Climat

Discours sur le climat

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Il s’est écoulé plusieurs années avant que je me décide à docu­men­ter un sujet qui, pour­tant, concerne notre santé, notre style de vie et notre « vivre ensemble »… La survie de l’es­pèce humaine serait même mena­cée : « Nous roulons sur une auto­route qui mène à un enfer clima­tique, avec un pied sur l’ac­cé­lé­ra­teur », décla­rait Antonio Guterres, le Secrétaire géné­ral de l’ONU, à l’ou­ver­ture de la COP 27, le 7 novembre 2022.

Longtemps, je m’étais contenté de garder sous le coude des articles, des liens vers des blogs, ainsi qu’une pile d’ou­vrages accu­sés de « climato-scepticisme ». C’est de cette litté­ra­ture qu’il est ques­tion ici, dédoua­née de toute forme de disso­nance cogni­tiveN1. Les écrits sérieux et docu­men­tés se prêtent à un examen critique, dédra­ma­tisé, du discours sur le climat.

Quelles sont donc les vraies causes du chan­ge­ment clima­tique ? Soyons clair : je vais parler des causes, et non des consé­quences

Pour un accès immé­diat à des docu­ments qui font débat, suivre les liens de la section Pétitions et déclarations.

Avertissement : toute prise de parole sur « le climat » s’ex­pose à une tenta­tive de disqua­li­fi­ca­tion enten­due des centaines de fois dans les débats fran­co­phones : « Mais vous n’êtes pas clima­to­logue ! » Je me demande si les auteurs de tels commen­taires savent en quoi consiste le métier de clima­to­logue… Le physi­cien François Gervais ouvre quelques pistes (Moranne JM, 2024aA160 p. 4) :

Le mot-clé « clima­to­lo­gie » est l’un des 55 qui défi­nissent le champ d’application des ensei­gne­ments et des recherches dans le cadre de la section 23 Géographie physique, humaine, écono­mique et régio­nale du Conseil National des Universités. Autant les univer­si­tés savent défi­nir, pour éven­tuel­le­ment le recru­ter, les compé­tences d’un mathé­ma­ti­cien, d’un physi­cien, d’un chimiste, d’un biolo­giste, d’un géographe, autant la clima­to­lo­gie apparaît-elle ainsi à sa vraie place, une sous-discipline de la Géographie parmi 54 autres. Combien d’auteurs des rapports du GIEC, le Groupe d’Experts (traduc­tion un peu pompeuse du titre anglais “Panel”) Intergouvernemental sur l’Évolution du Climat, justifient-ils d’une thèse en climatologie ?

Mais, après tout, c’est sans impor­tance : quand des jour­na­listes, des poli­ti­ciens ou des mili­tants (souvent très jeunes) relaient avec auto­rité un message sur la « crise clima­tique », personne ne s’au­to­rise à les ques­tion­ner sur leur culture scien­ti­fique et tech­nique. En tout cas, pas moi.

Les argu­ments d’au­to­ritéN2 servent à bloquer tout débat avec les réfrac­taires à une doctrine, expo­sée avec passion, qui s’im­pose à la manière d’un embri­ga­de­ment. Chacun accuse le camp opposé de « complo­tisme », un autre verrou de l’es­prit critique.

Le terme « embri­ga­de­ment » peut choquer. Mais je le crois appro­prié, certai­ne­ment dans la conti­nuité du « Nous sommes en guerre » proclamé par le Président Macron en mars 2020, au début de la crise sani­taire causée par la circu­la­tion du virus SARS-CoV‑2. Car, si l’on doit faire face à une crise clima­tique, il est légi­time de se mobi­li­ser pour entrer en rébel­lion

Documenter le discours sur le climat m’est apparu bien plus diffi­cile que suivre au jour le jour la « crise sani­taire » — voir mon article Coronavirus — discussion. Ce sujet est plus vaste, plus tech­nique, plus étendu histo­ri­que­ment, et poten­tiel­le­ment porteur d’en­jeux sur le très long terme. Malheureusement, la plupart des jour­na­listes se contentent de surfer sur l’im­mé­diat, emprun­tant les éléments de langage aux porte-voix de « La Science », à l’oc­ca­sion d’évé­ne­ments météo­ro­lo­giques extrêmes annon­cés presque chaque jour depuis l’été 2023…

Les articles et ouvrages qui ont retenu mon atten­tion ne sont pas de simples « billets d’hu­meur ». Les opinions des experts — que leurs détrac­teurs accusent d’être « auto­pro­cla­més » — ne m’in­té­ressent pas. Pour la plupart, ce sont de médiocres extraits, inter­pré­tés et extra­po­lés de manière invé­ri­fiable, de Résumés pour les déci­deurs (SPM) des rapports du GIEC (Gervais F, 2022A80 p. 145).

L’absence de sources scien­ti­fiques, dans ces articles de presse, exclut toute analyse critique : après tout, le « clima­tos­cep­ti­cisme » n’est rien d’autre qu’un banal jeu de séduc­tion aux yeux de Gabrielle Maréchaux (2024A144) ! Quant à la lecture inté­grale d’un rapport du GIEC — 2408 pages pour l’AR6 du Groupe 1 (2021N3) —, elle exige­rait beau­coup de temps, et surtout de solides compé­tences dans l’in­té­gra­lité des domaines couverts par la litté­ra­ture scien­ti­fique dont ils proposent une synthèse. Mes infor­ma­teurs, pour la plupart issus des « sciences dures », n’ont pas peur de mani­pu­ler des équa­tions diffé­ren­tielles… Je n’irai pas aussi loin !

Je me suis inté­ressé à des ouvrages ou des articles dont les conte­nus sont étayés par des liens vers des sources primaires — autre­ment dit, des publi­ca­tions de revues scien­ti­fiques à comité de lecture. Exit Wikipedia et son culte des données secon­daires, comme expli­qué dans ma présentation

Surprise agréable : les pages de plusieurs blogs fran­co­phones climato-réalistes sont ouvertes aux commen­taires. On apprend parfois plus en les lisant que dans les articles qui les ont moti­vés… Après tout, « faire de la science » c’est, entre autres, dialo­guer avec celles et ceux qui expriment des avis diver­gents, pourvu qu’ils s’ap­puient sur des données vérifiables.

J’invite les lecteurs de cette page à faire de même : suivre les liens, consul­ter les articles, dialo­guer avec leurs auteurs, lire (en entier) les ouvrages cités, pour reve­nir ensuite s’ex­pri­mer en public dans les commentaires.

Greta Thunberg nous supplie : « Écoutez les scien­ti­fiques ! » (2019A250). Eh bien, c’est préci­sé­ment ce que nous allons faire…

La suite de cet article n’est pas trans­crite orale­ment. Il n’est pas possible d’abor­der ce sujet sans avoir sous les yeux toutes les données, les images et les liens vers les sources !

Sommaire

Extrait de ma biblio­thèque « climato-réaliste ».
Ajouter (Moranne JM, 2024bA161) et les plus de 200 docu­ments numé­riques cités au bas de cette page

Malgré mon aver­sion pour les vidéos, j’ai placé dans ce texte de nombreux liens posi­tion­nés vers des passages de films de Martin Durkin (2007A55 ; 2024A56). Ceci afin de montrer quelques images des auteurs cités — par exemple John Clauser (2024A56 06:03). Toutefois, j’en ai détesté les premières minutes qui invitent à une lecture trou­blée par les émotions, et pour finir une critique cari­ca­tu­rale du mili­tan­tisme écolo­gique (voir ci-dessous).

Le GIEC et Al Gore, Prix Nobel 2007

En 1988 a été fondé le Groupe d’ex­perts inter­gou­ver­ne­men­tal sur l’évo­lu­tion du climat (GIEC). Le contexte histo­rique et poli­tique de cette fonda­tion est exposé plus bas.

Le terme anglais Intergovernmental Panel on Climate Change (IPCC) ne contient pas le mot « expert », qui en fran­çais peut prêter à confu­sion. En effet, cet orga­nisme ne dirige pas des travaux scien­ti­fiques. Il est chargé de docu­men­ter et synthé­ti­ser toute la litté­ra­ture ayant trait au chan­ge­ment climatique.

À l’ori­gine, le docu­ment “Principles Governing IPCC Work” préci­sait que le GIEC (IPCC) avait pour mission d’étu­dier le risque du chan­ge­ment clima­tique causé par l’ac­ti­vité humaine. La mention de ce lien de causa­lité a disparu par la suite, une fois établi « par consen­sus » que l’ac­ti­vité humaine — compre­nez, les « gaz à effet de serre » — était la prin­ci­pale cause du réchauf­fe­ment de la Planète. Nous verrons plus bas quelle est la réalité de ce consensus.

La thèse alar­miste du « CO2 qui réchauffe la planète par effet de serre » a été postu­lée, à la fin des années 1960, par des personnes en vue comme comme Aurelio Peccei, fonda­teur du Club de Rome, dans la lignée du rédac­teur en chef du jour­nal Science, Philip Hauge Abelson (1967A2). Ils recon­nais­saient Svante August Arrhenius (1896A11), prix Nobel de Chimie en 1903, comme un précur­seur de cette théo­rie, bien que l’inexac­ti­tude de ses propo­si­tions ait été démon­trée par ses pairs (Poyet P, 2022A191 p. 32–34). Le terme (inap­pro­prié) « effet de serre » a été utilisé en premier par Nils Gustaf Ekholm (1901A61).

Sur cette page, on utilise « CO2 » pour dési­gner le gaz carbo­nique que les chimistes écrivent « CO2 ». Cette simpli­fi­ca­tion est passée dans l’usage.

À la même époque que Peccei, des auteurs comme Carroll E Wilson et William Matthews avaient attri­bué la varia­tion du climat à des causes natu­relles, ou à l’in­fluence humaine, avec une réserve pour ce qui est du rôle du gaz carbo­nique (1971A274 p. 112) :

Pour déter­mi­ner l’ef­fet d’une augmen­ta­tion de la concen­tra­tion de CO2 sur la tempé­ra­ture de surface, il faut d’abord démon­trer que les chan­ge­ments de CO2 affec­te­ront le bilan radia­tif dans le système terre-atmosphère. Ensuite, s’il n’y a pas d’autres ajus­te­ments simul­ta­nés ou couplés dans d’autres variables que celles de l’équi­libre (telles que la teneur en eau de l’at­mo­sphère, la nébu­lo­sité ou la couver­ture neigeuse) en raison du chan­ge­ment de l’équi­libre radia­tif qui pour­rait être causé par l’aug­men­ta­tion du CO2, l’ef­fet des chan­ge­ments de CO2 sur la tempé­ra­ture atmo­sphé­rique moyenne globale à l’équi­libre pour­rait être prédit par ce modèle.

Lire The Birth of the Environmental Movement (Poyet P, 2022A191 p. 402–412) pour plus de détails histo­riques sur la mise en place des poli­tiques envi­ron­ne­men­tales. Dans son ouvrage Politics and Climate Change, a History (2020A150), Andy May donne une quan­tité d’in­for­ma­tions cruciales sur les acteurs insti­tu­tion­nels dans le monde anglophone.

Un récit inci­sif a fait l’ob­jet du chapitre 6 de L’imposture clima­tique (Allègre C, 2010A9 p. 163–218). Ouvrage de 294 pages, grand prix de la Société de géogra­phie en 2010, mais qui, selon certains commen­ta­teurs — sans plus de préci­sions — contien­drait « plus d’une centaine d’er­reurs scien­ti­fiques graves » ! Merci de me les signaler… ?

Le GIEC regroupe (en 2023) 195 États dont les repré­sen­tants ont un droit de vote iden­tique. Son mode de fonc­tion­ne­ment fait appa­raître les déci­sions comme autant de consen­sus dans l’in­ter­pré­ta­tion d’ar­ticles scien­ti­fiques sélec­tion­nés par des groupes d’experts.

La stag­na­tion des tempé­ra­tures moyennes depuis 2015 est-elle une raison de dire « chan­ge­ment » plutôt que « réchauf­fe­ment » clima­tique ? Quid de l’ac­cé­lé­ra­tion du réchauf­fe­ment ?

Le terme « consen­sus » s’est imposé dans le discours sur ce qui a été appelé, succes­si­ve­ment, « réchauf­fe­ment clima­tique », « chan­ge­ment clima­tique », puis « dérè­gle­ment clima­tique », « crise clima­tique », enfin « urgence clima­tique » et même « effon­dre­ment clima­tique »… Cette dérive du voca­bu­laire est le reflet d’une croyance de plus en plus infaillible en l’ef­fet sur le climat des acti­vi­tés humaines : indus­trie, agri­cul­ture, trans­ports, chauf­fage urbain, nutri­tion, etc. Une issue apoca­lyp­tique que les humains ont le pouvoir (et le devoir) de contre­car­rer en luttant avec achar­ne­ment contre le réchauf­fe­ment climatique.

Aux yeux du public — et des déci­deurs poli­tiques, appuyés par les médias — le consen­sus est un gage de vérité, bien qu’il se situe aux anti­podes d’une démarche scien­ti­fique, laquelle consiste à soumettre toute hypo­thèse à l’épreuve du réel. Cet examen procède d’une réflexion critique, exami­nant avec une atten­tion parti­cu­lière les faits qui paraissent contre­dire l’hypothèse.

Le mythe d’un consen­sus de « 97.1 % de scien­ti­fiques » (Cook et al., 2013A41) a été clai­re­ment démonté par David R Legates et ses collègues (2015A129). Il est fréquem­ment recy­clé, avec la même comp­ta­bi­lité puérile, par exemple par Mark Lynas et al. (2021A139) qui parviennent à 99 % : les auteurs ont mis dans le consen­sus en faveur de l’origine humaine du réchauf­fe­ment clima­tique les 70 à 80 % d’articles qui pour­tant ne parlaient pas d’une origine humaine du réchauf­fe­ment clima­tique, ou qui ne parlaient même pas de réchauf­fe­ment clima­tique. Autrement dit, tous ceux qui ne sont pas « contre » sont néces­sai­re­ment « pour » ! Sans surprise, le même pseudo-raisonnement appli­qué avec le biais inverse — « contre » par défaut — abou­tit au résul­tat inverse…

Cette recherche de consen­sus a poussé le GIEC à privi­lé­gier les « scéna­rios de climat » produits par les modèles mathé­ma­tiques des clima­to­logues, balayant du revers du coude leurs détrac­teurs et ses propres contra­dic­tions (Masson H, 2019A146) :

En infé­rence statis­tique, quand après un calcul de courbe de régres­sion, les rési­dus ne sont pas constants et négli­geables, on conclut que le modèle est impar­fait et l’on change de modèle. Le GIEC, lui, inter­prète la non-constance des anoma­lies de tempé­ra­ture en clamant que c’est le système clima­tique qui dérive, tout en gardant une confiance aveugle dans ses modèles.

Claude Allègre écri­vait (2010A9 p. 182) :

[…] à partir de là, les choses vont s’ac­cé­lé­rer. Avec une méthode qui ne va jamais se modi­fier et fera ses preuves : le consen­sus entre les membres d’un petit groupe d’ini­tiés, d’un côté ; la disqua­li­fi­ca­tion, l’op­probre, puis l’ex­clu­sion de ceux qui sont tenus pour des déviants parce qu’ils émettent — osent émettre ! — une opinion diver­gente. C’est la pratique de l’ostra­cisme grec, celle qui a poussé Thémistocle à deve­nir l’al­lié des Perses. Ce qui veut dire que, hors du groupe restreint, le débat est interdit.

L’ouvrage Impasses Climatiques (Gervais F, 2022A80) expose clai­re­ment les dysfonc­tion­ne­ments du GIEC qui révèlent une approche pseu­dos­cien­ti­fique du sujet. L’auteur, physi­cien, avait été accré­dité par le GIEC comme expert revie­wer des deux plus récents rapports AR5 (en 2013) et AR6 (en 2021) dont il avait signalé — sans être entendu — les erreurs et contra­dic­tions (2022A80 p. 145–158). Depuis cette « muti­ne­rie », François Gervais est cata­lo­gué « clima­to­dé­nia­liste » et « complo­tiste » (cf. Wikipedia) alors que ce profes­seur émérite à l’Université de Tours a dirigé un labo­ra­toire du CNRS (UMR 6157). Ancien conseiller scien­ti­fique du Pôle de compé­ti­ti­vité Sciences et Systèmes de l’Énergie Électrique, il est médaillé du CNRS en ther­mo­dy­na­mique et lauréat du prix Ivan Peyches de l’Académie de sciences. Excusez du peu !

Un autre person­nage déran­geant, récem­ment mis sur la touche, est l’un des trois lauréats du Prix Nobel de physique en 2022, John Clauser. Il préside la CO2 coali­tionN4. Lire à son sujet un article de Mattias Desmet, ainsi que la traduc­tion d’une confé­rence à L’Irish Climate Science Forum, le 8 mai 2024, titrée : Le ther­mo­stat des nuages est le méca­nisme domi­nant de contrôle du climat qui stabi­lise le climat de la Terre ; le récit catas­tro­phique du GIEC est un mythe (Clauser J, 2024A39, voir vidéo).

En 2007, le prix Nobel de la paix avait été conjoin­te­ment attri­bué au GIEC et à l’an­cien vice-président des États-Unis d’Amérique, Al Gore (Albert Arnold Gore), suite à la diffu­sion de son film An Inconvenient Truth (2007A4) (Une vérité qui dérange). Ce docu­men­taire aler­tait de manière spec­ta­cu­laire sur les effets drama­tiques du réchauf­fe­ment de la Planète causé par l’ac­ti­vité humaine. Selon cette « vérité », le chan­ge­ment clima­tique serait attri­bué prin­ci­pa­le­ment à l’ef­fet de gaz à effet de serre, savam­ment décrit comme un forçage radia­tifN5.

Le film d’Al Gore était construit sur, au mini­mum, neuf affir­ma­tions menson­gères (Moranne JM, 2024bA161 p. 33–35) dont il sera ques­tion plus bas dans cet article. Par exemple, des images montraient Manhattan submergé sous six mètres d’eau… Les films de Martin Durkin (2007A55 18:40) et de Simon Clark (2023A38) peuvent être vus comme des réponses à celui d’Al Gore.

Claude Allègre rappelle la suite (2010A9 p. 74) :

Pour le reste, il n’est pas sans inté­rêt de savoir qu’Al Gore a été condamné par la Haute Cour de Londres et le juge Burton pour diffu­sion de fausses preuves scien­ti­fiques, et qu’en consé­quence le film d’Al Gore n’a pas pu être projeté en Grande-Bretagne dans les écoles sans un aver­tis­se­ment préa­lable iden­ti­fiant neuf erreurs (déci­sion de janvier 2007). La presse fran­çaise n’a pas fait état, sur le coup, de cette mise en garde, ce qui en dit long. De nombreux jour­naux n’ont appris la nouvelle, semble-t-il, que beau­coup plus tard, la relayant lorsqu’Al Gore et son film avaient disparu de l’ac­tua­lité.

Q : Pour le commun des mortels, n’est-il pas singu­lier qu’on donne un prix Nobel — certes pas un prix Nobel scien­ti­fique — à un homme qui a fait un film en utili­sant, à vous suivre, des argu­ments faux ?

C’est le senti­ment de beau­coup de scien­ti­fiques, conster­nés par le choix des Nobel. M. Jouzel a, en revanche, affirmé, lui, que le film était excellent et que ce qu’il montrait était vrai.

On peut rire des prédic­tions farfe­lues d’Al Gore — qui a réci­divé en 2017 avec Une suite qui dérange (2017A5) — et de la naïveté de son public, mais la France aussi a eu, au sommet de l’État, des clowns tristes de l’alar­misme clima­tique : le 28 septembre 2015, le Président François Hollande avait osé dire, à la 70e session de l’Assemblée Générale des Nations-Unies, que les tsuna­mis et les trem­ble­ments de terre étaient un effet du réchauf­fe­ment clima­tique (Hollande F, 2015A99) !

L’année 2007 était aussi celle du rapport AR4N6 du GIEC, dont les erreurs ont par la suite été recon­nues publi­que­ment (Gervais F, 2022A80 page 146) :

Répété à l’envi par le président du GIEC et par le secré­taire géné­ral des Nations Unies, l’AR4 a affirmé que le réchauf­fe­ment clima­tique pour­rait réduire la produc­tion agri­cole afri­caine de 50 % d’ici 2020. Le problème est qu’il n’y avait aucune preuve à l’ap­pui de cette affir­ma­tion. Le GIEC avait simple­ment réitéré une affir­ma­tion douteuse issue, non d’un article publié dans une revue inter­na­tio­nale à comité de lecture, mais d’une brochure publiée par une ONG. Le respon­sable du groupe de travail du GIEC a été contraint d’ad­mettre en 2010 que l’af­fir­ma­tion n’était nulle­ment étayée.

Le dioxyde de carbone (CO2) était seul dans le viseur. Par chance (pour les tech­no­crates), le bilan carboneN7 de toute acti­vité humaine peut être calculé, puis inscrit dans le circuit écono­mique sous la forme de taxes carboneN8 et de quotas d’émis­sionN9. Ce n’est pas le cas, par contre, du protoxyde d’azote N2ON10 jugé 298 fois plus « polluant » que le CO2, et dont une source impor­tante, bien que non mesu­rable en quan­tité, serait la culture du riz sous inon­da­tions inter­mit­tentesN11 (Kritee K et al., 2018A123).

Histoire d’eau

Source : synthé­tisé avec DALL‑E

Enfin et surtout, les calculs cités par le GIEC faisaient abstrac­tion de l’eau, sous forme de vapeur et de nuages, prin­ci­pal gaz à effet de serre (Lindzen R, 2018A132 p. 5). François Gervais écrit à ce sujet (2022A80 p. 79–80) :

Après une nuit sous une couver­ture nuageuse, la tempé­ra­ture mati­nale reste proche de celle de la veille au soir. En revanche, après une nuit sans nuages, elle est géné­ra­le­ment beau­coup plus fraîche que celle de la veille au soir. L’écart d’éner­gie asso­cié à ces chan­ge­ments de tempé­ra­ture est consi­dé­rable, beau­coup plus que la contri­bu­tion raison­na­ble­ment attri­buable aux émis­sions de CO2. C’est le cycle de l’eau et ses compo­santes vapeur et nuages qui régulent le climat de la Terre. Un chan­ge­ment de la couver­ture nuageuse ou de la distri­bu­tion de types de nuages, ou de la propor­tion de vapeur d’eau, est capable de contre­ba­lan­cer l’ef­fet du CO2 comme l’ont montré Dübal et Vahrenholt (2021A58).

Ces méca­nismes ont été expo­sés en détail par Henrik Svensmark et Eigil Friis-Christensen (1997A242), ainsi que Patrice Poyet (2022A191 p. 124–127) qui écrit :

On pour­rait même dire que le climat est déter­miné par la quan­tité de pluie reçue, mois après mois, par n’im­porte quelle région de la Terre, et ni la théo­rie CAGW [catas­tro­phic anthro­po­ge­nic global warming] ni les modèles de circu­la­tion géné­raleN12 (GCM) asso­ciés ne sont bons pour faire des prévi­sions à cet égard (Koutsoyiannis, 2008A119). Le régime spatial et tempo­rel des préci­pi­ta­tions est une consé­quence de l’or­ga­ni­sa­tion de la circu­la­tion atmo­sphé­rique, dont le « but » est le trans­fert de la vapeur d’eau des zones tropi­cales vers les hautes lati­tudes où elle se condense et alimente le rayon­ne­ment de l’air vers le cosmos dans l’in­fra­rouge ther­mique (OLR, Outgoing Long-wave Radiation), de manière à compen­ser exac­te­ment, « en moyenne » sur l’en­semble du globe et sur quelques semaines, le flux solaire absorbé par le globe.

La vapeur d’eau, qui se préci­pite sous forme de pluie ou de neige, ne provient souvent pas de l’en­droit où il pleut ; elle provient du balayage par les alizés de milliers de kilo­mètres vers le nord et vers le sud : ces alizés convergent dans la « chemi­née équa­to­riale » ; pour les averses des fronts froids de nos lati­tudes, la vapeur d’eau vient de milliers de kilo­mètres au sud-ouest, et elle est trans­fé­rée vers le nord-est dans le couloir dépres­sion­naire qui précède les Anticyclones Mobiles Polaires (AMPA259) qui se déplacent, eux, vers le sud-est.

Veyres (2020a p. 157, 62) conclut « que les histoires de “forçage radia­tif par les gaz-à-effet-de-serre” sont des inep­ties et que c’est la teneur en vapeur d’eau de la haute tropo­sphèreN13, et non pas un réchauf­fe­ment de cette haute tropo­sphère qui déter­mine et régule le flux infra­rouge ther­mique émis par le globe vers le cosmos. […] Rappelons une fois encore que c’est la quan­tité de vapeur d’eau autour de 9 km qui assure en quelques heures et quelques jours la régu­la­tion du rayon­ne­ment du globe vers le cosmos, et qu’il est absurde et contraire aux obser­va­tions de poser a priori qu’elle va crois­sant. » Par ailleurs, l’ef­fet régu­la­teur de la vapeur d’eau n’a été correc­te­ment évalué par aucun des modèles. La plupart de ses effets sont dus à son opacité dans les régions spec­trales des ondes longues. Les contri­bu­tions rela­tives de H2O, CO2 et O3 à la réduc­tion du flux sortant d’ondes longues sont très diffé­rentes, et l’ef­fet de H2O sur les ondes longues est telle­ment plus impor­tant que les effets de CO2 et O3 qu’il ne laisse aucune chance à d’autres gaz de jouer un rôle réel.

Les mesures de l’hu­mi­dité atmo­sphé­rique dans les régions arides ou semi-arides sont aussi en contra­dic­tion avec ce que prédisent les modèles de climat (Simpson IR et al., 2024A229) :

La vapeur d’eau dans l’at­mo­sphère devrait augmen­ter avec le réchauf­fe­ment, car une atmo­sphère plus chaude peut conte­nir plus d’hu­mi­dité. Cependant, au cours des quatre dernières décen­nies, la vapeur d’eau près de la surface n’a pas augmenté dans les régions arides et semi-arides. Cela va à l’en­contre de toutes les simu­la­tions de modèles clima­tiques dans lesquelles elle augmente à un rythme proche des attentes théo­riques, même dans les régions sèches. Cela pour­rait indi­quer que les modèles repré­sentent mal les proces­sus liés à l’hy­dro­cli­mat ; les modèles augmentent la vapeur d’eau pour satis­faire la demande atmo­sphé­rique accrue, alors que cela ne s’est pas produit dans la réalité. Étant donné les liens étroits entre la vapeur d’eau et les incen­dies de forêt, le fonc­tion­ne­ment des écosys­tèmes et les tempé­ra­tures extrêmes, cette ques­tion doit être réso­lue afin de four­nir des projec­tions clima­tiques plus fiables pour les régions arides et semi-arides du monde.

Dans un atelier Nouveaux outils statis­tiques en hydro­lo­gie, lors d’un sympo­sium sur la gestion des ressources en eau, Demetris Koutsoyiannis décla­rait (2008A119) :

La recherche hydro­lo­gique a apporté des contri­bu­tions déci­sives en matière de stochas­tique (Hurst, Mandelbrot, Hosking), alors que les clima­to­logues utilisent encore des repré­sen­ta­tions stochas­tiques simplistes et irréa­listes. […]

Traditionnellement, les hydro­logues possèdent des compé­tences qui sont peut-être moins répan­dues dans la commu­nauté clima­to­lo­gique :
• Le prag­ma­tisme, lié à la forma­tion d’in­gé­nieur ;
• L’expertise dans l’aide à la prise de déci­sion en situa­tion d’in­cer­ti­tude ;
• Une fami­lia­rité avec les prévi­sions à long terme (pour la concep­tion de grands travaux), et en parti­cu­lier l’im­pos­si­bi­lité d’uti­li­ser des approches déter­mi­nistes pour les réali­ser. […]

Un chan­ge­ment de para­digme est néces­saire dans le domaine du climat :
• Des termes et défi­ni­tions ambi­gus aux concepts clairs ;
• Des certi­tudes falla­cieuses à la recon­nais­sance de l’in­cer­ti­tude ;
• Des approches déter­mi­nistes aux approches stochastiques.

Deux articles de Brigitte Van Vliet-Lanoë et Jean Van Vliet (2022aA258 ; 2022bA259) dressent un bilan de l’in­fluence sur la météo et le climat de phéno­mènes très impor­tants — pour la plupart non modé­li­sables sur le long terme et sans lien signi­fi­ca­tif avec l’ac­ti­vité humaine : circu­la­tion ther­mo­ha­lineN14 des océans (ther­mal conveyor belt), irra­diance solaire, jet streamsN15, vent solaire, etc. Conclusion en quelques mots :

L’évolution météo­ro­lo­gique est une image à très court terme du système clima­tique : elle n’a de valeur que si on l’intègre dans un contexte au mini­mum décen­nal. Madame Soleil (F) et Monsieur Météo (B) ne peuvent pas prédire l’évolution du climat. Encore moins les médias.

Un sémi­naire de travail sur l’évo­lu­tion du climat, à l’Académie des sciences, avait accueilli l’in­ter­ven­tion de Marcel Leroux sur le thème Les échanges méri­diens commandent les chan­ge­ments clima­tiques (2007A130).

Les pertur­ba­tions dans la circu­la­tion atmo­sphé­rique El NiñoN16 et La NiñaN17 échappent aux modèles prédic­tifs, bien qu’elles aient une influence consi­dé­rable sur les varia­tions saison­nières de tempé­ra­ture. El Niño provoque un échauf­fe­ment, alors que La Niña provoque un refroi­dis­se­ment, mais avec des effets qui peuvent être radi­ca­le­ment diffé­rents selon les parties du globe, par exemple une séche­resse au Sahel en même temps que des pluies dilu­viennes au Brésil (Troude M, 2024A253). Il est courant d’en­tendre les clima­to­logues admettre qu’ils sont un des prin­ci­paux vecteurs du chan­ge­ment clima­tique, tout en ajou­tant (sans l’ombre d’une preuve) que ces phéno­mènes sont « aggra­vés » par la produc­tion de gaz à effet de serre…

Représentation des données

Une première faiblesse du discours alar­miste sur le climat réside dans l’in­ter­pré­ta­tion arbi­traire, voire tendan­cieuse, de données statis­tiques, s’ap­puyant sur des modes de repré­sen­ta­tion simplistes.

Henri Masson (2023A147), par exemple, critique la méthode qui consiste à réduire une série tempo­relle de mesures à des droites de régres­sion. Le simple choix de l’in­ter­valle tempo­rel permet d’en modi­fier la pente, et donc la signi­fi­ca­tion en termes d’augmen­ta­tion ou de dimi­nu­tion. Sur l’image ci-dessus, la régres­sion linéaire des tempé­ra­tures de 1979 à 2009 fait appa­raître un réchauf­fe­ment global alors que, de 1998 à 2009, on assis­te­rait à un refroi­dis­se­ment. En divi­sant l’in­ter­valle en deux sections, on peut faire appa­raître une absence de varia­tion entre 1979 et 1997, ainsi qu’entre 1999 et 2009, avec un saut de 0.3 degrés en 1997–1998, résul­tat d’un événe­ment El NiñoN16. Aucune de ces trois repré­sen­ta­tions n’est réaliste…

Une méthode plus saine d’ana­lyse d’une série tempo­relle consiste à recher­cher en premier lieu des compo­santes pério­diques en faisant appel à la trans­for­mée de Fourier de la fonc­tion d’autocorrélation (Masson H, 2023A147 figure 28). Dans l’exemple consi­déré, quatre compo­santes présentent une magni­tude supé­rieure à la compo­sante conti­nue (fréquence zéro) qui est de 0.15° C. On peut donc réduire la série à une somme de quatre sinu­soïdes et une compo­sante conti­nue : la courbe en rouge ci-dessous. La prolon­ga­tion de cette courbe suggère un passage par un maxi­mum proche de 0.8°C, qui serait suivi d’un refroi­dis­se­ment.

Ajustement des données Hadcrut 5.0.1 par la droite de régres­sion (en traits poin­tillés) et une somme de 4 sinu­soïdes (courbe rouge). Source : Henri Masson (2023A147 figure 29)

Une mauvaise farce pour ceux qui affirment qu’il suffit de prolon­ger (linéai­re­ment) les obser­va­tions pour prédire la conti­nua­tion, ou même une accé­lé­ra­tion du réchauf­fe­ment ! Voir à ce sujet le graphique en crosse de hockey de Michael E Mann (1998N18) dont la métho­do­lo­gie erro­née a été signa­lée par la suite (McIntyre S & R McKitrick, 2003A152, 2005A153 ; Duran J, 2013A54 ; Deheuvels P, 2024A49).

Michael Mann s’était entre autres appuyé sur un histo­rique des tempé­ra­tures basé sur la mesure des épais­seurs des anneaux de crois­sance des arbres. Håkan Grudd (2008A87), de son côté, a révélé que l’aug­men­ta­tion d’épais­seur des jeunes anneaux des arbres était un effet de la compac­tion des anneaux plus anciens, et non la trace d’un réchauf­fe­ment, que Mann aurait donc suréva­lué. D’autres critiques portent sur le fait que l’ar­ticle de Gordon Jacoby et Rosanne d’Arrigo (1989A105) ne portait que sur une sélec­tion de dix sites four­nis­sant « le meilleur enre­gis­tre­ment dans le temps et dans l’es­pace de la crois­sance des arbres influen­cée par la tempé­ra­ture pour cette région de l’Amérique du Nord » (p. 44) alors que 36 avaient été échan­tillon­nés. Les rele­vés des 26 sites écar­tés de l’étude n’ont pas été archi­vés, malgré la demande insis­tante des éditeurs (McIntyre S, 2023A155).

En l’ab­sence de modèle, l’hy­po­thèse empi­rique propo­sée par Masson (courbe en rouge ci-dessus) serait envi­sa­geable, et certai­ne­ment plus que celle d’une droite de régres­sion (en poin­tillés verts), car le coef­fi­cient de déter­mi­na­tionN19 est de 0.907 pour les sinu­soïdes et seule­ment 0.647 pour la droite.

La courbe rouge est en réalité proche de celle de l’Oscillation atlan­tique multi­dé­cen­nale (AMON20), une varia­tion de la tempé­ra­ture de surface de la mer sur un cycle d’en­vi­ron 65 à 70 ans (Schlesinger ME & N Ramankutty, 1994A218). François Gervais écrit à ce sujet (2022A80 p. 109) :

Le refroi­dis­se­ment de la Terre observé de 1945 à 1975 […] a prin­ci­pa­le­ment concerné l’hé­mi­sphère nord, comme le montrent de nombreuses études […]. L’AMO est juste­ment obser­vée dans l’Atlantique Nord, et l’os­cil­la­tion était en phase de refroi­dis­se­ment durant cette période. Elle n’est pas la seule. La compa­rai­son avec l’Oscillation [multi­dé­cen­nale du] Pacifique (PDON21) est confon­dante, dans la mesure où une phase froide est égale­ment obser­vée de 1947 à 1976 (figure 2.10).

Plus globa­le­ment, les indices AMO et PDO appa­raissent synchrones avec la série de tempé­ra­tures HadCRUT4N22. Tous trois confirment une phase montante récente. Si ces cycles se pour­suivent, ils devraient être suivis par une phase descen­dante dans les quelque trente ans à venir.

Gervais (2022A80 p. 110–111) :

Scafetta (2021aA213) [voir traduc­tion 2021bA214] iden­ti­fie plusieurs cycles supplé­men­taires d’am­pli­tudes toute­fois moindres. Il montre surtout, par une analyse de Fourier, que le cycle d’en­vi­ron 60 ans et les autres sont remar­qua­ble­ment corré­lés à la vitesse du soleil par rapport au centre de masse du système solaire (Scafetta N, 2009A210). Le cycle prin­ci­pal d’en­vi­ron 60 ans implique les deux planètes les plus massives, Jupiter et Saturne, selon que leurs orbites respec­tives autour du soleil les amènent ou non proches, avec des consé­quences gravi­ta­tion­nelles sur la boule de gaz défor­mable qu’est notre étoile, qui s’ajoutent si elles sont proches, ou non. Scafetta et al. (2020A217) consi­dèrent toute­fois d’autres expli­ca­tions possibles à ces obser­va­tions, toutes plus natu­relles les unes que les autres, du moins sans aucun lien avec les émis­sions de CO2.

Source : figure 2.23 (CSSR, 2014N23 p. 42)

La réduc­tion d’une série tempo­relle à une droite de régres­sion dans le sens souhaité — en choi­sis­sant pour cela les dates de début et de fin — révèle un tel amateu­risme qu’on est en droit de douter que des « experts du climat » y aient recours. Or cette mani­pu­la­tion des données a été utili­sée pour repré­sen­ter l’in­dice de puis­sance dissi­pée par les oura­gans dans l’Atlantique Nord, de 1981 à 2005. Ceci afin d’étayer, dans les rapports de la science du climat aux États-Unis (CSSR, 2014N23 p. 20), la prédic­tion d’un accrois­se­ment du nombre et l’in­ten­sité des oura­gans en Atlantique Nord (Koonin SE, 2021A115 p. 116–121). Cette prédic­tion n’était pas celle, entre autres, de James B Eisner et collègues (2006A62 page 92).

Un autre exemple de régres­sion sinu­soï­dale faisant appa­raître une pério­di­cité a été présenté par François Gervais (2016A77). La figure ci-contre repré­sente l’évo­lu­tion de l’in­cer­ti­tude sur les valeurs supé­rieures et infé­rieures de la hausse du niveau des océans rappor­tées par les maré­graphes, selon la figure 3.14 du rapport AR5 (2013) du GIEC. La courbe en trait gras est une régres­sion par une sinu­soïde de période 62 ans. Elle fait appa­raître, sur la période 1900 à 2000, une hausse annuelle moyenne variant entre 1 et 3 millimètres.

Cette oscil­la­tion a été confir­mée par Thomas Frederikse et al. (2020A72), rappor­tant toute­fois une hausse moyenne de 1.52 ± 0.33 mm par an de 1900 à 2018, donc plus faible que la moyenne de la figure de Gervais qui était basée sur seule­ment 240 maré­graphes (2022A80 p. 118).

Un exemple d’in­ter­pré­ta­tion tendan­cieuse des données — pour parler vrai, une fraude scien­ti­fique — était la « recons­truc­tion » des tempé­ra­tures du deuxième millé­naire dans le troi­sième rapport du GIEC (2001). L’explication suivante a été four­nie par Christopher Walter (2013A267 p. 8) :

La période chaude médiévale et le petit âge glaciaire avaient été clairement illustrés par un schéma (image de gauche) dans le premier rapport d'évaluation du GIEC en 1990. Mais en 1995, David Deming, qui venait de publier un article reconstituant 1000 ans de températures mondiales grâce à des milliers de mesures effectuées dans des trous de forage à travers le monde et démontrant clairement l'existence de la période chaude médiévale, a reçu un courriel de Jonathan Overpeck, un auteur du GIEC, disant : "Nous devons effacer la période chaude médiévale." Ainsi, dans le troisième rapport d'évaluation du GIEC, publié en 2001, la période chaude médiévale et le petit âge glaciaire ont été abolis et, en limitant ingénieusement le nouveau graphique à l'hémisphère nord (image de droite), le réchauffement climatique du 20e siècle a été exagéré de 50 %.
Source : Christopher Walter, Viscount Monckton of Brenchley (2013A267 p. 8)

L’article The Frozen Climate Views of the IPCC . An analy­sis of AR6 révèle comment les mentions de la période chaude médié­vale et du petit âge glaciaire ont de nouveau été effa­cées lors des révi­sions du manus­crit de l’AR6N3 (Crok M & A May eds., 2023A43 p. 35–37). Cette dissi­mu­la­tion était néces­saire pour ressus­ci­ter (p. 37–39) le terri­fiant graphique en crosse de hockeyN18 ! Patrice Poyet écrit à ce sujet (2022A191 p. 143) :

Il convient de noter que l’étude de Huang et al. (2008A102), basée sur des centaines de forages réali­sés sur tous les conti­nents (à l’ex­cep­tion de l’Antarctique), qui comptent parmi les moyens les plus fiables d’éta­blir des paléo-températures recons­ti­tuées, est en accord avec Christiansen et Ljungqvist (2011A32) et four­nit des preuves solides d’une diffé­rence de tempé­ra­ture de 1.0 à 1.5 K entre la période de réchauf­fe­ment médié­val (MWP) et le petit âge glaciaire (LIA), confor­mé­ment à Mayewski et al. (1993A151). Il s’agit d’un sujet contro­versé depuis la recons­truc­tion erro­née de la « crosse de hockey » et l’uti­li­sa­tion trom­peuse massive qui en est faite par le GIEC depuis des années. En outre, comme l’ont démon­tré deMenocal et al. (2000A47), le LIA n’est pas un événe­ment régio­nal limité à l’hé­mi­sphère nord, puisque « les SST [tempé­ra­tures de surface mari­times] subtro­pi­cales ont été réduites de 3 à 4°C. Ces événe­ments étaient synchrones avec les chan­ge­ments holo­cènes des SST de l’Atlantique Nord subpo­laire, docu­men­tant un lien fort et en phase entre les varia­tions à l’échelle millé­naire du climat des hautes et basses lati­tudes au cours de l’Holocène. »

Précision des mesures

Source : synthé­tisé avec DALL‑E

Elle est rare­ment discu­tée sur les plateaux des médias, en dépit des fortes marges d’in­cer­ti­tudes affi­chées sur les graphiques des météo­ro­logues. Le public a tendance à croire que les mesures par satel­lite de tempé­ra­tures de la surface terrestre sont les plus précises. Or il n’en est rien (SCM, 2015A206 p. 9) :

La tempé­ra­ture ne peut pas être mesu­rée direc­te­ment par les satel­lites. Dans le cas d’un satel­lite géosta­tion­naire et d’un temps dégagé, la tempé­ra­ture est obte­nue par appli­ca­tion de la loi de Planck, qui lie le rayon­ne­ment d’un corps noir (en surface — terre et océans) à la tempé­ra­ture.

Pour déter­mi­ner la tempé­ra­ture en alti­tude, les satel­lites à défi­le­ment (en orbite plus basse) utilisent la bande d’ab­sorp­tion du gaz carbo­nique, ou celle de l’oxy­gène dans le cas d’un temps nuageux. Dans les deux cas, il s’agit de mesures indi­rectes.

Les mesures par satel­lites sont impré­cises : des para­mètres comme la pres­sion ou la vitesse des vents sont diffi­ciles à esti­mer par satel­lite, et l’in­te­rac­tion des nuages avec le rayon­ne­ment est encore mal comprise. Les radars infra­rouges détectent les nuages les plus élevés, mais pas ceux situés en-dessous. Les capteurs micro-ondes voient à travers les nuages, mais évaluent mal les distances.

Ainsi, les mesures par satel­lites ne sont fiables qu’en temps dégagé, et la tempé­ra­ture ainsi esti­mée doit prendre en compte les incer­ti­tudes liées aux autres para­mètres, qui sont mal évalués.

Il est certes discu­table de citer un docu­ment datant de 2015, sachant que les données et les connais­sances ont évolué. Mais la qualité péda­go­gique de ce texte de la Société de Calcul Mathématique m’oblige à le faire, en atten­dant une mise à jour de son contenu et de ses argu­ments.

Organigramme montrant les diffé­rentes étapes de trai­te­ment utili­sées pour construire l’en­semble de données TLT fusion­nées MSU (Microwave Sounding Unit) / AMSU (Advanced Microwave Sounding Unit). Source : Mears, CA & FJ Wentz (2017A158)

Les données satel­li­taires font donc l’ob­jet d’ajus­te­ments. Patrice Poyet écrit (2022A191 p. 389) :

Par exemple, les données de tempé­ra­ture (T) sur le graphique de la figure 45 [Poyet P, 2022A191 p. 118] ont été révi­sées par Mears et Wentz (2017A158) à la suite d’un nombre décon­cer­tant d’opé­ra­tions, comme le montre la figure 1, p. 7697 de leur article [voir ci-contre]. Après une augmen­ta­tion de 30 % des ajus­te­ments à la hausse, le dernier para­graphe de leur article four­nit une longue liste d’ex­cuses pour les futurs ajus­te­ments à la hausse. Avec chaque étude, la liste des excuses pour procé­der à de nouveaux ajus­te­ments à la hausse ne cesse de s’al­lon­ger. Et par pure coïn­ci­dence, il se trouve que tous les ajus­te­ments sont à la hausse. Cela clôture dix années de recherche finan­cée par le contri­buable, dont le seul but est de trou­ver des excuses qui paraissent légi­times, pour procé­der à des ajus­te­ments à la hausse des données de tempé­ra­ture satel­li­taires afin de les rendre compa­tibles avec la théo­rie du réchauf­fe­ment clima­tique causé par l’Homme.

En mer, les bouées météo­ro­lo­giques les plus utili­sées (depuis 1970) étaient déri­vantes et trans­met­taient leurs mesures par radio. Elles suivaient les courants marins et ne mesu­raient donc jamais deux fois la tempé­ra­ture en un même point (SCM, 2015A206 p. 9). D’autres bouées ont été fixées par une ancre au fond de l’océan, mesu­rant la tempé­ra­ture à une profon­deur. de 3 mètres, et permettent d’éta­lon­ner et vali­der les données satel­li­taires. En raison de leur coût, ces dernières ne sont pas répar­ties sur un réseau mondial — voir figure 4 (SCM, 2015A206 p. 14).

