Longévité

Sensibilité à l’insuline, cétose, et vieillissement

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Article invité de Dr Michael Eades
Extrait de The Arrow #135 (4 août 2023)
Traduit de l’an­glais américain


⚪️ Vous trou­ve­rez ci-dessous le cour­riel insai­sis­sable que j’ai fina­le­ment retrouvé, à peu près intact, d’un lecteur qui m’a contacté à la suite du texte que j’ai rédigé, il y a quelques semaines, sur l’ar­ticle de Krauss. Pour chaque personne qui m’écrit pour me poser ce genre de ques­tion, je crois que beau­coup d’autres se posent les mêmes ques­tions mais ne m’écrivent pas.

Les résul­tats de votre analyse sont logiques à première vue, mais je soup­çonne que l’ac­cent mis sur les glucides laisse malheu­reu­se­ment inex­pli­qués certains problèmes courants de perte de poids liés à un régime faible en glucides. Lorsque j’étais plus jeune (milieu de la quaran­taine), j’ai faci­le­ment et rapi­de­ment perdu du poids en rédui­sant les glucides dans mon régime, et j’ai conservé une masse corpo­relle rela­ti­ve­ment maigre en main­te­nant cette habi­tude alimen­taire. Cependant, lorsque j’ai atteint la soixan­taine, j’ai constaté qu’un régime pauvre en glucides ne permet­tait pas d’évi­ter la prise de graisse. J’ai d’abord consi­déré l’échec de ce régime à faible teneur en glucides comme proba­ble­ment l’is­sue regret­table d’un déclin géné­ral, graduel et inévi­table, lié à l’âge dans de multiples systèmes corpo­rels.

Malgré cet échec décou­ra­geant du régime, j’ai soumis le régime à un examen beau­coup plus rigou­reux que d’ha­bi­tude, ce prin­temps, et — sans surprise — j’ai obtenu la même absence de résul­tat. Bien que j’évi­tais soigneu­se­ment les glucides, la surveillance de ma combus­tion des graisses sur des bande­lettes n’a révélé qu’une très, très légère cétose. J’ai fini par me dire que peut-être mon habi­tude de mettre une cuille­rée de crème non laitière dans mon café était suffi­sante pour tout gâcher, car les traces de sirop de maïs dans la crème non laitière sont en réalité du glucose. J’ai donc commencé à utili­ser de la vraie crème dans mon café, en rempla­ce­ment de la crème non laitière, et j’ai immé­dia­te­ment obtenu des bande­lettes de test de cétone beau­coup plus foncées au cours de la jour­née.

Mon inter­pré­ta­tion de tout cela est que la plus grande sensi­bi­lité à l’in­su­line engen­drée par le main­tien d’un régime pauvre en glucides, pendant une ving­taine d’an­nées, finit par se retour­ner contre le prati­cien d’un régime pauvre en glucides. À cause de la plus grande sensi­bi­lité à l’in­su­line qu’il a progres­si­ve­ment déve­lop­pée sur le plan méta­bo­lique, il sort trop faci­le­ment de la cétose au moindre soup­çon de glucides.

En résumé, je crois que le fait de se concen­trer sur le nombre total de glucides consom­més par jour permet de prédire les résul­tats d’un régime pauvre en glucides, chez des personnes qui commencent à entraî­ner leur corps à brûler les graisses, mais passe à côté de l’es­sen­tiel lors­qu’elles finissent par s’ha­bi­tuer à cette pratique sur le plan méta­bo­lique. Ainsi, à long terme, je crois que c’est la sensi­bi­lité à l’in­su­line obte­nue par le régime pauvre en glucides au fil du temps qui devrait deve­nir le facteur de contrôle à suivre et à surveiller.

Il est inté­res­sant de noter que l’ex­pé­rience locale susmen­tion­née m’a permis de véri­fier que que ma sensi­bi­lité à l’in­su­line était encore très intacte. J’ai constaté, depuis lors, que l’aban­don de tout compor­te­ment d’évi­te­ment des glucides et des calo­ries, mais en ne mangeant qu’un seul repas sans restric­tion par jour (le dîner), me main­tient dans une forte cétose alimen­taire pendant la majeure partie des heures de jour, et m’a fina­le­ment permis de retrou­ver la perte de poids graduelle que j’avais initia­le­ment consta­tée en m’aven­tu­rant dans le régime à faible teneur en glucides. J’ai égale­ment trouvé cette forme de jeûne inter­mit­tent beau­coup moins physi­que­ment stres­sante, beau­coup plus repo­sante, que d’évi­ter constam­ment tous les glucides et de restreindre l’ap­port calo­rique au cours d’un repas donné. Malgré cela, l’es­to­mac et les intes­tins sont bruyants pendant une bonne partie de la jour­née.

