi d’un an, contrai­re­ment aux 70 % annon­cés par le direc­teur du National Institute of Mental Health (NIMH) en 2009.

Il arrive que les éditeurs mènent une enquête sur la base de soup­çons de liens d’in­té­rêt des auteurs d’une publi­ca­tion. C’est le cas de Sage Journals qui a rétracté trois études sur l’avor­te­ment — dont deux citées par un juge fédé­ral dans une affaire contre la pilule abor­tive mifé­pris­tone (RU-486) — après qu’une enquête a révélé des failles métho­do­lo­giques et des conclu­sions trom­peuses (Robertson R, 2024N55) :

Sage a confirmé que tous les auteurs de l’ar­ticle, sauf un, étaient affi­liés à un ou plusieurs des orga­nismes suivants : Charlotte Lozier Institute, Elliot Institute, American Association of Pro-Life Obstetricians and Gynecologists [AAPLOG], tous des orga­nismes “Pro-Life”, bien qu’ils aient déclaré n’avoir aucun conflit d’in­té­rêts lors­qu’ils ont soumis l’ar­ticle pour publi­ca­tion ni dans l’ar­ticle lui-même.

Le signa­le­ment de fraudes est devenu monnaie courante, car initié de manière trans­pa­rente par les acteurs de la recherche avec l’ins­tal­la­tion du site PubPeerN56. Ce site colla­bo­ra­tif permet aux scien­ti­fiques de faire la distinc­tion entre des fake news et de véri­tables alertes (Forest C, 2018N57). Il est bien entendu criti­qué par celles/ceux qui se perçoivent comme « victimes » poten­tielles de ce qui est (abusi­ve­ment) dési­gné comme de la « déla­tion ». Un lecteur commente (Chevassus-au-Louis N, 2018N58) :

Et pour­quoi les cher­cheurs auraient-ils peur de se faire « épin­gler » sur des sites tels que ‘PubPeer’ ou ‘For Better Science’ lorsque le travail a été fait en toute bonne foi et selon les règles déon­to­lo­giques ? Bien entendu l’erreur peut se glis­ser, dans les publi­ca­tions scien­ti­fiques comme ailleurs, malgré les filtres impo­sés par les revues spécia­li­sées. Mais une erreur, tout comme une mauvaise inter­pré­ta­tion de données, cela ce corrige !

Certains lanceurs d’alertes inter­viennent ouver­te­ment, comme Prof. Vicky Vance dans la très média­ti­sée « affaire Voinnet », tandis que la plupart se protègent sous l’ano­ny­mat afin d’évi­ter toute réper­cus­sion sur leur carrière, sachant que leurs orga­nismes de tutelle ont tendance à impo­ser une loi du silence (Schneider L, 2018N59). Voir par exemple une lettre ouverte adres­sée à la direc­tion du CNRS par un collec­tif de lanceurs d’alerte (Bishop D et al., 2023N60) et les échanges de cour­riers qui ont suivi… La France est le théâtre de pratiques frau­du­leuses d’au­tant plus scan­da­leuses que leurs auteurs échappent à toute inves­ti­ga­tion des tutelles — voir par exemple l’ar­ticle Lille Papermille (Schneider L, 2023N61).

➡ Je ne sais s’il vaut mieux rire ou pleu­rer en écou­tant de brillants expo­sés sur l’éthique scien­ti­fique par des orateurs ou des “fact checkers” qui paraissent vivre dans un monde où n’exis­te­raient ni fraude scien­ti­fique ni conflits d’intérêt !

Un exposé compré­hen­sible sur les méthodes de mani­pu­la­tion de données a été publié par Milton Packer — voir la version fran­çaise dans l’ar­ticle Comment détecter une manipulation de données ?

Le proces­sus de rétrac­ta­tion de publi­ca­tions est docu­menté entre autres par Retraction WatchN62. Voir par exemple, dans le domaine qui nous inté­resse, une série d’ar­ticlesN63 sur les bien­faits suppo­sés de la curcu­mineN64 qui avaient été cités plusieurs milliers de fois, ou encore la rétrac­ta­tion de publi­ca­tions aux données mani­pu­lées sur les risques des vaccinsN65Retraction Watch est à son tour la cible de critiques (exempleN66) sur son manque de trans­pa­rence, de possibles conflits d’in­té­rêt et l’ab­sence de respon­sa­bi­lité (accoun­ta­bi­lity) envers la commu­nauté scien­ti­fique dont il est supposé signa­ler les dérives.