Les navires de recherche ont égale­ment été utili­sés pour des mesures de tempé­ra­tures, toute­fois avec des erreurs de l’ordre de 0.6 degrés, du fait que le capteur était situé à proxi­mité de la salle des machines (SCM, 2015A206 p. 10).

À partir de 1990, la NOAA a intro­duit un ajus­te­ment appli­qué aux données des bouées, ajou­tant envi­ron +0.12°C aux rele­vés des bouées lors de la construc­tion de la série ERSSTv4. John R Christy commente (2016A34 p. 7, 8) :

En 1980, seuls 10 % envi­ron des rapports de données prove­naient de bouées, alors qu’en 2000, 90 % envi­ron étaient des données de bouées. Ainsi, étant donné que l’in­fluence des données des bouées s’est consi­dé­ra­ble­ment accrue au fil du temps, le simple ajout d’un biais à toutes les bouées depuis le début a créé une tendance au réchauf­fe­ment à mesure qu’elles deve­naient la prin­ci­pale source d’in­for­ma­tion. […]

La NOAA a utilisé une curieuse variable de réfé­rence pour étalon­ner les tempé­ra­tures de l’eau mesu­rées à partir des prises d’eau des navires : la tempé­ra­ture de l’air marin nocturne (NMAT). Cette curio­sité s’ex­plique par le fait que des ajus­te­ments consi­dé­rables sont néces­saires pour les NMAT elles-mêmes, c’est-à-dire des correc­tions pour la hauteur du pont du navire, etc. Quoi qu’il en soit, les données des bouées ont ensuite été ajus­tées pour corres­pondre aux données des navires. Il semble donc que le proces­sus d’ajus­te­ment fonda­men­tal dépende des NMAT pour ajus­ter les données des navires afin d’ajus­ter ensuite les données des bouées.

Une discus­sion des données de tempé­ra­tures océa­niques dans le rapport AR6N3 du GIEC (2021) est présen­tée dans l’ar­ticle The Frozen Climate Views of the IPCC (Crok M & A May eds., 2023A43 p. 47–49).

Les stations de mesure de la tempé­ra­ture terrestre sont très irré­gu­liè­re­ment répar­ties sur le globe. De plus, la NOAA n’uti­li­sait (en 2015) qu’en­vi­ron un quart des 6000 stations, ce qui rendait encore plus problé­ma­tique le sous-échantillonnage. À cela s’ajoute le fait que les stations de météo sont de plus en plus souvent situées en zone urbaine, ou près des aéro­ports, ce qui donne des mesures nette­ment plus élevées que celles autre­fois préle­vées dans des zones rurales (Gervais F, 2022A80 p. 67 ; Soon W et al., 2023A232 ; Durkin M, 2024A56 15:22). Ce déca­lage rend problé­ma­tique la construc­tion de séries tempo­relles cohérentes.

Patrice Poyet écrit (2022A191 p. 388) :

Spencer (2016A234) a calculé l’ef­fet moyen de l’Îlot de chaleur urbain (ICUN24) dans les données météo­ro­lo­giques quoti­diennes de surface qu’il a calcu­lées à partir des stations météo­ro­lo­giques du monde entier au cours de l’an­née 2000, sur la base des diffé­rences de tempé­ra­ture quoti­diennes entre les stations de tempé­ra­ture voisines, et en déduit que « comme on peut le voir, même à des densi­tés de popu­la­tion aussi faibles que 10 personnes par kilo­mètre carré, il y a un réchauf­fe­ment moyen de 0,6 C (1° F), qui est presque aussi impor­tant que le signal de réchauf­fe­ment global au cours du siècle dernier » et peut aller jusqu’à 2.2°C pour des densi­tés de popu­la­tion allant jusqu’à 7000 personnes par km2.

Roy W Spencer ajoute (2016A234 p. 10) :

Dans le cas des mesures effec­tuées à l’aide de ther­mo­mètres, ces chan­ge­ments n’ont pas eu d’in­ci­dence sur les prévi­sions météo­ro­lo­giques, car ils sont minimes (géné­ra­le­ment un degré ou moins) par rapport à l’am­pleur des chan­ge­ments météo­ro­lo­giques quoti­diens. En revanche, ils sont consé­quents et préju­di­ciables pour la surveillance de la tempé­ra­ture à long terme.

Mototaka Nakamura écrit (2018A174 p. 14, cité par Jean-Claude Pont, 2020A188) :

Pour les périodes anté­rieures les données de tempé­ra­ture recueillies ne valent que pour de très petites surfaces (par rapport à la surface totale de la Terre) et présentent donc un biais spatial impor­tant. Nous ne dispo­sons pas d’une quan­tité suffi­sante de données pour calcu­ler la tendance de la tempé­ra­ture moyenne globale de surface pour la période présa­tel­lite. En réalité, ce biais spatial impor­tant fait planer une grande incer­ti­tude sur la signi­fi­ca­tion (ou l’absence de signi­fi­ca­tion) de la « tendance de la tempé­ra­ture moyenne globale de surface » avant 1980.

Répartition mondiale des stations de mesure terrestres en 2010

Les méthodes de calcul des moyennes sont expli­quées en détail sur le docu­ment de la SCM (2015A206 p. 19–23). La moyenne arith­mé­tique, la plus souvent utili­sée, n’au­rait aucun sens pour la Terre entière, du fait de l’iné­ga­lité de répar­ti­tion des capteurs. Elle est donc réser­vée à des terri­toires homo­gènes comme les États-Unis.

Des correc­tions de tempé­ra­tures ont été effec­tuées sur des données anciennes, comme celles induites en 2001 par les chan­ge­ments des analyses du GISS (Goddard Institute for Space Studies) et du USHCN (United States Historical Climatology Network). Les mathé­ma­ti­ciens protestent (SCM, 2015A206 p. 27, 29) :

Notons encore une fois qu’ap­por­ter des correc­tions à une série de données n’est légi­time que si l’on apporte ces correc­tions à toutes les données ; si on ne le fait qu’à partir d’une certaine date, cela fausse les compa­rai­sons. […]

L’ensemble de l’in­for­ma­tion rela­tive aux tempé­ra­tures mondiales est entiè­re­ment dépourvu de valeur scien­ti­fique, et ne devrait servir de base à aucune déci­sion poli­tique. On constate, de manière parfai­te­ment claire, que :

• Les capteurs de tempé­ra­ture sont en nombre beau­coup trop faible pour donner une idée de la tempé­ra­ture du globe ;
• On ne sait pas, par prin­cipe, ce qu’une telle tempé­ra­ture pour­rait signi­fier. On ne parvient pas à lui donner un sens physique précis ;
• On constate de nombreuses dissi­mu­la­tions et mani­pu­la­tions dans les données ; il y a une volonté affi­chée de passer sous silence ce qui pour­rait passer pour rassu­rant, et de mettre en évidence ce qui est présenté comme inquié­tant ;
• Malgré cela, l’uti­li­sa­tion la plus directe des chiffres dispo­nibles ne montre pas de vraie tendance au réchauffement !

Dans la pratique, ce ne sont pas des « tempé­ra­tures » qui sont moyen­nées, mais les « anoma­lies de tempé­ra­tures » (Poyet P, 2022A191 p. 385) :

La première chose à comprendre est qu’il ne s’agit pas de tempé­ra­tures. Comme l’ex­plique Hausfather (2014A95) : « La façon dont le NCDC, le GISS, Hadley, calculent les soi-disant tempé­ra­tures consiste à prendre les données des stations, à les traduire en anoma­lies en sous­trayant la moyenne à long terme pour chaque mois de chaque station (par exemple la moyenne 1961–1990), à assi­gner chaque station à une cellule de la grille, à faire la moyenne des anoma­lies de toutes les stations dans chaque cellule de la grille pour chaque mois, et à faire la moyenne de toutes les cellules de la grille chaque mois, pondé­rée par leur super­fi­cie respec­tive. » Les détails diffèrent légè­re­ment d’un groupe à l’autre, mais c’est ainsi qu’ils produisent des données, appe­lées anoma­lies et présen­tées sous forme de tempé­ra­tures. Non seule­ment cette méthode “Gridded Anomalies” refroi­dit le passé et augmente la tendance, et toutes les personnes honnêtes impli­quées dans un tel proces­sus l’ad­met­tront, mais elle conduit égale­ment à remettre en ques­tion l’in­té­grité, l’ho­mo­gé­néité et la stabi­lité à long terme du proces­sus, étant donné que de nombreux chan­ge­ments se produisent au fil du temps, comme nous le verrons. […]

[…] les chan­ge­ments appor­tés au GHCN [Global Historical Climatology Network] au fil du temps et les métho­do­lo­gies utili­sées intro­duisent certains biais qui sont encore aggra­vés par le fait que le réseau mondial d’ob­ser­va­tion du NCDC, le cœur et l’âme de la mesure des condi­tions météo­ro­lo­giques de surface, est confronté à de sérieux défis. L’urbanisation a placé de nombreux sites dans des endroits inap­pro­priés, sur de l’as­phalte noir et chaud, à côté de barils d’or­dures ména­gères, à côté de conduits d’éva­cua­tion de la chaleur, et même atta­chés à des chemi­nées chaudes et au-dessus de grils exté­rieurs ! Les données et l’ap­proche adop­tées par de nombreux alar­mistes du réchauf­fe­ment clima­tique sont grave­ment erro­nées. Si les données mondiales étaient correc­te­ment ajus­tées pour tenir compte de l’ur­ba­ni­sa­tion et de l’emplacement des stations, et si les ques­tions liées aux chan­ge­ments d’uti­li­sa­tion des sols étaient abor­dées, il en ressor­ti­rait un schéma cyclique de hausses et de baisses, avec une tendance de fond beau­coup moins marquée. […]

Ces séries tempo­relles sont construites par certains proces­sus — et non simple­ment mesu­rées — et […] leur qualité dépend de la confiance que l’on place en elles et dans les proces­sus qui les ont générées.

Une discus­sion des données de tempé­ra­tures de l’air en surface (GSAT) — incluant la surface des océans — dans le rapport AR6N3 du GIEC (2021) est présen­tée dans l’ar­ticle The Frozen Climate Views of the IPCC (Crok M & A May eds., 2023A43 p. 50–52).

Le site UAH Global Temperature ReportN25 de Roy Spencer four­nit tous les mois une mise à jour des rele­vés satel­li­taires de l’anoma­lie de tempé­ra­ture (par rapport à la moyenne entre 1991 et 2020).

Artéfacts, erreurs, fraudes ?

Steven E Koonin a montré (2021A115 p. 100–110) comment le Climate Science Special Report (CSSR), aux USA, affi­chait les données de tempé­ra­tures extrêmes sous un format conci­liable avec une conclu­sion alar­miste (CSSR, 2017N26 p. 19) :

Les tempé­ra­tures extrêmes ont connu des chan­ge­ments marqués dans l’en­semble des États-Unis conti­nen­taux. Le nombre de records de tempé­ra­tures élevées établis au cours des deux dernières décen­nies dépasse de loin celui des records de tempé­ra­tures basses.

La figure suivante sert de justificatif :

Figure 6.5. Changements observés dans l'occurrence des températures quotidiennes record dans les États contigus des États-Unis. Les barres rouges indiquent une année au cours de laquelle les records quotidiens de température maximale ont été plus nombreux que les records quotidiens de température minimale, tandis que les barres bleues indiquent une année au cours de laquelle les records de température minimale ont été plus nombreux que les records de température maximale. La hauteur de la barre indique le rapport entre les maxima et les minima (rouge) ou entre les minima et les maxima (bleu). Par exemple, un rapport de 2:1 pour une barre bleue signifie qu'il y a eu deux fois plus de minima quotidiens que de maxima quotidiens cette année-là. Les estimations sont issues de stations à long terme avec un minimum de données manquantes dans le Global Historical Climatology Network-Daily dataset. Source : Climate Science Special Report: Fourth National Climate Assessment (NCA4), Volume I (CSSR, 2017N26 p. 192)

Steven Koonin commente (2021A115 p. 102) :

J’ai été trou­blé par une inco­hé­rence appa­rente entre ce graphique et d’autres, plus bas dans le rapport, en parti­cu­lier [la figure 6.3]. Elle montre que la tempé­ra­ture moyenne la plus froide de chaque année a clai­re­ment augmenté depuis 1900, alors que la tempé­ra­ture moyenne la plus chaude n’a prati­que­ment pas changé au cours des soixante dernières années, étant à peu près la même aujourd’­hui qu’en 1900.

Figure 6.3. Source : CSSR (2017N26 p. 190)

[…] il me semblait possible que le rapport entre les records de chaleur et les records de froid illus­tré par [la figure 6.5] augmente, non pas parce que les records de chaleur deviennent plus fréquents, mais parce que, à mesure que les tempé­ra­tures les plus froides se réchauffent, le déno­mi­na­teur du rapport (nombre de records quoti­diens de froid) dimi­nue, tandis que son numé­ra­teur (nombre de records quoti­diens de chaleur) n’a prati­que­ment pas changé au cours des dernières décennies.

Koonin explique ensuite (2021A115 p. 103–105) que les records de tempé­ra­tures comp­ta­bi­li­sés par le CSSR sont des running records (records en continu), autre­ment dit lorsque la tempé­ra­ture maxi­male d’un jour de l’an­née, pour une station météo, excède celles de toutes les années précé­dentes. Pour la période étudiée (1930–2017), le nombre de running records était logi­que­ment au plus haut les premières années — démar­rant à 365 la première année — puis il dimi­nuait les années suivantes pour atteindre quelques unités au final. Au début de la période, le rapport entre maxima et minima était proche de 1, puis il prenait une valeur de plus en plus incer­taine à mesure que le numé­ra­teur et le déno­mi­na­teur dimi­nuaient. C’est pour ces raisons (un simple arté­fact mathé­ma­tique) que les hauteurs des barres de la figure 6.5 appa­raissent, au cours du temps, de plus en plus chao­tiques — et dénuées de signi­fi­ca­tion. Et non en raison d’un sous-entendu « dérè­gle­ment du climat ». Steven Koonin ajoute (2021A115 p. 106) :

Ayant compris que la présen­ta­tion par le CSSR des tempé­ra­tures quoti­diennes enre­gis­trées aux États-Unis était très trom­peuse, j’ai natu­rel­le­ment voulu savoir ce qu’une analyse correcte — utili­sant des records abso­lus — montre­rait. J’ai égale­ment voulu savoir ce qu’il en était des tempé­ra­tures extrêmes avant 1930…

L’analyse a donc été refaite par le profes­seur John Christy, de l’Université de l’Alabama, avec le résul­tat suivant (Koonin SE, 2021A115 p. 107) :

Nombres d'extrêmes de température quotidiens enregistrés aux États-Unis pour 725 stations américaines de 1895 à 2018, calculés par la méthode « absolue». Source : Steven E Koonin (2021A115 p. 107)

Présentées ainsi, les données sont nette­ment moins inquié­tantes… Steven Koonin ajoute (2021A115 p. 106–110) :

Les records de tempé­ra­ture montrent clai­re­ment que les années 1930 ont été chaudes, mais il n’y a pas de tendance signi­fi­ca­tive sur les 120 années d’ob­ser­va­tion, ni même depuis 1980, lorsque l’in­fluence humaine sur le climat s’est forte­ment accrue. En revanche, le nombre de records abso­lus quoti­diens de froid dimi­nue sur plus d’un siècle, cette tendance s’ac­cé­lé­rant après 1985. Ces deux graphiques montrent une chose qui va tota­le­ment à l’en­contre de la percep­tion commune, à savoir que les tempé­ra­tures extrêmes dans la zone conti­nen­tale des États-Unis sont deve­nues moins fréquentes et un peu plus douces depuis la fin du 19e siècle.

Malgré cela, le résumé de la CSSR met en exergue le graphique de rapports erro­nés [figure 6.5] avec la légende : « Les records de chaleur jour­na­lière sont plus fréquents. » […]

Voilà donc les raisons pour lesquelles j’ai une “Very High Confidence” (confiance très élevée) à iden­ti­fier et corri­ger une fausse repré­sen­ta­tion de la science clima­tique dans un rapport offi­ciel du gouver­ne­ment. Il ne s’agit pas d’un pinaillage, c’est vrai­ment impor­tant. La notion erro­née d’une augmen­ta­tion de la fréquence des records de tempé­ra­ture aux États-Unis est suscep­tible de se réper­cu­ter dans les rapports d’éva­lua­tion ulté­rieurs, qui citent imman­qua­ble­ment les rapports précé­dents. […] Il en est de même pour les repré­sen­ta­tions média­tiques de la science du climat, qui donnent voix à de telles « conclu­sions » trom­peuses. […]

Il se trouve que les preuves d’une augmen­ta­tion des tempé­ra­tures les plus froides sont parfai­te­ment cohé­rentes avec un réchauf­fe­ment du globe — mais pas une « planète en feu » qui donne à voir des graphiques d’ex­plo­sion des températures.

Steven Koonin parle ici de « réchauf­fe­ment du globe ». Certes, son analyse des données s’écarte du discours d’ur­gence clima­tique, mais dans son ouvrage (2021A115 ; version fran­çaise 2022A116), il fait l’éco­no­mie d’un examen métho­dique du lien de causa­lité affirmé entre ce réchauf­fe­ment et la produc­tion humaine de gaz à effet de serre. Est-ce par prudence ?

La deuxième partie de son livre (p. 207–255) désa­morce les critiques, étant consa­crée à des « réponses » dans l’air du temps : dimi­nuer les produc­tions de CO2, de méthane et de CFC, déve­lop­per les tech­no­lo­gies de produc­tion d’éner­gie « décar­bo­née », les petites centrales nucléaires, la fusion… ainsi que s’adap­ter au chan­ge­ment clima­tique et lutter direc­te­ment contre le réchauf­fe­ment par des tech­niques de géo-ingénierie. Il écrit (p. 249) :

Le climat est en train de chan­ger, les humains y jouent un rôle, et pour­tant notre besoin global d’éner­gie augmente en même temps ; nous devons prendre conscience de ce que cela pour­rait impli­quer dans l’avenir.

Un autre exemple d’ar­té­fact signalé par Koonin (2021A115 p. 121–126) est le décompte des tornades aux USA. Il appa­raît comme crois­sant sur le site du NCEI (2022N27), lais­sant suppo­ser que cette augmen­ta­tion du nombre de tornades serait un effet du réchauf­fe­ment climatique :

Source : NCEI (2022N27)

Toutefois, Steven Koonin précise (2021A115 p. 123) :

La violence des tornades est mesu­rée selon l’échelle Fujita amélio­rée […] Les caté­go­ries de violence vont de EF0, pour des tempêtes très faibles, à EF5, pour des tempêtes dont les vents dépassent les 260 mph [420 km/h]. Aujourd’hui, aux États-Unis, 60 % des tornades enre­gis­trées sont de caté­go­rie EF0, alors qu’en 1950, ces tempêtes ne repré­sen­taient qu’en­vi­ron 20 % du total enre­gis­tré. Cela suggère que l’aug­men­ta­tion du nombre de tornades enre­gis­trées est due à la prise en compte d’un plus grand nombre de tempêtes faibles au cours des dernières décen­nies, ce qui, selon la NOAA, est effec­ti­ve­ment le cas.

Nous pouvons corri­ger le biais d’ob­ser­va­tion ancien qui empêche de recen­ser les tempêtes faibles en ne prenant en compte que celles de caté­go­ries EF1 et plus — les plus suscep­tibles de causer des destructions.

Le graphe obtenu sur cette base ne montre aucune augmen­ta­tion du nombre de tornades dans la période 1954–2014 (2021A115 p. 124) :

Source : figure 6.6 (Koonin SE, 2021A115 p. 124)

Un autre graphe (Koonin SE, 2021A115 p. 124) montre que le nombre de tornades de caté­go­rie égale ou supé­rieure à EF3 a dimi­nué pendant la même période, alors que l’in­fluence humaine sur le climat allait croissante.

Il est regret­table que dans le film Climate : The Cold Truth (Durkin M, 2024A56 40:23) on affirme direc­te­ment que « les oura­gans ne sont pas plus fréquents », alors que les statis­tiques en affichent un nombre crois­sant. Il aurait fallu préci­ser que c’est la prise en compte de leur inten­sité qui a montré que cette « crois­sance » était une fiction. Exemple typique d’un argu­ment que des climato-alarmistes (en partie aver­tis) soulè­ve­ront pour accu­ser le film d’être construit sur des données falsifiées !

Le vice-président du groupe scien­ti­fique du GIEC, Jean Jouzel, décla­rait dans son inter­ven­tion « Le réchauf­fe­ment est sans équi­voque » en 2011 (Ferry L ed., 2011A66 p. 34, 35–36) :

[…] si vous consi­dé­rez la séquence 2003–2010, elle marque un plateau par rapport à la tendance au réchauf­fe­ment qui carac­té­ri­sait les années précé­dentes. […]

J’estime pour ma part que pour que la conclu­sion du GIEC soit remise en cause, il faudrait que le « plateau » dont nous venons de parler dure une bonne ving­taine d’an­nées, soit encore dix à quinze ans, ce qui selon moi ne se produira pas.

Températures globales mesu­rées versus prédites par les modèles du GIEC en 2013
Source : site La ques­tion climatique

Alors que le « plateau » s’était main­tenu (depuis 1995), Jouzel annonce triom­pha­le­ment (Kokabi AR, 2023A112) :

Le clima­tos­cep­ti­cisme a muté, parce qu’il était dos au mur. Plus personne ne peut décem­ment dire que « le Giec exagère », et même le député RN Thomas Ménagé est revenu sur sa décla­ra­tion. On les entend moins sur le déni de la réalité scien­ti­fique du chan­ge­ment clima­tique ou de la respon­sa­bi­lité humaine, où ils ont perdu la bataille.

La posture « droit dans ses bottes » est vitale pour un Jean Jouzel béné­fi­ciaire de la médaille d’or du CNRS, en 2002, « pour avoir fait la preuve de l’in­fluence humaine sur le climat ». Comme l’a dit Claude Allègre — lui aussi médaille d’or du CNRS (2010A9 p. 63) : « Jouzel se croit donc lié à la théo­rie domi­nante, et il la défen­dra désor­mais contre vents et marées. »

Fiabilité des modèles prédictifs

Parler de « dérè­gle­ment » du climat présup­pose qu’il ait pu exis­ter, dans un Eden pré-industriel, une régu­la­rité des événe­ments météo­ro­lo­giques. La lecture de l’Histoire humaine et compa­rée du climat (Le Roy Ladurie E, 2004A127) permet de prendre conscience de l’ex­trême varia­bi­lité du climat, même à brève échéance. Par exemple, en France, l’in­ci­dence (apério­dique) d’étés cani­cu­laires, tantôt trop secs tantôt « pour­ris », au cours d’une période de quelques siècles — le petit âge glaciaire — résu­mée comme « froide ». Jacques-Marie Moranne écrit (2024bA161 p. 134) :

[…] impli­ci­te­ment, le GIEC consi­dère (arbi­trai­re­ment) que les varia­tions « natu­relles » sont toujours courtes et faibles alors que les varia­tions liées à l’homme sont (les seules) lourdes et longues : il est vrai que cet arbi­traire est déjà inclus dans la charte du GIEC qui pose comme prin­cipe que les chan­ge­ments clima­tiques sont d’ori­gine humaine.

Les événe­ments météo­ro­lo­giques sont en fait le produit de l’évo­lu­tion de systèmes dyna­miques complexes non linéaires, théo­ri­sés en 1963 par le mathé­ma­ti­cien (et météo­ro­logue) Edward Lorenz (Masson H, 2019A146).

Les modèles mathé­ma­tiques servant à simu­ler de tels systèmes, dans l’es­poir de prédire certains aspects de leur évolu­tion, sont sensibles à d’in­fimes varia­tions des para­mètres à l’état initial. Une telle incer­ti­tude — signa­ture d’un compor­te­ment chao­tique — était déjà visible sur le premier modèle de Lorenz qui dépen­dait seule­ment de trois variables.

Imaginé aussi par Lorenz, le moulin à eau chao­tique est une illus­tra­tion graphique de l’ex­trême sensi­bi­lité aux condi­tions initiales d’un système dyna­mique complexe non-linéaire. Alors que son mouve­ment est parfai­te­ment déter­mi­niste — régi par les lois de la physique appli­quées à un méca­nisme abso­lu­ment régu­lier — il appa­raît impré­dic­tible aux yeux d’un physi­cien qui n’est pas en mesure de mesu­rer chaque para­mètre, ni de calcu­ler ses varia­tions, avec une préci­sion abso­lue. Étienne Ghys (2009A89) a montré sa « dépen­dance sensible aux condi­tions initiales » en program­mant une simu­la­tion de deux moulins en tous points iden­tiques et rece­vant le même débit d’eau, mais dont la roue, au départ, est tour­née de 2 degrés sur celui de gauche, contre 1.9996 degrés sur celui de droite. Cette infime diffé­rence (de 2 pour mille) sur un seul para­mètre suffit à faire diver­ger les trajec­toires des moulins malgré leur appa­rente synchro­ni­sa­tion juste après leur démarrage.

Deux moulins à eau de Lorenz avec des condi­tions initiales légè­re­ment diffé­rentes. Source : Étienne Ghys (2009A89)

Si les modèles de systèmes dyna­miques complexes non-linéaires ne permettent pas de faire des prédic­tions à long terme — la thèse avan­cée par Edward Lorenz pour ce qui concerne la météo­ro­lo­gie — ils peuvent affi­cher certaines « régu­la­ri­tés ». Par exemple, ici, la distri­bu­tion statis­tique de la vitesse de rota­tion est indé­pen­dante de la posi­tion initiale de la roue (Ghys E, 2009A89). Mais cela ne vaut ici que pour une variable — dont l’étude statis­tique n’est pas forcé­ment inté­res­sante — et de manière géné­rale que lors­qu’un seul para­mètre initial a été modi­fié. L’invariabilité de la distri­bu­tion statis­tique des vitesses de rota­tion par rapport à la posi­tion angu­laire initiale est même un résul­tat trivial…

Évolution chao­tique d’un réseau de pendules à deux branches iden­tiques lancés avec de faibles diffé­rences de condi­tions initiales

Un autre exemple de système chao­tique (plus facile à réali­ser) est le pendule à deux branches — voir vidéo et image ci-contre.

Peut-on obser­ver une évolu­tion régu­lière de variables (jugées perti­nentes) avec des condi­tions initiales qui dépendent d’une multi­tude de para­mètres ? C’est le cas des « modèles de climat » dont les para­mètres se comptent par centaines ou par milliers.

La prévi­sion d’évé­ne­ments clima­tiques est aujourd’­hui possible sur une durée d’une quin­zaine de jours — la « fron­tière du chaos » — au prix du trai­te­ment d’une grande masse de données : c’est le travail des météo­ro­logues. Les prédic­tions saison­nières (à six mois), surtout dans l’hé­mi­sphère nord, restent par contre très incer­taines (Poyet P, 2022A191 p. 347–349). En Chine, des prédic­tions saison­nières de préci­pi­ta­tions sont propo­sées à partir de l’ana­lyse statis­tique de varia­tions de la tempé­ra­ture du sol à 3.20 mètres de profon­deur, elles-mêmes corré­lées aux secousses sismiques (Liu Y & R Avissar, 1999A134 ; Guo WD et al., 2013A88 ; Zhou Y et al., 2023A279).

Dans ces condi­tions, comment peut-on envi­sa­ger sérieu­se­ment — à partir du même bagage théo­rique — une modé­li­sa­tion réaliste couvrant plusieurs décennies ?

Sans surprise, les prévi­sions des modèles de climat s’écartent des obser­va­tions chaque fois que le calcul est lancé à partir d’une date anté­rieure pour véri­fier la qualité prédic­tive du modèle. Certes, on peut brico­ler jusqu’à ce que cette « prévi­sion rétros­pec­tive » (sic) repro­duise au mieux les données réelles, mais aucun « réglage » (tuning ou fudge) ayant satis­fait cette condi­tion ne garan­tit que l’ex­tra­po­la­tion aux années futures restera réaliste. Patrice Poyet écrit (2022A191 p. 327) :

La science repose sur des preuves et, à moins que des critères mini­maux ne soient respec­tés, nous restons dans le cadre d’une narra­tion à des fins poli­tiques, et non dans celui d’une méthode scien­ti­fique adéquate.

Dans leur article Are gene­ral circu­la­tion models obso­lete ? (les modèles de circu­la­tion géné­raleN12 [GCM] sont-ils obso­lètes ?), Venkatramani Balaji et ses collègues écrivent (2022A13) :

Une deuxième critique à l’égard des GCM porte sur la ques­tion de la « mise au point » ou de l’éta­lon­nage des modèles clima­tiques. Comme indi­qué ci-dessus, la physique non réso­lue (U + P) est repré­sen­tée à l’aide d’équa­tions dont les para­mètres sont contraints dans une certaine four­chette par les obser­va­tions ou la théo­rie. Le système couplé est ensuite soumis à des contraintes globales, telles que le bilan éner­gé­tique au sommet de l’at­mo­sphère (Hourdin F et al., 2017A100). Le fait que les modèles soient réglés pour repro­duire certaines carac­té­ris­tiques de la planète obser­vée est consi­déré par certains comme rendant les résul­tats suspects.

Les auteurs de l’ar­ticle The Art and Science of Climate Model Tuning (L’art et la science du réglage des modèles clima­tiques) recon­naissent (Hourdin F et al., 2017A100) :

Les choix et les compro­mis effec­tués au cours de l’exer­cice de réglage peuvent affec­ter de manière signi­fi­ca­tive les résul­tats du modèle et influen­cer les évalua­tions qui mesurent une distance statis­tique entre le climat simulé et le climat observé. Bien que le besoin de réglage des para­mètres ait été reconnu dans des travaux de modé­li­sa­tion… Il est souvent ignoré lors de l’examen des perfor­mances des modèles clima­tiques… En fait, la stra­té­gie de réglage ne faisait même pas partie de la docu­men­ta­tion requise des simu­la­tions CMIP phase 5… Pourquoi un tel manque de trans­pa­rence ? Cela peut être dû au fait que le réglage est souvent consi­déré comme une partie inévi­table mais sale de la modé­li­sa­tion du climat, plus d’ingénierie que de science, un acte de brico­lage qui ne mérite pas d’être enre­gis­tré dans la litté­ra­ture scien­ti­fique… Le réglage peut en effet être consi­déré comme un moyen indes­crip­tible de compen­ser les erreurs de modèle…

Pascal Blamet ajoute (2021A22) :

Ces pratiques traduisent une grande faiblesse face à la complexité du sujet, car les numé­ri­ciens le savent bien : on peut toujours parve­nir à des ajus­te­ments numé­riques, mais si les fonc­tions ou para­mètres ne sont pas repré­sen­ta­tifs de la phéno­mé­no­lo­gie modé­li­sée, les calculs ne valent rien ; de la même façon que les corré­la­tions statis­tiques sans causa­lité sont de purs sophismes. […]

Ces points ne sont pas non plus discu­tés publi­que­ment par la commu­nauté scien­ti­fique clima­tique, pour une raison simple : elle n’est globa­le­ment pas compé­tente en matière de modé­li­sa­tion numérique. 

Le mathé­ma­ti­cien John Von Neumann disait : « Si vous me lais­sez quatre para­mètres au choix, je peux construire un modèle mathé­ma­tique qui décrit exac­te­ment tout ce qu’un éléphant peut faire. Si vous m’ac­cor­dez un cinquième para­mètre, le modèle que je construis prévoira que l’élé­phant peut voler. » (Gerlich G & RD Tscheuschner, 2009A75 p. 352)

Les cher­cheurs recon­naissent la néces­sité de réglages du modèle néces­saires pour « prou­ver » un phéno­mène décidé à l’avance, comme la sensi­bi­lité clima­tique à l’équi­libreN28 (Mauritsen T & Roeckner E, 2020A149 p. 1, 8) :

La capa­cité d’un modèle clima­tique à repro­duire le réchauf­fe­ment histo­rique observé est parfois consi­dé­rée comme une mesure de qualité. Pourtant, pour des raisons pratiques, elle ne peut pas être consi­dé­rée comme un résul­tat pure­ment empi­rique des efforts de modé­li­sa­tion, car le résul­tat souhaité est connu à l’avance et consti­tue donc une cible poten­tielle de réglage. […]

Nous avons docu­menté la façon dont nous avons réglé le modèle clima­tique global MPI-ESM 1.2 pour qu’il corres­ponde à l’en­re­gis­tre­ment instru­men­tal du réchauf­fe­ment ; un effort couronné de succès. Pour respec­ter le dérou­le­ment histo­rique des événe­ments, le choix pratique a été de viser une sensi­bi­lité clima­tique de 3° K en utili­sant la rétro­ac­tion des nuages, plutôt qu’un réglage du forçage asso­cié aux aérosols.

Il s’agis­sait ici de rétro­ac­tions néga­tives. Des rétro­ac­tions posi­tives sont postu­lées, au besoin, dans d’autres contextes, voir ci-dessous (Moranne JM, 2024bA161 p. 120-ff).

Comme le disait un commen­ta­teur de la revue Science, cité par Pierre-Gilles de Gennes : « Dans la modé­li­sa­tion du climat, presque tout le monde triche (un peu)… »

La modé­li­sa­tion consiste à mettre en équa­tions des modèles du système Terre (Earth System Models, ESM) capables de décrire de manière réaliste les phéno­mènes atmo­sphé­riques récur­rents et d’an­ti­ci­per leur évolu­tion sur de longues périodes. Un des premiers ESM a été proposé par Phillips (1956A185). Les modèles de circu­la­tion géné­rale ont vu le jour à la même époque. Le travail des physi­ciens repo­sait dur une base concep­tuelle simple et solide (Poyet P, 2022A191 p. 331, citant Goosse et al., 2010A86) :

Les équa­tions fonda­men­tales qui régissent l’at­mo­sphère peuvent être formu­lées comme un ensemble de sept équa­tions à sept incon­nues : les trois compo­santes de la vitesse, la pres­sion, la tempé­ra­ture, le pour­cen­tage d’hu­mi­dité et la densité. […]

Malheureusement, ces sept équa­tions ne forment pas un système fermé. Tout d’abord, la force de frot­te­ment et le taux de dissi­pa­tion ther­mique doivent être spéci­fiés. Le calcul du taux de dissi­pa­tion, en parti­cu­lier, néces­site une analyse détaillée du trans­fert radia­tif dans l’at­mo­sphère, prenant en compte à la fois les ondes longues et les ondes courtes dans les colonnes atmo­sphé­riques, ainsi que les trans­ferts de chaleur asso­ciés à l’éva­po­ra­tion, à la conden­sa­tion et à la subli­ma­tion. L’influence des nuages sur ces proces­sus est géné­ra­le­ment une source d’in­cer­ti­tude considérable.

Et plus loin (Poyet P, 2022 p. 378) :

Coupler de manière convain­cante les cases de circu­la­tion océan-atmosphère a été, et reste un défi perma­nent, mais ajou­ter les compo­sants de glace, l’uti­li­sa­tion des terres, la végé­ta­tion, les stocks d’eau douce et tous les proces­sus géochi­miques requiert beau­coup de foi pour penser que cela nous donnera une idée de la manière dont la planète Terre se compor­tera réel­le­ment. Le passage de l’échelle tempo­relle de prédic­tion des systèmes météo­ro­lo­giques, essen­tiel­le­ment une semaine, à un mois ou un peu plus est démon­tré comme un défi majeur par la prévi­sion d’évé­ne­ments excep­tion­nels tels que les vagues de chaleur, par exemple (Weisheimer et al., 2011A271 ; Stéfanon, 2012A240).

François Gervais écrit (2022A80 p. 92) :

Le consor­tium UCAR (University Corporation for Atmospheric Research) regroupe une centaine d’uni­ver­si­tés et écoles en sciences de l’at­mo­sphère. Ils ont fait « tour­ner » un même modèle de climat de l’Amérique du Nord sur 50 ans, avec la même évolu­tion de la concen­tra­tion de CO2, en ne chan­geant que d’un millième de milliar­dième les condi­tions initiales [Kay JE et al., 2015A107]. Le millième de milliar­dième est suffi­sant pour provo­quer 30 évolu­tions diffé­rentes. Il s’avère qu’il était impos­sible de prévoir à l’avance lequel des 30 essais se rappro­che­rait le plus du climat observé, et lequel s’en est éloi­gné le plus. Cette expé­rience conduite sur ordi­na­teur illustre à merveille l’ex­trême sensi­bi­lité d’un système chao­tique aux condi­tions initiales, et la vanité d’es­pé­rer une quel­conque prédic­tion fiable.

Le troi­sième rapport (TAR) du GIEC le recon­nais­sait expli­ci­te­ment : « Dans la modé­li­sa­tion du climat, nous devons recon­naître que nous avons affaire à un système chao­tique non linéaire couplé, et donc que la prédic­tion à long terme des futurs états clima­tiques n’est pas possible. » Même si l’on moyenne des compor­te­ments chao­tiques, on obtient un compor­te­ment chao­tique moyen, pas une meilleure prédiction.

Une présen­ta­tion péda­go­gique des modèles prédic­tifs de climat a été propo­sée par Steven Koonin (2021A115 p. 77–96). En obser­vant les incer­ti­tudes des modèles compa­ra­tifs CMIP3 (2007) et CMIP5 (2013), il constate (p. 87) que les plus récents sont enta­chés de plus d’in­cer­ti­tude que les plus anciens, alors qu’on s’at­ten­dait à l’in­verse, compte tenu des progrès en termes de modé­li­sa­tion et de collec­tion de données. François Gervais (2022A80 p. 54) confirme cette augmen­ta­tion de l’in­cer­ti­tude entre les modèles du CMIP5 (2013) et ceux du CMIP6 (2021).

Une source d’in­cer­ti­tude en modé­li­sa­tion clima­tique est asso­ciée au trai­te­ment des nuages, dont les dimen­sions sont nette­ment plus petites que la trame servant à parti­tion­ner l’at­mo­sphère (Schneider T et al., 2017A222 p. 4) :

Actuellement, nous utili­sons des modèles clima­tiques qui ne sont pas adap­tés à cette tâche : leurs modèles atmo­sphé­riques ont un espa­ce­ment de grille hori­zon­tal d’en­vi­ron 50–100 km et un espa­ce­ment de grille verti­cal d’en­vi­ron 200 mètres dans la basse atmo­sphère. Ceci est beau­coup trop gros­sier pour résoudre les courants ascen­dants turbu­lents de 10 à 100 mètres de large, qui prennent nais­sance dans la couche limite plané­taire et génèrent des nuages bas.

Les physi­ciens Gerhard Gerlich et Ralph D Tscheuschner ont depuis long­temps souli­gné radi­ca­le­ment les inco­hé­rences de cette modé­li­sa­tion (2009A75 p. 350, 351, 353) :

Les équa­tions de Navier-Stokes sont en quelque sorte le Saint-Graal de la physique théo­rique, et une discré­ti­sa­tion brute à l’aide de grilles à mailles très larges conduit à des modèles qui n’ont rien à voir avec le problème origi­nal et n’ont donc aucune valeur prédic­tive.

Dans les problèmes impli­quant des équa­tions diffé­ren­tielles partielles, les condi­tions aux limites déter­minent les solu­tions bien plus que les équa­tions diffé­ren­tielles elles-mêmes. L’introduction d’une discré­ti­sa­tion équi­vaut à l’in­tro­duc­tion de condi­tions aux limites arti­fi­cielles, une procé­dure qui est carac­té­ri­sée par la décla­ra­tion de von Storch : « La discré­ti­sa­tion est le modèle. » Dans ce contexte, une décla­ra­tion correcte d’un mathé­ma­ti­cien ou d’un physi­cien théo­rique serait la suivante : « Une discré­ti­sa­tion est un modèle dont les condi­tions aux limites ne sont pas physiques. » Les discré­ti­sa­tions de problèmes de conti­nuums seront auto­ri­sées s’il existe une stra­té­gie permet­tant de calcu­ler des raffi­ne­ments progres­sifs. […] Au mieux, ces modèles infor­ma­tiques peuvent être consi­dé­rés comme un jeu heuris­tique.

En géné­ral, il est impos­sible de déri­ver des équa­tions diffé­ren­tielles pour les fonc­tions moyen­nées et, par consé­quent, pour les dyna­miques non linéaires moyen­nées. Il n’y a donc tout simple­ment pas de fonde­ment physique aux modèles infor­ma­tiques du climat global, pour lesquels le para­digme du chaos est toujours d’ac­tua­lité. […]

La clima­to­lo­gie globale moderne a confondu et conti­nue de confondre les faits et la fiction en substi­tuant le concept de scéna­rio à celui de modèle. […] En conclu­sion, les décla­ra­tions sur le réchauf­fe­ment clima­tique anthro­pique induit par le CO2 qui sont déduites des simu­la­tions infor­ma­tiques ne relèvent d’au­cune science.

La fiabi­lité des modèles de climat est étudiée depuis une ving­taine d’an­nées par le World Climate Research Programme (WCRP), à l’ori­gine des Coupled Model Intercomparison Projects (CMIP). Elle a été exposé notam­ment par Nicola Scafetta (2021cA215). Chaque modèle de circu­la­tion géné­raleN12 (GCM) possède une valeur spéci­fique de l’Equilibrium Climate Sensitivity (ECS) ou sensi­bi­lité clima­tique à l’équi­libreN28. Il s’agit du réchauf­fe­ment de la surface du globe (à l’équi­libre ther­mique) induit par le double­ment de la concen­tra­tion atmo­sphé­rique de CO2 par rapport à la valeur préin­dus­trielle, autre­ment dit de 280 à 560 ppm.

Le GIEC cite souvent la formule loga­rith­mique empi­rique de Myhre (1998A167) qui donne le forçage radia­tifN5 en fonc­tion de l’évo­lu­tion rela­tive de concen­tra­tion du CO2 (Moranne JM, 2024bA161 p. 120-ff) :

En fait, les rapports du GIEC ne montrent pas ce calcul, car cette valeur de la sensi­bi­lité clima­tique est encore insuf­fi­sante pour alar­mer vrai­ment, puisque la tempé­ra­ture a déjà augmenté de plus de 1° C alors que nous sommes encore loin d’un double­ment. […] Le GIEC fait donc état d’un certain nombre de « rétro­ac­tions posi­tives », c’est-à-dire ampli­fi­ca­trices du réchauf­fe­ment ; on peut citer en parti­cu­lier :

• l’aug­men­ta­tion de la concen­tra­tion en méthane, du fait de la fonte du pergé­li­sol […] ;
• la dimi­nu­tion de l’albédoN29, du fait de la fonte et de la dimi­nu­tion des surfaces des glaces, mais les glaces ont peu d’in­fluence sur l’al­bédo pour deux raisons : elles sont elles-mêmes très souvent recou­vertes par les nuages (déjà comp­tés dans l’al­bédo), et la lumière qu’elles reçoivent est essen­tiel­le­ment rasante (au niveau des pôles) ;
• l’aug­men­ta­tion de la concen­tra­tion atmo­sphé­rique de vapeur d’eau, du fait d’une augmen­ta­tion de l’éva­po­ra­tion […] autre­ment dit une ampli­fi­ca­tion de l’ef­fet de serre […]

La sensi­bi­lité clima­tique à l’équi­libre (ECS) des modèles de circu­la­tion géné­rale du CMIP5 variait de 2.1 à 4.5°C, mais elle a été réduite à 1.5 à 4.5°C en 2013 par le GIEC. Paradoxalement, les ECS des nouveaux modèles du CMIP6 affichent une four­chette plus large : de 1.83 à 5.67 °C. Cette ques­tion est préoc­cu­pante, car l’ECS de bon nombre de ces nouveaux modèles dépasse même 4.5°C, qui était la valeur limite supé­rieure précé­dem­ment accep­tée (Scafetta N, 2021cA215 p. 2). Scafetta ajoute :

Le problème de l’ECS est à la fois diffi­cile et crucial, car plusieurs études empi­riques ont conclu que sa valeur devrait être géné­ra­le­ment infé­rieure aux esti­ma­tions du modèle de circu­la­tion géné­rale, c’est-à-dire entre 0.5 et 2.5 °C. […]

Dans cet article, nous testons 38 modèles de CMIP6 dans la simu­la­tion des chan­ge­ments de tempé­ra­ture de surface obser­vés entre les périodes 1980–1990 et 2011–2021, en utili­sant les distri­bu­tions de surface pour mieux iden­ti­fier les régions où les modèles échouent le plus. Cette période a été choi­sie parce qu’elle est couverte par les enre­gis­tre­ments de tempé­ra­tures terrestres et satel­li­taires, et qu’elle est suffi­sam­ment longue (plus de 30 ans) pour permettre l’éva­lua­tion des modèles. […]

La figure [ci-dessous] montre plusieurs simu­la­tions de tempé­ra­ture de surface de modèles de CMIP6 (courbes rouges, modèles avec ECS > 3 ; courbes bleues, modèles avec ECS ≤ 3) par rapport aux obser­va­tions de tempé­ra­ture (vertes) (ERA5-T2m, ERA5-850mb, et UAH MSU v6.0 Tlt) en utili­sant comme réfé­rence la période 1980–1990. Le point 2021 pour ERA5-T2m et ERA5-850mb est calculé en utili­sant les mois de janvier à juin ; le point 2021 pour UAH MSU v6.0 Tlt est calculé en utili­sant les mois de janvier à août. Les modèles à forte ECS (courbes rouges) prévoient un réchauf­fe­ment nette­ment plus rapide que ceux à faible ECS (courbes bleues).

