Les principales caractéristiques du sommeil de l’adulte se mettent en place au cours des deux premières années de la vie. Chez le préadolescent, entre 6 et 11 ans, le sommeil est très stable et la vigilance diurne est grande. Entre 3 et 10 ans, la durée du sommeil nocturne est réduite d’environ dix minutes par an. Cette diminution progressive du temps de sommeil est liée à un retard lui-même progressif de l’heure du coucher. Les besoins en sommeil de l’adolescent se situent aux environs de neuf heures par nuit, or la plupart d’entre eux ne dorment que sept à huit heures en période scolaire [enquête Sofres 2005N1 : 7h 45 mn en moyenne]
(Jean-Marie Bourre, La Chrono-diététique 2013, p. 100)
Ajoutons les interruptions de sommeil causées par la réception de messages ou d’appels « à point d’heure », ainsi que l’utilisation tardive des écrans bleus des smartphones…
Disposer d’un sommeil régulier et continu, ni trop court ni trop long et sans incidents (apnées), est un des « marqueurs de santé » les plus visibles chez une personne dont l’activité nocturne n’est pas soumise à des obligations professionnelles ou familiales. En tous cas, un marqueur avec lequel on ne peut pas tricher et dont l’absence devrait conduire à une observation plus large des conditions de maintien en bonne santé : nutrition, exercice, hydratation, stress etc. D’autre part, les troubles de sommeil sont des facteurs de risque de maladies métaboliques.
Ce lien de causalité nous invite à agir directement sur la quantité et la qualité de sommeil sans sombrer dans la dépendance à des solutions pharmaceutiques, ni dans une forme d’orthosomnieN2 associée à une interprétation excessive (voire erronée) des données fournies par les trackers de sommeil :
Certains médecins recommandent de mettre de côté cette obsession concernant le sommeil, et de ne pas chercher à atteindre des objectifs précis. Le Dr Hawley Montgomery-Dows, professeur de psychologie à l’université de Virginie, a étudié les limites des dispositifs qui surveillent le sommeil, et conseille plutôt de se fier directement aux sensations corporelles. (N3)
Controverse apparente sur le dîner
Les experts en chrono-nutrition®N4 affirment que le dîner devrait être le plus léger possible : viande blanche, poisson ou crustacés accompagnés de légumes verts, et aucun glucide. L’objectif étant de démarrer la nuit avec un faible taux de glycémieN5. Il est aussi recommandé de dîner trois heures avant de s’endormir. Ces indications sont en apparente contradiction avec celles de Jean-Marie Bourre (La Chrono-diététique 2013, p. 52–53) :
Le dîner doit être pris environ une heure et demie avant le coucher. Sa composition doit être complémentaire de celle du déjeuner, en un peu plus léger. Mais pas allégée, car votre organisme (et surtout votre cerveau) doit affronter le jeûne de la nuit.
En effet, même en dormant, le cerveau exige beaucoup d’énergie, sans aucune défaillance ! Il faut donc prendre des sucres « lents » au dîner. Pendant le sommeil, le cerveau organise, classe et stocke les informations reçues pendant la journée.
Cette controverse provient de l’attention portée à des mécanismes antagonistes. À une époque, j’étais sujet à des réveils nocturnes aux environs de 3h du matin malgré l’absence de stress. J’ai remarqué qu’ils cessaient en incluant une tranche de pain à mon repas du soir. Il pouvait donc s’agir d’hypoglycémie. Mais, plus tard, ces troubles ont cessé quelle que soit la composition de mon dîner. Entretemps, j’avais intégré à mes habitudes la pratique de l’entraînement fractionné de haute intensité ainsi que celle du jeûne fractionné qui contribuent à diminuer l’insulinorésistance et à atténuer le Dawn phenomenon (voir mes articles sur ces sujets). La consommation de glycineN6 — voir plus bas — va aussi dans le sens d’une meilleure sensibilité à l’insuline.
Ma conclusion est qu’il incombe à chacun de choisir ce qui lui convient, sans dogmatisme, selon l’effet observé sur la qualité du sommeil.
Que faire ?
Les ressources documentaires pour améliorer la qualité du sommeil, en visant la quantité optimale de 7 à 8 heures par nuit, sont très nombreuses, et le temps me manque pour les commenter ici. Je rappelle toutefois l’importance de se coucher assez tôt et d’éviter tout visionnage d’écrans à LED bleues (smartphones, télévision, écran plat d’ordinateur) avant d’aller dormir. Des lunettes de protection filtrant la lumière bleue existent. Certains écrans (comme ceux des Kindle®) n’ont pas ce défaut et peuvent convenir à une lecture nocturne.
