
Un nouvel « ordre mondial » est-il en train de se mettre en place sur fond de « crise sanitaire » ?
Ce terme a paraît-il été inventé par le romancier H.G. Wells, auteur de The New World Order en 1940. Il a été repris en 1990 par le président George H.W. Bush pour définir « une politique étrangère américaine fondée sur le respect du droit international, la promotion de la paix et de la démocratie en s’appuyant sur l’ONU, dont le fonctionnement ne serait plus bloqué par l’antagonisme EU-URSS. Le symbole en aurait été la première guerre du Golfe en 1991. » (WikipediaN1)
Il a par la suite été adopté par des militants altermondialistes et anticapitalistes — comme le linguiste, philosophe et penseur politique Noam ChomskyN2 — pour critiquer la mondialisation économique et la « pensée unique » néolibérale ; mais aussi, de manière positive, par ceux qui appellent à une coopération internationale, voire une gouvernance mondiale, pour résoudre les crises alimentaires, financières et environnementales. L’essentiel de l’analyse critique repose sur la distinction entre coopération et gouvernance.
Le présent article n’aborde que certains aspects de ce débat, tels qu’ils sont apparus après dix-huit mois de crise sanitaire. Il est destiné à proposer un cadre plus général aux réflexions abordées dans l’article Coronavirus — discussion.
Sommaire
⇪ Contrôle sanitaire

La crise sanitaire et économique causée par la pandémie CoVID a ravivé le souhait (ainsi que la crainte) d’une gouvernance mondiale envisagée comme une adaptation (un asservissement ?) du pouvoir politique aux exigences de la prévention et du soin médical. L’industrie pharmaceutique (Big Pharma) est perçue par les uns comme un sauveur de l’humanité, et vilipendée par d’autres pour sa mainmise sur le pouvoir décisionnel des individus et des institutions.
La lutte contre cette pandémie, dans un monde marqué par la libre circulation de personnes et de marchandises, nécessiterait en théorie une coordination des mesures sanitaires qui restreignent (temporairement ?) les libertés individuelles. Les États-nations ont seuls l’autorité de fixer le cadre légal de ces dispositifs, avec une délégation partielle possible vers des entités régionales (Länder, comtés, communautés autonomes etc.) en cas de subdivision territoriale.
La diversité des mesures mises en œuvre suscite de nombreux débats contradictoires, entre autres autour des confinements, de la suspension de certaines activités commerciales, des « pass sanitaires » et de la vaccination — voir mon article Coronavirus - discussion pour plus de détails. Alors que les premières mesures citées sont associées à des territoires, la vaccination ne concerne que les personnes dans la mesure où celles-ci sont susceptibles de se déplacer hors de leur territoire de résidence.
⇪ Vacciner le monde entier

Les vaccins anti-covid ont été évalués (de manière sommaire) pour leur capacité à limiter l’incidence de formes graves de la maladie (avec le virus d’origine, version « Wuhan »), mais leur efficacité contre le portage du virus n’a été étayée que par les corrélations issues d’études observationnelles, autrement dit hors du cadre scientifique d’études cliniques — voir mon article CoVID-19 : vaccins. Les phrases telles que « Le vaccin nous libèrera de l’épidémie » et sa surenchère « Seul le vaccin peut nous libérer » sont donc avant tout des slogans politiques, en l’absence de preuve ni même de consensus dans la communauté scientifique.
À supposer que la vaccination soit indispensable à l’éradication de cette épidémie — ce qui implique de faire l’économie des débats sur les traitements, voir mon article CoVID-19 : traitement —, dans le cas d’une pandémie elle ne peut avoir d’efficacité qu’à l’échelle de la population de la planète. (Oublions aussi l’existence de réservoirs animaux des agents pathogènes, encore un autre débat !)
La transmission spectaculaire du SARS-CoV‑2 a projeté sur la scène publique la question de l’urgence d’une coopération (gouvernance ?) mondiale en matière de santé publique. Ce sujet est loin d’être nouveau, mais il concerne à présent les citoyens du monde entier, enjoints de participer aux campagnes vaccinales ou même, pour une partie de la population, de se soumettre à une obligation vaccinale.
L’étendue du débat — amplifié par les réseaux sociaux, principaux véhicules d’opinions radicales, par exemple « provax » ou « antivax » — suscite des craintes sur d’autres formes de contrôle que « l’élite » pourrait exercer sous le prétexte d’urgence sanitaire. La politique vaccinale à l’échelle d’un État, d’une région comme la Communauté européenne, ou d’un organisme mondial comme l’OMS, est une illustration (ou une anticipation) de ce risque de contrôle de populations qui seraient déchues de leurs libertés individuelles et de tout débat démocratique sur son utilité.
Les opposants au contrôle des populations — et plus particulièrement aux campagnes de vaccination — posent la question : « À qui profite le crime ? » Ils y répondent en dénonçant les liens d’intérêt entre les décideurs et l’industrie pharmaceutique qui ont certainement contribué à orienter les choix des premiers (Gilbertie P, 23 janvier 2022N3).
Pour une analyse de ce processus antérieurement à l’épidémie CoVID, on peut se référer au Plan d’action mondial pour les vaccins (Global Vaccine Action PlanN4) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) :
Le Plan d’action mondial pour les vaccins (GVAP) – approuvé par les 194 États membres de l’Assemblée mondiale de la santé en mai 2012 – est un cadre visant à prévenir des millions de décès d’ici 2020 grâce à un accès plus équitable aux vaccins existants pour les personnes de toutes les communautés.
Le GVAP est le fruit de la Collaboration DoV [Decade of VaccinesN5], un effort sans précédent qui a rassemblé des experts et des parties prenantes du développement, de la santé et de la vaccination. Les dirigeants de la Fondation Bill & Melinda GatesN6, de GAVI AllianceN7, de l’UNICEF, de l’Institut national des allergies et des maladies infectieuses des États-Unis [NIAIDN8] et de l’OMS, ainsi que tous les partenaires – gouvernements et élus, professionnels de la santé, universitaires, fabricants, agences mondiales, partenaires du développement, société civile, médias et secteur privé – sont déterminés à atteindre les objectifs ambitieux du GVAP.
Il est instructif de lire trois attendus de la Résolution sur le Plan d’action européen pour les vaccins 2015–2020 votée en 2014N9 :
Reconnaissant la contribution des programmes efficaces de vaccination à la réalisation des objectifs de santé aux niveaux mondial et régional, notamment la réduction de la mortalité et de la morbidité infantiles, et leur potentiel de réduction de la mortalité et de la morbidité à toutes les étapes de la vie ;
Préoccupé par la persistance des flambées épidémiques de maladies à prévention vaccinale, et la présence de lacunes dans la couverture vaccinale systématique aux niveaux national et sous-national dans la région [européenne] ;
Reconnaissant qu’un engagement politique et une action accélérée sont nécessaires pour garantir l’accès universel et équitable à des programmes de vaccination durables et de haute qualité, en vue de répondre aux besoins de la population générale, et plus particulièrement des populations marginalisées et mal desservies, et d’agir sur la réticence face à la vaccination […]
Dans ce document, la Directrice régionale est chargée « d’émettre des conseils sur la manière d’atteindre certains groupes à haut risque, notamment les populations marginalisées et mal desservies, ainsi que les mouvements opposés à la vaccination ».