Source : Nicola Scafetta (2021cA215 p. 6)

De 1980 à 2021, on constate une meilleure concor­dance avec l’en­re­gis­tre­ment ERA5-T2m ; les enre­gis­tre­ments ERA5-850mb et UAH MSU v6.0 Tlt montrent une tendance au réchauf­fe­ment encore plus faible, qui ne concorde guère qu’a­vec les simu­la­tions les moins chaudes. Ainsi, l’im­pres­sion géné­rale est que la plupart des modèles CMIP6, et en parti­cu­lier ceux qui ont des valeurs d’ECS élevées, sures­timent la tendance au réchauf­fe­ment, comme cela a déjà été constaté pour les modèles CMIP3 (Scafetta N, 2012A211) et CMIP5 (Scafetta N, 2013A212).

Nicola Scafetta estime, données et cita­tions à l’ap­pui, que le meilleur scéna­rio de trajec­toires socio-économiques parta­gées (SSPN30) — d’évo­lu­tions socio-économiques mondiales proje­tés jusqu’en 2100 — devrait être établi sur la base du SSP2‑4.5 « milieu de route », et non les SSP3‑7.0 et SSP5‑8.5, jugés trop incer­tains par l’International Energy Agency, ce dernier ayant servi de base aux prédic­tions alar­mistes du rapport AR6N3 du GIEC (2021). Scafetta écrit (2023A216) :

Il s’agit d’une décla­ra­tion impor­tante, car le GIEC et de nombreux travaux ont consi­déré le scéna­rio extrême SSP5‑8.5 comme repré­sen­tant le cas « busi­ness as usual » […], alors qu’il n’était censé être qu’un scéna­rio exces­sif [basé sur l’hy­po­thèse invrai­sem­blable d’une augmen­ta­tion massive de l’uti­li­sa­tion du char­bon censée rempla­cer toutes les autres formes de produc­tion d’éner­gie] […]

Les projec­tions clima­tiques obte­nues montrent que le réchauf­fe­ment de la surface du globe prévu pour le 21e siècle sera proba­ble­ment faible, c’est-à-dire qu’il ne dépas­sera pas 2.5 à 3.0 °C et qu’il sera en moyenne infé­rieur au seuil de 2.0 °C. Cela devrait permettre d’at­té­nuer et de gérer les risques les plus dange­reux liés au chan­ge­ment clima­tique, grâce à des poli­tiques d’adap­ta­tion appro­priées et peu coûteuses. En conclu­sion, il n’est pas néces­saire d’ap­pli­quer des scéna­rios coûteux de décar­bo­na­tion et d’émis­sions nettes nulles, tels que les scéna­rios SSP1‑2.6, car l’ob­jec­tif de tempé­ra­ture de l’Accord de Paris consis­tant à main­te­nir le réchauf­fe­ment de la planète à moins de 2 °C tout au long du 21e siècle devrait être compa­tible avec des voies socio-économiques parta­gées, modé­rées et prag­ma­tiques telles que les scéna­rios SSP2‑4.5.

Source : Roy W Spencer (2024A235 p. 8) Calculs de l’au­teur basés sur des données prove­nant de cinq ensembles de données d’ob­ser­va­tion diffé­rents et de 36 modèles clima­tiques parti­ci­pant au sixième projet d’in­ter­com­pa­rai­son des modèles clima­tiques du GIEC, et KNMI Climate Explorer, “Starting Point”, https://​climexp​.knmi​.nl/​s​t​a​r​t​.​cgi (consulté le 10 janvier 2024).

Cette sures­ti­ma­tion systé­ma­tique a été une fois de plus signa­lée dans l’ar­ticle de Roy W Spencer, Global Warming : Observations vs. Climate Models (2024A235) — voir image ci-contre. L’auteur essaie d’ex­pli­quer pour­quoi les modèles clima­tiques produisent un réchauf­fe­ment trop impor­tant, en donnant des indi­ca­tions sur d’autres causes que l’ac­ti­vité humaine pour expli­quer les signaux de tempé­ra­ture obser­vés. Il écrit entre autres : « Les modèles doivent être “réglés” pour ne produire aucun chan­ge­ment clima­tique, puis une influence humaine est ajou­tée sous la forme d’un très petit chan­ge­ment, d’en­vi­ron 1 %, dans l’équi­libre éner­gé­tique mondial. » Ce type de réglage sur un signal aussi faible rendrait n’im­porte quel modèle hyper-sensible au réglage, ce qui est effec­ti­ve­ment le cas. Il ajoute (p. 6, 8) :

L’écart entre les modèles et les obser­va­tions est rare­ment mentionné alors que c’est, grosso modo, la moyenne des modèles (voire les modèles les plus extrêmes) qui est utili­sée pour promou­voir des chan­ge­ments de poli­tique aux États-Unis et à l’étran­ger. […]

Ces diver­gences entre les modèles et les obser­va­tions ne sont jamais évoquées lorsque les cher­cheurs en clima­to­lo­gie préco­nisent des modèles clima­tiques pour la poli­tique éner­gé­tique. Au contraire, ils exploitent les prévi­sions exagé­rées des modèles de chan­ge­ment clima­tique pour concoc­ter des affir­ma­tions exagé­rées sur une crise climatique.

François Gervais écrit à ce sujet (2022A80 p. 55) :

McKitrick & Christy (2020A156) se sont penchés sur la ques­tion du pour­quoi certains modèles CMIP6 « chauffent » trop […] — voir aussi Pascal Blamet (2021A22). Par ailleurs, Zhu et al. (2020A280 ; 2021A281) montrent que les valeurs de sensi­bi­lité clima­tiqueN31 les plus élevées sont en désac­cord avec les séries de tempé­ra­ture paléo­cli­ma­tiques. Ils mettent en cause le trai­te­ment douteux des nuages dans les modèles. […]

L’Annexe en fin de chapitre [p. 74] montre qu’en cas de double­ment du CO2, le défi­cit de flux ther­mique émis au sommet de l’at­mo­sphère n’ex­cè­de­rait pas 2.6 W/m2. Au rythme moyen d’ac­crois­se­ment d’en­vi­ron 2 ppm par an observé depuis le début de ce siècle, […] sa contri­bu­tion par décen­nie reste­rait de l’ordre de (20 ppm / 414 ppm) x 2.6 W/m2 = 0.13 W/m2. C’est 100 fois moins que les ordres de gran­deur des écarts entre modèles, illus­trant à quel point ces derniers peinent à convaincre.

Pascal Blamet (2021A22) écrit :

Dans les cas complexes, et en parti­cu­lier dans le cas de la modé­li­sa­tion de la géosphère, les équa­tions sont pour partie des approxi­ma­tions, et surtout les para­mètres direc­teurs ne sont pas mesu­rables. On tente de les ajus­ter comme on peut : c’est le « réglage » du modèle, passage obligé, très loin d’être simple. C’est ce qui a fait défaut dans le cas du Covid car cet ajus­te­ment des para­mètres direc­teurs est d’autant plus incer­tain que l’objet modé­lisé est complexe.

Or c’est bien le cas de l’atmosphère qui est un milieu très vola­til avec de la convec­tion hori­zon­tale et verti­cale, des échanges avec d’autres milieux (terre, eau, glace), de la ther­mo­dy­na­mique complexe, des chan­ge­ments de phase, du rayon­ne­ment et des inter­ac­tions de toutes natures !

Sans comp­ter des éléments spéci­fiques, comme par exemple les nuages, qui jouent un rôle majeur sur l’équilibre ther­mique de l’atmosphère, et dont il est très diffi­cile de rendre compte numériquement.

Voici un exemple souvent cité des inco­hé­rences des modèles clima­tiques, en ce qui concerne leurs prévi­sions de la fonte de glace de mer dans l’Arctique jusqu’en 2100 (Eisenman I & T Schneider, 2011A60 p. 5328) :

Différences entre les projections des MCG (modèles de circulation généraleN12) sur le taux de perte de glace de mer dans l'Arctique
(a) Chronologie des conditions saisonnières d'absence de glace dans l'océan Arctique, indiquée par l'étendue de la glace de mer de septembre dans l'hémisphère Nord au cours du 21e siècle, mise à l'échelle par la valeur moyenne de septembre 1980-2000 pour chaque modèle. Dans la moyenne de l'ensemble, 32 % de la couverture de glace de mer de septembre subsistera à la fin du siècle, mais les projections varient considérablement d'un MCG à l'autre, un modèle conservant plus de 85 % de la couverture de glace et quatre modèles en conservant moins de 1 %.
(b) Sensibilité de l'étendue de la glace de mer, définie comme le changement annuel moyen de l'étendue de la glace hémisphérique par changement de la température moyenne mondiale (Winton 2011A275), dans les deux hémisphères, dans les modèles et dans les observations — voir Appendix C.

Dans l’Appendix C il est précisé (Eisenman I & T Schneider, 2011A60 p. 5334) :

La sensi­bi­lité de l’éten­due de la glace de mer pour chaque modèle est calcu­lée en utili­sant une régres­sion totale des moindres carrés de l’éten­due hémi­sphé­rique moyenne annuelle de la glace de mer sur la tempé­ra­ture moyenne mondiale annuelle, suivant la métho­do­lo­gie de Winton (2011A275). Les tempé­ra­tures obser­vées proviennent de l’en­semble de données combi­nées terre-océan de la tempé­ra­ture de surface du GISS (GISTEMP).

Le météo­ro­logue Richard Lindzen commente cette image (2018A132 p. 8) :

Comme vous pouvez le consta­ter, il existe un modèle pour chaque résul­tat. C’est un peu comme la formule pour deve­nir un tireur d’élite : tirez en premier et décla­rez que ce que vous touchez est la cible.

Steven Koonin montre par ailleurs que les prédic­tions dépendent forte­ment du réglage des para­mètres mettant en concur­rence le réchauf­fe­ment causé par les gaz à effet de serre, et le refroi­dis­se­ment dû aux aéro­sols — eux aussi partiel­le­ment liés à l’ac­ti­vité humaine (2021A115 p. 93) :

En d’autres termes, les cher­cheurs ont ajusté leur modèle pour que sa sensi­bi­lité aux gaz à effet de serre corres­ponde à ce qu’ils pensaient qu’elle devrait être. C’est ce que l’on appelle faire de la comptabilité.

Patrice Poyet commente (2022A191 p. 336) :

Lorsque ces phéno­mènes de sous-échelle sont trai­tés avec des para­mé­trages qui n’ont rien à voir avec la physique et les lois fonda­men­tales que l’on nous rappelle constam­ment pour justi­fier la crédi­bi­lité que nous devrions accor­der au modèle, nous saisis­sons soudain le sens de cette simple cita­tion de Freeman Dyson : « Ces gens-là ne regardent pas les obser­va­tions. Ils sont dans un monde à eux. »

Pierre Morel, physi­cien théo­riste en méca­nique quan­tique statis­tique, a fondé en 1968 le Laboratoire de météo­ro­lo­gie dyna­mique (LMD, CNRS), puis il a dirigé l’Agence Spatiale Française en charge de la science et de la tech­no­lo­gie (1975–1982) et le Programme mondial de recherche sur le climat (1982–1994). Il décla­rait en confé­rence au Bureau des Longitudes (2009A163) :

En matière d’in­ter­pré­ta­tion des signaux clima­tiques, l’exa­men inten­sif (et passion­nel) des données globales s’ap­pa­rente au test de Rorschach : on y trouve ce que l’on veut. Il est impos­sible de parve­nir à une conclu­sion scien­ti­fi­que­ment indis­cu­table sur la seule consi­dé­ra­tion de quan­ti­tés moyennes globales déduites d’ob­ser­va­tions archi­vées (a fortiori de recons­ti­tu­tions histo­riques ou paléoclimatiques).

Syukuro Manabe, un des trois lauréats du Prix Nobel 2021, récom­pensé pour ses travaux de pion­nier dans la modé­li­sa­tion du chan­ge­ment clima­tique, confiait en 2016 à Freeman Dyson, lui aussi Prix Nobel de physique : « Un modèle de climat est un très bon outil pour la compré­hen­sion du climat, mais c’est un très mauvais outil pour le prévoir. » Dans un entre­tien dont l’en­re­gis­tre­ment a été partiel­le­ment censuré, Freeman Dyson décla­rait à propos des modèles de climat (Poyet P, 2022A191 p. 353) :

C’est bien là le problème ! Il s’agit d’une vérité subven­tion­née, pour les gens qui croient les modèles. Je ne dis pas qu’ils sont malhon­nêtes, mais je crois qu’ils sont inévi­ta­ble­ment influen­cés par le fait qu’ils vivent de la peur du public. S’ils n’ef­frayaient pas le public, ils n’ob­tien­draient pas le soutien du gouver­ne­ment. Les mili­taires font la même chose. Je pense qu’ils ressemblent beau­coup aux militaires.

La modé­li­sa­tion (infor­ma­ti­sée) du climat est une histoire sans fin, à la fois créa­trice d’emplois et consom­ma­trice de ressources finan­cières (Poyet P, 2022A191 p. 318) :

Mais la vérité sur les capa­ci­tés de ces logi­ciels n’est jamais aussi claire que lorsque leurs déve­lop­peurs ont besoin d’énormes sommes d’argent pour prétendre mettre au point une nouvelle géné­ra­tion qui corri­gera tous les défauts des outils précé­dents. Apparaissent alors à la lumière crue toutes les limi­ta­tions, les hypo­thèses irréa­listes, les recons­truc­tions défec­tueuses du passé, et les affir­ma­tions factices de leurs prédic­tions pour l’ave­nir. L’inventaire effrayant de leurs limites réelles appa­raît au fur et à mesure que la liste des nouveaux fonds néces­saires s’al­longe pour rafis­to­ler toutes les capa­ci­tés soi-disant exis­tantes, ou plutôt les anciennes tenta­tives ratées, afin de pouvoir préten­du­ment les trans­for­mer cette fois-ci en boules de cris­tal bien nettes qui révè­le­ront enfin le terrible avenir que le réchauf­fe­ment anthro­pique nous promet. On rince et on recom­mence avec une nouvelle géné­ra­tion, deux milliards de plus dépen­sés, et un ancrage dans la réalité et un respect de la rigueur scien­ti­fique qui ne sont pas meilleurs.

Le réqui­si­toire des physi­ciens Gerlich et Tscheuschner était, quant à lui, sans appel (2009A75 p. 351) :

Il s’agit mani­fes­te­ment d’une descrip­tion d’une méthode pseudo-scientifique (c’est-à-dire non scien­ti­fique) utili­sée par les experts du GIEC. Le prochain niveau méta au-delà de la physique serait un ques­tion­naire auprès des scien­ti­fiques comme celui déjà réalisé par von Storch (2007A27) ou, fina­le­ment, un vote démo­cra­tique sur la vali­dité d’une loi physique. La science exacte va être rempla­cée par une métho­do­lo­gie socio­lo­gique impli­quant une analyse statis­tique de terrain, et par des règles « démo­cra­tiques » de fonc­tion­ne­ment. Cette démarche est en phase avec la défi­ni­tion de la science prônée par le site « scien­ti­fique » RealClimate​.org qui a fait entrer les décla­ra­tions incen­diaires, le recours aux attaques person­nelles et les mises en cause d’au­teurs dans son proces­sus de travail « scientifique ».

Une analyse statis­tique, aussi sophis­ti­quée soit-elle, repose forte­ment sur des modèles sous-jacents, et, si ces derniers sont mani­fes­te­ment erro­nés, l’ana­lyse ne mène à rien. On ne peut pas détec­ter et attri­buer quelque chose qui n’existe pas pour des raisons de prin­cipe, comme l’ef­fet de serre du CO2. Il y a tant de problèmes non réso­lus et inso­lubles dans la non-linéarité, que les clima­to­logues croient les surmon­ter tous en travaillant avec des approxi­ma­tions gros­sières condui­sant à des résul­tats non physiques corri­gés par la suite par des procé­dés mysté­rieux, le contrôle des flux dans le passé, d’obs­cures moyennes globales couvrant les insti­tuts clima­tiques d’au­jourd’­hui, en excluant manuel­le­ment des résul­tats acci­den­tels de refroi­dis­se­ment global (Stainforth DA et al, 2005A238) perpé­tuant une tradi­tion de clima­to­lo­gie globale fondée sur l’ef­fet de serre, de moyennes sans signi­fi­ca­tion physique, et de recours à des statis­tiques mathé­ma­tiques dénuées de sens du point de vue des sciences physiques.

Claude Allègre disait à la même époque (2010A9 p. 122) :

Nous avons trop de jeunes scien­ti­fiques qui sont fasci­nés par l’or­di­na­teur. Ils négligent l’ob­ser­va­tion, le raison­ne­ment, le bon sens. Ils préfèrent les spécu­la­tions et le virtuel plutôt que l’ob­ser­va­tion du réel. On sait pour­tant ce que cette atti­tude intel­lec­tuelle nous a coûté dans le domaine bancaire ! Mais à voir ce qui s’est passé à Copenhague, on peut se deman­der si le virus du virtuel n’a pas atteint aussi le monde poli­tique. Plutôt qu’a­gir, ne préfère-t-il pas spécu­ler, s’agi­ter et promettre ?

Aux lecteurs et lectrices sensibles à l’ar­gu­ment d’au­to­rité, je rappelle que le géochi­miste, géologue et géophy­si­cien auteur de ce commen­taire, est réci­pien­daire entre autres distinc­tions du prix Crafoord — équi­valent du Nobel pour les Sciences de la Terre — et de la médaille d’or du CNRS. Il est par ailleurs membre de l’Académie des sciences de France, des États-Unis, de Grande-Bretagne, d’Inde, du Portugal, et docteur hono­ris causa de plusieurs univer­si­tés étran­gères. Claude Allègre a été vili­pendé pour avoir osé expri­mer des doutes sur la perti­nence scien­ti­fique des conclu­sions du GIEC. Sans prendre de gants…

Autres approches méthodologiques

Source : Mototaka Nakamura (2018A174)

Certains arti­sans des modèles clima­tiques prédic­tifs ont rué dans les bran­cards. Par exemple, le spécia­liste de la dyna­mique clima­tique et docteur en sciences de météo­ro­lo­gie au MIT Mototaka Nakamura, qui a publié (en japo­nais) Confessions of a climate scien­tist : The global warming hypo­the­sis is an unpro­ven hypo­the­sis (2018A174), dont des extraits sont commen­tés par Tony Thomas dans son article A Climate Modeller Spills the Beans (2019A246), ainsi que par Patrice Poyet (2022A191 p. 378–380).

Jean-Claude Pont écrit à son sujet (2020A188) :

Dans son ouvrage, Nakamura passe en revue les éléments qui consti­tuent la colonne verté­brale de l’ensemble de la démarche conduite en vue de prédic­tions rela­tives à l’évolution du climat : tempé­ra­ture du globe, nuages de basse alti­tude, niveau des mers et des océans, mouve­ment des glaciers, etc. Dans chaque cas il montre que les parti­cu­la­ri­tés et les complexi­tés du système clima­tique empêchent toute prédic­tion sérieuse quant à son évolution.

Pont cite et commente Nakamura, notam­ment (2020A188) :

Je tiens à souli­gner un fait simple : il est impos­sible de prédire correc­te­ment même le sens ou la direc­tion du chan­ge­ment d’un système lorsque l’outil de prédic­tion n’a pas de repré­sen­ta­tion de proces­sus non-linéaires impor­tants et/ou les déforme gros­siè­re­ment, les rétro­ac­tions en parti­cu­lier, qui sont présentes dans le système réel. […]

On pour­rait se deman­der : « Pourquoi faut-il tant se soucier des océans quand on parle de la tempé­ra­ture de l’atmosphère ? » Les flux océa­niques jouent un rôle extrê­me­ment impor­tant dans le climat. Ils sont beau­coup plus lents que les flux atmo­sphé­riques, mais trans­portent une très grande quan­tité de chaleur en raison de la grande capa­cité de stockage de chaleur de l’eau. La capa­cité de stockage de la chaleur océa­nique est telle­ment plus grande que celle de l’atmosphère qu’on peut dire que l’atmosphère n’emmagasine pas du tout de chaleur par rapport à l’océan. (…) Sans les flux océa­niques, les varia­tions clima­tiques seraient beau­coup plus simples.

Mototaka Nakamura est cité par Tony Thomas (2020A246) :

Pour le meilleur ou pour le pire, je me suis plus ou moins désin­té­ressé de la science du climat et je ne suis pas ravi de consa­crer autant de temps et d’éner­gie à ce genre d’écrits, au-delà du point qui satis­fait mon propre sens de l’obli­ga­tion envers les contri­buables améri­cains et japo­nais qui ont soutenu finan­ciè­re­ment mes études supé­rieures et mes acti­vi­tés de recherche spon­ta­nées et gratuites. Je vous prie donc de vous attendre à ce que ce soit le seul écrit de ce type que je produise.

Je suis persuadé que certains scien­ti­fiques honnêtes et coura­geux conti­nue­ront à dénon­cer publi­que­ment les affir­ma­tions frau­du­leuses de la commu­nauté scien­ti­fique anglo­phone. Je regrette de devoir le dire, mais je suis égale­ment convaincu que les cher­cheurs japo­nais dociles et/ou incom­pé­tents reste­ront silen­cieux jusqu’à ce que le « courant domi­nant de la science du climat » change de ton, si tant est qu’il le fasse un jour.

Un autre grand clima­to­logue du MIT qui a « viré de bord », faisant de lui la cible d’at­taques ad homi­nem — à défaut d’un débat sur le contenu de ses inter­ven­tions — est Richard Lindzen qui sera présenté plus bas.

Ce qui précède ne devrait toute­fois pas mener à la conclu­sion que toute étude formelle du système clima­tique de la Terre (Earth Climate System) est condam­née à l’échec ! Nous n’avons évoqué, jusqu’ici, qu’une métho­do­lo­gie visant à produire des scéna­rios (annon­cia­teurs du pire) pour inci­ter à « lutter contre le réchauf­fe­ment clima­tique »

D’autres voies de recherche sont explo­rées, comme par exemple l’iden­ti­fi­ca­tion de systèmeN32, une tech­nique de l’au­to­ma­tique consis­tant à obte­nir un modèle mathé­ma­tique d’un système à partir de mesures. Voir par exemple G Bastin (2013A15), Nina Golyandina & Anatoly Zhigljavsky (2013A85), et Philippe de Larminat (2016A46) au sujet duquel Patrice Poyet écrit (2022A191 p. 376) :

De Larminat (2014A45) démontre très clai­re­ment que pour un système aussi complexe que le climat de la Terre, les tech­niques d’iden­ti­fi­ca­tion des systèmes four­nissent des résul­tats objec­tifs et convain­cants tels que :

• la période de réchauf­fe­ment qui a conduit à l’op­ti­mum contem­po­rain est essen­tiel­le­ment due à l’ef­fet combiné de l’ac­ti­vité solaire et de la varia­bi­lité natu­relle (qui se retrouve dans les rési­dus, comme les cycles de 60 ans qui résultent de para­mètres qui ne sont pas pris en compte dans ce modèle de boîte noire) ;
• la contri­bu­tion anthro­pique, si elle existe, ne se distingue pas suffi­sam­ment des effets précé­dents pour qu’on puisse prétendre la voir, et certai­ne­ment pas avec le haut degré de certi­tude affi­ché par le GIEC.

Il est clair que les conclu­sions de ces scien­ti­fiques ne trouvent pas leur place dans les messages alar­mistes dont se nour­rit le discours sur le climat. Les poli­ti­ciens, les médias et le public sont à l’af­fût de “brea­king news”, ces infor­ma­tions « de dernière minute » qui réac­tivent des peurs anciennes et les poussent à « l’ac­tion »… L’incertitude pathé­tique des modèles prédic­tifs permet de recy­cler le même message sous une forme toujours changeante.

À propos des. tech­niques d’iden­ti­fi­ca­tion des systèmes, Patrice Poyet pour­suit (2022A191 p. 377) :

Les calculs de marge d’er­reur et d’in­cer­ti­tude et les tests d’hy­po­thèse four­nissent toutes les vali­da­tions néces­saires d’un point de vue scien­ti­fique. En outre, comme le rapporte Veyres [commu­ni­ca­tion person­nelle] : « Une démons­tra­tion plus visuelle de la préci­sion des résul­tats trou­vés est l’ac­cord entre les résul­tats des calculs et les obser­va­tions, et la capa­cité prédic­tive du modèle ; les simu­la­tions à l’aveugle sans aucune infor­ma­tion sur les tempé­ra­tures après l’an­née 2000 montrent avec une préci­sion surpre­nante le “plateau” observé dans le réchauf­fe­ment clima­tique depuis 2000. Pour ces prédic­tions à court terme, des esti­ma­tions d’état par filtres de KalmanN33 sont utili­sées, où l’état reflète l’ac­cu­mu­la­tion de chaleur dans les océans. En plus des sensi­ti­vi­tés, la méthode four­nit une évalua­tion rigou­reuse de la proba­bi­lité qu’un para­mètre se trouve dans un certain inter­valle, sans toutes ces décla­ra­tions très subjec­tives de “confiance” ou de “vrai­sem­blance” ou de « proba­bi­lité subjec­tive » qui ornent chaque para­graphe du rapport du GT1 du GIEC et dont Rittaud (2010A200 ; 2015A201) a souli­gné le carac­tère non scien­ti­fique. » […]

La vérité est que les meilleurs modèles météo­ro­lo­giques et les logi­ciels de simu­la­tion corres­pon­dants doivent être rappe­lés à la réalité en les confron­tant aux données d’ob­ser­va­tion réelles toutes les six heures envi­ron, sinon ils se perdent dans le fossé. Et, par une ironie du sort, pendant l’épi­dé­mie de COVID-19, du fait que la fréquence des vols inter­na­tio­naux a consi­dé­ra­ble­ment dimi­nué, les obser­va­tions faites par les vols commer­ciaux n’étaient plus dispo­nibles comme d’ha­bi­tude et la qualité des prévi­sions météo­ro­lo­giques a consi­dé­ra­ble­ment baissé.

Quelles sont les causes du changement climatique ?

Source : DALL‑E

On s’in­té­resse ici à la rela­tion possible — corré­la­tion ou causa­lité — entre la teneur globale (d’ori­gine natu­relle et anthro­pique) en dioxyde de carbone (CO2) de l’at­mo­sphère terrestre et la tempé­ra­ture moyenne de la Planète. Autrement dit, ce qu’on appelle — de manière inap­pro­priée (Gerlich G & RD Tscheuschner, 2009A75 p. 303–309) — « l’ef­fet de serre » ou plus tech­ni­que­ment le forçage radia­tifN5 induit par le CO2. C’est la pierre angu­laire du discours sur le climat dans lequel se sont enga­gés inflexi­ble­ment (de nombreux) gouver­ne­ments, partis poli­tiques, ONG et médias au début du 21e siècle.

Source : Jacques-Marie Moranne (2024bA161)

Aux personnes rebu­tées par les mots et concepts scien­ti­fiques du présent article, je recom­mande la lecture de l’ou­vrage de Jacques-Marie Moranne (2024bA161). La qualité péda­go­gique de son exposé le rend acces­sible à un très large lectorat.

Les données sur les carot­tages de glace à Vostok, dans l’Antarctique, ont été présen­tées au public comme la preuve irré­fu­table du lien causal entre la concen­tra­tion atmo­sphé­rique de gaz carbo­nique (CO2) et la tempé­ra­ture globale de l’at­mo­sphère terrestre. La vali­dité des mesures de taux de CO2, méthane (CH4) et autres gaz prison­niers des bulles des carottes glaciaires fait débat (Poyet P, 2022A191 p. 244–254 ; Dagsvik JK & SH Moen, 2023A44) mais un résumé de ces échanges tech­niques pren­drait trop de place.

Les données sur les carot­tages ont été publiées par JR Petit et collègues (1999A184). Leur inter­pré­ta­tion en termes de causa­lité CO2/température reste au cœur de contro­verses. Patrice Poyet écrit à ce sujet (2022A191 p. 456) :

L’article de Caillon et al. (2003A31), que Jean Jouzel a signé, et qui a été consi­déré à juste titre comme une décou­verte impor­tante, montre simple­ment le contraire du postu­lat de base de la théo­rie CAGW [catas­tro­phic anthro­po­ge­nic global warming] en révé­lant que le CO2 suit la tempé­ra­ture d’en­vi­ron 800 ans.

Source : Martin Durkin (2007A55 20:43)

On peut voir, dans le film de Martin Durkin (2007A55 18:30), Al Gore postu­ler le lien causal en affi­chant les courbes parfai­te­ment alignées des varia­tions de CO2 et de tempé­ra­ture globale. Il en profite pour tour­ner en ridi­cule les scep­tiques… Mais c’est l’ar­ro­seur arrosé, car le géologue Ian D Clark montre que les courbes sont en déca­lage tempo­rel dans l’ordre inverse (Durkin M, 2007A55 20:43 ; Clark I, 2023A37) !

Source : Wikimedia

À la ques­tion « Qu’a dit alors Jouzel ? », Claude Allègre répond (2010A9 p. 64) :

Il a signé le papier en faisant ajou­ter que le résul­tat ne prou­vait pas que le CO2 n’avait pas d’in­fluence (ce qui est, bien sûr, évident). Il a cher­ché des expli­ca­tions tara­bis­co­tées. Et le malheu­reux cher­cheur qui avait fait cette décou­verte essen­tielle a été versé dans le corps des tech­ni­ciens. Jouzel, lui, conti­nue aujourd’­hui encore, sur tous les plateaux de télé­vi­sion, à procla­mer la coïn­ci­dence entre les fluc­tua­tions du CO2 et de la tempé­ra­ture, le tout présenté comme la preuve que le CO2 est bien la cause première de la varia­tion du climat.

François Gervais explique par ailleurs (2022A80 p. 124–125) :

[Les données] sont repro­duites [figure ci-dessous] dans la version publiée par Richet (2021A199), censu­rée par la suite par l’édi­teur sous la pres­sion de l’an­tenne fran­çaise du GIEC, comme relaté au Chapitre premier [2022A80 p. 40]. La tempé­ra­ture de la Terre a varié selon son enso­leille­ment, en suivant les cycles de MilankovitchN34 dus à l’ex­cen­tri­cité, l’obli­quité et la préces­sion des équi­noxes de notre Planète dans son mouve­ment autour du soleil. Pour chaque tempé­ra­ture, les carot­tages renseignent sur les concen­tra­tions atmo­sphé­riques de gaz carbo­nique et de méthane. Alors qu’une synchro­ni­cité est obser­vée entre méthane et tempé­ra­ture, elle est discu­table et discu­tée en ce qui concerne le CO2.

La synchro­ni­cité a été affir­mée par Parrenin et al. (2013A182). Caillon et al. (2003A31) en revanche notaient un retard d’en­vi­ron 800 ans du CO2 sur la tempé­ra­ture. Pour sa part, repre­nant une méthode usuelle en spec­tro­sco­pie, Pascal Richet (2021A199) s’est inté­ressé à la largeur à mi-hauteur des descentes de tempé­ra­ture et de concen­tra­tion de CO2. Dans la figure [ci-dessous], les traits épais hori­zon­taux soulignent des inter­valles de temps diffé­rents pour la chute des deux gran­deurs. Et c’est toujours le CO2 qui est en retard sur la tempé­ra­ture. Le retard peut atteindre 7000 ans. L’absence de synchro­ni­cité souligne l’ab­sence de corré­la­tion, et donc a fortiori l’ab­sence de causa­lité. Richet (2021A199) conclut : « Interpréter les séries de CO2 et de tempé­ra­ture des carottes de glace à la lumière des modèles clima­tiques s’avère métho­do­lo­gi­que­ment erroné. » […]

Pascal Richet ajoute : « Cela n’a aucun sens de mettre autant l’ac­cent sur les effets du CO2 dans les modèles clima­tiques ou sur les réduc­tions d’émis­sions dans les poli­tiques gouver­ne­men­tales. » On comprend que cela n’ait pas plu aux gardiens du temple, d’où leur achar­ne­ment à censurer.

Évolution de la température de la Terre due aux cycles de Milankovitch à partir des carottages de glace de Vostok dans l'Antarctique (Richet P, 2021A199 — rétracté par l'éditeur, voir PDF)

L’analyse des carottes de glace corres­pon­dant à l’ère géolo­gique du Cénozoïque — qui a débuté il y a 66 millions d’an­nées — confirme l’ab­sence de lien de causa­lité entre les taux de CO2 et la tempé­ra­ture terrestre. Au terme d’un article très tech­nique, Patrick Frank conclut (2024A71 p. 17) :

Enfin, la corres­pon­dance entre les esti­ma­tions de l’hy­po­thèse nulle, le P(CO2) de substi­tu­tion et la repro­duc­tion de la loi de Henry de l’en­re­gis­tre­ment VOSTOK implique que la tempé­ra­ture de surface de la mer [SST] a été le prin­ci­pal déter­mi­nant du P(CO2) atmo­sphé­rique de base pendant tout le Cénozoïque. L’influence de la SST signi­fie que le CO2 ambiant n’est libéré ou dissous qu’a­près un chan­ge­ment posi­tif ou néga­tif de la tempé­ra­ture globale de l’océan. La corré­la­tion entre le P(CO2) et la tempé­ra­ture de surface à travers les temps géolo­giques provient alors de la solu­bi­lité chan­geante du CO2 en réponse à la varia­tion indé­pen­dante de la SST. Les prélè­ve­ments de carbo­nate à l’échelle géolo­gique ou les rejets de CO2 ont consi­dé­ra­ble­ment modi­fié les données, mais ces chan­ge­ments ne sont pas néces­saires pour expli­quer la P(CO2) ou la tempé­ra­ture de surface. En d’autres termes, l’in­ter­pré­ta­tion la plus parci­mo­nieuse des données du Cénozoïque est que la tempé­ra­ture de l’océan a augmenté avec l’ac­ti­vité magma­tique à grande échelle et qu’elle a dimi­nué en son absence. Le P(CO2) a suivi.

Dans cette optique, le CO2 atmo­sphé­rique a été un spec­ta­teur molé­cu­laire de l’évo­lu­tion du climat. L’interposition du forçage radia­tif d’une augmen­ta­tion ou d’une dimi­nu­tion exogène du CO2, qui déclenche et main­tient un chan­ge­ment de la SST, est super­flue pour une expli­ca­tion simple du climat et de la P(CO2) : plus chaude/élevée pendant les périodes magma­tiques vigou­reuses, et plus froide/abaissée en leur absence. La notion de forçage exogène du CO2 n’ap­porte aucune valeur expli­ca­tive supplé­men­taire. En dehors des événe­ments bio- et/ou géophy­siques à l’échelle géolo­gique, la SST semble avoir entiè­re­ment régi la teneur en P(CO2) de l’at­mo­sphère au cours des 66 années de vie du Cénozoïque. Une conclu­sion géné­rale est que le dogme du CO2 atmo­sphé­rique comme moteur prédo­mi­nant de la tempé­ra­ture à la surface du globe devrait être mis de côté.

Ce phéno­mène est-il obser­vable à plus petite échelle ? François Gervais cite des auteurs qui répondent à l’af­fir­ma­tive (2022A80 p. 138) :

La corré­la­tion et le retard du CO2 sur la tempé­ra­ture, l’in­verse de ce à quoi on s’at­ten­drait selon le théo­rie de l’ef­fet de serre atmo­sphé­rique, ont été confir­més et discu­tés par de nombreux auteurs : Kuo et al. (1990A124), Park (2009A180), Quirk (2009A192), Essenhigh (2009A63), Beenstock et al. (2012A17), Salby (2012A207), Gervais (2014A76), Harde (2017A93 ; 2019A94), Berry (2019A20), Stallinga (2020A239), Koutsoyiannis & Kundzewicz (2020A118).

Demetris Koutsoyiannis et al. (2023A122) ont exploré les liens de causa­lité en termes de « l’œuf ou la poule » :

L’étude a examiné si la chaîne de causa­lité géné­ra­le­ment suppo­sée est étayée par des données ou, au contraire, si une rela­tion de causa­lité de type poule ou œuf (HOE) est plus plau­sible. […]

Ces déve­lop­pe­ments incluent un cadre théo­rique avancé pour tester la causa­lité basée sur l’évo­lu­tion stochas­tique d’un lien poten­tiel­le­ment causal entre deux proces­sus via la notion de fonc­tion de réponse impul­sion­nelle. Toutes les preuves résul­tant des analyses suggèrent un lien de causa­lité poten­tiel unidi­rec­tion­nel avec T comme cause et [CO2] comme effet.

Dans un article sous-titré « Est-ce la queue qui fait remuer le chien ? », l’au­teur écrit (Koutsoyiannis D, 2024A121 p. 68) :

Selon les calculs présen­tés ici et la repré­sen­ta­tion des résul­tats dans la figure 24, la contri­bu­tion du CO₂ à l’ef­fet de serre est de 4 à 5 %. Les émis­sions humaines de CO₂ repré­sentent 4 % du total, ce qui signi­fie que la contri­bu­tion humaine totale à l’aug­men­ta­tion de l’ef­fet de serre est de 0,16 % à 0,20 % — un effet négli­geable. Quelle que soit l’ori­gine de l’aug­men­ta­tion du [CO₂] au cours du siècle dernier, sa contri­bu­tion à l’ef­fet de serre est d’en­vi­ron 0,5 %, ce qui est infé­rieur à tout seuil permet­tant de l’ob­ser­ver. En revanche, l’eau (y compris les nuages) contri­bue à l’ef­fet de serre atmo­sphé­rique à hauteur de 87 % à 95 %.

Patrice Poyet défend la même conclu­sion : « Le CO2 suit la tempé­ra­ture » (Poyet P, 2022A191 p. 51–56). Il cite notam­ment Ole Humlum et al. qui concluaient (2013A103 p. 51, 67) :

La corré­la­tion posi­tive maxi­male entre le CO2 et la tempé­ra­ture est obser­vée lorsque le CO2 accuse un retard de 11 à 12 mois par rapport à la tempé­ra­ture de surface de la mer, de 9.5 à 10 mois par rapport à la tempé­ra­ture de l’air de surface, et d’en­vi­ron 9 mois par rapport à la tempé­ra­ture de la tropo­sphèreN13 infé­rieure. […]

En résumé, les données mensuelles depuis janvier 1980 [jusqu’à décembre 2011] sur le CO2 atmo­sphé­rique et les tempé­ra­tures de l’air et de la mer démontrent sans ambi­guïté que la séquence des événe­ments de chan­ge­ment de la tempé­ra­ture globale est 1) la surface de l’océan, 2) l’air de surface, 3) la tropo­sphère infé­rieure, et que les chan­ge­ments du CO2 atmo­sphé­rique sont toujours en retard par rapport aux chan­ge­ments de l’un ou l’autre de ces diffé­rents enre­gis­tre­ments de la température.

François Gervais cite comme exemple, sur une période très courte, la compa­rai­son de l’évo­lu­tion de la tempé­ra­ture de la Terre mesu­rée par satel­lite pendant le pic El Niño de début 2016 à l’évo­lu­tion du taux de CO2 dans l’at­mo­sphère (2022A80 p. 134) :

Retard de l'accroissement mensuel de CO2 (gml.noaa.gov/ccgg/trends) comparé au pic de température El Niño de début 2016, mesuré par satellite à l'Université d'Alabama à Huntsville (UAH TLT), mise à jour de Spencer (2017A236)

Il s’in­ter­roge par ailleurs sur ce qui influence les varia­tions des taux de CO2 et des tempé­ra­tures (Gervais F, 2022A80 p. 134–135, 138) :

L’année 1992 a été froide. L’éruption du volcan Pinatubo en 1991 a envoyé quan­tité d’aé­ro­sols dans la haute atmo­sphère qui ont momen­ta­né­ment voilé le rayon­ne­ment solaire, provo­quant une baisse de tempé­ra­ture, et ce en dépit d’un épisode El Niño cette année-là et le la bouf­fée de CO2 crachée par le volcan. Une évolu­tion d’un facteur 10 du CO2 annuel ne saurait traduire des diffé­rences d’émis­sions anthro­piques, car elles restent assez simi­laires d’une année à l’autre. […] Le lien et le retard du CO2 sur la tempé­ra­ture nous amènent à envi­sa­ger une compo­sante natu­relle de son augmen­ta­tion dans l’at­mo­sphère. D’où viendrait-il ? Des conti­nents ou des océans ? La figure [ci-dessous] compare l’os­cil­la­tion saison­nière du CO2 en 1992, année froide donc, à celle de 1998, année chaude due à un pic El Niño, reca­lée sur la première. Les deux courbes sont quasi­ment super­po­sées. La compo­sante conti­nen­tale de la varia­tion du CO2, ainsi mesu­rée à partir de son inter­ac­tion avec la végé­ta­tion, ne semble pas affec­tée par la tempé­ra­ture de l’an­née. […]

[…] contrai­re­ment à ce que suggèrent Zeng et al. (2005A277), les fluc­tua­tions El Niño/La Niña ne sont pas le seul facteur, puisque l’épi­sode El Niño de 1992 a été contre­carré par le refroi­dis­se­ment dû aux aéro­sols envoyés dans l’at­mo­sphère par le volcan Pinatubo, et la chute de tempé­ra­ture qui a suivi, y compris celle des océans.

Comparaison des oscillations saisonnières de 1992 et 1998 décalée de 6 ans. Les données de la seconde ont été divisées par 1.03 pour partir d'une même origine à l'automne (Gervais 2021A79 p. 84)
La température UAH dans la basse troposphère (TLT), c'est-à-dire les mesures satellitaires de surface (Spencer et al 2017, mis à jour) comparée aux augmentations annuelles de CO2 mesurées à Mauna Loa (NOAA 2020), avec un décalage de 6 mois vers la gauche faisant apparaître la cohérence. Ce décalage indique le retard des augmentations de CO2 par rapport aux fluctuations de température. La plus faible augmentation de CO2 correspond à l'année froide 1992, et la plus forte aux années chaudes El Niño 1998 et 2016. Source : François Gervais (2021A79 p. 82)

Patrice Poyet s’at­taque à d’autres mythes (2022A191 p. 55) :

L’étape suivante de cette logique défec­tueuse [du couplage entre CO2 et tempé­ra­ture] consiste à élabo­rer des notions physiques telles que les « forçages » (Myhre G et al., 2013A168), les « rétro­ac­tions » et autres qui sont incon­nues de la physique, comme nous le rappellent Gerlich et Tscheuschner (2009A75) : « La prin­ci­pale stra­té­gie des défen­seurs de l’ef­fet de serre du CO2 semble se cacher derrière de plus en plus de pseudo-explications tirant parti de prin­cipes qui ne sont géné­ra­le­ment pas ensei­gnés en physique. Un exemple est celui des calculs de trans­fert radia­tif que proba­ble­ment peu de gens connaissent. Un autre exemple est celui des rétro­ac­tions utili­sées pour ampli­fier un effet qui n’est même pas margi­nal puis­qu’il n’existe pas du tout. Manifestement, les défen­seurs de la thèse du “CO2-effet de serre” refusent d’ac­cep­ter des calculs repro­duc­tibles pour s’ex­pli­quer et ont recours à des calculs non repro­duc­tibles.« 

Severinghaus (2004A226) ne fait pas excep­tion à la règle en décla­rant : « Ce proces­sus entraîne égale­ment une augmen­ta­tion du CO2, envi­ron 800 ans plus tard. Le CO2 réchauffe alors davan­tage la planète entière, en raison de ses proprié­tés de piégeage de la chaleur. Cela conduit à une libé­ra­tion encore plus impor­tante de CO2. Il faut donc consi­dé­rer le CO2 pendant les périodes glaciaires comme une “rétro­ac­tion”, un peu comme celle qui se produit lors­qu’on place un micro­phone trop près d’un haut-parleur. » Ainsi, le troi­sième auteur d’un article majeur publié dans la prin­ci­pale revue à comité de lecture, à savoir Science, déclare honnê­te­ment et presque candi­de­ment, un an après sa publi­ca­tion, qu’il n’a aucune idée de ce qui commence à réchauf­fer notre monde à partir d’une période glaciaire, mais qu’il sait avec certi­tude ce qui a causé le réchauf­fe­ment des trois dernières décen­nies, invo­quant la pseudo-physique des « rétro­ac­tions ». Ce n’est plus une discus­sion géochi­mique qui prévaut ici, c’est le domaine de la psycho­lo­gie cogni­tive rempli de disso­nances cogni­tives et de biais de confir­ma­tion qui empêchent même les gens intel­li­gents de s’écar­ter de l’as­su­rance dogma­tique et des croyances sécurisantes.