[J’ai souli­gné en gras]

Ce cour­riel aborde de nombreux problèmes rencon­trés par les personnes qui suivent un régime pauvre en glucides. Après l’avoir lu atten­ti­ve­ment, j’ai souli­gné quelques points à discuter.

Le premier point soulevé par l’au­teur du cour­riel est de ceux avec lesquels nous devons tous vivre. Nous vieillis­sons chaque jour. Et chaque jour, après l’âge de 30 ans, les choses commencent à se dété­rio­rer lente­ment, mais inexo­ra­ble­ment. Prenez à peu près n’im­porte quel système. Je peux vous garan­tir qu’il fonc­tion­nait mieux à 25 ans qu’à 65 ans. Aussi horrible que cela puisse paraître, la vérité est que tous nos systèmes corpo­rels ont — faute d’un meilleur terme — un taux de dégra­da­tion au cours du temps.

Vous ne remar­quez pas cette dégra­da­tion à l’âge de 40 ans, bien qu’elle ait déjà commencé il y a envi­ron 10 ans. Pourquoi ? Parce que vous avez beau­coup de capa­cité dans l’or­gane sur lequel vous portez votre atten­tion. Vous ne rencon­trez des problèmes que lorsque la courbe de décrois­sance croise et descend en dessous de la capa­cité fonc­tion­nelle de l’or­gane en ques­tion. Tant que vous dispo­sez d’une capa­cité suffi­sante, vous ne remar­quez pas beau­coup de chan­ge­ment, voire aucun. Mais ce chan­ge­ment a lieu.

Donc, pour commen­cer, aucun régime ne fonc­tionne aussi bien quand on est âgé que quand on est plus jeune.

Nous verrons pour­quoi dans un instant, mais je voudrais d’abord parcou­rir le reste du courriel.

Il y a une clé subtile qui explique ce qui arrive à de très nombreuses personnes qui suivent des régimes à faible teneur en glucides. Dans le premier para­graphe, l’au­teur du cour­riel nous dit qu’il n’a pas réussi avec un régime pauvre en glucides, attri­buant cet échec à son vieillis­se­ment. Ce qui est effec­ti­ve­ment en partie le cas. Mais la première ligne souli­gnée dans ce para­graphe suivant m’en dit long.

Il écrit qu’il a fait « un essai beau­coup plus rigou­reux que d’ha­bi­tude ». Ce qui implique que les essais précé­dents n’étaient pas aussi rigou­reux. Or je ne suis pas certain que « l’es­sai plus rigou­reux que d’ha­bi­tude » l’ait été tant que cela.

L’une des choses que j’ai apprises en discu­tant avec de très nombreux patients, en surveillant mon propre compor­te­ment et celui d’autres personnes que je connais bien, c’est que la plupart des gens suivent une sorte de régime à faible teneur en glucides à demi rigou­reux, la deuxième ou la troi­sième fois.

Généralement, lorsque les gens suivent un régime pauvre en glucides (ou proba­ble­ment n’im­porte quel régime) la première fois, ils appliquent à la lettre les instruc­tions. Et ils obtiennent géné­ra­le­ment de bons résul­tats. Ils perdent du poids sans effort. Ensuite, une fois leur poids cible atteint, ils croient que le régime est terminé. C’est alors qu’ils se remettent à manger tous les aliments évités pendant le régime. Inexorablement, les kilos reviennent.

En fin de compte, il n’y a qu’un petit nombre de façons de perdre du poids. Vous pouvez réduire les calo­ries, les graisses ou les glucides. Tout régime envi­sagé entre dans l’une de ces grandes catégories.

Si vous suivez un régime restric­tif sur le plan calo­rique, vous aurez géné­ra­le­ment faim. Or, la bataille contre la faim est presque toujours de celles que vous fini­rez par perdre. Si vous rédui­sez les graisses, vous finis­sez par consom­mer des glucides, ce qui va en quelque sorte à l’en­contre du but recher­ché. Croyez-moi, vous risquez de manger beau­coup de glucides tout en main­te­nant une faible consom­ma­tion de graisses. Il n’y a prati­que­ment pas d’in­ter­rup­teur pour les glucides, en parti­cu­lier les glucides transformés.