Dans sa déclinaison mondiale aussi bien qu’européenne, ce plan d’action relevait bien d’un « ordre mondial » en termes de coopération internationale, mais pas (encore) d’une gouvernance mondiale. L’intention n’était pas de soumettre les populations à des directives émises par une « élite » — ce que dénoncent les théories de complot — mais plutôt d’assurer leur accès aux soins médicaux en « contournant » les difficultés liées à l’inégalité d’accès aux ressources. Ainsi, par exemple, mettre en place des dispositifs de fourniture de vaccins, gratuits ou à bas prix, aux pays défavorisés.
Les maladies infectieuses ciblées à cette époque étaient principalement la rougeole et la rubéole. Ce point est important puisque l’efficacité de ces vaccins (comme barrières à la transmission du virus) et leur sécurité ne sont généralement pas remises en cause, à l’opposé de celles des vaccins « expérimentaux » anti-covid. (Vu leur mode opératoire innovant, les vaccins à ARN messager sont désignés par certains comme de simples « thérapies géniques », mais je n’entrerai pas dans ce débat sémantique…)

La Fondation Melinda et Bill GatesN10 a joué un rôle important dans ce plan d’action mondial pour les vaccins, grâce au financement massif de campagnes de vaccination et d’institutions comme l’OMS. Cette omniprésence a été critiquée au sein même de l’OMS. « La présence de la Fondation Gates a servi, au mieux, de complément au travail de l’OMS, et au pire, a représenté une usurpation et une prise de pouvoir hostile », selon Amir Attaran, professeur de droit et de médecine à l’université d’Ottawa (Twohey M & N Kulish, 2020N11). L’objectif de Gates est en réalité d’éradiquer toutes les maladies infectieuses en déployant un plan de vaccination sur la planète entière. La faisabilité de ce projet et sa pertinence sur le plan médical — voir CoVID 19 : vaccins dans le cas du SARS-CoV‑2 — sont en soi discutables ; mais la méthodologie de Gates relève surtout d’une vision techno-scientiste : une solution technique (unique et universelle) existerait face à tout problème. Autrement dit, pour tous virus (humain comme informatique) on peut trouver un vaccin qui permet de l’anéantir… Ce principe s’applique bien entendu à la technologie informatique et plus largement au monde du numérique, mais on peut lui reprocher d’écarter d’emblée les facteurs socio-économiques à la source de maladies chroniques et de vulnérabilité aux maladies infectieuses.
Au-delà des éloges et critiques, de nombreux commentaires, plus ou moins étayés par des faits, font état d’un glissement de « l’ordre mondial » de l’appel à une coopération internationale vers la proposition d’une gouvernance mondiale. L’European Vaccine Action Plan 2015–2020N12 (page 42) abordait en ces termes le problème de la couverture vaccinale maximale sans exercice de contrainte, sous le titre « Les individus comprennent la valeur des services d’immunisation et des vaccins et exigent la vaccination » :
Pour susciter et maintenir la demande de services de vaccination et lutter contre l’hésitation à se faire vacciner dans la région européenne, il faudra utiliser les plateformes de communication sociale traditionnelles et nouvelles, optimiser le rôle des agents de santé de première ligne, identifier les champions de la vaccination et les agents du changement et en tirer parti, adapter les activités de sensibilisation et de communication des programmes de vaccination aux populations sensibles, notamment les populations mobiles, marginalisées et migrantes, et faire connaître les avantages de la vaccination et les risques présentés par les maladies évitables par la vaccination.
Les obstacles à la demande de vaccins sont complexes et spécifiques au contexte. Les programmes doivent donc surveiller et évaluer plus fréquemment les attitudes, les connaissances et les comportements du grand public et des sous-groupes, afin d’informer et d’adapter l’exécution du programme et la réponse. Le succès de la lutte contre le sentiment anti-vaccination et les préoccupations en matière de sécurité dépendra en particulier de cela.
Dans les documents publiés à cette époque (donc avant la pandémie CoVID-19), l’accent était mis sur une prise de conscience des citoyens suffisamment informés (d’autres diraient « conditionnés ») pour décider par eux-mêmes d’être vaccinés.
Les années 2020–2021 ont montré que, en l’absence de contrainte, la couverture vaccinale n’atteignait pas les objectifs fixés (toujours révisés à la hausse) dans les pays bénéficiant de stocks de vaccins pour toute la population. Parmi les « activités de sensibilisation » qui relèvent d’un soft power — défini comme un « pouvoir d’influence » (voir plus bas) —, je pense à la diffusion quotidienne d’images de personnes de tous âges en train d’être vaccinées. Intention (louable ?) de banaliser cet acte médical en étouffant les craintes d’effets secondaires diffusées par une horde de mauvais coucheurs — rapidement montrés du doigt comme « antivax », « anti-science », puis « complotistes ».
En mars 2020, le président Macron avait déclaré : « Nous sommes en guerre ». Or, en temps de guerre il devient moralement acceptable de mêler information et propagande… Les auteurs de la tribune Une nouvelle religion vaccinale est née en Occident (12 décembre 2021N13) décrivent la propagande autour de la pandémie CoVID-19 en citant Jacques Ellul (Propagandes, 1962) :
« En face de la propagande d’agitation [des révolutionnaires, des putschistes, des terroristes], nous trouvons la propagande d’intégration, qui est la propagande des nations évoluées, et caractéristique de notre civilisation. C’est une propagande de conformisation. […]
[…] dans une démocratie, il faut associer les citoyens aux décisions de l’Etat. C’est là le grand rôle de la propagande. Il faut donner aux citoyens le sentiment d’avoir voulu les actes du gouvernement, d’en être responsables, d’être engagés à les défendre et à les faire réussir. »
On reconnaît là le fondement de ce qui est appelé nudge de nos jours, un mot anglais à la mode pour désigner de vieilles techniques de marketing et de publicité. […]
En outre, les gouvernements comme celui de la France utilisent massivement un autre classique de la propagande d’État qu’Etienne Augé appelle « le choix truqué ». Il consiste à « proposer à un public un choix, comme s’il lui revenait de trancher et de choisir la meilleure option, tout en sachant à l’avance quel sera le résultat de cette consultation. Ainsi, le propagandiste met l’auditoire devant l’alternative entre un choix inacceptable qui sera nécessairement rejeté, et une option qui apparaîtra comme peu désirée mais inéluctable devant l’ampleur du danger qui menace ». Vaccinés ou reconfinés ? Vaccinés ou remasqués ? Vaccinés, guéris ou morts ?