Le résumé de l’ar­ticle de Gerlich et Tscheuschner est expli­cite de leur approche critique en tant que physi­ciens (2009A75) :

L’effet de serre atmo­sphé­rique, une idée que de nombreux auteurs font remon­ter aux travaux tradi­tion­nels de Fourier (1824A70), Tyndall (1861A254) et Arrhenius (1896A11), et qui est toujours soute­nue dans la clima­to­lo­gie mondiale, décrit essen­tiel­le­ment un méca­nisme fictif dans lequel une atmo­sphère plané­taire agit comme une pompe à chaleur action­née par un envi­ron­ne­ment qui inter­agit radia­ti­ve­ment avec le système atmo­sphé­rique, mais qui est équi­li­bré radia­ti­ve­ment par rapport à lui. Selon la deuxième loi de la ther­mo­dy­na­mique, une telle machine plané­taire ne peut jamais exis­ter. Néanmoins, dans presque tous les textes sur la clima­to­lo­gie mondiale et dans une litté­ra­ture secon­daire très répan­due, on tient pour acquis qu’un tel méca­nisme existe et qu’il repose sur une base scien­ti­fique solide.

Dans cet article, la conjec­ture popu­laire est analy­sée et les prin­cipes physiques sous-jacents sont clari­fiés. En montrant que (a) il n’y a pas de lois physiques communes entre le phéno­mène de réchauf­fe­ment dans les serres et les effets de serre atmo­sphé­riques fictifs, (b) il n’y a pas de calculs pour évaluer une tempé­ra­ture moyenne à la surface d’une planète, (c) la diffé­rence de 33° souvent mention­née est un nombre sans signi­fi­ca­tion calculé de manière erro­née, (d) les formules du rayon­ne­ment de cavité sont utili­sées de manière inap­pro­priée, (e) l’hy­po­thèse d’un équi­libre radia­tif est contraire à la physique, (f) la conduc­ti­vité ther­mique et le frot­te­ment ne doivent pas être négli­gés, la conjec­ture de l’ef­fet de serre atmo­sphé­rique est falsifiée.

Et plus loin (op.cit. page 280) :

Les clima­to­logues mondiaux affirment que l’ef­fet de serre natu­rel de la Terre main­tient la Terre à 33° C de plus qu’elle ne le serait sans les gaz à l’état de traces présents dans l’at­mo­sphère. Environ 80 % de ce réchauf­fe­ment est attri­bué à la vapeur d’eau et 20 % aux 0.03 % de volume de CO2. Si un tel effet extrême exis­tait, il se mani­fes­te­rait même dans une expé­rience de labo­ra­toire impli­quant du CO2 concen­tré, sous la forme d’une anoma­lie de conduc­ti­vité ther­mique. Il se mani­fes­te­rait sous la forme d’un nouveau type de « super-isolation » violant l’équa­tion conven­tion­nelle de conduc­tion de la chaleur. Mais de telles anoma­lies de trans­port de chaleur n’ont jamais été obser­vées dans le cas du CO2. C’est pour­quoi, dans cet article, les idées popu­laires sur les effets de serre entre­te­nues par la commu­nauté clima­to­lo­gique mondiale sont réexa­mi­nées dans le cadre de la physique théo­rique et expérimentale.

Les auteurs examinent, une par une, quatorze défi­ni­tions d’un (hypo­thé­tique) « effet de serre radia­tif » du CO2 dans l’at­mo­sphère terrestre, dont ils démontrent la vacuité (Gerlich G & RD Tscheuschner, 2009A75 p. 303–309). Une source d’er­reurs est liée à la confu­sion entre absorption/émission et réflexion (op.cit. p. 312–315). La réflexion sur une couche gazeuse n’est possible que pour des ondes radio de rela­ti­ve­ment faibles fréquences, ce qui est loin d’être le cas de radia­tions situées dans l’infrarouge.

Georges Geuskens expli­quait l’im­pos­si­bi­lité d’un effet de serre radia­tif causé par le CO2, résu­mée ainsi (2019A83) :

1° L’effet de serre, qui résul­te­rait de la désac­ti­va­tion radia­tive (fluo­res­cence) de molé­cules ayant absorbé une frac­tion du rayon­ne­ment ther­mique de la Terre, ne peut exis­ter au niveau des basses couches atmosphériques.

2° Au niveau des basses couches atmo­sphé­riques, les molé­cules ayant absorbé une frac­tion du rayon­ne­ment ther­mique de la Terre se désac­tivent par colli­sions avec les molé­cules envi­ron­nantes, prin­ci­pa­le­ment N2 et O2.

Ce sujet a été traité plus récem­ment dans un exposé de Jean Van Vliet : Pourquoi l’effet du CO2 sur le climat est exclu par la physique (2023A257). Parmi les objec­tifs (p. 4) :

[…] exami­ner à la lumière de la physique trois phéno­mènes natu­rels impac­tant les tempé­ra­tures terrestres :
• le trans­fert de chaleur verti­cal dans l’atmosphère ;
• l’énergie corpus­cu­laire en prove­nance du Soleil ou vent solaire ;
• l’inertie ther­mique des océans et des glaces permanentes.

Jean Van Vliet rappelle avec justesse (p. 20) :

La physique est une science exacte avec des règles strictes, et diffi­ci­le­ment acces­sible aux médias ; la clima­to­lo­gie est au contraire une science humaine, ouverte à l’appréciation et aux pres­sions politiques.

Dans les commen­taires (2023A257), Jacques-Marie Moranne remarque que Vliet n’a pas évoqué « l’évaporation, et l’évacuation de chaleur latente qui en résulte ». Jean Van Vliet répond :

Suivant une pratique courante en astro­phy­sique, j’ai voulu axer la présen­ta­tion sur les modes de trans­fert ther­mique verti­cal plutôt que, comme les rapports succes­sifs du GIEC, sur un « Earth Heat Budget » dont beau­coup d’éléments sont discu­tables. L’objet de mon article est notam­ment de montrer l’importance écra­sante du mode de trans­fert convec­tif dans la tropo­sphère : la convec­tion atmo­sphé­rique est un phéno­mène géné­ral, elle est présente aussi bien en milieu tropi­cal qu’en milieu déser­tique. Elle n’est pas influen­cée par les GES. La seule excep­tion à la convec­tion dans la tropo­sphère est locale : c’est l’inversion de tempé­ra­ture.

L’évaporation ampli­fie consi­dé­ra­ble­ment le mouve­ment convec­tif de l’air comme le montrent les orages et autres tornades et oura­gans, mais elle ne fait qu’encore renfor­cer le carac­tère déjà prédo­mi­nant de la convec­tion dans la troposphère.

En résumé (Moranne JM, 2024bA161 p. 116) :

Au niveau du sol : la présence des « gaz à effet de serre » (CO2 et vapeur d’eau) dans l’at­mo­sphère empêche la surface du sol et des océans de renvoyer la chaleur qu’elle reçoit du soleil : c’est ce qui la réchauffe.

Ce réchauf­fe­ment est limité lorsque la tempé­ra­ture est suffi­sante pour que l’éva­po­ra­tion et la convec­tion renvoient en alti­tude l’ex­cé­dent de chaleur ainsi produit, c’est-à-dire, en moyenne, à 15°C.

Michel Vieillefosse, un des pion­niers de l’aus­cul­ta­tion de la Terre par satel­lite, long­temps asso­cié aux programmes de la NASA et de l’agence spatiale russe, a cher­ché à évaluer la part des phéno­mènes natu­rels et celle de l’Homme dans l’évo­lu­tion du climat : « Le CO2 s’ef­face devant d’autres facteurs anthro­piques plus impor­tants : la défo­res­ta­tion, l’im­per­méa­bi­li­sa­tion des sols » ainsi que les îlots de chaleur urbains et les fuites de méthane (2022A266 — voir résumé).

Durée de vie du CO2 d’origine anthropique

Examinons main­te­nant l’af­fir­ma­tion (du GIEC) selon laquelle le CO2 d’ori­gine anthro­pique — produit par les acti­vi­tés humaines — aurait un temps de rési­dence dans l’at­mo­sphère d’une centaine d’an­nées, contrai­re­ment au CO2 émis natu­rel­le­ment dont le temps de rési­dence est de l’ordre d’une dizaine d’an­nées. L’expression « temps de rési­dence » est un terme tech­nique qui s’ap­pa­rente à la « durée de vie ».

Selon cette thèse « réchauf­fiste », l’ac­crois­se­ment du taux de CO2 depuis le début de l’ère indus­trielle (1750) serait inté­gra­le­ment causé par les émis­sions anthro­piques. Quelle que soit la vérité du couplage entre CO2 global et température, une telle augmen­ta­tion fini­rait par deve­nir problé­ma­tique pour la biosphère et la survie de l’es­pèce humaine. Les auteurs de romans et films de science fiction sont friands de ce scénario…

Par contre, si — comme plaidé dans la section précédente — l’ac­crois­se­ment du taux de CO2 dans l’at­mo­sphère est une consé­quence, et non la cause, du réchauf­fe­ment, on peut montrer que le temps de rési­dence du CO2 d’ori­gine anthro­pique n’est pas diffé­rent de celui du CO2 d’ori­gine natu­relle. Dans ce cas, le taux de CO2 global serait simple­ment corrélé aux cycles de varia­tion de la tempé­ra­ture, comme observé dans les millé­naires précé­dents. Tout projet de « décar­bo­na­tion » serait aussi inef­fi­cace qu’i­nu­tile.

La parole est aux physi­ciens… Seules leurs conclu­sions ont été reprises ici. Il faut suivre les liens pour navi­guer dans les équa­tions et saisir toutes les étapes de leurs raisonnements !

Patrice Poyet (voir sa présen­ta­tion) débute ainsi son exposé Anthropic CO2 is 6 % of Tropospheric [CO2] (2022A191 p. 35) :

L’un des prin­ci­paux argu­ments bran­dis par les alar­mistes est que la majeure partie du CO2 émis par l’uti­li­sa­tion de combus­tibles fossiles est restée dans l’at­mo­sphère, qu’elle conti­nuera à le faire pendant plus d’un siècle, et que ses effets néfastes seront diffé­rés et ressen­tis par les géné­ra­tions futures. Essayant ainsi de nous faire porter le chapeau, dès main­te­nant, pour que des mesures immé­diates soient prises afin de réduire les émis­sions au plus vite, quelles que soient les consé­quences écono­miques désas­treuses que cela pour­rait entraî­ner. Cela ne résiste même pas à une véri­fi­ca­tion rapide des faits.

En effet, le flux dégazé par les océans chauds entre les tropiques et par les sols où se décom­pose la matière orga­nique est du même ordre de gran­deur que le flux absorbé par les océans froids des hautes lati­tudes et par la végé­ta­tion, mais jamais tout à fait égal, car ces flux absor­bés et déga­zés dépendent des tempé­ra­tures, des préci­pi­ta­tions et des vents dans les zones corres­pon­dantes, ainsi que du volume de végé­ta­tion qui augmente en fonc­tion de la teneur de l’air en dioxyde de carbone. Le rapport (quan­tité annuelle / flux) entre la quan­tité de carbone atmo­sphé­rique (dans le CO2 de l’air) et le flux absorbé chaque année par la végé­ta­tion et par les océans aux hautes lati­tudes est de l’ordre de quatre à cinq, d’où une durée de séjour moyenne dans l’air d’une molé­cule de CO2 de 4 à 5 ans.

Un cinquième du CO2 de l’air est absorbé chaque année, envi­ron la moitié par la végé­ta­tion et l’autre moitié par les océans froids des hautes lati­tudes à leur surface ; presque autant est dégazé par les sols, où la végé­ta­tion se décom­pose, et par les océans chauds à leur surface. Il appa­raît que les combus­tibles fossiles ne consti­tuent que 6 % du CO2 de l’air (contre 2 % en 1958), les 94 % restants prove­nant du déga­zage natu­rel des océans et des sols, en milliards de tonnes de carbone, Gt‑C ou giga­tonnes de carbone : 10 Gt‑C/an de « fossiles » contre quelque 170 Gt‑C/an de « déga­zage natu­rel » (Moranne JM, 2024aA160).

L’auteur conti­nue avec un calcul justi­fi­ca­tif, suivi d’un exposé tech­nique sur le rapport isoto­pique du carbone (pages 35–50)…

François Gervais affiche le même résul­tat en résu­mant ainsi (2022A80 p. 139) :

La tempé­ra­ture UAH dans la basse tropo­sphère (TLT), c’est-à-dire les mesures satel­li­taires de surface (Spencer et al 2017, mis à jour) compa­rée aux augmen­ta­tions annuelles de CO2 mesu­rées à Mauna Loa (NOAA 2020), avec un déca­lage de 6 mois vers la gauche faisant appa­raître la cohé­rence. Source : François Gervais (2021A79 p. 82)

Un autre sujet de contro­verse concerne le temps de rési­dence du CO2 dans l’at­mo­sphère. Un élément de réponse a trait au rapport isoto­pique 13C/12C (Segalstad 1998A225). Le carbone prove­nant des ressources fossiles affiche un rapport entre les isotopes 12 et 13, 13C/12C de ~ 2.1 % alors que le rapport est de seule­ment ~ 0.7 % pour le CO2 natu­rel. Le. rapport a évolué de ~ 0.76 % mesuré en 1982 dans l’at­mo­sphère à ~ 0.85 % en 2017, suggé­rant une frac­tion de seule­ment 6 % de résidu anthro­pique. Ce résul­tat corres­pond à une durée de vie de la pertur­ba­tion des émis­sions anthro­piques d’à peu près 5 ans : Essenhigh (2009A63), Gervais (2014A76), Harde (2019A94), Poyet (2022A191), Harde et Salby (2021A92). La frac­tion rési­duelle du CO2 anthro­pique se situe­rait ainsi au niveau du plus faible ajout observé en 1992 [figure ci-contre].

Demetris Koutsoyiannis arrive à la même conclu­sion par d’autres moyens (2024A120):

Le cadre proposé [modé­li­sa­tion non-linéaire du routage de réser­voir] peut égale­ment être utile pour des tâches clima­tiques, telles que la descrip­tion du bilan de masse du dioxyde de carbone atmo­sphé­rique et la déter­mi­na­tion des temps de rési­dence carac­té­ris­tiques, qui ont fait l’ob­jet de contro­verses. L’application du cadre théo­rique donne d’ex­cel­lents résul­tats avec les données du monde réel. Ainsi, nous quan­ti­fions faci­le­ment les échanges de carbone atmo­sphé­rique et obte­nons des résul­tats fiables et intui­tifs, sans devoir recou­rir à des modèles clima­tiques complexes. Le temps de rési­dence moyen du dioxyde de carbone atmo­sphé­rique s’avère être d’en­vi­ron quatre ans, et le temps de réponse est infé­rieur à cette durée, ce qui va à l’en­contre des esti­ma­tions courantes beau­coup plus longues.

Cité par Gervais, Robert H Essenhigh expo­sait déjà (2009A63 p. 2273) :

Si les résul­tats du [temps de rési­dence du CO2 dans l’at­mo­sphère] court (5–15 ans) ont été montrés en quasi-équilibre, cela confirme la conclu­sion (fondée sur des données indé­pen­dantes) selon laquelle l’aug­men­ta­tion de la concen­tra­tion atmo­sphé­rique de CO2 à long terme (envi­ron 100 ans) ne provient pas de sources anthro­po­gé­niques mais, confor­mé­ment aux conclu­sions d’autres études, très proba­ble­ment de l’aug­men­ta­tion de la tempé­ra­ture atmo­sphé­rique qui est due à d’autres facteurs natu­rels. Cela confirme la conclu­sion selon laquelle le réchauf­fe­ment clima­tique n’est pas d’ori­gine anthro­pique comme un produit de combus­tion. L’incidence écono­mique et poli­tique de cette conclu­sion est évidente.

L’article de Hermann Harde présente de manière compré­hen­sible le modèle des physi­ciens et ceux du GIEC basés sur trois groupes d’hy­po­thèses : Constant Airborne frac­tion, Bern Model et Absorption Scales with Concentration. Harde écrit (2019A94 p. 144, accent mis par mes soins) :

Ainsi, avec des para­mètres bien choi­sis, toutes les approches étudiées peuvent très bien repro­duire les obser­va­tions effec­tuées à Mauna Loa. Mais ces modèles sont basés sur des hypo­thèses et des condi­tions limites diffé­rentes, certains d’entre elles étant même en contra­dic­tion mutuelle. Par consé­quent, un seul d’entre eux, voire aucun, pour­rait être correct. Une bonne confor­mité avec les obser­va­tions n’est pas un critère suffi­sant pour tester la vali­dité d’un modèle, celui-ci doit égale­ment être en accord avec les prin­cipes physiques de base. Ces derniers sont les seuls à pouvoir nous four­nir des expli­ca­tions physi­que­ment cohé­rentes pour un cycle du carbone, qui est dominé par plus de 95 % des émis­sions natu­relles, et qui est à l’ori­gine d’im­pacts envi­ron­ne­men­taux conti­nuels. Il est égale­ment évident que ce cycle est régi par les mêmes prin­cipes à l’époque paléo­cli­ma­tique qu’au­jourd’­hui avec les émis­sions humaines.

La réac­ti­vité du CO2 atmo­sphé­rique aux émis­sions de combus­tibles fossiles a été exami­née par Jamal Munshi (2017A166) :

Ces résul­tats sont cohé­rents avec ceux d’études anté­rieures qui n’ont trouvé aucune preuve de l’exis­tence d’un lien entre le taux de réchauf­fe­ment et les émis­sions. Ils impliquent que le budget carbone du GIEC est défec­tueux, peut-être en raison d’une prise en compte insuf­fi­sante de l’in­cer­ti­tude, d’une confiance exces­sive dans les flux nets, et de l’uti­li­sa­tion d’un raison­ne­ment circu­laire qui sous-entend un rôle des émis­sions de combus­tibles fossiles dans l’aug­men­ta­tion obser­vée du CO2 dans l’atmosphère.

Il va de soi que les fortes varia­tions de taux atmo­sphé­rique de CO2 à l’époque paléo­cli­ma­tique, déduites de l’ana­lyse des carot­tages de glace, étaient d’ori­gine natu­relle… L’auteur conclut (Harde H, 2019A94 p. 145, 154) :

[…] les molé­cules émises natu­rel­le­ment et celles émises par l’homme ne peuvent pas être trai­tées diffé­rem­ment. Tant qu’au­cune satu­ra­tion de l’ab­sorp­tion n’est obser­vée, ce qui n’est pas le cas […], une émis­sion supplé­men­taire par l’Homme doit sous-tendre le même proces­sus d’ab­sorp­tion que les émis­sions natu­relles. Les sépa­rer serait en contra­dic­tion flagrante avec le prin­cipe d’équi­va­lence. En appli­ca­tion de ce prin­cipe, il ne doit exis­ter qu’un seul temps d’ab­sorp­tion, τR, avec le même compor­te­ment d’ab­sorp­tion, pour les émis­sions humaines et natu­relles. […]

L’augmentation du CO2 au cours des dernières années peut être expli­quée par une seule équa­tion d’équi­libre, la Loi de Conservation (Lüdecke HJ & CO Weiss, 2016A140), qui couvre dans son entier le cycle du CO2 atmo­sphé­rique, compre­nant la tempé­ra­ture et donc des proces­sus d’ab­sorp­tion natu­rels dépen­dant du temps, les acti­vi­tés humaines et un proces­sus d’ab­sorp­tion dépen­dant de la tempé­ra­ture, à une échelle propor­tion­nelle à la concen­tra­tion actuelle. Cette absorp­tion est carac­té­ri­sée par une échelle de temps unique, le temps de rési­dence d’en­vi­ron 3 ans, qui a augmenté légè­re­ment avec la tempé­ra­ture au cours de l’ère indus­trielle. Ce concept est le seul en totale confor­mité avec toutes les obser­va­tions et causa­li­tés naturelles.

Horst-Joachim Lüdecke et Car Otto Weiss sont parve­nus à cette conclu­sion, rassu­rante pour les uns et « démo­bi­li­sa­trice » selon les autres (2016A140) :

Par consé­quent, l’aug­men­ta­tion du CO2 atmo­sphé­rique cessera progres­si­ve­ment […] Après l’apo­gée de la concen­tra­tion de CO2 dans l’at­mo­sphère, ce sont prin­ci­pa­le­ment les océans et la biosphère qui seront les puits des futures émis­sions de CO2 de l’humanité.

Il est ques­tion ici de l’ef­fet de quasi-saturation des spectres d’émis­sion ther­mique du CO2 atmo­sphé­rique. Ce phéno­mène. n’est pris en compte, ni dans les rapports AR5 et AR6 du GIEC, malgré la recom­man­da­tion pres­sante de l’expert revie­wer François Gervais. Il en fait une présen­ta­tion tech­nique dans son ouvrage (2022A80 p. 71–73) complé­tée par une cita­tion ancienne (p. 72) :

Dès 1971, Rasool & Schneider, le second auteur étant le fonda­teur de la revue Climatic Change, écri­vait à propos de la quasi-saturation : « À mesure que plus de CO2 est ajouté à l’at­mo­sphère, l’ac­crois­se­ment de la tempé­ra­ture est propor­tion­nel­le­ment de moins en moins élevé, et l’aug­men­ta­tion finit par se stabi­li­ser. L’emballement de l’ef­fet de serre ne se produit pas, car la bande du CO2 à 15 micro­mètres, qui est la prin­ci­pale source d’ab­sorp­tion, sature, et l’ajout de CO2 n’aug­mente pas substan­tiel­le­ment l’opa­cité infra­rouge de l’atmosphère. »

Pour une discus­sion plus détaillée et actua­li­sée, lire Pour revi­si­ter le cycle du carbone (Veyres C & JC Maurin, 2022A261), ainsi que La Physique du climat (Moranne JM, 2024aA160) complété par Faits et fables (Veyres C, 2023A265), Réchauffement clima­tique, une affaire entre la Nature et l’Homme (Vieillefosse M, 2022A266 p. 49–64) et Climat et CO2 : décryp­tage d’une mani­pu­la­tion (Moranne JM, 2024bA161 p. 45). Suivre aussi le fil de discus­sion sur le site de Moranne et Veyres.

Réalité de « l’empreinte carbone »

Source : DALL‑E

Le Tableau 1.2 (Gervais F, 2022A80 p. 62–63) reproupe les émis­sions de CO2 des prin­ci­paux pays émet­teurs, ainsi que celles de la France et du Royaume-Uni à titre de compa­rai­son. François Gervais explique (2022A80 p. 60) :

La compo­sante anthro­pique au réchauf­fe­ment ressort à 0.2 pico­de­gré par tonne de CO2 (équa­tion 7 page 77) pour l’éva­lua­tion Gieco-compatible, et 0.1 pico­de­gré par tonne de CO2 (équa­tion 5 page 76) avec une sensi­bi­lité clima­tiqueN31 de 0.78°C. Ces résul­tats permettent à toute femme ou homme poli­tique d’éva­luer direc­te­ment l’ef­fet sur le climat d’une réduc­tion chif­frée des émis­sions. Elle est rare­ment préci­sée, au profit de l’an­tienne selon laquelle l’im­por­tant est de réduire, sans s’in­té­res­ser le moins du monde à l’im­pact ther­mique. Ce parti pris permet de cacher sous le tapis un impact infi­ni­té­si­mal. […]

En dépit des 36 milliards de tonnes de CO2 émis en 2019 ou en 2021, et quel que soit le mode d’éva­lua­tion retenu, on restait ainsi dans les millièmes de degrés par an, infi­ni­ment moins que les fluc­tua­tions de tempé­ra­ture autour des moyennes de saison, ou celles entre le jour et la nuit en l’ab­sence de couver­ture nuageuse. […]

Nous adop­tons […] un seuil inter­mé­diaire de 0.07°C pour le seuil de mesu­ra­bi­lité de la tempé­ra­ture moyenne de la Terre. La colonne 8 du Tableau 1.2 [page 62] indique pendant combien d’an­nées la contri­bu­tion du pays au niveau de 2019 reste­rait imper­cep­tible, car en-dessous du seuil de mesu­ra­bi­lité. Ce nombre d’an­nées, qui dépas­se­rait le siècle pour la plupart des pays, s’ins­crit réso­lu­ment en faux contre l’ac­cu­sa­tion de « crime contre l’hu­ma­nité » ou de « trahi­son » des chefs d’États. […]

Le rapport Road to EU climate neutra­lity in 2050 (Brouwer & Bergkamp, 2021N35) confirme le Tableau 1.2. [Il] souligne qu’at­teindre la neutra­lité carbone en 2050 pour l’en­semble de l’Union euro­péenne se tradui­rait par un réchauf­fe­ment évité de seule­ment 0.02°C. C’est, là encore, très en dessous du seuil de mesu­ra­bi­lité de la tempé­ra­ture de la Terre.

L’Union euro­péenne et les Nations Unies ont déclaré l’an­née 2050 « Objectif de la neutra­lité carbone ». Les prin­ci­paux émet­teurs de CO2 peuvent-ils éviter à la Planète le « chaos » annoncé d’ici là ? François Gervais écrit (2022A80 p. 69) :

Le Tableau 1.2 [page 62] four­nit la réponse dans la colonne 10, en extra­po­lant d’ici 2050 les émis­sions de 2019 pour les trois prin­ci­paux pays émet­teurs : Chine 0.04°C, États-Unis 0.02°C, Inde 0.01°C. […] Au rythme actuel, la contri­bu­tion à la tempé­ra­ture mondiale n’ex­cé­de­rait pas 0.14°C d’ici 2050. Ni 1°C, ni 2°C, ni 3°C, encore moins 5°C ou d’avan­tage, comme le répètent à l’envi les médias alar­mistes et les mani­fes­tants pour « sauver le climat », mais seule­ment 0.14°C. […]

Les Nations Unies se sentent-elles capables de convaincre la Chine et l’Inde qu’il faille qu’elles cessent impé­ra­ti­ve­ment leurs émis­sions pour éviter un réchauf­fe­ment, d’ici 2050, de respec­ti­ve­ment 0.04°C et 0.01°C ?

Richard Lindzen a fait un bref histo­rique de la doctrine du CO2 anthro­pique tenu pour. respon­sable du réchauf­fe­ment clima­tique (2018A132 p. 6) :

Bien que plusieurs scien­ti­fiques aient avancé ce point de vue au cours des 200 dernières années, il a été, jusqu’aux années 1980, géné­ra­le­ment rejeté. Lorsqu’en 1988, le scien­ti­fique de la NASA, James Hansen, a déclaré au Sénat améri­cain que la chaleur excep­tion­nelle de l’été reflé­tait l’aug­men­ta­tion du CO2, même le maga­zine Science a rapporté que la commu­nauté des scien­ti­fiques du climat était scep­tique. Le fait que cette posi­tion extrême ait été érigée en dogme au cours de la période actuelle est dû aux acteurs poli­tiques, et à d’autres personnes qui aspirent à exploi­ter les oppor­tu­ni­tés qui abondent dans le secteur de l’éner­gie, d’un montant de plusieurs milliards de dollars.

C’est le cas de Maurice Strong, bureau­crate mondial et affai­riste (qui a passé les dernières années de sa vie en Chine, appa­rem­ment pour éviter d’être pour­suivi pour son rôle dans le scan­dale du programme « Pétrole contre nour­ri­ture » des Nations unies). On attri­bue souvent à M. Strong le mérite d’avoir lancé le mouve­ment en faveur du réchauf­fe­ment clima­tique au début des années 1980, et il a ensuite contri­bué à l’or­ga­ni­sa­tion de la Conférence de Rio qui a débou­ché sur la Convention-cadre des Nations unies sur les chan­ge­ments clima­tiques.

C’est cet accord qui a enté­riné la thèse du CO2 et du climat, et qui a lancé la série de réunions inter­na­tio­nales (qui se pour­suivent encore aujourd’­hui) visant à plani­fier le contrôle du climat. Cependant, d’autres personnes, comme le Premier ministre suédois, Olaf Palme, et son ami et conseiller scien­ti­fique, Bert Bolin, premier président du Groupe d’ex­perts inter­gou­ver­ne­men­tal sur l’évo­lu­tion du climat (GIEC), avaient égale­ment commencé à exploi­ter cette ques­tion dès les années 1970. Leur moti­va­tion était de vaincre la résis­tance à l’éner­gie nucléaire en diabo­li­sant le charbon.

Les émis­sions de CO₂ ne peuvent pas expli­quer l’énorme anoma­lie ther­mique de 2023, selon Gavin Schmidt (2024A219 — voir traduc­tion) :

Alors, qu’est-ce qui a pu causer ce pic de chaleur ? Les niveaux atmo­sphé­riques de gaz à effet de serre ont conti­nué d’augmenter, mais la charge supplé­men­taire depuis 2022 ne peut expli­quer un réchauf­fe­ment supplé­men­taire que d’environ 0.02 °C. D’autres théo­ries avan­cées par les clima­to­logues incluent les retom­bées de l’éruption du volcan Hunga Tonga-Hunga Haʻapai en janvier 2022, qui ont eu à la fois des effets refroi­dis­sants dus aux aéro­sols et des effets réchauf­fants à cause de la vapeur d’eau injec­tée dans la stra­to­sphère. Il y a eu aussi une accé­lé­ra­tion de l’activité solaire jusqu’à un maxi­mum solaire prévu. Mais ces facteurs expliquent, tout au plus, quelques centièmes de degré de réchauf­fe­ment (Schoeberl MR et al., 2023A223). Même après avoir pris en compte toutes les facteurs expli­ca­tifs plau­sibles, l’écart entre les tempé­ra­tures moyennes annuelles atten­dues et les tempé­ra­tures moyennes obser­vées en 2023 reste d’environ 0.2 °C, soit à peu près l’écart entre le record annuel précé­dent et actuel.

Disparition (attendue) des glaciers

Patrice Poyet a présenté ainsi ce sujet (2022A191 p. 242–243) :

Source : VK Raina (2009A193)

Comme cela a été détaillé dans la section « Climats passés » de ce docu­ment (Poyet P, 2022A191) et les sous-sections corres­pon­dantes « Les 2000 dernières années » et « Les 12000 dernières années, bref aperçu de l’Holocène », les glaciers offrent une réponse rapide à tout chan­ge­ment clima­tique.

Les obser­va­tions frap­pantes de [Eugène] Trutat (Annuaire du Club Alpin Français, 1876), effec­tuées bien avant les émis­sions anthro­piques, ont été rappor­tées à plusieurs reprises, et elles n’étaient pas isolées (Nussbaumer et al., 2011A176 fig. 4 et 5). C’est pour­quoi les glaciers ont souvent été une cible facile des manœuvres alar­mistes des fabri­cants de climat, car ils ont géné­ra­le­ment reculé depuis la fin du petit âge glaciaire (Akasofu, 2011A3). En fait, on voit régu­liè­re­ment de tels rapports dans les médias de masse faire la couver­ture ou la première page de jour­naux ou de maga­zines pour créer une sorte de réponse pavlo­vienne des masses condi­tion­nées, où des gens crédules et faciles à influen­cer, parce qu’ils manquent de temps, de volonté ou de moyens pour se forger une opinion éclai­rée, sont persua­dés qu’il n’y a pas à discu­ter, encore moins à « nier » — allu­sion impli­cite à l’ho­lo­causte. Les choses sont écrites, la messe est dite, le réchauf­fe­ment clima­tique causé par l’homme est irré­fu­table, les glaciers dispa­raî­tront.

La réalité déran­geante est que même ce pari facile — oui, des glaciers fondent — a souvent été perdu par les mani­pu­la­teurs. Il a déjà été rapporté que les gestion­naires du Glacier National Park, une vaste zone sauvage située dans les Montagnes rocheuses du Montana, ont dû reti­rer les panneaux indi­quant que « les glaciers auront disparu d’ici à 2020 », car la nature ne voulait pas coopé­rer avec leurs terribles prédic­tions. Ce n’était pas la première fois que les glaciers se montraient sour­nois et contre­di­saient des prévi­sions formu­lées à la légère. La fuite des cour­riels — “ClimategateN36” — de la Climatic Research Unit (CRU) de l’Université d’East Anglia (UEA), comme si elle n’était pas assez embar­ras­sante, a coïn­cidé avec l’ex­po­si­tion de certaines erreurs flagrantes dans le rapport AR4 du GIEC (GIEC, 2007N6), plus parti­cu­liè­re­ment une annonce selon laquelle les glaciers de l’Himalaya dispa­raî­traient d’ici 2035, affir­ma­tion qui s’est avérée tota­le­ment dépour­vue de fonde­ment scien­ti­fique, par exemple (Bagla P, 2009A12 ; Cogley, 2011A40) et a conduit à des excuses contor­sion­nées du président et des vice-présidents du GIEC, ainsi que des copré­si­dents des groupes de travail du GIEC (GIEC, 2010).

Le glacio­logue Vijay Kumar Raina, ancien­ne­ment du Geological Survey of India, a dû démen­tir les affir­ma­tions non fondées du GIEC, en reje­tant l’idée que les mesures effec­tuées sur une poignée de glaciers seraient repré­sen­ta­tives du sort des quelque 10 000 glaciers hima­layens de l’Inde, et qu’ils dimi­nue­raient rapi­de­ment en réponse au chan­ge­ment clima­tique (Raina VK, 2009A193). Le docu­ment, “Discussion Paper, Ministry of Environment and Forests”, n’est plus dispo­nible sur son site web d’ori­gine (forme élec­tro­nique du brûlage de livres ?) mais le Heartland Institute l’ar­chive. Dans ce docu­ment, Raina affirme que « les glaciers de l’Himalaya, sur une période de 100 ans, se comportent de manière contras­tée… Il est préma­turé d’af­fir­mer que les glaciers de l’Himalaya reculent anor­ma­le­ment à cause du réchauf­fe­ment clima­tique. Un glacier est affecté par une série de carac­té­ris­tiques physiques et par une inter­ac­tion complexe de facteurs clima­tiques. Il est donc peu probable que l’on puisse affir­mer que le mouve­ment du front glaciaire est le résul­tat de varia­tions clima­tiques pério­diques, tant que l’on ne dispo­sera pas de plusieurs siècles d’ob­ser­va­tions. Alors que les mouve­ments des glaciers sont prin­ci­pa­le­ment dus au climat et aux chutes de neige, les mouve­ments du front semblent être propres à chaque glacier » et, en fait, ils « coopèrent » si peu qu’ « un côté de la langue glacière peut avan­cer tandis que l’autre stagne ou même recule » (Raina VK, 2009A193).

Vijay Kumar Raina est main­te­nant un ex-employé de tous les postes qu’il a occu­pés, iden­ti­fié comme l’au­teur d’un docu­ment de discus­sion contro­versé, et étiqueté par DeSmog comme un membre de la résis­tance clima­tique, un honneur ; imagi­nez qu’il a eu le culot de décla­rer : « Le climat change natu­rel­le­ment tout le temps, parfois de façon drama­tique. L’hypothèse selon laquelle nos émis­sions de CO2 ont provo­qué, ou provo­que­ront, un réchauf­fe­ment dange­reux n’est pas étayée par des preuves. » Se débar­ras­ser de lui n’ac­cé­lé­rera pas la fonte des glaciers de l’Himalaya, mais nombreux sont ceux qui se sont réjoui d’une aussi belle prise.

Le GIEC a reconnu l’er­reur dans une décla­ra­tion en date du 20 janvier 2010, dans laquelle il admet : « Nous avons toute­fois appris récem­ment qu’un para­graphe de la contri­bu­tion de 938 pages du Groupe de travail II à fait réfé­rence à des esti­ma­tions mal étayées du taux de réces­sion et de la date de dispa­ri­tion des glaciers de l’Himalaya. » […]

En fait, Raina (2013A194), compte tenu de sa connais­sance appro­fon­die des glaciers de l’Himalaya depuis des décen­nies, est encore plus prudent que la posi­tion que nous aurions pu défendre. Il n’ob­serve même pas une réponse rapide des glaciers aux chan­ge­ments clima­tiques, et déclare : « Dans la mesure où l’ob­ser­va­tion des glaciers, depuis plus de cinq décen­nies main­te­nant, permet un diag­nos­tic, je n’ai aucune hési­ta­tion à faire une décla­ra­tion selon laquelle un glacier ne répond pas néces­sai­re­ment aux chan­ge­ments clima­tiques immé­diats. Les données présen­tées révèlent que la fluc­tua­tion du museau du glacier n’est pas influen­cée par un seul para­mètre, mais par une combi­nai­son de para­mètres. Le carac­tère physio­gra­phique de la zone d’ac­cu­mu­la­tion et de la pente de la vallée joue proba­ble­ment un rôle plus impor­tant que les préci­pi­ta­tions annuelles et la tempé­ra­ture atmo­sphé­rique en soi » (Raina VK, 2013A194).

Nier l’évi­dence que les glaciers fondaient bien avant toute émis­sion anthro­po­gé­nique depuis la fin du petit âge glaciaire, n’ai­dera pas non plus à cacher que la traver­sée des Alpes par Hannibal avec ses éléphants pendant la deuxième guerre punique, en 218 avant l’ère chré­tienne, n’a été possible que parce qu’il n’y avait pas de glacier sur son chemin ni de glace à l’époque, à la fin du mois d’oc­tobre. La contro­verse sur la route alpine emprun­tée par l’ar­mée d’Hannibal du bassin du Rhône vers l’Italie […] a fait rage pendant plus de deux millé­naires, mais Mahaney et al. (2018A143) y ont récem­ment mis fin, en confir­mant ce que Polybe avait écrit en 311, à savoir qu’Hannibal avait fran­chi le plus haut des cols alpins : le col de la Traversette (2947 mètres !) entre la haute vallée du Guil et le haut Pô est bien le plus haut des cols. […]

Le climat a beau­coup changé, avec ou sans nos ridi­cules émis­sions anthro­piques, et, pour l’ins­tant, même le pari le plus facile des fabri­cants de climat est régu­liè­re­ment perdu. Les glaciers d’Alaska ne coopèrent pas non plus comme prévu et, comme le rapportent Berthier et al. (2010A21), les études précé­dentes ont large­ment sures­timé la perte de masse des glaciers d’Alaska au cours des 40 dernières années. Comme le rappelle Spencer (2007A233), les glaciers réagissent mani­fes­te­ment aux chan­ge­ments de tempé­ra­ture, mais surtout aux chan­ge­ments de préci­pi­ta­tions : « Des remarques simi­laires peuvent être faites au sujet du recul des glaciers. Les glaciers réagissent à diverses influences, en parti­cu­lier aux préci­pi­ta­tions. Seule une poignée des milliers de glaciers de la planète ont été mesu­rés pendant des décen­nies, et encore moins pendant des siècles. Certains des glaciers qui reculent mettent à jour des souches d’arbres, indi­quant des époques anté­rieures où les fluc­tua­tions clima­tiques natu­relles étaient respon­sables d’une éten­due restreinte des champs de glace. » Et, à titre de preuve anec­do­tique, le lecteur se souvien­dra des troncs d’arbres révé­lés par le recul du glacier Tschierva en Engadine, par Joerin et al. (2006A106).

L’auteur expose plus loin le cas du Kilimanjaro comme exemple emblé­ma­tique d’un glacier qui recule sous l’ef­fet de divers facteurs, notam­ment une perte de préci­pi­ta­tions, et certai­ne­ment pas à cause de l’ac­tion néfaste du CO2 (Poyet P, 2022A191 p. 242–243). Les glacio­logues soulignent la diver­sité des facteurs, écar­tant l’hy­po­thèse d’un lien exclu­sif avec la tempé­ra­ture terrestre (Bagla P, 2009A12) :

Pourquoi de nombreux glaciers de l’Himalaya s’écartent-ils de la tendance au recul rapide obser­vée dans les Alpes, par exemple, ou au mont Kilimandjaro, comme l’ont rapporté les Proceedings of the National Academy of Sciences la semaine dernière ? Selon Richard Armstrong, glacio­logue au National Snow and Ice Data Center de Boulder (Colorado), « les glaciers de basse alti­tude réagi­ront plus rapi­de­ment au réchauf­fe­ment clima­tique que les glaciers de haute alti­tude. » « Le régime des chutes de neige est plus impor­tant pour la stabi­lité des glaciers hima­layens que les tempé­ra­tures », ajoute Rajinder Kumar Ganjoo, glacio­logue à l’uni­ver­sité de Jammu, en Inde. « Si la hausse des tempé­ra­tures était la véri­table cause du recul, toutes les masses de glace de l’Himalaya devraient se dégra­der unifor­mé­ment », ajoute-t-il. « La ques­tion qui se pose dans les cercles scien­ti­fiques », note Kargel, « est de savoir quelle est la durée du temps de réponse et comment il varie d’un glacier à l’autre. »

L’eau monte ou le terrain descend ?

Source : GOER

Si le niveau de la mer s’est élevé de 120 mètres en 18 000 années (source IFREMER), soit 6.6 mm par an, il ne s’est pas élevé de plus que de 1.2 mm par an (SHOM) depuis l’an 1800. Mesuré par 2133 maré­graphes, il n’ex­cé­dait pas 1.04 mm par an (Parker A & CD Ollier, 2015A181), soit 3 centi­mètres supplé­men­taires d’ici 2050, année décla­rée « objec­tif de neutra­lité carbone » par l’Union euro­péenne et les Nations Unies — ce qui est infé­rieur à l’am­pli­tude de la plus minus­cule vague, et très infé­rieur aux marées quoti­diennes (Gervais F, 2022A80 p. 177)…

Quoi qu’il en soit, on n’ob­serve aucune accé­lé­ra­tion récente de cette lente montée du niveau, ce qui exclut un couplage avec la produc­tion humaine de gaz à effet de serre (Christy J & R Spencer, 2003A33). Alors que le rapport AR6N3 du GIEC (2021) conclut à une accé­lé­ra­tion de la montée du niveau, les quan­ti­tés mesu­rées ne justi­fient pas une telle affir­ma­tion (Crok M & A May eds., 2023A43 p. 66–72) :

Les enre­gis­tre­ments des maré­graphes consti­tuent la meilleure preuve de l’évo­lu­tion à long terme du niveau de la mer. Ces enre­gis­tre­ments montrent géné­ra­le­ment un compor­te­ment remar­qua­ble­ment linéaire pendant plus d’un siècle. […]

L’opinion du GIEC selon laquelle il a calculé « une forte accé­lé­ra­tion (degré de confiance élevé) de l’aug­men­ta­tion du GMSL [global medium sea level] au cours du 20e siècle » est contre­dite par les enre­gis­tre­ments maré­gra­phiques à long terme (> 50 ans) direc­te­ment mesu­rés dans le monde entier, qui montrent les mêmes tendances linéaires, non affec­tées par l’ac­cé­lé­ra­tion, ni ralen­ties ni accé­lé­rées. Les graphiques de ces enre­gis­tre­ments maré­gra­phiques peuvent être consul­tés pour les maré­graphes améri­cains et mondiaux sur le site web Tides and CurrentsN37 de la NOAA. […]

L’accélération récente allé­guée par le RE6 coïn­cide en grande partie avec le passage de données pure­ment maré­gra­phiques à des données satel­li­taires qui ne sont dispo­nibles que depuis 1992. […] une partie de l’ac­cé­lé­ra­tion peut en fait être un arte­fact dû au chan­ge­ment de métho­do­lo­gie. Au cours du 20e siècle, le niveau de la mer s’est élevé d’en­vi­ron 20 cm, à un rythme de 1.7 mm/an (±0.4 mm), selon la NOAA.

Philip R Thompson et al. (2016A249 fig. 1) four­nissent un graphique illus­trant la concor­dance des tendances du niveau rela­tif de la mer mesuré par les maré­graphes dans le monde entier.

Le niveau des océans varie en fonc­tion du lieu de la mesure. On connaît, par exemple, un déca­lage de 20 cm entre les niveaux des océans Atlantique et Pacifique aux extré­mi­tés du canal de Panama. De plus, la terre n’est pas un solide indé­for­mable. Elle est soumise à l’at­trac­tion de la lune, et de plus ses plaques tecto­niques sont en mouve­ment (SCM, 2015A206 p. 57–66).

La montée abso­lue des niveaux des mers doit être corri­gée du mouve­ment verti­cal des terres, ce qui donne en moyenne (Crok M & A May eds., 2023A43 p. 72) :

Dans l’en­semble, le mouve­ment verti­cal des terres est de la même ampleur que l’aug­men­ta­tion réelle du niveau absolu de la mer, mesu­rée direc­te­ment par les maré­graphes corri­gés par le CGPS dans les lieux d’in­té­rêt pour l’hu­ma­nité. Cette augmen­ta­tion mesu­rée de la hauteur de la surface de la mer s’avère être bien infé­rieure à 2 mm/an, et non aux 3,4 mm/an rappor­tés pour le niveau concep­tuel eusta­tique de la mer à partir de l’al­ti­mé­trie satel­li­taire. Les enre­gis­tre­ments des maré­graphes ne montrent aucune accé­lé­ra­tion du niveau rela­tif ni absolu de la mer.

Les ports, les villes et les bords de mer de l’hu­ma­nité ont pros­péré malgré l’élé­va­tion du niveau de la mer au cours du siècle dernier, qui a été igno­rée dans de nombreux cas. Ce même aspect lent et régu­lier de l’élé­va­tion du niveau de la mer à l’échelle mondiale, et les progrès constants de la tech­no­lo­gie, rendent l’adap­ta­tion à l’élé­va­tion future du niveau de la mer éminem­ment possible.