En France, l’Institut national du sommeil et de la vigilance (INSVN8) réalise chaque année une enquête avec un institut de sondage. L’enquête NutriNet-Santé Sommeil et Nutrition (2015N9) portant sur 49 086 sujets d’âge moyen 48.3±14.4 ans (femmes) et 55.4±14.5 ans (hommes) conclut, entre autres :
- La réduction de la quantité ou de la qualité du sommeil contribue à la constitution ou au maintien d’un excès de poids — en raison des perturbations endocriniennes liées à la privation de sommeil.
- L’obésité peut à son tour être à l’origine ou être un facteur aggravant de pathologies du sommeil.
La mélatonineN10, qui est la principale hormone régulant le sommeil, est sécrétée la nuit avec un pic proche de 5 heures du matin. Elle est synthétisée à partir de la sérotonineN11 (« hormone du bonheur ») liée au transport du tryptophaneN12 dans le cerveau. Le tryptophane est présent dans une grande diversité d’aliments mais sa consommation en supplément présente des dangers — voir mon article Compléments alimentaires.
Un autre acide aminé qui peut améliorer la durée du sommeil est la glycineN6 — voir mon article Compléments alimentaires. On peut essayer de prendre une cuillère à café (environ 6g) de glycine cristallisée avant d’aller dormir.
En l’absence de pathologie particulière (comme le très rare advanced sleep phase disorder, ASPDN13), le rythme du sommeil se rétablit naturellement, ainsi que ceux de la faim et de la satiété, une fois qu’on a ajusté sa nutrition en tenant compte des horloges biologiques (voir mon article Chrononutrition - bases), diminué le stress et intégré à son quotidien toutes les formes d’exercice. J’ai constaté par exemple qu’une séance d’entraînement fractionné de haute intensité à l’heure du coucher facilitait l’endormissement — voir mon article sur ce sujet. Le jour de l’entraînement, on peut donc pratiquer deux séances courtes (typiquement 10 minutes), la première au lever et la seconde avant de se coucher.
On peut utiliser un fitness tracker pour mesurer la durée réelle de son sommeil. Dans mon village, le clocher proche me renseigne sur l’avancée de la nuit en cas de réveil. Si un minimum de 7 heures de sommeil n’est pas encore atteint, je fais en sorte de me rendormir. Une technique simple consiste à repenser au rêve précédent, encore présent en mémoire, et s’y laisser entraîner (s’il était agréable), ou encore inventer un nouveau rêve totalement détaché de la réalité du jour, par exemple à partir de souvenirs (agréables) anciens.
La pratique de l’éveil des sensations décrite dans Le Corps accordé (voir N14 page 349 ou fiche technique PDFN15) est aussi — paradoxalement, puisqu’il est question d’éveil — favorable à l’endormissement quand l’organisme a un réel besoin de sommeil. Elle peut être initiée par l’éveil des muscles (voir fiche technique PDFN16).
Il faut noter enfin que notre organisme a besoin de diminuer légèrement sa température interne pour faciliter l’endormissement. Par conséquent, à moins d’avoir trop chaud, veiller à rester couvert pour ne pas déclencher une réaction de réchauffement. Il m’arrive de ne pas me rendormir simplement parce que j’ai gardé les bras hors du lit après un réveil nocturne. Toutefois, on ne peut pas généraliser puisque certaines personnes se réveillent en étant trop chaudement couvertes. Donc développer son attention aux besoins de chaud ou de froid…
À suivre…
La page Travaux récents sur le sommeil ouvre quelques pistes nouvelles de compréhension de ce processus complexe bien que familier à tous les humains qui bénéficient de ses effets au quotidien.
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- N4 · seoe · Site officiel de la chrono-nutrition
- N5 · brug · La glycémie, c’est quoi ?
- N6 · icwy · Glycine (acide aminé) – Wikipedia
- N7 · ra95 · Snoopy sleep picture – CartoonPictures
- N8 · 2cm6 · Institut National du Sommeil et de la Vigilance – INSV
- N9 · bwj4 · Sommeil et nutrition – Enquête Institut national du sommeil et de la vigilance/MGEN, dans le cadre de l’étude NutriNet-Santé
- N10 · 9ihl · Mélatonine – Wikipedia
- N11 · dc1l · Sérotonine – Wikipedia
- N12 · to53 · Tryptophane – Wikipedia
- N13 · 5d92 · Advanced sleep phase disorder – ASPD – Wikipedia
- N14 · bphq · Le Corps accordé, 2014. Le Corps accordé, 2014. Le Corps accordé – ouvrage
- N15 · 4jnu · Fiche technique “L’éveil des sensations” – PDF
- N16 · 30n1 · Fiche technique “L’éveil des muscles” – PDF
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Article créé le 12/09/2015 - modifié le 28/01/2023 à 22h09