Dessin de Leonid Schneider. Source : N67

L’augmentation expo­nen­tielle du volume de publi­ca­tions en biomé­de­cine, notam­ment dans des jour­naux scien­ti­fiques en quête de noto­riété, se traduit par un « trop-plein » qui incite les cher­cheurs à privi­lé­gier le facteur d’im­pactN68 devant la qualité scien­ti­fique de leurs produc­tions. Il devient hasar­deux de navi­guer dans un flot d’in­for­ma­tions entre­tenu par la multi­pli­ca­tion des cita­tions. Faute d’ac­cès aux données brutes, et faute de répli­ca­tion des résul­tats, la popu­la­rité d’une théo­rie nouvelle n’est pas un indice fiable de sa perti­nence. Lire à ce sujet Overflow in science and its impli­ca­tions for trust (Siebert S et al., 2015N69).

La fraude scien­ti­fique ne se limite pas à la biomé­de­cine. Elle touche tous les domaines de recherche dans lesquels une décou­verte spec­ta­cu­laire pour­rait résoudre des problèmes vitaux de l’hu­ma­nité : la santé, l’en­vi­ron­ne­ment, la produc­tion d’éner­gie… On peut citer pour exemple des inven­teurs affir­mant maîtri­ser la Fusion froideN70 pour produire de l’éner­gie à très bas coût. Les anglo­phones peuvent lire la saga de ces décou­vertes (Clyde S, 2020N71 ; Bryce I, 2019N72) dont les auteurs ont réussi à berner, non seule­ment le grand public et des jour­na­listes scien­ti­fiques, mais jusqu’à des lauréats de Prix Nobel !

La pres­sion exer­cée sur les cher­cheurs et leurs équipes par les déci­deurs char­gés de répar­tir une manne finan­cière toujours plus réduite (dans le secteur public) est à l’ori­gine d’une pratique en rupture avec l’éthique scien­ti­fique : la publi­ca­tion dans des jour­naux « préda­teurs » qui acceptent contre paie­ment à peu près n’im­porte quel article sans préju­ger de sa valeur scien­ti­fique. Certains jour­naux (réel­le­ment préda­teurs) affichent dans leur « comité scien­ti­fique » les noms de profes­seurs célèbres qui n’ont jamais été solli­ci­tés pour en faire partie… Ils sont asso­ciés à des groupes sans loca­li­sa­tion véri­fiable qui décernent — moyen­nant rému­né­ra­tion — des « prix scien­ti­fiques » aux cher­cheurs en demande de visi­bi­lité, ou orga­nisent des confé­rences préda­trices sur des bateaux de luxe (Schneider L, 2017N73). Une liste noire de jour­naux préda­teurs (Beall’s listN74) avait été rendue publique jusqu’en 2015, reco­piée, modi­fiée ou recons­truite depuis, mais une telle pratique basée sur des critères incom­plets ou contes­tables fait appa­raître comme discri­mi­na­toire tout recours à des listes « noires » ou « blanches » (Teixeiera da Silva J et al., 2022N75). Les dérives de cette approche dépassent le cadre de simples « contro­verses scien­ti­fiques » (Teixeiera da Silva J & SG Kimotho, 2021N76 p. 2) :

Beall a égale­ment fait preuve d’une atti­tude condes­cen­dante, et poten­tiel­le­ment raciste : Lorsqu’il s’agit d’édi­teurs de pays en déve­lop­pe­ment, il déclare : « Ecoutez, lorsque je découvre un nouvel éditeur du Nigeria, j’ad­mets que je suis plus méfiant que je ne le serais si l’édi­teur venait, par exemple, du Vatican. » […]