À mon avis, la meilleure option est une version du régime pauvre en glucides. Lorsque vous rédui­sez votre consom­ma­tion de glucides, vous abais­sez votre taux d’in­su­line, ce qui a pour effet d’ou­vrir les cellules adipeuses afin que la graisse stockée puisse sortir et être brûlée. Les aliments riches en graisses et en protéines sont très rassa­siants. Donc, ces aliments que vous êtes auto­risé à manger en quan­ti­tés illi­mi­tées vont, contrai­re­ment aux glucides, couper rapi­de­ment votre faim. De plus, un régime pauvre en glucides est plus ou moins inscrit dans nos gènes, puisque l’être humain a néces­sai­re­ment suivi ce type de régime pendant des millénaires.

Les données montrent que le régime pauvre en glucides est le meilleur moyen de perdre du poids. La Public Health Collaboration, une orga­ni­sa­tion britan­nique à but non lucra­tif, a recensé toutes les études sur les régimes alimen­taires, compa­rant les régimes pauvres en graisses et riches en glucides (et les régimes hypo­ca­lo­riques) aux régimes pauvres en glucides, au cours des deux dernières décen­nies. Vous pouvez consul­ter leurs données. Sur les 67 études évaluées, le régime pauvre en glucides l’emporte sur le régime pauvre en graisses (pauvre en calo­ries), en termes de perte de poids, dans 58 d’entre elles. Dans 7 études seule­ment, les sujets ont perdu plus de poids avec un régime pauvre en graisses. Si l’on évalue ces 67 études en termes de signi­fi­ca­tion statis­tique (faible P, si cela vous inté­resse), il s’avère que 36/67 études montrent une diffé­rence statis­ti­que­ment signi­fi­ca­tive dans la perte de poids chez les sujets soumis à un régime pauvre en glucides, et 0/67 pour le régime pauvre en graisses.

(Note : la Public Health Collaboration fait la promo­tion des régimes pauvres en glucides. Mais je connais certaines des personnes qui la dirigent. Elles n’ont pas toujours été des adeptes de régimes pauvres en glucides. Les données les ont fait chan­ger d’avis.)

Admettons, pour les besoins de la discus­sion, que le régime pauvre en glucides est le meilleur régime pour la perte de poids pour le plus grand nombre d’in­di­vi­dus. Lorsque des personnes suivent le régime pauvre en glucides et perdent du poids, que font-elles lors­qu’elles atteignent leur objec­tif ? Mettent-elles plus de viande, d’œufs et de fromage dans leur assiette ? Ou bien mangent-elles plus de glucides ? Je crois que tout le monde connaît la réponse à cette question.

Si elles reprennent le poids perdu, il est évident qu’elles ont un problème avec les glucides.

Et, en fait, c’est le cas. On sait depuis des années que l’in­to­lé­rance au glucose augmente avec l’âge. Un tout nouveau docu­ment vient d’être publié le mois dernier, qui illustre bien ce phéno­mène. Je n’ai pas eu le temps de m’y plon­ger comme j’ai­me­rais le faire, mais j’y ai jeté un bref coup d’œil. Les graphiques sont éloquents. Voici ce qui arrive à la glycé­mie et à l’in­su­line, au fur et à mesure que nous vieillissons.

La ligne conti­nue montre ce qui se passe chez les personnes de poids normal, au fil du temps, tandis que la ligne discon­ti­nue montre les résul­tats pour les personnes en surpoids. Les nuages en grisé montrent la distri­bu­tion des sujets. La ligne hori­zon­tale en poin­tillé sur le graphique de gauche montre la démar­ca­tion entre la glycé­mie normale et la plage prédiabétique.

Comme vous pouvez le consta­ter, même les sujets de poids normal s’ap­prochent de cette four­chette prédia­bé­tique en vieillissant.

Revenons à ce qui se passe lorsque les gens suivent un régime pauvre en glucides pour la deuxième fois ou plus… Ils ne le font presque jamais aussi stric­te­ment qu’ils l’ont fait la première fois. Et ils ont appris toutes sortes de façons de tricher.

D’après mon expé­rience, les trois aliments non carnés dont les gens ont tendance à s’empiffrer lors­qu’ils suivent un régime pauvre en glucides sont le fromage, les noix et les beurres de noix. Ces aliments — en parti­cu­lier les noix, dans mon cas — sont vrai­ment faciles à manger en trop grande quan­tité tout en respec­tant la quan­tité de glucides. (Bien que même les noix consom­mées en quan­tité peuvent conte­nir suffi­sam­ment de glucides pour poser problème à certains moments.) Ce sont les premiers aliments au sujet desquels je ques­tionne mes patients qui ont du mal à perdre du poids. Je constate géné­ra­le­ment qu’un ou plusieurs de ces aliments sont à l’ori­gine du problème.

