⚪️ Plus de 170 millions de litres : c’est la quantité de glaces que vont engloutir cet été les Français. Trois mois en or pour les fabricants de crèmes glacées notamment Unilever, qui, avec ses marques Magnum, Miko, Carte d’or, Cornetto, Ben & Jerry’s ou encore Viennetta, détient 28 % du marché. Le filon des glaces industrielles est d’autant plus lucratif que, l’essentiel de ce que l’on nous fourgue, c’est du vent !
Prenez l’usine d’Unilever à Saint-Dizier, en Haute Marne, la plus grosse du genre en France. On y pratique ce que les professionnels ont joliment baptisé le « foisonnement ». Une manip qui consiste à injecter dans la glace un maximum d’air sous forme de microbulles d’oxygène. Alors que 1 litre de glace traditionnelle pèse normalement 1,1 kilo, une barquette de 1 litre de crème glacée à la vanille Carte d’or, foisonnée bien comme il faut, n’affiche que 500 grammes sur la balance ! Pourquoi se gêner, puisque, comme « Le Canard » l’a déjà relevé (« Conflit », 6/8/14), l’ »entouroupe » est légale. En effet, selon le Code des pratiques loyales des glaces alimentaires, rédigé par les industriels eux-mêmes il y a seize ans et approuvé par la Répression des fraudes, les glaciers peuvent gonfler leur produit avec jusqu’à 55% d’air par litre. Heureusement, depuis décembre 2014, un règlement de Bruxelles leur impose d’indiquer sur l’étiquette, à côté du volume de glace, le poids net du produit. Afin que le consommateur puisse connaître la quantité d’air qu’il achète. À condition, toutefois, de sortir sa calculette.
L’autre ruse, elle aussi dûment autorisée, c’est la possibilité de fabriquer une glace sans une seule goutte de lait ou de crème, avec uniquement de la matière grasse végétale. Dans le jargon du secteur on appelle ça la « libération du pourcentage minimum de matières grasses laitières ». Une nouvelle recette givrante introduite en 2008 et camouflée sous la rubrique « Optimisations de composition nutritionnelle ». En plus de nous vendre du vent, les industriels nous font donc avaler des glaces farcies d’huiles de coco, de palme ou de coprah, bien moins chères que les matières grasse laitières.
Pas grave, puisque, pour leurrer nos papilles, il suffit de bien assaisonner en arômes synthétiques et en sirop de glucose-fructose, et que l’on peut redonner une bonne « cuillerabilité » avec des agents de texture. Tout ça pour continuer de s’en mettre plein le cornet ? ⚪️
🔵 Lu dans Le Canard Enchaîné, CONFLIT DE CANARD, 27/8/2016, p. 5
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Article créé le 29/08/2018 - modifié le 16/01/2023 à 17h13