Sur le site For Better Science, ‘Smut Clyde’ (nom d’emprunt) décrit en détail les pratiques frau­du­leuses d’au­teurs ou éditeurs de jour­naux préda­teurs s’ef­for­çant d’ac­cré­di­ter des thèses margi­nales sur les liens entre vacci­na­tion et mala­dies auto-immunes, la toxi­cité des adju­vants, de nouveaux trai­te­ments « bio-médicaux » de l’au­tisme etc. Ces publi­ca­tions sont par la suite citées en réfé­rence par des groupes de pres­sion ou des mili­tants en panne d’es­prit critique…

Créer une nouvelle « revue scien­ti­fique » est en réalité très facile : il suffit par exemple de remplir le formu­laire de SciEPN77, un service préda­teur lancé en 2012 avec la créa­tion simul­ta­née de 85 « revues » (Schneider L, 2021N78). Selon la Beall’s list, « cette pratique consis­tant à créer un éditeur avec un nombre exces­sif de revues est appe­lée “démar­rage de flotte” »

Les articles publiés dans ces jour­naux préda­teurs peuvent néan­moins être réfé­ren­cés sur PubMedN29 via des pratiques de contour­ne­ment. Schneider cite le cas d’un profes­seur de méde­cine à New York (2021N78) :

Ce qui est bizarre, c’est que les articles de McFarlane (et de sa femme !) publiés dans ces revues préda­trices, prin­ci­pa­le­ment dans l’American Journal of Medical Case Reports, sont tous bien réper­to­riés dans PubMed, ce qu’il obtient en utili­sant une faille acces­sible aux cher­cheurs finan­cés par les NIHN79 [National Institutes of Health aux USA]. Seulement, McFarlane n’est pas vrai­ment financé par les NIH, le profes­seur blanc utilise la subven­tion d’un collègue de la faculté desti­née à la forma­tion à l’an­ti­ra­cisme et au recru­te­ment des mino­ri­tés ! Et il n’y a rien que PubMed puisse ou veuille faire contre cet abus du système.

Des services de rédac­tion auto­ma­tique d’ar­ticles fictifs au contenu très élaboré, avec de fausses iden­ti­tés et/ou affi­lia­tions (incluant des iden­ti­fiants ORCID) existent sous le surnom de moulins à papier (paper mills). Ils ont été créés en réponse à la pres­sion exer­cée par le gouver­ne­ment chinois en matière de publi­ca­tions (Lin S, 2013N80), et prin­ci­pa­le­ment utili­sés par des cher­cheurs en biomé­de­cine en quête de promo­tion, souvent pour vanter les quali­tés de la méde­cine tradi­tion­nelle chinoise, ce qui les met à l’abri de toute suspi­cion de leurs supé­rieurs hiérar­chiques. Ces moulins à papier effec­tuent toutes les démarches de soumis­sion des articles en se faisant passer pour leurs auteurs avec de fausses adresses mail (Schneider L, 2020N81, 2021N82 ; Byrne JA & J Christopher, 2020N83). Il est vrai­sem­blable que des membres de comi­tés édito­riaux (ou des relec­teurs) de jour­naux scien­ti­fiques renom­més ont été corrom­pus pour lais­ser passer de tels articles moyen­nant rémunération.

Dessin de Leonid Schneider (source)

Les moulins à papier peuvent fabri­quer auto­ma­ti­que­ment de faux articles en assem­blant des frag­ments de textes et des images copiés d’autres publi­ca­tions dans le même champ disci­pli­naire. Pour échap­per aux logi­ciels de détec­tion de plagiat, une astuce consiste à passer par la traduc­tion auto­ma­tique dans une quel­conque langue étran­gère puis à reve­nir à la langue d’ori­gine (reverse-translation). On remplace de cette manière des suites de mots courantes par des « expres­sions tortu­rées » de sens iden­tique, comme par exemple « Counterfeit conscious­ness » à la place de « Artificial Intelligence » (Else H, 2021N84).