L’autre problème est la malbouffe à faible teneur en glucides. J’entends par là des aliments tels que les brow­nies, les biscuits, les bonbons et autres sale­tés qui sont rendus pauvres en glucides en rempla­çant le sucre par des alcools de sucre, et la farine de blé par de la farine d’amandes. Pour une gâte­rie occa­sion­nelle, ce n’est peut-être pas un problème, mais ces cochon­ne­ries à faible teneur en glucides ne sont pas quelque chose que l’on peut manger sans modé­ra­tion. Et, bien qu’ils soient pauvres en glucides, ils ne sont géné­ra­le­ment pas pauvres en calo­ries, toujours haute­ment trans­for­més, et contiennent proba­ble­ment beau­coup de mauvaises huiles. Si vous si vous avez vu mon exposé sur les mauvaises huiles, vous saurez pour­quoi elles sont problé­ma­tiques. Je pense que les graisses satu­rées sont en fait saines, et non pas nocives. Je pense égale­ment qu’une partie de l’épi­dé­mie d’obé­sité est due au fait que nous essayons d’éli­mi­ner trop de graisses de notre alimentation.

Je dois admettre que j’ai été moi-même victime d’un régime pauvre en glucides. Lorsque je ne fais pas atten­tion à ce que je mange, je finis par prendre du poids, comme tout le monde. Chaque fois que j’adopte une version « douce » du régime pauvre en glucides, je ne vois pas beau­coup de chan­ge­ment. Lorsque je décide de bien faire les choses, je perds des kilos rapidement.

Ce qu’il faut rete­nir, c’est qu’il ne faut pas reje­ter le régime pauvre en glucides si vous n’es­sayez qu’un régime à moitié faible en glucides. Il faut vrai­ment être sérieux. Et, plus on vieillit, plus on doit être sérieux.

L’auteur de notre cour­riel évoque l’idée qu’a­vec l’âge et les années passées à suivre un régime pauvre en glucides, il est facile de sortir de la cétose.

Je ne suis pas du même avis.

Cétones et cétose

Il existe trois cétones (le terme tech­nique est « corps céto­niques », mais plus personne ne l’uti­lise) que votre corps produit : l’acétoneN1, l’acétoa­cé­tateN2 et le bêta-hydroxybutyrateN3.

Voici quelques sché­mas qui vous aide­ront à expli­quer le fonc­tion­ne­ment de la cétoseN4.

Comme vous pouvez le voir, l’acétyl-CoAN5 est en quelque sorte le produit final de de tout le méta­bo­lisme alimen­taire. Une fois que les aliments sont décom­po­sés en acétyl-CoA, ils peuvent aller dans un certain nombre de direc­tions, y compris dans la produc­tion de cétonesN6.

Voici la voie de forma­tion des trois cétones que j’ai mention­nées ci-dessus.

N’oubliez pas l’étape 4 de ce schéma. C’est très inté­res­sant, et nous y revien­drons dans un instant.

Jetons main­te­nant un coup d’œil à une figure bien connue tiré d’un article de George Cahill. Cette image a été repro­duite dans d’in­nom­brables manuels et autres documents.

Le graphe montre ce qui se passe au fil du temps en cas de jeûne (ainsi que, comme Robert Wolfe l’a démon­tré plus tard, ce qui se produit lors d’un régime pauvre en glucides).

C’est un peu diffi­cile à voir, mais entre le jour zéro et le jour un, les premières cétones libé­rées sont l’acé­tone et l’acé­toa­cé­tone. Au fil du temps, le bêta-hydroxybutyrate (BHB) fait son appa­ri­tion, et devient fina­le­ment la cétone la plus répan­due dans les jeûnes de longue durée ou les régimes pauvres en glucides. L’acétone dispa­raît à peu près complètement.

La plupart des gens véri­fient les niveaux de cétone avec les bande­lettes Ketostix, faci­le­ment dispo­nibles et peu coûteuses. Le problème est que le Ketostix véri­fie l’acé­tone et non le BHB. Par consé­quent, si vous suivez un régime pauvre en glucides depuis quelques semaines, il faudra un temps fou pour que votre Ketostix devienne violet. Bien que vous soyez en état de cétose.

Je ne peux pas vous dire combien de patients MD [mon épouse] et moi avons eus, déses­pé­rés de ne pas arri­ver à faire virer au violet leur fichu Ketostix.

Les Ketostix sont faciles à utili­ser. Il suffit de faire pipi dessus ou de les trem­per dans votre urine.

Il existe des kits de test pour le BHB, mais ils sont chers, néces­sitent de se piquer le doigt et d’uti­li­ser une bande­lette coûteuse (plus chère que les Ketostix) pour chaque test. Les kits que je préfère sont fabri­qués par Keto-Mojo, une société avec laquelle je n’ai aucune affi­lia­tion finan­cière, bien que je les aie rencon­trés et que j’aie parlé avec eux lors de confé­rences médi­cales. Vous pouvez vous procu­rer leurs kits sur Amazon ou sur leur site web.

