John Clauser : “Le discours sur le climat est une dangereuse corruption de la science”
Mattias Desmet
14 août 2023
Source : https://mattiasdesmet.substack.com/p/nobel-prize-winner-john-clauser-climate
Traduit de l’anglais
⚪️ John Clauser, lauréat du prix Nobel de physique 2022, a récemment fait une déclaration remarquable : le discours sur le climat est une dangereuse corruption de la science qui menace l’économie mondiale et le bien-être de milliards de personnes. Ma poitrine s’est ouverte et remplie d’un soulagement à la lecture de ces mots.
Ce n’est pas que je pense que nous devrions nous complaire dans un confort et un luxe effrénés, en prenant l’avion jusqu’à Barcelone pour nous faire couper les cheveux. Le silence de la nature vaut plus pour moi qu’une Bugatti. J’aime l’air frais de la montagne plus que le parfum le plus délicat, la lumière foisonnante du crépuscule plus que le faste et la gloire de toutes les villes du monde réunies.
Et ce n’est pas que je ne sache pas qu’il y a mille autres scientifiques pour chaque John Clauser. Prix Nobel ou pas, John Clauser est une exception. Face à lui, il y a le consensus de la communauté universitaire.
Mais que vaut réellement ce consensus ? Est-il le fruit d’une véritable passion pour la connaissance ? Ou est-ce plutôt le résultat d’une formation de masse rampante parmi les universitaires, de la peur de la stigmatisation (« déni du climat »), de la soif de ressources pour la recherche, et peut-être même d’un certain plaisir à diffuser le message apocalyptique ?
À ces phénomènes s’ajoute sans aucun doute la domination idéologique d’institutions mondialistes telles que les Nations unies. Le récit climatique est en grande partie un produit de la propagande avec laquelle ces institutions poussent leur agenda technocratique. Aidées par leur armée de digital first responders (premiers répondants numériques), les Nations unies censurent toute voix qui critique leur programme idéologique.
Le consensus académique finit par s’établir de la manière suivante : ceux qui n’adhèrent pas au discours dominant sont retirés de la « liste A » des scientifiques qui ont du poids, des références et des financements, jusqu’à ce que l’on puisse dire que « tous les scientifiques » adhèrent au discours dominant. Posez-vous la question : quelle est la probabilité que des dizaines de milliers de scientifiques du monde entier soient tous d’accord ? Un tel consensus ne pourrait être qu’un consensus de courtisans.
Où ce genre de pseudo-consensus nous a‑t-il menés ces dernières années ? Eh bien, entre autres endroits malheureux, à une croyance répandue selon laquelle le coronavirus tuerait plus de 80 000 personnes en Suède d’ici la fin du mois de mai 2020 si le pays ne se confine pas, et que le vaccin empêcherait la transmission du virus. Et si le discours « woke » continue à prendre de l’ampleur, le consensus sera bientôt qu’il n’y a pas de différence biologique entre un homme et une femme.
La vraie science naît du courage d’un individu à briser le consensus, et non d’une fausse déférence à l’égard du « consensus ». John Clauser a accompli l’acte politique le plus élevé qu’un être humain puisse réaliser : il s’est exposé au risque d’exclusion sociale en s’exprimant sincèrement dans l’espace public. Et en effet, les réactions négatives et la frénésie pour l’annuler ont commencé immédiatement après qu’il se soit exprimé.
Les opinions dissidentes sont rejetées avec une rhétorique telle que : « La plupart des scientifiques sont d’accord pour dire que les choses sont ceci ou cela, pourquoi cette seule exception serait-elle correcte ? » Mais on peut aussi raisonner dans l’autre sens : seul un engagement en faveur de la vérité vous donnera le courage de risquer l’ostracisme de vos pairs, voire de votre statut professionnel tout entier.
En outre, ce qui se fait passer pour de la « science du climat » prend de plus en plus la forme d’une propagande. Je désapprouve la couverture médiatique incessante qui présente chaque journée chaude comme une apocalypse climatique, et qui présente les incendies de forêt provoqués par l’homme et même l’augmentation soudaine des fausses couches et des caillots sanguins comme le résultat du réchauffement de la planète.
À partir de l’année prochaine, vous pourrez même suivre un master en « psychologie du climat » à l’université des sciences appliquées d’Amsterdam. Vous y apprendrez comment impliquer la population dans l’histoire du climat. Je peux bien sûr comprendre la logique qui pousse des personnes bien intentionnées à suivre un tel cursus : étant donné la soif insatiable de l’homme pour le confort et le luxe, les masses conduiront le monde à la ruine ; il n’y a donc pas d’autre option que de manipuler les masses pour les remettre sur le droit chemin.
Le choix de la propagande est donc compréhensible, en un sens, mais néanmoins extrêmement problématique pour plusieurs raisons. Tout d’abord, son utilisation excessive pour sauver l’humanité est intérieurement contradictoire. La colonne vertébrale de l’être humain, la fibre du tissu social, c’est la parole honnête et digne de confiance. Une société fondée sur la propagande est, par définition, la fin de l’humanité.