La détec­tion des fraudes a été accé­lé­rée par la mise à dispo­si­tion de tech­niques d’ana­lyse d’images qui détectent les copies et trans­for­ma­tions simples de frag­ments d’images réali­sées à l’aide de logi­ciels tels que Photoshop™. Cette détec­tion fonc­tionne sur les images « brutes », sans connais­sance préa­lable du domaine scien­ti­fique. Des bases de données peuvent aussi aider à repé­rer les emprunts d’images à d’autres articles. Toutefois, les infor­ma­ti­ciens des moulins à papier déve­loppent de nouvelles tech­niques de trans­for­ma­tion, notam­ment à base d’in­tel­li­gence arti­fi­cielle, pour contour­ner ces systèmes de détection.

Un exposé très clair sur les dérives de pratiques scien­ti­fiques a été publié par Jérémy Anso (2019N85). Je tiens à clari­fier que, si de telles malver­sa­tions méritent d’être mises en exergue, c’est unique­ment pour inci­ter les lecteurs à la vigi­lance : tout ce qui est publié dans une revue à comité de lecture, quelle que soit sa répu­ta­tion, n’est pas obli­ga­toi­re­ment fondé scien­ti­fi­que­ment. (Les fact-checkers qui exercent dans les médias tombent faci­le­ment dans le panneau…)

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Crédit : Ricardo Martinez. Source : N86

Comme dans toute profes­sion, ce sont des phéno­mènes margi­naux, bien que nocifs en raison des conte­nus frau­du­leux véhi­cu­lés et de la défiance envers la science qu’ils entre­tiennent. La propor­tion d’ar­ticles enta­chés de « mécon­duite scien­ti­fique » serait aux envi­rons de 0.3 à 4.9 % (Thiese MS et al., 2017N87) mais elle paraît plus impor­tante dans des domaines très valo­ri­sés, en méde­cine, comme l’on­co­lo­gie, les cellules souches, la lutte anti-vieillissement, et les nano-technologies. La fraude existe à tous les niveaux de compé­tence des cher­cheurs, sans oublier certains Prix Nobel (Schneider L, 2020N88) !

On ne peut pas, pour autant, nour­rir avec de tels argu­ments le discours complo­tiste « on nous cache tout »… Par contre, la réflexion sur les pratiques de recherche et de commu­ni­ca­tion des résul­tats de recherche peut rappe­ler ce prin­cipe fonda­men­tal : La science est un héroïsme collec­tif (La Tronche en Biais, 2020N89).

Un scep­ti­cisme construc­tif (vigi­lan­tism) est donc attendu dans le monde scien­ti­fique et celui plus vaste de la presse de vulga­ri­sa­tion, avec des effets posi­tifs et parfois néga­tifs (Teixeira da Silva JA, 2016N90). Cette vigi­lance serait le seul rempart contre des mouve­ments anti-science qui, selon certains, mettent en péril la démo­cra­tie dans les pays indus­tria­li­sés. Réflexion qui trouve un écho inquié­tant dans l’ac­tua­lité parti­sane. Shawn Lawrence Otto cite (2012N86) :

La plate­forme du Parti Républicain au Texas condamne « l’en­sei­gne­ment de tech­niques de pensée critique et programmes du même ordre … qui ont pour objec­tif de défier les croyances établies des étudiants et de sabo­ter l’au­to­rité parentale ».

Un essai remar­quable sur le scep­ti­cisme construc­tif est l’ar­ticle de Denise Minger qu’elle a construit sur des exemples d’ana­lyse de théo­ries de complot qui circu­laient pendant l’épidémie CoVID-19 : Some thoughts on thin­king criti­cally in times of uncer­tainty, and the trap of lopsi­ded skep­ti­cism (Minger D, 2020N91).

La compi­la­tion et l’ana­lyse d’in­for­ma­tions ne se réduit donc pas à l’empilage d’opi­nions choi­sies en renfor­ce­ment d’idées précon­çues. Elle néces­site un niveau mini­mum de compré­hen­sion des sujets traités.