Observation locale : « Au voisi­nage de Stockholm, le niveau de la mer de monte pas, il s’abaisse de 3.9 mm par an » (Gervais F, 2022A80 p. 120). Un détail cocasse a été signalé par Ole Humlum (Crok M & A May eds., 2023A43 p. 10) : le GIEC a mis à la dispo­si­tion du public un outil de projec­tion des niveaux des mersN38 qui, pour Stockholm, « prédit » à partir de 2000 une éléva­tion du niveau de la mer, en totale contra­dic­tion avec les données !

En Grande Bretagne, le niveau de la mer augmente en Angleterre alors qu’il « dimi­nue » en Écosse, du fait de la colli­sion entre les plaques tecto­niques eurasia­tique et nord-américaine.

Claude Allègre (2010A9 p. 71–72) décrit un phéno­mène d’en­fon­ce­ment des deltas de fleuves, appelé subsi­dienceN39, causé par l’ap­port de sédi­ments à l’embouchure des fleuves :

Ce qui est carac­té­ris­tique de ce phéno­mène, c’est qu’il se produit par saccades. Il y a donc un délai entre l’ap­port de matières sableuses par les fleuves et l’en­fon­ce­ment. Or, aujourd’­hui, dans les deltas, s’ajoute à ce phéno­mène natu­rel une série de phéno­mènes dont l’homme est, pour le coup, respon­sable. […] il s’agit souvent des consé­quences de l’ex­ploi­ta­tion pétro­lière. […] L’extraction du pétrole et du gaz crée des cavi­tés dans le sous-sol qui favo­risent l’ef­fon­dre­ment de ce dernier. […] Autre cause : ce sont les barrages qui arrêtent les sédi­ments, ce qui fait que le delta s’en­fonce […] Depuis dix ans, 80 % des grands deltas ont subi des inon­da­tions dévas­ta­trices. Certains cherchent à ratta­cher ce phéno­mène au chan­ge­ment clima­tique, mais c’est tota­le­ment artificiel.

Pour ce qui est du lien entre fonte des glaciers et montée des eaux, Nils-Axel Mörner écrit (2016A172 p. 1319–1320) :

L’élévation du niveau de la mer il y a 10 000 à 11 000 ans n’a pas dépassé le taux [de 1 milli­mètre par an], bien que le forçage clima­tique ait été excep­tion­nel­le­ment intense, et que le taux de recul des glaciers ait été très rapide (de l’ordre de 200 à 300 mètres par an dans la région de Stockholm). Ceci est parfai­te­ment vrai, mais peut main­te­nant être illus­tré d’une manière encore plus expres­sive. Les rele­vés de tempé­ra­ture du Groenland GISP2 [4] [5] enre­gistrent un chan­ge­ment de tempé­ra­ture excep­tion­nel­le­ment impor­tant qui s’est produit à la fin du Younger Dryas et au début de l’Holocène (figure 1). Et pour­tant — et c’est ce qui est éton­nant — le niveau de la mer n’a pas augmenté de plus d’en­vi­ron 10 mm/an (c’est-à-dire 1 mètre par siècle), comme cela a été enre­gis­tré avec une grande préci­sion dans le nord-ouest de l’Europe, et testé à l’échelle mondiale [6] [7].

À 11 000 ans avant notre ère, il restait d’énormes quan­ti­tés de glace dans les gigan­tesques calottes glaciaires conti­nen­tales de la dernière période glaciaire. Au Canada, le front glaciaire se trou­vait dans la plaine du Saint-Laurent et en Scandinavie, la marge glaciaire se trou­vait à Stockholm. Lors de l’im­pul­sion de réchauf­fe­ment qui a mis fin au Pléistocène et amorcé l’Holocène, la glace a fondu sous l’ef­fet d’une force excep­tion­nelle. Aujourd’hui, il n’y a ni glace ni forçage clima­tique qui puisse être comparé à ce qui s’est passé entre 11 000 et 10 000 ans avant notre ère.

La conclu­sion est évidente : la fonte des glaces et l’élé­va­tion du niveau de la mer ne pour­ront jamais être aussi fortes — et certai­ne­ment pas plus fortes — que celles qui se sont produites lors de la tran­si­tion entre le Pléistocène et l’Holocène. Par consé­quent, un taux d’élé­va­tion du niveau de la mer de +10 mm/an ou 1 mètre par siècle peut être consi­déré comme la valeur abso­lu­ment limite de toute éléva­tion du niveau de la mer [1]. Toute éléva­tion actuelle du niveau de la mer doit être bien infé­rieure à cette valeur, pour être réaliste, compte tenu des données histo­riques et des facteurs physiques qui contrôlent la fonte des glaces. Par consé­quent, nous pouvons égale­ment reje­ter toute affir­ma­tion selon laquelle l’élé­va­tion du niveau de la mer dépas­se­rait 1 mètre au cours du prochain siècle, en la quali­fiant de pure absur­dité et de déma­go­gie infon­dée. […]

Le taux actuel d’élé­va­tion du niveau de la mer varie globa­le­ment entre ±0.0 et +1.0 mm/an, c’est-à-dire de zéro à 10 cm en un siècle. Cette valeur corres­pond très bien à la propo­si­tion de l’au­teur d’une éléva­tion du niveau de la mer, d’ici 2100, de +5 cm ± 15 cm (Mörner NA, 2015A171 ; 2016A172) .

Le PléistocèneN40 mentionné ici a été marqué par des cycles glaciaires. Des recherches sur les varia­tions géné­tiques des humains ont révélé que le froid (et la séche­resse) avaient menacé l’es­pèce humaine d’ex­tinc­tion il y a 900 000 ans (Wu WJ et al., 2023A101) :

Les résul­tats ont montré que les ancêtres de l’Homme sont passés par un goulot d’étran­gle­ment impor­tant, avec envi­ron 1280 indi­vi­dus repro­duc­teurs, entre 930 000 et 813 000 ans. Ce goulot d’étran­gle­ment a duré envi­ron 117 000 ans et a conduit les ancêtres de l’Homme au bord de l’extinction.

À une époque plus récente, celle de la période chaude médié­vale, le Groenland a été envahi par les Vikings et dési­gné comme « Terre verte » par Erik le RougeN41 pour atti­rer les colons. Les travaux des archéo­logues mettent en évidence les événe­ments asso­ciés au refroi­dis­se­ment clima­tique, à partir du 13e siècle, qui a contraint les colons à aban­don­ner ce terri­toire. Paradoxalement, ce refroi­dis­se­ment s’est traduit par une appa­rente « éléva­tion du niveau de la mer » qui était en réalité une dépres­sion isosta­tiqueN42 du terrain causée par le poids de la glace sur la litho­sphèreN43 (Borreggine M et al., 2023A25) :

La litho­sphère (source)

Les premiers témoi­gnages sur les Vikings du Groenland remontent à 985 de notre ère. Les preuves archéo­lo­giques permettent de mieux comprendre le mode de vie des Vikings, mais les causes de leur dispa­ri­tion, au 15e siècle, restent énig­ma­tiques. La recherche suggère qu’une combi­nai­son de facteurs envi­ron­ne­men­taux et socio-économiques, ainsi que le chan­ge­ment clima­tique entre la période de réchauf­fe­ment médié­val (envi­ron 900 à 1250 de notre ère) et le petit âge glaciaire (envi­ron 1250 à 1900 de notre ère), pour­raient les avoir contraints à aban­don­ner le Groenland. La géomor­pho­lo­gie glaciaire et les recherches sur le paléo­cli­mat suggèrent que l’in­land­sisN44 du sud du Groenland s’est réins­tallé pendant l’oc­cu­pa­tion viking, attei­gnant son apogée au cours du petit âge glaciaire.

De manière contre-intuitive, cette réorien­ta­tion a provo­qué une éléva­tion du niveau de la mer près de la bordure glaciaire, en raison d’une attrac­tion gravi­ta­tion­nelle accrue sur la couche glaciaire et d’un affais­se­ment de la croûte terrestre. Nous évaluons la crois­sance de la glace dans le sud-ouest du Groenland à l’aide d’in­di­ca­teurs géomor­pho­lo­giques et de données de carottes lacustres issues de la litté­ra­ture anté­rieure. Nous calcu­lons l’ef­fet de la crois­sance de la calotte glaciaire sur le niveau régio­nal de la mer, en soumet­tant notre histoire de la glacia­tion à un modèle géophy­sique du niveau de la mer, avec une réso­lu­tion d’en­vi­ron 1 km dans le sud-ouest du Groenland, et nous compa­rons les résul­tats aux données archéo­lo­giques. Les résul­tats indiquent que le niveau de la mer a augmenté jusqu’à envi­ron 3.3 mètres en dehors de la zone de glacia­tion pendant la colo­ni­sa­tion viking, ce qui a entraîné un recul du litto­ral de plusieurs centaines de mètres.

L’élévation du niveau de la mer a été progres­sive, et a touché l’en­semble de la colo­nie orien­tale. De plus, les inon­da­tions géné­ra­li­sées ont dû forcer l’aban­don de nombreux sites côtiers. Ces proces­sus ont proba­ble­ment contri­bué à l’en­semble des vulné­ra­bi­li­tés qui ont conduit à l’aban­don du Groenland par les Vikings. L’évolution du niveau de la mer repré­sente donc un élément inté­gral et manquant de l’his­toire des Vikings.

La publi­ca­tion de Boyang Zhao et al. (2022A278) suggère que l’aban­don du Groenland par les Vikings, au début du 15e siècle, aurait plutôt été causé par la sèche­resse que par le froid. Ce qui ajoute au fait contre-intuitif — voir aussi le Sahara — que la sèche­resse est plus souvent la consé­quence d’un refroi­dis­se­ment que d’un réchauf­fe­ment climatique !

L’article de Marisa Borreggine M et al. (2023A25) oblige à se deman­der si l’es­ti­ma­tion de l’élé­va­tion du niveau de la mer, telle que quan­ti­fiée par Nils-Axel Mörner (2016A172) — voir ci-dessus — a bien été corri­gée par l’éva­lua­tion du méca­nisme glacio-isostatique d’élé­va­tion du niveau des côtes. Cette compen­sa­tion été prise en compte par Mörner. Au terme d’une étude détaillée, il concluait (1970A170 p. 178) :

Tous ces éléments signi­fient qu’il doit être très diffi­cile de trou­ver une zone vrai­ment « stable », où les chan­ge­ments du niveau de la mer sont de véri­tables chan­ge­ments eusta­tiques [liés au climat]. Cela signi­fie égale­ment qu’une étude détaillée d’une zone soule­vée, où le facteur isosta­tique peut être déter­miné avec préci­sion, et où les facteurs eusta­tiques et isosta­tiques peuvent être sépa­rés, est certai­ne­ment l’un des meilleurs moyens de déter­mi­ner les chan­ge­ments eusta­tiques. Pour de telles études, la Scandinavie méri­dio­nale est parti­cu­liè­re­ment bien adap­tée (Mörner, 1969aA169 p. 8).

La courbe eusta­tique de M/Srner est calcu­lée avec une très grande préci­sion (pour les 12 700 dernières années) et les modi­fi­ca­tions ou ajouts futurs ne concer­ne­ront proba­ble­ment que des détails mineurs. Cependant, il faut se rappe­ler qu’elle donne les chan­ge­ments eusta­tiques dans l’Atlantique Nord-Ouest (55–58° de lati­tude Nord et 10–13° de longi­tude Est), le niveau de l’océan n’ayant pas néces­sai­re­ment été réparti de façon égale dans le temps.

Source : SORA

Au sujet de la « montée des eaux » dans d’autres régions du monde, François Gervais écrit (2022A80 p. 119) :

Il ne s’agit pas de nier l’éro­sion du litto­ral à certains endroits. Mais les pouvoirs publics ne sont pas obli­gés d’y déli­vrer des permis de construire. À l’échelle mondiale, Donchyts et al. (2016A52) et Luijendijk et al. (2018A138) rapportent en moyenne un accrois­se­ment de la super­fi­cie des conti­nents en géné­ral, et des plages en parti­cu­lier. La super­fi­cie des îles du Pacifique et de l’océan Indien, y compris les Maldives, s’est accrue de 6 % (Holdaway A et al., 2021A98), celle des Marshall de 4 % (Ford MR et PS Kench, 2015A68).

Observations confir­mées par Virginie Duvat (2018A57) :

Au cours des dernières décen­nies, les atolls n’ont pas montré de signes géné­ra­li­sés de désta­bi­li­sa­tion physique face à l’élé­va­tion du niveau de la mer. Une nouvelle analyse des données dispo­nibles, qui couvrent 30 atolls du Pacifique et de l’océan Indien compre­nant 709 îles, révèle qu’au­cun atoll n’a perdu de super­fi­cie et que 88.6 % des îles sont restées stables ou ont vu leur super­fi­cie augmen­ter, tandis que seule­ment 11.4 % se sont contrac­tées. Les atolls touchés par l’élé­va­tion rapide du niveau de la mer n’ont pas eu un compor­te­ment distinct de celui des autres atolls.

Voir plus bas l’émi­gra­tion média­ti­sée vers l’Australie de réfu­giés « clima­tiques » de l’ar­chi­pel poly­né­sien de Tuvalu.

À la fin des années 1980, des prédic­tions apoca­lyp­tiques étaient relayées avec fracas par les médias. Par exemple, Noel Brown, Directeur du Programme des Nations Unies pour l’en­vi­ron­ne­ment (UNEP), est cité par l’Associated Press, en 1989, pour avoir déclaré (AP News, 1989A1) :

Les gouver­ne­ments disposent d’une fenêtre de 10 ans pour résoudre le problème de l’ef­fet de serre avant qu’il ne devienne incon­trô­lable par l’homme.

[…] le niveau des océans augmen­te­rait jusqu’à un mètre, assez pour englou­tir les Maldives et d’autres pays insu­laires plats, […] un sixième du Bangladesh pour­rait être inondé, entraî­nant le dépla­ce­ment de 90 millions de personnes. Un cinquième de la terre arable dans le delta du Nil pour­rait être inondé, […] les réfu­giés écolo­giques devien­dront une préoc­cu­pa­tion majeure, […] Selon les esti­ma­tions scien­ti­fiques les plus prudentes, la tempé­ra­ture de la Terre augmen­tera de 1 à 7 degrés au cours des 30 prochaines années.

Les fact-checkers affirment aujourd’­hui « qu’il n’a jamais dit ça » — ou encore, si l’on insiste, « qu’il n’était pas clima­to­logue »… D’autres exemples de décla­ra­tions stupé­fiantes ont été réper­to­riés par Patrice Poyet (2022A191 p. 414–417).

Pour ce qui est du Bangladesh, les données indiquent au contraire une augmen­ta­tion de 3274 km2 des terres émer­gées entre 1990 et 2022, malgré la perte de 2399 km2 causée par l’éro­sion des côtes (Shahid SB et al., 2024A227 p. 8–9, 17) :

Au Bangladesh, l’ac­cu­mu­la­tion de terres l’emporte sur l’éro­sion, une nouvelle unité quater­naire proté­geant désor­mais 19 % du litto­ral. […]

Le phéno­mène crois­sant de la stabi­lité des terres côtières au Bangladesh est devenu un sujet d’étude essen­tiel, avec des impli­ca­tions pour d’autres deltas.

Un dernier exemple : Jakarta est mena­cée de submer­sion, mais, ici encore, rien à voir avec une « montée de l’eau » et encore moins « le CO2 ». La ville s’en­fonce de plusieurs centi­mètres par an, par effet d’un pompage incon­trôlé de sa nappe phréa­tique. Le vécu de ses habi­tants a été évoqué avec pathos, dans un débat, par une jour­na­liste météo qui l’avan­çait comme preuve irré­fu­table de « l’ur­gence clima­tique » (Rittaud B, 2019A202).

Comme le remar­quait Richard Lindzen (2018A132 p. 7–8), « le récit est suffi­sam­ment simple pour que l’élite puisse enfin penser qu’elle “comprend” la science » :

Les scien­ti­fiques ont égale­ment une conscience aiguë et cynique de l’igno­rance des non-scientifiques et de la peur qu’elle engendre. Cette peur rend les élites « vulné­rables » parti­cu­liè­re­ment soula­gées par la certi­tude que la théo­rie sous-jacente à l’alarme est trivia­le­ment simple, et que « tous » les scien­ti­fiques sont d’accord.

Fonte des calottes glaciaires

Source : Mark Brandon CC BY-NC-SA 2.0

Dans son film large­ment diffusé et acclamé par les mili­tants du climat, Al Gore avait suscité l’émoi en faisant appa­raître comme immi­nente une éléva­tion catas­tro­phique du niveau des mers, consé­cu­tive à la fonte des glaces de la calotte Arctique, qu’il prédi­sait inté­grale en 2013, et, il va de soi, causée par l’ac­ti­vité humaine (Rittaud B, 2023aA204). Cette prophé­tie est sans cesse renou­ve­lée, avec des images de blocs de glace se déta­chant de la banquise chaque été, preuve irré­fu­table d’une destruc­tion immi­nente et irréversible…

On peut véri­fier en temps réel, sur le site du National Snow and Ice Data Center (NSIDC), l’ab­sence de couplage entre l’éten­due moyenne de la glace de mer arctique et le taux crois­sant de CO2 dans l’at­mo­sphère terrestre :

Le graphique ci-dessus montre l'étendue de la glace de mer arctique au 13 septembre 2023, ainsi que les données quotidiennes sur l'étendue de la glace pour les quatre années précédentes et l'année record la plus basse. L'année 2023 est représentée en bleu, l'année 2022 en vert, l'année 2021 en orange, l'année 2020 en marron, l'année 2019 en magenta et l'année 2012 en marron pointillé. La médiane de 1981 à 2010 est en gris foncé. Les zones grises autour de la ligne médiane indiquent les intervalles interquartiles et interdécile des données.
Source : Arctic Sea Ice News and Analysis (NSIDC, 2023N45)

Patrice Poyet commente (2022A191 p. 269) :

Ainsi, non seule­ment les prévi­sions de 2009 du Vice-président Al Gore sont réfu­tées par toutes les preuves, puisque ni en 2014 ni en 2016 l’Arctique n’a été sans glace pendant l’été, mais les études de Dr Maslowski [2013A145] semblent radi­ca­le­ment erro­nées, puis­qu’il y a plus de glace en 2022 qu’en 2021, 2020, 2019 ou 2018, et même beau­coup plus qu’en 2012.

Malgré la rela­tive constance de l’épais­seur de la glace, la banquise arctique dimi­nue en surface depuis les années 1980 comme le montre ce graphique du NSIDC (2023N46) :

Source : NSIDC (2023N46)

Alan Longhurst écrit (2012–2015A136 p. 184, 187) :

Une recons­truc­tion de la tempé­ra­ture de l’air de surface au-dessus du Groenland au cours du dernier millé­naire, déri­vée des bulles d’ar­gon et d’azote dans les carottes de glace préle­vées sur le site GISP au centre du Groenland, montre un long déclin des tempé­ra­tures depuis la période médié­vale et une reprise rela­ti­ve­ment rapide depuis le début du 19e siècle, une tendance qui diffère de celle obser­vée dans les données rela­tives aux dates de la période de gel pour les lacs et les rivières de l’hé­mi­sphère nord. L’ensemble de l’en­re­gis­tre­ment — dans lequel les tempé­ra­tures du 20e siècle sont plutôt simi­laires à celles de la période chaude médié­vale — est marqué par des oscil­la­tions pluri­dé­cen­nales de plus de 2 à 3 °C, de sorte que les chan­ge­ments récents obser­vés ne sont pas inha­bi­tuels, que ce soit en termes d’échelle ou de durée : l’en­re­gis­tre­ment des tempé­ra­tures dans les carottes glaciaires confirme donc les preuves histo­riques (Kobashi T et al., 2009A111). […]

Mais le recul actuel des glaciers n’est pas un phéno­mène uniforme, comme on le décrit géné­ra­le­ment. Sur l’île de Bylot, de l’autre côté de la baie de Baffin depuis la côte du Groenland, à envi­ron 73° Nord, une équipe de géologues cana­diens a constaté, au cours de l’été 2009, que presque tous les glaciers se trou­vaient dans leur moraine termi­nale, ce qui implique une absence de recul des glaciers à l’échelle régio­nale (Annual Review, Bedford Institute of Oceanography, 2009).

Patrice Poyet ajoute (2022A191 p. 263) :

Ainsi, le compor­te­ment du glacier est très diffé­rent, et le concept de CAGW [catas­tro­phic anthro­po­ge­nic global warming] met l’ac­cent sur les glaciers qui reculent, comme le fait l’ar­ticle de Wikipedia, en oubliant tous les autres. Mais […] le compor­te­ment des glaciers régio­naux, et de l’Arctique en géné­ral, coïn­cide avec l’in­fluence des eaux de l’Atlantique à travers les diverses oscil­la­tions connues sous le nom d’AMON20 (Chylek et al., 2011A36). Ou par exemple une phase néga­tive de la NAO [North Atlantic Oscillation], c’est-à-dire une anti-corrélation de (r = ‑0.84 à 0.93) avec les tempé­ra­tures du Groenland (Chylek et al., 2004A35), etc., mais pas avec un quel­conque déséqui­libre radiatif.

Pour ce qui est de l’Antarctique, le graphe des anoma­lies mensuelles de l’éten­due des glaces pour la période 1979–2023, publié par le NSIDC (2023N47), ne rend pas évidente « la phase de recul irré­ver­sible » annon­cée par certains médias alar­mistes. Les faibles fluc­tua­tions obser­vées n’étaient en rien liées au réchauf­fe­ment clima­tique, ni au CO2 :

Ce graphique montre les anomalies mensuelles de l'étendue des glaces sous la forme d'une série chronologique de la différence en pourcentage entre l'étendue pour le mois en question et la moyenne pour ce mois, sur la base des données de janvier 1981 à décembre 2010. Les points de données d'anomalies sont représentés par des signes plus et la ligne de tendance est représentée par une ligne grise en pointillés.
Source : NSIDC (2023N47)

Le graphique suivant affiche la tempé­ra­ture dans l’Antarctique et le CO2 (en échelle loga­rith­mique) sur deux siècles. Malgré l’aug­men­ta­tion massive de CO2, il n’y a tout simple­ment pas eu de réac­tion de la tempé­ra­ture, pour la simple raison que le climat est très peu sensible au CO2… (Poyet P, 2022A191 p. 256) :

Source : NOAA avec la contri­bu­tion de Bernhard Bereiter et al. (2015A28)

Par contre, la dimi­nu­tion subite de l’éten­due de la banquise (à partir de 2022) pour­rait être liée à une acti­vité volca­nique — très diffi­cile à mesu­rer, et même à détec­ter. Maximillian Van Wyk de Vries et ses collègues (2017A260) ont récem­ment décou­vert 91 nouveaux volcans sous l’Antarctique, ce qui porte­rait leur nombre à 138 et ferait de ce conti­nent la plus impor­tante « province volca­nique » de la Planète. Même les volcans inac­tifs ou dormants peuvent faire fondre la glace, en raison des tempé­ra­tures élevées qu’ils génèrent sous terre.

L’Arctique était libre de glace pendant la période opti­male de l’Holocène, et pas en été, mais tout au long de l’an­née. « C’était il y a seule­ment 7000 à 8000 ans, et les émis­sions d’ori­gine humaine n’y sont pour rien » (Poyet P, 2022A191 p. 507). Kenneth Richard ajoute (2020A198) :

Les chevaux sauvages et les mammouths mangeaient encore de l’herbe toute l’an­née dans l’Arctique jusqu’à il y a 2500–4000 ans. Les tempé­ra­tures de surface devaient être beau­coup plus chaudes qu’au­jourd’­hui pour que les chevaux et les mammouths aient suffi­sam­ment d’herbe toute l’an­née et puissent subsis­ter dans l’Arctique jusqu’à la fin de l’Holocène. […] La tempé­ra­ture actuelle n’est pas « sans précédent ».

Acidification des océans

François Gervais écrit (2022A80 p. 122–123) :

Autre menace exis­ten­tielle décli­née dans la longue liste risquant de frap­per l’hu­ma­nité selon les médias alar­mistes, l’aci­di­fi­ca­tion des océans. La moyenne du pH des océans a effec­ti­ve­ment évolué de 8.2 à 8.1 ces dernière décen­nies. Le pH, ou poten­tiel hydro­gène, mesure la basi­cité (pH > 7) ou l’aci­dité (pH < 7) d’une solu­tion aqueuse. Les océans sont donc basiques et non pas acides et le reste­ront vrai­sem­bla­ble­ment. « Débasification », en l’oc­cur­rence de 0.1 point de pH, devrait être le terme à employer, au lieu de la trom­peuse « acidi­fi­ca­tion », proba­ble­ment plus vendeuse pour les marchands de peur.

La concen­tra­tion en CO2 est maxi­male dans les eaux froides parce que sa solu­bi­lité augmente à mesure que dimi­nue la tempé­ra­ture […] Les eaux chaudes sous les tropiques ont plus de mal à le rete­nir. La varia­tion annuelle de pH d’ori­gine anthro­pique n’ex­cède pas ‑0.0017 (Byrne RH et al., 2010), valeur reprise par le GIEC, mais restant petite par rapport au pH de 8.1. Ainsi, les varia­tions saison­nières (Wei HZ et al., 2021A270) excèdent-elles large­ment la minus­cule contri­bu­tion anthropique.

Christopher Walter Monckton of Brenchley était un expert évalua­teur du cinquième rapport (AR5) du GIEC (2013). Il résume le problème ainsi (2013A267 p. 12) :

Comme les océans contiennent déjà 70 fois plus de CO2 que l’air, il serait impos­sible de les acidi­fier sensi­ble­ment, même si tout le CO2 de l’air se retrou­vait dans la mer. En outre, les océans sont régu­lés par les bassins rocheux dans lesquels ils se déplacent, et cette régu­la­tion est homéo­sta­tique, ce qui permet de main­te­nir l’équi­libre acido-basique actuel, qui est nette­ment alca­lin. Ainsi, même la posi­tion de repli adop­tée par les profi­teurs du malheur face à l’échec de leurs prédic­tions sur le réchauf­fe­ment clima­tique — l’« acidi­fi­ca­tion » des océans — ne repose sur aucune base scien­ti­fique rationnelle.

Pour un exposé beau­coup plus détaillé, voir The Myth of the Acidification of the Oceans (Poyet P, 2022A191 p. 275–292). Ce déve­lop­pe­ment est une réponse à Claude Allègre (2010A9 p. 12) qui parta­geait la crainte d’une acidi­fi­ca­tion des océans.

La contro­verse des coraux qui dispa­raî­traient « à cause du chan­ge­ment clima­tique » conti­nue de faire la une des médias. Or les études ont montré l’ab­sence de lien avec une préten­due acidi­fi­ca­tion des océans, mais plutôt un effet de la pèche dévas­ta­trice d’es­pèces comme les holo­thu­riesN48 (concombres de mer) dans les eaux coral­liennes (Henry J, 2024A96).

Coup de froid et positionnement éthique

Magazine TIME en 1977

Dans les années 1970, la majo­rité des spécia­listes s’in­quié­taient d’un refroi­dis­se­ment plané­taire global qui mettait en danger l’exis­tence de l’hu­ma­nité, ajou­tant que les théo­ries nouvelles d’un réchauf­fe­ment induit par le CO2 étaient encore discu­tables et incer­taines. Par exemple, Ichtiaque Rasool et Stephen Schneider (1971A195) aler­taient sur un risque de refroi­dis­se­ment de 3.5 degrés causé par les aéro­sols, et pouvant conduire au déclen­che­ment d’une nouvelle ère glaciaire.

Patrice Poyet cite d’autres décla­ra­tions (2022A191 p. 413) :

En 1970, il y a exac­te­ment 50 ans, le premier Jour de la TerreN49 a encou­ragé les craintes d’une ère glaciaire, et l’éco­lo­giste Nigel Calder a averti : « La menace d’une nouvelle ère glaciaire doit main­te­nant figu­rer aux côtés de la guerre nucléaire comme source probable de mort et de misère pour l’hu­ma­nité » et C. C. Wallen, de l’Organisation météo­ro­lo­gique mondiale, a déclaré : « Le refroi­dis­se­ment depuis 1940 a été suffi­sam­ment impor­tant et constant pour ne pas s’in­ver­ser de sitôt. » Lors de ce même premier Jour de la Terre, Kenneth E. F. Watt a déclaré : « Si les tendances actuelles se pour­suivent, le monde sera plus froid d’en­vi­ron quatre degrés par rapport à la tempé­ra­ture moyenne globale de 1900, mais de onze degrés d’ici à l’an 2000… C’est envi­ron deux fois ce qu’il faudrait pour nous faire entrer dans une ère glaciaire. »

C’est à ce même Jour de la Terre, en mai 1970, que Harrison Brown, de l’Académie natio­nale des sciences aux USA, avait averti que « l’hu­ma­nité serait tota­le­ment à court de cuivre peu après l’an 2000. Le plomb, le zinc, l’étain, l’or et l’argent auraient disparu avant 1990. » Et Peter Gunter, profes­seur de philo­so­phie à North Texas State University, écri­vait en 1970 : « En l’an 2000, dans trente ans, le monde entier, à l’ex­cep­tion de l’Europe occi­den­tale, de l’Amérique du Nord et de l’Australie, sera en proie à la famine. » (Poyet P, 2022A191 p. 414)

Source : Aurelio Peccei (1969A183 p. 209)
L’accroissement de tempé­ra­ture annoncé était 40 fois celui qui a réel­le­ment eu lieu !

L’hypothèse alar­miste du réchauf­fe­ment par effet de serre causé par le CO2 était elle aussi avan­cée, notam­ment par Aurelio Peccei, fonda­teur du Club de Rome, qui écri­vait dans The Chasm Ahead — « Le préci­pice qui nous attend » au chapitre A Tidal Wave of Global Problems (1969A183 p. 209) :

Les obser­va­tions effec­tuées au cours de l’Année géophy­sique inter­na­tio­nale révèlent que l’aug­men­ta­tion de la teneur en dioxyde de carbone de l’air est de 0.2 % par an, avec un total de 10 % depuis l’ère indus­trielle ; que le dioxyde de carbone est ajouté à l’at­mo­sphère par la combus­tion de combus­tibles fossiles au rythme de six milliards de tonnes par an ; qu’en l’an 2000, il y en aura envi­ron 25 % de plus, ce qui conduira à un réchauf­fe­ment progres­sif de l’at­mo­sphère. « Si les tendances actuelles de rejet de dioxyde de carbone se pour­suivent jusqu’en l’an 2000, les tempé­ra­tures mondiales pour­raient s’ac­croître, par effet de serre, de jusqu’à 4°C. » (Frederick Sargent, II, dans Scientist and citi­zen, mai 1967A208 p. 82) […]

Frederick Sargent citait en réalité Philip Hauge Abelson dans son édito­rial Global Weather de Science (1967A2).

Source : Martin Durkin (2007A55 25:19)

L’historique du consen­sus des années 1970 sur le refroi­dis­se­ment global, dont se souviennent ceux qui ont connu cette époque — mes parents disaient « à cause des bombes atomiques » — a été déli­bé­ré­ment réécrit (notam­ment par William Connolley sur Wikipedia) pour proje­ter l’illu­sion d’une posi­tion inverse. Voir à ce sujet l’ar­ticle Refroidissement global dans les années 1970 : un mythe ? et pour plus de détails, notam­ment sur les agis­se­ments de Connolley, la section Global Cooling (May A, 2020A150 p. 199–204).

Margaret Thatcher a joué un rôle primor­dial dans le revi­re­ment en faveur de la théo­rie du réchauf­fe­ment global — et surtout la poli­ti­sa­tion de ce sujet — lors de sa confron­ta­tion aux grèves des mineurs anglais (1984–85), qui se sont soldées par la ferme­ture de mines de char­bon (Durkin M, 2007A55 36:05). C’est alors qu’elle a soutenu le recours à l’éner­gie nucléaire, parti­cipé au finan­ce­ment de la recherche clima­tique, et surtout à la fonda­tion du GIEC en 1988. La ques­tion du chan­ge­ment clima­tique est alors deve­nue un enjeu de nature essen­tiel­le­ment poli­tique média­tisé par les ONG environnementales.

Peu après la créa­tion du GIEC, dont il était devenu auteur prin­ci­pal des rapports, le même Stephen Schneider — jusqu’ici prophète du « refroi­dis­se­ment plané­taire » — chan­geait son fusil d’épaule (1989A220 p. 771) :

Les résul­tats des modèles clima­tiques les plus récents suggèrent que les tempé­ra­tures moyennes à la surface du globe augmen­te­ront d’en­vi­ron 2° à 6°C au cours du siècle prochain, mais les chan­ge­ments à venir dans les concen­tra­tions de gaz à effet de serre et les proces­sus de rétro­ac­tion qui ne sont pas correc­te­ment pris en compte dans les modèles pour­raient produire des augmen­ta­tions plus impor­tantes ou plus faibles. Des hausses du niveau de la mer de 0.5 à 1.5 mètre sont norma­le­ment prévues pour le siècle prochain, mais il existe une faible proba­bi­lité de chan­ge­ments plus grands, voire néga­tifs. […]

Une stra­té­gie consiste à mettre en œuvre dès main­te­nant les poli­tiques qui rédui­ront les émis­sions de gaz à effet de serre et appor­te­ront des béné­fices socié­taux addi­tion­nels. La ques­tion de savoir si les incer­ti­tudes sont à ce point impor­tantes qu’il faille retar­der les réponses poli­tiques n’est pas une ques­tion scien­ti­fique en soi, mais un juge­ment de valeur.

Il affir­mait la même année (dans Detroit News le 5 décembre 1989) qu’il n’avait jamais alimenté la crainte d’un retour à l’âge glaciaire. Quelques années plus tard, il décla­rait (Schneider SH, 2011A221, souli­gné par mes soins) :

D’une part, en tant que scien­ti­fiques, nous sommes éthi­que­ment liés à la méthode scien­ti­fique, promet­tant en fait de dire la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité — ce qui signi­fie que nous devons inclure tous les doutes, les mises en garde, les « si », les « et » et les « mais ». D’autre part, nous ne sommes pas seule­ment des scien­ti­fiques, mais aussi des êtres humains. Et comme la plupart des gens, nous aime­rions que le monde soit meilleur, ce qui, dans ce contexte, se traduit par notre travail pour réduire le risque d’un chan­ge­ment clima­tique poten­tiel­le­ment désas­treux. Pour ce faire, nous devons obte­nir un large soutien et capter l’ima­gi­na­tion du public. Cela signi­fie, bien sûr, obte­nir une couver­ture média­tique impor­tante. Nous devons donc propo­ser des scéna­rios effrayants, faire des décla­ra­tions simpli­fiées et drama­tiques, et ne pas faire mention de nos doutes éven­tuels. Cette « double contrainte éthique » dans laquelle nous nous trou­vons fréquem­ment ne peut être réso­lue par aucune formule. Chacun d’entre nous doit déci­der du juste équi­libre entre effi­ca­cité et honnê­teté. J’espère que cela signi­fie être les deux à la fois.

Steven Koonin répond à ce sujet (2021A115 p. 9–10) :

Bien que Schneider ait par la suite abon­dam­ment expli­qué sa décla­ra­tion sur la « double contrainte éthique », je pense que la prémisse sous-jacente est dange­reu­se­ment erro­née. Il ne devrait pas y avoir de ques­tion sur « le juste équi­libre entre l’ef­fi­ca­cité et l’hon­nê­teté ». C’est le comble de l’or­gueil pour un scien­ti­fique que d’en­vi­sa­ger de désin­for­mer déli­bé­ré­ment les discus­sions poli­tiques au service de ce qu’il croit être l’éthique. Cela paraî­trait évident dans d’autres contextes : imagi­nez le tollé si l’on décou­vrait que des scien­ti­fiques déforment des données sur le contrôle des nais­sances en raison de leurs convic­tions reli­gieuses, par exemple. […]

Il n’y a rien de fâcheux à ce que les scien­ti­fiques soient des mili­tants, mais le mili­tan­tisme déguisé en « La Science » est pernicieux.

John Houghton, respon­sable du groupe GI, épaulé par Rajendra Pachauri, président du GIEC en 2007, avait affirmé ouver­te­ment que « s’ils ne sont pas alar­mistes, personne ne pren­dra leurs travaux au sérieux. » (Allègre C, 2010A9 p. 183) 

Koonin écrit par ailleurs (2021A115 p. 183) :

Il est clair que les médias, les poli­ti­ciens et souvent les rapports d’éva­lua­tion eux-mêmes déforment de manière flagrante ce que la science dit sur le climat et les catas­trophes. Ces négli­gences sont le fait de scien­ti­fiques qui rédigent et révisent avec trop de désin­vol­ture les rapports, les jour­na­listes qui les relaient sans esprit critique, les rédac­teurs en chef qui laissent faire, les mili­tants et leurs orga­ni­sa­tions qui attisent les feux de l’alarme, et les experts dont le silence public cautionne la trom­pe­rie. La répé­ti­tion constante de ces affir­ma­tions et de bien d’autres contre-vérités sur le climat les trans­forme en « véri­tés » commu­né­ment admises.

Patrice Poyet explique son posi­tion­ne­ment (2022A191 p. 513) :

En tant que géologue, il m’était évident que le climat a toujours évolué à toutes les échelles de temps, et qu’il n’a pas eu besoin de l’homme pour démon­trer sa nature capri­cieuse ; en tant qu’in­for­ma­ti­cien, je savais depuis long­temps que les programmes les plus complexes peuvent plus ou moins dire tout ce pour quoi les déve­lop­peurs les ont conçus (en plus du syndrome “garbage in garbage out” avec des données accor­dées ou même falsi­fiées) et même d’une manière parfois mal repro­duc­tible selon le para­digme trop souvent rencon­tré de CACE (Changing Anything Changes Everything) ; et enfin, en tant que géochi­miste, je me suis méfié des préten­dues preuves (chimiques et physiques) qui expli­quaient tout sur la base d’hy­po­thèses exagé­ré­ment simplistes (absorp­tion radia­tive par un gaz dési­gné comme bouc émis­saire) et qui, en outre, ne devaient pas être discu­tées, car le consen­sus ne vous donne­rait pas une chance de faire votre travail en tant que scien­ti­fique, c’est-à-dire se poser des ques­tions et évaluer la perti­nence des arguments.

La posi­tion éthique, qui fait cruel­le­ment défaut chez les modé­li­sa­teurs climato-alarmistes, peut être illus­trée par une décla­ra­tion du physi­cien Richard Feynman dans son allo­cu­tion Cargo Cult Science (1974A67) :

Richard Feynman

Les détails qui pour­raient mettre en doute votre inter­pré­ta­tion doivent être donnés, si vous les connais­sez. Vous devez faire de votre mieux — si vous savez quelque chose d’er­roné ou de possi­ble­ment erroné — pour l’ex­pli­quer. Si vous élabo­rez une théo­rie, par exemple, et que vous en faites la publi­cité ou la diffu­sez, vous devez égale­ment indi­quer tous les faits qui sont en désac­cord avec elle, en plus de ceux qui sont en accord avec elle. Il existe égale­ment un problème plus subtil. Lorsque vous avez rassem­blé un grand nombre d’idées pour élabo­rer une théo­rie complexe, il faut vous assu­rer, lorsque vous expli­quez ce à quoi elle corres­pond, que les éléments auxquels elle corres­pond ne sont pas seule­ment ceux qui vous ont donné l’idée de la théo­rie, mais que la théo­rie élabo­rée permet à quelque chose d’autre de s’avé­rer correct, en plus.

En résumé, l’idée est d’es­sayer de donner toutes les infor­ma­tions qui aide­ront les autres à juger de la valeur de votre contri­bu­tion, et pas seule­ment les infor­ma­tions qui conduisent à un juge­ment dans une direc­tion parti­cu­lière ou une autre. […]

Le premier point est que vous ne devez pas vous trom­per vous-même — et vous êtes la personne la plus facile à trom­per. Il faut donc être très prudent à ce sujet. Une fois que l’on ne s’est pas trompé soi-même, il est facile de ne pas trom­per les autres scien­ti­fiques. Il suffit ensuite d’être honnête de manière conventionnelle.

Météo versus climat

Source : DALL‑E

Dans son analyse du rapport AR6N3 du GIEC, dont il était expert revie­wer, François Gervais résume ainsi l’at­tri­bu­tion au réchauf­fe­ment clima­tique des événe­ments météo­ro­lo­giques extrêmesN50 mis en exergue ces dernières années (2022A80 p. 154) :

L’abondance de « probable » qui constellent le Résumé SPM ne reflète pas ce qui serait attendu pour un texte censé être scien­ti­fique. Le corpus de réfé­rences citées dans cet essai [Impasses clima­tiques] rela­ti­vise l’amal­game entre météo et climat qu’a fini par s’ap­pro­prier le GIEC. C’est un peu trop facile et pas fran­che­ment à son honneur. […] Les fluc­tua­tions de tempé­ra­tures […] ne sont ni plus fréquentes ni plus intenses de nos jours qu’elles ne l’étaient il y a un ou près de quatre siècles. L’amplitude de ces fluc­tua­tions, quoti­diennes entre le jour et la nuit, saison­nières, excède très large­ment le minus­cule réchauf­fe­ment annuel anthro­pique de 0.007°C évalué avec les chiffres du GIEC (bien qu’exa­géré compte tenu de la sensi­bi­lité clima­tique trop élevée qu’il reprend), mini­mi­sant jusqu’au ridi­cule l’at­tri­bu­tion anthro­pique des événe­ments météo­ro­lo­giques. Un réchauf­fe­ment annuel anthro­pique (exagéré) de sept millièmes de degrés centi­grades ne peut évidem­ment pas causer de manière signi­fi­ca­tive davan­tage d’in­cen­dies de forêt, d’inon­da­tions, de séche­resses, ou réduire la vitesse du Gulf Stream. […] En raison du coût pharao­nique déclaré par la Banque mondiale, le chan­ge­ment clima­tique induit par l’Homme reste à démon­trer, et ne peut pas seule­ment être supposé probable.

Richard Lindzen, membre de l’Académie natio­nale des sciences aux USA, était titu­laire jusqu’en 2013 de la chaire de météo­ro­lo­gie au Massachussetts Institute of Technology. Lors de sa confé­rence à la Global Warming Policy Foundation à Londres (2018A132 p. 8–9) il déclarait :

En ce qui concerne ces extrêmes, les données ne montrent aucune tendance et le GIEC est d’ac­cord. Même Gavin Schmidt, le succes­seur de Jim Hansen à l’ate­lier new-yorkais de la NASA, le GISS, a fait remar­quer que « les décla­ra­tions géné­rales sur les extrêmes sont prati­que­ment absentes de la litté­ra­ture, mais semblent abon­der dans les médias popu­laires. » Il a ajouté qu’il suffit de quelques secondes de réflexion pour se rendre compte que l’idée reçue selon laquelle « le réchauf­fe­ment clima­tique signi­fie que tous les extrêmes doivent augmen­ter en perma­nence » est « absurde ».

Au cœur de cette absur­dité se trouve l’in­ca­pa­cité à distin­guer la météo du climat. Ainsi, le réchauf­fe­ment clima­tique fait réfé­rence à l’aug­men­ta­tion bien­ve­nue de la tempé­ra­ture d’en­vi­ron 1°C depuis la fin du petit âge glaciaire, il y a envi­ron 200 ans. En revanche, les extrêmes météo­ro­lo­giques impliquent des chan­ge­ments de tempé­ra­ture de l’ordre de 20°C. Ces chan­ge­ments impor­tants ont une origine profon­dé­ment diffé­rente de celle du réchauf­fe­ment clima­tique. En termes simples, ils résultent de vents trans­por­tant de l’air chaud et de l’air froid depuis des régions éloi­gnées très chaudes ou très froides. Ces vents se présentent sous la forme de vagues. La force de ces vagues dépend de la diffé­rence de tempé­ra­ture entre les tropiques et l’Arctique (des diffé­rences plus impor­tantes entraî­nant des vagues plus fortes). Or, les modèles utili­sés pour prévoir le réchauf­fe­ment clima­tique prévoient tous que cette diffé­rence de tempé­ra­ture dimi­nuera plutôt qu’elle n’aug­men­tera.

Ainsi, l’aug­men­ta­tion des tempé­ra­tures extrêmes serait plus favo­rable à l’idée d’un refroi­dis­se­ment global qu’à celle d’un réchauf­fe­ment global. Cependant, les anal­pha­bètes scien­ti­fiques semblent inca­pables de faire la distinc­tion entre le réchauf­fe­ment clima­tique et les tempé­ra­tures extrêmes dues aux condi­tions météo­ro­lo­giques. En fait, comme on l’a déjà noté, il ne semble pas y avoir de tendance percep­tible en ce qui concerne les extrêmes clima­tiques. Il n’y a que l’at­ten­tion accrue accor­dée par les médias aux condi­tions météo­ro­lo­giques et l’ex­ploi­ta­tion de cette couver­ture média­tique par des personnes qui se rendent compte que les projec­tions de catas­trophes dans un avenir loin­tain ne sont guère convain­cantes, et qu’elles ont donc besoin d’un moyen de convaincre le public que le danger est immé­diat, même si ce n’est pas le cas.