C’est aussi dans ce contexte que l’on peut situer l’opposition des « experts » à la mise en pratique, ou même l’évaluation, de protocoles de prévention ou de soins basés sur le repositionnement de médicaments existants — voir mes articles CoVID-19 : traitement et Saga de la chloroquine.
Malgré ses limites en termes de couverture vaccinale, cette propagande a réussi à rendre acceptable l’idée d’une obligation vaccinale — que le président Macron avait fermement écartée quelques mois plus tôt — d’abord imposée au personnel de santé, puis envisagée dans son application à tous les citoyens : idée majoritaire courant 2021 (souvent martelée avec violence par les vaccinés) et reprise — campagne électorale oblige ! — par la majeure partie des politiciens, entre autres les écologistes et socialistes (français ou allemands) jusqu’ici soucieux des libertés individuelles. Le soft power médiatique, fin 2021, perfuse l’idée que s’opposer à l’obligation vaccinale, comme hier s’opposer à la vaccination, équivaut à une adhésion aux idées de l’extrême-droite. Effectivement, seuls les partis qui n’ont rien à perdre électoralement osent aborder le sujet !
Ce renoncement à la liberté, rappelons-le, a pour socle la conviction ferme que la vaccination serait l’unique voie de sortie de la pandémie CoVID-19. Croyance quasi religieuse depuis que (fin 2021) l’efficacité des vaccins pour éviter la contamination — jamais vérifiée dans des essais cliniques randomisés/contrôlés en double-aveugle — est de plus en plus contredite par les faits. La justification morale du « pass sanitaire » (protéger les autres) est donc devenue caduque…
⇪ La grande réinitialisation

Le basculement vers une gestion autoritaire (antidémocratique) de cette pandémie (et de celles à venir) est en phase avec les constats (ou propositions ?) de deux fondateurs et dirigeants du Forum économique mondial (ou forum de DavosN14) : Klaus SchwabN15 et l’économiste Thierry Malleret, ancien conseiller de Michel Rocard : La Grande Réinitialisation (The Great ResetN1).
Ces auteurs ne proposent pas de changer le système économique mais seulement de l’améliorer comme un « capitalisme responsable » grâce à la mise en œuvre de mesures facilitant « la reprise économique […] et une nouvelle orientation des priorités mondiales ». Selon eux : « Les deux notions de gouvernance mondiale et de coopération internationale sont si étroitement liées qu’il est pratiquement impossible pour la gouvernance mondiale de s’épanouir dans un monde divisé qui se retranche et se fragmente. » (Schwab K & T Malleret, juillet 2020N16 page 128)
Il est indispensable de lire entièrement leur ouvrage (en version française : COVID-19 : La Grande Réinitialisation, 2020N16) avant d’aborder les innombrables commentaires critiques qui ont fait croire que “Great Reset” était un complot ourdi par une société secrète ; thèse popularisée fin 2020 par le documentaire Hold Up. Dans son analyse Le Great Reset : mythes et réalités (avril 2021N17 page 3), Éric Verhaeghe écrit :
Une grande partie de la presse mainstream (pour ne pas dire toute la presse mainstream) a observé un parfait silence sur ce projet de Great Reset au cœur des travaux menés par le Forum de Davos, au point que tous ceux qui en ont parlé ont été taxés de « complotisme », ce mot à la mode qui permet de stigmatiser toute pensée ou toute expression qui prend à rebrousse-poil le prêt-à-penser des élites. Dans un étrange délire idéologique, certains journalistes ont même pris pour réflexe d’accuser de complotisme tous ceux qui évoquent l’existence de ce Great Reset, ne serait-ce qu’en tant qu’objet-livre. […]
Ce silence observé par la presse sur les question du Great Reset a nourri de nombreux fantasmes (authentiquement complotistes, ceux-là) sur une grande orchestration des malheurs qui marquent notre époque. […]
Ce que Schwab et Malleret écrivent effectivement, c’est que la pandémie est une opportunité pour changer les habitudes de vie. […]
Schwab et Malleret citent l’exemple de la disparition de la monnaie fiduciaire enfin permise par l’idée qu’un billet de papier peut être porteur du virus, et donc qu’il vaut mieux généraliser le paiement par Internet pour limiter la contamination. […]
On voit bien que la part de fantasme et de réalité sera éternellement discutée par ceux qui auront décidé que l’enchaînement des séquences de 2020 obéit à un pur hasard, et ceux qui sont convaincus qu’au contraire il obéit à une nécessité secrète.
Rappelons, à propos du dernier paragraphe, la rumeur selon laquelle la pandémie de CoVID-19 aurait été délibérément orchestrée pour la dissémination d’une « arme biologique » — voir Coronavirus — discussion au paragraphe Origine ? Pour ce qui est de la théorie d’un complot des fabricants de vaccins — et leurs « complices » comme Bill Gates —, le médecin Michael Eades écrit dans un message (The Arrow #49, 10 décembre 2021) :
L’une des raisons pour lesquelles j’ai du mal à croire que les « élites » sont à l’origine de cette « arnaque aux vaccins » (faute d’un meilleur terme) est que j’appartiens à une organisation qui regorge d’élites. On y trouve des dirigeants de grandes entreprises, des gens immensément riches et des personnes qui occupent des postes élevés au niveau fédéral et au niveau des États. Chacun d’entre eux est vacciné. […]
Si d’autres élites imposent ça au monde, mes élites n’en savent absolument rien. Et étant donné la composition de ce groupe, je doute sérieusement qu’elles soient dans l’ignorance d’un plan pour nous soumettre le reste d’entre nous.
Les vaccins rapportent des fortunes considérables. Je suis convaincu que les dirigeants des entreprises qui font fortune avec les vaccins pensent faire du bien au monde. Je doute qu’aucun d’entre eux ne croie qu’ils commettent une escroquerie ou qu’ils créent un cauchemar immunologique.
⇪ Hard complotisme
Quelques citations du Dr Vladimir Zelenko, dans un entretien avec J Mercola le 16 janvier 2022, sont révélatrices d’un récit complotiste en réaction aux injonctions autoritaires des « élites » gouvernantes :
Au milieu des années 90, il est apparu évident que l’économie américaine était condamnée. Les systèmes Medicare et de sécurité sociale allaient devenir insolvables, et cela provoquerait un effet de tsunami au niveau national et international. Et c’était imparable. C’était [mathématiquement inévitable].
Medicare, selon le Congressional Budget Office, commencera en 2027 son processus vers la faillite. Donc, la sécurité à partir d’aujourd’hui durera jusqu’à 2034. Actuellement, les principaux acteurs des économies mondiales ont vu une menace existentielle. Ils ont compris que leur pouvoir et leur richesse étaient réellement en danger.