Si vous suivez un régime pauvre en glucides depuis un certain temps, et que vous voulez savoir si vous êtes ou non en cétose, procurez-vous l’un de ces kits. Ne faites pas de folies avec ça, ou vous brûle­rez votre budget alimen­taire en ache­tant des bandelettes !

Bon, passons main­te­nant à la partie inté­res­sante que j’ai mention­née plus haut. Le graphique ci-dessus montre comment les cétones sont synthé­ti­sées à partir de l’acétyl-CoA. Au cours de ce proces­sus, un NAD+N7 est généré. Le graphique ci-dessous montre le proces­sus de méta­bo­li­sa­tion des cétones, c’est-à-dire comment les cétones sont utili­sées pour produire de l’ATPN8 (éner­gie).

Si vous regar­dez l’étape 1 ci-dessus, vous verrez que le BHB est converti en acétoa­cé­tate, lors de la première étape de sa conver­sion finale en acétyl-CoA, puis dans le système de Krebs. CoA, puis en ATP dans le cycle de Krebs — égale­ment appelé cycle de l’acide tricar­boxy­lique, TCAN9. Il consomme le NAD+ qu’il a rejeté à l’étape 4 du graphique de la forma­tion des cétones. Ainsi, si le BHB est entiè­re­ment méta­bo­lisé, il n’y a pas de chan­ge­ment net de NAD+.

Mais si le BHB est libéré dans l’urine, comme c’est souvent le cas en cas de cétose, alors il n’y a pas de consom­ma­tion de NAD+. Ce qui signi­fie qu’il y a une augmen­ta­tion nette de NAD+.

Le NAD+ (Nicotinamide adénine dinu­cléo­tide) est une substance merveilleuse qui possède toutes sortes de proprié­tés inté­res­santes. Vous pouvez en savoir plus à ce sujet ici. Malheureusement, elle dimi­nue avec l’âge. Il s’agit d’un supplé­ment coûteux à l’achat, mais vous pouvez l’ob­te­nir gratui­te­ment en étant simple­ment en cétose. Même si vous êtes vieux.

Un état stable

L’auteur de notre cour­riel a écrit que les personnes qui suivent des régimes à faible teneur en glucides, stimu­lant géné­ra­le­ment la combus­tion des graisses, cessent de perdre « lors­qu’elles s’ha­bi­tuent à cette pratique sur le plan méta­bo­lique ».

Il a en quelque sorte raison sur ce point.

Pensez à n’im­porte quel type de machine. Lorsqu’elle fonc­tionne en régime perma­nent, elle utilise une quan­tité mini­male de carbu­rant. Si vous la sortez de son état stable, la consom­ma­tion de carbu­rant augmente. Si vous faites rouler votre voiture à une vitesse constante de 65 mph, vous consom­me­rez moins de carbu­rant en un temps donné que si votre vitesse est variable mais que la vitesse moyenne est la même : tantôt 85 mph et tantôt 45 mph. Il ne s’agit pas d’un état stable.

Il en va de même pour votre corps.

Si vous mangez la même chose tous les jours à la même heure, vous allez fonc­tion­ner méta­bo­li­que­ment à un état stable.

Il faut secouer les choses.

Variez les heures de repas, les quan­ti­tés et les aliments que vous mangez.

Notre corres­pon­dant a décidé de manger ce qu’il voulait une fois par jour. Et, d’après son rapport, il perd du poids. C’est là tout l’in­té­rêt du jeûne inter­mit­tent. Il bous­cule les choses, et permet aux para­mètres de votre système méta­bo­lique de reve­nir à leur niveau de base.

Mais si vous mangez la même chose chaque jour à la même heure, vous vous retrou­ve­rez dans un état stable. Et vous pren­drez proba­ble­ment du poids ou cesse­rez de perdre du poids à un moment ou à un autre.

Bon, passons à quelque chose de vrai­ment intéressant.

La clairance

Vous n’avez proba­ble­ment jamais entendu parler de la clai­rance dans un régime, mais c’est important.

Tout d’abord, une définition.

En termes physio­lo­giques, la clai­rance consiste à élimi­ner quelque chose du sang. L’élimination la plus courante, connue de la plupart des méde­cins, est proba­ble­ment celle de la créa­ti­nineN10. La créa­ti­nine est un déchet issu de la dégra­da­tion muscu­laire et elle est excré­tée par les reins. Un test de labo­ra­toire, appelé clai­rance de la créa­ti­nine, est une mesure couram­ment utili­sée pour détec­ter les problèmes rénaux. Il s’agit d’une mesure de la quan­tité de créa­ti­nine qui est élimi­née du sang par les reins. Si la quan­tité est insuf­fi­sante, cela peut être le signe que les reins sont endommagés.