Source : Europe1​.fr

Halène Arezki résume avec brio (2022A10) :

Les médias nous montrent les preuves du chan­ge­ment clima­tique sur la planète avec les aléas météo­ro­lo­giques comme un ivrogne affirme qu’il est toujours l’heure de l’apéro quelque part sur Terre. Les urbains profonds, y compris ceux qui vivent à la campagne, y voient les premières mani­fes­ta­tions de l’apocalypse ther­mo­car­bo­née qui nous est promise.

Après le passage de l’ou­ra­gan Harvey, l’in­con­tour­nable Michael Mann ‘Crosse-de-hockey’ affir­mait dans un entre­tien : « Il ne fait guère de doute pour les scien­ti­fiques que le chan­ge­ment clima­tique a augmenté l’in­ten­sité poten­tielle des oura­gans et autres grandes tempêtes » et « Nous envi­sa­geons d’aban­don­ner litté­ra­le­ment les villes côtières du monde et de nous dépla­cer vers l’in­té­rieur des terres. » (Satija N et al., 2017A209).

Conséquences de l’ur­ba­ni­sa­tion (source)

Les médias opèrent des glis­se­ments séman­tiques carac­té­ris­tiques du discours catas­tro­phique. Ainsi, on entend souvent parler de « montée des eaux » là où se produisent des inon­da­tions — comme si les eaux en ques­tion ne devaient jamais redes­cendre — et toute vague de chaleur de quelques jours est désor­mais quali­fiée de « canicule »…

Gianluca Alimonti et trois collègues avaient publié un article A criti­cal assess­ment of extreme events trends in times of global warming [Évaluation critique des tendances en matière d’évé­ne­ments extrêmes à l’heure du réchauf­fe­ment clima­tique] (Alimonti G et al., 2022A7) qui était en accord avec une conclu­sion du rapport AR5 du GIEC : « Il est diffi­cile de trou­ver des tendances signi­fi­ca­tives dans les données concer­nant les évène­ments extrêmes. »

Vague de chaleur aux USA ? ? (source)

Jugé insuf­fi­sam­ment alar­miste, cet article a été rétracté, suite à la pres­sion exer­cée dans les médias par des person­nages aussi peu préve­nants que Michael Mann. Les détrac­teurs ont stupi­de­ment repro­ché aux auteurs de ne pas avoir fait réfé­rence au rapport AR6 (2021N3) du GIEC diffusé après la soumis­sion de l’ar­ticle. Lire à ce sujet un commen­taire de Jean N (2023A173) et le récit de Tony Thomas (2023aA247 ; traduc­tion 2023bA248) :

Ce mauvais trai­te­ment était logique puisque l’AFP et The Guardian sont les chefs de file de la coali­tion Covering Climate Now (CCN) qui regroupe quelque 500 médias touchant 2 milliards de télé­spec­ta­teurs. Ces médias ont signé l’en­ga­ge­ment de CCN de faire la promo­tion du catas­tro­phisme, de réfu­ter et de censu­rer tout scep­ti­cisme quant au destin funeste annoncé pour notre planète.

Un nouvel article a été publié par deux cher­cheurs de la même équipe (Alimonti G & et L Mariani, 2023A6). Contrairement à ce qu’a écrit Tony Thomas (2023aA247 ; traduc­tion 2023bA248), il ne s’agit pas d’une nouvelle version du précé­dent article, mais d’une analyse des tendances tempo­relles du nombre de catas­trophes natu­relles signa­lées depuis 1900 dans la base de données des événe­ments d’ur­gence (EM-DATN51) du Centre de recherche sur l’épi­dé­mio­lo­gie des catas­trophes (CREDN52). Parmi leurs conclusions :

L’ensemble de données EM-DAT sur les catas­trophes natu­relles a été analysé au moyen de la méthode par blocsN53 de Tome et Miranda, et il a été conclu que la tendance n’est pas homo­gène sur l’en­semble de la série 1900–2022 en raison de divers facteurs, le prin­ci­pal étant l’amé­lio­ra­tion progres­sive du signa­le­ment des catas­trophes natu­relles. […]

Le nombre de catas­trophes géophy­siques contem­po­raines — volcans, trem­ble­ments de terre, glis­se­ments de terrain secs — qui, de par leur nature, ne sont pas influen­cées de manière signi­fi­ca­tive par le climat ni par des facteurs anthro­po­gé­niques, affiche une tendance simi­laire au fil du temps. […]

Par consé­quent, avant toute analyse de tendance, la série chro­no­lo­gique doit être divi­sée en sous-séries : l’in­ter­valle de temps le plus récent, qui commence dans les premières années du 21e siècle, montre une tendance à la baisse dont le degré de réalisme est renforcé par le fait que la série chro­no­lo­gique du nouveau siècle peut être consi­dé­rée comme complète, étant donné l’ef­fi­ca­cité accrue des acti­vi­tés de surveillance et de signa­le­ment des catas­trophes natu­relles.

Ensuite, l’af­fir­ma­tion selon laquelle nous sommes confron­tés à une tendance à la hausse des catas­trophes natu­relles, comme le prétendent les trois rapports offi­ciels de l’UNDRR et de la FAO (FAO, 2021A64 ; UNDRR, 2020A255 ; UNDRR, 2022A256) sur la base du même ensemble de données EM-DAT, a été véri­fiée : une tendance linéaire sur les données à partir de 1970 a été trou­vée dans le rapport le plus récent de l’UNDRR (UNDRR, 2022A256), et cette tendance devrait se pour­suivre à l’ave­nir, prévoyant ainsi une nouvelle augmen­ta­tion des catas­trophes natu­relles de 40 % pendant la durée de vie du Sendai Framework. Notre conclu­sion est que les affir­ma­tions présen­tées dans les rapports susmen­tion­nés ne sont pas étayées par des données.

À la lumière de cette déduc­tion, les auteurs s’in­quiètent de la présen­ta­tion erro­née de la tendance en matière de catas­trophes natu­relles, car ces affir­ma­tions ont été diffu­sées sans esprit critique par de nombreux médias, et par la FAO elle-même, défor­mant ainsi la percep­tion du public sur le risque de catas­trophes natu­relles. Considérons que si la tendance trou­vée par l’ajus­te­ment linéaire proposé par l’UNDRR est proje­tée, 560 catas­trophes natu­relles sont prévues d’ici 2030 (UNDRR, 2022A256) et plus de 700 d’ici 2050 ; l’ajus­te­ment plus réaliste proposé dans ce travail donne­rait au contraire envi­ron 200 catas­trophes de moins d’ici 2030, et moins de la moitié d’ici 2050.

Une mauvaise inter­pré­ta­tion de l’évo­lu­tion des catas­trophes natu­relles est très grave, car elle expose la popu­la­tion mondiale au risque de poli­tiques inco­hé­rentes, tant au niveau natio­nal qu’in­ter­na­tio­nal, gaspillant ainsi des ressources ou les détour­nant de la réso­lu­tion de problèmes beau­coup plus concrets.

Le fait que la morta­lité due à des événe­ments clima­tiques ou atmo­sphé­riques extrêmes ait dimi­nué de plus de 90 % au cours du siècle dernier, alors que la popu­la­tion mondiale a forte­ment augmenté, nous invite à réflé­chir aux causes d’un tel phéno­mène. Selon nous, l’ab­sence de crois­sance des catas­trophes natu­relles au cours du nouveau millé­naire atteste de l’ef­fi­ca­cité des poli­tiques de protec­tion civile mises en place pour la gestion des catas­trophes natu­relles (PPRRPrevention, Preparedness, Response and Recovery) au cours des dernières décennies.

Un examen critique des données de l’EM-DATN51 permet de dres­ser un « état des lieux » des catas­trophes natu­relles mondiales, en veillant à corri­ger les doubles comp­tages (MD, 2024A141) :

Au vu des graphiques précé­dents, rien ne permet d’affirmer que les catas­trophes natu­relles deviennent de plus en plus fréquentes et de plus en plus graves comme le prétendent certains commen­ta­teurs. Aucune tendance n’est discer­nable sur ce quart de siècle. Les écarts inter­an­nuels parfois consi­dé­rables s’apparentent plutôt à des tirages au hasard, même si le hasard frappe plus fréquem­ment certaines régions du monde plus expo­sées du fait de leur géogra­phie ou de leur géologie.

L’association entre le chan­ge­ment clima­tique et les événe­ments atmo­sphé­riques extrêmes reste soli­de­ment ancrée dans le discours média­tique. Par exemple sur la radio France Info. En octobre 2023, une présen­ta­trice météo termi­nait son annonce d’une tempête sur les côtes de Bretagne, préci­sant : « Notez bien qu’on a affaire, une fois de plus, à un marqueur du réchauf­fe­ment clima­tique. » Il est inté­res­sant de noter que le mot creux « marqueur » a été habi­le­ment substi­tué à celui de « preuve ».

Quelques semaines plus tôt, un direc­teur de recherche du CNRS expli­quait que la tempête Daniel qui avait frappé la Libye « n’était pas en lien avec le réchauf­fe­ment clima­tique ». Il s’était senti toute­fois obligé de conclure son inter­ven­tion par : « Il est indis­pen­sable de réduire la produc­tion de gaz à effet de serre. »

En novembre 2023, après le passage de la tempête Ciaran sur la Bretagne, le préfet d’Ille-et-Vilaine expli­quait à la radio qu’il était très risqué de s’aven­tu­rer en forêt car, « à cause du réchauf­fe­ment clima­tique », les arbres avaient gardé leurs feuilles plus long­temps. Trop lourds, ils s’écra­saient dange­reu­se­ment sur le sol ! Une absence de feuilles, dans un autre contexte, aurait tout aussi bien été mise sur le compte du réchauf­fe­ment

Source : Adriano Conte/Ap/SIPA, novembre 2023

Par un effet de formation des masses ou de pola­ri­sa­tion des groupes (voir ci-dessous), les jour­na­listes ont — sans y être obli­gés — inté­gré la confu­sion entre météo et climat. Ils ne parlent plus d’évé­ne­ments météo­ro­lo­giques extrêmes mais d’évé­ne­ments clima­tiques extrêmes. Les mots « climat » et « clima­tique » sont de plus en plus omni­pré­sents dans les messages. En octobre 2023, j’ai entendu une présen­ta­trice de radio, voulant parler des « élèves de CM2 » à l’école primaire, dire « les élèves de CO2 » sans même corri­ger ce lapsus révé­la­teur d’un alar­misme obsessionnel !

En mars 2024, on apprend dans la presse (Les Échos) que « les catas­trophes clima­tiques ont coûté 6,5 milliards d’eu­ros aux assu­reurs en 2023. »

Quid des grands incen­dies de forêts ?

Justin Trudeau, premier ministre du Canada, affir­mait en été 2023 : « Nous voyons de plus en plus de ces feux à cause du chan­ge­ment clima­tique. » Les jour­na­listes qui ont relayé ce message en boucle n’ont pas pris la peine de consul­ter la base de données des nombres d’in­cen­dies et des super­fi­cies fores­tières brûlées au Canada. Celles-ci ne varient pas dans le sens d’une augmen­ta­tion, et certai­ne­ment pas en lien avec la produc­tion de gaz à effet de serre (2021N54) :

Superficie forestière brûlée et nombre d'incendies au Canada (1990-2021)
Source : Base de données nationale sur les forêts (BDNFN54)

La confu­sion entre météo et climat est à la source de géné­ra­li­sa­tions hâtives qui font la une des médias. La longue période de sèche­resse suivie de pluies torren­tielles en Californie est exem­plaire de ces pirouettes rhéto­riques (Koonin SE, 2021A115 p. 178) :

Les incer­ti­tudes clima­tiques sont plus impor­tantes au niveau régio­nal qu’au niveau mondial. Par exemple, pendant les cinq ou six premières années de la récente séche­resse en Californie, de nombreux clima­to­logues ont affirmé que les influences humaines sur le climat augmen­taient le risque de séche­resse (Diffenbaugh NS et al., 2015A51). Pourtant, il n’a fallu qu’un an envi­ron, après la fin drama­tique de la séche­resse en 2016, pour que des articles soient publiés, affir­mant qu’un monde qui se réchauffe signi­fie­rait égale­ment une Californie plus humide (Allen RJ & RG Anderson, 2018A8). Peut-être s’agit-il simple­ment d’un proces­sus d’af­fi­ne­ment des connais­sances scien­ti­fiques. De manière moins chari­table, j’ai la nette impres­sion que la science est suffi­sam­ment incer­taine pour que n’im­porte quel phéno­mène météo­ro­lo­gique inha­bi­tuel puisse être « attri­bué » à des influences humaines.

En citant les travaux de Roger Pielke Jr (2014A186), Emmanuel Garnier écrit (2018A73 p. 36) :

Sur ce site, il montre qu’entre 1990 et 2014 le total mondial, en milliards de dollars, des montants des dommages dus aux événe­ments clima­tiques en géné­ral, compi­lés par le réas­su­reur Munich Re, a suivi une pente ascen­dante. Mais il montre surtout qu’il n’en va pas de même lorsqu’on norma­lise les dommages en les évaluant en pour­cen­tage du produit natio­nal brut mondial. Dans ce cas il n’y a aucune tendance. Autrement dit, l’essentiel de la crois­sance des dommages liés aux événe­ments clima­tiques est dû à la crois­sance écono­mique mondiale, pas au réchauf­fe­ment lui-même. […]

Ne pas mesu­rer d’impact signi­fi­ca­tif du réchauf­fe­ment clima­tique sur les montants des dommages ne revient pas à nier ce réchauf­fe­ment. S’il doit être mis en évidence, la mesure des dommages n’est pas un indi­ca­teur fiable. Enfin, la source de bien des erre­ments nour­ris­sant les polé­miques est conte­nue dans les données des dommages elles-mêmes. Cette source d’erreur concerne les défen­seurs des thèses du Giec tout comme les climatosceptiques.

Le person­nel poli­tique en charge des confé­rences sur le climat ne « capte » pas vrai­ment ces messages (Gervais F, 2018A78) :

La météo dépend essen­tiel­le­ment des gradients de pres­sion mesu­rés par le… baro­mètre. Les gradients régissent les vents, eux-mêmes véhi­cu­lant les nuages et les masses d’air chaud ou froid. Sur cet instru­ment inventé en 1643 par Torricelli, « tempête » indique le vent prévu pour une pres­sion atmo­sphé­rique très basse. Au-dessus est inscrit « forte pluie » et/ou « vent fort », au-dessus encore « pluie », à 76 centi­mètres de mercure « variable ». Cette valeur corres­pond à la pres­sion atmo­sphé­rique moyenne, 1013 milli­bars au niveau de la mer. Pour des pres­sions plus élevées, le baro­mètre indique « beau temps ». Également décou­verte par Torricelli, la corré­la­tion entre pres­sion atmo­sphé­rique et le temps qu’il va faire, pour être simple n’en est pas moins rela­ti­ve­ment fiable. En revanche, on aura remar­qué qu’un ther­mo­mètre exté­rieur, dont la gradua­tion peut descendre jusqu’à ‑20°C durant les vagues de froid et monter à 40°C durant les cani­cules, n’in­dique pas une tempé­ra­ture parti­cu­lière à laquelle corres­pon­drait « tempête », « vent », « grêle » ou « orage ». C’est ce que j’ai genti­ment rappelé au secré­taire d’État alors en charge de la prépa­ra­tion de la COP 21 avec lequel je débat­tais sur RTL en 2014. Il m’a répondu : « je ne suis pas scien­ti­fique »… Ce qui ne l’empêche pas d’avoir entre-temps été nommé direc­teur de WWF France et d’être consulté comme « expert » à ce titre.

François Gervais parlait ici de Pascal Canfin, ancien ministre délé­gué chargé du Développement de 2012 à 2014, nommé direc­teur géné­ral du WWF France en janvier 2016. Voir la vidéo de cet entretien.

Le CO2 source de nos malheurs ?

Source : free stock

Nous avons vu dans la section Réalité de « l'empreinte carbone» que l’aug­men­ta­tion du taux atmo­sphé­rique de CO2 — dont l’at­tri­bu­tion à l’ac­ti­vité humaine est quan­ti­fiée de manière incer­taine — a une influence négli­geable sur la tempé­ra­ture globale de la Planète, puis, dans Météo versus climat, qu’elle ne pouvait pas plus être tenue pour respon­sable de phéno­mènes météo­ro­lo­giques extrêmes.

Cette augmen­ta­tion du CO2 est en réalité un béné­fice pour la couver­ture végé­tale, notam­ment dans les zones arides. Le rapport AR6N3 du GIEC le recon­naît (Groupe I, 2021 p. 50) :

L’augmentation du CO2 atmo­sphé­rique, le réchauf­fe­ment des hautes lati­tudes et l’usage des sols ont contri­bué à la tendance au verdis­se­ment observée.

L’océanographe Roger Revelle, qui a été le maître à penser d’Al Gore au sujet du réchauf­fe­ment clima­tique d’ori­gine anthro­pique, a donné une inter­view en 1984 dans le maga­zine Omni. Claude Allègre précise (2010A9 p. 193) :

[…] il affirme que cette augmen­ta­tion de CO2 va augmen­ter la ferti­lité de l’agri­cul­ture et mino­rer les chan­ge­ments trop brutaux du climat. Dans l’in­ter­view qu’il donne au Times en 1987, il est toujours aussi prudent : il dit que rien n’est prouvé, et qu’il faut travailler d’avan­tage pour comprendre les effets du CO2. En 1990, au congrès de l’American Association for the Advancement of Science à la Nouvelle-Orléans, Revelle présente un docu­ment déca­pant, en tout cas déran­geant : l’aug­men­ta­tion du CO2, écrit-il, va favo­ri­ser le déve­lop­pe­ment du planc­ton, et l’ac­ti­vité photo­syn­thé­tique de ce dernier va régu­ler le CO2. Eh bien, Revelle ne sera jamais consulté par le GIEC, ni inclus dans ses groupes de travail.

La couver­ture fores­tière de l’Afrique subsa­ha­rienne s’est accrue de 8 % en trois décen­nies (Bastin JF et al., 2017A16 ; voir sept autres réfé­rences dans Gervais F, 2022A80 p. 131). Les jeunes forêts tropi­cales humides peuvent absor­ber onze fois plus de carbone atmo­sphé­rique que les forêts anciennes (Poorter L et al., 2016A189). Le rapport Sécheresse, déser­ti­fi­ca­tion et rever­dis­se­ment au Sahel de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la déser­ti­fi­ca­tion recon­naît (Descroix L, 2021A50) :

[…] un rever­dis­se­ment géné­ral et spon­tané du Sahel, comme si, 25 ans après le retour d’une pluvio­mé­trie « normale » (en quan­tité de pluie tombée mais leur inten­sité a crû sensi­ble­ment), la végé­ta­tion parve­nait à reprendre sa place et ses droits.

Pétitions et déclarations

Source : DALL‑E

Le « consen­sus », à l’époque d’Al Gore, était loin de repré­sen­ter la « science établie » (settled science), si l’on en juge par la signa­ture d’une péti­tion sur le réchauf­fe­ment global (2008N55) qui avait rassem­blé pas moins de 31 000 univer­si­taires améri­cains, tout en étant igno­rée par la presse (Bast D, 2008A14) :

« La presse grand public est guidée par l’alar­misme », explique M Taylor. « Si vous avez une bonne nouvelle — 31 000 scien­ti­fiques ne pensent pas que la fin du monde est proche — la presse ne veut pas vrai­ment l’en­tendre, ni la parta­ger avec ses lecteurs et ses auditeurs. »

Une critique radi­cale du fonc­tion­ne­ment du GIEC a été publiée en 2011 par Ross McKitrick, préfa­cée par John Howard, ancien premier ministre de l’Australie qui se décla­rait « agnos­tique » en matière de climat. Les points essen­tiels soule­vés par ce rapport étaient (McKitrick R, 2011A157 p. 29) :

• Le proces­sus opaque de sélec­tion des auteurs prin­ci­paux et le recru­te­ment confi­den­tiel des auteurs colla­bo­ra­teurs ;
• L’absence de toute exigence contrai­gnante permet­tant d’in­té­grer l’en­semble des points de vue ;
• Les failles et les lacunes dans la séquence d’exa­men par les pairs ;
• Les conflits d’in­té­rêts intellectuels.

D’autres décla­ra­tions contre­di­sant les annonces du GIEC ont été publiées par la suite. Voir notam­ment une Enquête sur l’ur­gence clima­tique (Mathieu A & C Veyres, 2021A148) concré­ti­sée par un échange avec François-Marie Bréon, président de l’Association fran­çaise pour l’in­for­ma­tion scien­ti­fique. Mathieu et Veyres soulignent plusieurs décen­nies d’incertitudes et écrivent en conclu­sion (2021A148 p. 26) :

Le prochain rapport du GIEC devra donc four­nir une preuve incon­tes­table et non une croyance, fondée sur des aber­ra­tions scien­ti­fiques, que les émis­sions humaines sont la cause du réchauf­fe­ment. Faute de cette preuve, le scep­ti­cisme grandira.

L’analyse critique des ques­tions clima­tiques est synthé­ti­sée dans l’ar­ticle N’ayez pas peur ! Onze faits démontrent qu’il n’y a pas et qu’il ne saurait y avoir de réchauf­fe­ment clima­tique dû aux combus­tibles fossiles (Veyres C, 2019aA262) complété par ses Réponses à des Questions Fréquemment Posées (FAQ) (Veyres C, 2019bA263).

Camille Veyres avait aussi publié un article de 167 pages inti­tulé Sur la preuve de fautes inten­tion­nelles dans lequel il faisait état de « la respon­sa­bi­lité civile et pénale des auteurs et propa­gan­distes de fraudes et de trom­pe­ries » (Veyres C, 2020aA264 p. 10).

La CLINTEL Foundation a publié une analyse poin­tilleuse du rapport AR6N3 du GIEC : The Frozen Climate Views of the IPCC. An analy­sis of AR6 (Crok M & A May eds., 2023A43).

La péti­tion « Il n’y a pas d’ur­gence clima­tique » (2023N56), initiée par John Clauser a été signée par plus de 1000 scien­ti­fiques, univer­si­taires, ingé­nieurs, profes­sion­nels de l’en­vi­ron­ne­ment et de la santé de 37 pays, qu’on peut mettre en balance avec les 234 scien­ti­fiques de 66 pays signa­taires en 2021 du rapport AR6N3 du GIEC (Groupe 1). François Gervais a répondu point par point (2022A80 p. 175–179) aux critiques (non étayées) de cette décla­ra­tion, publiées sur le site Climatefeedback.

Évoquées dans les sections précé­dentes, les critiques des prati­ciens de sciences dures vis-à-vis du cliché simpliste servant d’ori­flamme au GIEC peuvent être résu­mées ainsi (Poyet P, 2022A191 p. 432) :

Il convient de rappe­ler que le climat est en fait la consé­quence d’une inter­ac­tion incroya­ble­ment complexe de forces massives et diverses, allant des varia­tions de l’in­ten­sité du rayon­ne­ment solaire aux excen­tri­ci­tés de l’or­bite terrestre, à la préces­sion de l’axe et à sa rota­tion, à l’ab­sorp­tion et à la réflexion atmo­sphé­riques, à la convec­tion et à l’ad­vec­tion, à l’ab­sorp­tion de la chaleur par les océans, aux courants de mélange et à la circu­la­tion ther­mo­ha­lineN14, au volca­nisme, et même à la tecto­nique des plaques créant des cein­tures de montagnes influen­çant l’emplacement des mous­sons et la circu­la­tion atmo­sphé­rique mondiale, ainsi qu’à de nombreuses autres forces massives inter­agis­sant entre elles. Les alar­mistes clima­tiques prétendent que l’en­semble de ces forces massives est en quelque sorte insi­gni­fiant par rapport à un chan­ge­ment de seule­ment 0.007 % sur 250 ans dans la concen­tra­tion d’un gaz à l’état de trace dans l’at­mo­sphère terrestre, qui ne repré­sente au total que 0.04 % de l’at­mo­sphère, ce qui est mani­fes­te­ment absurde. Ce gaz est essen­tiel à la vie et, à d’autres moments de l’his­toire de la Terre, sa concen­tra­tion a été jusqu’à dix fois supé­rieure sans aucun effet néfaste. En fait, les périodes de forte concen­tra­tion ont été marquées par une vie végé­tale et animale incroya­ble­ment luxu­riante, vivante et diver­si­fiée, dont les restes de carbone fossi­li­sés ont engen­dré les vastes réserves de pétrole et de gaz dont nous dépen­dons aujourd’­hui pour faire vivre la civi­li­sa­tion humaine.

Vers un « enfer climatique » ?

Source : DALL‑E

Après la publi­ca­tion du rapport AR6N3 du GIEC (2021), l’ancien direc­teur de l’Environmental Assessment Institute de Copenhague, Bjørn Lomborg, souli­gnait dans un tweet, que cela fait cinquante ans que les direc­teurs succes­sifs du Programme Environnement des Nations unies (UNEP, dont dépend le GIEC) nous aver­tissent du « désastre » si l’on ne fait rien. Selon Maurice Strong, en 1972, il nous restait dix ans pour arrê­ter la catas­trophe en mettant fin à la société indus­trielle. En 1982, le nouveau direc­teur de l’UNEP, Frank Bradford Morse, prédi­sait « une catas­trophe envi­ron­ne­men­tale aussi irré­ver­sible qu’un holo­causte nucléaire » vers les années 2000. En 1989, nous devions stop­per le chan­ge­ment clima­tique en 1999 avant qu’il n’échappe à notre contrôle. En 2007, Rajendra Pachauri, président du GIEC, disait : « Si l’on n’agit pas avant 2012, il sera trop tard… » etc.

En 2011, l’UNEP prédi­sait « 50 millions de réfu­giés clima­tiques » en 2020 (Zeitvogel K, 2011A276). La même prédic­tion avait été faite par l’UNEP en 2005 pour 2010…

Le mythe de l’exode immi­nent de réfu­giés clima­tiques est pério­di­que­ment recy­clé sans qu’un esprit fâcheux n’ose rele­ver que l’oracle précé­dent ne s’est pas concré­tisé (Boas I et al., 2019A23 p. 903) :

Au lieu de lais­ser la poli­tique dicter les prio­ri­tés de la science, ce qui a pour effet de perpé­tuer de fausses affir­ma­tions sur les migra­tions induites par le climat, le proces­sus de réflexion scien­ti­fique doit permettre à une recherche minu­tieuse et critique de données probantes de signa­ler les prin­ci­paux défis à relever.

Parmi les nombreux points abor­dés dans l’ar­ticle The Frozen Climate Views of the IPCC (Les opinions figées du GIEC sur le climat) (Crok M & A May eds., 2023A43) figure l’ab­sence de mention d’un docu­ment inti­tulé « La pros­pé­rité au 21e siècle : Accroître le déve­lop­pe­ment, réduire les inéga­li­tés, l’im­pact du chan­ge­ment clima­tique » (2020A135), dont une section traite des décès liés au climat. L’auteur de cet article est le sus-nommé Bjørn Lomborg, fonda­teur du Copenhagen Consensus Center. Les rédac­teurs (Crok M & A May eds., 2023A43 p. 164–167) présentent le travail de Lomborg comme une réponse à l’an­nonce (préci­tée) du Secrétaire géné­ral de l’ONU, Antonio Guterres, d’un « enfer clima­tique » qui nous attend au virage…

Figure 17 de Bjørn Lomborg (2020A135). Décès liés au climat et non liés au climat et risques de décès liés aux catastrophes 1920-2018, en moyenne sur plusieurs décennies. Les données proviennent d'EM-DATN51 (2019), utilisant les inondations, les sécheresses, les tempêtes, les incendies de forêt et les températures extrêmes pour les décès liés au climat, et les tremblements de terre, les tsunamis et les volcans pour les décès non liés au climat. Moyenne par décennie 1920-29, 1930-39 jusqu'à 2010-2018, les données étant représentées au point médian (1924.5, 1934.5, la dernière décennie incomplète étant 2014). Par exemple, le tsunami de 2004, qui a tué 227 000 personnes, apparaît comme 22 700 personnes chaque année pour la période 2000-2009. Cependant, le tsunami n'a contribué "qu'à" environ la moitié de tous les décès non liés au climat dans les années 2000, soit 454 000, ce qui fait que les décès annuels non liés au climat pour les années 2000 s'élèvent à 45 400. Données démographiques tirées de (OurWorldInData, 2019).

Marcel Crok, Andy May et leurs collègues rédac­teurs citent l’unique mention posi­tive de ce sujet dans le rapport AR6 (2021N3) du GIEC :

Cependant, la bonne nouvelle s’est glis­sée dans le rapport, à la page 2435 (sur 3068 !) le GIEC mentionne un article de Formetta et Feyen qui a le titre révé­la­teur Empirical evidence of decli­ning global vulne­ra­bi­lity to climate-related hazards [Preuves empi­riques de la dimi­nu­tion de la vulné­ra­bi­lité mondiale aux risques liés au climat] (en gras de ma main) :

« Formetta et Feyen (2019A69) démontrent une baisse de la morta­lité mondiale toutes causes confon­dues et des pertes écolo­giques dues aux événe­ments météo­ro­lo­giques extrêmes au cours des quatre dernières décen­nies, avec les réduc­tions les plus impor­tantes dans les pays à faible revenu, et avec des réduc­tions corré­lées à la richesse. »

La recherche pour cet article a été finan­cée par la Commission euro­péenne, et provient donc d’une source irréprochable.

Ceci pour déplo­rer la non-prise en compte des données EM-DATN51 (Crok M & A May eds., 2023A43 p. 167) :

Une fois de plus donc, le GIEC ignore un docu­ment clé (de Bjørn Lomborg dans ce cas), qui présente de très bonnes nouvelles quant à la dimi­nu­tion de l’im­pact des condi­tions météo­ro­lo­giques extrêmes sur l’homme. Il n’évoque pas ces bonnes nouvelles, que ce soit dans le rapport complet, ni dans le résumé à l’in­ten­tion des déci­deurs poli­tiques. Il s’en­suit que les déci­deurs poli­tiques ont une image trop néga­tive du chan­ge­ment clima­tique et de son impact sur l’Homme. Il n’y a aucune excuse à cela. Le GIEC est au courant de l’exis­tence de la base de données EM-DAT, et Bjørn Lomborg en est l’un des spécia­listes.

En exami­nant les pertes dues aux catas­trophes et les décès liés au climat, le GIEC aurait pu simple­ment réité­rer ses conclu­sions du rapport AR5 WG2 (chapitre 10, résumé exécu­tif) (en gras de ma main) :

« Pour la plupart des secteurs écono­miques, l’im­pact du chan­ge­ment clima­tique sera faible par rapport aux impacts d’autres facteurs (preuves moyennes, accord élevé). Les chan­ge­ments dans la popu­la­tion, l’âge, le revenu, la tech­no­lo­gie, les prix rela­tifs, le mode de vie, la régle­men­ta­tion, la gouver­nance et de nombreux autres aspects du déve­lop­pe­ment socio-économique auront un impact sur l’offre et la demande de biens et services écono­miques qui est impor­tant en compa­rai­son à celui du chan­ge­ment clima­tique. {10.10} »

En réalité, les décès liés au climat sont pour la plupart ceux de personnes mortes de froid, la surmor­ta­lité hiver­nale étant même extrê­me­ment sensible dans les pays riches et aggra­vée par l’aug­men­ta­tion du coût de l’éner­gie. Chiffres à l’ap­pui, Allan MR MacRae écrit (2019A142) :

C’est le froid, et non la chaleur, qui est de loin le plus grand tueur de l’hu­ma­nité. Aujourd’hui, le temps frais ou froid tue envi­ron 20 fois plus de personnes que le temps chaud ou tiède. La surmor­ta­lité hiver­nale, défi­nie comme le nombre de décès au cours des quatre mois d’hi­ver par rapport aux mois non hiver­naux équi­va­lents, s’élève à plus de deux millions d’âmes par an, aussi bien dans les climats froids que dans les climats chauds. La Terre est plus froide que l’op­ti­mum pour l’hu­ma­nité, et le réchauf­fe­ment clima­tique modéré actuel­le­ment observé allonge la durée de vie.

Camilo Mora et ses collègues (2017A159) avaient fait grand cas de 783 décès surve­nus pendant de fortes chaleurs, ajou­tant que : « Les vagues de chaleur mortelles sont souvent mention­nées comme l’une des prin­ci­pales consé­quences du chan­ge­ment clima­tique en cours, les rapports citant géné­ra­le­ment des événe­ments majeurs passés tels que Chicago en 1995, Paris en 2003 ou Moscou en 2010. » Patrice Poyet signale qu’il a été prouvé que toutes les cani­cules ici mention­nées n’avaient aucun rapport avec le réchauf­fe­ment clima­tique. Il ajoute (Poyet P, 2022A191 p. 428) :

Les jour­na­listes endoc­tri­nés et les grands médias parti­sans portent une sinistre respon­sa­bi­lité dans les opéra­tions de désin­for­ma­tion du public. Ils ignorent les preuves four­nies par une étude [Gasparrini A et al, 2015A74] portant sur 74 millions de décès dans treize pays chauds et froids, dont la Thaïlande et le Brésil, ainsi que par des études menées au Royaume-Uni, en Europe, aux États-Unis, en Australie et au Canada, et accordent un inté­rêt immé­diat, concerté et dispro­por­tionné à une étude douteuse [Mora C et al., 2017A159] basée sur 783 cas, formu­lant des prévi­sions sans fonde­ment pour l’an 2100.

Contrairement à la croyance popu­laire, la Terre est plus froide que l’op­ti­mum pour la survie de l’homme, nous sommes à l’ori­gine une espèce tropi­cale peu adap­tée au froid intense. Un monde plus chaud, tel qu’on l’a connu pendant la période chaude romaine et la période chaude médié­vale, réduit la morta­lité hiver­nale, tandis qu’un monde plus froid, tel que le petit âge glaciaire, l’aug­mente. Ces conclu­sions sont connues depuis plusieurs décen­nies, sur la base des statis­tiques natio­nales de morta­lité, mais les jour­na­leux finissent par dire le contraire de la vérité la plus flagrante.

La Société de géogra­phie a relayé un commu­ni­qué faisant l’écho d’un rapport du Lancet (Watts N et al., 2020A268) selon lequel « les décès liés à la chaleur chez les plus de 65 ans ont augmenté de 54 % lors des deux dernières décen­nies, pour atteindre près de 300 000 morts en 2018 » (Société de géogra­phie, 2010A231). Dans leur commu­ni­qué, les climato-réalistes rappe­laient que cinq ans plus tôt le même Lancet avait publié un article révé­lant que le froid tue vingt fois plus que que le chaud (Gasparrini A et al., 2015A74).

De nouvelles épidémies ?

Source : Wikimedia

Les climato-alarmistes affirment que le « réchauf­fe­ment » clima­tique aura pour effet une exten­sion de l’ha­bi­tat des mous­tiques, trans­met­teurs de mala­dies tropi­cales à des lati­tudes et alti­tudes de plus en plus élevées.

Paul Reiter, profes­seur d’en­to­mo­lo­gie médi­cale à l’Institut Pasteur, spécia­lisé dans l’épi­dé­mio­lo­gie et le contrôle de mala­dies trans­mises par les mous­tiques (palu­disme, dengue, etc.), a signalé que ces affir­ma­tions n’avaient aucune base scien­ti­fique (Durkin M, 2007A55 55:02). Participant à un groupe de travail du GIEC, il s’est trouvé en total désac­cord avec les conclu­sions du Second Assessment Report, chapitre 18 (Reiter P, 2005A196) :

Le texte très amateur de ce chapitre reflé­tait les connais­sances limi­tées des 22 auteurs. L’accent était mis sur les « chan­ge­ments dans l’aire de répar­ti­tion géogra­phique (lati­tude et alti­tude) et l’in­ci­dence (inten­sité et saison­na­lité) de nombreuses mala­dies à trans­mis­sion vecto­rielle » tels qu’ils sont « prédits » par les modèles infor­ma­tiques. Ces modèles ont fait l’ob­jet d’une large couver­ture, bien qu’ils soient tous basés sur un modèle très simpliste déve­loppé à l’ori­gine pour aider les campagnes de lutte contre le palu­disme. Les auteurs ont reconnu que les modèles ne prenaient pas en compte « l’in­fluence des circons­tances démo­gra­phiques, socio-économiques et tech­niques locales ».

Il préci­sait par ailleurs (Reiter P, 2005A196) :

[…] le palu­disme était ce que nous appel­le­rions aujourd’­hui un « grave problème de santé publique » dans de nombreuses régions des îles britan­niques, et il était endé­mique, parfois courant dans toute l’Europe jusqu’à la Baltique et au nord de la Russie. Il a commencé à dispa­raître de nombreuses régions d’Europe, du Canada et des États-Unis à la suite de multiples chan­ge­ments dans l’agri­cul­ture et le mode de vie qui ont affecté la repro­duc­tion du mous­tique et son contact avec l’homme, mais il a persisté dans les régions moins déve­lop­pées jusqu’au milieu du 20e siècle. En fait, l’épi­dé­mie la plus catas­tro­phique jamais enre­gis­trée dans le monde s’est produite en Union sovié­tique dans les années 1920, avec un pic d’in­ci­dence de 13 millions de cas par an et 600 000 décès. La trans­mis­sion était élevée dans de nombreuses régions de Sibérie, et l’on a recensé 30 000 cas et 10 000 décès dus à une infec­tion à falci­pa­rum (le para­site le plus mortel du palu­disme) à Archangel, près du cercle arctique. Le palu­disme a persisté dans de nombreuses régions d’Europe jusqu’à l’avè­ne­ment du DDT. L’un des derniers pays impa­lu­dés d’Europe était la Hollande : l’OMS l’a fina­le­ment décla­rée exempte de palu­disme en 1970.

J’espère avoir réussi à vous convaincre que le palu­disme n’est pas une mala­die exclu­si­ve­ment tropi­cale, et qu’il n’est pas limité par les hivers froids ! De plus, bien que la tempé­ra­ture soit un facteur de trans­mis­sion (le para­site ne peut se déve­lop­per dans le mous­tique que si les tempé­ra­tures sont supé­rieures à envi­ron 15ºC), de nombreux autres facteurs — dont la plupart ne sont pas asso­ciés au temps ou au climat — jouent un rôle beau­coup plus impor­tant. L’interaction de ces facteurs est complexe et défie toute analyse simple. Comme l’a dit un éminent mala­rio­logue : « Tout ce qui concerne le palu­disme est telle­ment modelé et modi­fié par les condi­tions locales qu’il devient un millier de mala­dies et de puzzles épidé­mio­lo­giques diffé­rents. Comme les échecs, il se joue avec peu de pièces, mais est capable d’une variété infi­nie de situa­tions ». […] Il en va de même pour toutes les mala­dies trans­mises par les moustiques.

Après sa démis­sion du comité, Paul Reiter a constaté que son nom figu­rait sur la liste des contri­bu­teurs au rapport final, dont 15 contri­bu­tions scien­ti­fiques avaient été déli­bé­ré­ment suppri­mées. Il a eu dû bran­dir la menace d’une action en justice pour obte­nir l’ef­fa­ce­ment de son nom (Durkin M, 2007A55 58:30).

Les effets, jamais les causes

Le message catas­tro­phique sur le climat — omni­pré­sent sur les médias et dans les programmes poli­tiques — s’est foca­lisé sur les effets du réchauf­fe­ment clima­tique. La quan­ti­fi­ca­tion de ce réchauf­fe­ment et sa cause anthro­pique (gaz à effet de serre) sont tenues pour acquises, puisque prou­vées dans les rapports du GIEC. Tout ques­tion­ne­ment à ce sujet désigne « l’empêcheur de chauf­fer en rond » comme un climato-négationniste (complo­tiste).

Reçu par le président Joe Biden, Steven Koonin — sous-secrétaire aux sciences du dépar­te­ment améri­cain de l’Énergie dans le gouver­ne­ment de Barack Obama — s’est vu quali­fier de porteur d’un « discours de droite »

En France, le décès d’Emmanuel Le Roy Ladurie (22 novembre 2023) a été l’oc­ca­sion de célé­brer avec justesse un « précur­seur de l’his­toire du climat ». Mais aussi, dans la foulée, de citer hors-contexte une phrase qui le mettait au diapa­son des climato-alarmistes (Reporterre, 2023A197) :

Dans les dernières années de sa vie, il aler­tait sur les consé­quences du chan­ge­ment clima­tique : « Le réchauf­fe­ment va s’accompagner, en diverses régions de la planète, de guerres, de troubles sociaux éven­tuel­le­ment graves, voire révo­lu­tion­naires », affirmait-il au MondeA128.

Dans cet article du Monde datant de 12 ans plus tôt, Le Roy Ladurie tenait un discours plus circons­tan­cié. Et surtout, la cita­tion mise en exergue par Reporterre n’est pas repré­sen­ta­tive de ses travaux… S’exprimant « au nom de l’homme de la rue, dès lors qu’il dispose d’un mini­mum de culture écolo­gique », il avait repris à son compte les conclu­sions du GIEC telles qu’a­na­ly­sées par « l’ex­cel­lente jour­na­liste qu’est Lise Barnéoud ». Il écri­vait par ailleurs (Le Roy Ladurie, 2011A128) :

L’auteur du présent article [LRL] n’est pas un scien­ti­fique à part entière, simple­ment un histo­rien du climat qui s’ef­force depuis très long­temps de se tenir au courant du dossier présenté par les hommes de science. Ce dossier, tout bien réflé­chi, lui paraît crédible. […]

Et d’abord une impres­sion que je partage avec l’his­to­rien améri­cain Geoffrey Parker : le réchauf­fe­ment va s’ac­com­pa­gner, en diverses régions de la planète, de guerres, de troubles sociaux éven­tuel­le­ment graves, voire révo­lu­tion­naires.

C’est du reste la conclu­sion à laquelle était parvenu préci­sé­ment le profes­seur Geoffrey Parker pour une tout autre période, celle du petit âge glaciaire, notam­ment le XVIIe siècle et plus préci­sé­ment les années 1640. Geoffrey Parker (American Historical Review, 2008) s’était placé réso­lu­ment à l’échelle mondiale, c’est ce qu’on appelle “big history” aux Etats-Unis. […]

L’accumulation du chaud au cours du XXIe siècle, voire du XXIIe, jouera-t-elle un rôle analogue à ce que fut l’ac­cu­mu­la­tion du froid lors du siècle de Louis XIV et de tant d’autres monarques eurasia­tiques en termes de catas­trophes doré­na­vant plus fréquentes ?

Autrement dit, par un retour­ne­ment du fait histo­rique — la corré­la­tion entre les périodes froides, comme le petit âge glaciaire, et des diffi­cul­tés écono­miques entraî­nant de graves troubles sociaux — Le Roy Ladurie a suggéré que la cause inverse (un réchauf­fe­ment) pour­rait produire les mêmes effets… Toutefois, cette extra­po­la­tion était nour­rie par une adhé­sion incon­di­tion­nelle, en toute modes­tie de cet histo­rien, aux prédic­tions alar­mistes des modèles mathé­ma­tiques du GIEC (Le Roy Ladurie, 2011A128) :

[…] une hausse probable ou possible des tempé­ra­tures de 1 à 3°C pour les années 2050 […] sur la base d’un prolon­ge­ment des courbes ther­miques actuelles et d’une appré­cia­tion des consi­dé­rables volumes de gaz à effet de serre qui seront injec­tés dans notre atmosphère […]

Discours d’une jeune femme tuva­luane lors d’une mani­fes­ta­tion contre le réchauf­fe­ment clima­tique (Melbourne, 2009). Source : Wikipedia

Un autre exemple de foca­li­sa­tion sur les effets du chan­ge­ment clima­tique, sans remise en ques­tion de ses causes ni de sa quan­ti­fi­ca­tion, est celui de l’ar­chi­pel poly­né­sien de Tuvalu. Un repor­tage « vu à la télé » (sur Arte) en octobre 2023 annon­çait la dispa­ri­tion immi­nente de ces îles sous l’ef­fet de la montée du niveau de l’océan causée par le réchauf­fe­ment clima­tique, autre­ment dit l’ac­ti­vité humaine.

Ce dossier a été présenté avec plus de prudence sur Wikipedia (2023A273) :

Ce phéno­mène est lié au cumul de plusieurs facteurs. Ainsi, l’éro­sion côtière, aggra­vée par les acti­vi­tés humaines, affecte le niveau des eaux. Le facteur domi­nant est la hausse rapide du niveau de l’océan dans le Pacifique Ouest. Ce phéno­mène d’élé­va­tion du niveau de la mer, est aggravé loca­le­ment par le phéno­mène ENSON16. En effet, le bascu­le­ment de l’os­cil­la­tion paci­fique décen­nale en phase néga­tive et la plus grande fréquence des phases néga­tives de l’ENSO conduisent à la dila­ta­tion du Pacifique Ouest et à la contrac­tion du Pacifique Est. Pour Tuvalu en parti­cu­lier, le rythme de la hausse rela­tive approche les 2 milli­mètres ± 1 mm/an, hors l’ef­fet d’éro­sion et de subsidience.

Toutes ces obser­va­tions sont en accord avec ce qui a été exposé plus haut. Rappelons que la subsi­dienceN39 est un abais­se­ment de la surface de la croûte terrestre, qui n’a donc rien à voir avec une montée des eaux, a fortiori sans lien avec le réchauf­fe­ment clima­tique.