Un plan a donc été élaboré, qui dépassait la technologie de l’époque, mais cette technologie était en cours de développement. Ainsi, par exemple, le projet du génome humain a été cartographié et achevé.
Puis la technologie CRISPR a été développée, qui consiste à modifier ou à épisser les gènes de manière très précise. Elle a été vendue comme un moyen de guérir les maladies génétiques. Il y a un gène défectueux. Il suffit de le couper et de l’épisser, de couper et coller, en gros, un gène sain.
C’est le bon côté des choses. L’inconvénient est que cela crée des possibilités de faire de l’édition de gènes pour des raisons néfastes. En 2015, Bill Gates a déclaré que la population mondiale devait être réduite de 15 % grâce à l’utilisation de vaccins, en raison du réchauffement climatique.
En 2020, le même Bill Gates a déclaré que 7 milliards de personnes devaient être vaccinées. Donc, la question rhétorique évidente est : « Pourquoi prendrais-je un vaccin pour ma santé de la part de quelqu’un qui préconise l’utilisation de vaccins pour réduire la population mondiale ? ».
En 2016, Klaus Schwab, dans une interview, a dit quelque chose de très étrange. Il a dit que dans 10 ans, d’ici 2026, chaque être humain serait marqué d’un identifiant numérique. Qu’est-ce que cela signifie, et pourquoi ?
Passons en revue la séquence des événements. Une arme biologique est fabriquée avec un antidote, qui est supprimé et caché. L’arme biologique est libérée. C’est extrêmement facile à traiter. Cependant, cette information est supprimée, l’accès à ces médicaments est supprimé, et les médecins qui défendent cette cause sont persécutés.
Tout ce qui semble donner de l’espoir aux gens, réduire l’anxiété, encourager la réintégration avec vos proches semble être immédiatement vilipendé, même l’intervention précoce. Si vous regardez le NIH, ils recommandent, à partir d’aujourd’hui, de ne pas traiter le COVID à moins qu’ils ne soient à l’hôpital avec des dommages aux poumons. Ne faites pas ça.
Et donc, je me demandais, ce qui se passe vraiment ? Et pourquoi cette pression incessante pour vacciner tout le monde ? Pourquoi emprisonner les médecins qui utilisent des médicaments au travail ? Parce que ça encourage l’hésitation à se faire vacciner.
Puis j’ai réalisé quelque chose. Il y avait deux brevets dont j’ai pris connaissance. Ils sont séparés par une année, mais ils sont liés dans le puzzle, dans le concept. Le premier, daté du 31 août 2021, décrit… l’ingénierie des nanotechnologies. Il décrit essentiellement ce qui suit :
La capacité, la technologie, qui existe déjà dans ces vaccins, permet de mesurer les données biométriques, c’est-à-dire le rythme cardiaque, le rythme respiratoire, la température, puis de transmettre ces données et votre localisation à un tiers.
Cela n’avait même pas de sens pour moi. Comme quoi ? Mais ensuite j’ai réalisé qu’il y avait un autre brevet appartenant à Microsoft. Celui-là, je m’en souviens par cœur. C’est un brevet international, WO202060606. Vous ne pouvez pas inventer ce genre de choses. Ce brevet décrit le lien entre la transmission de données biométriques et la crypto-monnaie.
Alors je l’ai eu. Et d’ailleurs, 2026, quand tout le monde est censé être étiqueté avec une identité numérique, appelons ça un tatouage interne d’Auschwitz, est un an avant le début de l’insolvabilité de Medicare et le début de l’effondrement économique. Donc le véritable programme est devenu évident pour moi.
Il n’a jamais été question de santé. Le COVID-19 est facile à traiter. Il a toujours été question d’utiliser la peur et la psychose de masse pour amener 7 milliards de personnes à se faire volontairement injecter la technologie qui leur permettrait de participer au nouveau système basé sur les crypto-monnaies, le système que le monde utilisera pour la finance.
La monnaie fiduciaire et tous les modes de transaction traditionnels auront disparu. Le seul moyen de participer à des transactions, par exemple pour acheter du pain, sera de disposer d’un capteur transmettant des informations sur votre position. C’est la marque de la bête, si vous voulez vraiment savoir. Avec ça, vous pouvez ensuite acheter du pain pour votre famille…
Gates et Schwab parlent tous deux de la façon dont ces vaccins changent qui vous êtes. Qu’est-ce que cela signifie ? Ils l’expliquent. Avec la technologie de modification des gènes, ils améliorent l’être humain. C’est du transhumanisme. Je l’appelle l’humain 2.0. L’humain 1.0 est la version créée par Dieu. Notre code génétique est empreint de Dieu. Nous sommes faits à l’image de Dieu parce que nous avons son code en nous.
Maintenant, donneriez-vous à Bill Gates ou à Klaus Schwab le mot de passe de votre système de sécurité domestique ? Pourquoi lui donnerions-nous accès à notre code génétique ? L’humain 2.0, dans l’esprit dément, dépravé, dérangé de ces gens, est la prochaine étape de l’évolution des êtres humains. Et je dis que si vous permettez que cela vous arrive, vous n’êtes plus à l’image de Dieu. Vous êtes fait à l’image de Bill Gates et de Klaus Schwab.
Cette rhétorique est sous-tendue par des considérations morales et religieuses que Zelenko décline ainsi :
Il y a ce que nous voyons, et puis il y a, disons, la physique spirituelle en jeu. Karl Jung, le célèbre psychanalyste, a écrit : « La dégradation morale de la société commence par la dégradation de l’individu. » De cela, nous pouvons en fait apprendre que l’amélioration morale de la société commence par l’amélioration de l’individu.
En tant que société, au cours des 50 ou 60 dernières années, nous avons fait de très mauvais choix. Par exemple, nous avons désacralisé ou défiguré les rôles sexuels… Le mariage a perdu son caractère sacré. Les enfants à naître sont massacrés. Dans la Bible, il y a deux villes qui ont été détruites, Sodome et Gomorrhe, et il existe une analyse qui explique pourquoi cela s’est produit. Ce n’était pas à cause de l’immoralité, car le monde entier était immoral.
C’est parce qu’ils avaient codifié l’immoralité dans la loi du pays. C’est exactement ce qui s’est passé aux États-Unis. Nous avons dévié… Nous adorons le dieu de la science, le dieu de la technologie, le dieu de l’argent, le dieu du pouvoir. Tout sauf le vrai Dieu. Et nous pratiquons clairement le sacrifice d’enfants.