Presque tout est éliminé du sang, avec le temps. Et c’est impor­tant pour rester en bonne santé. Prenons un exemple extrême.

Imaginez que vous marchez sur un sentier dans la forêt, que vous contour­nez un buis­son dense et vous retrou­vez face à un ours énorme. Votre corps sera instan­ta­né­ment inondé de toutes les hormones de combat ou de fuite. Nous savons tous ce que l’on ressent lors­qu’on a soudain la peur au ventre — ce n’est pas agréable. Mais vous remar­quez alors qu’il s’agit d’un ours en peluche, et non d’un véri­table ours. Au cours des quelques minutes qui suivent, les hormones de lutte ou de fuite dispa­raissent, et votre rythme cardiaque, votre respi­ra­tion, la couleur de votre peau et tout le reste reviennent à la normale.

Où sont passées les hormones de lutte ou de fuite qui sont appa­rues presque instan­ta­né­ment ? Elles ont été élimi­nées de votre sang par votre foie et d’autres organes.

La même chose se produit lorsque vous libé­rez n’im­porte quel type d’hor­mone pour n’im­porte quelle raison. L’hormone en ques­tion fait son travail, puis est élimi­née de votre circu­la­tion. Si ce n’était pas le cas, vous pour­riez avoir de gros problèmes.

Prenons l’exemple de l’in­su­line. Si vous mangez un biscuit, votre taux d’in­su­line va augmen­ter afin de main­te­nir votre glycé­mie à un niveau normal. Elle pousse le sucre du biscuit dans vos cellules pour y être stocké, puis elle est élimi­née du sang. Si elle n’était pas élimi­née, elle conti­nue­rait à agir et à faire bais­ser votre glycé­mie, au point de vous faire perdre connaissance.

La plupart des substances sont élimi­nées par le foie, dont c’est l’une des prin­ci­pales fonc­tions. Certaines sont élimi­nées par les reins et d’autres par les deux.

Peu de temps après avoir compris ce que sont l’in­su­line et la résis­tance à l’in­su­line, ainsi que le rôle de l’ali­men­ta­tion dans ce phéno­mène, j’ai conclu que l’in­su­line était, d’une manière ou d’une autre, élimi­née du sang après avoir fait son travail. À l’époque, il n’exis­tait pas de PubMed en ligne pour recher­cher de telles choses. En fait, il n’y avait même pas de « en ligne ». Pour trou­ver quelque chose, il fallait avoir en main une copie papier d’un docu­ment de recherche pour commen­cer. On regar­dait les cita­tions à la fin de l’ar­ticle, puis on commen­çait à cher­cher celles en lien avec ce que l’on voulait savoir. Vous recher­chiez ces docu­ments, jusqu’à ce que vous ayez votre propre petite biblio­thèque de docu­ments de recherche.

À l’époque, il y avait peu d’ar­ticles sur la résis­tance à l’in­su­line et/ou l’hy­per­in­su­li­né­mie. En fait, lorsque j’ai décidé de commen­cer à véri­fier les taux d’in­su­line chez mes patients, le labo­ra­toire natio­nal de réfé­rence n’avait pas la possi­bi­lité de véri­fier la présence d’in­su­line. J’ai dû les harce­ler pendant des mois avant qu’ils finissent par trou­ver une métho­do­lo­gie qui, comme vous pouvez l’ima­gi­ner, était coûteuse.

Pendant tout ce temps, j’ai commencé à réflé­chir à la manière dont l’in­su­line pour­rait être élimi­née du sang. Cela devait être le cas. Mais je n’ai trouvé aucun article à ce sujet.

Je me suis dit que le foie devait jouer un rôle impor­tant dans l’éli­mi­na­tion de l’in­su­line. J’ai donc commencé à réflé­chir à la manière d’amé­lio­rer le fonc­tion­ne­ment du foie. Je n’ai pas vrai­ment trouvé de plan pour amélio­rer le fonc­tion­ne­ment du foie, mais j’ai trouvé comment l’empêcher de fonc­tion­ner moins bien.

Comme je l’ai mentionné plus haut dans cette section, la fonc­tion et la capa­cité de tous les organes se dégradent avec le temps. Le foie a une capa­cité limi­tée à faire ce qu’il fait. Si une partie de cette capa­cité est utili­sée, il en reste moins pour d’autres choses.