Deuxièmement, ceux qui croient devoir manipuler les masses ne sont pas mieux lotis moralement que les masses elles-mêmes. Rappelez-vous les centaines de jets privés et de yachts exceptionnels lors des conférences sur le climat… où l’on aspirait soi-disant à des solutions au problème du climat ?
Troisièmement, la solution écomoderniste au « problème du climat » qui transparaît dans le discours de l’ONU n’est pas la solution au problème — elle en est plutôt la cause. Concentrer l’humanité dans des unités d’habitation uniformes dans des villes de 15 minutes, faire exploser des bombes de nitrate dans la stratosphère pour bloquer la lumière du soleil, interdire aux agriculteurs de travailler leurs terres, passer à la farine d’insectes et aux aliments imprimés en laboratoire, planter des arbres artificiels pour filtrer le CO2 de l’air — tout cela ne semble-t-il pas plus dangereux que de manger un steak, en particulier d’un animal élevé par un petit agriculteur local, et de conduire une voiture diesel ? Dans la mesure où il y a de vrais problèmes avec la nature, c’est cet orgueil rationaliste, qui poursuit un monde aussi artificiel que possible, qui en est la cause plutôt que la solution.
Alors, continuons à faire ce que nous faisons ? Comme je l’ai dit plus haut : je pense que nous devons nous préoccuper de l’impact de l’homme sur la nature. Par exemple, je crois que le problème des microplastiques et de la soupe de plastique dans les océans est réel, que l’agriculture industrielle détruit les sols, et que la pisciculture industrielle menace la vie dans les océans. Et lorsque je suis dans la steppe en Afrique et que je ressens un silence sacré palpable dans l’air, une prise de conscience déchirante m’envahit : dans notre « progrès », nous avons perdu l’essence de la vie.
Telle est la véritable tâche à laquelle nous sommes confrontés : distinguer les faux problèmes des vrais problèmes, et trouver de vraies solutions aux vrais problèmes, au-delà de l’écomodernisme. C’est la meilleure façon de rendre la propagande impuissante et d’assurer un avenir vivable à la vie sur terre et aux générations futures. ⚪️
Compléments de lecture
➡ Il est important de lire les commentaires (et critiques) de cet article au bas de la page source (Mattias Desmet, 2023qvl9). Toutefois, ne pas se contenter de « se faire une opinion » sur ce sujet de la plus haute importance pour le devenir des sociétés humaines, si ce n’est — selon les avis les plus pessimistes — celui de l’espèce humaine en entier.
On ne peut pas faire l’économie d’une lecture attentive des écrits de scientifiques dont les conclusions paraissent éloignées du discours médiatisé sur « le climat ». Si l’influence sur le climat de l’activité humaine (via les gaz à « effet de serre ») s’avère faible ou insignifiante, les politiques de « transition énergétique » perdent toute justification…
Voici donc une liste d’articles et d’ouvrages qui permettront à chacun d’approfondir sa réflexion.
- À propos de John Clauser : Nobel Prize winner denounces alarmist climate predictions : ‘I don’t believe there is a climate crisis’ (LifeSiteNews, 13 juillet 2023ng9n)
- John F. Clauser, lauréat du prix Nobel, signe la Déclaration mondiale sur le climat de Clintel (24 août 2023jsr3)
- Mon article Discours sur le climat
- L’effet de serre et le bilan énergétique de la Terre (Georges Geuskens, 2020f5cw)
- Mathématiquement, le GIEC a tout faux ! (Henri Masson, 2023s94q)
- Le consensus scientifique sur le rôle néfaste du CO2 n’existe pas (Terre et Climat, 2023hmw5)
- « En inférence statistique, quand après un calcul de courbe de régression, les résidus ne sont pas constants et négligeables, on conclut que le modèle est imparfait et l’on change de modèle. Le GIEC, lui, interprète la non-constance des anomalies de température en clamant que c’est le système climatique qui dérive, tout en gardant une confiance aveugle dans ses modèles. » Extrait de l’article La science classique s’arrête où commence le chaos… (Henri Masson, 2019zmo0)
- Ouvrage Impasses Climatiques (François Gervais, 2022o85p)
- Ouvrage The Rational Climate e‑Book (Patrice Poyet, 2022ky5g)
- Ouvrage Unsettled : What Climate Science Tells Us, What It Doesn’t, and Why It Matters (Steven E Koonin, 2021jr03)
- Comment on the Environmental Protection Agency’s (“EPA”) Proposed Rule (William Happer & Richard Lindzen, 2023ybt3)
- Europe’s Climate Suffers From Lack Of Clouds And Rain… Not From A CO2 Increase (Mueller FF, 2023p1ew)
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Article créé le 22/08/2023 - modifié le 2/09/2023 à 11h16