« Experts » YouTube

Les réseaux sociaux et les blogs ont permis la nais­sance une nouvelle caté­go­rie de scien­ti­fiques que je désigne comme « experts YouTube ». Il s’agit de cher­cheurs qui ont un pedi­gree attesté par leurs publi­ca­tions dans des jour­naux scien­ti­fiques à comité de lecture. Certains occupent même un poste de respon­sa­bi­lité dans un orga­nisme de recherche publique. Mais ils se rendent visibles dans les médias grand public ou dans des ouvrages de vulga­ri­sa­tion en abor­dant des sujets qui n’ont de scien­ti­fique que l’apparence.

On voit ainsi d’an­ciens prix Nobel s’éga­rer dans des pseu­dos­ciencesN92, un syndrome para­doxal dési­gné comme « mala­die du Nobel »N93. Une tren­taine de cas patho­lo­giques ont été signa­lés par leurs pairs, mais dans leur sillage gravitent de nombreux experts YouTube qui occupent l’es­pace média­tique avec des théo­ries fantai­sistes emprun­tant le voca­bu­laire scien­ti­fique — la physique quan­tique se prête parti­cu­liè­re­ment bien à ce type d’en­fu­mage ! Il est diffi­cile, en vision­nant leurs vidéos, de distin­guer ceux qui croient ce qu’ils racontent de ceux qui se jouent de la crédu­lité de leur audi­toire. Quoi qu’il en soit, cette expo­si­tion leur offre une bien plus grande popu­la­rité sur Facebook ou Twitter que les articles sérieux soumis « dans la vraie vie » à des revues scien­ti­fiques dont le lecteur moyen ne compren­drait même pas les titres.

➡ De manière inex­pli­quée, ces « experts YouTube » sont très rare­ment des femmes…

Source : Dr Simon Goddek

Le doute, le regret et la curiosité

Source : N94

Dans son exposé Les pseu­dos­ciences ont-elles gagné sur Internet ? (2018N95), Acermendax (Thomas Durand) expose les biais inhé­rents aux méca­nismes cogni­tifs que nous mettons en œuvre dans un souci de rationalisation :

En résumé, nous commen­çons par croire, et ensuite nous cher­chons des raisons de justi­fier nos croyances. Pour le cher­cheur en psycho­lo­gie Daniel Kahnemann, cela s’explique par l’existence de deux « systèmes » dans notre cerveau [N96]. Le système « 1 » est rapide, toujours à l’affût, il saute sur toutes les anoma­lies ou tous les sché­mas qui offrent de quoi construire une narra­tion. Le système « 2 » est plus lent, coûteux, il analyse, il raisonne.

Mais le système « 2 » est-il lui-même objec­tif ? Peut-on le compa­rer à un scien­ti­fique ration­nel qui évalue prudem­ment la vrai­sem­blance des propo­si­tions ? En réalité, il est souvent au service du système « 1 » comme un avocat au service de son client [N97] : il cherche à vali­der les conclu­sions, à donner de la cohé­rence à ses cogni­tions. Il est un arti­san beso­gneux du biais de confir­ma­tion, et un humain peut être très intel­li­gent, possé­der un système « 2 » extra­or­di­nai­re­ment effi­cace et malgré tout persis­ter dans des croyances fausses, car son intel­li­gence lui four­nit de grandes quan­ti­tés d’arguments donnant un semblant de vali­dité à sa vision du monde. Bon gré mal gré, nous confon­dons « vrai » et « faci­le­ment justi­fiable à l’aide d’arguments qui me viennent à l’esprit ».

[…]

Le remède aux croyances fausses tient dans le bon usage d’un outil simple : l’inhi­bi­tion cogni­tive. Il s’agit tout simple­ment d’un « frein mental ». Il permet de prendre le temps de ques­tion­ner une idée, une infé­rence, une opinion, avant de l’incorporer à notre vision du monde. Pour aller vers plus de ratio­na­lité, nous devons avoir un recours conscient et métho­dique à ce frein, un outil d’autant plus vital que votre bolide est puis­sant : les personnes très intel­li­gentes, si elles ne savent pas frei­ner, peuvent finir par croire des choses complexes, baroques, complè­te­ment fausses, voire dange­reuses, non pas malgré, mais en raison même de leur intelligence.