L’une des prin­ci­pales tâches du foie est la détoxi­fi­ca­tion. Les êtres humains consomment toutes sortes de choses qui ont besoin d’être détoxi­fiées. Alcool, caféine, divers médi­ca­ments, pour n’en citer que quelques-unes. Ces substances occupent le foie, dimi­nuant progres­si­ve­ment la capa­cité du foie à faire son travail.

La plupart des gens — moi y compris — peuvent boire autant de café qu’ils le veulent quand ils sont jeunes, et n’ont jamais de problème pour s’en­dor­mir. En vieillis­sant, ils découvrent qu’ils ne peuvent pas. Le foie de 50 ans n’est pas à la hauteur de la tâche, comme l’était celui de 20 ans.

Avec l’âge, les gens sont plus enclins à prendre des médi­ca­ments sur ordon­nance, pour une raison ou une autre. Ou même des médi­ca­ments en vente libre pour soula­ger les douleurs. S’y ajoutent quelques tasses de café et un ou deux cock­tails le soir, et le vieux foie est mis à rude épreuve.

Même si je n’ai trouvé aucun docu­ment sur la clai­rance de l’in­su­line, je savais qu’elle devait exis­ter. Et je me suis dit que tous les médi­ca­ments, l’al­cool, le café, etc., que les personnes âgées prenaient, devaient rendre plus diffi­cile l’éli­mi­na­tion de l’in­su­line par le foie.

Ainsi, lorsque les gens avaient des diffi­cul­tés à perdre du poids, j’ai commencé à essayer de les inci­ter à réduire leur consom­ma­tion de café, d’al­cool (qui, s’il s’agit d’al­cool pur, ne contient pas de glucides), et au moins les médi­ca­ments en vente libre, afin de donner un répit à leur foie. Cela a semblé fonctionner.

J’ai décou­vert que l’es­presso ne contient que la moitié de la caféine du café normal. MD et moi avons donc commencé à en boire nous-mêmes. (C’était bien avant l’exis­tence de Starbucks.) La caféine est soluble dans l’eau, ce qui signi­fie que qu’elle est extraite du marc de café par l’eau. Le café au goutte-à-goutte main­tient le marc en contact avec l’eau plus long­temps, ce qui augmente la quan­tité de caféine dans le café. Le café percolé ou pressé à la fran­çaise est encore plus concen­tré pour la même raison : un contact plus long extrait plus de caféine du marc.

Lors de la prépa­ra­tion de l’es­presso, la vapeur sous pres­sion n’ab­sorbe pas autant de caféine que l’eau. Mais elle extrait davan­tage d’huiles que le café au goutte-à-goutte — un peu comme dans le cas de la frac­tu­ra­tion. L’espresso obtenu est donc plus intense que le café au goutte-à-goutte, mais ce n’est pas à cause de la caféine, c’est à cause de la plus grande concen­tra­tion d’arômes et de saveurs.

Je ne saurais vous dire combien de personnes m’ont dit qu’elles ne pouvaient pas boire d’es­presso, parce que toute la caféine qu’il contient les rend nerveux ! L’esprit humain est une drôle de chose.

Si vous aimez boire du café, comme moi, passez à l’es­presso. Vous obtien­drez deux fois moins de caféine qu’en buvant du café au goutte-à-goutte. Si vous n’ai­mez pas l’in­ten­sité, buvez-le comme MD et moi. Comme un ameri­cano. Il s’agit d’une dose d’es­presso et d’une dose d’eau chaude. Les cafe­tières goutte-à-goutte sont rares en Italie, c’est donc ainsi qu’ils préparent le café pour les Américains. J’ai telle­ment fait la promo­tion des ameri­ca­nos dans diverses publi­ca­tions que j’ai fina­le­ment décidé de faire une vidéo de démons­tra­tion, il y a quelques années. Vous pouvez la regar­der ci-dessous :

Ne soyez pas trop critique. C’était mon premier essai. En réalité, ça a été mon seul essai. Je n’ai jamais réalisé d’autre vidéo. J’ai enre­gis­tré des confé­rences et des inter­views, mais jamais de vidéo direc­te­ment face à la caméra.

La conclu­sion de tout cela est que, si vous voulez élimi­ner l’in­su­line et perdre du poids plus rapi­de­ment, ne mono­po­li­sez pas la capa­cité d’épu­ra­tion de votre foie. Réduisez votre consom­ma­tion de caféine et d’al­cool, et débarrassez-vous de tous les médi­ca­ments que vous pouvez éliminer.