La suite sur Wikipedia (2023A273) :

Les Tuvaluans s’inquiètent de la possible submer­sion des îles. Un nombre crois­sant d’entre eux a quitté l’ar­chi­pel. En 2002, le premier ministre d’alors, Koloa Talake, annonça son inten­tion d’ame­ner les États-Unis et l’Australie devant la Cour inter­na­tio­nale de justice de La Haye du fait de leurs émis­sions dispro­por­tion­nées de dioxyde de carbone. […]

Bien qu’at­ti­rer l’at­ten­tion sur les effets du chan­ge­ment clima­tique ait permis d’ap­por­ter une certaine visi­bi­lité inter­na­tio­nale aux problèmes des îles, d’autres facteurs doivent être pris en compte, dont l’explosion démo­gra­phique sur une île aux ressources limi­tées, source de dégâts envi­ron­ne­men­taux. Depuis 1980, la popu­la­tion de Funafuti a plus que doublé, passant de 2000 à 4500, soit près de la moitié de la popu­la­tion des Tuvalu. Une autre cause majeure de l’en­glou­tis­se­ment de l’île et de la sali­ni­sa­tion de ses sources d’eau douce est l’ins­tal­la­tion d’un aéro­port (construit par les Américains pendant la Seconde Guerre mondiale), qui a mis une part notable de l’île à quelques centi­mètres du niveau de la mer, causant des dégâts notables à la base coral­lienne de l’île. Toutefois, il paraît indé­niable que le chan­ge­ment clima­tique pour­rait accen­tuer ce phénomène.

La dernière phrase — malgré la modé­ra­tion du « paraît » et du « pour­rait » — résume l’ar­gu­men­taire des diri­geants qui ont obtenu de l’Australie l’au­to­ri­sa­tion « en réponse au réchauf­fe­ment clima­tique […] à tout citoyen tuva­luan d’émi­grer en Australie et d’y béné­fi­cier plei­ne­ment de droits sociaux, avec un quota de 280 migrants par an ». Autrement dit, l’Australie, tenue pour respon­sable du réchauf­fe­ment clima­tique en raison de ses acti­vi­tés minières produc­trices de CO2, devrait main­te­nant se rache­ter en accueillant les réfu­giés clima­tiques de Tuvalu…

Ce n’est pas tout (Wikipedia, 2023A273) :

Le 15 novembre 2022, dans le cadre de la COP27 orga­ni­sée en Égypte à Charm El-Cheikh, Simon Kofe [ministre des affaires étran­gères aux Tuvalu] s’adresse à nouveau aux diri­geants de la planète, et à travers eux à l’en­semble de la popu­la­tion mondiale, pour leur enjoindre d’agir rapi­de­ment pour enrayer les effets dévas­ta­teurs du réchauf­fe­ment clima­tique sur son pays et l’en­semble de la planète. Son discours est enre­gis­tré sur un îlot de l’ar­chi­pel et égale­ment diffusé sur son compte YouTube. Il y évoque la possi­bi­lité que son pays soit le premier état au monde à dispa­raître tota­le­ment dans un avenir proche et n’existe plus que dans le méta­versN57. Parallèlement, le gouver­ne­ment de l’ar­chi­pel a mis un site en ligne préfi­gu­rant ce que serait alors « Tuvalu, la première nation numé­rique » […]

Le projet de « numé­ri­ser » un pays prochai­ne­ment englouti par les eaux, suite à l’im­pru­dence et à la corrup­tion des hommes, peut être entendu comme le recy­clage moderne de mythes véhi­cu­lés par des récits anciens comme La légende d’Ys !

Les effets, jamais les causes. Le CNRS s’est clai­re­ment posi­tionné dans cette mouvance en attri­buant trois médailles (de bronze, d’argent puis d’or) à une cher­cheuse en écolo­gie fonc­tion­nelle, Sandra Lavorel, pour des travaux qui portaient sur les effets du chan­ge­ment clima­tique sur les services liés aux écosys­tèmes. « Quatre scéna­rios couplés climatiques/socio-économiques à l’ho­ri­zon 2030 ont été envi­sa­gés » (Lamarque P et al., 2014A125 p. 13755).

Aucune hypo­thèse n’était avan­cée sur les causes des chan­ge­ments clima­tiques. Malgré cela, la présen­ta­tion média­tique de ces travaux (en octobre 2023) a prin­ci­pa­le­ment servi de prétexte à un rappel de l’ur­gence de dimi­nuer la produc­tion de gaz à effet de serre.

Le problème soulevé ici n’est pas la qualité, ni la portée, de travaux juste­ment récom­pen­sés — bravo à la lauréate ! — mais l’usage qu’en font les médias pour légi­ti­mer « scien­ti­fi­que­ment » le discours sur la décar­bo­na­tion.

Le « package écologiste »

Dans son ouvrage Mythes et légendes écolo­gistes, Benoît Rittaud écrit sous le titre « Tout est lié » (2023bA205 p. 119) :

Chaque domaine se doit aujourd’­hui de s’ac­cro­cher à la crise clima­tique, la plus glorieuse de toutes, celle par qui n’ar­ri­vera rien de moins que la fin du monde. De la crise des migrants à la guerre en Syrie, tout se relie donc à un moment ou à un autre au « dérè­gle­ment clima­tique », qui consti­tue, dans la mytho­lo­gie contem­po­raine, la crise-racine de laquelle partent toutes les autres. […]

Le « tout est lié » ne permet pas seule­ment de coller à bon compte l’éti­quette de carté­sien borné sur le front de quel­qu’un qui doute de tel ou tel lien impro­bable. Dans sa version moderne de théo­rème éthique, il permet aussi de faire du mécréant un suppôt du Mal, selon une logique éprou­vée : vous ne croyez pas que le réchauf­fe­ment cause l’obé­sité des chevaux, c’est donc que vous êtes indif­fé­rent à la santé de ces pauvres bêtes. Remplacez l’obé­sité des chevaux par les inéga­li­tés sociales ou la préca­rité et vous obte­nez un raison­ne­ment tout aussi faux mais qui fera son effet, selon la même non-logique qui voit dans chaque adver­saire de la peine de mort un parti­san des assassins.

Lors d’un débat sur la chaîne Arte (28 minutes le 27/11/2023), les invi­tés ont dressé la liste de mesures envi­ron­ne­men­tales combat­tues par les parle­men­taires euro­péens d’ex­trême droite : inter­dic­tion du glypho­sate et des pesti­cides, limi­ta­tion des déchets plas­tiques, lutte contre la pollu­tion de l’air, etc.

La liste était perti­nente — et l’in­di­gna­tion légi­time, vue l’op­po­si­tion systé­ma­tique de ces poli­ti­ciens à toute propo­si­tion émanant des « écolo­gistes ». Sauf que ces votes défa­vo­rables étaient présen­tés comme autant de renon­ce­ments au pacte vert pour l’Europe (Green Deal) dont l’ob­jec­tif est la neutra­lité carbone en 2050 (WikipédiaN58). Aucun inter­ve­nant n’a fait mention d’opi­nions contra­dic­toires sur les causes du chan­ge­ment clima­tique — que le Green Deal est présumé combattre. L’intervenant affi­ché comme favo­rable à l’ex­trême droite a même pris soin de rappe­ler que la « lutte pour le climat » était incon­tour­nable. Personne n’a relevé la contra­dic­tion d’une telle posi­tion, ni l’ab­sence de lien entre les mesures reje­tées et le pacte vert européen.

Le « tout est lié » impli­cite dans ce débat permet de comprendre que le climato-réalisme, aux yeux des médias « domi­nants », est quasi­ment toujours amal­gamé avec l’ex­trême droite — ce qui inclut le complo­tisme, les anti­vax, le trum­pisme, etc. Alors que, nous venons de le voir, un mili­tant déclaré « d’ex­trême droite » peut à la fois combattre « les écolo­gistes » et tenir un discours climato-alarmiste.

La croyance « le CO2 anthro­pique est respon­sable du réchauf­fe­ment » est une posi­tion quasi-religieuse moderne, que personne n’ose remettre en ques­tion, de la même manière que dans l’Europe d’il y a quelques siècles l’exis­tence de Dieu était un fait établi. Les discus­sions pouvaient porter sur le sexe des anges ou d’autres ques­tions méta­phy­siques, mais jamais émettre le moindre doute sur les dogmes fonda­teurs. Les déviants risquaient trop le bûcher… Les « clima­tos­cep­tiques » d’au­jourd’­hui sont certes moins mena­cés, mais leur parcours profes­sion­nel est souvent compro­mis, comme nous allons le voir.

Disqualification du scepticisme et loi du silence

Source : DALL‑E

Lors d’une confé­rence à l’American Geophysical Union à San Francisco, en 2008, Al Gore a terminé son discours en disant : « Vous avez le devoir de réduire au silence ceux qui s’op­posent aux avis du GIEC ! » (Allègre C, 2010A9 p. 140). Effectivement, le GIEC et les groupes « clima­ti­que­ment corrects » ont progres­si­ve­ment investi les jour­naux scien­ti­fiques et « cade­nassé » le système, comme l’a révélé le pira­tage infor­ma­tique de cour­riels de la Climatic Research Unit au Royaume-Uni (scan­dale du ClimategateN36).

À noter que mon lien « Climategate » renvoie vers un site conser­va­teur nord-américain pour parta­ger certains détails mino­rés ou recy­clés par les sites fran­co­phones sous l’emballage « théo­rie du complot »… J’invite donc à une lecture critique atten­tive des faits signa­lés. Lire notam­ment Climategate : A Battlefield Perspective (McIntyre S, 2010A154).

La revue Climate Research a été boycot­tée pour avoir publié, en 2003, un article criti­quant le graphique en crosse de hockeyN18 de Michael E Mann. Le boycott a duré jusqu’à ce que l’édi­teur « coupable » [Hans von Storch] ait démis­sionné. Mann et Jones sont à l’ori­gine de cette action concer­tée (Allègre C, 2010A9 p. 142). Lire plus de détails (avec un œil critique) sur Wikipedia.

Patrice Poyet a écrit (2022A191 p. 512) :

Jusqu’en 2007, une certaine forme d’op­po­si­tion pouvait encore exis­ter et se faire entendre. À l’époque, la Conférence des Nations Unies sur le Climat, qui s’est tenue à Bali, a rencon­tré une forte oppo­si­tion de la part d’une équipe de plus de 100 éminents scien­ti­fiques inter­na­tio­naux [à présent 1000, voir Climate Depot, 2010A162] qui ont averti les Nations Unies que toute tenta­tive de contrôle du climat de la Terre était vaine en fin de compte. « Les tenta­tives visant à empê­cher le chan­ge­ment clima­tique mondial de se produire sont en réalité futiles et consti­tuent une réaf­fec­ta­tion inadé­quate de ressources qui seraient mieux utili­sées pour résoudre les problèmes réels et urgents de l’hu­ma­nité », peut-on lire dans la lettre signée par les scien­ti­fiques. Le secré­taire géné­ral de l’ONU, Ban Ki Moon, n’a pas répondu à ces scien­ti­fiques et n’a rencon­tré aucun d’entre eux, mais il a affirmé que « le réchauf­fe­ment clima­tique consti­tue une menace aussi grande pour le monde que les guerres modernes », et il s’est engagé à faire de la réduc­tion des gaz à effet de serre (GES) l’une des grandes prio­ri­tés de son mandat. Le surnom de Ban était jusa (주사), qui signi­fie « l’employé admi­nis­tra­tif », proba­ble­ment mérité car, sans forma­tion scien­ti­fique ni désir d’écou­ter un autre point de vue, il a pris parti et s’est engagé à faire avan­cer l’agenda du GIEC.

L’époque où une certaine oppo­si­tion pouvait être expri­mée est malheu­reu­se­ment révo­lue (Morano, 2010A162) et il est de plus en plus diffi­cile pour les personnes dissi­dentes d’exis­ter car elles ont été discré­di­tées, mena­cées, licen­ciées ou réduites au silence. En tout état de cause, il ne faut pas s’at­tendre à ce que l’ONU accepte une respon­sa­bi­lité future dans les résul­tats désas­treux des poli­tiques de lutte contre le chan­ge­ment clima­tique ; par exemple, lors­qu’un procès a remis en cause l’im­mu­nité juri­dique de l’ONU au nom des victimes haïtiennes du choléra (les gardiens de la paix de l’ONU venus du Népal seraient à l’ori­gine de l’épi­dé­mie de choléra en Haïti entre 2010 et 2013), Ban Ki-Moon a déclaré que l’im­mu­nité juri­dique de l’ONU devant les tribu­naux natio­naux devait être préservée.

Dans son article Climate of Fear (Climat de peur), Richard Lindzen expli­quait pour­quoi « personne ne bouge » face aux agis­se­ments de ceux qui réservent les moyens de recherche aux tenants des thèses du GIEC (2006A131) :

Les décla­ra­tions scien­ti­fiques ambi­guës sur le climat sont ampli­fiées par ceux qui ont tout inté­rêt à alar­mer, ce qui augmente les enjeux poli­tiques pour les déci­deurs poli­tiques qui financent davan­tage de recherches scien­ti­fiques afin d’ali­men­ter davan­tage d’alarmes pour augmen­ter les enjeux poli­tiques. Après tout, qui inves­tit dans la science — qu’il s’agisse du sida, de l’es­pace ou du climat — lors­qu’il n’y a rien de vrai­ment alarmant ?

En 2001, Richard Lindzen a été dési­gné par le gouver­ne­ment améri­cain pour parti­ci­per au GIEC, chargé de coor­don­ner le rapport scien­ti­fique sur les proces­sus physiques. Claude Allègre dit de lui (2010A9 p. 204–205) :

Je vous ai dit qu’en 1999 Michael Mann avait publié son histo­rique courbe de tempé­ra­ture de la planète, la fameuse « crosse de hockeyN18 ». Or, dans une autre section du GIEC, on prend cette courbe à la lettre, on la tient pour une évidence, et, bien sûr, on tient Lindzen à l’écart de cette prise de posi­tion capi­tale. Du coup, le rapport de 2001 va être, para­doxa­le­ment, le rapport le plus alar­miste jamais publié. S’appuyant sur une courbe de Mann litté­ra­le­ment sacra­li­sée, le GIEC annonce — froi­de­ment, si j’ose dire — qu’en l’an 2100 les tempé­ra­tures du globe pour­raient s’éle­ver de +6°C et le niveau de la mer monter de deux mètres. Et le GIEC d’égre­ner la liste des catas­trophes affé­rentes… […] Lindzen, lui, révèle qu’il a été tenu à l’écart de la rédac­tion et que le rapport de synthèse a été rédigé par quatorze personnes péremp­toires. […]

Bush refuse de signer le proto­cole de Kyoto, et sa secré­taire d’État, Condolezza Rice, fait une sèche décla­ra­tion : « Kyoto est mort. » Conséquence : les oppo­sants à Bush, de plus en plus nombreux, vont iden­ti­fier les oppo­sants à l’alar­misme clima­tique ambiant à des pro-Bush. La science est désor­mais tota­le­ment liée à la poli­tique. Ceux qui sont scep­tiques à la lecture du rapport du GIEC sont, dit-on, des réac­tion­naires, des suppôts de Bush, liés sans doute au lobby du pétrole. Bien des scien­ti­fiques de talent qui sont réser­vés sur les posi­tions du GIEC se taisent, car ils sont démo­crates, ils détestent Bush et ne veulent pas appor­ter de l’eau à son moulin. Le GIEC, lui, est présenté comme le symbole d’un huma­nisme respon­sable. Or le pauvre Lindzen a le malheur d’être répu­bli­cain. Al Gore a donc beau jeu de rassem­bler autour de lui tous les démocrates.

Après Kyoto, au Royaume-Uni, le travailliste Tony Blair, poussé par son conseiller scien­ti­fique David Anthony King, ami de John Houghton, est devenu la « loco­mo­tive du clan des alar­mistes ». Le Hadley Centre est promu au rôle de collec­teur de données sur la tempé­ra­ture. Toutefois, David King, qui avait déclaré dans la revue Science que « le réchauf­fe­ment de la planète est le problème le plus grave auquel nous sommes aujourd’hui confron­tés, plus grave encore que la menace terro­riste » (2004A109), puis que la tempé­ra­ture en Europe pour­rait bais­ser de 10°C du fait de l’ar­rêt du Gulf Stream, a tenté sans succès de conver­tir les scien­ti­fiques russes à cette vision apoca­lyp­tique (Allègre C, 2010A9 p. 203, 206).

En France, les vagues d’op­po­si­tion au « clima­tos­cep­ti­cisme » de cher­cheurs de sciences dures émet­tant des hypo­thèses expli­ca­tives du chan­ge­ment clima­tique, autres que l’in­fluence directe et exclu­sive de l’ac­ti­vité humaine, ont été média­ti­sées dans la deuxième décen­nie du 21e siècle. Faute de pouvoir débattre sur le contenu de leurs publi­ca­tions, des fact-checkers (pour beau­coup scien­ti­fi­que­ment incultes) accusent les géophy­si­ciens, géochi­mistes, etc., de s’ex­pri­mer « hors de leur domaine de compé­tence ». Les réseaux sociaux, quant à eux, diffusent des expo­sés « à voca­tion péda­go­gique », sur des chaînes vidéo, qui inten­si­fient cette campagne de déni­gre­ment. Dans une analyse qui reste d’ac­tua­lité, Claude Allègre déplo­rait (2010A9 p. 252) :

Il y a eu des déra­pages, mélange entre poli­tique et science, mélange entre science et médias. Quelques jour­na­listes se sont pris pour des scien­ti­fiques. Quelques scien­ti­fiques leur ont laissé croire qu’ils l’étaient s’ils leur emboî­taient le pas et les mettaient en vedette.

En 2009, Vincent Courtillot, membre de l’Académie des sciences et direc­teur de l’Institut de physique du globe de Paris, publiait son Nouveau voyage au centre de la Terre (Courtillot V, 2009A42). Il oppo­sait une démarche critique au « consen­sus » postulé par le GIEC (page 76) :

À ce stade, je ne suis pas sûr que nous puis­sions nous permettre d’af­fir­mer qu’il y a un réchauf­fe­ment global d’ori­gine clai­re­ment anthro­pique dans les dernières décen­nies, au regard de ce que nous avons appris (tant bien que mal) au sujet des climats des deux derniers millé­naires par exemple.

Le chapitre 3, inti­tulé Quelle est la tempé­ra­ture moyenne de la surface du globe ? (Courtillot V, 2009A42 p. 55–83) décrit les obser­va­tions de son équipe qui mettent en doute les chiffres « offi­ciels », compi­lés par deux groupes de travail affi­chant de faibles incer­ti­tudes, ce qui susci­tait un doute sur la qualité de leur trai­te­ment. Comment le véri­fier ? Courtillot n’a pas béné­fi­cié d’un accès aux données brutes des stations météo­ro­lo­giques car, lui a répli­qué Philip Douglas Jones (de la Climatic Research Unit en Grande-Bretagne) : « Pour en obte­nir beau­coup, le centre a signé des accords avec les stations disant qu’il ne trans­met­trait pas les données brutes à des tiers. » (Courtillot V, 2009A42 p. 60)

Le motif d’une telle dissi­mu­la­tion laisse rêveur ! Les données ont-elles au moins été archi­vées ? Certains en doutent : […] aujourd’­hui [en 2010], on apprend qu’on a détruit des données sur le climat des vingt dernières années pour ne pas avoir à les commu­ni­quer aux cher­cheurs concur­rents ! […] Une commis­sion d’en­quête a été consti­tuée en Grande-Bretagne et [Phil] Jones a été obligé de démis­sion­ner de son poste (Allègre C, 2010A9 p. 143).

Les hypo­thèses de l’équipe de Vincent Courtillot et Jean-Louis Le Mouël (Ferry L ed., 2011A66 p. 79–87), ainsi que de nombreux autres cher­cheurs dans la commu­nauté scien­ti­fique mondiale, intro­dui­saient dans le modèle du climat les varia­tions d’ac­ti­vité du soleil et la réponse du système atmo­sphé­rique à ces varia­tions (Durkin M, 2007A55 26:26). Elles ont été tour­nées en ridi­cule — et le sont encore, aujourd’­hui, par des béotien·ne·s intronisé·e·s fact checkers à l’AFP (Jacob M & CL Nass, 2022A104) !

Le débat théo­rique est complexe, le plus pratique étant de lire le chapitre 3 du livre de Vincent Courtillot (2009A42) ou de vision­ner les expli­ca­tions de Martin Durkin (2024A56 32:00) sur les travaux de Henrik Svensmark et collègues (2012A243 ; 2021A244).

L’échange de points de vue sur les causes du chan­ge­ment clima­tique — étendu à d’autres ques­tions d’éco­lo­gie — a fait l’ob­jet d’un ouvrage, édité par Luc Ferry, où appa­raissent des person­nages connus de la sphère médiatico-politique fran­çaise : Claude Allègre, Patrick Artus, Jean-Louis Borloo, Yves Cochet, Vincent Courtillot, Jean Jouzel, Jacques Le Cacheux (Ferry L ed., 2011A66). Vincent Courtillot y a rédigé un chapitre inti­tulé « Le rôle du Soleil a été sous-estimé » (2011A66 p. 57–110) suivi de ques­tions et réponses.

Il serait incon­ve­nant de ne pas évoquer la mémoire d’un des pion­niers du mouve­ment « climato-réaliste » en France : le physi­cien Jacques Duran (1942–2018) dont le site Pensée Unique est préservé en archive. Directeur de Recherche de première classe du CNRS jusqu’à sa retraite en 2004, il a été Directeur des Études de l’École Supérieure de Physique et Chimie de Paris (1996–2003) auprès du nobé­lisé Pierre-Gilles de Gennes, et Vice-Président chargé de la recherche de l’Université Pierre et Marie Curie (1986–1992). Pour justi­fier ses prises de parole sous le couvert de l’ano­ny­mat, il écri­vait (Duran J, 2010A53) :

Lorsque j’ai entre­pris la rédac­tion de ce site en 2005–2006, je venais de quit­ter la Direction de l’ESPCI, en même temps que Pierre-Gilles de Gennes, et je ne souhai­tais pas impli­quer de quelque manière que ce soit, ni cette hono­rable insti­tu­tion à laquelle je reste très atta­ché, ni mes anciens collègues, dans une démarche qui m’était, à l’époque, stric­te­ment person­nelle. En ce temps-là, émettre le moindre doute sur le carac­tère anthro­pique du réchauf­fe­ment clima­tique, évoquer le rôle du soleil, des oscil­la­tions océa­niques, etc., vous faisait immé­dia­te­ment vouer aux gémo­nies, et je me sentais bien seul avec Charles Muller du site Climat-Sceptique.

Et plus récemment ?

Benoît Rittaud décrit la campagne de déni­gre­ment qui frappe les scien­ti­fiques osant porter un regard critique sur les affir­ma­tions du GIEC (2022A203) :

En France, Bruno Latour est effi­ca­ce­ment parvenu à étouf­fer toute pensée véri­ta­ble­ment réflexive sur le climat, au profit d’un bréviaire mili­tant qui ne recule pas devant l’ignominie : quelques jours à peine après les atten­tats de novembre 2015, Latour prenait sa plus belle plume pour écrire que l’indignité des climato-sceptiques était équi­va­lente à celle des terro­ristes du Bataclan.

Le cas de Latour est révé­la­teur, car ce socio­logue des sciences avait au départ tout l’outillage intel­lec­tuel pour étudier intel­li­gem­ment la méca­nique à l’œuvre derrière les procla­ma­tions de « consen­sus scien­ti­fique ». Il fut un analyste impi­toyable des récits un peu trop triom­pha­listes sur la marche irré­sis­tible et désin­té­res­sée de la science vers le progrès. Jadis utile poil à grat­ter pour faire descendre les scien­ti­fiques de leur piédes­tal, Latour, et tant d’autres avec lui, a hélas choisi la faci­lité. Son hémi­plé­gie intel­lec­tuelle lui fait désor­mais réser­ver ses flèches aux épou­van­tails commodes que sont « la droite améri­caine » ou les « lobbys du fossile ».

La répres­sion des réfrac­taires au discours offi­ciel affecte en premier leurs carrières. François Gervais écrit (2022A80 p. 39) :

Certains scien­ti­fiques paient un lourd tribut, châtiés qu’ils sont de ne pas adhé­rer à la pensée unique. Les tous derniers résul­tats sur le blan­chi­ment de la barrière de corail, par exemple, montrent que la situa­tion de 2016 était vrai­sem­bla­ble­ment liée au phéno­mène El Niño d’am­pli­tude majeure cette année-là [lien]. La barrière de corail a depuis complè­te­ment récu­péré [lien]. Peter Ridd [lien], spécia­liste de la barrière austra­lienne qui plai­dait pour le phéno­mène natu­rel, a été abusi­ve­ment licen­cié de son Université, et a été contraint de se lancer dans un recours en justice. Nombre d’autres univer­si­taires affi­chant des posi­tions scep­tiques ont été licen­ciés ou réduits au silence.

De nombreux autres exemples d’at­teintes à la liberté acadé­mique sont cités dans les pages suivantes (Gervais F, 2022A80 p. 39–52) :

Les clima­tos­cep­tiques sont quali­fiés de deniers en anglais. Dénier suppose une vérité établie. Mais juste­ment, le Tableau 1.1 [pages 45–49] recense pas moins de 111 articles qui, dans le contexte, ont eu le mérite d’être passés sous les fourches caudines de la revue par les pairs pour conclure à une sensi­bi­lité clima­tiqueN31 égale ou infé­rieure à 1°C. La four­chette dans le dernier rapport AR6 (2021N3) du GIEC a été resser­rée à 1.3–2.1°C, valeurs supé­rieures à 1°C. Les sensi­bi­li­tés clima­tiques à l’équi­libre, équi­libre qui serait peut-être atteint d’ici deux ou trois siècles, sont encore plus élevées.

On reste telle­ment loin d’un consen­sus que le mot perd tout son sens. Il ne saurait donc y avoir déni, encore moins néga­tion­nisme selon le quali­fi­ca­tif d’une rare impu­dence jeté à la face des scep­tiques. L’Holocauste est un fait histo­rique. Les projec­tions de tempé­ra­ture d’ici la fin du siècle se contre­disent. Comment pourrait-on « nier » ou « dénier » ce qui reste trop forte­ment contra­dic­toire, et surtout ce qui n’est pas encore arrivé ?

L’exemple suivant montre le peu de soin apporté par certains experts des groupes de travail du GIEC à l’exa­men scien­ti­fique des données à leur dispo­si­tion. Il s’agit, ni plus ni moins, de fraude scien­ti­fique : la mise à l’écart de publi­ca­tions qui ne contri­buent pas à renfor­cer le discours alar­miste du GIEC (Gervais F, 2022A80 p. 50–51) :

Les 111 études du Tableau 1.1 [pages 45–49, qui concluent à une sensi­bi­lité clima­tiqueN31 égale ou infé­rieure à 1°C] sont à compa­rer à celles listées par Knutti et al. (2017A110) où 47 sensi­bi­li­tés clima­tiques TCR [réponse clima­tique tran­si­toire], ou inter­valles de TCR, sont citées. Parmi celles-ci, une seule conclut à 1°C et une seule autre à moins de 1°C (Ollila 2014A179). 78 ECS (Equilibrium climate sensi­ti­vityN28) ou inter­valles d’ECS sont égale­ment passés en revue. Seulement 7 études rapportent 1°C ou moins […].

Pourquoi un tel tri sélec­tif si diffé­rent du Tableau 1.1 ? Knutti est auteur prin­ci­pal du rapport AR5 du GIEC (2013), de son Résumé pour déci­deurs et du résumé tech­nique. Il est aussi Coordinating lead author du chapitre 12. Son nom appa­raît pas moins de 201 fois dans le rapport AR5, y compris via 75 auto­ci­ta­tions. Ainsi est-on auto­risé à se poser la ques­tion de la poli­ti­sa­tion des rapports, depuis l’AR4, au vu du tri sélec­tif opéré par le GIEC, de l’au­to­ci­ta­tion très exagé­rée, et de l’ex­clu­sion du vaste corpus de travaux revus par les pairs, listés dans le Tableau 1.1.

Citant les travaux de Nicola Scafetta (voir ci-dessus), François Gervais écrit à ce sujet (2022A80 p. 54) :

Loin de l’af­fir­ma­tion d’une science établie, les incer­ti­tudes des modèles de climat appa­raissent gran­dis­santes, attei­gnant 3.8°C d’écart pour les modèles CMIP6 (Scafetta 2021cA215) comparé à 2.7°C pour les modèles CMIP5. Prendre la moyenne de valeurs fausses, sauf peut-être une, en écar­tant d’au­to­rité celles infé­rieures à 1°C du Tableau 1.1, est haute­ment contestable.

Selon Pascal Blamet (2021A22) :

La simu­la­tion numé­rique est […] une disci­pline scien­ti­fique en soi : le domaine confi­den­tiel, hermé­tique (et inexis­tant sur le plan média­tique) des numé­ri­ciens, infime mino­rité de cher­cheurs discrets, et hyper spécia­li­sés, dont l’objectif est d’abord que leur modèle abou­tisse à des résul­tats stables numé­ri­que­ment et plau­sibles physi­que­ment.

Quant à la « commu­nauté scien­ti­fique clima­tique », elle relève pour l’essentiel d’une juxta­po­si­tion de disci­plines distinctes, souvent natu­ra­listes, et atta­chées à des objets spéci­fiques (glacio­lo­gie, océa­no­gra­phie, météo­ro­lo­gie, ther­mo­dy­na­mique, astro­no­mie, hydro­lo­gie, etc.).

Il est frap­pant de noter que ces scien­ti­fiques observent, mesurent (ce qui n’est déjà pas simple) mais, faute de capa­cité d’interprétation globale, se retranchent derrière le préam­bule rituel du GIEC de la « faute au CO2 » et la néces­sité d’en « sauver la planète ».

C’est tout simple­ment oublier que la recherche ne relève pas des bonnes inten­tions, mais d’une démarche intel­lec­tuelle où la liberté, la contro­verse, et surtout la raison critique (exact inverse du complo­tisme) sont bien sûr primor­diales.

En clima­to­lo­gie, sans que cela heurte qui que ce soit, cette dernière a mani­fes­te­ment disparu de la sphère publique, comme si la ther­mo­dy­na­mique atmo­sphé­rique avait la simpli­cité et la repro­duc­ti­bi­lité de la bille qui tombe sous l’effet de la pesan­teur !

Ce qui explique sans doute que seuls des profes­seurs émérites et des scien­ti­fiques à la retraite se consi­dèrent en situa­tion de pouvoir émettre des avis critiques : ils sont désor­mais quasi­ment les seuls à avoir la liberté de le faire, avec courage d’ailleurs, compte tenu de l’ostracisme dont ils font l’objet, malgré leur expérience.

La répres­sion contre les « climato-réalistes » s’exerce aussi par le biais d’in­ter­ven­tions dans les médias géné­ra­listes qui peuvent contraindre les éditeurs de revues scien­ti­fiques à rétrac­ter un article jugé en désac­cord avec le mantra de « l’ur­gence clima­tique » (Thomas T, 2023aA247 ; traduc­tion 2023bA248). Des person­na­li­tés connues et média­ti­sées en France, comme l’in­gé­nieur Jean-Marc Jancovici, en sont à accu­ser d’im­pos­ture les orga­ni­sa­teurs de débats sur ce sujet (Debey A, 2024A48).

Lors des réunions sur l’im­pact du déve­lop­pe­ment durable du Forum écono­mique mondial (WEF) (20 septembre 2022) s’est tenue une table ronde sur la lutte contre la désin­for­ma­tion, au cours de laquelle des parti­ci­pants de l’ONU, de CNN et de Brown University ont discuté de la meilleure façon de contrô­ler les récits [narra­tives]. Melissa Fleming, secré­taire géné­rale adjointe à la commu­ni­ca­tion mondiale des Nations unies, a signalé que l’ONU s’était asso­ciée à plusieurs grandes entre­prises tech­no­lo­giques, dont TikTok et Google, pour contrô­ler les récits sur le COVID et le climat, en affir­mant : « Nous deve­nons bien plus proac­tifs. Nous sommes proprié­taires de la science, et nous pensons que le monde devrait le savoir. […] Nous avons formé à TikTok des scien­ti­fiques et des méde­cins du monde entier, et TikTok travaillait avec nous. » (Hinchliffe T, 2022A97)

Claude Allègre réfute ainsi l’ar­gu­ment ad nume­rum qui lui est opposé pour disqua­li­fier tout désac­cord (2010A9 p. 192) :

Lorsqu’on me dit : « Vous vous oppo­sez à l’opi­nion de 2500 scien­ti­fiques », c’est complè­te­ment faux. 2500, c’est seule­ment le nombre de scien­ti­fiques et de non-scientifiques utili­sés pour relire les articles ou rédi­ger des bouts d’ar­ticles annexes. Quelle serait l’in­fluence sur les vers de terre si le climat augmen­tait de 10°C ? Et le biolo­giste spécia­liste des vers de terre répond. Si le niveau de la mer montait de deux mètres, quelle serait la consé­quence ? Un géographe et un écono­miste répondent dans un article, etc. Tous ces rédac­teurs n’ap­prouvent pas néces­sai­re­ment les conclu­sions des docu­ments restreints auxquels ils ne sont d’au­cune façon associés.

Un des ouvrages les plus lus dans le monde anglo­phone, au sujet de la modé­li­sa­tion en clima­to­lo­gie — mais, comme nous l’avons vu, sans aller jusqu’à mettre en doute un réchauf­fe­ment clima­tique causé par les gaz à effet de serre d’ori­gine anthro­pique — est celui de Steven E Koonin (2021A115). Ce profes­seur de l’Université de New York a parti­cipé au déve­lop­pe­ment des tous premiers modèles infor­ma­tiques en sciences. Il a étudié leur usage en sciences du climat, à partir de 2004, engagé par la firme pétro­lière British Petroleum pour un travail de recherche sur les éner­gies renou­ve­lables. Le Président Barack Obama l’a par la suite nommé sous-secrétaire aux sciences du dépar­te­ment améri­cain de l’Énergie.

Les prophètes de « l’ef­fon­dre­ment clima­tique » n’ont de cesse de disqua­li­fier les climato-réalistes en les soup­çon­nant de compli­cité avec le lobby des ressources d’éner­gie fossile. La tenta­tion est grande d’en faire de même avec un auteur comme Steven Koonin, qui a travaillé pour British Petroleum avant de rejoindre le gouver­ne­ment… Sauf que sa mission était d’étu­dier les options des éner­gies renou­ve­lables permet­tant à la compa­gnie d’al­ler « au delà du pétrole » — voir Ron Bousso (2020A26) au sujet des ambi­tions de BP. L’intérêt pour ces indus­triels, au 21e siècle, serait donc plutôt de soute­nir la « tran­si­tion énergétique ».

Après la publi­ca­tion de son édito­rial inti­tulé Climate Science Is Not Settled dans le Wall Street Journal (2014A113), Steven Koonin avait été confronté à des avis miti­gés (2021A115 p. 5) :

Cet article a suscité des milliers de commen­taires en ligne, dont la grande majo­rité était favo­rable. Ma fran­chise sur l’état de la science du climat a cepen­dant été moins popu­laire dans la commu­nauté scien­ti­fique. Comme me l’a dit en privé le président d’un dépar­te­ment de sciences de la Terre d’une univer­sité très respec­tée : « Je suis d’ac­cord avec presque tout ce que vous avez écrit, mais je n’ose pas le dire en public.»

De nombreux collègues scien­ti­fiques, dont certains sont mes amis depuis des décen­nies, ont été outrés que je mette en évidence les problèmes de « La Science » et que je donne ainsi, comme l’a dit l’un d’entre eux, « des muni­tions aux néga­tion­nistes ». Un autre a déclaré qu’il aurait été accep­table de publier mon essai dans une obscure revue scien­ti­fique, et m’a repro­ché de l’avoir fait dans un forum comp­tant autant de lecteurs. Enfin, un éminent défen­seur de l’idée que « La Science » est suffi­sam­ment établie a publié une réponse à mon édito­rial, qui commen­çait par deman­der à l’Université de New York de recon­si­dé­rer mon emploi, conti­nuait en défor­mant beau­coup de choses que j’avais écrites, puis, de manière décon­cer­tante, recon­nais­sait que la plupart des incer­ti­tudes que j’avais signa­lées étaient bien connues, et avaient fait l’ob­jet de nombreuses discus­sions parmi les experts (Pierrehumbert RT, 2014A187). Il semble qu’en souli­gnant ces incer­ti­tudes de manière aussi claire et publique, j’avais par inad­ver­tance brisé un certain code du silence, comme l’omerta de la mafia.

Un édito­rial du jour­nal Nature (13 août 2024A237) rappelle sans équivoque :

Il faut le répé­ter encore et encore : la science ne peut pas être remise en ques­tion. Les fortes concen­tra­tions de gaz à effet de serre dans l’at­mo­sphère réchauffent la planète. Le droit inter­na­tio­nal est égale­ment clair : dans le cadre de l’ac­cord de Paris sur le climat, juri­di­que­ment contrai­gnant, les nations se sont enga­gées à main­te­nir les tempé­ra­tures moyennes à 1,5 °C des niveaux préin­dus­triels. Pourtant, comme les émis­sions conti­nuent d’aug­men­ter, la hausse des tempé­ra­tures mondiales dépas­sera très certai­ne­ment cette limite.

[…]

À la fin de l’an­née dernière, 2666 actions en justice liées au climat avaient été inten­tées dans le monde entier, selon un rapport du Grantham Research Institute on Climate Change and the Environment, publié en juin (voir « Le climat devant les tribu­naux »). La plupart des plai­gnants sont des parti­cu­liers, jeunes et vieux, ainsi que des orga­ni­sa­tions non gouver­ne­men­tales (ONG). Tous cherchent à tenir les gouver­ne­ments et les entre­prises respon­sables de leurs enga­ge­ments en matière de climat. En 2022, le Groupe d’ex­perts inter­gou­ver­ne­men­tal sur l’évo­lu­tion du climat a reconnu qu’en cas de succès, les litiges clima­tiques « peuvent conduire à un renfor­ce­ment de l’am­bi­tion globale d’un pays en matière de lutte contre le chan­ge­ment clima­tique ». Notez l’ex­pres­sion « en cas de succès ».

Si vous avez lu ce qui précède, il est quasi­ment impos­sible de mesu­rer la diffé­rence d’un dixième de degré par rapport aux périodes histo­riques, étant donné l’im­pré­ci­sion de la mesure des « tempé­ra­tures » passées et présentes…

Réparer la « science défaillante »

Source : DALL‑E

Steven Koonin avait proposé, en 2017, la créa­tion d’une “Red Team” (équipe rouge), un groupe de scien­ti­fiques chargé de véri­fier rigou­reu­se­ment l’un des rapports d’éva­lua­tion, en essayant d’en iden­ti­fier et d’en évaluer les faiblesses (Koonin SE, 2021A115 p. 197) :

En prin­cipe, on deman­de­rait à un groupe contra­dic­toire quali­fié : « Qu’est-ce qui ne va pas avec cet argu­ment ? » Et, bien entendu, la “Blue Team” (vrai­sem­bla­ble­ment les auteurs du rapport) aurait la possi­bi­lité de réfu­ter les conclu­sions de l’équipe rouge. (À noter que l’uti­li­sa­tion de “Red” et “Blue” est tradi­tion­nelle dans l’ar­mée, où ces exer­cices ont vu le jour ; cela n’a rien à voir avec la poli­tique améri­caine.)

L’examen par la Red Team d’un rapport d’éva­lua­tion du climat pour­rait renfor­cer la confiance dans cette évalua­tion et démon­trer la soli­dité (ou l’ab­sence de soli­dité) de ses conclu­sions. Elle souli­gne­rait la fiabi­lité de la science qui se soumet à son examen, et mettrait en évidence, pour les non-spécialistes, les incer­ti­tudes ou les points « gênants » qui ont été occul­tés ou mini­mi­sés. En bref, elle amélio­re­rait et étaye­rait « La Science » par de la science.

Bien entendu, le GIEC des Nations unies et le gouver­ne­ment améri­cain affirment que leurs rapports d’éva­lua­tion respec­tifs font auto­rité, puis­qu’ils ont déjà fait l’ob­jet d’un examen rigou­reux par les pairs avant d’être publiés. Alors pour­quoi exiger un niveau de contrôle supplémentaire ?

La réponse la plus directe à cette objec­tion est que ces rapports présentent d’im­por­tantes failles dues à la manière dont ils ont été synthé­ti­sés et interprétés.

François Gervais résume ainsi les argu­ments de Koonin (Gervais F, 2022A80 p. 95, souli­gné par l’auteur) :

L’une des prin­ci­pales contri­bu­tions du livre est son compte rendu détaillé de la façon dont le message sur le chan­ge­ment clima­tique est déformé au fur et à mesure qu’il passe par des filtres succes­sifs. Les travaux publiés sont traduits en rapports, puis en résu­més de rapports, qui sont ensuite repris par des médias alar­mistes, sans qu’ils se soient évidem­ment donné la peine de lire les travaux originaux.

Steven Koonin précise (2021A115 p. 199) :

Un grand groupe d’ex­perts béné­voles (y compris, [aux USA], pour l’Évaluation natio­nale du climat, un groupe convo­qué par les acadé­mies natio­nales) révise le projet. Mais, contrai­re­ment à l’exa­men par les pairs des articles de recherche, les désac­cords entre les révi­seurs et les auteurs prin­ci­paux ne sont pas réso­lus par un arbitre indé­pen­dant ; l’au­teur prin­ci­pal peut choi­sir de reje­ter une critique en disant simple­ment : « Nous ne sommes pas d’ac­cord. » […] Et — point très impor­tant — les « Résumés à l’in­ten­tion des déci­deurs » du GIEC sont forte­ment influen­cés, si ce n’est rédi­gés, par des gouver­ne­ments qui ont inté­rêt à promou­voir des poli­tiques particulières.

Deux jours avant la March for Science, le Wall Street Journal avait publié un article dans lequel Steven Koonin propo­sait une évalua­tion des décla­ra­tions de la science du climat par une “Red Team” (Koonin SE, 2021A115 p. 200) :

J’ai utilisé la descrip­tion alar­mante et trom­peuse des données sur les oura­gans de l’ANC 2014 pour illus­trer la néces­sité d’un tel examen, et j’ai expli­qué comment il pour­rait être mené à bien (Koonin SE, 2017A114).

Cet article avait reçu 750 commen­taires pour la plupart favo­rables. Mais trois articles y avaient répondu par la néga­tive, arguant que les rapports avaient déjà été révi­sés par les pairs. Steven Koonin commente (2021A115 p. 201) :

Il est révé­la­teur qu’au­cun de ces articles n’ait abordé la défor­ma­tion des données sur les oura­gans du NCA 2014 que j’avais mise en évidence, ni expli­qué comment elle avait survécu à « l’exa­men minu­tieux de plusieurs décen­nies » de « multiples niveaux d’éva­lua­tion formelle et infor­melle par des experts ». […]

Alors que l’in­té­rêt de l’ad­mi­nis­tra­tion pour un examen par la Red Team s’est pour­suivi jusqu’à la mi-2019, d’autres objec­tions ont été émises par des poli­ti­ciens non scien­ti­fiques qui se sont lais­sés induire en erreur en croyant que « la science est établie ». Le 7 mars 2019, le séna­teur Schumer (et d’autres […]) ont soumis un projet de loi séna­to­riale S.729 :

inter­dire l’uti­li­sa­tion de fonds des agences fédé­rales pour établir un groupe d’ex­perts, un groupe de travail, un comité consul­ta­tif ou tout autre effort visant à remettre en ques­tion le consen­sus scien­ti­fique sur le chan­ge­ment clima­tique […].

Bien que ce projet de loi n’ait jamais abouti, ce n’était certai­ne­ment pas la première fois que le Congrès tentait d’empêcher une admi­nis­tra­tion de faire quelque chose. […] En tant qu’é­tu­diant en histoire, j’ai trouvé que ce projet de loi rappe­lait de manière désa­gréable un décret du Concile de Trente, en 1546, qui tentait de suppri­mer toute remise en ques­tion de la doctrine de l’Église. […].

Comment exer­cer un esprit critique construc­tif vis-à-vis des messages émanant de ces rapports relus et révi­sés par des non-scientifiques ? Steven Koonin propose quelques pistes (2021A115 p. 203–204):

Quiconque désigne un scien­ti­fique par les termes péjo­ra­tifs de « néga­tion­niste » ou « alar­miste » fait de la poli­tique ou de la propa­gande.

Tout appel au prétendu « consen­sus de 97% » parmi les scien­ti­fiques est un autre signal d’alarme. L’étude à l’ori­gine de ce chiffre (Cook J et al., 2013A41) a été démys­ti­fiée de manière convain­cante (Toi RSJ, 2016A251). Quoi qu’il en soit, personne n’a jamais précisé ce sur quoi ces 97 % de scien­ti­fiques sont censés s’être accor­dés. Que le climat change ? Bien sûr, je suis d’ac­cord ! Que les humains influencent le climat ? Absolument, j’en suis ! Que nous consta­tons déjà des effets météo­ro­lo­giques désas­treux et que nous sommes confron­tés à un avenir encore plus catas­tro­phique ? Ce n’est pas du tout évident […].