Dans une émis­sion La Méthode scien­ti­fique (16/5/2019N98), le cher­cheur en psycho­lo­gie Olivier Houdé utilise le terme « système 3 » pour dési­gner l’in­hi­bi­tion cogni­tive, préci­sant que ce système peut être actionné par trois émotions : le doute, le regret et la curio­sité. Je recom­mande vive­ment, à ce sujet, la lecture de l’ou­vrage L’intelligence humaine n’est pas un algo­rithme (Houdé O, 2019N94).

Contre toute attente : le regret ? (source)

Le défi de l’actualisation des pratiques médicales

Source : DALL‑E

Depuis une quin­zaine d’an­nées à l’écoute d’usa­gères et usagers du système de santé fran­çais, je suis convaincu que les pratiques médi­cales ont besoin d’évo­luer pour méri­ter la quali­fi­ca­tion de « méde­cine scien­ti­fique ». Les profes­sion­nels de santé que je croise (et parfois consulte) ne disposent ni du temps ni des compé­tences pour mettre à jour leurs connais­sances en lisant des publi­ca­tions scien­ti­fiques. La plupart se contentent de ce qu’ils ont appris sur les bancs de la faculté. Imaginez un gara­giste qui ne connaî­trait que les véhi­cules du début de sa carrière !

Le Dr Michael Eades raconte que, lors­qu’il démar­rait ses études de méde­cine (aux USA), le profes­seur respon­sable de la forma­tion a accueilli les étudiants en procla­mant : « Tout ce qu’on va vous ensei­gner ici sera faux dans dix ans ! » Bel exemple de l’iné­vi­table évolu­tion des connais­sances en méde­cine scientifique… 

Ce qui passe aujourd’­hui pour de la « forma­tion conti­nue » se réduit à la trans­mis­sion d’éléments de langage de l’in­dus­trie phar­ma­ceu­tique. Chacun peut en mesu­rer l’im­pact sur son méde­cin en consul­tant la base de données publique Transparence-SantéN99.

Le lobbying des indus­triels s’étend aux « experts » de « socié­tés savantes » — guille­mets néces­saires — qui parti­cipent à la rédac­tion de recom­man­da­tions de pratique clinique ou de notes d’in­for­ma­tion publiées par la Haute Autorité de Santé (HAS). Un article de la revue indé­pen­dante Prescrire (janvier 2018, page 71) suggère qu’en­vi­ron 80 % de ces docu­ments ne sont pas en accord avec les données actuelles de la science, suppo­sées servir de réfé­ren­tiel du code de déon­to­lo­gie médi­caleN100. Or les méde­cins sont léga­le­ment contraints de suivre les recom­man­da­tions de pratique clinique !

Positionnement éthique

Source : DALL‑E

Ma critique vise prin­ci­pa­le­ment les pres­crip­tions suppo­sées préve­nir des mala­dies ou des acci­dents avec la seule aide de médi­ca­ments, sans consi­dé­ra­tion des facteurs de risque modi­fiables — en résumé, l’hy­giène de vie. Je suis ferme­ment convaincu de l’ef­fi­ca­cité de la méde­cine moderne dans les situa­tions d’ur­gence et pour les opéra­tions chirur­gi­cales quand celles-ci ne peuvent pas être évitées.

Sur le plan éthique, bien qu’o­bligé de citer les études basées sur l’ex­pé­ri­men­ta­tion animale, et conscient de la diffi­culté — parfois l’im­pos­si­bi­lité — d’en extra­po­ler les résul­tats aux humains, je souhai­te­rais chaque fois que possible son rempla­ce­ment par des procé­dures qui n’in­duisent pas de souf­frances inutiles : modé­li­sa­tion infor­ma­tique, cultures in vitro etc. Voir le dossier Les méthodes « alter­na­tives » à la recherche animaleN101.

Vous avez la parole !

Source : CC NC-SA 4.0

J’invite les lectrices et lecteurs à faire preuve de sens critique : consul­ter les sources et m’in­for­mer de toute inco­hé­rence dans leur inter­pré­ta­tion. Enfin, signa­ler d’autres sources, surtout lors­qu’elles paraissent contre­dire mon propos.

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Article créé le 21/08/2015 - modifié le 25/02/2024 à 11h57

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