Le Dr Michael Yeadon, ancien vice-président de Pfizer, m’a dit personnellement, et il l’a ensuite rendu public, que pour chaque enfant qui meurt du COVID, 100 meurent du vaccin. Le vaccin COVID est 100 fois plus mortel pour les enfants que le COVID. Comment appelez-vous cela ? C’est un sacrifice d’enfants.
Donc, j’ai l’impression que, par analogie, nous sommes la génération du déluge. La maison va être nettoyée, et chaque individu a le choix de monter sur l’arche ou pas.
Ou, pour faire plus simple, devant qui vous prosternez-vous ? Vous prosternez-vous devant votre créateur, qui vous crée à chaque instant ? Demandez-vous à Dieu de la force, de l’endurance, de la résistance, de la résolution, la capacité de faire face à l’inconnu et à la peur ? Ou allez-vous céder à la peur et vous prosterner devant des sociopathes corrompus, des oligarques, des gouvernements corrompus et la fausse promesse du veau d’or de ces vaccins ?
Parce qu’à ce stade, dans ce pays du moins, personne ne vous retient et ne vous plante une aiguille dans le bras. La majorité des gens veulent voyager en avion. Ils ne veulent pas perdre leur emploi. Ils veulent aller à l’école. Il s’agit de toutes ces décisions relatives à la qualité de vie. En d’autres termes, dans une société normale, les parents se sacrifient pour le bien-être des enfants. Dans les sociétés païennes, on sacrifie les enfants pour le bien des adultes.

Il m’est paru important de citer en entier ce discours de Zelenko plutôt que d’en extraire une ou deux phrases. Peu importe qu’on réagisse positivement ou négativement à tel ou tel passage. C’est la structure qui est édifiante. Elle rappelle en effet celle de récits qui circulent, influencés par les idées New AgeN18. Il est bien plus difficile de détecter une idée New Age que celle issue d’une religion comme l’affiche Vladimir Zelenko. Le New Age est la nouvelle religion qui, insidieusement, a pris possession des esprits de ceux qui se croient affranchis des croyances de leur éducation…
Le procédé de construction est le même : à partir de faits constatés et d’autres qui ne sont que des hypothèses, « connecter les points » de manière à former une image cohérente proposée comme unique explication du monde. C’est l’opposé d’une démarche scientifique visant à évaluer chaque hypothèse en pesant le pour et le contre, et surtout reconnaître que certaines ne sont pas vérifiables. Le New Age, comme les religions (de fanatiques), a réponse à tout et cherche plutôt des questions qui justifient ses réponses.
⇪ Soft complotisme
Moyennant une lecture attentive, l’analyse de The Great Reset par Éric Verhaeghe m’est aussi apparue comme un variant de théorie de complot, malgré son démarquage des folles histoires qui gravitent sur les réseaux… Dans une instruction menée à charge contre Schwab et Malleret, Verhaeghe n’a pas hésité à extrapoler les idées exprimées dans cet ouvrage jusqu’à en modifier le sens pour leur substituer son récit personnel.
Il présente pour commencer le soft powerN19 comme un « pouvoir d’influence » qui « consiste non à imposer des normes, mais plutôt à percoler des idées comme on percole le café » (avril 2021N17 page 19). Si cette image reflète le concept tel qu’il est utilisé dans les relations internationales, la notion d’influence n’apparaît pas dans The Great Reset, et le terme“soft power” est même absent de sa déclinaison en français.

Source : Schwab K & P Vanham, 2021N20
Ce terme avait été défini ailleurs (Schwab K, 2014N21) comme un instrument du “stakeholder capitalism” (capitalisme partenaireN22) :
La rentabilité, la croissance et la protection contre les risques existentiels sont essentielles pour renforcer les perspectives à long terme d’une entreprise. Mais si ces trois facteurs constituent le “hard power” d’une entreprise, celle-ci a également besoin du “soft power” : la confiance et l’acceptation du public, obtenues en assumant la responsabilité sociale de l’entreprise. Ce n’est que lorsqu’une entreprise a gagné la confiance du public — son « permis d’exploitation » — que sa direction peut créer de la valeur à long terme pour toutes les parties prenantes, y compris les actionnaires.
Il existe donc une distance considérable entre les objectifs « gagner la confiance du public » et « influencer », distance qu’Éric Verhaeghe n’a pas hésité à franchir.
Il extrapole aussi (à contresens) en affirmant (dans l’introduction) : « Ils n’hésitent pas à recommander aux leaders politiques de faire durer autant que possible l’urgence sanitaire pour que les comportements soient modifiés en profondeur, et pour que les réformes réglementaires dont la numérisation a besoin aient le temps d’intervenir. Instrumentaliser la pandémie à des fins politiques constitue même le fait générateur du Great Reset, en tant que livre et en tant que projet décliné par le World Economic Forum […] ». S’il est possible que cette instrumentalisation de la pandémie à des fins politiques soit apparue dans les déclarations d’acteurs du Forum économique mondial, voire même soit endossée aujourd’hui par Klaus Schwab, elle n’apparaissait nulle part dans The Great Reset.
L’argument de la vacuité intellectuelle des auteurs de l’ouvrage, qui serait dissimulée par le jargon ambigu d’une pseudo-élite intellectuelle — en termes directs, du foutage de gueule ! — est resservi à toutes les sauces… (L’énarque qui sait parler au peuple) Éric Verhaeghe écrit par exemple (page 34) ➡ pagination de Kindle qui ne coïncide peut-être pas avec celle de la version papier :
Si l’on admet ici l’hypothèse que le principe universel du monde orwellien dans lequel nous rentrons désormais à pas de géants repose sur la subversion des mots, alors on reconnaîtra à Schwab et Malleret un certain talent dans la maîtrise de ce principe. Il faut comprendre que l’interdépendance dont ils parlent, c’est en fait le repli sur soi des élites. Il faut comprendre que la rapidité rime avec suppression des instances démocratiques qui font perdre du temps. Et il faut comprendre que la complexité du monde est mise en avant pour exclure des cercles de décision tous ces citoyens imbéciles qui se croient capables de parler de tout sans jamais rien comprendre.
La prudence des auteurs est à son tour interprétée comme leur aveu implicite que l’affaire est pliée, à l’écart de tout débat démocratique. Au sujet de la dimension économique du “Great Reset” telle qu’envisagée par Schwab et Malleret, Éric Verhaeghe écrit (page 47) :
Sur chacun des items, les auteurs du livre hésitent entre la description de ce qui est et la prédiction de ce qui sera, comme si, au fond, un mouvement historique était en marche, que nous ne pouvons contempler ou analyser, mais contre le sens duquel nous ne pouvons plus rien. Il s’impose à nous, et nous avons pour seul choix de l’accepter dans ses grandes lignes et de l’accompagner.