La confu­sion entre météo et climat est un autre signal d’alerte.

L’omission de chiffres est égale­ment un signal d’alarme. Entendre dire que « le niveau de la mer augmente » est alar­mant […].

Une autre tactique courante consiste à citer des chiffres alar­mants hors contexte. Un titre comme « Les océans se réchauffent à la même vitesse que si cinq bombes d’Hiroshima étaient larguées chaque seconde » semble en effet effrayant, d’au­tant plus qu’il fait réfé­rence aux armes nucléaires (Kottasová I, 2020A117). Mais si l’on pour­suit la lecture de cet article, on apprend que la tempé­ra­ture des océans n’aug­mente que de 0.04°C par décen­nie.

Les discus­sions non spécia­li­sées sur la science du climat confondent souvent le climat actuel (obser­va­tions) et le climat possible (projec­tions de modèles selon divers scéna­rios).

Tout le monde peut (et devrait) lire les articles sur la science du climat en gardant à l’es­prit ces signaux d’alerte. […] Les médias audio­vi­suels sont mal adap­tés à cette tâche, car leurs repor­tages sont brefs et se résument à des extraits sonores. (Attention en parti­cu­lier aux présen­ta­teurs météo qui se sont trans­for­més en « présen­ta­teurs climat et météo » — rendre compte de chan­ge­ments sur trente ans n’est pas exac­te­ment un « flash d’information »).

David R Legates et collègues ont écrit (2015A129 p. 316) :

Le consen­sus de 97.1 % reven­di­qué par Cook et al. (2013A41) s’avère, après inspec­tion, être non pas 97.1 % mais 0.3 %. Leur affir­ma­tion d’un consen­sus de 97.1 % est donc sans doute l’un des plus grands éléments de désin­for­ma­tion qui ait circulé de chaque côté du débat sur le climat.

D'après Patrice Poyet (2022A191 p. 29). La "méthode scientifique" est schématisée à gauche et devrait prévaloir sur tout consensus, et à droite se trouve la "méthode de la science du climat" telle qu'elle est imposée par les instances politiques et les intérêts du complexe industriel et de recherche sur le climat.

Richard Lindzen ajoute (2024A133) :

Que la reven­di­ca­tion du consen­sus ait toujours été de la propa­gande devrait être évident, mais la reven­di­ca­tion du consen­sus a ses propres aspects inté­res­sants. Lorsque le réchauf­fe­ment clima­tique a été exposé pour la première fois au public améri­cain lors d’une audience au Sénat en 1988, Newsweek Magazine a publié une couver­ture montrant la Terre en feu avec le sous-titre « Tous les scien­ti­fiques sont d’accord ». C’était à une époque où il n’y avait qu’une poignée d’institutions trai­tant du climat, et même ces insti­tu­tions étaient plus préoc­cu­pées par la compré­hen­sion du climat actuel que par l’impact du CO₂ sur le climat. Néanmoins, quelques poli­ti­ciens (notam­ment Al Gore) en faisaient déjà leur thème de prédi­lec­tion. Et, lorsque l’administration Clinton-Gore a remporté les élec­tions en 1992, il y a eu une augmen­ta­tion rapide d’environ 15 fois du finan­ce­ment lié au climat. Cela a en effet créé une augmen­ta­tion impor­tante du nombre d’individus préten­dant travailler sur le climat, et qui ont compris que le soutien exigeait un accord avec le prétendu danger du CO₂. Chaque fois qu’il y avait une annonce de quelque chose qui devait être trouvé (c’est-à-dire l’élimination de la période chaude médié­vale, l’attribution du chan­ge­ment au CO₂, etc.), il y avait, inévi­ta­ble­ment, de soi-disant scien­ti­fiques qui préten­daient avoir trouvé ce qui était demandé (Ben Santer pour l’attribution et Michael Mann pour l’élimination de la période chaude médié­vale) et rece­vaient des récom­penses et une recon­nais­sance remar­quables malgré les argu­ments absurdes. Cela a produit une sorte de consensus.

Michael Sidiropoulos (2019A228) a présenté un concept actua­lisé de la méthode scien­ti­fique, avec l’in­clu­sion, dans la vali­da­tion, de deux étapes supplé­men­taires : des critères de démar­ca­tion et un critère de falsi­fi­ca­tion modifié.

La vérité consen­suelle est entre­te­nue en triant les faits objec­tifs, en les alté­rant et en les décri­vant de manière à ce qu’ils soient conformes au récit. Andy May rappelle ce qui inscrit dans le temps une démarche scien­ti­fique, en contraste avec une déci­sion poli­tique (2020A150 p. 203, 205) :

Le consen­sus est un proces­sus poli­tique. Le public forme une opinion consen­suelle, puis vote et adopte des lois ou des règles qui reflètent cette opinion. En science, nous formu­lons d’abord une hypo­thèse ou une idée qui explique un phéno­mène natu­rel observé, tel qu’un réchauf­fe­ment ou un refroi­dis­se­ment. L’étape suivante consiste à tenter de la réfu­ter. En cas d’échec, l’idée survit. Nous publions ce que nous avons fait et d’autres tentent de réfu­ter l’idée ; s’ils n’y parviennent pas, l’idée survit. Une fois que cela a duré assez long­temps, l’hy­po­thèse devient une théo­rie. Une théo­rie scien­ti­fique ne fait que survivre, elle n’est jamais prou­vée, elle doit toujours être soumise à des tests. […] Les confir­ma­tions ne prouvent pas une théo­rie, mais elles lui permettent de survivre.

Patrice Poyet s’in­ter­roge sans opti­misme sur l’ave­nir (2022A191 p. 426) :

Comment une idéo­lo­gie sans fonde­ment peut-elle faire dérailler des esprits brillants au point de les rendre inutiles au progrès de l’hu­ma­nité ? C’est une ques­tion dérou­tante, et j’es­saie­rai d’y répondre à l’ave­nir avec l’aide de mes amis compé­tents en philo­so­phie, psycho­lo­gie, etc. Car, comme on peut l’ob­ser­ver en pleine lumière, la science n’est même plus discu­tée, tout juste des argu­ments faisant vague­ment appel à des idées « large­ment recon­nues » mais non fondées ni prou­vées par la « commu­nauté scien­ti­fique ». Et mieux comprendre comment les méca­nismes psycho­lo­giques opèrent pour faire fonc­tion­ner ces cerveaux de manière si erro­née est une entre­prise qui en vaut vrai­ment la peine.

Remettre la pseudo-science clima­tique sur les rails ne réus­sira pas par un simple raison­ne­ment scien­ti­fique solide et des preuves évidentes. Il faudra, soit attendre que le climat leur claque au nez en évoluant dans le sens contraire — mais soyez prêts à entendre que ce refroi­dis­se­ment se produit parce qu’ils avaient raison avec la théo­rie du réchauf­fe­ment clima­tique anthro­pique (AGW) et que cela corres­pond exac­te­ment à ce qu’ils disaient — soit mieux comprendre comment un aveu­gle­ment massif basé sur des grati­fi­ca­tions et des finan­ce­ments immé­diats et attrayants, appuyé par un condi­tion­ne­ment de masse, a réussi à effa­cer tous les prin­cipes scien­ti­fiques d’un raison­ne­ment cohérent.

Agendas (à peine) cachés

Source : DALL‑E

La thèse d’une crise clima­tique causée par l’ac­ti­vité humaine serait-elle un simple prétexte à la mise en place d’une gouver­nance supra­na­tio­nale ? C’est ce qu’af­firment certains analystes — inévi­ta­ble­ment étique­tés « complo­tistes » — des propo­si­tions poli­tiques anté­rieures à la fonda­tion du Club de Rome. Lire à ce sujet « Le Club de Rome : comment l’hys­té­rie clima­tique est utili­sée pour créer une gouver­nance mondiale » (Smith B, 2023A230) et un essai du géographe Jacob Nordangård (2023) : Club de Rome : la technocratie et les élites du monde.

Il y aurait donc un agenda caché derrière la poli­tique clima­tique mise en place par le Club de Rome et, dans la même foulée, le Great ResetN59 du Forum Économique MondialN60. Voir à ce sujet mon article : Vers un nouvel « ordre mondial» ?

De nombreuses décla­ra­tions vont dans le sens d’un projet politico-économique — quali­fié de « commu­niste » par des capi­ta­listes irré­duc­tibles — visant à une nouvelle répar­ti­tion des richesses sans un véri­table enga­ge­ment pour la protec­tion de la biosphère. Autrement dit, il ne serait pas indis­pen­sable de croire au « réchauf­fe­ment causé par le CO2 d’ori­gine humaine », dans la mesure où toute forme de lutte contre les émis­sions de gaz à effet de serre, même soldée par une inef­fi­ca­cité clima­tique, se tradui­rait par une redis­tri­bu­tion profi­table au bien-être des popu­la­tions et — ne l’ou­blions pas — au commerce international.

On peut en effet lire ce message en fili­grane de la propo­si­tion d’Emmanuel Macron, à la COP 27 en Égypte, de « réfor­mer le système finan­cier inter­na­tio­nal » à l’image de la Banque mondiale et du Fonds moné­taire inter­na­tio­nal. Ce discours est en phase avec une décla­ra­tion, douze ans plus tôt, du vice-président du GIEC Ottmar Edenhofer (2010A59) :

Tout d’abord, nous, les pays indus­tria­li­sés, avons quasi­ment confis­qué l’at­mo­sphère à la commu­nauté mondiale. Mais il faut dire clai­re­ment que nous redis­tri­buons de facto le patri­moine mondial par le biais de la poli­tique clima­tique. Que les déten­teurs de gaz, de char­bon et de pétrole n’en soient pas ravis, c’est évident. Il faut se débar­ras­ser de l’illu­sion selon laquelle la poli­tique clima­tique inter­na­tio­nale est une poli­tique envi­ron­ne­men­tale. Cela n’a presque plus rien à voir avec la poli­tique envi­ron­ne­men­tale, ni avec des problèmes tels que la dispa­ri­tion des forêts et le trou dans la couche d’ozone.

Benoît Rittaud expose le point de vue, moins enthou­siaste, des « béné­fi­ciaires » de cette redis­tri­bu­tion (2023bA205 p. 108):

C’est l’oc­ca­sion ici de signa­ler que l’hos­ti­lité anti-occidentale de nombreux pays tels que les BRICS tient pour une bonne part aux leçons de morale qui leur sont assé­nées dans ce qui a tout d’un néoco­lo­nia­lisme déguisé. […]

Pour beau­coup de pays ancien­ne­ment colo­ni­sés, le complexe climato-industriel est en quelque sorte une nouvelle décli­nai­son de cette stra­té­gie qui, sous couvert de fonds soi-disant « verts » (qui consistent le plus souvent en une réal­lo­ca­tion comp­table d’aides déjà exis­tantes, voire en des prêts à taux zéro), est l’oc­ca­sion d’im­po­ser l’ap­pli­ca­tion de poli­tiques déci­dées ailleurs.

Le colo­nia­lisme avait su s’ap­puyer sur une certaine science de son temps et ses théo­ries telles que le racisme scien­ti­fique ou l’eu­gé­nisme. Le néoco­lo­nia­lisme d’au­jourd’­hui fait de même avec l’éco­lo­gie et le climat et, là encore, des scien­ti­fiques et des experts, qui se croient proté­gés par leurs connais­sances et leur inté­grité, servent en réalité d’idiots utiles à ces mouve­ments qui les dépassent. Certains déci­deurs ne font hélas pas mieux.

Cet agenda redis­tri­bu­tif est ancien, puis­qu’il a fait l’ob­jet d’une décla­ra­tion de Maurice Strong, le milliar­daire cana­dien fonda­teur de l’UNEP, lors d’une confé­rence des Nations Unies sur l’en­vi­ron­ne­ment en 1972 : « Les ressources de la Terre sont l’hé­ri­tage commun de toute l’hu­ma­nité. Elles ne doivent plus être exploi­tées au profit de quelques pays seule­ment, au détri­ment des pays les plus pauvres de la planète. » (Brooker C, 2015A29) Mais quel rapport avec les « gaz à effet de serre » ?

Richard Lindzen a confirmé par la suite ce que je perçois comme un déraille­ment du discours sur le climat, les citoyens — et surtout les élec­teurs — n’ayant plus la capa­cité de se poser des ques­tions sur le fonde­ment scien­ti­fique du discours climato-alarmiste (Lindzen R, 2018A132 p. 6) :

Il y a quelques années, Christiana Figueres, alors secré­taire exécu­tive de la Convention-cadre des Nations unies sur le chan­ge­ment clima­tique [UNFCCC], a déclaré que, pour la première fois dans l’his­toire, l’hu­ma­nité se donnait pour mission de modi­fier inten­tion­nel­le­ment le système écono­mique.

Mme Figueres n’est pas la seule à le penser. Le plus proche conseiller du pape François a fustigé les conser­va­teurs scep­tiques du chan­ge­ment clima­tique aux États-Unis, blâmant le capi­ta­lisme pour leurs opinions. S’adressant aux jour­na­listes, le cardi­nal Oscar Rodríguez Maradiaga a criti­qué les « mouve­ments » aux États-Unis qui s’étaient oppo­sés de manière préven­tive au projet d’en­cy­clique de François sur le chan­ge­ment clima­tique. « L’idéologie qui entoure les ques­tions envi­ron­ne­men­tales est trop liée à un capi­ta­lisme qui ne veut pas cesser de détruire l’en­vi­ron­ne­ment parce qu’il ne veut pas renon­cer à ses profits », a‑t-il déclaré.

Sans surprise, un tel posi­tion­ne­ment donne de l’ur­ti­caire aux incon­di­tion­nels de l’au­to­ré­gu­la­tion dans une écono­mie de marché de libre-échange. Mais ni les clivages gauche-droite, « commu­nisme » contre « capi­ta­lisme », ni les anathèmes qui leur sont asso­ciés, n’ap­portent quoi que ce soit de concret au débat scien­ti­fique. Il est d’ailleurs décon­cer­tant de voir un digni­taire ecclé­sias­tique embrayer sur une critique du capi­ta­lisme après que son clan ait combattu le commu­nisme jusqu’au déman­tè­le­ment de l’Union sovié­tique… Tout cela n’a rien à voir avec la foi chré­tienne — ni la « reli­gion du CO2 » !

Virage à droite

Source : CorteX

Je trouve regret­table que le même déraille­ment du discours « clima­ti­que­ment correct » se soit immiscé dans un exposé scien­ti­fique par ailleurs minu­tieux et rigoureux.

Le déraille­ment prend ici la forme d’un éloge immo­déré du modèle produc­ti­viste en oppo­si­tion radi­cale aux discours de l’éco­lo­gie poli­tique. C’est l’ob­jet de la dernière partie du film de Martin Durkin (2024A56 1:08:54). Une telle prise de posi­tion ne peut qu’en­tre­te­nir l’in­dif­fé­rence des citoyens face aux destruc­tions de l’en­vi­ron­ne­ment liées aux pratiques indus­trielles et agri­coles, ainsi qu’à leurs choix de vie. 

Ce « virage à droite » est encore plus marqué par une défense du capi­ta­lisme selon la vision d’Adam Smith. Dans un élan de prosé­ly­tisme, Patrice Poyet (2022A191 p. 431–432) n’hé­site pas à appuyer son propos sur une cita­tion hors-contexte de l’his­to­rien Yuval Noah Harari (2015, traduc­tion 2022A91 p. 365) :

[…] l’idée de Smith selon laquelle la pulsion égoïste qui pousse l’homme à accroître ses profits est la base de la richesse collec­tive est l’une des idées les plus révo­lu­tion­naires de l’his­toire humaine : révo­lu­tion­naire non pas seule­ment dans une pers­pec­tive écono­mique, mais plus encore dans une pers­pec­tive morale et poli­tique. Ce que dit Smith, au fond, c’est qu’il est bien d’être cupide et qu’en m’en­ri­chis­sant je profite à tout le monde, pas seule­ment à moi. L’égoïsme est altruiste.

Hélas pour Poyet, Harari n’adhère aucu­ne­ment à la vision de Smith. Il écrit au contraire (2022A91 p. 384) :

Sous sa forme extrême, cepen­dant, croire à la liberté du marché c’est être aussi naïf que croire au Père Noël. Il n’existe rien qui ressemble à un marché libre exempt de tout travers poli­tique. La ressource écono­mique qui compte le plus est la confiance en l’ave­nir, et cette ressource est constam­ment mena­cée par les voleurs et les char­la­tans. Les marchés eux-mêmes n’offrent aucune protec­tion contre la fraude, le vol ou la violence.

Mais tout ceci est hors sujet !

Une « permacrise »

Source : BBC News (6 décembre 2023A272)

L’absence d’un débat dépas­sionné, et l’ac­cord de la majo­rité des gens « normaux » sur la réalité d’une « urgence clima­tique », sont révé­la­teurs d’un méca­nisme de formation des masses comme l’a théo­risé Mattias Desmet.

Chargée d’an­xiété, cette « forma­tion » s’ap­pa­rente à une psychose. Voir par exemple la stéri­li­sa­tion volon­taire de jeunes gens qui renoncent à mettre au monde des enfants dans un monde « sans avenir » (Whetter D, 2023A272).

La COP 28, en 2023 à Dubai, a fait état de problèmes mentaux liés au climat. Mais si la pers­pec­tive d’un « effon­dre­ment clima­tique » immi­nent alimente l’éco-anxiété de personnes fragiles, n’est-elle pas l’œuvre de pompiers pyro­manes ? « Nous vivons une période où la réalité scien­ti­fique est éclip­sée par des discours popu­listes d’agitation des peurs. » Bien que déta­chée de son contexte, cette phrase d’une dépu­tée écolo­giste illustre parfai­te­ment le bombar­de­ment média­tique indé­cent qui a fait suite à la COP 28.

Claude Allègre écri­vait (2010A9 p. 257) :

Dans le système de distri­bu­tion mondia­lisé et chao­tique des infor­ma­tions dans lequel nos sommes plon­gés, il est main­te­nant établi que quelques indi­vi­dus agis­sant de façon discrète et coor­don­née, ont les moyens de mani­pu­ler l’opi­nion, en tout cas de l’orien­ter. […] Al Gore, person­nage central de l’aven­ture, s’est engagé dans la vie poli­tique avec une ambi­tion énorme, et l’idée de se faire le cham­pion de la défense de la planète et des nouvelles tech­no­lo­gies de l’in­for­ma­tion. […] Son ambi­tion a rencon­tré celle de quelques scien­ti­fiques dési­reux de se faire un nom à partir d’une disci­pline qu’ils enten­daient créer, et qu’on pour­rait appe­ler la clima­to­lo­gie scien­ti­fique. Deux scien­ti­fiques marquent cette ambi­tion : Stephen Schneider et James Hansen, qui seront succes­si­ve­ment les alar­mistes du global cooling puis du global warning. […]

Tout cela, c’est la méca­nique. Mais elle n’a pu avoir cette éton­nante effi­ca­cité que parce qu’elle a agi sur une opinion publique occi­den­tale en perte de repères philo­so­phiques et apeu­rée par la mondialisation.

L’éco-anxiété permet de rendre popu­laire un inves­tis­se­ment (de l’argent des contri­buables) dans le déve­lop­pe­ment de tech­no­lo­gies et services foca­li­sés sur la réduc­tion des émis­sions de gaz à effet de serre : la décar­bo­na­tion. Des milliers d’emplois sont en jeu, ce programme est “too big to fail” !

Les mauvais coucheurs qui n’entrent pas dans la danse ne sont autres que des enne­mis du genre humain… Puisque « nous sommes en guerre », tous les coups ne sont-ils pas permis ? (Kempf H, 2023A108 ; Belaud A, 2023A19 ; Bock-Côté M, 2023A24). Députée euro­péenne de la France Insoumise et vice-présidente de l’intergroupe Green New Deal, Manon Aubry aurait déclaré en août 2023 : « Une limi­ta­tion des liber­tés au nom du chan­ge­ment clima­tique n’est pas liberticide. »

Au contrôle de l’in­for­ma­tion — la lutte contre les fake news, plébi­ci­tée à gauche comme à droite — s’ajou­te­rait le contrôle du mode de consom­ma­tion éner­gé­tique de chaque citoyen. Soit par des actions inci­ta­tives à la « sobriété », soit par des mesures de fisca­lité envi­ron­ne­men­tale comme la taxe carbone, provi­soi­re­ment mise en échec par le mouve­ment des Gilets jaunes en France, ou des quotas indi­vi­duels de produc­tion de gaz à effet de serre : la carte carbone (Pottier A, 2021A190).

Patrice Poyet nous prévient (2022A191 p. 516) :

Après les confi­ne­ments de Covid-19 qui ont inau­guré une nouvelle ère de destruc­tion massive des liber­tés indi­vi­duelles les plus élémen­taires, vien­dra le temps des confi­ne­ments clima­tiques et des pass carbone qui vous pour­ri­ront la vie, le fascisme vert ayant la gentillesse, comme souvent avec ces délires auto­ri­taires, de vous préve­nir à l’avance de ce qui vous attend (Le Quéré et al., 2021A126 ; Nerini et al., 2021A175). Vous n’au­rez aucune excuse et ne pour­rez pas prétendre que vous n’étiez pas au courant.

Le méca­nisme précité de forma­tion des masses est du même ordre que ce que Cass R Sunstein et Adrian Vermeule ont appelé « pola­ri­sa­tion des groupes », origine selon eux de « cascades conspi­ra­tion­nistes ». Tout événe­ment donne lieu à une avalanche de commen­taires qui ne font que renfor­cer les convic­tions de ceux qui les partagent (2009A241 p. 216) :

Il existe des liens évidents entre les cascades et le phéno­mène bien connu de la pola­ri­sa­tion des groupes, par lequel les membres d’un groupe déli­bé­rant finissent géné­ra­le­ment par adop­ter une posi­tion plus extrême, conforme à leurs tendances avant même de faire l’ob­jet de déli­bé­ra­tions.

Sauf que les travaux de Sunstein et Verneule ne s’in­té­res­saient qu’à la nais­sance de théo­ries du complot, dans lesquelles ils incluaient le déni du chan­ge­ment clima­tique, à la fois faux et dange­reux (2009A241 p. 206). Ils suggé­raient une tactique effi­cace pour éradi­quer les croyances (jugées) complo­tistes, celle de l’in­fil­tra­tion cogni­tive (2009A241 p. 224) :

Les agents du gouver­ne­ment (et leurs alliés) peuvent péné­trer dans les salons de discus­sion, les réseaux sociaux en ligne, ou même les groupes de l’es­pace réel, et tenter de saper les théo­ries conspi­ra­tion­nistes en émet­tant des doutes sur leurs prémisses factuelles, leur logique de causa­lité ou leurs impli­ca­tions pour l’ac­tion, poli­tique ou autre.

Ouest France, 4 juillet 2023. Sans commen­taire !

Tout cela suppose que les « agents du gouver­ne­ment et leurs alliés » seraient en posses­sion des outils intel­lec­tuels leur permet­tant d’ap­pré­hen­der des méca­nismes d’une extra­or­di­naire complexité. Or, la plupart de ceux qui clai­ronnent « la Vérité » sur le climat sont des personnes sans bagage scien­ti­fique — de celles qui n’ont appris que le mini­mum néces­saire pour étayer leurs convictions…

Faute d’une vision claire, aussi bien la pola­ri­sa­tion des groupes que l’in­fil­tra­tion cogni­tive conduisent à un glis­se­ment du discours sur le climat, à partir d’hy­po­thèses scien­ti­fiques faibles, car non vérifiées, vers un consen­te­ment, version popu­laire du « consen­sus ». La dimen­sion morale et la ferme­ture à toute analyse critique sont les marques d’une posi­tion reli­gieuse.

Sous le titre Réprimande et rédemp­tion, Benoît Rittaud écrit (2022A203) :

Le chemin de la rédemp­tion […] emprunte à la fois à la reli­gion et au tota­li­ta­risme. La première se lit en fili­grane dans les appels à une sobriété toute fran­cis­caine (« heureuse », rassurons-nous), dans la possi­bi­lité de rache­ter nos péchés par les indul­gences (les compen­sa­tions carbone) ou encore dans les grandes proces­sions (les mani­fes­ta­tions pour « éveiller les consciences »). Quant à la seconde, elle se voit dans le recours constant à la peur et à la menace, mais aussi dans le fait que chaque instant de notre vie doit désor­mais être mesuré à l’aune unique du climat. Il nous faut y penser lorsque nous nous nour­ris­sons, lorsque nous nous habillons, lorsque nous nous dépla­çons, lorsque nous ache­tons, ou même lorsque nous jetons.

Le climat ne se contente pas d’être un sujet parmi d’autres, ni même de dispo­ser du statut de « problème le plus impor­tant ». Non : il doit être le point focal de toute consi­dé­ra­tion, quelle qu’elle soit. Tout doit trou­ver le moyen de s’y rame­ner, qu’il s’agisse d’économie, de défense, des insti­tu­tions, voire du covid. La « justice clima­tique » voisine donc avec la consom­ma­tion « éco-responsable », les « grèves pour le climat » ou encore la Constitution qui, durant le dernier quin­quen­nat, et dans l’indifférence géné­rale, aurait dû se voir affu­blée de « la lutte contre le chan­ge­ment clima­tique » dans son article premier.

Vue sous cet angle, la « crise clima­tique » s’ins­crit dans ce qu’un article du Financial Times désigne comme « perma­crise » : « un ensemble de risques globaux liés dont les effets s’ad­di­tionnent, de sorte que l’im­pact global dépasse la somme de chaque partie » (Fazi T, 2023A65) :

Personne ne remet­trait en ques­tion l’idée qu’il y a beau­coup de crises dans le monde à tout moment. Mais on pour­rait égale­ment affir­mer que cela a toujours été le cas, en parti­cu­lier du point de vue des milliards de personnes qui vivent dans le Sud. Il semble donc raison­nable de se poser la ques­tion suivante : cette utili­sa­tion obses­sion­nelle du mot « crise » est-elle simple­ment la recon­nais­sance d’une situa­tion excep­tion­nel­le­ment mauvaise ? Ou y a‑t-il d’autres facteurs en jeu ?

Même avant la pandé­mie de grippe aviaire, plusieurs cher­cheurs éminents avaient suggéré qu’au cours des dernières décen­nies, la crise consti­tuait une « méthode de gouver­ne­ment » dans laquelle « chaque catas­trophe natu­relle, chaque crise écono­mique, chaque conflit mili­taire et chaque attaque terro­riste est systé­ma­ti­que­ment exploité par les gouver­ne­ments pour radi­ca­li­ser et accé­lé­rer la trans­for­ma­tion des écono­mies, des systèmes sociaux et des appa­reils de l’État. » […]

En pous­sant ces analyses un peu plus loin, on pour­rait affir­mer que le récit contem­po­rain de la crise perma­nente, ou de l’ur­gence, repré­sente un chan­ge­ment quali­ta­tif de la « crise comme mode de gouver­ne­ment » — qui ne se limite plus à l’ex­ploi­ta­tion des crises, mais se fonde sur l’évo­ca­tion constante de la crise elle-même, voire sur la fabri­ca­tion de crises propre­ment dites. Dans un tel système, la « crise » ne repré­sente plus un écart par rapport à la norme ; elle est la norme, le point de départ par défaut de toute poli­tique. […]

Cela repré­sente un chan­ge­ment radi­cal par rapport à la manière dont la notion de crise a été défi­nie jusqu’à présent. Historiquement, la « crise » a souvent été asso­ciée à l’idée d’op­por­tu­nité et même de progrès. La perma­crise repré­sente l’in­ver­sion contem­po­raine de cette concep­tion, car elle exclut toute idée de progrès, dési­gnant plutôt une situa­tion dura­ble­ment diffi­cile, ou qui s’ag­grave — une situa­tion qui ne peut jamais être réso­lue, mais seule­ment gérée.

Andy May écri­vait, en préface de son ouvrage Politics and Climate Change, a History (2020A150 p. 14) :

Nous nous penche­rons sur la tenta­tive des poli­ti­ciens de contrô­ler la recherche scien­ti­fique et ses résul­tats. Ils le font en finan­çant de manière sélec­tive des projets qui recherchent des catas­trophes poten­tielles, idéa­le­ment des catas­trophes mondiales. Les gens aiment les histoires de catas­trophes, les jour­na­listes aiment les histoires de catas­trophes, les scien­ti­fiques aiment être cités dans les jour­naux et à la télé­vi­sion. Il n’est donc pas surpre­nant qu’a­vec la prise en charge du finan­ce­ment de la recherche scien­ti­fique par les pouvoirs publics, les scien­ti­fiques aient délaissé la recherche visant à aider les gens au profit de la recherche sur les catas­trophes poten­tielles, aussi loin­taines soient-elles. La science est passée de l’amé­lio­ra­tion de la vie humaine à l’éla­bo­ra­tion d’in­trigues pour des films catas­trophes.

Et si les humains peuvent être tenus pour respon­sables de la catas­trophe, c’est encore mieux, car les poli­ti­ciens peuvent alors manda­ter des personnes « pour le plus grand bien ». Le pouvoir du poli­ti­cien augmente parce que l’exer­cice du pouvoir l’aug­mente et que les gens renon­ce­ront à leurs liber­tés en échange de la sécu­rité, que le danger soit réel ou non.

À quel prix ?

— Vous avez volé mes rêves et mon enfance !
— Je me dépêche de ramas­ser ce cobalt pour ta voiture élec­trique, Greta !

La morale au service de l’éco­lo­gie ? (source)

Le remue-méninges à propos du CO2 respon­sable du « dérè­gle­ment du climat » occupe le devant de la scène média­tique, au détri­ment de la lutte contre la pollu­tion des nappes phréa­tiques, des cours d’eau et des océans, la pollu­tion lumi­neuse, la dégra­da­tion de la biodi­ver­sité par des pratiques agri­coles inadap­tées, la stéri­li­sa­tion des sols, l’ex­trac­tion minière de ressources miné­rales exigeant une consom­ma­tion massive d’eau — entre autres, les maté­riaux servant à la fabri­ca­tion de batte­ries de véhi­cules élec­triques desti­nés à « sauver le climat »

Après le sommet sur le climat de Copenhague (COP 15) en 2009, vécu comme un échec par ceux qui espé­raient « un accord inter­na­tio­nal capable de lutter effi­ca­ce­ment contre le chan­ge­ment clima­tique », Claude Allègre a poussé un cri de colère qui, malheu­reu­se­ment, reste d’ac­tua­lité (2010A9 p. 36) :

Alors que 10 000 personnes meurent chaque jour par manque d’eau potable, le sommet de l’eau à Ankara l’an dernier s’est déroulé dans l’in­dif­fé­rence géné­rale. Aucun chef d’État ne s’est déplacé, ni non plus à Rome en novembre 2009 pour le sommet de la FAO. Cela leur a évité d’en­tendre le Président Diouf termi­ner la séance finale solen­nelle en deman­dant à l’au­di­toire de se lever, et de comp­ter jusqu’à six : « Un, deux, trois, quatre, cinq, six… Eh bien, pendant que vous comp­tiez, un enfant de plus dans le monde est mort de faim. »

Cela leur a évité de faire la simple divi­sion qui leur aurait montré que les sommes dépen­sées pour le sommet de Copenhague — plus d’un demi-milliard d’eu­ros — auraient permis de sauver 100 000 enfants ! Alors, à côté de cela, quand on a observé le cirque de Copenhague, on ne peut que s’écrier, pour échap­per au malaise : « Messieurs et Mesdames, assez ! Occupez-vous des vrais problèmes ! »

Incendie qui a détruit 900 tonnes de batte­ries au lithium à Viviez (Aveyron) le 18 février 2024.
© ADEBANON au projet Solena à Viviez, oui aux alter­na­tives. Source : Reporterre

En 2018, Richard Lindzen réprou­vait la tour­nure des événe­ments (2018A132 p. 7) :

En août dernier, un article a été publié dans les actes de l’Académie natio­nale des sciences. Parsemé de « pour­rait » et de « peut-être », il conclut qu’une « action humaine collec­tive » est néces­saire pour « éviter que le système terrestre n’at­teigne un seuil poten­tiel » et pour qu’il reste encore habi­table. Selon les auteurs, cela impli­que­rait « la gestion de l’en­semble du système terrestre — biosphère, climat et socié­tés », et cela pour­rait impli­quer « la décar­bo­na­tion de l’éco­no­mie mondiale, un renfor­ce­ment des puits de carbone de la biosphère, des chan­ge­ments de compor­te­ment, des inno­va­tions tech­no­lo­giques, de nouvelles dispo­si­tions en matière de gouver­nance, et une trans­for­ma­tion des valeurs sociales ».

N’oublions pas que, dans un monde qui adhère à I’incohérence du « prin­cipe de précau­tion », la simple affir­ma­tion d’une possi­bi­lité loin­taine justi­fie une action radicale.

La pola­ri­sa­tion des esprits sur « l'empreinte carbone » permet aux entre­prises — y compris dans le secteur de l’ex­trac­tion de combus­tibles fossiles — de s’ache­ter une « noto­riété verte » en compen­sant leur contri­bu­tion aux émis­sions de gaz à effet de serre par des opéra­tions appré­ciées du public, comme la plan­ta­tion d’arbres.

Source : Édouard Morena (2023bA165)

Les élites écono­miques sont des acteurs clés du débat clima­tique inter­na­tio­nal. Elles sont les promo­teurs achar­nés du capi­ta­lisme vert, un projet poli­tique taillé sur mesure et qui garan­tit leurs inté­rêts de classe dans un monde en surchauffe (Morena E, 2023aA164 ; 2023bA165).

Mais ce rideau de fumée (verte) masque les problèmes de destruc­tion de l’en­vi­ron­ne­ment liés à la surex­ploi­ta­tion de ressources et à la défi­gu­ra­tion de terri­toires, qu’au­cune « décar­bo­na­tion » ne contri­buera à résoudre.

Cette obses­sion du « carbone » a été éten­due à d’autres molé­cules, notam­ment des déri­vés de l’azote dont les charges critiques sont — ici encore — évaluées par des modèles mathé­ma­tiques inadé­quats, légi­ti­mant une poli­tique agri­cole qui menace d’ex­pro­pria­tion les paysans les moins fortu­nés. Pour les Pays-Bas, voir l’ar­ticle Le simulacre de crise de l’azote ou l’expertocratie délirante.

Sans oublier les milliards d’eu­ros englou­tis dans des projets pharao­niques de « séques­tra­tion du carbone » (Webb D, 2023A269), ou encore de disper­sion d’aé­ro­sols pour dimi­nuer l’im­pact des rayons du soleil (CAMS, 2023A30 ; Koonin SE, 2021A115 p. 240–241).

François Gervais évoque le sujet qui fâche : le chif­frage de cette poli­tique envi­ron­ne­men­tale (2022A80 p. 162, 168) :

Nos ancêtres les Gaulois n’avaient qu’une crainte, que le ciel leur tombe sur la tête. Dans le passé, séche­resses ou inon­da­tions étaient attri­buées à l’hu­meur des dieux vengeurs ou des démons. Aujourd’hui, une rhéto­rique instru­men­ta­lise la météo comme prétexte à un chan­ge­ment de para­digme éner­gé­tique, lui-même annon­cia­teur d’un chan­ge­ment d’éco­no­mie, donc de société. […] Faites peur à suffi­sam­ment de monde, en parti­cu­lier les plus jeunes, pour leur faire croire ce que vous souhai­tez qu’ils croient, et vous crée­rez de futurs acti­vistes qui devien­dront les fidèles zélotes de l’idéo­lo­gie de la neutra­lité carbone au nom d’une « justice clima­tique ». Si Machiavel avait voulu plani­fier le plus grand trans­fert de richesse de l’Histoire, la « finance clima­tique » pour préten­du­ment sauver la Terre de l’apo­ca­lypse aurait certai­ne­ment été tout en haut de sa liste. […]

L’objectif de ne pas dépas­ser 0.5° C supplé­men­taire doit être comparé au coût affé­rent. On repren­dra le chif­frage de la Banque Mondiale de 89 000 milliards de dollars d’ici 2030. Au rythme évalué selon les propres chiffres du rapport AR6 (2021N3) du GIEC de 0.07° C par décen­nie, on reste très loin de 0.5° C d’ici là. Si l’argent est dépensé, cela sera donc pour de toutes autres raisons que celles qui servent de prétexte. Certains en profi­te­ront immé­dia­te­ment, tous les autres seront appe­lés à payer sous une forme ou une autre dans un délai plus ou moins long. […]

Les pouvoirs publics ont dépensé sur le dos des contri­buables des milliards pour subven­tion­ner les éner­gies renou­ve­lables sans le moindre impact visible sur l’évo­lu­tion du CO2. […] La varia­tion de tempé­ra­ture, si l’on fait abstrac­tion des pics El Niño, phéno­mènes natu­rels, reste proche de zéro depuis le proto­cole de Kyoto, du moins bien plus faible que les projec­tions alarmistes.

La ferme solaire de Lake Placid détruite par l’ou­ra­gan Milton en 2024. Budget de 100 millions de dollars en 2019. Source : Duke Energy

Interrogé, en mai 2023, par un séna­teur sur le coût de la « neutra­lité carbone en 2050 » aux États-Unis, le secré­taire adjoint du minis­tère de l’éner­gie, David Turk, a répondu « 50 milliards de dollars ». Quand le séna­teur lui a demandé quel serait le béné­fice de cette opéra­tion, en termes de dimi­nu­tion du réchauf­fe­ment, il n’a pas su que répondre. On peut en avoir une idée dans la section Réalité de « l'empreinte carbone»

À la fin du ving­tième siècle, les mouve­ments écolo­gistes ont réha­bi­lité le nucléaire comme solu­tion « provi­soire » jusqu’à une totale « tran­si­tion » vers les éner­gies renou­ve­lables. Les indus­triels et les déci­deurs poli­tiques se frottent les mains (Topçu S, 2013A252 p. 327) :

Face à la menace clima­tique, et dans la lignée des nouvelles exigences de « bonne gouver­nance », désor­mais centrée sur l’éco­lo­gie et la parti­ci­pa­tion du public, les orga­nismes nucléaires inventent, à partir du milieu des années 1990, le nucléaire « vert », en parfaite contra­dic­tion avec les stig­ma­ti­sa­tions de l’éco­lo­gie faites deux décen­nies auparavant.

« Ce n’est pas un hasard si, en France, l’un des apôtres du “catas­tro­phisme carboné” est Jean Jouzel, ingé­nieur. au Commissariat à l’éner­gie atomique (CEA). » (Allègre C, 2010A9 p. 199)

L’hypothèse d’un « effet de serre » — pour parler chic, d’un forçage radia­tifN5 — causé majo­ri­tai­re­ment par le CO2 et autres molé­cules produites par l’ac­ti­vité humaine, serait-elle donc un leurre ? Ce phéno­mène n’a jamais été prouvé expé­ri­men­ta­le­ment dans les condi­tions de tempé­ra­ture, pres­sion et compo­si­tion de l’air au niveau du sol (Gerlich G & RD Tscheuschner, 2009A75 ; Geuskens G, 2020A84 ; 2018A82 ; 2019A83). L’évaluation de son ampli­tude relève d’expé­riences de penséeN61 qui font débat. Mais surtout, même en accor­dant un crédit aux chiffres du GIEC, la part de l’ac­ti­vité humaine dans ce méca­nisme serait négli­geable, comme montré ci-dessus et dans d’autres publi­ca­tions (Terre et Climat, 2023A245 ; Happer W & R Lindzen, 2023A90). Si c’est le cas — nous l’avons vu dans les sections précé­dentes — l’évo­lu­tion du climat est prin­ci­pa­le­ment l’ef­fet de phéno­mènes « natu­rels » qui échappent au contrôle des humains.

Source : DALL‑E

Oser mettre un point d’in­ter­ro­ga­tion — ou de suspen­sion — sur la compo­sante anthro­pique du chan­ge­ment clima­tique équi­vaut à frac­tu­rer la pointe d’une pyra­mide érigée à l’en­vers. Et avec elle, la raison d’être de l’in­ves­tis­se­ment monu­men­tal, finan­cier et poli­tique, des nations (occi­den­tales) dans leur tran­si­tion éner­gé­tique, sous la menace de procès pour « inac­tion clima­tique ».

À l’échelle conti­nen­tale, l’en­ga­ge­ment dans la « tran­si­tion écolo­gique » se maté­ria­lise par le Green Deal euro­péen (WikipédiaN58 ; Belardo T et al., 2023A18) de 100 milliards d’eu­ros, appuyé par le Forum Économique Mondial. Ce dernier s’est donné pour mission d’exer­cer une pres­sion collec­tive en faveur de la neutra­lité carbone que l’Agence inter­na­tio­nale de l’éner­gie a bapti­sée Zéro émis­sion nette d’ici 2050 (Schwab K & T Malleret, 2021A224 p. 82).

Pendant que le roi Charles III, de visite en France en septembre 2023, plai­dait pour une nouvelle « entente franco-britannique » sur le climat et la biodi­ver­sité — consi­dé­rant que « le plus grand défi de tous [est] le réchauf­fe­ment clima­tique, le chan­ge­ment clima­tique et la destruc­tion catas­tro­phique de la nature » — le Premier ministre britan­nique Rishi Sunak annon­çait le report de plusieurs mesures phares de la poli­tique clima­tique du Royaume-Uni, disant à mi-mot que l’ob­jec­tif de « neutra­lité carbone » en 2050 lui parais­sait irréa­li­sable… Aurait-il une arrière-pensée concer­nant son utilité ?

Les médias fran­co­phones annoncent un recul de l’en­goue­ment pour le projet « Zéro émis­sion nette », souli­gnant son coût écono­mique et socié­tal. Toutefois, sans émettre de doute sur sa néces­sité. En effet, tous les partis poli­tiques (en 2024) se situent dans la ligne d’un climato-alarmisme qui rallie une majo­rité d’élec­teurs. La critique est taxée de « complo­tisme » ou « d’extrême-droite » — ce qui revient au même. Le Gieco-scepticisme trace donc sa route en dehors de la sphère poli­tique (élec­to­ra­liste).

Les inco­hé­rences et les contra­dic­tions du « zéro carbone » nous conduisent, à brève échéance, vers des lende­mains de très grave préca­rité éner­gé­tique. François Gervais écrit (2023A81) :

Souscrivons-nous aux oukases de Novethic, affi­lié à la Caisse des dépôts, orga­nisme que l’État fran­çais a missionné pour sa poli­tique de finan­ce­ment de la tran­si­tion écolo­gique, repre­nant entre autres les projets de lois et décrets liber­ti­cides de B&L évolu­tion [Louis CA & G Martin, 2019A137] ?

La « bulle clima­tique » finira-t-elle par explo­ser ? Avec quels effets ?

L’enjeu de ces ques­tions est abys­sal… Lisez les sources, ensuite commen­tez, corri­gez, ques­tion­nez. Mais souvenez-vous : des faits, pas des opinions !

L’ouvrage Impasses clima­tiques (Gervais F, 2022A80) a rendu possible la rédac­tion de ce premier essai, de par la perti­nence de ses analyses et la diver­sité des sources auxquelles il fait réfé­rence. J’ai été toute­fois déçu par le dernier chapitre consa­cré aux éner­gies dites « propres », instru­ments d’une « tran­si­tion éner­gé­tique » dont les chapitres précé­dents démon­traient la préco­cité, si ce n’est l’inu­ti­lité… Les argu­ments me paraissent réduits aux éléments de langage de promo­teurs (ou de détrac­teurs) de solu­tions indus­trielles.

Notamment (pages 245–249) lors­qu’il se fait l’avo­cat d’un renou­veau de l’atome civil avec ce raison­ne­ment grotesque : « Pour l’ins­tant, le nombre total de décès dus aux acci­dents de centrales nucléaires civiles reste cepen­dant très infé­rieur à celui lié aux ruptures de barrages [hydro­élec­triques]. » Tout est dans le « pour l’ins­tant » ! Et tant pis pour la Biélorussie, victime en 1986 d’un « inci­dent » nucléaire qui a conta­miné le tiers de son terri­toire et rendu des centaines de milliers d’hec­tares de terres agri­coles défi­ni­ti­ve­ment inter­dites à toute exploi­ta­tion (Topçu S, 2013A252 p. 219)… Sans oublier les suites de Fukushima et le pognon de dingue englouti dans ces programmes.

François Gervais mentionne évasi­ve­ment le « problème récur­rent » (sic) de stockage des déchets radio­ac­tifs (p. 247), mais il fait l’im­passe sur le défi tech­no­lo­gique du déman­tè­le­ment des anciennes centrales, tout en accor­dant un crédit à l’uti­li­sa­tion du thorium (OdN, 2022aA177) ou à la fusion ther­mo­nu­cléaire (OdN, 2022bA178).

Pour autant, il n’est pas seul à s’éga­rer dans les argu­ments les plus éculés des nucléo­crates : Patrice Poyet, Ian Clark et Benoît Rittaud sont logés à la même enseigne…

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Article créé le 28/08/2023 - modifié le 21/12/2024 à 10h20

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