C’est ce que je recom­mande à mes patients depuis des années. En me prépa­rant à écrire ce chapitre, j’ai parcouru PubMed pour voir si quel­qu’un avait écrit quelque chose sur la clai­rance de l’in­su­line. Imaginez ma surprise de trou­ver une litté­ra­ture floris­sante sur le sujet. Il existe aujourd’­hui plus de 7000 articles sur la clai­rance de l’insuline !

Je n’ai pas eu le temps de les lire tous. En fait, je ne les ai trou­vés qu’hier, et j’ai donc passé un peu de temps hier soir à en parcou­rir quelques-uns. Comme je le pensais il y a long­temps, l’in­su­line est élimi­née prin­ci­pa­le­ment dans le foie, un peu dans les reins et un peu dans les tissus adipeux et les muscles.

Voici un schéma qui le montre plus clairement.

Pour vous expli­quer, les cellules bêta du pancréas libèrent de l’in­su­line qui est envoyée au foie par la veine porte. Ceci est impor­tant, car la plupart des gens croient que l’in­su­line est libé­rée dans le sang. Ce n’est pas le cas. Le tube diges­tif et tous les organes qui s’y trouvent, y compris le pancréas, libèrent leurs produits dans une grosse veine qui va dans le foie avant d’al­ler ailleurs. Cela signi­fie que le foie a la possi­bi­lité de le peau­fi­ner. Le foie étant le grand direc­teur de tout le méta­bo­lisme, c’est logique.

Le foie finit par dégra­der (ou élimi­ner) de 50 à 70 % (selon les articles) de l’in­su­line qui lui parvient. Il libère ce qui reste dans le sang, où les autres organes mention­nés ci-dessus s’oc­cupent du reste en fonc­tion des besoins.

Le foie joue donc un rôle extrê­me­ment impor­tant dans le deve­nir de l’insuline.

Et, comme je l’ai expli­qué il y a long­temps, il fera un meilleur travail lors­qu’il fonc­tionne à plein régime, sans limi­ta­tion majeure de sa capacité.

Examinons quelques scénarios.

Tout d’abord, imagi­nez que vous êtes jeune et que vous mangez une frian­dise sucrée. Votre glycé­mie augmente ; votre pancréas déverse une grande quan­tité d’in­su­line ; votre jeune foie, qui fonc­tionne bien, élimine suffi­sam­ment d’in­su­line pour que ce qui arrive dans le sang soit juste suffi­sant pour abais­ser rapi­de­ment votre glycé­mie à des niveaux normaux. Ensuite, le foie, les reins, les muscles et le tissu adipeux éliminent l’ex­cès d’in­su­line. Tout revient à la normale.

Aujourd’hui, vous êtes plus âgé et vous mangez la même frian­dise. Votre glycé­mie augmente ; votre pancréas déverse l’in­su­line dans la veine porte. Mais votre foie âgé, avec la caféine, l’al­cool, l’Advil et Dieu sait quoi d’autre à gérer, n’ar­rive pas à élimi­ner l’in­su­line comme il le devrait. Les niveaux sanguins augmentent, et peut-être font bais­ser le taux de sucre, ce qui vous donne faim et vous incite à manger davan­tage. (La baisse de la glycé­mie est la plus puis­sante des inci­ta­tions à manger.) Les taux d’in­su­line chro­ni­que­ment élevés régulent alors les récep­teurs d’in­su­line, qui ont besoin d’en­core plus d’in­su­line pour faire leur travail. L’hyperinsulinémie s’installe.

Il y a deux, et seule­ment deux, mesures à prendre pour arrê­ter ou inver­ser ce phéno­mène. La première consiste à ne pas manger la frian­dise sucrée. La seconde est de main­te­nir votre foie dans le meilleur état de fonc­tion­ne­ment possible, compte tenu de votre âge.

En parcou­rant une poignée d’ar­ticles sur la clai­rance de l’in­su­line hier soir, j’ai remar­qué que l’obé­sité et le diabète rédui­saient tous deux l’éli­mi­na­tion de l’in­su­line par le foie. Sans parler de l’in­fil­tra­tion grais­seuse du foie, appe­lée stéa­tose hépa­tique non alcoo­lique, NAFLDN11, qui met un frein à la clai­rance de l’in­su­line. Donc…. ⚪️

[À suivre]

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  • N1 · a2mh · Acétone – Wikipedia
  • N2 · bjn7 · Acide acéty­la­cé­tique – Wikipedia
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  • N8 · 6qeo · Adénosine triphos­phate (ATP) – Wikipedia
  • N9 · xbb2 · Acide tricar­boxy­lique (TCA) – Wikipedia
  • N10 · ccc6 · Créatinine – Wikipedia
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Article créé le 6/08/2023 - modifié le 10/08/2023 à 08h33

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