Ce mouvement peut se décrire assez simplement, comme l’indique la phrase que nous mentionnons en exergue : les États deviennent les payeurs en dernier ressort (“payer of last resort”) et se substituent au marché chaque fois qu’il le faut pour éviter des vagues de licenciement et des faillites d’entreprises. On ne pouvait mieux décrire et fonder idéologiquement le triomphe final de capitalisme de connivence, où l’intérêt de l’État et des hauts fonctionnaires se mêle, voire se confond avec celui des grands capitalistes qui actionnent les leviers de l’économie.
D’une certaine façon, le monde que Schwab et Malleret nous décrivent est celui où le modèle chinois se généralise : les États ont vocation à structurer l’économie et à remettre au goût du jour une forme renouvelée de planification.
Il convient de rappeler que l’éloge (non sans réserves) du modèle chinois a été rédigé par Schwab et Malleret au printemps 2020, donc pendant la première vague de la pandémie CoVID-19 que les Chinois avaient gérée avec succès, par des consignes drastiques d’isolement et sans disposer de vaccins, suivie d’une reprise économique immédiate. Cela dit, au crédit de Verhaeghe, ce serait faire preuve de naïveté d’ignorer que les acteurs et dirigeants du Forum économique mondial n’ont de cesse de maintenir une présence inoffensive de la Chine dans le marché des grandes puissances.
L’auteur en profite pour régler ses comptes avec les politiciens français (page 60) :
Le gouvernement fort dont Schwab et Malleret se font les apôtres s’inscrit dans une rupture complète avec la tendance décennale ouverte par Margaret Thatcher, qui considérait que l’État était un écran toxique entre le gouvernement et la société civile. Pour Schwab, l’État doit désormais intervenir dans l’économie pour structurer le marché et créer de la croissance.
Là encore, l’idéologie du Great Reset se confond terriblement avec l’idéologie portée par la France Insoumise, par exemple, pour ne traiter que le cas de la France. On y retrouve un éloge de la pression fiscale outrancière et de la « correction » du marché par l’action administrative directe.
C’est en ce sens qu’il y a bien une orientation socialiste de la pensée de Schwab […]
Enfin, il n’hésite pas à franchir le point GodwinN23 en faisant parler le passé de Schwab — « à son insu » — dans un procès d’intention (page 61) :
L’Allemagne que Schwab a connue dans son enfance ne fonctionnait pas autrement. Hitler ne serait pas arrivé au pouvoir sans un soutien des capitalistes allemands, et sans une forme de passivité de la gauche face au « socialisme » d’un genre nouveau qui arrivait. On y verra l’ironie de l’histoire personnelle de Klaus Schwab : cet ennemi obstiné de l’État-nation, qui semble traumatisé par l’histoire allemande du vingtième siècle, revient peut-être à son insu aux origines même de ses débordements : le national-socialisme, débarrassé ici de ses oripeaux antisémites, mais pleinement convaincu que seule une alliance du capital et du travail peut sauver la croissance et les profits.
Sur un ton nettement plus modéré, il écrit (page 86) :
On sait que Schwab prône de longue date une mise en avant des acteurs de l’entreprise (les stakeholders) au détriment de ses actionnaires (les shareholders). De ce point de vue, il s’inscrit parfaitement dans la logique sociale-démocrate du capitalisme allemand d’après-guerre, réticent à la financiarisation anglo-saxonne, et partisan d’un contrat social où la co-gestion avec les organisations syndicales est un principe fondamental. La filiation idéologique allemande est ici évidente.
Peut-elle avoir valeur de prédiction ? Peut-on généraliser cette analyse et penser qu’elle dominera le capitalisme de demain ? Rien ne permet de l’affirmer, mais Schwab le soutient et semble vouloir entraîner avec lui une kyrielle d’entreprises bien-pensantes qui veulent favoriser l’émergence d’un capitalisme de connivence, où l’État dicte sa loi et impose des normes sociales et environnementales au détriment de la logique de profit.
Éric Verhaeghe est donc souvent « hors sujet » dans son analyse Le Great Reset : mythes et réalités (avril 2021N17) présentée (sur Amazon.fr) comme une « lecture littérale du livre » de Schwab et Malleret (2020N16). Par contre, il devient nettement plus intéressant dans ces mêmes envolées hors-sujet, bien qu’il dissimule mal son intention de mettre dans le même sac Schwab et collègues, les socio-démocrates, la « gauche » en général et… le national-socialisme. Après de tels coups de machette frappés dans toutes les directions (autres que la sienne), le chemin est tout tracé pour ses favoris (de la « droite républicaine » ?) (page 93) :
Ainsi, au fil du temps, on comprend que des esprits brillants comme celui de Bruno Le Maire, qui se pense comme un grand intellectuel, ou d’Emmanuel Macron, que la presse subventionnée a pensé grand intellectuel, sont d’une vacuité effective suffisamment prononcée pour se nourrir avec gourmandise du sabir de Schwab et Malleret.
Ces paragraphes résument bien la conclusion alarmiste de Verhaeghe au terme de sa « lecture littérale » — un « soft complotisme » attrape-mouches (pages 87, 89 et 107) :
Il est marquant de voir comment le Forum de Davos se fait ici l’auxiliaire d’une mise en coupe réglée de la démocratie, telle qu’elle est garantie par la propriété privée, et comme il prend à son compte des objectifs marxisants. Ce que Marx avait rêvé (une organisation sociale où tous les acteurs sans résistance possible obéissent à la verticalité de l’État, avec des semblants de soviets manipulés par des activités intolérants[?]), Schwab le prône. Avec le modèle chinois en ligne de mire. […]
La grande erreur en lisant ce livre consiste à le prendre comme un recueil de prédictions à la Nostradamus qui seraient sûres d’arriver, de prendre forme, dans les mois à venir.
Au contraire même, lu ligne à ligne, le Great Reset révèle souvent sa fragilité, ou sa pauvreté de vues. Cet ouvrage n’a d’intérêt que pour la grande bascule idéologique qu’il illustre, dans les mentalités élitaires, vis-à-vis de l’autoritarisme d’État en gestation dans nos démocraties. Pour ce qui est de sa compréhension du monde, on restera beaucoup plus mesuré. […]
Le futur annoncé signe la disparition de l’esprit critique, de la liberté individuelle, de la vie privée, de l’humanisme au profit d’un grand tout collectif dominé par des États puissants et policiers, qui ressemblent furieusement au modèle chinois.
Il va de soi que ma critique d’une critique du « Great Reset » selon Schwab et Malleret est tout sauf une approbation de l’analyse, des propositions et de l’idéologie technocratique du Forum économique mondial. Mon intention était de rappeler la nécessité de comprendre dans son intégralité un énoncé théorique pour s’en tenir à son contenu exact, au lieu d’en extraire des passages dont on détourne le sens au profit d’un agenda personnel.
Sur ce thème du « nouvel ordre mondial », et plus particulièrement sa déclinaison comme “Great Reset”, je recommande donc la lecture préalable de l’ouvrage de Schwab et Malleret, avant celle de tout écrit présenté comme une analyse critique de leur essai.
⇪ Trilemme de Rodrik
Selon le triangle (ou trilemme) d’incompatibilité de RodrikN24 évoqué dans le “Great Reset”, il serait impossible, sur un territoire, de combiner les trois dimensions d’intégration économique, de démocratie et de souveraineté nationale (l’État-NationN25) : « Des études subséquentes valident non seulement le trilemme de Rodrick, mais montrent aussi que le rejet de la mondialisation par les électeurs est une réponse rationnelle lorsque l’économie est forte et les inégalités élevées. » (Schwab K & T Malleret, 2020N16 page 121)
Ce triangle infernal peut servir de grille de lecture aux positionnements actuels des partis politiques dans le monde industrialisé. Pour la dimension écologique, on peut aller plus loin avec le film documentaire Planet of the Humans (et sa critique) ainsi que d’autres réflexions classées sur ce site au chapitre « écologie ».
⇪ Hypnose collective

Professeur de psychologie clinique à l’université de Gand en Belgique, Mattias Desmet s’est spécialisé dans les phénomènes de masse typiques des régimes totalitaires. Dans un entretien avec Reiner Fuellmich (29 juillet 2021N26), il expose le mécanisme des hallucinations collectives induisant des pulsions totalitaires des foules — et non des « régimes totalitaires », comme le fait remarquer Taty Lauwers. Elle commente (Lauwers T, 8 août 2021N27) :
Mattias Desmet est plus pointu encore que tous ceux que j’ai lus jusqu’ici sur la crise corona, sur la différence entre dictature et totalitarisme, sur la manipulation des masses et l’hypnose de certains, etc. Il est plus positif aussi : il donne les outils pour freiner une évolution qui semble inéluctable.
Selon Mesmet, pour manipuler une foule à grande échelle — ce qu’il appelle « formation de masse » — quatre conditions doivent être réunies :
- Isolement social (personnes qui manquent de liens sociaux)
- Assez de gens qui ne voient pas de sens dans la vie.
- Beaucoup de peur « flottante » gratuite
- Beaucoup d’insatisfaction « flottante » gratuite
Ces conditions sont réalisées dans la crise sanitaire, sociale et politique associée à l’épidémie CoVID-19. Selon Mesmet (résumé par Lauwers, ibid.) :
Une massification de l’opinion n’est pas proche de, elle est exactement équivalente à l’hypnose.
Peu importe si le récit est juste ou incorrect, éhonté ou non. L’essentiel est que le citoyen ne veut pas revenir à cet état préalable d’angoisse et d’insatisfaction flottante, mal dite, mal cernée.
La formation d’une opinion de masse est donc une solution symptomatique à un vrai problème psychologique. Selon le professeur Desmet, la crise corona est beaucoup plus une crise psychologique, politique, culturelle qu’une crise sanitaire : elle est venue révéler que nous sommes aux limites d’une vision mécaniciste, machiniste du monde d’où l’humain se sent exclus.
La stupeur mentale conduit ensuite à une réduction du champ d’attention.
Un exemple : les hallucinés dénombrent les victimes « du virus » sans évaluer les innombrables victimes des dommages collatéraux qu’entraînent immanquablement des mesures « sanitaires » impitoyables et aberrantes. Ils sont dans état de verrouillage émotionnel qui les rend inaptes à ressentir de l’empathie pour les victimes collatérales. Ils ne sont pas égoïstes, ils sont victimes d’un mécanisme psychologique d’autosauvegarde. […]
A la question de l’avocat Reiner Fuellmich sur l’état de psycho- ou socio-pathes des personnes qui manipule*raie*nt ces stratégies, Desmet rappelle qu’en se référant à l’histoire récente des totalitarismes (URSS et Allemagne nazie), on ne peut qualifier leurs hauts fonctionnaires, de criminels ordinaires.
Ces individus savent très bien comment se comporter selon les règles sociales. Ils respectent les règles même lorsque ces règles elles-mêmes sont criminelles.
Le champ de pensée des dirigeants d’un système totalitaire est aussi réduit, si pas plus, que celui de la population. Les élus cédant à la pulsion totalitaire croient vraiment à leur religion, à leur idéologie : il faut re-façonner la société, pour son bien, pour la mener « vers le paradis ».
Il faut lire, pour aller plus loin, la traduction d’extraits d’une entrevue de Mattias Desmet pour le journal alternatif flamand dewereldmorgen.be, en février 2021 : « Les mesures contre le coronavirus révèlent des traits totalitaires » (Lauwers T, 8 août 2021N27). Mattias Mesmet y rappelait entre autres le manque de fiabilité des études scientifiques qui conduit les politiciens d’aujourd’hui à fonder leurs mesures anti-corona sur des hypothèses scientifiques erronées :
Ici aussi, nous voyons une sorte de croyance naïve en l’objectivité se transformer en son contraire : un manque radical d’objectivité avec des masses d’erreurs et d’imprécisions. De plus, il existe un lien sinistre entre la montée de ce type de science absolutiste et le processus de formation des masses et le totalitarisme dans la société. Dans son livre Les origines du totalitarisme, la philosophe et politologue germano-américaine Hannah Arendt décrit comment ce processus s’est déroulé entre autres dans l’Allemagne nazie. Les régimes totalitaires en devenir se rabattent généralement sur un discours « scientifique ». Ils montrent un grand intérêt pour les chiffres et les statistiques, qui se transforment rapidement en pure propagande, caractérisée par un « mépris des faits » radical. Le nazisme, par exemple, a fondé son idéologie sur la supériorité de la race aryenne. Toute une série de soi-disant chiffres scientifiques soutenait leur théorie. Aujourd’hui, nous savons que cette théorie n’avait aucune valeur scientifique, mais à l’époque les scientifiques ont défendu le point de vue du régime dans les médias.
Hannah Arendt décrit comment ces scientifiques se sont détériorés pour atteindre un niveau scientifique douteux et elle utilise le mot « charlatans » pour le souligner. Elle décrit également comment l’essor de ce type de science et de ses applications industrielles s’est accompagné d’un changement sociétal typique. Les classes ont disparu et les liens sociaux normaux se sont dégradés, avec beaucoup d’anxiété et de malaise indéterminés, de perte de sens et de frustration. C’est dans de telles circonstances qu’une masse se forme, un groupe aux qualités psychologiques très spécifiques. En principe, lorsqu’une masse se forme, toute la peur qui envahit la société est liée à un seul « objet » — les Juifs, par exemple — de sorte que la masse s’engage dans une sorte de lutte énergique avec cet objet. Sur ce processus de formation de masse se forme alors une organisation politique totalement nouvelle : l’État totalitaire.
Aujourd’hui, on constate des phénomènes similaires. Il y a une énorme souffrance psychologique, un manque de sens et une absence de liens sociaux dans la société. Puis vient une histoire qui pointe vers un objet de peur, le virus, après quoi la population lie en masse sa peur et son malaise à cet objet de peur. Entretemps, l’appel à unir ses forces pour combattre l’ennemi meurtrier est constamment entendu dans tous les médias. Les scientifiques qui apportent l’histoire au peuple reçoivent en retour un pouvoir sociétal impressionnant. Leur pouvoir psychologique est si grand qu’à leur suggestion, toute la société renonce brusquement à toute une série de coutumes sociales et se réorganise d’une manière que personne n’aurait cru possible au début de l’année 2020. […]
Je ne peux pas l’expliquer en détail ici, mais le processus de massification est intrinsèquement autodestructeur. Une population qui a été saisie par ce processus est capable d’une énorme cruauté envers les autres, mais aussi envers elle-même. Elle n’hésite pas du tout à se sacrifier elle-même. Cela explique pourquoi un État totalitaire — contrairement aux dictatures — ne peut pas continuer à exister. Il finit par se dévorer, pour ainsi dire. Mais le coût de ce processus est généralement un très grand nombre de vies humaines. […]
(Q) Aujourd’hui, le virus crée la peur nécessaire sur laquelle repose le totalitarisme. La disponibilité d’un vaccin, et la campagne de vaccination qui s’ensuivra, n’élimineront-elles pas cette peur et mettront-elles ainsi fin à cette flambée totalitaire ?
Un vaccin ne résoudra pas l’impasse actuelle. Cette crise n’est pas une crise sanitaire, c’est une profonde crise sociétale et même culturelle. D’ailleurs, le gouvernement a déjà indiqué qu’après la vaccination, les mesures ne disparaîtront pas automatiquement. Un article dans la presse […] disait même qu’il était remarquable que des pays qui sont déjà bien avancés dans la campagne de vaccination — comme Israël et la Grande-Bretagne — sont étrangement en train de renforcer encore les mesures. Je prévois plutôt ce scénario : malgré toutes les études prometteuses, le vaccin n’apportera pas de solution. Et en raison de la cécité qu’entraînent la massification et le totalitarisme, la responsabilité sera imputée à ceux qui ne se conforment pas au discours dominant et/ou refusent de se faire vacciner. Ils seront utilisés comme boucs émissaires. On tentera de les faire taire. Et si cela réussit, le point de basculement redouté dans le processus du totalitarisme viendra : ce n’est qu’après avoir complètement éliminé l’opposition que l’État totalitaire montrera son visage le plus agressif. Il devient alors — pour reprendre les mots de Hannah Arendt — un monstre qui mange ses propres enfants. En d’autres termes, le pire est probablement encore à venir.
Comment sortir d’une telle impasse ?
Selon Desmet (cité par T Lauwers, 2021N27), la solution est de continuer à parler ouvertement, afin de réduire la profondeur de l’état d’hypnose. Sans polémique, cela s’entend. De préférence avec humour, léger. Il ajoutait :
Le processus du totalitarisme est basé sur l’effet hypnotique d’une histoire, d’un discours, et il ne peut être rompu que si une autre histoire est entendue. C’est pourquoi j’espère que davantage de personnes se poseront des questions sur le danger réel du virus et sur la nécessité des mesures corona actuelles. Et oseront en parler publiquement. […]
Dans un avenir proche, nous allons assister à ce qui historiquement sera probablement la tentative la plus ambitieuse de tout contrôler d’une manière technologique et rationnelle. À terme, ce système s’avérera inefficace et montrera que nous avons besoin d’une société et d’une politique totalement différentes. Le nouveau système sera davantage fondé sur le respect de ce qui est finalement insaisissable pour l’esprit humain et sur le respect de l’art et de l’intuition qui étaient au cœur des religions. […]
Cette crise annonce la fin d’un paradigme historique culturel. La transition a déjà été faite en partie dans les sciences. Les génies qui ont jeté les bases de la physique moderne, de la théorie des systèmes complexes et dynamiques, de la théorie du chaos et de la géométrie non-euclidienne ont déjà compris qu’il n’y a pas une, mais plusieurs logiques différentes. Qu’il y a quelque chose d’intrinsèquement subjectif dans toute chose et que les gens vivent en résonance directe avec le monde qui les entoure et toute la complexité de la nature. De plus, l’homme est un être qui, dans son existence énergétique, est dépendant de son prochain. Eux le savaient déjà depuis longtemps, maintenant encore les autres ! Nous assistons aujourd’hui à une ultime résurgence de l’ancienne culture, fondée sur le contrôle et la compréhension logique, qui montrera à un rythme rapide à quel point elle est un énorme échec et à quel point elle est incapable d’organiser réellement une société de manière décente et humaine.
L’emprunt d’idées à la « physique moderne », à la « géométrie non-euclidienne » etc., est pour moi une singerie New Age que l’on peut ranger au placard des impostures intellectuellesN28 selon Sokal et Bricmont… Mais celle-ci a le vent en poupe, aujourd’hui, comme prétendue réponse aux incertitudes, erreurs (et fraudes) dans les sciences biomédicales, ainsi que pour flatter un lectorat incapable d’analyser rationnellement ce qu’il critique. Les pseudo-scientifiques ont cette obsession de fourguer de la métaphysique pour combler les vides laissés par les zones obscures des sciences, alors que ces lieux d’ignorance ou d’incertitude font partie intégrante de la démarche scientifique. Que l’on invite « Dieu », la « Conscience » ou la « Création » — tout ce qui se pare de majuscules —, le processus de contamination intellectuelle est le même. On le rencontre aussi chez des scientifiques de haut niveau, par exemple Stephen Hawking qui réhabilitait sa foi chrétienne : « Au big bang et aux autres singularités, toutes les lois se seraient effondrées, de sorte que Dieu aurait encore eu toute liberté de choisir ce qui s’est passé et comment l’Univers a commencé. » (S Hawking & G Ellis,The Large Scale Structure of Spacetime, 1973) C’est donc ici que se limite mon adhésion au discours prophétique de Mattias Mesmet.
Dans un commentaire du même entretien, au titre (et surtout au style) apocalyptique Des milliards de personnes sont affectées par cela et ne le réalisent pas (27 novembre 2021N29) , le chercheur Robert Malone — chercheur dans le domaine de la technologie à l’origine de la vaccination à ARN messager — concluait que le seul espoir pour démonter cette hypnose collective serait de « penser globalement et agir localement », autrement dit rebâtir à l’échelle locale des réseaux de personnes capables d’interagir sans se comporter comme de simples marionnettes. Ce slogan a été popularisé dans les années 1970, donc rien de nouveau sous le soleil !
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Article créé le 9/12/2021 - modifié le 24/01/2022 à 11h11